La Couronne de Cuivre

La demeure imposante de la famille de Batz entièrement bâtie en pierre de taille était entourée de jardins et de terrains d’arbres. Des clôtures en fer forgé sur de hauts murs en pierre protégeaient l’espace privé des regards extérieurs. Un immense portail laissait entrevoir une allée bordée de vieux séquoias.

Le plan de la maison se divisait entre un espace public et un espace privé. Une fois le seuil de la porte franchi, dans le vestibule, le visiteur était accueilli par la mosaïque d’une tête de dragon de profil, tournée vers la gauche. La famille montrait ainsi son attachement aux valeurs de justice et de la noblesse. On entrait par les parties communes ouvertes aux visiteurs occasionnels et aux clients. Depuis le vestibule le visiteur étranger pouvait entrevoir le confort et le luxe des parties privées, comme les pièces de réception, ainsi que le bureau de son grand-père où un autel destiné au culte du Bahamut était discrètement positionné à côté d’une armure en adamantium. Les chambres familiales se trouvaient à l’étage supérieur.
La surface d’habitation s’étendait par une deuxième maison reliée à la demeure par un corridor. Une petite entrée indépendante était accessible aux fournisseurs menant à la cuisine et aux chambres des domestiques.

Quête : Influences

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Gabriel sourit aux propos de Swan.

« C’est vrai, cette demeure et ses tunnels cachés ne peuvent qu’inspirer un barde ! Mais leur révélation le liera à une promesse.

Ce domaine appartient depuis vingt générations à la famille de Batz et plusieurs passages secrets existent depuis sa construction. Pour entrer dans la demeure, nous actionnerons une des pierres du mur, repérable par une salamandre sculptée. Elle ouvre un passage vers une galerie souterraine qui mène dans la cuisine… Il y a une porte dérobée, indétectable, dans un de ses murs. Ce passage servait à faire entrer des amis de mon grand-père, des personnes influentes de Lumenis, pour discuter en cachette de commerces plus ou moins légaux et de politique.
Nous l’emprunterons à l’insu de ma grande-tante qui vit seule avec des serviteurs, pour nous rendre auprès de Geneste. De là, un deuxième passage caché nous mènera dans sa chambre.
Seuls mes parents, mon grand-père, Geneste et moi-même connaissions et empruntions ces accès secrets…ils servaient aussi à espionner. Genest, cachée sous sa fonction de cuisinière était leur espionne.
Aussi, comme je te mets dans la confidence, elle te demandera de prêter serment pour préserver le secret. »

" Promis, promis", s'empressa de répondre Swan, en cherchant avidement du regard une salamandre sur une pierre - ils avaient commencé à longer l'un des murs de la propriété.
"Mais.... elle espionnait qui, ta cuisinière ? Puisqu'ici c'est chez ton grand-père... enfin, c'était... Pourquoi il aurait eu besoin d'une espionne dans sa propre maison ? Je ne comprends pas."
Puis il enchaîna aussitôt, désignant une pierre presque comme les autres, à hauteur de son genoux.
" La salamandre c'est celle-ci?"
Et sans attendre, il appuya dessus.

(HRP : je te laisse décider si c'est la bonne pierre.... et si c'est la bonne pierre tu peux décrire le passage !"

Gabriel n’eut pas le temps de répondre, le passage s’ouvrit face à un escalier taillé dans le calcaire. Au fond, il laissait deviner un souterrain.
Le jeune guerrier retint Swan en l’attrapant par les épaules.

« Swan, tu as choisi la pierre du raccourci… C’est le chemin le plus rapide, mais il est inconfortable et piégé…si nous rebroussons chemin, une trappe s’ouvrira sous nos pieds. Heureusement que ta main n’a pas touché d’autres pierres jumelles…nous aurions été pétrifiés ou pulvérisés.
Je passe devant, nous n’avons pas de torche pour éclairer ce chemin. Tiens-toi derrière moi et pose ta main sur mon épaule. Je vais nous guider, je le connais par cœur, mais il bifurque sur plusieurs galeries…tu risquerais de te perdre…le souterrain fait à peu près 300 toises jusqu’à la cuisine. Aussi, il n’est pas suffisamment ventilé pour faire des pauses, mais en marchant normalement nous aurons largement le temps d’arriver sans être incommodés par le manque d’air. Certains passages sinueux rendront la circulation un peu difficile. D’autres sont entravés par des angles droits et resserrés…il faudra alors se mettre à genoux pour passer.
Pour répondre à ta première question, Geneste surveillait les invités dans les couloirs secrets à travers des ouvertures cachées et agissait en sous-main pour l’intérêt de ma famille.
Bon, allons y, colle-toi à moi et suis mes mouvements ! »

" Je crois que c'est mieux, oui," marmonna Swan qui avait quelque peu blêmi en entendant parler de pétrification.

Il joignit le geste à la parole, posa une main sur l'épaule de Gabriel et s'appliqua à suivre le moindre de ses mouvements, avançant exactement du même pas que le jeune guerrier, s'inclinant de la même façon aux mêmes moments, imitant tous les mouvements qu'il parvenait à deviner dans l'obscurité. Gabriel le devinait un peu tendu -peut-être l'angoisse du manque d'air. Mais il marchait rapidement et souplement, concentré, sa main fermement accrochée à son épaule : il ne lui ferait pas perdre de temps, se laissant guider avec confiance, mettant à profit ses capacités d'acrobate.

Si j'avais su, j'aurais mémorisé un sortilège pour voir dans le noir... Par contre, je peux faire un peu de lumière si besoin. Est-ce utile ?"

Grâce à ses origines maternelles, Gabriel avait une vue qui lui permettait de distinguer suffisamment les formes jusqu’à un mètre dans l’obscurité la plus totale. Il pensa à Swan qui devait ressentir l’appréhension du chemin sombre où ils venaient de s’engager.
Pour le rassurer un peu, il accepta.

« Je te remercie Swan, ton sort nous sera utile. »

Swan n'attendit pas davantage.
Il incanta brièvement, et un instant plus tard, il brandissait... une plume. Une plume qui émettait une lumière vive, suffisante pour les éclairer sur quelques mètres.
" J'aime mieux ça, admit-il. Si quoi que ce soit nous attend dans l'obscurité, on le verra. Bon... il nous verra le premier. Mais on est chez toi... donc il n'y aura pas de danger, pas de monstre dans le souterrain !"
Un bruit d'ailes battantes -sans doute juste une chauve-souris"- le fit sursauter puis jurer à voix basse. Mais il détacha bravement sa main de l'épaule de Gabriel.
" Je te suis !"

Je te laisse inventer le souterrain ? Tu veux aussi décrire l'endroit où ça aboutit, la maison ? Tu as des idées précises ? Ou bien j'improvise ?

Pour monter l'échelle de fer, Swan dut lâcher sa plume lumineuse, qu'il choisit de tenir entre ses dents, masquant en partie sa lumière. C'était toutefois suffisant pour qu'il avance jusqu'à l'alcôve, où il la reprit dans sa main, s'approchant du mur avec intérêt.
" Il y a une porte secrète, c'est ça ? Ne dis rien, laisse-moi trouver... Je dirais... ici, fit-il en désignant approximativement son contour. On devine qu'il y a comme une fissure trop rectiligne entre les blocs... Mais je ne sais pas l'ouvrir, juste la deviner. Est-ce qu'il faut que j'éteigne ma plume, avant que tu ouvres ? Au cas où il y ait quelqu'un ?..."

Le jeune barde écarquilla des yeux.
" Magique... ouah..."
Puis, docile, il attendit que Gabriel ait ouvert l'oculus pour y coller son oeil.
" Je ne vois rien... Il fait tout noir... Je suppose qu'ils dorment tous. Je crois que la voie est libre..."

Le vaisselier coulissa sans bruit lorsque Gabriel apposa son pouce sur la fente.
La plume lumineuse éclaira une cuisine familière... ou presque. Mais Gabriel n'eut pas le temps de détailler les lieux.
Un aboiement rageux se fit aussitôt entendre. Et un chien énorme bondit sur eux.
Il n'y avait pourtant pas de chien, autrefois. Et celui-ci était plus grand et plus hargneux qu'un loup...

Gabriel eut seulement le temps de s’interposer entre le chien et Swan. Immobile, il préféra parler à l’animal qui avait dû être aussi surpris par leur soudaine apparition.

« Je ne suis pas ton ennemi, je ne bougerai pas pour que tu puisses me sentir et me reconnaître comme le maître de cette maison… »

Mais le chien ne semblait pas disposé à le reconnaître comme tel.
Gabriel ne l'avait jamais rencontré. Et il avait quitté la maison depuis longtemps : il y avait peu de chance que son odeur imprègne encore les lieux, à part certaines pièces comme sa chambre de l'époque, où le chien n'avait peut-être jamais mis les pieds.
Le chien bondit et planta ses crocs dans le bras que Gabriel avait levé par réflexe.
" Tais-toi Ruffi ! Qu'est-ce qui t'arrive ?" lança une voix masculine venant d'une pièce un peu éloignée, quelque part sur la droite.
Ce n'était ni Geneste, ni la grand'tante, mais c'était une voix vaguement familière, celle d'un serviteur lui semblait-il, ou peut-être un jardinier.

Gabriel choisit de répondre à la voix familière.
« Dites à Ruffi de lâcher mon bras ! C’est moi…Gabriel…, Gabriel de Batz. »

Il y eut un instant de silence. Le chien, lui, était resté pendu quelques instants au bras de Gabriel, ses crocs solidement plantés dans la chair, mais la gravité avait eu raison de sa volonté et il avait fini par retomber, laissant une plaie sanguinolente. Le babines retroussées, il grondait maintenant sourdement et semblait prêt à attaquer à nouveau. Swan restait muet, ses yeux écarquillés de peur, fixés sur le molosse.

Il y eut un bruit de pas sourd, et une porte s'ouvrit sur leur droite.
" Ah... C'est vous..."
L'accueil n'était pas franchement enthousiaste. L'homme qui lui faisait face devait avoir une cinquantaine d'années, la peau burinée par le grand air. C'était le jardinier, un homme rude et peu causant qui n'avait jamais montré de marques d'amitié à Gabriel, mais pas d'hostilité non plus.
Il claqua de la langue et le chien vint sagement se coucher à ses pieds.
" On ne m'a pas prévenu... pour votre retour... Je ne m'attendais pas... "
Il semblait embarrassé par la situation et se dandinait d'un pied sur l'autre.
" Je suis désolé pour... ça, finit-il par dire avec un geste évasif. Ruffi dort ici, il monte la garde ; si j'avais su que vous alliez venir, je l'aurais gardé avec moi ce soir... Mais il y a des compresses et de l'alcool dans le placard, là... Enfin vous savez."

Gabriel regarda le jardinier et vit un homme qu’il ne connaissait pas malgré les années passées dans ce même lieu, sauf qu’il vit un maître aimant son chien. Il décida de lui faire confiance, il n’avait rien à perdre. Il était chez-lui.
Il ouvrit le placard, prit de quoi faire un pansement et répondit à l’employé.

« On ne vous a pas prévenu parce que je ne me suis pas annoncé à ma tante. Je suis ici incognito… Je suis venu pour rencontrer Geneste. »

" Ah... Heu... Je ne savais pas. Geneste ne m'a pas dit...."
Il laissa un instant la phrase en suspens, vaguement interrogatif. Mais il n'osait visiblement pas poser davantage de question.
" Elle vous attend sûrement... Mais elle aurait dû venir à votre rencontre, dans ce cas... Et il est vraiment tard...
- Nous n'avions pas précisé d'horaire", intervint Swan d'une voix paisible.
Le jardinier le fixa d'un air perplexe puis haussa les épaules.
" Ah... Heu... Vous voulez que j'aille la chercher alors, dans ce cas ?"

L’intervention de Swan fit sourire Gabriel.
« Je vous remercie, mais ne prenez pas cette peine, nous irons la voir, une fois que je me serai soigné.»
Il s’adressa au chien.
Tu as fait ton travail, Ruffi… je ne t’en veux pas, tu es un bon chien de garde.

Le chien se recula d'un pas, méfiant, mais sa queue battante témoignait d'une attitude plus amicale, sans peur ni rancune.
Et ces quelques mots de Gabriel eurent un effet positif immédiat sur le jardinier, qui se mit à sourire -juste un instant avant de retrouver sa mine renfrognée habituelle.
" Oh... c'est comme vous voulez."
Les bras ballants, il semblait hésiter sur la conduite à tenir : rester, partir, aller prévenir Geneste malgré tout. Il se dandinait d'une jambe sur l'autre pendant que Gabriel tentait maladroitement de panser sa plaie d'une seule main. Swan ne tarda pas à lui donner un coup de main : il avait les gestes sûrs et efficaces, et lui fit en un rien de temps un pansement solide, qui comprimait lègèrement la plaie pour prévenir tout risque de saignement.

Le silence était retombé dans la pièce : apparemment, le raffut n'avait pas réveillé Geneste, ou alors elle ne jugeait pas utile de venir voir ce qu'il se passait.
Il ne leur restait plus qu'à la trouver.

HRP : s'il y a des choses sur Geneste qu'il est utile que j'aie en tête, tu me les dis, ici ou en MP ?