La Couronne de Cuivre

Le temple de Malar est érigé non loin de celui de son maître, Talos. Bâti en briques rouges, cimentées maladroitement par les prêtres désireux d’avoir rapidement un lieu de culte pour les suivants barbares de ce dieu cruel, le temple de Malar ne semble être rien de plus qu’une bâtisse peu solide et totalement dépourvue de grâce.

Le porche, grossièrement dessiné au moyen de poutres en chêne verni, renforce cette impression de travail d’amateur. Aucune gemme pour rehausser la brutalité des formes minimalistes d’un temple aux abords rudes et dénué de lyrisme.

Mais lorque’on pousse la lourde porte en acier, on peut aisément se rendre compte de son erreur de jugement. L’intérieur, loin d’être un modèle de perfection esthète, n’en comporte pas moins une splendide statue de Malar, stylisée mais effrayante d’agressivité. La taille imposante de la panthère contraste grotesquement avec le reste de la salle, exigue et au mobilier trop rare.

Les murs, couverts de draperies évoquant des scènes de batailles entre lycanthropes et autres créatures bestiales, sont recouverts d’une couche de peinture rouge sang, vif symbole du dieu brutal qu’est Malar.

Les prêtres humains ne montrenr aucun geste de sympathie à l’égard du nouveau venu. Tout au plus tournent-ils la tête en sa direction, pour retourner aussi vite à leurs sombres activités. L’atmosphère à l’intérieur du temple est pesante, et cette sensation est renforcée par la discourtoisie de ses occupants.

Près de l’autel, enfin, on ne peut que voir la main de Malar, posée sur un socle cramoisi, et qui semble vouloir s’emparer de la vie de l’infidèle qui aurait osé pénétrer en ces lieux…


Derrière l’autel, un vitrail représentant Malar, toujours sous sa forme féline, qui égorge proprement une quelconque proie à l’allure pathétique, permet à la lumière d’éclaircir un brin les sombres recoins du temple, représentatif de la divinité auquel il sert d’intermédiaire.

DIEU : Malar le Chasseur, le Seigneur des Bêtes, est un dieu chaotique mauvais qui vit dans le plan du Tartare mais arpente souvent le Plan Primaire, en possédant le corps de ses fidèles et en leur insufflant une rage berserk. Il est le dieu des bêtes en maraude, de la nature à l'état sauvage, de la soif de sang et de la chasse.

Il apparaît sous la forme d'un énorme félin noir à la fourrure, aux crocs et aux griffes dégoûtants de sang. Avec Umberlie et Aurile, il est l'un des Dieux en Furie qui servent Talos. Affaibli par la puissance croissante de ce dernier, il a néanmoins trouvé de nouveaux fidèles parmi les tribus non humaines.

Son symbole est une patte animale pourvue de griffes.

Dogme : La chasse est au croisement même de la vie et de la mort. La sauvagerie et les émotions brutales peuvent vaincre la raison et les plans soigneusement établis en toute circonstance. Une mort brutale et sanglante possède une signification profonde - "Puissiez-vous vivre vieux" est une insulte pour un fidèle de Malar.

Clergé : Le clergé de Malar est dépourvu de hiérarchie centralisée, ce qui le rend encore plus difficile à neutraliser ou a éradiquer - dès qu'un Malarite tombe, un autre prend sa place. Le chef de l'Église locale peut être un prêtre, un magicien ou un guerrier ; il porte le titre de Maître-Veneur et porte sur la tête la dépouille d'un animal - généralement un ours ou un grand félin - qu'il a tué à mains nues.

Se rematérialisants à l'entrée d'un temple surmonté d'une patte féline (symbole de Malar) les deux compagnons franchirent l'immense porte de marbre noir avant de s'adresser au grand prêtre.Boujour à vous "Maître-Veneur" (titre usuel) nous sommes ici dans le cadre d'une enquête visant démasquer le tueur qui sévit en ce moment à Mélandis.Sachant les connaissances que vous attribue votre dieu je souhaiterais que vous nous aidiez à identifier le végétal que voici le mage montra la plante bouillie au prêtre.Nous avons naturellement de quoi payer.

Le "Maître-Veneur" examinait la plante rapidement puis emmena les deux hommes dans une pièce dont la porte cachait une sorte de petit laboratoire. Il s'assit et observa cette fois beaucoup plus attentivement la substance, il la palpa, il avait l'air grandement concentré. L'homme avait tout d'un coup l'air satisfait ... Bulvaid, qui observait l'homme faire, fut intrigué, et Mycontil prennait une lueur d'espoir.

"Reconnaissez-vous la nature de cette plante Maître-Veneur ? demandèrent alors en même temps Mycontil et Bulvaid."

Le prêtre de Malar regarda les deux individus par dessous sa capuche avant de saisir la plante. Ils l'inspecta puis, se gardant bien de la sentir, la lacha à ses pied avant de les regarder avec une moue d'agressivité.

-Ceci est de la Mordayne boullie! Jeunes sots! Malar voulu que je connaissent cette horreur pour m'éviter de la respirer! Quoique visiblement, elle a été bouillie il y a de cela quelque jour. Je préfère cepandant ne prendre aucun risque. Cette plante est utilisée pour faire ce que l'on appelle la "Brume de Rêves", l'une des drogues illusoires les plus puissantes. une surdose entraine une réaction des pus horrible sur la personne qui respire ses vapeurs... Je me demande ce que deux jeune blancs becs comme vous font avec pareille substance.

Les deux aventuriers se regardèrent et lurent sur les traits de l'autre les trait que la stupéfaction sculptait. une drogue....

Bulvaid réfléchit alors à voix basse :

"Cette plante est donc l'ingrédient d'une drogue ... une overdose ... des réactions horribles ... *à voix haute* C'est donc pour celà que les morts n'ont aucune contusion ! Pas de marque, pas de trace, c'est par-ce que l'objet du crime n'est pas une arme proprement dite, dit-il à Mycontil, puis après une courte pause : Et je pense comprendre purquoi il en est mort : on l'a retrouvée dans une théière, la fumée dûe à la cuisson avec l'eau a dû être abondante ... et il a dû trop en inhaller ! "

Bulvaid regarda alors l'un après l'autre Mycontil, le prètre, puis à nouveau Mycontil et lui dit : il nous faut maintenant trouver qui a mit celà, et pourquoi ! *une courte pause* Je pense avoir trois hypothèses :
- celle de morts accidentelles pas overdose car ils ne connaissaient que peu les effets de l'overdose avec cette drogue.
- Celle de suicides par overdoses, donc en toute conscience.
- Celle de meurtre volontaire, car tuer par de la drogue est forcément voulu !

Un peu confus à cause de tant de possibilités, le Barbare attendit la réponse de son compagnon ou bien même du prètre. L'énigme se dévoilait enfin petit à petit à eux ; ils approchaient de la cause par les circonstances.

Après avoir soignesement écouté les paroles du prêtre et les déductions de son camarade le mage exposa ses idées:

C'était donc ca...La réaction de ma potion au contact de la "drogue" contenue dans la bile du malheureux n'a pas été celle attendue car ce produit n'était pas du poison à proprement parlé mais une substance qui, à forte dose provoque la mort... Mais quel imbécile, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt?!

Ce point éclaircit le magicien se concentra sur les circonstances de la mort, en vain...

Après quelques secondes de vaines réflexions l'elfe exprima sa confusion au barbare par un vague signe de tête

Le Uthgard acciesca de la tête. Il fut dans le vague trois secondes puis se repris et dit :

"Nous savons que les meurtres ont eu lieu dans les bas-quartiers sauf un dans le district bourgeois ... le nombre de morts exclue la possibilité du suicide ... mais ... je me demande si ... le Barbare tournait les yeux dans toutes les directions, on voyait qu'il avait comprit quelque chose ... est-ce que cette drogue tue sur le coup ? A-t-on vérifié si les morts des ruelles étaient des pauvres ? S'il n'y a aucune certitude, et si le père Teren a organisé une orgie il y a peu, peut-être que la plante a été mise pendant celle-ci ... et plusieurs personnes ont peut-être bu de ce fammeux thé ! Si c'est le cas, celà expliquerait les morts des autres personnes dans les mêmes conditions ! "

Mycontil comprenait au furs et à mesure que Bulvaid expliquait sa théorie. Ce dernier se tourna vers le prêtre qui commençait déjà à s'en aller, sûrement car il ne pensait plus pouvoir aider les deux hommes, il le ratrappa et lui demanda :

"Prêtre, je dois vous poser une question : cette drogue, à base de mordayn, tue-t-elle sur le coup ou la personne qui l'a inhallée meurt-elle plus tard?"

"Hmm ... il faut vérifier si les morts des ruelles étaient pauvres, si c'est le cas, nous devons craindre une série de morts de grande ampleur cas s'il y a effectivement un réseau n'importe qui peut être touché ! *une courte pause* N'écartons tout de même aucune possibilité ! Mycontil, peux-tu nous téléporter auprès du général Beorn dans la demeur Teren ? Nous devons lui poser cette question au plus vite ! "

Bulvaid attendait l'approbation de son compagnon, ils étaient sur le point de trouver une piste des plus valables !

Les propos du prêtre apparurent aux deux compagnons comme l'indice (la piste) tant attendu depuis le début de l'enquête, un reseau...Assez intelligent pour opérer dans deux milieux distincts et trop limité (ou trop négligent) pour indiquer à ses clients les risques encourus.
Si il s'agissait bien un réseau il fallait prévenir au plus vite les autoritées afin d'éviter l'hécatombe.

Bien, je vais nous téléporter.Concentre toi...

*Le mage incantait déjà quand il surprit le regard fâché du prêtre*

J'allais oublier... Avec une vitesse surprenante le mage flanqua à son compagnon un magistral coup de bâton dans l'estomac, lui arracha sa bourse et la lanca au prêtre avant de disparaître (avec le barbare) dans un nuage pourpre.

--->Suite au domaine Teren

Après une nuit à la belle étoile*, Tar’Ael se sentait reposé. Pas encore fringant, ni réellement dispos, mais moins vermoulu, fourbu, crevé, chiffonné que la veille … Presque prêt à affronter le monde et à, enfin, mettre en branle son plan secret, mystérieux et qui allait, bien entendu, changer la face de Féérune à tout jamais. Fourrageant dans la poche de son manteau rapiécé, il en extirpa une poignée de détritus divers, parmi lesquels un vieux pansement couvert de sang séché, un scarabée mort depuis deux lunes, des fragments d’œuf de serpent, une mèche de cheveux appartenant à… à qui, déjà ?, et une série de mots grossièrement tracés sur un morceau d’écorce de bouleau.
« Te voilà… » grommela-t-il en prélevant cette liste cornée.
Il jeta le reste sur le sol (le scarabée mort, qui en réalité faisait semblant, en profita pour prendre la poudre d’escampette) et entreprit de déchiffrer ce qu’il avait noté sur son ersatz de parchemin. Satisfait de sa lecture, il se mit ensuite en marche vers le quartier des temples.
Il traversa l’esplanade d’un pas martial, levant les yeux pour détailler les façades prétentieuses des bâtiments qui l’entouraient. Décidément, ces architectes mélandiens rivalisaient dans le mauvais goût. Mais c’était le principe, sans doute : à Mélandis tout était mauvais, par définition.
Il jeta son dévolu sur le temple de Malar, particulièrement bancal avec ses briques disjointes et ses poutres mal dégrossies, et s’engagea sans ralentir sous son porche sinistre. Face aux portes, il s’immobilisa avec un sourire un peu niais, écarta les mains et laissa l’énergie affluer sous ses doigts. Il murmura quelques mots à mi-voix, décrivant une série de petites arabesques dans l’air froid et putride qui baignait l’entrée du temple, puis relâcha la tension entropique.
Les battants de la porte restèrent immobiles. Définitivement fixes. Absolument fermés.
Par contre, un petit buisson de lierre, liseron et framboisier sauvage poussa sous les pieds du fey’ri, lui emprisonnant les mollets dans un étau végétal. Il baissa les yeux avec lenteur et soupira. Heureusement, le temple de Malar était très peu fréquenté et personne ne fut témoin de son humiliation. Renonçant à se dépêtrer, il attendit patiemment la fin du sortilège, cueillant du bout des doigts quelques framboises mûres entre deux épines de ronce, tout en tâchant d’ignorer les nouveaux accrocs que les épines faisaient dans son pantalon déjà bien mal en point.
Enfin libre, il renonça à une nouvelle tentative (vouée à l’échec, sans nul doute) et préféra pousser les portes d’acier du plat de la main, lesquelles s’ouvrirent en grinçant sur les ténèbres spartiates du temple de Malar. Il y pénétra sans hésiter, tapota amicalement le flanc de la statue féline qui trônait dans la salle, puis chercha des yeux un prêtre au hasard. Il y en avait plusieurs, silhouettes indistinctes dans la pénombre, mais aucun ne semblait s’intéresser à lui. Nullement décontenancé, Tar’Ael se dirigea vers le plus proche et lui sourit.
« Vous êtes bien un servant de Malar, le seigneur des bêtes ? » demanda-t-il poliment.
L’homme le dévisagea de ses yeux acérés, le gratifiant d’une grimace et d’un grognement qui auraient pu signifier un millier de choses. Mais ce matin-là, le fey’ri était optimiste.
« Très bien. » répondit-il avec aplomb. « Vous allez pouvoir m’aider. Je voudrais un vieux chat roux et une demi-douzaine de dindes, s’il vous plait. »

Le prêtre acolyte regarda le fey'ri sans comprendre. Il était réellement ébahi par l'individu qui se tenait devant lui ; outre son costume de mendiant pouilleux, son verbe était fort étrange, tout comme le motif de sa visite. Un vieux chat roux... des dindes. Ce type était probablement fou ! A moins qu'il ne s'agisse d'une plaisanterie. L'acolyte se chargea de s'en assurer, non sans avoir fixé Tar'Ael dans les yeux, avec un soupçon de malaise dans le ventre.

"Je... j'avoue que je ne vois pas ce dont vous parlez. Enfin, si, mais... que voudriez-vous faire avec pareils animaux ? Malar est le Seigneur des Bêtes, les animaux sauvages ! Pas la mangeaille."

Son ton, d'abord incrédule, était devenu plus rude, à mesure qu'il répondait au semi-démon. Entretemps, les autres personnes présentes, pour la plupart des acolytes et des fidèles, assistaient, curieux, à la scène. Quel étrange individu, vraiment !

Tar’Ael sourit à l’assemblée qui avait tendu l’oreille pour écouter leur conversation. Mais si ces manants pensaient qu’il allait révéler la teneur de ses projets en public, ils pouvaient toujours danser sur leur tête. Non, les étapes nécessaires à la réalisation de son destin devaient rester secrètes, archi-secrètes, ultra-secrètes. Il fallait qu’il trouve quelque chose.
« Pourtant, je pensais qu’un Dieu des Bêtes régnait sur toutes les bêtes. Les domestiques, c’est quand même les plus faciles à mâter, non ? Si Malar peut dompter un ours féroce ou un lion sanguinaire, une dinde ne devrait pas lui poser tant de problèmes… Si ? Il est allergique aux plumes, peut-être ? Enfin… Vous êtes sûr qu’en cherchant un peu vous n’allez pas trouver un dindon quelque part ? Un dindonneau ? Un œuf de dinde ? C’est la saison pourtant, vous savez. Il y aurait plus de monde dans votre temple si la table s’ornait d’une belle volaille aux marrons, je vous le dis, croyez-moi… »
Il fit une pause, et sourit à nouveau. Le prêtre semblait peu convaincu. Le fey’ri se souvint que son charme incomparable était surtout efficace sur la gent féminine et nettement moins sur les prêtres humains d’un Dieu poilu.
« C’était pour l’anniversaire de mon grand-oncle, mais je vois que vous n’avez pas ce que je cherche en stock… Hum… Une adresse à me suggérer, peut-être? »

L'acolyte était prêt à lui rétorquer : l'asile de Melandis, mais il s'abstint de le faire. Qui sait, peut-être était-il dangereux ? A voir son aura maléfique qui lui tournait autour comme une mouche autour d'une lampe à huile, il avait peut-être quelque tour magique à leur jouer !

"Ce n'est pas une question de puissance, mais de pureté. Les animaux domestiques sont souillés par les hommes, les elfes. Jamais nous n'accueillerions pareilles créatures en ces lieux. Quant à l'estomac de votre oncle, je gage qu'il sera mieux rempli si vous cherchez ailleurs, en effet. Maintenant, partez. Nous ne sommes pas un bureau de renseignements."

L'homme avait crispé les poings. Malgré son malaise, il était agressif, peut-être par simple défense.

Les neurones de Tar’Ael se mirent à frétiller tous en même temps. Le prêtre se montrait tout juste poli. Vraiment tout juste. Il méritait une leçon. Le fey’ri savait que s’il incantait une boule de feu à cet instant précis, il y avait une chance que grâce à l’entropie, l’énergie magique se modifie et transforme ce malotru en vieux chat roux et les curieux en dindes, ce qui l’aurait terriblement arrangé. Mais il y avait une chance sur… sur beaucoup. Et avec sa baraka proverbiale, il était fichu de lancer une boule de feu et d’obtenir exactement ça, une satanée boule de feu, qui ferait du temple un délicieux barbecue. Et pourquoi pas, après tout ? Mais il désirait garder un profil bas et décida finalement de chercher ailleurs. D’une courbette raide, il salua le prêtre au poing serré, puis fit volte-face et regagna l’extérieur.
Malheureusement, ses neurones avaient un peu trop travaillé en calculant la probabilité exacte d’obtenir l’effet entropique escompté (une chance sur 188530638, très exactement).
« Mmm… Dinde frivole m’échappe encore… Mais je suis proche du but, sentir… Le mouvement dans la trame, tourne, je suis… Un vulgaire chat, roux… Chercher, trouver, plus loin… De l’avant, donc. »
Et sur ces belles paroles, il se dirigea vers les Bas Quartiers.