[Bâtiment] Le Palais Présidentiel

[Dedalus]

Dedalus parlait plus pour lui que pour son interlocutrice : Le problème ne se situe au niveau des moyens, Lumenis est une ville suffisamment riche. La difficulté est plus une question de motivation.

Puis le demi-elfe quitta la vue de la ville endormit : La véritable question est de savoir jusqu'où devons-nous aller pour dynamiser tout se petit monde. Car nous pourrions édicter des lois, obliger les gens à faire telle ou telle chose ; mais qu'elles mesures peuvent vraiment faire bouger la ville dans le bon sens ? Un regard interrogateur flottait dans les yeux de Dedalus.

[Lathiriel]

Je suis d'accord, ce n'est pas avec des lois que nous aiderons la ville à progresser. Mais comment motiver toute la population, endormie depuis trop longtemps. Il faut faire quelque chose pour les réveiller, vous avez sans doute raison, plus de responsabilité est peut être la solution.

Elle marqua une pause

Mais d'abord, comment devons nous gerer la ville? Garfield ne va sans doute pas tarder a revenir de son voyage. Comment allons nous organiser le gouvernement a ce moment là?

[Dedalus]

Le demi-elfe se rappela une maxime qui lui avait été dite : Si il n'y a pas de réponse, alors il n'y a pas de problème.

Dedalus regarda furtivement le salon, cherchant du regard le réconfort d'une bibliothèque. Puis, il regarda Lathiriel : Il y a plusieurs solutions, la plus simple et la plus rapide serait de ne rien faire. Une autre serait de gouverner à trois : Vous, Garfield et moi même. Une plus complexe et qui prendra du temps serait de demander l'avis des citoyens. Et peut être la pire serait de nous décharger de la chose et de laisser notre place de Haut-Conseillé à d'autres.

Le bibliothécaire ajouta cette dernière solution plus par boutade que comme véritable solution. Dedalus ne croyait pas que l'elfe ou Garfield fuirait leurs responsabilités de dirigeants.

[Lathiriel]

Lathiriel resta songeuse...

Laquelle proposez vous? Prendre l'avis du peuple, ou nous arranger nous mêmes pour gouverner. En aucun cas nous ne pouvons laisser les choses telles qu'elles le sont à l'heure actuelle.

Lathiriel voyait que le demi-elfe était un peu ailleurs. Elle reprit néanmoins:

J'aurais bien quelques idées a vous soumettre...

[Dedalus]

Dedalus s'assit et posa son verre sur la table. Le demi-elfe réfléchissait mieux lorsqu'il avait l'esprit clair. Puis s'adressant à Lathiriel : Je vois que tous deux nous avons nos avis et nos idées sur la question. J'aurais préférer que Garfield participe à cette conversation. Mais il n'est pas là et des décisions doivent être prises.

Le bibliothécaire s'interrompit, scruta le visage de son interlocutrice, cherchant à discerner ses sentiments, puis repris la discussion : Vous m'avez dit que vous aviez des idées. Je vous écoute.

[Lathiriel]

Lors de sa promenade en ville, Lathiriel eut un petit pincement au coeur en passant devant le palais présidentiel... Cella faisait longtemps qu'aucun bal n't avait été donné, qu'aucun invité de marque y avait été reçu.

Il était à l'image du reste de la ville: vivotant, mais loin de scintillement que la cité de Lathandre connaissait par le passé. Elle même ne pouvait pas y faire grand chose, mais peut-être qu'en en parlant à qui de droit.

Elle ne pouvait s'empêcher de poser les yeux sur les parterres de fleurs devant l'édifice: quelques herbes y poussaient, discrètes, mais visibles néanmoins. Comment en était on arrivé là? Depuis le festival des Arts, la ville semblait s'être rétractée sur elle même, comme un mollusque dans une coquille trop grande. L'agitation des grands jours de marché ne pertubait plus l'Esplanade depuis bien longtemps, les processions magnifiques n'attirait plus l'oeil des Dieux sur la ville.

Que faire songea-t-elle? Après un instant de reflexion, son regard se leva vers horus, qui virevoltait autour d'elle. Elle vit quelque chose dans son bec: même les souris ne respectaient plus les jardins du palais, pensa-t-elle à regrets...

Elle s'assit sur un banc dans les jardins, et ouvrit sa petite besace de velours rouge. Elle en sortit un petit flacon d'albâtre rempli d'encre, une pointe en bambou et un petit rouleau de velin sur lequel elle copmmença à écrire. Elle ne sortait jamais sans ce type de matériel, toujours utile en tant que marchand et dignitaire...

La missive rédigée, elle entortilla quelques cheveux autour de son majeur droit et tira d'un coup sec. Le se servit de la mèche pour attacher la lettre a la patte du faucon qu'elle venait de rappeller. Le petit bout de papier plié puis roulé n'entraverait pas le vol du rapace.

Va, porte cela à qui tu sais...

Elle regarda le faucon qui s'élevait à tire d'ailes, puis se leva, regarda a nouveau le palais et ses gardes impassibles, puis continua sa promenade.

[Agrippa]

Le navire qui ramenait Agrippa de Dorrandin avait accosté à la tombée de la nuit. Le diplomate éreinté par la traversée avait réquisitionné un cheval à l'un des gardes de la ville pour se rendre au plus vite au palais présidentiel afin de présenter son rapport sur sa prise de fonction à l'ambassade de Manost.

Les premières semaines avaient été studieuses et mouvementées, mais il avait réussi à s'adapter raisonnablement bien à la cité du Vigilant.

Il attendait maintenant dans l'antichambre du palais qu'un des conseillers puisse le recevoir. Il adressa une rapide prière à Dénéir pour qu'on ne le fasse pas attendre toute la nuit, puis se plongea à regret dans la lecture de ses notes; il ne s'agissait pas d'être surpris en train de dormir dans l'antichambre agréablement chauffée et éclairée.

[Dedalus]

L’un des assesseurs guida Agrippa vers un petit bureau, un cabinet de travail un peu à l’écart. Arrivé devant la porte, l’homme qui avait guidé le prêtre, frappa trois coups rapides à la porte. Puis ouvrant, il fît signe à l’ambassadeur d’entrer.

A peine Agrippa entré, la porte se ferma silencieusement derrière lui. Cabinet était meublé sans luxe, chaleureusement mais aussi de façon fonctionnelle.
Derrière son bureau, le Haut-Conseillé Dedalus fît signe à l’ambassadeur de s’approcher :

« Maître d’Orgeval, prenez donc une place. Je suppose que vous avez fait bon voyage. »

Et joignant le geste à la parole, le demi-elfe montra l’un des fauteuils à son hôte avant de reprendre :

« Il semble que vous ayez demandé à voir un conseillé. Je suis tout ouïe. »

[Agrippa]

Agrippa fut soulagé de voir qu'on le recevait rapidement, mais il lui fallut réprimer un mouvement de surprise en constatant que c'était le Haut-Conseiller Dédalus en personne qui le recevait à cette heure tardive, et non un membre de son cabinet spécialisé dans les affaires étrangères.

Je vous remercie, Conseiller, le voyage s'est bien passé dit-il, bien que la grimace qu'il fit signifiait qu'il n'en pensait rien. Le clerc prit place avec soulagement dans le siège que lui avait désigné le demi-elfe.

Ma prise de fonction s'est convenablement passée, et les autorités manostiennes m'ont chargé de vous transmettre les voeux de réussite et de prospérité du conseil helmite, à vous ainsi qu'à la Conseillère Dizathir.

Je dois dire que l'absence d'une continuité dans notre ambassade à Manost a nuit à la qualité de notre image. Luménis est considérée comme trop peu fiable en raison des bouleversements politiques ces dernières années. A leurs yeux, il n'y a pas de possibilité de bâtir des relations stables, puisque notre diplomatie est ballottée au fil des changements de dirigeants.

Agrippa s'arrêta un instant, prenant soudainement conscience que le Conseiller pourrait voir dans ces paroles une critique du gouvernement luménien.
C'est en tous les cas le point de vue des autorités helmites. A nous de tracer une politique qui soit vue comme cohérente... et de faire un travail sur notre image. Je m'y emploie.

HRP : :!!!: Ce dialogue a lieu après la quête "Voir Manost et Mourir" actuellement en cours, et après la prise de fonction d'Agrippa à Manost. Agrippa est rentré pour un premier rapport d'activité; ce post a pour but de permettre à mon perso de participer à la quête de l'invasion des ombres. Je suis à ta disposition, Dédalus, pour continuer cette discussion en attendant le début de la quête. :fleur:

[Dedalus]

Les nouvelles que l’ambassadeur rapportait au Haut-Conseillé n’étaient pas spécialement encourageantes mais le demi-elfe s’y attendait plus ou moins.

« Je savais que les autorités manostiennes avaient peu d’estime pour nous mais je ne pensais pas que cela allais aussi loin. Mais cela ne me surprends pas outre mesure : Lumenis n’a jamais eut de vrai politique extérieure. »

Dedalus servit un verre de brandy à Agrippa, ceci lui permit de réfléchir un peu avant de reprendre la parole.

« Il serait malheureux que nos piètres relations diplomatiques aient des répercutions sur le commerce entre nos deux villes.

Nous devons faire face à deux problèmes : Avoir une politique cohérente à court et moyen terme, ainsi que la rendre plus lisible à nos alliés commerciaux et diplomatiques. »

Haut-Conseillé commençait à rechercher des solutions mais avant de faire la moindre chose, il fallait mieux cerner le problème :

« Avez-vous une idée des attentes des dirigeants manostiens ? Voient-ils en notre cité un partenaire commercial, un allié ou autre choses ? »

[Agrippa]

Les analyses du Haut-Conseiller étaient empreintes d'une grande justesse. Agrippa n'avait pas eu besoin de dire les choses telles qu'il les pensait; Dédalus avait compris à demi-mot son propos.

Pour répondre à votre question, je crois que les dirigeants Manostiens nous voient comme des partenaires possibles, et notamment du point de vue commercial.

Mais, si je puis aller au fond de ma pensée, il s'agit plus selon moi de réfléchir à ce que nous pouvons leur proposer, que des attentes qu'ils ont envers nous.
Ayons une véritable politique à promouvoir dans nos rapports avec la cité du Vigilant. Définissons les priorités de Luménis. Que désire le Conseil? Une alliance militaire? Une coopération technique et culturelle? Une promotion des échanges commerciaux? Ou bien un mélange de tout cela?

Il marque une pause pour laisser ses mots avoir de l'effet sur le Haut-Conseiller. Il ressassait les difficultés qu'il avait éprouvées à son arrivée à Manost, et l'occasion lui était donnée de tenter de changer la situation. Il ne devait pas la laisser passer.

Je suis bien conscient que le Conseil a des priorités bien plus urgentes que nos relations avec Manost. Les troubles récents et l'instabilité gouvernementale n'ont pas permis de développer une politique extérieure structurée.

Mais il est temps maintenant. Si vous le souhaitez, je suis tout disposé à vous présenter un projet que vous puissiez valider. Mais le Conseil et vous-même devez décliner les priorités. Fort de votre aval, je serai en mesure de mettre en oeuvre ce projet sur le terrain.

[Dedalus]

Dedalus sourit, le demi-elfe appréciait l’homme en face de lui. Le Haut-Conseillé ne regrettait point d’avoir appuyé sa candidature.

« Lumenis et Manost sont deux villes assez différentes. L’aspect religieux n’est pas le moindre de ces facettes, la situation géographique en est une autre.

Lumenis est la seul cité importante sur l’île d’Helonna. Nous avons suffisamment de ressource pour nourrir toute la population de l’île. Par contre, nous avons peu de ressource minérale. Le commerce est donc important pour notre développement.

Par contre, nous disposons de peu de forces militaires. La plus part sont des forces maritimes qui patrouillent autour de Lumenis. Il est hors de question que la ville se dépouille de ces navires de guerre. Non pas que je craigne une invasion, la cité n’est pas en guerre, mais cela pourrait avoir une répercussion sur la piraterie.

Reste les échanges culturels, là, je dois avouer que la chose m’intéresse peu. C’est un aspect de la vie citadine dont je ne m’occupe guère. Mais je suis ouvert à toute proposition. »

Dedalus déplaça son verre sur le coté de son bureau.

« Voici mon analyse de la situation mais avant que vous me disiez se à quoi vous pensez, permettez moi de vous rappeler une chose : Il ne servira à rien de faire des propositions à Manost si elles ne vont un minimum dans le sens de leurs attentes. »

[Agrippa]

Agrippa sourit en entendant les sages jugements du Conseiller. Les choses changeaient, après tout.

Je suis tout à fait d'accord. Et c'est bien là que l'utilité d'avoir une réprésentation permanente à Manost se fait sentir.

Les Manostiens attachent une grande importance à leur commerce. Et il conviendrait de nous ouvrir des opportunités en négociant des facilités d'installation et de douanes. Peut-être devrions-nous prévoir un lieu dans lequel les marchands étrangers pourraient s'installer plus facilement? Voire une zone franche, selon l'intérêt qu'aurait Luménis pour la marchandise. Je pense aux produits exotiques et aux produits nécessaires aux fournitures de l'armée.

Mais cela m'amène à parler du domaine militaire. Luménis n'a pas une armée particulièrement développée, alors que les Manostiens ont une tendance militariste particulièrement forte. Le coût pour nous de chercher à améliorer nos forces armées, ou de maintenir une plus grande présence à nos frontières, serait prohibitif, en regard de l'utilité que cela représenterait.

En passant un accord défensif avec Manost, nous aurions une opportunité... d'"externaliser" en quelque sorte ces coûts. Une assurance contre un éventuel coup du sort, à un prix négligeable.
Je crois savoir également que Manost a un contentieux conséquent avec Mélandis concernant leurs liaisons commerciales. Luménis pourrait être une alternative intéressante aux helmites pour trouver des marchés pour leurs produits.

En somme, je pense que nous devons créer les conditions pour négocier un accord global comprenant un volet commercial et un volet militaire. Accord défensif d'une part, accord douanier d'autre part. Ils nous apportent leur glaive, nous apportons la corne d'abondance. Ne pensez-vous pas qu'il s'agisse d'une proposition que tout dirigeant manostien sensé considérerait?

[Dedalus]

Le Haut-Conseillé écoutait attentivement l’ambassadeur. Lorsqu’Agrippa eut finit, Dedalus ne répondit pas tout de suite et prit un temps de réflexion.

« La présence permanent d’un représentant à Manost n’a d’intérêt que si Lumenis en tire un quelconque avantage. Toutefois, il faut que l’intérêt soit réciproque, les deux cités doivent tout deux en tirer un avantage si nous voulons que accord perdure dans le temps. »

Alors que le demi-elfe allait continuer, un huissier frappa à la porte. Il entra discrètement et ce dirigea vers le Haut-Conseillé pour lui parler à l’oreille.
Agrippa ne compris pas la teneur du message. Par contre, il vit le demi-elfe lever les yeux et saisi le mot : Port.

Une fois l’huissier congédié, le bibliothécaire reprit le fil de la conversation :

« Votre idée d’alliance est intéressante. La prochaine fois que vous allez à Manost, je voudrais que vous pressentiez auprès des dirigeants manostiens les chances d’un tel accord.

De mon coté, je vais voir ce que cela coûterait aux recettes de la ville une réduction douanière. De plus, il devrait être possible de trouver une zone suffisamment étendue où il pourrait s’installer plus facilement. Le tout étant que cela ne soit pas trop éloigné du débarcadère.

Nous devons œuvrer pour relancer les relations diplomatiques avec Manost. »

Dedalus arborait un air grave et semblait soucieux.

« Maître d’Orgeval, ma fonction m’appelle en d’autres lieux, je vais devoir m’absenter. Toutefois, je compte sur vous et reste à votre disposition. Si vous avez d’autres informations ou besoins d’aide pour réaliser votre mission, je vous aiderais. »

[Agrippa]

Agrippa se leva prestement, et salua le Haut-Conseiller.

Il en sera fait ainsi, messire. Je compte rester quelques jours à Luménis afin de faire mûrir ce projet, et profiter de notre belle cité, puis je naviguerai de nouveau vers Dorrandin. Peut-être aurons-nous l'opportunité de nous entretenir de nouveau des questions que nous avons évoquées.

D'ici là, que Lathandre vous ait en sa garde bienveillante, acheva-t-il avant de sortir du bureau.

L'ambassadeur était fourbu, et c'est avec soulagement qu'il se dirigea vers le sanctuaire de Dénéir tout proche pour y prendre un repos bien mérité.

[Dedalus]

[Quête : L’invasion des ombres].

Dedalus et son escorte arrivèrent sans trop de difficulté au Palais présidentiel. Le Haut-Conseillé remercia les soldats et pris congé des militaires.

La première chose que fît le demi-elfe fût de se rendre au bureau du capitaine de la garde du palais. Dedalus salua l’officier et lui demanda :

« Il y a un soulèvement dans le quartier Est. J’aimerais que vous mettiez en alerte l’ensemble des troupes du Palais.

De plus, j’ai besoin d’envoyer rapidement une missive au commandant du Grand Fort. Pourriez-vous mettre à ma disposition une estafette. »

Le capitaine de la garde regardait vaguement le demi-elfe empressé qui se trouvait devant lui. L’homme pensa dans son fort intérieur : Encore un de ses fonctionnaires et ses idées farfelues, toujours pressés.

Toutefois, le militaire sursauta lorsque le point du Haut-Conseillé s’écrasa sur son bureau :

« Capitaine écoutez-vous se que je vous dits ? »

L’aide de camps du capitaine s’approcha :

« Messire Dedalus, si cela ne vous gêne point, nous pourrions peut être voir cela ensemble. »

L’aide de camps partit, suivit par le Haut-Conseillé. En quitta le bureau du capitaine, le demi-elfe regarda une dernière fois l’officier, se dernier semblait aussi indolent qu’à son arrivé.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Dès qu’il avait vu Dedalus entrer dans le bureau du capitaine, l’aide de camp avait compris qu’il se passait quelque chose de grave. C’est pourquoi il avait décidé de prendre les choses en main, sachant que son supérieur, lui, mettrait longtemps à réagir.

Sitôt que le Haut Conseiller lui eut expliqué la situation, l’homme distribua des ordres et, bientôt, le branle-bas de combat résonna dans le palais. Tous les gardes disponibles coururent quérir leurs armes et se positionnèrent de manière à défendre le bâtiment. Pendant ce temps, des messagers furent envoyés au Fort et aux quatre coins de la ville pour prévenir la garde de ce qui se produisait.

Commença alors, pour Dedalus et l’aide de camp, une attente anxieuse. Mais celle-ci ne se prolongea guère : une demie heure plus tard, un messager revenait, premier d’une longue suite d’estafettes porteuses de nouvelles plus mauvaises les unes que les autres. L’ensemble des Quartiers Est étaient à feu et à sang : la majorité des habitants avaient pactisé avec les réfugiés et, ensemble, ils avaient massacré les quelques escouades de la garde qui avaient tenté de leur barrer la route. Grâce à leur nombre croissant, et surtout aux armes qu’ils avaient récupérées sur les soldats et dans quelques armureries, les insurgés avaient alors commencé à mener des incursions de plus en plus hardies dans les zones sud et ouest de la ville.

A l’ouest, les choses avaient vite tourné à leur avantage : les marins et une grande partie des personnes travaillant sur les docks avaient rejoint leur mouvement. Pour eux aussi, la vie était dure, et il avait suffit d’un discours bien tourné de Morfea Nwalk pour les convaincre que l’insurrection était la meilleure chance qu’ils avaient d’améliorer les choses. Le premier acte des nouveau révoltés fût de prendre d’assaut la prison : les soldats protégeant le bâtiment luttèrent héroïquement, mais ils furent rapidement submergés par le nombre. Les prisonniers, considérés comme des victimes des autorités corrompues de Lumenis, furent libérés et engagés à venir grossir les rangs de la rébellion, ce qu’ils firent bien volontiers.

Au sud, il en alla un peu différemment. Les habitants de ses quartiers, très aisés, n’étaient guère susceptibles de rejoindre une meute de gueux en haillons. De plus, les gardes étaient nombreux ici, et les rebelles progressèrent plus lentement. Voyant cela, Morfea ordonna qu’on se contente d’isoler le quartier : il fallait juste éviter que des soldats n’aillent grossir les troupes rassemblées au Palais Présidentiel. Lorsque celui-ci serait tombé, il y aurait tout le temps pour écraser les dernières poches de résistance.

Le soir venu, ce fut donc sur le Quartiers Nord que les insurgés concentrèrent leurs efforts. Et c’est là que les choses vraiment sérieuses commencèrent. Jusqu’ici, tout s’était passé comme Morfea l’avait prévu : les autorités luméniennes ne s’attendaient nullement à une révolte d’une telle ampleur. Prises au dépourvu, elles n’avaient pu lui opposer que quelques groupes épars de soldats facilement balayés par les émeutiers. Mais le Quartier Nord était le siège du gouvernement et du haut commandement militaire. Les effectifs cantonnés à proximité du Grand Fort et du Palais Présidentiel étaient assez nombreux et bien organisés. L’affrontement promettait d’être terrible.

Cependant, les insurgés étaient une multitude, désormais : de toutes les zones de la cité, les miséreux, les mécontents, mais aussi les crapules de toutes sortes avaient rejoint la cause de Nwalk. Leurs raisons de se battre étaient multiples – sentiment d’injustice, volonté de lutter contre la corruption, de redonner à Lumenis son lustre d’antan, ou tout simplement envie de piller et de tuer – mais ils étaient tous galvanisés, enflammés à la fois par les discours de Morfea ainsi que de ses alliés et par la facilité avec laquelle ils avaient conquis une bonne partie de la ville.

Et c’est ainsi que, toute la nuit, ils luttèrent avec acharnement, harcelèrent sans trêve les soldats qui leur faisaient face et les forcèrent petit à petit à reculer. Ces derniers ne possédaient pas la même détermination : ne comprenant pas vraiment comment les choses avaient pu dégénérer à ce point, rechignant à combattre leurs concitoyens, seules leur expérience et la présence des officiers les forçait bien souvent à tenir bon.

Mais les forces étaient disproportionnées : bientôt, on assista dans l’armée aux premières désertions, aux premières scènes de fraternisation entre émeutiers et soldats. Les combats se poursuivirent, sans cesses plus proches du Palais Présidentiel et du Grand Fort. Au petit matin, ces deux lieux constituaient les dernières zones de résistance des quartiers nord.

Le siège de ces bâtiments aurait pu durer longtemps, si la dissension ne s’était installée à l’intérieur même de leurs murs épais. Les officiers se disputèrent sur l’attitude à adopter, sur les solutions possibles pour se tirer de ce mauvais pas. Les rancoeurs enfouies, les vieilles querelles, les ambitions longtemps contenues, tout le mal en somme qui gangrenait le pouvoir luménien éclata alors au grand jour : quelques responsables voulaient résister jusqu’au bout, d’autres tenter de négocier. Certains, enfin, clamèrent qu’il fallait pactiser avec les insurgés, que c’était une occasion inespérée de régénérer la ville, de lui donner un nouveau souffle...

Les disputes virèrent bientôt au pugilat, et des combats entre les différentes factions éclatèrent dans l’enceinte du palais. Les plus décidés profitèrent de la confusion générale pour ouvrir les portes et annoncer leur ralliement aux révoltés. En quelques minutes, le centre du pouvoir fut investi. Le haut Conseiller Dedalus et quelques fidèles, refusant de tomber aux mains de leurs adversaires et désireux de poursuivre la lutte, parvinrent à mettre à profit la cohue pour quitter les lieux. D’autres n’eurent pas cette chance et furent promptement passés par les armes. Beaucoup, enfin, s’empressèrent de témoigner leur soutien au mouvement insurrectionnel et de prêter allégeance à son leader, Morfea Nwalk.

Le demi-elfe exultait. Toutes ses manigances avaient enfin porté leur fruits : la rébellion patiemment préparée s’était déclanchée au moment opportun. Il avait triomphé de Taliesin, seul obstacle à son entière domination sur les réfugiés mélandiens. Il avait su jouer des peurs, des griefs de la population luménienne pour la rallier en masse à son mouvement et, en une journée, il avait conquis la puissante cité de Lathandre. Oh, certes, il restait quelques poches de résistance à annihiler... Mais ce serait bientôt chose faite ! Et à voir la manière dont certains dignitaires luméniens se traînaient déjà à ses pieds, il savait qu’il ne manquerait pas d’aide pour consolider son pouvoir.

Non, décidément, rien ne venait ternir son triomphe : il était bel et bien le nouveau maître de Lumenis.

[Agrippa]

[Quête : L'invasion des Ombres]

Agrippa et son compagnon, le paladin Iluvatar, avaient parcouru dans un tumulte indescriptible le chemin entre le sanctuaire de Dénéir, où ils avaient laissé en sécurité une famille de réfugiés des Quartiers Ouest, et le Palais présidentiel. C'était dans cette place centrale du pouvoir Luménien que le clerc espérait recevoir des informations et des ordres, sans se douter qu'il était déjà trop tard pour en rien trouver.

A peine arrivés en vue du palais, les deux compagnons battirent en retraite, car des bandes armées et déchainées se déversaient en direction des bâtiments officiels, avec la volonté manifeste de les prendre d'assaut.
Du sang avait déjà été répandu; les cadavres de deux gardes gisaient dans une rigole, au détour d'une rue normalement connue pour sa tranquillité, au point d'en faire une promenade privilégiée pour les amoureux.

Le sang d'Agrippa se glaça en voyant les premiers morts, et le prêtre s'abrita sous des arcades voisines pour convenir avec le serviteur de Lathandre qui avait bien voulu l'accompagner de la conduite à suivre.

[Iluvatar]

[Quête : L'invasion des Ombres]

Iluvatar fut pris rapidement d'une accélération de rythme cardiaque. Il tira son épée et se rapprocha du prêtre, observant du coin de l'oeil les rues, et écoutant attentivement les cris des assaillants. Il fallait réfléchir vite et trouver un moyen de rejoindre les résistants.

Dis moi Agrippa, le paladin se rendit compte qu'il venait de tutoyer le prêtre, mais vu la situation, cela importait peu, Penses tu qu'il y aurait un moyen de contourner l'édifice et de peut être, trouver une autre entrée que les ennemis n'auraient pas encore découvert? Je ne connais pas encore assez la ville pour pouvoir établir un plan rapide, de plus, je dirais que les autorités ne sont pas en état de nous aider et qu'elles sont surement éparpillées. A mon avis, tout va se jouer au palais, et c'est la que ca bloque puisqu'une bande de sauvages est arrivée avant nous et qu'ils n'ont pas l'air de notre côté. Tu me suis?

Iluvatar voyait le désarroi d'Agrippa et se douta qu'en tant que prêtre diplomate, il n'avait jamais connu une telle "guerre civile".

Hey! J'ai déjà connu ça, je suis sûre qu'on va trouver un moyen, le tout est de garder son calme et sa tête. Aide moi à réfléchir aux possibilités et si tu penses que tenter un contour du bâtiment pour repérer les lieux serait judicieux, alors c'est ce que nous ferons, et j'entends bien éviter le plus les combats avant d'avoir retrouver des résistants.

Iluvatar était déterminé, mais il ne voyait toujours pas par quels moyens ils pourraient bien se rendre au palais.

[Morfea Nwalk]

[Quête : L’invasion des ombres]

L'ombre était tombée sur Luménis. En ce funeste jour, d'aucun croyait que le soleil, qu'une épaisse brume était venue couvrir prématurément, venait de caresser de ses rayons la cité de Lathandre pour la dernière fois. Une sombre malédiction semblait désormais planer sur cette cité pourtant jadis si riante.

Au coeur du palais, le bourreau mélandien s'activait à porter la dernière pierre à son succès. S'il s'était emparé de tous les points stratégiques de la cité, il n'en contrôlait pourtant pas encore tous les domaines. Ca et là, trainait encore des soldats de l'armée luménienne qui n'avaient pas baissé les armes. Les habitants ne lui étaient pas encore tous soumis... bref, ce pouvoir était encore précaire.
Peu après la prise du palais, le demi-elfe avait pris l'initiative d'organiser un "Etat-major" afin de centraliser son pouvoir. Il avait nommé 7 hommes, parmi les meilleurs combattants qu'il avait repéré à la tête d'une milice avec pour mission de faire régner l'ordre sur la cité en attendant que les choses s'officialisent. Ces 7 "lieutenants" organisèrent vite leur troupes afin d'assoir leur autorité sur la cité.

Conséquence directe de ce déploiement impressionant, l'un des plus hauts notables de la cité, pour ne pas voir sa puissance décroitre, avait décidé de prêter immédiatement allégence au nouvel Homme fort du pouvoir luménien, mettant sa fortune à son service, en échange d'un peu de pouvoir. Morfea lui avait confié les affaires commerciales et économiques.
Peu de temps après, c'est l'une des plus grosses familles marchande de la cité qui prêta serment d'allégence au nouveau seigneur de la cité, espérant bien mettre à profit cette nouvelle situation pour se débarasser de deux autres grandes familles marchandes plus puissantes qui ne s'étaient pas encore soumises.

De même, plusieurs personnes, jadis influentes dans la cité furent amenées au nouvel empereur. Le choix leur était laissé de se soumettre ou de mourir. Dans la nuit et jusqu'à l'aube, ce furent ainsi vingt-cinq hautes personnalités parmi lesquelles des prêtres de divinités bonnes, prélats, anciens ministres, marchands ou officiers qui furent décapités sur la place publique pour avoir refusé de prêter serment au nouveau Seigneur Morfea Nwalk. Cinq autres personnes très influentes, parmi lesquelles un cadre de l'école de magie, un paladin de Tyr, deux officiers de l'ancienne armée très proches du conseil et d'autres notables avaient préféré la soumission à la mort.

L'aube d'une sombre horizon se levait alors. Et Morfea s'instiguait cette fois-ci Seigneur de Luménis, présentant au balcon du palais ses ministres et son Etat-Major. La milice était devenue l'armée, ses lieutenants devenus généraux, les traîtres devenaient ministres et la loyauté désormais avait pour guide la corruption. Partout dans la cité, jusque dans les quartiers nobles qui avaient fini par tomber quasi totalement sous le contrôle du nouveau pouvoir, soit par la force, soit par la corruption, les crieurs avaient été dépêchés pour annoncer la nouvelle de la fuite et la chute du conseil, remplacé désormais par un très restraint gouvernement composé de quatre membres que chapotait désormais le très sombre Morfea Nwalk.

[Agrippa]

[Quête : L'Invasion des Ombres]

Agrippa eut aimé avoir la même foi que celle dont faisait preuve le paladin. Mais il pouvait sentir, aux mouvements de foule et à l'odeur de sang qui se répandait déjà dans l'air de Luménis, que la situation était presque désespérée.

La ville de l'Aube n'était pas préparée à faire face à un tel déchainement de violence. Les gens avaient toujours cet air de tranquillité et de bonté désarmant pour qui ne savait pas voir au-delà des apparences. Mais Agrippa savait bien à quel point la frustration pouvait être forte dans certaines parties de la société luménienne, et les autorités s'étaient certainement voilé la face trop longtemps.

Luménis en payait maintenant le prix fort.

Iluvatar, j'ai une responsabilité vis-à-vis de cette ville, et je me dois de faire tout mon possible pour mettre un terme aux violences. Avec l'aide de Lathandre, tout ceci n'est peut-être que passager, dit-il comme pour se convaincre lui-même.

Je dois me rendre compte de la situation par moi-même. Je vais tenter de m'approcher des bâtiments officiels, et de prendre contact avec les autorités.
*Ou ce qu'il en reste* pensa-t-il.
Vous devriez rentrer à votre quartier général, et prêter main-forte à l'Ordre. C'est le moment où jamais d'être à la hauteur de votre vocation, mon ami.

Ayant ainsi affermit sa décision au fur et à mesure qu'il parlait, Agrippa remonta sa capuche, resserra son ample manteau comme pour se donner de l'assurance, et sortit de la relative protection de la pénombre pour se diriger droit vers le Palais présidentiel.

Your choice, camarade. Je ne sais pas comment ils vont réagir en me voyant, et encore moins en te voyant toi en armure...

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Agrippa parvint aux abords immédiats du Palais peu après que les hommes de Morfea aient achevé d’en prendre le contrôle. Des portes grandes ouvertes surgissaient sans cesse des insurgés qui entraînaient avec eux les soldats ou les dignitaires qui ne s’étaient pas ralliés, et ils les exécutaient à la chaîne à quelques mêtres seulement de l'entrée. Un monceau de cadavres s’élevaient déjà sur les pavés.

Autour du palais, un cordon serré de réfugiés melandiens veillaient à ce que personne ne s’échappe : le conseiller Dedalus leur avait déjà filé entre les doigts, ils ne voulaient pas qu’un autre responsable puisse en faire de même. Morfea avait aussi donné des consignes pour ceux qui s’approcheraient du Palais : quiconque ne faisait pas partie des insurgés devait être éconduit, à moins qu’il ne veuille signifier son ralliement. Et si quelqu’un devait rechigner à tourner les talons, et bien... Un coup d’épée réglerait promptement le problème.

Agrippa fut ainsi immédiatement repéré. Deux hommes, l’arme au poing, d’avancèrent à sa rencontre.

-A moins que t'aies une bonne raison d’être ici, j’te conseille de te tirer en vitesse ! lança l’un d’eux d’un ton bourru.

[Mekren le maudit]

[Quête : l’invasion des ombres]

[La Grande Bibbliothèque]

L'assurance du maudit fondit rapidement lorsqu'il atteignit le palais. Lui qui pensait trouver une institution solide et fortement défendue, eut devant les yeux des hordes d'insurgés et presque autant de cadavres. Il manqua d'avoir un haut le coeur, mais heureusement, l'estomac de Saedan était mieux accroché qu'il ne le pensait, et cela lui évita de révéler sa position en vomissant partout. Toujours dissimulé dans l'ombre d'un porche, il observa quelque temps. Alors qu'un conseiller se faisait proprement décapiter à quelques pas de sa position, il entendit la voix de Saedan retentir dans son esprit.

"Tu m'expliques pourquoi tu te planques? Avec ma dégaine de petite frappe mélandienne, je ne crois pas qu'ils te prendraient pour un défenseur du Bien, s'ils ne te prennent déjà pas pour un des leurs."

Mekren réfléchit quelques instants et jugea que ce que disait son hôte n'était pas totalement insensé. Pas mal de Luméniens avaient louché vers lui lorsqu'ils l'avaient vu passer, et il n'avait toujours pas pris la peine de voler assez d'or pour s'acheter une tenue correcte. Il se balladait toujours avec les frusques de voyage élimées de Saedan, qui n'avait rien d'un riche luménien.

Cependant, il resta encore un peu dans l'ombre. On n'était jamais trop prudent. Du coin de l'oeil, il repera un maigrichon en robe, prêtre sans aucun doute. La manière dont ce dernier se faisait intercepter par les gars de la révolte, il ne devait pas être rangé sous leur bannière. C'était le premier homme encore libre de ce genre qu'il voyait. Cela lui suffisait pour tenter de prendre contact, car il cherchait ceux qui pouvaient avoir réchappé au massacre du palais. Mais la situation du bonhomme pouvait vite dégénréer s'il ne se montrait pas diplomate. Prêt à agir en cas de danger, le Maudit resta à l'affût pour surveiller l'évolution de la situation et, éventuellement, sortir de l'ombre pour tirer le clerc d'un mauvais pas.

[Agrippa]

[Quête : L'Invasion des Ombres]

Agrippa avait prévu l'éventualité où le Palais serait déjà tombé aux mains des rebelles, et, le coeur serré, il avait pris une décision terrible quant à la conduite qu'il se devait de suivre.

Mais, alors qu'il allait répondre à la question du sicaire, son attention fut détournée par des hurlements terrifiants émanant des portes du palais.
C'est alors que le clerc aperçut un des ses collègues du corps diplomatique trainé par deux soudards. L'homme se débattait comme un beau diable, mais l'étreinte de ses bourreaux ne se relâcha pas, et c'est avec une horreur indicible qu'Agrippa les vit fracasser le crâne de l'homme d'un coup de masse.
Ricanant, ils s'écartèrent de la scène du crime, non sans avoir jeté leur fardeau sur ce qu'Agrippa identifia alors comme un charnier.

C'était plus que ne pouvait en supporter le fidèle de Dénéir, et, tombant à genoux, il se mit à vomir.

Bienvenue, Mekren!!

[Iluvatar]

[Quête : L'Invasion des Ombres]

Iluvatar ne pouvait pas laisser son compagnon seul, et puis le culte lathandrien avait mieux à faire de défendre son temple plutôt que de courir au secours d'un clerc devant un bâtiment déjà investi par les ennemis.

Iluvatar observa alors Agrippa vomir sur les pavés, alors qu'un homme venait de mourir d'une façon des plus barbares devant le clerc. Iluvatar sentit bouilloner en lui un sentiment de fureur contre ces hommes sans foi ni loi et qui réussissaient quand même à prendre le contrôle de la belle cité de Luménis.

La rage montait en lui, mais il se contrôla et attendit observant les alentours. Personne ne venait, et c'était encourageant, moins il y aurait de monde, plus une action rapide et surprenante serait aisée...

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Les deux insurgés accueillirent le malaise d’Agrippa avec des rires goguenards : visiblement, la scène les amusait beaucoup et elle les avait rassurés quant à la dangerosité potentielle du nouveau venu. Cependant, quand celui-ci se fut quelque peu remis, l’un des hommes le saisit par le col et le releva sans ménagements.

-Bon, fini d’rire, mon gars. T'as l'choix. Soit tu te barres, soit tu nous dis tout d’suite ce qui t’amène. Et si t'es pas sage, on t’réservera le même sort qu'à ton copain, là-bas. Ça nous gêne pas du tout, tu sais.

Et il repartit de son rire méchant, bientôt rejoint par son compagnon. Oh oui, ils s’amusaient beaucoup.

[Agrippa]

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le prêtre fut incapable de répondre quoi que ce soit d'intelligible à la brute, et tenta de se libérer de son emprise pour rebrousser chemin. Il n'était pas tailler pour faire ce qu'il avait tout d'abord souhaité. Remettre à plus tard. C'était la seule solution. Rien ne le préparait à supporter des scènes comme celle qu'il venait de voir, et il ne songeait plus maintenant qu'à s'éloigner le plus possible de ce lieu de carnage.

L'homme lâcha enfin prise, et Agrippa tourna le dos au palais, titubant en direction des maison les plus proches, où il avait laissé Iluvatar quelques instants plus tôt.
Leur temps viendrait.

Le clerc ne s'était écarté que d'une petite dizaine de mètres lorsque soudain, des cris, articulés et sensés, cette fois-ci, attirèrent une nouvelle fois l'attention d'Agrippa.

Cet homme! Là-bas, dans une robe blanche... c'est un fonctionnaire de l'ambassade! Ne le laissez pas partir, bande d'imbéciles!

La peur saisit Agrippa au ventre, et il se mit à courir éperdument, gêné qu'il était par ses habits et les pavés glissants. Il avait peu de chances d'échapper aux gardes assoiffés de sang, et bien décidés maintenant à ajouter le clerc à leur tableau de chasse.

(suite : La demeure d'Aldebert Closfleuri)

[Morfea Nwalk]

[Quête : l'Invasion des Ombres]

Le maître des lieux était revenu. Après avoir fait un peu de ménage auprès des témoins peu sûrs qui avaient assisté à sa crise de démence, Morfea avait finalement décidé d'installer son laboratoire au palais. Cela lui permettrait d'une part de s'éviter le regard de curieux dont il ne pouvait s'assurer la confiance, et d'autre part cela lui permettait d'être présent à son poste de commandement afin de régler plus efficacement les affaires dont il avait à s'occuper. Il lui fallait mettre de l'ordre dans ses rangs. Si le chaos ambiant qui régnait au dehors ne le dérangeait pas outre mesure, il ne pouvait supporter qu'il en soit de même parmi les hommes qui composaient sa garde.

C'est pour quoi avant de reprendre ses expériences et ses entretiens avec le barde, il avait d'une part fait convoquer son Etat-Major pour élaborer un plan d'organisation de son armée, puis Cornelius pour qui'il lui fournisse deux assistants dont il pourrait s'assurer la confiance, et élaborer avec lui un projet de production de golems, l'université passait ainsi sous son plein contrôle et ne devait plus que le servir. Le seigneur noir de Luménis voulait se doter d'une armée puissante et destructrice capable d'écraser tout ce qui s'opposerait à elle.

Son retour à plein temps au palais allait donner un coup de fouet certain à l'efficacité de son armée. L'ancien bourreau se posait bel et bien en Grand Maître de la cité et lançait sa série de projets.. de ça de là, la construction de futurs bâtiments impériaux et accadémiques était lancée ... le début de l'établissement d'un nouvel Empire... dont les bases avaient été données à ses bâtisseurs en deux jours à peine, mais demeuraient solides de par la volonté du demi-elfe et du puissant appui qu'il s'était offert en la personne de riches notables corrompus et autres personnes qui voyaient en lui, le moyen d'exister enfin au-delà de ce que l'on ne leur avait jamais offert.

Après avoir tourné de façon un peu anarchique durant quelques semaines, le pouvoir en place allait enfin remettre de l'ordre dans la cité... à sa manière.

Deux jours. Deux jours où le palais s'était transformé en fourmilière, deux jours pendant lesquels il avait dû surmonter l'agacement de cette angoisse qui l'habitait... son premier problème... ce secret qui l'habitait et dont seul Taliesin pouvait le libérer, et qui le hantait chaque jour un peu plus, pesant sur son âme... Le troisième jour, ce fût à l'aube que le Maître de Luménis avait fait convoqué le barde... bien déterminé à en finir et à maîtriser au plus vite cette pulsion qui l'habitait et qui le mettait à défaut depuis son accession au pouvoir.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]

Lorsque l’on était à nouveau venu le tirer de sa cellule, Taliesin n’en avait pas été étonné outre mesure. Il savait que Morféa ne tarderait pas à le rappeler : quels que fussent ses dessins à son sujet, il ne pouvait les repousser indéfiniment. Ce qui l’avait empêché de les accomplir jusqu’ici était un mystère. Peut-être les malaises que la présence et les paroles de Taliesin provoquaient chez lui ? A moins, justement, que cet étrange effet que provoquait chez lui la compagnie du barde soit justement le but recherché de ses étranges rencontres... Cela paraissait tordu, certes, mais l'on pouvait s'attendre à tout de la part d'un esprit aussi torturé que celui de l'ancieu bourreau.

On avait conduit Taliesin à travers le dédale des couloirs et des salles du palais – ce qui lui avait donné le temps de réfléchir à se changement de lieu, qu’il attribua à la volonté de Nwalk d’être plus visible et plus à même de réagir aux événements se produisant dans la cité – puis on l’avait poussé à l’intérieur du laboratoire récemment aménagé par le tyran luménien avant de refermer vivement la porte derrière lui. L’elfe, comme à l’accoutumée, gratifia Morféa d’un salut courtois et d’un sourire amical. Mais il se garda bien d’ouvrir la bouche : il avait jusqu’ici toujours pris l’initiative. A présent, ne serait-ce que pour surprendre un peu son interlocuteur, il allait le laisser se découvrir.

Les bras croisés, le regard fixé sur le demi-elfe, Taliesin attendit donc que celui-ci veuille bien prendre la parole.

[Morfea Nwalk]

[Quête : l’invasion des ombres]

L'attitude de son invité avait beaucoup amusé Morfea. Alors que le barde le saluait silencieusement, le bourreau esquissa un sourire moqueur.

- Hé bien le barde .. tu as perdu ta langue ?

Le barde maintenant le silence, le demi-elfe explosa de rire

- Ha ! L'orateur torrentiel qui haranga naguère les foules, réduit à des courbettes silencieuses... Le moulin à parole qui bat de l'aile... si ce n'est pas ironique.

Finalement ce silence l'arrangeait plus qu'autre chose ; lui l'interprétant comme une marque de soumission.

- Tu te demandes pourquoi je m'acharne à te faire venir régulièrement... n'est-ce pas ?

Il jeta un oeil sur son invité. Celui-ci resté silencieux tout autant que suspendu à ses lèvres, lui arracha un nouveau sourire moqueur.

- Au fond cela m'importe peu... tu seras content d'apprendre que je t'ai également fait aménager une cellule dans les caves du palais. Ca m'évitera d'avoir à attendre des heures qu'on te transfère de la prison.

A la différence de leurs autres entrevues, celle-ci avait un témoin. Un jeune mage était installé sur une table à côté, griffonant quelques notes sur un parchemin sans sembler prêter réellement attention à ce qui se passait à côté de lui... mais peut-être n'était-ce qu'une façade ?