[Commerce] Caves Cordon noir

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Le guerrier jeta un vague coup d'oeil au souterrain qui partait vers la gauche. Sans la torche, il ne voyait strictement rien, aussi devrait-il s'aventurer dans le boyau afin d'y découvrir les colonies d'araignées qui effrayaient tant les fonctionnaires manostiens.

"Je vais tenter ce chemin-ci.", annonça-t-il au demi-drow, avant de s'y engouffrer.

Le chemin était droit, et la hauteur du plafond suffisante que pour laisser passer un homme plus grand que lui encore. Il devait simplement se méfier des quelques rocailles qui parsemaient le sol, mélangés à la poussière omniprésente, si ce n'était aux endroits des traces de pas, qui continuaient dans la même direction.

En-dehors de ces marques, nulle trace visible de passage humain depuis belle lurette. Mornagest s'arrêta de marcher un instant et tendit l'oreille. Plus aucun son, pas même les pas de Lothringen, s'il le suivait. Où était-il, d'ailleurs ?

Mornagest tourna la tête en direction des escaliers, mais ne vit que l'obscurité la plus totale. Secouant la tête, il examina davantage les traces. Il vit qu'elles s'arrêtaient brusquement, un bon mètre au-delà de sa position, pour bifurquer vers une porte qui semblait close.

Le guerrier s'approcha et tourna la clenche, mais rien ne se produisit. Il força un peu, toujours rien.

"Aux grands maux...", pensa-t-il. Il se posta de l'autre côté du couloir et s'élança vers la porte à toute vitesse. Le temps de masser son épaule endolorie, et Mornagest tenta à nouveau. Un craquement se fit entendre. Nouvelle tentative, et la porte grinça affreusement. Un dernier coup de pied écarta la porte de son chambranle, avec un espace assez petit mais suffisant pour qu'il puisse s'y glisser, en retenant sa respiration.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Mornagest eut à peine le temps de pénétrer sur le lieux qu'il comprit avoir fait ce que l'on appelle communément une mauvaise rencontre. Il se trouvait en effet nez à bulbe avec... qu'était-ce au juste? Une monstruosité aux proportions gigantesques, plus haute que lui, une sorte d'outre flasque munie de deux protubérances violacées et de nombreuses tentacules, sans yeux, qui paraissait comme flotter au-dessus du sol, cherchant à se plaquer à lui. A l'instant, il sentit ses cheveux se dresser d'horreur, une sueur froide couler sur son torse saisi de frissons... Et il se dégageait d'elle une telle aura de terreur qu'il lâcha la torche et ne put s'empêcher de se retourner vers la porte, en s'efforçant comme un dément d'en gratter le bois de ses ongles.

HRP/ Bonjour, voici le freyeur et tu viens de rater ton jet de sauvegarde contre la terreur. C'est po moi! c'est le déééééééé :oops:

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

[Hrp : je veux voir le dé qui donne des lancers négatifs !!! ]

Atrocité parmi tant d'autres, le monstre qui faisait face à l'ambassadeur avait la particularité désarmante de faire fuir à peu près tous ceux qui le voyaient. Et même un homme aguerri comme Mornagest ne put réfreiner sa terreur. Il tentait maintenant de repartir maladroitement par où il était entré, mais, dans sa panique, il ne parvenait à se glisser dans l'entrebaîllement de la porte qu'il n'aurait jamais dû forcer...

Le guerrier sentait littéralement la chose s'approcher de lui, tandis qu'il s'échinait à tirer la porte vers lui et s'enfuit en courant. Mais il ne pourrait pas éviter le combat...

Un bruit immonde provenant de ce qui passait pour la bouche de la créature se fit entendre. Un bruit qui aurait pu passer pour celui d'une goule suçant la moelle des os d'une de ses proies, mais avec une touche de bulles qui éclataient en plus. Mornagest ne put retenir un hurlement glacial, alors que la chose fondait sur lui, toutes tentacules dressées.

L'ambassadeur était pétrifié. Tout ce qu'il parvint à faire fut d'encaisser un solide coup de tentacule visqueuse sur le flanc droit, qui le fit rouler au sol, sans un bruit, si ce n'était un craquement sinistre, annonçant le bris d'une côte flottante de Mornagest.

Se tordant de douleur, Mornagest ne pouvait que rouler sur lui-même, s'il voulait échapper à l'imminence de la mort atroce qui l'attendait. Il glissa son corps un bon mètre plus loin, et tenta de se relever prestement.

La créature s'approchait à nouveau, dans le but évident de lui fracasser la boîte crânienne. Ce qu'elle aurait fait si Mornagest n'avait pas eu la présence d'esprit de s'écarter d'elle à reculon.

Toujours à quatre pattes, l'ambassadeur parvint à se redresser sans trop de douleur, puis porta presque instinctivement la main à la garde de son épée, qu'il dégaina sans plus attendre.

La main tremblante, le souffle court et les cheveux poisseux de sueur et de poussière mélangées, il attendait la chose. Qui produisit à nouveau son cri d'outre-tombe, mais cette fois, le guerrier laissa passer la peur au travers de son esprit, et se concentra uniquement sur ce qu'il voyait : une future victime à son tableau de chasse. Les réflexes du tueur reprenaient le dessus, petit à petit.

Alors que le freyeur se tenait à deux pas de Mornagest, ce dernier s'élança en direction de la bête. Serrant les dents afin de ne pas hurler sa douleur, il lança furieusement sa lame vers son adversaire, assez peu agile, qui ne put parer le coup directement. La tentacule qu'il toucha fut agité d'une soubresaut nerveux, avant de battre en retraite. Mais la créature ne cessait d'avancer.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Cependant que Mornagest se métamorphosait en madrier pour défoncer la porte close, le semi-drow était demeuré en arrière, accroupi près des casiers de la galerie, l'attention retenue par des trous nombreux dans certains étages de culots, l'accumulation de verre pilé sur le sol et la présence de petites billes de plomb dans les débris.

Tout en tripotant d'une main quelques unes de ces billes de métal lourd, il allait tirer les conclusions de ces maigres indices quand il entendit l'ambassadeur lâcher un hurlement de terreur qui lui glaça le sang. Sans se soucier de savoir ce qu'il allait trouver, Lothringen rappliqua au pas de course.

Le problème essentiel qu'il rencontra en voulant pénétrer à son tour dans la pièce où avait disparu le mélandien était que la porte entrebaîllée refusait de s'ouvrir davantage, apparemment bloquée par les objets lourds entassés derrière. Pour corser le tout, Mornagest bouchait le passage, l'épée tirée, dos au chambranle. Face à lui dans l'obscurité, Lothringen apercevait la silhouette rougeoyante d'un monstre visqueux. Une soudaine vague de panique pensa un instant le submerger... puis passa. Le semi-drow songea alors à assister le guerrier autant que sa position le lui permettait.

Lothringen = = > projectiles magiques = = > freyeur

Il vit avec une satisfaction certaine ses menus projectiles affecter un à un leur cible qui frémissait de contrariété. Aucune résistance à la magie... Un bon point.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Le freyeur n'était plus qu'à un mètre de Mornagest, et leva rageusement l'une de ses ignobles tentacules, lorsqu'une lueur vive traversa la salle, et frappa le monstre de plein fouet, sous les yeux ébahis de l'ambassadeur. Cinq petites sphères d'énergie magique venaient de blesser le freyeur, qui s'arrêta net dans son assaut, et poussa un gargouillis de douleur à donner l'envie d'expulser son contenu gastrique.

Guidé par le bruit, et profitant de cette diversion miraculeuse de Lothringen, Mornagest fonça à sur la créature, épée en main et rage au coeur. Son instinct de rude combattant avait totalement repris le dessus, et seul face à la chose, il se sentait presque dans son élément le plus familier : la lutte pour la survie.

Presque contre le monstre, le guerrier feinta sur la gauche, et profita de la lenteur de réaction du freyeur pour l'assaillir sur son flanc droit, mal protégé. Il envoya sa lame à l'aveuglette vers le tronc de la chose, ou du moins, la partie principale qui composait cet amalgame répugnant de chair et de matières visqueuses qui tenaient ensemble par quelqu'infâme sorcellerie.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

La lame s'enfonça dans le flanc du freyeur sans rencontrer de matière dure où s'arrêter de soi-même. La chair pourpre rendait un bruit de succion baveuse, comme si elle se préparait à avaler l'épée avec la main qui la tenait. Mornagest eut beaucoup de peine à retirer sa lame en arrière, et, pendant qu'il tirait, il ne put éviter un nouveau balayage de tentacule qui l'envoya rouler sur le sol, le souffle coupé, grimaçant de douleur tout en se tenant la côte déjà fracturée. Il en était à rassembler ses esprits quand il entendit Lothringen incanter... Une flèche lumineuse d'un vert agressif traversa l'obscurité en un éclair, pour venir se ficher dans le globe gauche du freyeur.

Lothringen = => flèche acide = = > freyeur

Le melandien put cette fois se relever plus promptement que la première, et constater à quel point la dernière attaque avait diminué la créature. Non seulement elle semblait perdre quelque liquide vital d'un blanc laiteux par sa blessure ouverte, tout en se tordant par à-coups de douleur sous l'acide, mais elle paraissait déstabilisée par l'attitude agressive qu'avait désormais adoptée l'ambassadeur. C'était comme si elle ne s'attendait absolument pas à ce que sa victime ait l'idée saugrenue de défendre sa vie. Elle se nourrissait de la peur... et le guerrier avait cessé de la craindre.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Encouragé par l'aide du conseiller manostien, et aussi par les sales bruits qu'émettait la chose qu'ils combattaient de pair, Mornagest redoubla d'efforts, et se prépara à une nouvelle attaque dans l'obscurité. Mais un problème de taille se posa alors. Le freyeur cessa d'émettre ses affreux gargouillis, et ne semblait plus se déplacer. Que mijotait-il ?

Reculant d'un bon pas, le guerrier avait tous ses sens en alerte, affinés par l'inutilité de la vision dans ce sous-sol maudit. Il tendait l'oreille à la recherche du moindre signe d'activité de la créature, mais il ne perçut que les battements de son propre coeur, emballé par l'effort et la poussée d'adrénaline qu'il avait reçu quelques instants plus tôt.

Mornagest tendit l'épée en direction du dernier endroit où se trouvait le monstre, mais ne rencontra que l'air renfermé de la pièce.

Une pointe d'angoisse toucha Mornagest, et il sentit une boule se former dans son estomac. La chose allait-elle riposter de façon démoniaque, par derrière, ou sur le côté, sans qu'il puisse même le voir ?

Aussitôt la sensation de peur apparue, il entendit le monstre se mouvoir dans l'obscurité. Comme il l'avait craint, le freyeur était en train de tenter de le contourner. Il entendit la chose glisser vers lui, sur sa droite.

Poussant un cri mi-enragé, mi-effrayé, Mornagest chargea, sans se soucier davantage de sa sécurité. Il pointa son épée droit devant lui, et fonça vers le monstre. Il ne pourrait que le toucher, à moins d'une esquive rapide de son adversaire...

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Plus une créature est massive, et plus il est rare de la voir faire preuve de souplesse... Le monstre qu'affrontait Mornagest occupant à lui seul, en volume, près du quart de l'espace disponible dans la petite remise encombrée, ses chances d'esquiver se trouvaient fort réduites.

L' épée chercha l'ennemi à tâtons, quelques instants... Puis la chair molle engloutit la lame de Mornagest, avec une sorte de jouissance goulue, renforcée par l'effroi perceptible dans le cri qu'il venait de pousser. Cependant, instruit par le dernier échange, le mélandien, au lieu de chercher à retirer sa lame comme d'un fourreau, s'appliqua cette fois à la retourner plusieurs fois dans la plaie. Le freyeur se tordit et le frappa en vain sur le flanc, donnant grâce à ses tentacules de véritables coups de boutoir qui ne le firent pourtant pas lâcher prise. Il se débattait avec d'autant plus de violence que l'agonie n'était manifestement plus très loin.

Puis, dans un dernier effort, sentant faiblir son adversaire, Mornagest tira son épée sur le côté, afin de laisser la plus large estafilade possible en se retirant. Le freyeur expira un sifflement strident à vous écorcher les oreilles... mais ce n'était rien d'autre qu'un râle déchiré.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Eclaboussé par un liquide visqueux et épais, Mornagest était poisseux de transpiration causée par l'effort et la peur, ainsi que divers liquides dont il préférait ne pas connaître l'origine. Sa première préoccupation était de donner le coup de grâce à cette chose immonde, et il ne se priva pas de tenter d'assouvir ce puissant désir, brutal mais ô combien compréhensible.

Il assura sa prise sur la garde de son épée, puis s'élança avec une vigueur renouvelée, malgré la brûlure qui l'affectait au niveau du torse, malgré la peur qui l'habitait encore face à la créature pourtant mourante, malgré l'obscurité qui pouvait lui faire commettre, à tout moment, une erreur qui lui serait fatale.

Tandis que le freyeur continuait à émettre des sons à chaque fois plus répugnants, Mornagest frappa en direction de leur origine, avec toute la force qu'il put placer dans son assaut.

La lame rencontra à nouveau la masse molle et épaisse, et une nouvelle giclée de produit nauséabond enduisit le bras et l'épaule droits du guerrier, alors que le monstre émit un nouveau râle, puis cessa de remuer. Un bruit mat se fit entendre, sans doute alors que la créature touchait le sol, s'effondrant sous son propre poids, défait par un simple homme.

Respirant avec peine dans l'air moite et saturé de poussière, Mornagest extirpa sa lame du cadavre dégoulinant, puis recula quelque peu, guêtant le moindre soubresaut d'agonie du monstre, et prêt à l'achever si besoin en était.

Il soufflait, et il eut soudain très froid. Le contre-coup du combat, très probablement...

"Lothringen ? Vous êtes là ?", prononça-t-il entre deux inspirations rendues difficiles par la douleur.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

La fatigue, la fracture et l’épreuve psychologique qu’avait représenté l’affrontement avec une créature censée se nourrir des peurs qu’elle inspirait avaient eu enfin raison de la résistance du guerrier : Mornagest se sentait peu à peu perdre pied, sa vue se brouillait et le froid qui le saisissait remontait vers le cœur.

Le semi-drow n’avait pas eu le temps de répondre que Mornagest clignait déjà des yeux, chancelait, et s’évanouissant, se laissait tomber en arrière – autant dire qu’il tomba de tout son poids sur le conseiller ; lequel, en dépit d’une force raisonnable, n’eut d’autre choix que d’accompagner sa chute jusqu’au sol. Tout en essayant d’installer le corps bien à plat sur une surface dégagée de terre battue, Lothringen se mordait les lèvres, contrarié. Faute de possibilité de manœuvre dans cet espace réduit, Mornagest avait assuré seul la première ligne, et enduré seul les assauts… Il était en mauvais état. Le guerrier-mage s’en voulait de l’avoir entraîné dans ce traquenard, et plus encore de n’avoir rien pu faire de plus que de lancer quelques sorts de soutien. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à réparer les dégâts - autant qu’il se pouvait.

Et, tout d’abord, reconnaître les lieux…

Lothringen = = > lumières dansantes = = > salle obscure

Quatre feux follets vinrent rapidement se placer aux quatre angles de la pièce, l’illuminant d’une lumière ocre. Lothringen l’inspecta rapidement. C’était bien une remise, encombrée d’étagements de bouteilles, de coffres, de caisses, de tonneaux. Cinq ou six chaises étaient retournées sur une table dans un coin. Mais la pièce avait été réaménagée : Une armoire était entrouverte, laissant apercevoir des vivres et du linge. Un autel de fortune avait été dressé dans un renfoncement… un autel surmonté d’un artefact représentant un gantelet de fer, avec un œil au milieu de sa paume.

Le semi-drow repoussa du pied le cadavre de la créature pour essayer de se mouvoir dans la pièce. Il y avait, ici comme dans la galerie principale, beaucoup de verre pilé sur le sol, ainsi que des billes de plomb au milieu des débris de bouteilles. Il y trouva aussi deux squelettes en armures de plates complètes, affalés sur le sol. Habitué désormais à côtoyer la mort, Lothringen s’en émut assez peu pour remarquer avec curiosité que leurs armures étaient parfaitement intactes. Voilà qui expliquait en tout cas pourquoi ils avaient retrouvé la pièce barricadée de l’intérieur : ce ne pouvait être l’œuvre du monstre… qui avait dû n’apparaître qu’ensuite. Lothringen commençait de reconstituer mentalement quelques bribes du drame qui s’était joué ici, mais il avait plus urgent à penser. Trouver du linge. De l’eau. Du feu.

Il trouva du linge dans l’armoire – des nappes blanches qui feraient bien l’affaire – et de l’eau dans un tonnelet. Sur la table même, il dénicha un récipient, une pierre à feu, un briquet et de l’amadou. Il fallait croire que les occupants des lieux envisageaient de passer là de longues veillées, et d’y déjeuner au besoin. Lothringen mit les linges à bouillir, puis revint près de Mornagest, toujours inconscient, qui marmonnait dans ses cauchemars.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Allongé à même le sol, Mornagest était plongé dans un sommeil troublé, et peu réparateur. Ses membres étaient agités de soubresauts nerveux, et assez violents. Il heurta plusieurs fois des objets éparpillés à terre, et s'ouvrit légèrement la main droite sur un morceau de verre tranchant.

Mais le plus évocateur restait ses grognements apeurés qu'il proférait pendant son inconscience. Souvent incompréhensibles, mais Lothringen percevait de temps à autre un mot audible.

"Tuer... rhaa.. les enfers... sur moi..." Il respirait bruyamment, et de manière saccadée. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine endolorie, et ses yeux, bien que fermés, semblaient osciller dans leurs orbites à une allure affolante.

Soudain, Mornagest poussa un nouveau hurlement, alors qu'il était encore évanoui. Un seul mot, effrayant, terrifiaint, même. Comme si le freyeur était encore en train de le combattre, dans son esprit torturé.

"La MOOOORT !". Lothringen sursauta, et renversa un peu d'eau chaude sur Mornagest, qui remua à nouveau, mais sans s'éveiller. Son état restait préoccupant. Il le devenait même de plus en plus, à vrai dire. Le conseiller appliqua une bande de tissu humide sur le front du guerrier, s'efforçant de le maintenir en place. Mais la tâche était rude, la force exaltée de Mornagest dépassait celle du drow.

Tout aussi brusquement, Mornagest ouvrit les yeux et fixa ceux de Lothringen. Il cligna les paupières, secoua la tête lentement, puis murmura, avec une pointe de souffrance dans la voix :

"L'enfer... j'y suis enfin arrivé. Dites-moi que oui. Que TOUT S'ACHEVE !". Il haussa le ton au fur et à mesure qu'il parlait, et il termina sa phrase en hurlant.

"Du calme", répliqua Lothringen en le forçant à se recoucher. "Ici ce n'est pas encore l'enfer, seulement l'antichambre". Il s'épuisait à retenir le mélandien qui n'était manifestement pas en état de l'entendre. Puis ce dernier commença à céder. "Du calme...", souffla-t-il encore.

Tremblant, Mornagest cessa de crier, puis fixa à nouveau Lothringen dans les yeux, d'un regard vide, tel celui d'un spectre venu lui ôter la vie. Il ouvrit la bouche, laissa échapper un gargouillis presqu'inaudible, puis laissa aller sa tête de côté, avant de tomber sur le conseiller, qui parvint cette fois à le retenir sans trop de mal.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Lothringen l’allongea à nouveau. Il fallait se hâter de le débarrasser des aspersions du freyeur, ou le mélandien n’allait probablement pas tarder d’en éprouver les vertus corrosives. Il en avait sur tout le bras jusqu’à l’épaule, cela avait giclé sous les vêtements et même jusque sur le visage. Il fallait aussi faire un bandage pour sa côte cassée : mais là, le manostien avait ce qu’il fallait dans ses affaires. La première chose à faire fut donc de débarrasser le haut du corps de ses vêtements souillés. C’est là que Lothringen regretta que Mornagest soit à nouveau inconscient, car ce ne fut pas une mince affaire que de lui soulever le torse pour le déshabiller.

Lothringen s’assit et se mit au travail. Il ne se demanda pas un instant pourquoi il le faisait. Il agissait ainsi comme il l’aurait fait pour n’importe quel compagnon d’armes, quelle que soit son obédience, et comme il aurait attendu de quiconque qu’il le fasse envers lui. En attendant, l’autre avait été si copieusement aspergé de ces liquides poisseux de toutes sortes que nettoyer cela ne serait pas une partie de plaisir. Lothringen sourit pour lui-même, s’efforçant de trouver des points positifs à la situation. Cela lui permettait au moins de constater que l’ambassadeur avait une musculature impressionnante... Le semi-drow rinça les bras à l’eau tiède, se souciant peu de ce qu’il laissait dégoutter sur le sol. Ce n’était pas un mince exploit, ce que le mélandien venait de faire : tuer un freyeur à lui tout seul, ou presque. En lavant le visage de Mornagest qui cauchemardait toujours, mais avec moins de violence, le semi-drow se demanda de nouveau quel âge il pouvait bien avoir. Sans doute bien jeune, même pour un humain. Le guerrier n’en était donc qu’au début de sa route, et c’était plutôt prometteur. Lothringen ne put retenir un peu d’admiration.

Il en vint à nettoyer la poitrine, tout en poursuivant intérieurement ses commentaires. Outre la musculature et la force au combat, ce que le blessé avait de plus impressionnant, c’était décidément le système pileux : en bon elfe noir, Lothringen découvrait cela avec une surprise amusée. Il se souvint du torse d’un autre, noir et lisse, plus frêle en apparence, et sans âge. Les images revenaient en masse. Il se souvenait de tout. Du visage de son maître. De tout ce qui allait avec, les souvenirs maudits, le plaisir et la honte. Ses paupières s’étrécirent. Il était temps que Mornagest reprenne conscience.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Toujours plongé dans son étrange léthargie, Mornagest percevait néanmoins une agréable sensation de chaleur au niveau du coeur, qui se nourrissait de ce contraste avec le froid mortel qui l'avait secoué plusieurs minutes auparavant.

Il remua encore dans son inconscience, mais de façon beaucoup plus légère, plus sereine, comme s'il faisait à présent un agréable rêve. Ses lèvres s'ouvrirent, et laissèrent échapper un faible gémissement, puis, le guerrier leva lentement la tête, et découvrit Lothringen en train de nettoyer sa plaie douloureuse au niveau des côtes.

Il grimaça, puis demanda avec peine :

"Que... s'est-il passé ?
- Une porte qui refuse de s'ouvrir. Une saleté à tentacules. Un combat. Vous ne vous souvenez pas?"
Il secoua lentement la tête, ferma les yeux, puis fronça les sourcils. "Je me souviens de la peur. De la douleur. Des deux, intimement liées. Ma tête... elle me faisait plus mal que ma côte.". Il désigna inutilement sa plaie.
"La créature...c'était un freyeur. J'ai déjà lu quelque chose à son sujet. Elle se nourrit de la peur qu'elle inspire ; elle écrase les victimes qui oublient de lui résister... "Il désigna du regard la pièce exiguë. "Il y a eu une forte concentration de terreur, ici." Il s'interrompit, voyant que Mornagest avait peine à concentrer son attention. "Ca ira ?"

Il frémit en repensant aux horreurs que lui avait remémoré la chose. Ses lointains souvenirs, ceux qu'il avait enfouis au plus profond de son âme maudite... tout avait rejailli en un éclair dans sa mémoire à vif, comme excisée d'un coup de lame de rasoir. Mais il répondit : "Ca devrait aller. Je pense".

Lothringen se releva et se mit à déambuler dans le maigre espace disponible, comme s'il lui devenait urgent de se dégourdir les jambes.

"Ici a été installé un culte helmite clandestin. Deux prêtres se sont barricadés dans cette pièce et y ont perdu la vie. Et pourtant ils avaient des vivres en abondance, et on dirait qu'ils n'étaient pas fortement blessés... et ils ont généré cette créature..."

Mornagest écoutait avec gravité. Cela n'augurait rien de bon quant à la suite des évènements dans ce lieu putride. "Vous pensez qu'on pourrait trouver pire, plus loin ? Des démons ? Je n'ai pas souvent peur, mais la raion l'emporte sur la vaillance imbécile, dans les cas critiques..."

Lothringen hocha la tête. "Quelque chose cloche... je n'ai jamais vu de démons combattre avec des frondes... et ces prêtres n'en étaient pas armés."

Sur ces mots, il montra quelques-unes des billes qu'il tripotait à l'envi depuis quelque temps.

Mornagest regarda les billes et demanda : "Qui pourrait les avoir amené ici ? Ou... quoi ?" Une lueur d'inquiétude passa dans les yeux du guerrier, dont la force mentale venait d'être gravement touchée.

Lothringen continua de réfléchir à voix haute. Il paraissait absorbé par le mystère, se prenant au jeu au point de mépriser les dangers éventuels.

"Les prêtres, je pense que ce sont des membres de quelqu'une de nos loges secrètes qui ont pris ces caves abandonnées pour lieu de réunion clandestine. Quant à leurs agresseurs... Généralement, les manieurs de fronde ne sont pas des colosses... ces ennemis ont dû trouver le moyen de terroriser les prêtres, je ne sais comment... Ce qu'ils faisaient là... Je l'ignore. Je compte bien le savoir. Encore que je comprendrais que vous préfèreriez demeurer en arrière... "

Piqué dans son honneur, Mornagest ne pouvait refuser l'offre cachée que lui faisait le drow, aussi répondit-il directement : "Je vous accompagne. Pas question de vous laisser seul dans ce trou à rats. Après tout..." Il grimaça un sourire. "Je vous dois la vie, on dirait, non ?"

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Le semi-drow ne put retenir un sourire. Il n'avait eu besoin d'enrober beaucoup son hameçon...

- Drôle de façon de voir les choses. Je ferais mauvais figure si l'ambassadeur de Melandis trouvait malencontreusement la mort en visitant nos monuments nationaux... On ne serait pas long à évoquer un coup monté. Ce serait la fin des accords commerciaux - et sans doute aussi de toute tentative d'apaisement entre nos deux cités. Il haussa les épaules. Je connais un certain nombre de personnes qui n'attendent que cela, de part et d'autre des frontières...

Mornagest avait l'air de chercher inutilement de qui le conseiller pouvait bien vouloir parler.

- Cela vous étonne? Ma race et ma religion sont un peu atypiques par ici, et cela ne plait pas à tout le monde. Le moindre faux pas, et... Croyez-moi, vous ne *voulez pas* qu'un intégriste prenne ma place au conseil.

Tout en disant ces mots, il avait sorti un bandage de ses affaires, et commencé de faire un pansement serré autour de la côte cassée de Mornagest, qui se soulevait avec peine sur les avant bras. Il y avait bien de la témérité de sa part à envisager aussi légèrement de le suivre...

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Le guerrier grimaçait quelque peu, tandis que Lothringen lui appliquait son pansement de fortune. Mais il lui permettrait d'éviter les mouvements trop amples au niveau de la cage thoracique, aussi ne rechigna-t-il pas.

Tandis que le conseiller terminait son travail, Mornagest réfléchissait à ce qu'il venait de lui dire. Pourquoi ces personnes ne tenteraient-elles pas de faire d'une pierre deux coups ? Un drow gênant, et un mélandien dont la mort justifierait de nouvelles hostilités ? Il fit part de ses craintes à Lothringen.

"Pensez-vous qu'on pourrait tenter de nous éliminer en même temps ? Et ainsi attiser les rancoeurs entre nos deux cités ?"

Il fit mine de se redresser, mais le drow l'en empêcha d'un ton autoritaire :

"Restez là pour le moment ! Je n'ai pas envie de recommencer dix fois ce bandage.
- Bien, monsieur", répondit Mornagest d'un ton mi-sarcastique, mi-sérieux. Il savait pertinemment qu'il devait compter sur lui pour sortir vivants de ce trou putride et envahi par les cultes aux intentions plutôt obscures et malsaines.

"Alors, je reste là à rien faire ?"

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

- C'est un bon début, répliqua Lothringen en se redressant, sur un léger froncement de sourcils. Mornagest était donc bien impatient de foncer à nouveau tête baissée dans l'obstacle? Il pourrait être utile de savoir où on met les pieds, non? Et ça tombe bien, vous avez justement un devin avec vous...

Le semi-drow sortit de nouvelles billes de son sac. Non de plomb cette fois, mais de cristal... Etrange. Il se leva, les serrant dans sa main. Il se tut alors, semblant se concentrer, faire abstraction de ce qui l'entourait, du bruit, de l'homme, des cadavres, du vin et de l'outre visqueuse du freyeur qui gisait à côté. Le silence se fit un moment. Puis vinrent les mots de pouvoir, prononcés comme à l'ordinaire d'un ton de voix qui n'était plus le sien, dans une langue qui s'était perdue, comme sortis du fond des âges, inviolés, pour le servir.

Lothringen = = > oeil indiscret = => Lothringen

Mornagest vit apparaître une dizaine d'orbes magiques, de la taille d'une pomme peut-être, qui semblaient à peine matériels, à peine visibles. Ils tournaient leur regard inexpressif vers Lothringen, comme attendant ses ordres.

- Remontez les galeries, à tâtons s'il le faut. Revenez quand vous aurez le plan complet des caves. Si vous voyez la moindre source lumineuse, observez tout sans vous faire remarquer. Allez.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

L'ambassadeur était toujours surpris par la magie. Dans sa contrée natale, il n'y avait été que rarement confronté, et même à Melandis, ses contacts avec l'énergie profane étaient à peine plus fréquents. Ce dernier sortilège lancé par Lothringen semblait bien pratique.

Mais manipuler les livres, les écrits anciens, ne l'avait jamais attiré. Il devrait se contenter de voir les autres, les érudits, agir de la sorte devant lui. L'étude lui serait à jamais innaccessible. Trop nerveux, trop instable, à n'en point douter.

"Vous avez plus d'un tour dans votre sac. Mais, pourquoi ne pas l'avoir utilisé plus tôt ? Nous voilà coincé ici en attendant leur retour..."

Il fixa, pour la dixième fois au moins de la journée, les yeux insondables du drow. Tant de mystère contenu chez cet être pourtant si pragmatique en apparence...

[Lothringen]

Quête : Rapports diplomatiques

Les yeux noirs de Lothringen le dévisageaient à leur tour avec perplexité. Pourquoi il ne l’avait pas fait plus tôt ? Drôle de question… Il ne s’était pas lui non plus attendu, en descendant ici, à trouver autre chose que des couches de poussière sur des bouteilles couchées. Par la suite, après l’attaque, il avait bien fallu s’occuper d’abord de ces liquides divers, poison, lymphe, pus ou venin, qui, quel que soit le nom qu’on leur donne, commençaient déjà de ronger sévèrement la peau de ses mains : il les avait lavées, pourtant. Le semi-drow les frotta nerveusement l’une sur l’autre, puis détourna le regard. Il n’allait quand même pas se justifier ? !

- Quand je maîtriserai la magie des simulacres, je ferai deux choses à la fois, sans doute. D’aujourd’hui à ce jour lointain, convenons que ça me dépasse…répliqua-t-il simplement.

Mais il songeait déjà à autre chose. Comme son regard était tombé sur les vêtements souillés de Mornagest, il s’était demandé s’ils ne pouvaient pas trouver autre chose qui ferait mieux l’affaire, s’il y avait encore besoin de se battre, que de présenter la chair à nu. Mais sa rapide inspection des lieux n’était pas concluante. L’armoire ne contenait manifestement que des nappes de cuisine ou d’autel, et les squelettes helmites étaient tellement nus sous leurs armures que cela frisait l’indécence. A la réflexion, Lothringen en était même un peu intrigué ; l’abandon de ces caves ne datait pas de beaucoup plus d’un an… En approchant d’un pas, il remarqua qu’en fait des lambeaux de vêtements, non pas décomposés, mais déchiquetés, gisaient éparpillés un peu partout sous leurs deux camarades. Autrement dit… Il ferma un instant les yeux, s’efforçant de ne pas s’imaginer le freyeur affamé dévorant la chair des cadavres avec lesquels il se trouvait enfermé.

- J’y songe… Si nous avons à nouveau l’occasion d’un corps à corps, songez à me faire une petite place… Il désigna ses haches d’un doigt négligent. Il me faut un peu plus de préparation que vous, mais ces deux-là font du dégât, à leur manière.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Mornagest fixa un point imaginaire, sur le sol, à quelques mètres de lui. Il était encore un peu vaseux, comme si sa torpeur ne s'était pas encore totalement dissipée. Mais il répondit d'une voix claire :

"J'ai aussi commis l'erreur de m'avancer trop franchement en terrain inconnu. Bel avertissement..." Il massa lentement son côté endolori. "Reste à savoir ce que nous pourrons faire ici, finalement. Exterminer toutes les horreurs comme celle que nous venons de mettre à bas ?"

Il frissona quelque peu en se remémorant les affreuses pensées qui l'avaient agressé, pendant et surtout, après le combat. Il n'aurait pas imaginé pouvoir souffrir autant à cause de son esprit, mais il était désormais convaincu que les douleurs psychiques étaient décidément les plus cruelles. Et leurs souvenirs les plus inaltérables.

"Combien de temps devrons-nous attendre vos yeux ?" Il arborait à présent une impatience infantile, comme s'il souhaitait en redécoudre au plus vite avec des monstres abyssaux. Sa mentalité de guerrier ressurgissait au plus fort dès qu'il souhaitait se la cacher par des faiblesses spirituelles. Ou peut-être était-ce cela, sa faiblesse ? Se cacher de ses sentiments, les croire enfouis au fond de lui. Il grimaça en silence, et dut faire un effort pour paraître en bon état devant Lothringen.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Lothringen haussa les épaules pour signaler son ignorance. A priori les caves Cordon Noir, malgré toute leur réputation, ne pouvaient pas être immenses - ce n'était qu'un entrepôt souterrain, en pleine ville qui plus est. Et il espérait fortement qu'il n'était pas investi de freyeurs. Si c'était le cas, du reste, il n'y aurait plus qu'à rebrousser chemin...

Ils se tinrent silencieux quelques temps, puis les premiers yeux se mirent à revenir. Un par un. Ils vinrent se presser en silence autour de Lothringen, attendant leur tour de lui toucher la main afin de lui communiquer toutes les informations enregistrées durant leur parcours. Le devin recueillit les témoignages les uns après les autres. Et constata qu'il en manquait trois...

- Bon. Voici les nouvelles. Les caves sont composées de trois galeries parallèles; cette remise est située au beau milieu de la première. Au sud - c'était le couloir que nous avons laissé sur notre droite tout à l'heure - une allée transversale les rejoint entre elles. Les yeux n'ont pas rencontré d'obstacle dans aucun de ces quatre axes. En revanche, au nord, les galeries sont reliées par une grande salle allongée où sont normalement entreposés des fûts. Les yeux ont vu de loin de la lumière, mais les premiers à s'approcher ont été instantanément détruits et la lumière s'est alors éteinte. Il faut dire que pour n'être pas très faciles à repérer sans infravision ces yeux sont très faciles à détruire... Bref, leurs congénères n'ont donc pas osé approcher davantage, mais ils ont regardé à travers les étagements de bouteilles avant que la lumière ne disparaisse, et n'ont rien vu...

Lothringen soupira. Il était rare qu'il parle aussi longuement, l'effort le fatiguait.

- L'adversaire a dû être alerté par notre si discret combat de tout à l'heure, et il se cache. Voilà qui exclut la thèse du sous-sol grouillant de freyeurs, en tout cas...

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Mornagest évaluait la situation. Pas désespérée, mais l'affaire serait épineuse. Qui avait bien pu détruire ces yeux si loin de la source lumineuse, sans qu'ils soient alertés de la présence d'une créature hostile ? Il devait probablement y avoir des créatures manipulant la magie, dans les parages.

La magie intéressait le guerrier, quand elle était de son côté. Mais recevoir des boules d'énergie dans le crâne le tentait beaucoup moins. Il préférait largement un combat "à la loyale" avec une bonne épée. Il fit part de son inquiétude à Lothringen.

"J'espère que je pourrai me défendre avant d'être transformé en une infâme bouillie sanglante par les créatures qui contrôlent les lieux. Je n'ai pas l'habitude d'encaisser les coups magiques."

Il fit mine de se lever, cette fois, tout en ajoutant :

"Qu'est-ce que vous préconisez ? Je ne refuse pas un bon massacre, mais je ne sais si cela ne relève pas du suicide, dans le cas présent."

Il se sentait ridicule. Il n'avait pour ainsi dire jamais peur, et le voilà en train de tergiverser pour savoir s'ils allaient au front. Mais le freyeur semblait encore lui torturer l'esprit par à-coups, comme en ce moment. Mornagest tenta de se rattraper :

"Allons-y. Il me tarde de leur montrer ma façon de penser quant à la gestion de ces caves."

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Lothringen essayait de réfléchir à ce qui pouvait bien se trouver devant eux... Il ne redoutait pas grand chose de la magie, pour sa part, étant doté d'une bonne résistance et d'un large panel de sorts défensifs; mais, dans le cas des yeux détruits, la magie ne se serait-elle pas accompagnée d'effets lumineux quelconques? Un tir habile suffisait à les détruire... Il se demanda plutôt comment forcer l'adversaire à se découvrir sans foncer tête baissée dans la nasse.

Il finit par se dire qu'il avait sur les yeux magiques quelques menus avantages: l'ouïe; et l'infravision. Puis incanta brièvement...

Lothringen = = > bouclier + force + invisibilité suprême = = > Lothringen

" Je vais partir un peu en avant..."

Ils quittèrent donc la remise, en s'efforçant de ne pas trop faire grincer la porte. Mais les pas de Mornagest dans la terre tassée faisaient bien le vacarme d'un troupeau de trolls. Lothringen dut bien s'avouer que c'était juste assez pour couvrir le sien... Il n'avait rien d'un voleur, lui non plus.

Couvert, donc, par le piétinement menaçant de l'ambassadeur, le semi-drow courut rapidement jusqu'au seuil de la salle plongée dans l'obscurité. Il fallait descendre une marche pour arriver dans la salle elle-même. Lothringen le fit prudemment. Derrière les fûts des tonneaux, il devinait des formes menues qui rougeoyaient dans l'infravision, tout en s'efforçant de ne pas bouger de leur cachette... Bon. C'était déjà plus logique... De petites créatures, pas des fantômes. Elles étaient nombreuses, en revanche...

Lothringen s'introduisit derrière un gros tonneau, où se trouvaient regroupés trois créatures armées de... d'arbalètes, ou de frondes. Puis il ordonna mentalement aux sphères lumineuses campées aux quatre coins de la remise de migrer jusqu'à la salle. Mornagest arrivait; les sphères, et les hostilités, sur ses talons. Lothringen vit briller de la chair verte comme un vomis d'épinards... du connu.

"Ça grouille de gobelins!" jeta le semi-drow en abattant ses haches au hasard, sur le trio de tireurs.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Mornagest suivait le conseiller à grands pas, tandis qu'il entendait devant lui les piaillements aigus des créatures vertes et hargneuses. Il dégaina tant bien que mal tout en poursuivant sa course, puis chargea immédiatement les trois petits monstres qui pointaient leurs armes en leur direction.

Il leva son épée et fendit l'air avec sa lame, atteignant facilement le premier d'entre eux, qui sentit une chose dure et froide lui pénétrer le sommet du crâne, avant que celui-ci ne s'ouvre en deux, déversant une quantité effarante de morceaux de cervelle dans toutes les directions.

Le temps de dégager son épée, et Mornagest sentit siffler l'air à côté de ses oreilles. Plusieurs projectiles venaient de lui frôler la tête, manquant le faire ressembler à une pelote d'épingle chargée.

Il chargea sans trop réfléchir le second gobelin qui se trouvait à sa portée. La bestiole évita la lame effilée du guerrier en se jetant contre le mur, puis eut juste le temps de se retourner afin d'exposer son torse à Mornagest, qui le transperça d'estoc, le clouant à nouveau contre la paroi qui transpirait l'humidité due au manque d'entretien des lieux.

Le sang recouvrit le sol et le bas du mur, tandis que le guerrier sentit une vive douleur au flanc gauche. Il baissa les yeux et vit sa chair transpercée par un trait d'arbalète, dont les deux extrémités pointaient de part et d'autre de son abdomen, laissant s'échapper un mince filet de sang, qui ne demandait qu'à s'élargir dès que la chose serait extirpée.

Ployant sous la douleur, et le poids de son corps qu'il ne soutenait plus bien, Mornagest se tapit contre le mur, derrière un tonneau, cherchant à éviter de nouveaux dommages.

[Lothringen]

Quête: rapports diplomatiques

Les gobelins couinaient de toutes parts... Non seulement les deux qu'il avait acculé entre les deux tonneaux et le mur - le troisième ayant réussi à lui filer entre les jambes - mais aussi l'ensemble de leurs congénères qui le visaient avec plus ou moins de succès en raison de son invisibilité partielle. Et ils piaillaient d'autant plus fort qu'ils étaient plus éloignés de lui.

Lothringen exécuta le plus rapidement possible les deux créatures - pour ne pas voir gicler les gerbes de sang, il se concentrait sur les éclats bleus jumeaux des deux haches tranchantes... - et se retourna en pestant. Il jeta des regards furtifs par dessus le bord haut des tonneaux. Combien étaient-ils? Une vingtaine, peut-être? Il en était arrivé de nouveau par une ouverture qui devait se trouver entre deux tonneaux, juste sur sa gauche. S'ils gardaient une issue, voilà qui expliquait leur présence en ces lieux. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il n'en arriverait plus.

Il fallait éviter de se laisser bloquer dans son coin. Et il fallait absolument les prendre au corps à corps, songeait-il. Lothringen courut rejoindre un autre abri, en face, entre deux autres tonneaux, où il pourrait expliquer sa façon de penser à deux autres tireurs. Et avoir une meilleure vision de l'issue, aussi bien. Mais il se prit dans le trajet un carreau d'arbalète dans la cuisse qui pour l'heure échauffa davantage sa colère qu'il ne le ralentit.

Tandis qu'il se tournait vers les deux gobelins apeurés, un bruit retint son attention. Un bruit de liquide qui s'écoule à flot régulier... Il ne s'y arrêta pas.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Accoudé au mur, Mornagest se redressa promptement, rasséréné par l'arrivée aussi fulgurante du drow, qui se révéla plus efficace au combat rapproché qu'il ne voulait l'admettre. Le guerrier releva son épée, puis chargea le flot de créatures qui continuait d'arriver d'entre les deux immenses fûts qui obturaient en partie le couloir.

Derrière elles, l'ambassadeur avisa un tunnel sombre, taillé à même la pierre, mais il lui fut impossible d'y déceler autre chose que des doublets de petits points brillants dans l'obscurité, chacun représentant les yeux d'un gobelin assoiffé de sang et de mort.

Ces saletés arrivaient encore, tandis que les deux guerriers s'affairaient à taillader la chair de gobelin, à grands coups de haches et d'épée.

Mornagest propulsa une moitié de corps contre un mur, avec un bruit répugnant, tandis que les jambes de la peau-verte tomba à ses pieds, manquant le faire trébucher. Il avait des difficultés à esquiver les flèches et les carreaux des ennemis, mais il n'écopa d'aucun autre trait.

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Lothringen regarda à son tour du côté de l'entrée du tunnel grossièrement taillé. Un humain devait pouvoir y passer, à condition de se courber en deux. Les gobelins n'arrivaient plus. Ils devaient être encore une quinzaine, peut-être un peu plus, à les cribler de traits. Sur le seuil du tunnel, le semi-drow vit un shaman, leur chef sans doute, qui dansait. Qui incantait.

Distrait par son observation, le guerrier-mage se prit un coup de dague dans la jambe, la même que tout à l'heure, étouffant cette fois un cri de douleur. Il tua promptement l'importun. Mais les camarades rappliquaient, et il sentit qu'il commençait à perdre du sang par sa blessure, si bénigne puisse-t-elle paraître. Tandis qu'il retirait avec effort sa lame de la victime, il remarqua qu'il pataugeait dans un liquide violacé qui ne pouvait être que du vin. Est-ce que Mornagest avait donné un coup dans un fût? Puis il reconnut l'incantation du shaman... et comprit pourquoi les créatures commençaient de s'écarter de lui en se piaillant des avertissements mutuels.

"DEGAGEZ!" hurla Lothringen en se jetant en avant, droit vers le shaman, qui n'allait pas tarder à devenir sa nouvelle cible. Une boule de feu de la taille d'une main venait en effet de fuser des doigts dressés du chef gobelin, pointant vers les tonneaux où le manostien se tenait quelques instants plus tôt...

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Sursautant en entendant la voix de Lothringen, déformée par une pointe d'angoisse, Mornagest relâcha son attention sur son attaque et fixa sans mot dire la petite sphère brillante qui fusait dans leur direction. Sans réfléchir, il courut se mettre à l'abri dans le couloir principal, tandis qu'il évitait un assaut de gobelin mal calculé.

Une fraction de seconde plus tard, il entendit une déflagration sourde envahir ses oreilles, qui bourdonnèrent plusieurs instants par après. Il eut une sensation de chaleur étouffante, alors qu'il vit des morceaux de gobelins embrasés voler dans tous les sens, l'un d'eux l'atteignant à l'épaule avec une violence certaine.

Chancelant sous l'impact, Mornagest s'étala sans grâce au sol, et sur un autre morceau de tripes sanglantes et encore fumantes, probablement - du moins l'espérait-il - pas celles du drow, ce dernier étant invisible depuis l'impact.

L'atmosphère était étrangement calme après cette attaque. Plus aucun cri ne se faisait entendre, plus aucune incantation inquiétante. Le guerrier releva la tête, massa son épaule sérieusement endolorie, puis redressa sa lame, à la recherche de survivants éventuels. Ils devaient se terrer dans le boyau d'où ils venaient.

Ce silence n'augurait rien de bon. Mornagest ne savait si Lothringen était encore en vie. Il se risqua à appeler :

"Lothringen ? Rien de cassé ?"

[Lothringen]

Quête: Rapports diplomatiques

Quand la sphère de feu explosa dans l'atmosphère confinée de la cave, les deux tonneaux les plus proches volèrent en éclats de bois courbe à travers toute la salle, l'inondant aussitôt de gerbes de vin, de débris, de fumée suffocante. Celle-ci ne se dissipa qu'avec une extrême lenteur, pour révéler une désolation provisoirement silencieuse où flottaient des débris de cerceaux ou de lattes enflammées ainsi que des morceaux saignants plus ou moins gobelinoïdes - à deux ou trois exceptions près, il s'agissait de créatures déjà tuées lors des combats précédents, les autres ayant eu le temps de s'écarter du danger.

Le semi-drow ne se trouvait pas à plus de trois ou quatre pas de course du point d'impact lorsque la boule de feu toucha terre. L'effet de souffle avait été tel qu'il s'était retrouvé projeté au sol, vers l'avant, les mains dans la terre molle et le visage baignant dans un bon demi-pouce de vin chaud. Un peu sonné, Lothringen n'y prêta pas garde. Tout en rassemblant difficilement ses esprits, il pensait au shaman qui n'allait pas tarder à recommencer d'incanter. Il essayait de ne pas penser au carreau d'arbalète qui, dans sa chute, s'était renfoncé encore plus profondément dans sa cuisse, lui déchirant douloureusement les muscles. Il se releva sans empressement superflu. De là où il était, il demeurait hors du champ de vision de Mornagest, qu'il entendit seulement appeler.

"Lothringen ? Rien de cassé ?"

D'instinct, le semi-drow recompta ses membres, puis vérifia leur état de marche.

"L'inventaire affiche complet... Il vaudrait mieux en finir au plus vite, en revanche."

Il ne croyait pas si bien dire. En les entendant discuter, les gobelins avaient émergé un à un de derrière les tonneaux rescapés et recommençaient progressivement leur tir de mitraille. Ceux qui s'étaient réfugiés dans le boyau ressortaient aussi, et le shaman se remit à incanter en dépit de la proximité du manostien. Lothringen se dirigea vers lui en claudiquant, la tête alourdie par les dégagements de vapeurs éthyliques.

[Mornagest]

[Quête : rapports diplomatiques]

Rassuré par les quelques mots prononcés par le drow, Mornagest se précipita, malgré la douleur lancinante qui s'emparait à nouveau de son corps martyrisé par les coups et les flèches, vers le boyau d'où rejaillissaient derechef des piaillements aigus et agressifs. Il semblait que Lothringen était encore en vue des peaux vertes, et que cela les comblait de joie.

Le guerrier tomba nez-à-nez avec un duo de gobelins, tout sourire, qui pointait leurs arcs dans sa direction. Fulminant, et échaudé par les coups reçus, Mornagest fonça dans leur direction en hurlant un juron déplacé, avant d'empaler le premier sur son épée, si loin qu'il resta bloqué au niveau de la garde.

Coincé, le guerrier dut lâcher son épée et éviter la flèche de l'autre gobelin, pour ensuite lui enfoncer le nez dans le cerveau grâce à un coup de poing violent et bien placé. Un craquement accompagné d'un bruit visqueux se fit entendre, lorsque du sang accompagné de morceaux informes coula du milieu du visage de la créature répugnante.

L'ambassadeur se tapit alors au sol, puis rampa vers son épée afin de la décoincer de son fourreau en peau de gobelin artisanal. Il fut obligé de ressortir la lame par un autre chemin que celui par lequel elle était entrée.

Ensuite, il jugea la situation en un coup d'oeil : Lothringen qui avançait sous un feu nourri, en direction de cette saleté de shaman qui semblait vouloir recommencer ses gesticulations ridicules. Allons bon...

[Lothringen]

Quête : Rapports diplomatiques

Mais c’est que ça commençait à bien faire. Lothringen était d’autant plus impatient qu’il sentait la fatigue et la douleur ralentir ses coups, et qu’il devinait aussi ne pas être en état de recourir à la magie : à supposer qu’il soit encore indemne et que les gobelins le laissent en paix au lieu de ne cesser de le harceler, les vapeurs d’alcool lui donnaient des maux de crâne lancinants qui l’auraient empêché de se concentrer… Peut-être était-ce d’ailleurs là le seul objectif véritable de cette débauche de vinasse et de flammes. Petits, mais pas stupides.

La danse du gobelin au seuil de son boyau ne lui en parut que plus provocante. Cette petite chose, plus robuste probablement qu’il n’était, n’avait pas l’air gênée par les effluves. Et elle sautillait, imperturbable. Dissociant ses deux bras, Lothringen frappa simultanément à gauche et à droite du shaman ; jusqu’au seuil de l’éternité, ses deux acolytes frondeurs, pourfendus jusqu’à la taille, devaient garder la même expression de stupeur. Après ce coup, le semi-drow prit le temps de reprendre son souffle. Il ne parviendrait sans doute pas à couper l’incantation, qu’il ne parvenait d’ailleurs pas à reconnaître. Tant pis. Il n’y en aurait pas de suivante…

Quand le sort fut effectivement lancé, Lothringen se retourna par curiosité, un bref instant. Il ne vit d’abord que Mornagest, visiblement dans son élément, qui, sur un rythme soutenu, était très occupé à propulser des morceaux de chair sanguinolente sur toutes les parois. Puis le guerrier-mage reconnut le brouillard qui accompagnait les convocations monstrueuses. Bon… Si fort qu’il soit, ce lanceur de sorts n’en était sûrement pas au niveau des invocations démoniaques. Après un freyeur, ce serait comme une promenade… Fort de cette conviction pour le moins hasardeuse, Lothringen se retourna vers le shaman, en s’apprêtant à s’acharner sur lui d’une façon fort barbare. Il faut dire que le gobelin s’était permis d’esquiver sa première attaque, et que ce n’était pas le moment de l’énerver.

Dans son dos, la créature invoquée jetait des coups d’œil stupides par dessus la brume magique qui avait accompagné sa venue. Il était difficile de la cerner tout à fait tant ses contours se distendaient dans les vapeurs d'alcool. Elle paraissait immense, un quadrupède au pelage de jais avec deux grands yeux rouges incandescents, et d’une taille si démesurée qu’on se demandait comment elle allait se débrouiller pour faire évoluer son seul regard dans la salle.

- Hurugh ?

Ce regard peu amène s’arrêta sur l’ambassadeur mélandien.