[Lieu] Embarcadère-Débarcadère

[Lothringen]

[Arrive de La vierge d’argent]

Puisqu’il se trouvait à quelques pas à peine des quais de Manost, il aurait été criminel, dans le cadre d’une visite approfondie de la ville, de ne pas leur accorder le coup d’œil qu’ils méritaient.
Il régnait là une agitation continuelle entretenue par le chargement et le déchargement des cargaisons, les appels des dockers et les chamailleries des mouettes.
C’en était même un peu fatigant, et Lothringen ne serait pas resté longtemps sur le port s’il n’avait pu y respirer un vent du large bien agréable par cette canicule.
Un air lui trottait dans la tête…

Ne regarde pas la mer
N’en écoute pas le vent
Paysan, fils de la terre,
Fuis bien vite son chant de guerre
Elle ne rend pas ceux qu’elle prend…

Une comptine… Voilà tout ce qu’il en savait, de la mer ! Ah, et aussi combien elle peut vider les estomacs… Il en avait eus, des jours et des jours de malaise, pendant sa traversée depuis Féerune !

Pour achever sa journée, il n’avait pas d’autre projet que de s’asseoir jambes ballantes au bord du quai et de regarder passer les navires jusqu’au coucher du soleil, mais, après quelques minutes, il entendit le crieur qui venait dans sa direction en répétant à tue-tête :
« Oyez ! Oyez ! Le capitaine Folken cherche des volontaires pour une enquête ! Forte récompense.»
Le semi-drow dressa l’oreille. Il était toujours à l’affût des événements sortant un peu de l’ordinaire, et la quête avortée de tantôt lui avait donné la bougeotte. Du reste, il ne manquait pas de temps libre, et sa bourse était presque vide, compte non tenu des 500 po dont, il ne savait trop pourquoi, lui faisait don la banque de Manost.
Il se planta donc devant le crieur, qui, à sa vue, manqua rester sans voix.

- Dites m’en plus !
Le fonctionnaire eut l’air indigné.
- Ce n’est pas dans mon texte ! Ma mission consiste seulement à répéter que le capitaine Folken…
- Dites m’en plus.
La voix devenait presque menaçante.
- Hé bien, je ne sais rien de plus… Si ! ça s’est passé place du temple… Vous y retrouverez sûrement le capitaine, ou bien on vous y renseignera sur ce qu’il s’est passé.
- Bien. Bien !
Lothringen s’apprêtait à partir quand son exigence de rationalité le ramena vers l’humain.
- Mais, si vous ne savez rien de plus… A quoi servez-vous ?
Son interlocuteur haussa les épaules.
- Je fais mon travail. Je gagne ma vie honnêtement. Il renifla. Pas comme certains… Maintenant, veuillez cesser de m’interrompre et laissez-moi travailler, s’il vous plaît.
Et, tournant ostensiblement le dos à l'elfe noir, il reprit :
- « Oyez, oyez ! Le capitaine Folken… »

Direction > La place du Temple

[Sire de la Canne]

Alors que le jour se levait à peine sur Manost, un bateau chargé de marchandises provenant de tous les coins de Toril acosta au port. Une personne attendait depuis deux heures déjà sur les quais où elle avait pu compter 236 rats et 6 poules.

Le capitaîne du navire descendit en premier du navire pour aller régler les formalités d'usage auprès des autorités mais n'eu pas le temps d'arriver jusqu'au bâtiment que l'homme qui l'attendait l'aborda.

Enfin vous arrivez! Vous savez depuis combien de temps je vous attends? Votre chef aura des nouvelles de cela, j'ai le bras long moi.

Désolé Mossieur mais nous avons essuyé une tempête il y a deux jours de cela et elle a causé pas mal de dégats. Cependant vos marchandises sont intactes.

Vous les avez toutes . Et bien je vous pardonne et ne vous demanderai qu'un petit rabais pour vous faire pardonner ce retard.

Allons allons, certaines ont été plus dures à trouver que prévu. En conséquent ça devrait vous faire un supplément qui je pense sera exactement compensé par votre rabais.

Escrocs! Voleurs!</span>

Pardon? Je ne vous ai pas bien compris.

C'est bon, je les prends au prix convenu. Mais je ne tolérerai plus aucun retard dans le futur.

<span style=\'color:orange\'>C'est un plaisir que de faire affaire avec vous monseigneur.

Le marin put enfin se rendre auprès des autorités pour déclarer son chargement et sire de la Canne couru voir si ces poudres de roches étaient de bonnes qualités et en quantités suffisantes.

[Beorn Devir]

La nuit couvrait déjà la ville du vigilent lorsqu'un navire marchand d'une banalité quelconque entra dans le port. Shocant les voiles afin de ne pas arriver avec trop de vitesse, le navire s'approcha de l'un des pontons du débarquadère avec la souplesse et l'agilité que les marins ayant vogué toute leur vie durant au grés des vents et des étoiles connaissent. Deux matelos se chargèrent rapidement de rabatre les voiles tout en jetant l'ancre, arrêtant totalement le navire.

Un garde muni d'une torche s'approcha de l'homme qui semblait être le capitaine, un homme certe d'une cinquantaine d'année tout au plus, arborant une barbe poivre et sel de laquelle sortait une pipe projetant des vapeurs odorantes.

-Ola mon brave, pourais-je avoir la déposition de votre navire ainsi que celle de votre présence ici?

-Mais certainement gamin, ceci est Bertinetta, ma compagne des mers depuis vingt trois ans deux mois et cinq jours! Je me nomme Gerald, Gerald Hucksan, loup de mer recyclé dans le commerce. Je viens ici pour tenter de faire quelques affaire. J'ai de la marchandise provenant d'un peu toute la côte.

-Ah, bien, on ne m'a pas prévenu d'un tel arrivage.

-Cela ne m'étonne guère, le vieux Hucksan ne s'annonce pas souvent, il est porté par les vent là ou Grumbar le mène par son souffle.

-Voilà qui explique cela, mais sachez que Helm voit tout, et ici est sa cité. Et bien ma fois, bienvenue dans Manost Gerald Hucksan.

-Merci Gamin.

Ola les gars ont est bon?

Le vieu marin eu une réponse affirmative de ses matelots et tira un grand coup sur sa pipe de bois, relachant ensuite un épais nuage de fumée odorante.

Une fois le garde éloigné et quelques coffres déchargé, le marin fit un signe de la main. Une silouhette se décrochat de ombre de la cabine. Ombre parmis les ombres, certie de deux yeux rouges, l'elfe noir sortit de la cabine et sauta sur le pont d'une enjambée gracieuse. Il plaisait à Beorn de retrouver cette forme simple de liberté, ne pas avoir à porter une armure ou encore un quelconque signe d'attachement à sa patrie. N'être plus personne pour un instant, comme il l'était autrefois.

[color=318baf]-Merci Hucksan, cela m'a fait plaisir de te revoir.

-Bahh savoir que Beorngare était dans Melandis lorsque j'y étais, je pouvais pas trop partir sans te saluer, content d'avoir pu payer ma dette.[/color]

-Elle était oubliée, je ne tiens pas ce genre de chose en compte à présent, mais si tu le désires, oui elle est officiellement effacée.

-j'vais faire une ptite halte ici, y va bien y avoir un ou deux riche intéressés par mes marchandises.

-Toujours à l'affut du gain, tu ne changes pas au moins.

Le drow sourit au vieu marin, il eut presque envie de rajouter un toi à ses dire, mais se retint. Il avait à faire, non pas qu'il était sous le temps, mais cette ville n'était pas celle qui l'accueillait le mieux.

[color=318baf]-Bien, à la prochaine fois vieux fou. Tu sais où me trouver.

-A la prochaine l'albynos. Tu sais que je ne choisi pas mes destination, être arrivé à Melandis était le souhait de Grumbar, non le mien. Mais s'il m'y ramène, je saurais en effet où te trouver. Jusqu'à ce que les vents nous rapprochent[/color]

-Jusqu'à ce que les vents nous rapprochent

L'elfe noir, si simple dans sa tenue que nul n'eut put affirmer qu'il s'agissait là d'un membre du haut conceil Melandien, se détourna, mains dans les poches et s'en alla simplement dans les ruelles de la ville, dégustant cette simplicité qu'il n'avait pas revécue depuis le Nord où il n'était personne. Au premier croisement, il oblica en direction du quartier culturel.

[Sire de la Canne]

Vol d'une relique

Arrivant d'une petite maison située non loin des docks, Masha'a et Sire de la Canne s'avancèrent sur les quais.

Et bien nous y voilà. Comme vous aviez dit connaître quelques uns de ces marins, je vous laisse l'honneur de trouver le bateau qui nous mènera à notre destination.

Il se recula donc et laissa Masha'a chercher du regard quelqu’un qu'elle connaissait en espérant qu'ils pourraient embarquer sur son navire.

[sahmaz]

Quête : Vol d'une relique

Masha'a observa quelques instants les quais et avisa un marin qui connaissait bien Gibelda. Elle les avait fréquemment vus deviser ensemble. Elle alla l'aborder :
- Bonjour ! Je suis une amie de Gibelda. Vous vous rappelez ?
Le marin la regarda et un grand sourire illumina son visage. Ou bien il se rappelait effectivement, ou bien il ne faisait que réagir au charme de la jeune femme, ou bien les deux ?
- Pour sûr que j'me rappelle ! Z'êtes la p'tite qu'elle a recueillie ! Ouais, j'vois bien ! Et en effet, ses yeux semblaient vouloir sortir de leurs orbites. Mash'a feignit de ne se rendre compte de rien.
- Dans ce cas, je dois vous dire que je cherche à la rejoindre. Je cherche un navire pouvant me déposer à l'embarcadère de la Chaloupe Echouée sur le Golfe de l'Oubli. Vous connaissez ?
- Bien sûr ! Mais c'est pas des lieux très fréquentés ni très accueillants, vous savez ? Surtout pour une jeune et jolie demoiselle comme vous !
- C'est gentil de vous préoccuper de moi. C'est quoi votre petit nom ?
Le marin n'en revenait pas. Il bafouilla en rougissant :
- Euh... Revan, ma...mademoiselle.
- Revan. Moi c'est Masha'a. Revan, je sais que Gibelda s'y est rendue en bateau. Avec celui d'un capitaine qu'elle connaît bien... Euh... Bontan ? Gonan ? Gontran ! Oui, c'est ça ! Est-ce qu'il est déjà revenu ?

[Hugues de Breizh]

Quête : Vol d'une Relique

"Gontran ? Hélas, il n'est toujours pas revenu de sa dernière sortie. Il y a eu du gros temps ces derniers temps, et de nombreux navires manquent à l'appel. On espère tous qu'ils ont pu trouver refuge dans les ports de Dorrandin ou ceux d'Helonna."

L'annonce serra la gorge de Masha'a. Elle connaissait un peu Gontran, et le savoir en difficulté lui fit quelque chose.
De plus, elle ne connaissait que Gontran parmi les marins qui faisaient la navette vers le Golfe de l'Oubli.

Revan vit la tristesse se lire sur le visage de la jeune femme. Il n'avait pas prévu de repartir mais il voyait bien que Masha'a était ennuyée. Il décida de se montrer sous son côté clair.

"Ah le maître triomphe toujours de l'élève ! Je vais vous emmener au Gouffre de l'Oubli, et en même temps, je chercherais des traces du Malak, le navire de Gontran. Allez, prenez place dans le Faucon d'Ebène, mon caboteur. Nous lèverons l'ancre dans quelques heures."

[Sire de la Canne]

Quête : Vol d'une relique

Et voilà. Ils avaient enfin un moyen de transport pour aller à la chaloupe échouée. Il n'y avait plus qu'à espérer que le voyage ne serait pas trop long. Même s'il n'était plus possible de perdre du temps, l'impuissance avait le don d'agacer Sire de la Canne. Il s'approcha de Masha'a.

Au fait monsieur, je pense que vous avez deux place sur votre bel esquif? Ma camarde et moi-même devons voyager ensemble voyez-vous? Nous apprécierions donc beaucoup que vous acceptiez de me prendre aussi.

Il n'avait pas pensé à cela avant. Et si le marin refusait de le prendre aussi sur le bateau? Bah. Ils réussiraient bien à s'arranger.

[sahmaz]

Quête Vol d'une relique

Masha'a opina du chef.
Revan, voici le Sire de la Canne. Il m'aide à joindre Gibelda. Et avec un grand sourire charmeur : Un tout grand merci pour votre aide, Revan. Où donc mouille votre bel esquif ?
Et de donner le signal du départ...

[Hugues de Breizh]

Quête : Vol d'une Relique

Revan jeta un regard vers le jeune homme. Il n'y avait pas beaucoup de place dans son caboteur. Mais le sourire enchanteur de Masha'a fit le reste.

"Très bien, vous pouvez monter à bord. Quant à vous jeune homme, ça tombe bien, il me manquait un marin. Vous allez pouvoir mettre vos muscles à contribution. De toute façon, vous n'avez pas le choix, c'est soit ça, soit vous restez à quai. Alors, vous décidez quoi ?"

Revan eut un sourire imperceptible, que personne ne pu voir. Une sombre idée venait de lui traverser l'esprit. Rester à savoir s'il allait la mettre à exécution, ou reporter son idée à plus tard.

[Sire de la Canne]

Quête : Vol d'une relique

Faire le marin? Si c'était nécessaire, pourquoi pas. Même s'il aurait préféré voyager en cabine loin du tumulte de la mer, il se contenterait du pont. Il y avait cependant quelque chose qui le gênait. Ce Revan ne semblait pas avoir besoin d'un autre marin au moment où Masha'a s'était présentée. Il allait falloir rester aux aguets. Il n'y avait pas de véritables raisons de se méfier, mais bon. Le principe de sûreté devait toujours primer.

Et bien je vais faire le marin. Mais sachez que je pourrais trouver une autre solution en montant quand même sur le bateau... Mais je garde ceci de côté car je pourrais en avoir besoin plus tard vous comprenez.

La façon dont il venait de parler de son "second" choix semblait ne pas laisser de doutes sur ce qu'il était. Mais s'était le but escompté et si le marin pensait bel et bien que c'était une menace, Sire de la Canne ne pourrait en tirer que des avantages.

[Hugues de Breizh]

Quête : Vol d'une Relique

Il en était donc ainsi. Tout le monde embarqua dans le Faucon d'Ebène, après que les derniers préparatifs furent effectués.
Les Manostiens présents sur le quai virent partir le caboteur, gagnant rapidement le large, après avoir déployé toutes ses voiles.
Le nom du vaisseau prit tout son sens quand un magnifique faucon apparu sur la grand voile.

Sire de la Canne fut mis à contribution lors du départ du navire. Revan n'allait pas laisser passer cette main d'œuvre gratuite. Quant à Masha'a, elle se trouva une place sur le pont du caboteur, observant le port de Manost, doucement s'éloigner.

[Lothringen]

Evénement: festival de Lumenis

Le grand navire demeura à quai plus de dix jours avant le départ, et l'on aurait dit qu'il boucherait à lui seul l'entrée du port. C'était un anonyme trois mâts large comme une poularde où l'on pouvait loger plusieurs de centaines de personnes assurément. L'équipage s'activait à rénover les cordages et embarquer les vivres.

Ce long stationnement à quai était un moyen comme un autre d'attiser la curiosité de la population et de compléter le travail des crieurs publics: il n'y eut bientôt plus grand monde pour ignorer que le festival lumenien était ouvert, que la délégation allait partir sous peu, et qu'il y avait de la place pour tous les voyageurs pourvu qu'ils songent à acheter leur billet...

Le jour du départ, les embarcadères étaient noirs de manostiens venus faire leurs au-revoir à la famille et aux amis qui allaient avoir la chance de pouvoir visiter Helonna. Flons flons et corne de brume, ce fut un départ en fanfare, accompagné par toute une flotille de barques de pêcheurs qui abandonna peu à peu le navire à son long voyage.

Ce dernier était cependant accompagné en permanence d'un certain nombre de frégates bien armées... Un nombre suffisant, disons, pour éviter les désagréments nautiques habituels.

HRP: tout manostien voulant se rendre au festival est invité à poster directement sur place. La solution de simplicité est d'avoir pris une place sur ce navire. Je rappelle que ce festival se situe "hors temps", c'est-à-dire indépendamment des rps en cours.

[Lathiriel]

Le bateau venant de Féerune débarquait à manost, avec à son bord un mystérieux personnage, un clandestin que lesmarins aidèrent gentiment àsortir avec force de coups de bottes au train. Fallait-il vraiment que cet homme son pays pour endurer tout cela en son nom. Ramassant son paquetage qui avait atteri non loin de sa tête, l'homme se releva et prit la direction de la ville, conscient de sa mission.

C'était la première fois qu'il venait à Manost, et les quartiers portuaires ne semblaient guère plus acceuillants que ceux de Lumenis. Mais il n'avait pas de temps à perdre en considérations touristiques ou architecturales, il devait se rendre au palais de justice...

[Thom Mérillym]

Un navire de moyen tonnage en provenance d’Helonna, chargé de voyageurs divers semblant pour la plupart être des connaissances plus ou proches de celui qui l’avait affrété. Il s’agissait d’un vieil humain morose qui avait passé la traversée accoudé sur le pont, mettant toute sa concentration à tasser la mer sous la ligne d’horizon, quand il ne s’agissait pas de retourner son estomac par-dessus le bastingage.

De temps à autres, un de ses compagnons parvenait à lier conversation avec lui, et lui arrachait un sourire ; un enfant réclamait un tour, et obtenait satisfaction. Somme toute, malgré ses cheveux blancs, sa belle carrure et son air de tristesse inaltérable, c’était un barde, et sa cape volumineuse aux lambeaux de tissus multicolores qui flottait dans le vent du large ne laissait aucun doute sur la question. C’était même un barde moins âgé sans doute qu’il n’en avait l’air, bien que sa boiterie perpétuelle ait pu faire illusion ; et, certainement, il avait dû apprendre bien autre chose que l’art de jongler et de chanter, au cours de sa dense existence.

A son débarquement à Manost, Thom avait manifestement décidé qu’il ne prononcerait plus un mot ou presque d’ici à ce qu’il ait vu le corps de son fils adoptif. Néanmoins, il fallait qu’il se renseigne sur les dispositions prises, et c’est pourquoi il se rendit droit à la capitainerie.

Où on lui expliqua qu’il arrivait trop tard, et qu’on n’avait pu attendre son retour pour procéder à l’enterrement. Lorsque Thom se mêla de demander des précisions, on lui laissa même entendre qu’il valait mieux pour lui ne pas en savoir trop. Et on l’invita avec insistance à faire une cérémonie sur la tombe et à rentrer promptement chez lui.

Mais où était-ce, chez lui ? Ce n’était plus à Lumenis, depuis longtemps déjà ; ce n’était pas Manost. Quant à refaire le voyage de Féerune, il n’en avait pas le courage. Pas pour le moment. Découragé, Thom prit la direction du cimetière…

[Elzen]

Un jeune garçon elfe se tenait au bout de la jetée, caressant un chat noir en regardant les flots, parlant à mi-voix.
Une elfe qui semblait avoir l'équivalent d'une vingtaine d'années humaines était appuyée contre une caisse (qui attendait probablement d'être chargée à bord d'un des navires), et ne les quittait pas des yeux. Ses longs cheveux roux flottaient dans le vent, et l'expression de son visage semblait contenir à la fois la beauté, la noblesse, la tristesse et la pensivité (ça existe, ce mot-là? <img src=\'http://herean.free.fr//style_emoticons/ ... unsure.gif\' border=\'0\' alt=\'user posted image\' />). Elle était habillée de noir et ne semblait pas porter d'arme, mais les plus observateurs auraient pu remarquer que l'ombre d'un objet en V se dessinait sur la sienne, comme si elle avait porté ledit objet à sa ceinture.
Qui était-elle ? Certains marins se souvenaient peut-être de l'avoir vu arriver à cet endroit-même, quelques jours auparavant, accompagnant le vieux barde venu de Lumenis. Mais elle avait purement et simplement disparu depuis. Et elle restait là, comme perdue dans ses pensées, promenant son beau regard d'emmeraude entre l'enfant, les flots et l'horizon.

[Drydo]

Drydo fut la première à descendre du bateau, aussi gracieusement qu'on pouvait faire après avoir essuyé une tempête quand on a horreur des bateaux.

Elle était de très mauvaise humeur. Elle allait devoir rester ici pas mal de temps, et cela lui déplaisait. Elle n'était pas venue pour ça !
En plus, il faisait froid. Il pleuvait. Ses pieds gelés se tortillèrent dans ses bottes en signe de contestation.
Le symbole d'Eilistraee battait sur la poitrine de la drow, illuminé de temps à autre par un rayon de soleil. Des yeux émeraude, cachés sous une épaisse chevelure blanche et l'ombre d'une capuche, clignaient un peu pour s'habituer à la lumière.

Elle ne savait pas où elle était, elle ne savait pas qu'est-ce qu'elle devait faire. Les marins étaient sans doute rattachés à Manost, et n'aurait pas besoin du blabla officiel imposé par les villes. Drydo détestait ça.
Elle donna un coup de main pour débarquer les caisses et reçut les excuses du capitaine, désolé de l'accident de la tempête, hier, et du retard que le bateau prendrait pour les réparations. Ils ne pouvaient pas repartir dans cet état ; et puis, Manost n'était pas une si mauvaise ville, elle s'y habituerait, elle ne resterait pas là longtemps....

Finalement, à force de se parler sous ce regard brillant de colère, il préféra s'en aller en s'excusant une nouvelle fois. Il lui signifia qu'elle pouvait les retrouver à la taverne du coin, ils y seraient dans quelque temps....Si elle ne savait pas quoi faire, demander au garde là-bas de l'aider serait une bonne idée.

Puis il partit, lui-même devant s'occuper de sa cargaison.
Drydo défia le monde les mains sur les hanches, attendant que quelqu'un vienne, répare la bateau et l'envoie sur Féerune, là où elle devait aller.
Elle tapa même du pied pour signifier son impatience.

Rien ne se passait. Des gens passaient autour d'elle, en lui accordant un regard surpris. Bien que petite, elle paraissait prendre toute la place.
Finalement, elle se dirigea vers le garde, et dit le plus calmement possible, aimablement et miellement, tentant de cacher sa frustation intérieure :

- Bonjour ! Je suis nouvelle ici, le bateau que je prenais a-
(elle hésita)...laver...essuyé ? Oui, c'est ça - essuyé une tempête hier et nous nous sommes arrêtés là pour les réparations, et....il y a des formulaires à remplir ici aussi, non ? Je dois aller quelque part en particulier ?

Elle ne pouvait pas se cacher la vérité : elle allait sans doute souffrir encore dans les files d'attente...avec des fonctionnaires de mauvaise humeur....peut-être même des scribes qui se plaiendraient de leur salaire, voire un troll ou deux en tant que gardes...
Elle en était déjà malade....

[Lothringen]

Le garde haussa les épaules, tout en continuant de surveiller du coin de l'oeil le déchargement de la cargaison. Il s'agissait pas que de la contrebande lui file sous le nez pendant que la gamine l'occupait, on la lui avait faite trop souvent celle-là. Qui plus est, le regard rouge de la drow le mettait singulièrement mal à l'aise.

- Votre capitaine a expliqué à notre commandant la situation de votre navire; va lui falloir pas mal de temps pour réparer cette avarie. Il m'a donné aussi le nombre des passagers, mais comme vous n'êtes qu'en transit, non, vous n'aurez pas besoin de vous déplacer. Suffit que vous me donniez votre nom et présentiez vos armes, et je complèterai le registre tout seul comme un grand. Rhha, et faites attention un peu, vous voyez pas que vous gênez le passage ?

[Drydo]

Drydo sourit alors, rassurée en son for intérieur. Non, finalement, tout n'était peut-être pas si horrible !
Le destin s'acharnerait peut-être sur quelqu'un d'autre pour cette fois...

- Drydo Danselune, se présenta-t-elle rapidement. Et j'ai ces deux épées....

Elle tendit respectivement sa dague et son épée longue au symbole d'Eilistraee, nouvellement reparée.

Elle se poussa à peine pour laisser le passage à quelques personnes et ses pieds s'enfoncèrent dans une flaque d'eau en éclaboussant les bottes du garde.

- Je peux y aller ? Elle essayait d'être aussi charmante que d'habitude, mais sa mauvaise humeur perçait dans chacune de ses syllabes.

Elle passa un regard sur la cité inconnue. Elle lui semblait un peu hostile...elle était complètement perdue...
Elle tenta une vaine pensée optimiste : Eilistraee lui donnerait peut-être un coup de main...

[Lothringen]

Le garde fit un pas de côté, étouffant un grommellement bien compréhensible, et continua de crier sous la pluie battante:

- c'est bon. Si vous avez des questions c'est maintenant, si vous n'en avez pas vous pouvez circuler. Quoi qu'il en soit, bienvenue à Manost, comme on dit...

L'accueil n'était décidément pas des plus chaleureux; d'un autre côté, le soldat ne se sentait pas responsable ni des avaries du navire, ni des intempéries, et il songeait avec impatience à l'abri couvert qu'il pourrait rejoindre dès que le navire aurait cessé son déchargement.

[Drydo]

Un court instant, Drydo se surprit à avoir un élan de solidarité envers le soldat qui ne devait pas être fou de joie d'être trempé lui aussi...
Elle rabattit une mèche de cheveux argentés derrière ses oreilles en pointe et répondit :

- Merci de l'accueil, au fait !

Drydo était mi-ironique mi-sincère. Puis elle partit sous la pluie battante comme si elle n'avait jamais existé, rabaissant sa capuche sur son visage pour se protéger de la pluie....elle la sentait qui se collait sur son visage, ses mains, son corps, et c'était désagréable. Sous terre, il ne pleuvait pas....

Elle se rappela que la capitaine lui avait parlé d'une taverne. Soit, pourquoi pas ? De toute façon, elle devrait bien dormir quelque part pendant le temps des réparations...

Et une bonne bière la remettrait en forme !

[Hugues de Breizh]

Le Reine des Océans touchait enfin au but. Après plusieurs mois de voyage à travers les océans, la vigie avait annoncé ce matin que les côtés de Dorrandin étaient proches. Les marins poussèrent alors un soupir de soulagement. Après les affres des tempêtes, l’attaque d’une petite tarasque, ils avaient cru ne jamais revoir la terre ferme.

L’entrée dans le port de Manost leurs parut une éternité. Le trafic était déjà dense et de nombreux autres navires croisaient au large. A croire que tout le monde s’était donné rendez-vous aujourd’hui.

Shati Pasha, le capitaine de la Reine des Océans donna rapidement ses ordres. Il fit réduire la voilure, hissa le pavillon pour signaler qui il était. Il ne douterait pas que son arrivée allait susciter une vive émotion dans le milieu marchand. D’ailleurs, il venait essentiellement pour eux, important dans ses soutes des armes et armures joliment ouvragées, des épices plus ou moins rares – d’ailleurs, la rumeur sur le navire veut qu’une caisse de Lotus noire se cache dans une cargaison – des gemmes et des joyaux que l’orfèvre de Manost a fait spécialement venir pour pouvoir les tailler et les enchanter si besoin.

De jolies soieries, emballées avec délicatesse, sûrement à destination de l’élite manostienne son entreposées avec délicatesse et soin dans un coin spécial de la calle. Pas question que l’eau et l’humidité pourrissent le travail des esclaves, pardon ouvrières calishites.

De même, de jolies amphores côtoient des bouteilles de vins. Les meilleures cuvées calishites sont ici entreposées, et de nombreux marins ont essayé de piquer une bouteille, histoire de se rincer le gosier. Un a réussi, mais le châtiment qu’il a encouru ensuite lui a fait passer l’envie de recommencer. Faut dire que boire de l’eau de mer à tous les repas, il y a de quoi dissuader.
Ces bouteilles sont déjà marquées du sceau de son destinataire. Les clients du Loyal Paladin auront de quoi se rincer le gosier pour les mois à venir.

Enfin, le navire est à quai, et déjà les marins commencent le déchargement. L’amirauté a dépêché des soldats pour vérifier les cargaisons et les papiers des marchandises. Shati Pasha s’empresse de les leur présenter. Il n’a pas envie d’avoir d’ennuis avec les dirigeants manostiens, d’autant plus que ce sont de très bons clients. Apparemment tous les papiers sont en règle et l’inspection des caisses n’a rien donné. La présence de Lotus Noir ne devait être que des racontars.

De l’autre côté du navire, deux formes animales se jettent à l’eau.

[Elzen]

La jeune elfe se tennait toujours sur le quai. Elle assista à l'arrivée du bâteau. Le gamin, à ses côtés, s'amusait à faire des ricochets. Le jeune femme détaillait le navire des yeux, semblant en proie à d'instenses reflexions.

[Le Dúnadan]

En parvenant au port, Le Dúnadan embrassa du regard l'entremêlement de mâtures qui s'étendait devant lui. L'embarcadère grouillait d'une vie débordante et confuse. Des groupes de marins déchargeaient des ballots de marchandises et les empilaient sans se soucier de la gène occasionnée, tandis que des soldats tentaient de faire respecter un certain ordre en désespoir de cause. Plusieurs vaisseaux avaient accosté à quelques jours d'intervales et chaque équipage semblait en mauvais terme avec celui du bâtiment voisin. La tension était perceptible et la frontière entre l'ordre et le chaos très fragile. Des officiers hurlaient des ordres depuis des porte-voix ajoutant encore à l'impression de bataille à venir.

Le Dúnadan comprit immédiatement que ce n'était pas un jour où il trouverait une bonne âme pour l'aider. Il se dirigea vers une construction ancienne, ornée de tourelles élégantes, qu'il reconnu comme étant la Capitainerie. Sous le porche d'entrée il trouva ce qu'il cherchait, un grand panneau de bois couvert de feuilles de papier portant le sceau du Vigilant. C'était toutes les arrivées de navires avec leur port d'attache, le nom du bâtiment, la date de départ prévue, le nombre d'hommes d'équipage et le nom du Capitaine. Il balaya des yeux les liasses de feuillets et après plusieurs minutes s'arrêta sur l'un d'eux. La goélette "Esprit des îles", avec quinze hommes, sous le commandement du lieutenant Elerkhan, appareillait dans cinq heures pour la navette avec Aliies. Connaissant la ponctualité de la marine, il se dit qu'il ferait mieux d'y aller voir par lui-même car le départ pouvait tout aussi bien se faire dans 10 heures que déjà avoir eu lieu. Bien entendu c'était le vent et les marées qui commandaient, bien plus que le capitaine.

Il se fraya un passage dans la cohue jusqu'au deux mâts goélette, qui semblait bien frêle en comparaison de l'imposante frégate amarrée à ses côtés. Il reconnu immédiatement, dans l'homme accoudé au bastingage qui le regardait approcher, le lieutenant. Le Dúnadan monta sur le navire et s'approcha de l'officier :
- Lieutenant Elerkhan ?
L'autre hocha la tête.
- Je viens de la Capitainerie, votre navire est inscrit comme partant pour Aliies dans la journée...
- C'est exact.
- Je souhaiterai pouvoir m'y rendre mais je crains de ne pas avoir les moyens de payer la traversée...
- C'est fâcheux.
- Oui, ça l'est. Mais j'y vais juste quelques jours pour herboriser des plantes rares et de grande valeur, je pourrais vous payer de cette sorte sur le trajet du retour... c'est bien vous qui faites la navette ?
- En effet. C'est bien la proposition la plus singulière que l'on m'ait faite depuis que je commande ce navire, dit-il dans un sourire narquois. Quel est votre profession ?
- Prêtre, du clergé de Sylvanus.
- Vous avez un bon maître. Vous me serez plus utile en veillant à ce que nous ayons un climat favorable... Bienvenue à bord !
- Je vous remercie.
- Il n'y a pas de cabines dans ce navire. Trouvez-vous un coin qui ne gène pas la manoeuvre pour vous installer.

Le Dúnadan alla s'assoir à babord du petit pont de proue, bien calé contre un gros cordage enroulé.
Il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre. Il sorti sa pipe et l'alluma contre le vent. Il ferma les yeux.

Quelques heures plus tard, le navire appareilla dans le crissement des cordages et les claquements brusques des voiles. Il s'arracha du quai avec lenteur et prit peu de la vitesse en direction d'Aliies.

[Garfield]

Cela faisait au moins deux mois que Garfield avait trainé dans la cité du Vigilant, sans n'y avoir trouvé rien qui soit digne de son interêt. A vrai dire, il avait le mal du pays.

Luménis, baignée de soleil matinal, vue depuis le port. Une vision qui le hantait depuis un certain temps déja. Mais comment pourrait-il retourner là-bas? Retrouver un peuple qu'au fond, il avait trahit?Il n'avait sans doute plus sa place là-bas, mais il n'en avait pas plus ici. A Luménis au moins, restaient les souvenirs...

Il sourit en se rappellant de son arrivée, la série de vol qui avait mit la ville en émoi, madame Arsenic l'enquetrice, son petit job chez Tarkil, son collègue Dedalus, le bibliothécaire...

C'était là sa seule certitude: il devait y retourner. C'est pourquoi il se trouvait aujourd'hui sur le port de Manost, prêt a quitter Dorrandin.

[Ombre]

Nulle brise ne soufflait sur le port de Manost ce jour-là, et la Fille d'Umberlee eut tout le mal du monde à entrer dans le port et à accoster, d'autant plus que de nombreux navires étaient arrivés ces derniers jours. Les quais étaient, pourrait-on dire, comme noyés dans une brume de chaleur lourde et malodorante, chargée de poussière, d'odeurs de vieux poisson et d'algues séchant à marée basse, noyés dans une torpeur que même l'air du large ne parvenait à dissiper. Il faisait lourd malgré le soleil d'automne déjà déclinant en ce milieu d'après-midi.

Malgré ce temps plus propice à la léthargie qu'à la suractivité, la horde grouillante de marins prit pied sur le continent avant même que la passerelle eut touché le sol, masse joyeuse, bruyante et malodorante, transportant déjà des chèvres, des caisses et faisant rouler vers le quai les tonneaux de vin, dans un mépris total de toute ce qui pouvait se trouver sur leur trajectoire. Une silhouette plus frêle et gracieuse que les autres profita de l'intervalle entre deux lancers de tonneau pour s'engouffrer sur la passerelle et quitter le navire. Si elle parvint sans encombre à descendre de la trop étroite planche de bois, un homme d'équipage la bouscula sans ménagement en la croisant - et la précipita sur un tas de cordages enduits de vase.

Humpf. Pour une arrivée... Anoushivaran se releva avec difficulté, étourdie par la chaleur, l'odeur et le mal de mer qui ne l'avait pas quittée du voyage, et tenta tant bien que mal d'essuyer le limon poisseux qu'elle avait sur les mains. Elle avait repassé dans sa tête, en une fraction de seconde, tous les moyens à sa disposition pour se venger de l'indélicat. Mais ce n'était pas le moment de ficher un couteau de lancer dans le dos de quelqu'un. De toute façon, cette ordure serait bientôt loin, la maudite coquille de noix qui avait été balancée si violemment par les vents océaniques repartirait dès le lendemain. D'ici là, elle espérait avoir trouvé un peu d'argent, de nourritude, de réconfort, et une chambre avec des draps propres qui ne bougerait pas au gré du vent.

La sensation était étrange : bien que la barde ait mis pied à terre depuis quelques minutes, il lui semblait que le continent était encore une immense et frêle barque tanguant doucement sur une étendue d'eau infinie ; elle en était sûre, les rêves de ses prochaines nuits seraient peuplés d'océans sans fin et sans fond et de rois poissons vivant dans d'étranges palais sous-marins. Elle espérait juste éviter de vivre sa propre noyade en s'entortillant et s'étouffant dans ses draps, submergée par une masse liquide qui l'emprisonnait sous son poids, inexorablement.

Les gardes oisifs regardaient avec intérêt la jeune femme qui était descendue de la Fille d'Umberlee. Il était déjà rare de voir une femme descendre d'un navire, celles-ci portaient malheur en mer, disait-on ; mais il était encore plus surprenant d'en voir descendre une aussi jolie d'un radeau de gredins notoires telle que la Fille. Plusieurs hypothèses traversèrent leurs esprits à propos de la façon dont elle avait tenu tout le voyage sans finir à la mer ou pire encore, dont certaines assez licencieuses et à peine effleurées du bout de leur conscience. Pour couronner le tout, elle errait maintenant sur le quai, son sac sur l'épaule, l'air absent, faisant quelques pas d'un côté puis de l'autre, submergée par l'activité, la foule qui se pressait dans tous les sens, assommée par la chaleur. Un des gardes se redressa, comme s'il s'apprêtait à aller lui servir gracieusement de guide.

Manost. Voilà qu'Anoush débarquait dans une cité helmite, après Eauprofonde, après la côte des Epées et le Téthyr. Sur un continent dont elle ne connaissait rien. Voilà où l'avait menée sa fuite éperdue. Des souvenirs de son départ précipité remontaient lentement à la surface : les quais de Zazesspur plongés dans le brouillard froid au crépuscule, sa colère tout aussi froide quand elle s'était retrouvée acculée et contrainte de s'embarquer sur le premier navire en partance. Le rictus jaunâtre et putride du capitaine de cette catin d'Umberlee, les regards goguenards ou égrillards des marins lorsqu'elle était montée à bord, c'était selon. Les soirées passées à danser devant les hommes pleins comme des outres, histoire de ne pas finir avec les requins ou d'une bien plus triste manière, et à se défendre à coups de poignard pour ceux qui ne savaient plus se contrôler. Non... Arrivée à ce point, la mémoire d'Anoushivaran barricada la porte et fit demi-tour. Il ne restait plus que l'image du maudit capitaine sur son pont, la poche déformée par la bourse remplie de son argent. Tant pis. Elle tourna le dos au bateau et s'avança vers le poste de garde, où un jeune homme portant les armes de la ville l'attendait avec un sourire engageant, mais ne signifiant pas pour autant qu'il laisserait entrer dans la ville n'importe qui.

- Que pouvons-nous faire pour vous, ma Dame ?

La dame en question n'était guère d'humeur, et elle rangea ses habituelles minauderies lorsqu'il s'agissait de s'attaquer à de la viande bien trop tendre pour son âge. Elle posa lourdement sa besace sur le comptoir du poste et le désigna d'un geste las et dans un cliquetis de bracelets.

- Je suppose que je dois décliner mon identité et mes possessions...

Elle avait une voix profonde et chaude, presque sensuelle. Le jeune garde lui jeta un rapide coup d'oeil ravi puis détailla le contenu du sac qui contenait à grand-peine une fouet enroulé dépassant largement de l'ouverture : un bric-à-brac hétéroclite d'objets dont l'utilité n'apparaissait pas à première vue, comme de lourdes balles remplies de sable, des fioles de verre vide, un tambourin, des tissus et un nécessaire de couture, des plantes séchées et de l'encens embaumant tout le sac, des produits de maquillage, de qualité, étonnament. Il supposa justement que la femme n'attendait pas de réponse à une phrase qui n'était pas une question, mais une affirmation.

De son côté, Anoush réfléchissait à l'identité qu'elle devait décliner. Peut-être que du Téthyr on avait envoyé des soldats la retrouver, elle ne pouvait donc raisonnablement pas se servir du surmon qu'elle portait encore peu de temps auparavant. Un surnom... Pas plus un surnom que ce qui devait être son vrai nom. Enfin, ce qui n'était pas vraiment son vrai nom mais un autre surnom qu'on lui avait accolé. Quant à son véritable vrai nom... Ses tempes devenaient douloureuses à cause du bruit du quai et du changement de stabilité entre la mer et la terre. Quitte à utiliser un nom, ce serait pour le moment celui qui risquait de lui créer le moins d'ennuis - du moins, c'est ce qu'elle espérait.

- Je me nomme Anoushivaran... Anoushivaran Kalein. (Prononcer ce nom tellement étranger maintenant lui fit l'effet d'ongles crissant contre de l'ardoise.) Je suis une simple et pauvre trouvère venue chercher la prospérité dans un pays neuf.

Le jeune garde déposa sur le côté du sac les quelques objets dangereux que la barde transportait : son poignard ornementé et quelques couteaux de lancer, plus d'autres qu'Anoush sortit de mystérieux replis de sa tenue de voyage.

- Vous avez de l'or à déclarer ? s'enquit le garde.

La femme grimaça ostensiblement et siffla avec une hargne si inattendue qu'elle fit sursauter le garçon.

- Je n'ai aucun or à déclarer !

- T-très bien, ma Dame. Si vous voulez bien signer ici... (Anoush obtempéra et parapha le registre.) Vous pouvez passer, ma Dame. Bienvenue à Manost, et... et bonne soirée.

Quelques pas plus loin, elle se retourna vers le garde qui la suivait toujours des yeux, désemparé.

- Est-ce qu'il y a une boutique où revendre des bijoux, par ici ?

- Ou-oui... Vers la place du Temple, il y a une bijouterie, la Fibule dorée, je crois... Il faut monter la grande rue, suivez les apprentis du Coeur Radieux, il y vont - enfin, au Temple, pas à la bijouterie... Bonne journée, ma Dame...

Anoushivaran s'enfonça d'un pas rapide dans la foule, alors que le garde lui détaillait toujours l'itinéraire à renfort de grands moulinets de bras. L'or qu'elle avait à déclarer se trouvait dans une bourse qui déformait la poche de ce chien de capitaine à l'haleine étouffante, mais on ne lui avait jamais demandé de déclarer l'or qu'elle portait autour du cou et des poignets.

[Lathiriel]

Lathiriel avait été malade pendant tout le voyage, et avait du utiliser au mieux ses talents de guérisseuse pour ne pas arriver blanche comme un linge à Manost.

Manost... appuyée au bastinguage, respirant l'air à grande bouffée, Lathiriel observait l'approche de la cité. De hautes murailles, et un édifice proéminent au centre, sans doute le temple de Helm... Elle semblait si fière, mais dans le même temps si...austère. Soit, elle n'avait pas la bénédiction de Lathandre qui la nimbait en un halo de lumière...

Cependant, au fur et à mesure que le navire se rapprochait, la cité ressemblait de moins en moins à une vieille veuve. Quelques touches de verdure parvenaient à dépasser les bâtiments, et ça et là des toits recouverts de feuille d'or réverbéraient la lumière du soleil.

Les manoeuvres d'amarage firent regretter à Lathiriel de ne pas être une elfe aquatique. Mais soit, elle ferait avec son lignage et tenterait de faire aussi bonne figure à la descente qu'a la montée.

Quelques horribles minutes plus tard, elle avait de nouveau les deux pieds sur la terre ferme. Courant rapidement dans une des ruelles du port, son repas de poisson parti rejoindre ses congénères dans la grande bleue.

Puis elle se mit en route, non sans avoir machonné un clou de girofle pour se rafraichir l'haleine.

[Taliesin]

Debout dans la longue file qui attendait sur l’embarcadère, sa jument tenue par la bride, Taliesin songeait aux dernières semaines qu’il avait passées à Manost. Depuis que la relique avait été retrouvée et l’ordre en ville rétabli, il avait pu poursuivre ses recherches. Malheureusement, malgré ses démarches, ses fouilles attentives des archives et ses entretiens avec les sages de la cité, il n’avait pu trouver nulle nouvelle trace des siens.

Il avait alors pris la décision de suivre le seul indice qu’il possédait, ce journal découvert au fin fond des cryptes, et de se rendre à Lumenis. Sitôt son contrat au Loyal Paladin terminé, il avait réservé une place à bord d’un navire, puis fait ses adieux à ceux qui avaient été ses compagnons d’aventure pendant son séjour : Althéa, Galathée, le conseiller Lothringen. Cela n’avait pas été chose facile, car il lui pesait de quitter ces gens et de replonger dans la solitude qui était le lot des éternels voyageurs. Mais il n’avait pas le choix et ne pourrait interrompre son chemin tant qu’il n’aurait pas mené à bien sa mission. Ce qui pouvait vouloir dire jamais.

Cependant, son espoir était tenace, et il lui redonna quelque peu le moral alors que venait son tour d’embarquer. Là bas, de l’autre côté de cette mer, l’attendaient peut-être les rescapés de son peuple. Là-bas, à Lumenis. Et s’il n’y avait personne pour l’attendre ? Et bien, il passerait à l’étape suivante, une étape bien plus redoutable… Mais il n'en était pas encore là.

[Kasumi]

Quête : le voleur inspiré

Sans un minimum d’appui, il fallait se rendre à l’évidence : tenter de retrouver le gnome dans une cité aussi étendue que Manost relèverait de la gageure. Le garde de la porte avait fourni à Kasumi les adresses de pistes crédibles où commencer à chercher mais son expérience autant que les évènements récents lui avaient appris la prudence. Il ne fallait pas remuer la fourmilière sans l’avoir auparavant circonscrite.

Kasumi avait donc besoin d’alliés et il savait où pouvoir en trouver. Pour cette affaire, les gardes de la ville ne seraient pas son premier choix. Il ne répugnait pas à faire appel aux services de l’ordre locaux à l’occasion, mais ici il n’avait ni réputation, ni l’assurance de pouvoir confondre le voleur s’il parvenait à le retrouver.

Il avait mis un peu moins de trois jours à effectuer le voyage depuis son débarquement du Goéland. Même en partant quelques heures avant lui, ce dernier avait du contourner le Cap du Vigilant pour arriver à la même destination. Il lui faudrait bien une semaine pour écouler sa cargaison et la renouveler. Kasumi avait donc l’assurance de le trouver au mouillage dans le port mais il lui fallait se dépêcher de refermer son filet autour du gnome.

Trouver le port n’avait rien eu de difficile : les odeurs de poisson l’avaient guidé plus sûrement que n’importe quelle pancarte et plus efficacement que ne l’auraient fait les rares badauds encore présents en cette heure nocturne dans les rues de la mégalopole endormie mais toujours sur ses gardes. Il lui fallait maintenant se mettre en quête du galion qui l’avait amené à Dorrandin.

Plus aucune activité notable ne troublait la zone portuaire, les cris des marins attendaient l’aube pour retentir à nouveau. Cependant, il restait quelques gardes de faction aux abords des entrepôts et des quais ainsi que des patrouilles qui s’aventuraient de façon régulière dans le quartier pour s’assurer que les ombres de la nuit ne profitent trop aux malandrins.

Kasumi avisa un garde de faction près de la capitainerie du port. Mieux valait se présenter directement à lui plutôt que d’éveiller sa méfiance en fouillant les quais à la recherche du navire de la capitaine Adelheid.

«Bonsoir, la nuit est fraîche n’est-ce pas ? Je m’appelle Kasumi Hendulaurë et suis récemment arrivé à Manost, pourrais-je vous demander un renseignement ? »
- En effet, la nuit est bien avancée et le bureau de recensement est fermé jusqu’à l’aube.
- Ne vous formalisez pas de ma demande mais une affaire urgente m’amène sur les quais, il me faut retrouver un navire ayant accosté ici il y a peu.
- Une affaire urgente en pleine nuit et qui plus est, sur les docks ? La plupart des honnêtes gens sont chez eux à pareille heure !
- Je le sais bien mais quelques malandrins en liberté expliquent que certaines personnes comme vous et moi ne puissent les imiter.
- Bien, vous ne ressemblez pas à un malfrat malgré votre dégaine si vous me pardonnez la remarque. De quel navire s’agit-il ?
- Il s’agit d’un galion marchand répondant au nom de « Goéland ». Comme je vous le disais, il a du arriver plus tôt dans la journée ou même hier.
- Avant de vous aider, je dois m’assurer de vos intentions : compteriez-vous fuir la cité en pleine nuit ? Ce serait parfaitement inutile : les navires ne sont pas censés appareiller avant l’aube.
- Non, je compte rester ici quelque temps mais j’ai besoin d’obtenir l’assistance de la capitaine de ce navire.
- Je vais vous faire confiance mais n’oubliez pas que les docks sont bien gardés et qu’il serait idiot de votre part d’en abuser. Votre navire est au mouillage sur le troisième embarcadère, je m’en souviens parfaitement.
- Merci de votre aide, j’espère pouvoir vous en dédommager rapidement. Bonne nuit.

Sur ces dernières paroles, Kasumi se dirigea résolument vers la seule personne qui lui était venu à l’esprit pour l’assister dans sa traque. La capitaine Adelheid lui devait bien ce petit service étant donné les dangers qu’il était parvenu à lui faire éviter.

[Astelle]

Quête : Le voleur inspiré

Il s’agissait à présent de retrouver le bateau... Il l’avait quitté quelques jours plus tôt sans avoir l’intention d’y revenir un jour et le retrouver parmi cette fourmilière de vaisseaux n'allait pas être une mince affaire. Sans oublier que Le Goéland aurait sûrement légèrement changé d'apparence depuis la dernière fois qu’il l'avait vu, la coque et les voiles avaient pris de sacrés coups et devaient être réparées ou changées une fois au port. Perdu dans ses pensés à s'imaginer comment pourrait être le Goéland aujourd'hui, Kasumi ne se rendit pas compte qu'une personne s'approchait de lui…

- Tiens, tiens, mais regardez qui voilà !

Kasumi reconnut immédiatement le maître d’équipage. Son plus grand ennemi sur le bateau , qui avait tout fait pour l’humilier durant la traversée, minimiser ses faits d’armes, l’accuser ridiculement de fautes imaginaires…

[color= #9A32CD]- Je ne suis pas ici pour toi Xoralf le pouilleux, lui répondit-il en poursuivant son chemin.[/color]

- Oh, mais c’est que tu te souviens de moi, je ne pensais pas que ta cervelle de moineau avait un peu de mémoire…

[color= #9A32CD]- Difficile d’oublier un visage aussi affreux, à faire pâlir de jalousie une liche et même sans ça, cette odeur de rat putréfié coincé dans les égouts n’est propre qu’a toi. [/color]Sur ces paroles, Kasumi se détourna et repris son chemin, cherchant le navire.

- Pas si vite : tu n’as rien à faire ici !

[color= #9A32CD]- Je retourne sur le Goéland.[/color] Ce n'était pas entièrement vrai mais il savait que cela le ferait enrager s'il revenait sur le vaisseau et il prenait un malin plaisir à en jouer.

– Oh non, je ne crois pas, tu vas surtout retourner d'où tu viens, tu n'es pas le bienvenu ici.

[color= #9A32CD]- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi, dois-je te rappeler que je n’ai jamais été et ne serai jamais ton subordonné.[/color]

- Tu préfères donc que je t'aide à repartir définitivement. Bien, qu'il en soit ainsi : depuis le temps que j'attendais ce moment.

[color= #9A32CD]- Pour la dernière fois, je ne suis pas ici pour toi, ne me provoque pas où tu y laisseras ta peau cette fois. [/color]

– Tes menaces n’impressionneraient pas un enfant, voyons ce que tu vaux maintenant que tu n'as plus Adelheid pour te protéger.

[color= #9A32CD]– C’est Capitaine Adelheid pour toi ![/color]

Frappant sans autre forme de procès comme à son habitude, Xoralf fit décrire une parabole à son épée courte cherchant à trancher la gorge de son adversaire. Anticipant une attaque sournoise de ce type, Kasumi put, en faisant un pas de côté, éviter l’essentiel du coup et dans un mouvement fluide dégainer sa propre épée courte.

Les deux hommes se lancèrent alors dans un duel sans merci trop longtemps repoussé, où il n'était plus question d’humilier l'autre mais de le faire disparaître.

Attirée par le bruit provenant des quais Adelheid fit son apparition. Elle avait les cheveux en bataille et ajustait ses vêtements, signe que le boucan extérieur l’avait tirée de son lit.

- Vous deux là, cessez ça tout de suite où j'appelle la garde !

Les deux hommes se retournèrent d’un même mouvement répondant à l’autorité quasi surnaturelle de leur capitaine qui put alors distinguer leurs visages.

- Xoralf ? Kasumi ? J'aurais du m'en douter, les deux plus grands idiots des Terres connues incapables de se conduire correctement.

– Restez en dehors de ça capitaine ! C’est une affaire entre cet imbécile et moi.

– Ah, parce que c’est vous qui donnez les ordres maintenant ?

– Nous devons en finir …

– Alors faites, mais croyez moi, j’achèverai le survivant pour m’avoir désobéi et bien que vous soyez de bons éléments, personne n’est irremplaçable.

– Très bien capitaine… Défiant une dernière fois Kasumi du regard, Xoralf disparait dans la nuit non sans avoir prévenu son rival qu’ils se retrouvaient un jour.

– Quelle querelle pathétique ! Enfin bon, une querelle d’homme… Alors Kasumi, on vient reprendre du service ? Avec cette blessure à l’épaule vous n’allez pas m’être très utile.

[color= #9A32CD]– Cette Blessure ? [/color]Prit dans le combat, Kasumi n’avait pas fait attention à son épaule légèrement entaillée qui maintenant lui faisait atrocement mal. [color= #9A32CD]Oh .. je verrais ça plus tard, c’est que je voulais m’entretenir avec vous d’une affaire de la plus haute importance qui…[/color] Il n’eut pas le temps de finir sa phrase.

– Alors n’en dites pas plus ici, les bateaux ont des oreilles. Elle sourit. Bon, et bien suivez moi, nous discuterons à bord.

[Kasumi]

Quête : voleur inspiré

- Vous avez raison bien sûr, allons discuter à l’abri des mauvaises rencontres et des regards indiscrets.

Sans échanger un mot de plus, l’étrange couple emprunta la passerelle menant au pont du vaisseau puis se dirigea vers les quartiers occupée par Adelheid à l’arrière de l’imposant trois mâts. Là, elle prit la peine d’allumer un candélabre, un luxe réservé aux officiers sur un navire, même au port. Pendant ce temps, Kasumi était resté planté sur le pas de la porte.

- Ne restez donc pas planté là, vous n’avez pas fait tout ce chemin pour rester bêtement à vous vider de votre sang sur le pas de ma porte. Approchez donc que je regarde cette blessure !
- Je vous assure que ce n’est qu’une égratignure, il n’y paraîtra plus demain matin…
- Inutile de jouer aux héros ici et avec moi, obéissez sans discuter pour une fois et enlever votre manteau.

Sans attendre de réponse, elle prit quelques herbes dans un sachet sur sa commode qu’elle mit à tremper dans une petite bassine d’eau douce pendant que Kasumi se défaisait de certains de ses effets laissant à découvert l’estafilade courant sur son épaule.

- Je crois pouvoir y parvenir seul, vous savez ?
- Ne vous a-t-on jamais appris à vous taire ? J’ai toujours cru que les rôdeurs étaient des êtres frappés de mutisme. Seriez-vous un imposteur ? Et n’allez pas vous plaindre d’être mal soigné, ce sont vos propres herbes que celles-ci.

Laissant se dissoudre les éléments du remède, Adelheid se tourna vers son invité avant de planter son regard dans le sien :

- Maintenant, dîtes-moi tout : vous n’êtes pas assez stupide au point d’avoir fait tout ce chemin pour régler un différent avec ce rustre de Xoralf ! Qu’est-ce qui me vaut à nouveau votre compagnie ? Vous sembliez décidé à nous abandonner… à *m’*abandonner il n’y a pas plus de 3 jours.
- Je suis désolé que vous l’ayez pris ainsi, vous connaissez l’amitié que j’éprouve pour vous et rares sont ceux qui peuvent en dire autant mais la vie à bord d’un navire n’est pas pour moi. Je viens solliciter votre assistance…
- Me demander de l’aide ? Je n’aurais jamais cru cela possible : vous devez vous être mis dans une situation impossible pour passer outre votre fierté.
- Il n'y a pas de fierté qui tienne entre nous, vous le savez bien !

Avant de répondre, Adelheid prit une serviette qu’elle trempa dans la décoction avant de l’appliquer sur la blessure.

- Cela laissera une cicatrice, mais vous semblez y être habitué… dit elle pour détourner la conversation.

Le remède permettrait d’empêcher toute infection et accélèrerait la cicatrisation : une simple recette apprise de sa mère au cours de son apprentissage qu'il avait accepté de partager avec Adelheid.

- Et que peut une modeste marchande pour vous aider ? demanda-t-elle en appliquant un bandage autour de son épaule.
- Vos ressources pourraient me servir mais vous souhaiterez peut être savoir pourquoi avant d’accepter, non ?
- Allons bon, j’ai appris à vous faire confiance et rares sont ceux qui peuvent en dire autant, imita-t-elle avec un sourire narquois. Mais racontez-moi tout de même, je suis curieuse de savoir comment il ne vous a pas fallu une semaine pour vous sentir perdu livré à vous-même dans la nature ! Cette fois-ci, son sourire illuminait tout son visage.
- Ravi que cela vous amuse répliqua Kasumi d’un ton faussement peiné mais je me suis fait dérober un objet précieux à la taverne, le premier soir ayant suivi mon départ. J’ai suivi les traces du voleur jusqu’aux portes de Manost.
- Et de quoi a donc l’air le tout puissant voleur qui aura réussi là où tous les autres ont échoué ?
- Vous allez encore vous moquer sans doute mais il s’agissait d’un gnome.
- Je vois… Elle se détourna, étouffant du mieux qu’elle pouvait un commencement de fou rire.

Kasumi se renfrogna :
- Vous êtes une femme bien trop intelligente pour juger un ennemi sur son apparence.
- Serait-ce un compliment ? Décidément, c’est la nuit des premières. Mais cela ne me dit toujours pas ce que vous attendez de moi.
- Vous avez des contacts dans chaque ville portuaire où vous avez jamais fait escale, ne pourriez-vous pas faire passer le message pour que vos yeux et vos oreilles restent ouverts à tout déplacement de mon voleur ? Seul, le gnome pourrait sans peine m’échapper dans une ville aussi grande que Manost. Je sais où commencer à chercher mais j’ignore de quels appuis il dispose en ville. Jusqu’ici rien n’indique qu’il se sente poursuivi mais il pourrait apprendre que quelqu’un pose des questions sur lui et décider de s’enfuir.
- Fort bien, j’accepte d’envoyer un message à mes contacts mais à une seule condition : vous avez besoin de repos, vous n’avez pas dormi, je le vois bien sinon vous n’auriez pas été blessé ce soir.
- Le scélérat pourrait profiter de ce délai supplémentaire…
- Il suffit ! J’ai posé mes conditions : vous serez averti du déplacement du moindre gnome et les revendeurs de bijoux seront surveillés cette nuit. Il va falloir que vous me fassiez confiance cette fois-ci. Vous ne serez de toutes façons bon à rien sans avoir pris le temps d’une bonne nuit de sommeil. Je vous ferai réveiller à l’aube, vous pouvez rester dans ma cabine au moins pour ce soir, vos péripéties m’ont définitivement éveillé. A demain, personne ne vous dérangera cette nuit, je vais m’en assurer, dit-elle en refermant la porte.

La suite...