[Lieu-dit] L'Oasis de la Chèvre d'Or

[Mornagest]

[Quête : voir Manost et mourir]

Le manostien faillit éclater d'un rire nerveux, devant la proposition du diplomate. Mais il ne pouvait se le permettre sans passer pour un abruti, incapable de se maîtriser. Même s'il sentait la tension monter en lui... Il répondit, d'un ton sec :

"Il n'en est pas question. Le crime concerne Melandis et Manost, et même si vous êtes impliqué dans l'affaire, je refuse. Et je suis certain que mon homologue mélandien est de mon avis."

L'intéressé hocha la tête, avec un regard courroucé à l'égard du prêtre, qui se mêlait un peu trop des affaires des autres.

Le manostien se calma quelque peu, mais faisait un gros effort pour respirer normalement, sans laisser voir sa nervosité. Ajouté à cela, son manque chronique de sommeil, et cette histoire de trafic de lotus noir, toujours à résoudre...

Il se tourna vers le voleur.

"De mon côté, je vous donne ce choix. Soit vous êtes jugé à Manost, soit à Melandis. Etant donné que l'escorte est mixte, je pense que le choix ne sera meilleur qu'effectué par vous-même... Maintenant, je peux faire quelques concessions à mon collègue, et vous confier à lui."

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Décidément, quand on avait des amis comme ça, on avait pas besoin d'ennemis. Cet imbécile de cul-béni helmite ne voyait-il pas que le voleur n'avait rien à perdre, sinon sa vie, et que rien ne le ferait parler, sinon la perspective d'un accord passé avec les autorités?
Et si, comme Agrippa en était intimement persuadé, le voleur ne parlait pas, l'officier n'allait-il pas se rendre compte que cela revenait à avouer que les commanditaires étaient de mèche avec les Mélandiens? Furieux contre la bêtise du capitaine, le diplomate était maintenant à deux doigts de vouer tout ce petit monde aux démons des neufs enfers, et de retourner se coucher. Après tout, comme l'avait si bien fait comprendre le troll en armure, cela ne le concernait pas.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Le voleur avait eu le temps d'évaluer les forces en présence. Si la proposition d'Agrippa avait éveillé en lui une lueur d'espoir, elle s'éteignit bien vite au vu de la réaction des officiers. Une réaction bien prévisible, d'ailleurs... Ces derniers semblaient s'accorder sur la menace d'une justice expéditive à la mélandienne. Une menace qu'il ne prenait pas à la légère. Un retour à Melandis, s'il se taisait, signifiait très probablement un bourreau et un noeud coulissant... et une dague dans le coeur à plus ou moins long terme s'il survivait à son jugement.

A Manost, en revanche... Ce n'était pas qu'un séjour prolongé dans les geôles manostiennes ait de quoi le faire rêver, mais c'était toujours mieux que de revenir sur le territoire de ses patrons.

"D'acc-d'accord. Si j'ai la garantie d'être jugé à Manost, je vous dirai tout ce que vous voudrez."

[Mornagest]

[Quête : voir Manost et mourir]

L'officier était satisfait. Il n'aurait pas à mettre en scène un accord avec le mélandien pour que ce dernier le déclare en état d'arrestation et extradé vers la cité du Chaos. Fort bien. Il préférait un procès en bonne et due forme, avec, peut-être, une chance de retrouver ses complices. Il doutait fortement de l'efficacité de la torture.

"Eh bien, si notre ami mélandien est d'accord, il assistera au procès, à Manost. Ainsi, il pourra témoigner lui aussi. Quant à la garantie ? Vous avez ma parole. Après tout, que vaudrait la vôtre, si vous contestiez la mienne ?"

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Le clerc en aurait presque rit, si la situation n'avait été aussi sérieuse. Il était cocasse de voir cette collaboration entre chiens et chats qui tournait à la farce judiciaire. Quant au prisonnier, son espérance de vie n'excédait sûrement pas la semaine.

Il suffisait de fermer les yeux pour imaginer le procès : l'officier mélandien témoignant -pour dire quoi? qu'avait-il donc vu? un compatriote en goguette?- la main sur le coeur, devant un parterre de juges mourant d'envie d'envoyer le témoin rejoindre l'accusé pourrir sur la paille du cachot. L'hypocrisie n'étouffait visiblement personne sous cette tente.

Malgré son cynisme, Agrippa ne put s'empêcher de tendre l'oreille pour suivre les aveux du voleur.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et mourir]

L'"ami" mélandien avait beau avoir parfaitement entendu toute l'ironie méprisante que son homologue mettait dans cette appellation, il acquiesça à la proposition du manostien. En assistant au procès, il pourrait ainsi surveiller qu'on n'accordait pas de suspecte remise de peine à l'accusé ni n'étouffait ses dires. Si c'était néanmoins le cas, il ne manquerait pas d'en faire part à ses supérieurs. Il n'était sans doute pas de l'intérêt de Manost de compromettre les accords pour une intrigue de cette espèce, quel que soit le fin mot de l'affaire... Il n'oubliait pas pour autant que le voleur pouvait mouiller des compatriotes, bien sûr. Mais... il n'était pas prêt à les protéger à tout prix... il avait ses ordres.

Quant au voleur, il hocha la tête auc derniers mots qui lui furent adressés. On pouvait supposer que la parole d'un officier manostien prononcée devant un public pour le moins non acquis valait quelque chose, en effet. S'il atteignait Manost, il s'en tirerait sans doute avec une lourde peine d'emprisonnement. S'il atteignait Manost...

Il commença donc de vider son sac, non sans avoir un instant parcouru des yeux l'ensemble de l'assistance. Il se trouvait au centre du cercle et apparemment, il ne voyait personne qui le mette mal à l'aise. Mais voyait-il tout ce qu'il y avait à voir?

Ils étaient donc trois voleurs de chevaux qui travaillaient pour une guilde mélandienne...

Il en était là lorsque l'officier mélandien tomba sur un genou, le regard vague, un poignard habilement planté dans le dos, au point de jointure des plattes. Derrière lui, rendue à peine distincte par un sort de flou, la forme noire du prêtre de Cyric. Ce dernier saisit aux cheveux sa victime et se prépara à l'égorger, mais le vieux soldat réussit à bloquer son bras.
Tout cela s'était passé en une fraction de seconde et les soldats mélandiens, comme au spectacle, ne bougeaient pas, attendant de voir l'issue de la rixe. Peut-être attendaient-ils prudemment de voir qui l'emporterait afin de savoir quel serait le nouveau chef à suivre...

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

(Comme quoi, les anciennes règles avaient du bon, elles avaient bien intégré le fait que les clercs ne savent pas se servir d'objets coupants :hein: )

Le sang d'Agrippa n'avait fait qu'un tour en entendant le grognement de surprise et de douleur mêlées de l'officier mélandien, et le clerc entama immédiatement le combat. Sans même réfléchir à quoi que ce soit, il avait bondi au premier rang pour engager les hostilités avec le Cyricien. Sa haine viscérale pour les ordures de cette confession n'entra pas en jeu, pas plus qu'un raisonnement logique sur les éventuelles conséquences de son acte : il était tout simplement inconcevable pour le Luménien de regarder un homme, quel qu'il fut, se faire égorger devant lui comme un animal sans réagir.

Faites quelque chose, par Oghma! tonna-t-il à l'intention des Manostiens, avant de commencer à incanter.

...Un sort d'immobilisation... non... inefficace contre le clerc... quoi alors?... se concentrer...ça y était, il avait trouvé...

Agrippa => Mur de vent ==> Clerc de Cyric
La gêne créée par les rafales devaient empêcher l'homme d'achever sa victime, et avec un peu de chance, le troubler suffisament pour laisser le temps aux autres d'intervenir. A moins que... LA TENTE?

[Mornagest]

[Quête : voir Manost et mourir]

A peine remis de la surprise provoquée par l'attaque sur l'officier mélandien, le manostien ne put que dégainer avec une lenteur qui trahissait son embarras. Il semblait encore fort peu expérimenté, ou bien, tellement épuisé par le voyage que ses réflexes en étaient totalement inhibés. Toujours était-il qu'il allait devoir agir rapidement, bon gré, mal gré.

Il choisit d'attaquer lui aussi le prêtre meurtrier, qui devait sans doute disposer de sortilèges, en plus de... sa lame ! De surprise en surprise, même si les crapules de Cyric ne reculaient devant rien.

Il se plaça devant le prêtre. Sa priorité était de l'empêcher d'incanter, car il n'osait guère imaginer les sortilèges dont il pouvait faire usage... Il porta sa lame en avant, et fenta brusquement, pour tenter de toucher le prêtre à l'épaule. S'il parvenait à le blesser, ce dernier pourrait plus diffiicilement lancer un sort...

[Lothringen]

[Quête : voir Manost et mourir]

Les pans de la tente volaient en tous sens, et les piquets tremblaient sur leur base, sans pour autant céder. Le cyricien évita le mur de vent d'un rapide bond réflexe en arrière qui ne laissait plus beaucoup de doutes sur ses compétences d'assassin. Les rafales violentes l'empêchaient de se rapprocher de sa victime pour l'achever, mais elles eurent aussi pour effet de faire perdre conscience à cette dernière, qui s'effondra au sol, frappée à la tête par l'un des petits meubles de la tente. L'autre effet pervers de ce vent était qu'il détournait tous les projectiles, rendant les soldats manostiens parfaitement impuissants.

Quant au prêtre, conscient de n'avoir pas de temps à perdre, il incantait déjà...

Clerc de Cyric = = > Ténèbres profondes = => intérieur de la tente.

On n'y voyait goutte. L'officier manostien eut pourtant l'impression que sa lame déjà lancée avait touché sa cible, mais comme le clerc ne poussa aucun cri, difficile d'être sûr...

[Morgul]

[Quête : voir Manost et mourir]
Ceci dit, on ne va même pas voir Manost, parti comme c'est.

Le kender, s'étant placé instinctivement devant Agrippa lors de cette si typique scène de vie mélandienne, se mit à beugler la première chanson qui lui passa par la tête dès que l'obscurité se fit, soit "Lumenis, catin d'mon coeur", comprenant les intentions de l'assassin. Un type capable d'attaquer aussi intelligemment devait sûrement être capable de le faire aussi bien dans le noir, s'orientant juste avec ce qu'il entendait. Sauf qu'il entendait plus rien maintenant, se réjouit le kender en attaquant gaiement le refrain. Le fait qu'il faisait ainsi une cible parfaite finit par effleurer son esprit, et, dans une poussée d'adrénaline, il s'écarta d'une roulade, suivie de roues enchainées totalement à l'aveuglette à travers la tente, ne s'arrêtant brièvement de chanter que lorsqu'il percutait un piquet ou un meuble, prêt à mordre tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des roustons de clerc mélandien.

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost... ou mourir]
c'est plus que probable en effet, Morgul.

Agrippa sentit la panique monter en lui lorsque les ténèbres envahirent la tente. Il trébucha contre une jambe, se rattrapant de justesse à une armure avec quelqu'un dedans qui passait par là. Mais soudain les mots d'une chanson à boire bien connue des habitués de la Taverne de la Bienveillance, criée à tue-tête d'une voix suraigüe, lui rendirent son courage de part leur incongruité au milieu du combat.

Le clerc passa rapidement en revue ses sorts restant, et incanta celui qui lui sembla être son dernier recours contre le Cyricien.

Agrippa => Convocation de monstres II (Mille-pattes monstrueux fiélon, taille G)
[utilisation du don d'amélioration des créatures convoquées]

Il avait choisi une créature capable de s'orienter par des moyens autres que la vue, et lança mentalement le monstre à l'assaut du traître mélandien. Avec un peu de réussite, le misérable connaitrait sous peu la fin atroce qu'il méritait.

[Mornagest]

[Quête : voir Manost et mourir]

Le manostien tentait de retirer sa lame de ce qu'il avait touché. Ou de qui ? Il n'en savait trop rien, mais comme aucun grognement de douleur ne parvint à ses oreilles, il jugea qu'il avait dû manquer sa cible.

Désireux de reprendre rapidement le contrôle de son arme, il leva franchement la jambe pour s'appuyer contre l'objet qu'il avait touché, en l'occurence, un simple meuble en bois. Que fichait-il là, celui-là ? L'officier rageait. Il n'avait désormais plus de repère autre que le bruit de la tente volant dans le vent, et de la chanson paillarde que le morveau chantait par intermittence. Que faire ? Il ne pouvait frapper à l'aveuglette, au risque de toucher un allié. Mais en avait-il, au fond ?

L'officier recula prudemment, tout en tâtant l'obscurité du bout de son épée, derrière lui. Il ne voulait pas trébucher sur un obstacle incongrument placé.

HRP : désolé pour le retard, un petit contretemps :timide:

[Lothringen]

Quête : Voir Manost et mourir

Le Cyricien avait dû changer ses plans au dernier moment et il en était réduit à improviser dans cette atmosphère de grande confusion qui ne l'aidait pas à garder les idées claires. Faute d’avoir pu achever l’officier mélandien tout de suite, il se devait de gagner assez de temps pour pouvoir le faire lorsque le mur de vent et ses ténèbres se seraient dissipés. D’ici là, ce n’étaient pas les cibles potentielles qui lui manquaient… Cela allait du traître de voleur au gamin braillard dont la chanson paillarde l’exaspérait. Mais il y avait plus utile, plus urgent, et plus proche.

Au milieu des cris, des appels au calme et des rafales de vent, on entendit un bruit de lutte, puis un hurlement, puis plus rien. Quand le vent et les ténèbres voulurent bien se dissiper – ce qui prit du temps – on put découvrir le spectacle. Au beau milieu de la tente, l’officier manostien était mort, égorgé ; non loin de lui, recroquevillé sur lui-même comme par un dernier spasme, un poignard ensanglanté à la main, le clerc ne valait pas mieux. Le mille-pattes monstrueux, à la fête, se tortillait de l’un à l’autre, et ses pattes fouillaient la viande fraîche.

Les yeux révulsés d’horreur, les soldats des deux camps prenaient acte. Un aide de camp manostien donna ordre de soustraire ce qu’il restait de son supérieur à la créature. Reprenant douloureusement conscience, l’officier mélandien râlait sur le sol. Quant au petit voleur de chevaux, que les soldats n’avaient pas lâché durant tout ce temps, il paraissait presque soulagé…

HRP: excuses acceptées.

[Agrippa]

[Quete : Voir Manost et mourir]
Mais pas si Bibi est dans le coin. Attention, l'ambulance entre pour son tour de piste...

Agrippa poussa un soupir de soulagement bien involontaire lorsque les ténèbres se dissipèrent, levant le voile sur une scène peu appetissante.
Surmontant son dégout d'une situation qu'il avait grandement contribuée à provoquer, il exhorta les Manostiens.

Essayez de rassembler tous les... morceaux de votre officier, je peux tenter quelque chose dit-il en dirigeant mentalement le mille-pattes monstrueux sur les restes du Cyricien, de manière à le détourner du Manostien.

Il se dirigea tout d'abord vers le Mélandien agonisant, et enchaina deux sorts de soin, sans savoir si l'étincelle de vie restant chez le Talosien pourrait etre ranimée.

Agrippa => soin des blessures importantes => Officier Mélandien
Agrippa => soin des blessures légères => Officier Mélandien

Enfin, il acheva les soins avec un sort que la prudence à l'égard des coutumes des adeptes du seigneur du meurtre recommandait.

Agrippa => Neutralisation du poison ==> Officier Mélandien

Puis, sans preter plus d'attention à l'homme, il révoqua le monstre de la gueule duquel les soldats manostiens avaient sauvés quelques lambeaux, et s'agenouilla devant le corps mutilé de l'autre officier. Il entra dans une méditation profonde afin d'obtenir de son Dieu tutélaire la puissance nécessaire à la réussite d'un petit miracle.

Agrippa => Rappel à la vie ==> Officier Manostien


Bonsoir à tous, je voudrais vous dire à quel point ça me fait plaisir de voir qu'on a pas trop perdu de posts (même si je me souviens d'un post assez hilarant de Morgul qui lui a disparu...), et que j'espère qu'on pourra finalement la voir, cette Manost si difficile à atteindre :notme:

[Mornagest]

[Quête : voir Manost et mourir]

Une fois les morceaux réunis, le prêtre luménien incanta lentement, tout en fermant les yeux. Un léger trouble apparut entre les mains d'Agrippa, provoqué par le déplacement d'énergie divine. Un brouillard blanchâtre enveloppa le corps de l'officier défunt, tandis que le prêtre leva les mains, terminant son incantation.

L'officier était désormais presque invisible, tout au plus devinait-on une silhouette humanoïde sous le linceul brumeux créé. Petit à petit, ce dernier se dissipait, puis Agrippa baissa les bras.

Enfin, le résultat fut entièrement visible. Tous les membres étaient réassociés au corps, à ce détail près qu'il manquait... la tête. Elle était restée au sol, désolidarisée du corps désormais réanimé de mouvements convulsifs de l'officier... qui se leva.

Monstre acéphale, il parvint à se hisser sur les deux jambes, et même, esquisser un pas en direction d'Agrippa, le bras ballant, le geste incertain. Il ne put évidemment voir le tabouret renversé devant lui, trébucha dessus, puis s'étala de tout son long aux pieds du prêtre de Dénéir, dont le visage horrifié fixait encore la tête sans vie du manostien décapité.

Le corps fut encore agité de quelques vagues soubresauts, puis demeura enfin immobile, dans le silence le plus opaque.

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

L'aberration heurta le sol dans un bruit qui souleva le coeur de l'assistance. Le prêtre se figea au milieu de la confusion provoquée par l'affrontement, statue couverte du sang des blessés et des morts.

Sans prononcer un mot, il contemplait le chaos de ses yeux ternes et sans éclat. L'échec de sa tentative de résurrection semblait l'avoir poussé dans ses derniers retranchements, et il n'avait visiblement même plus la force de s'écarter du carnage.

Deux soldats manostiens charitables vinrent le soulever, le saisissant chacun par un bras, et le trainèrent jusqu'à l'extérieur de la tente, où l'air frais lui fit reprendre ses esprits.

Après quelques instants, c'est un prêtre vacillant mais ayant reprit pleine possession de ses moyens qui rentra à nouveau sous la tente, pour assister au dénouement de l'affaire.

[Morgul]

[Quête : Voir Manost et Mourir]

A l'arrivée d'Agrippa, Djago, jambes et bras couverts de sang suite à une fouille méticuleuse de viande hachée mélandienne d'origine contrôlée, cessa sa contemplation de la tête de l'officier manostien et adressa un sourire radieux au prêtre.
- Si t'arrives à r'faire ça à un gars encore vivant, j'te dis plus jamais qu't'es une quiche en baston lui lança-t-il joyeusement. Mais là, j'sais pas trop à quoi ça servait d'faire ça commenta-t-il pensivement en admirant une fois de plus la tête solitaire de l'helmite. L'a l'air vachement surpris, ç'marrant ajouta-t-il avec un petit rire, qui s'interrompit dès qu'il capta l'expression d'Agrippa.
Il prit tant bien que mal un air sérieux, et lui lança à une bourse de cuir sanglante. C'est tout c'qu'y restait sur l'tas d'bidoche signala-t-il en indiquant d'un pouce négligent les restes de l'espion cyricien. Juste d'jolis cailloux et un peu d'fric. Même pas d'mot signé d'son chef. Ou bien ta bestiole l'a bouffé avec les tripes, la cervelle, et l'pied gauche précisa-t-il.

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Le courageux Luménien fit de son mieux pour prétendre que la vue de Morgul en train de jouer avec les restes humains le laissait parfaitement froid, mais il ne put faire moins que de trébucher sur une substance visqueuse non-identifiable à la vue. Pas plus qu'à l'odeur, comme le constata Agrippa, une fois qu'il eut prit contact avec ladite substance, étalé de tout son long sur le sol souillé.

Luttant pour retenir des larmes de dégoût, de rage et de honte mêlés, le prêtre repoussa les avenants Manostiens qui revenaient à la charge pour le remettre sur ses pieds, et lança à la cantonnade quelques jurons bien sentis.

Il était épuisé, à bout de nerfs, et il était grand temps que le voleur de chevaux passe aux aveux.
A moins que celui-ci n'ait souhaité voir à quoi ressemblait un clerc bien décidé à se passer de la bénédiction divine l'espace d'une séance d'interrogatoire, si cela s'avérait nécessaire.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et Mourir]

L'officier mélandien n'avait pas bougé de la tente durant tout ce temps. Sauvé par les soins du prêtre de Deneir, il s'efforçait de retrouver son souffle, sa vue, ses idées et un semblant de dignité face à tous ces soldats qui n'avaient pas levé le petit doigt contre son agresseur.

Ainsi, le cyricien s'était révélé au grand jour... enfin, en pleines ténèbres, mais il se comprenait. Le vieux soldat n'avait jamais accordé la moindre confiance à son second et il ne doutait pas que ce dernier l'aurait volontiers poignardé pour prendre sa place l'occasion venue, mais il ne l'aurait pour autant pas cru assez téméraire pour le faire en public. Les autorités de Melandis avaient été très claires: elles ne voulaient aucune vague durant ce convoi de mise à l'épreuve. Même si elles ne se posaient pas beaucoup de questions en temps ordinaire, fermant volontiers les yeux sur ces promotions internes d'un goût nouveau, il était certain qu'elles ne l'auraient pas accepté cette fois. Le cyricien avait clairement visé la rupture de ban, la mutinerie. Dans quel but?

Le guerrier laissa machinalement ses hommes lui retirer son armure fendue, puis s'adossa à un meuble. Il recommençait de pouvoir identifier les visages... Un bon poison, qui ne lui aurait laissé aucune chance. Où en était-il, déjà? Ah oui, le cyricien qui devait avoir agi pour une bonne raison. Sans doute cela avait-il un lien avec les aveux du petit voleur... Mais qu'est-ce qu'un homme aussi ambitieux que lui pouvait bien avoir à voir avec des voleurs de chevaux?

Il entrevit le cadavre décapité du manostien, et ne put retenir un frisson. Mieux valait celui-là que lui-même. N'empêche: cela aurait pu, cela aurait dû être lui. Enfin, les manostiens n'avaient pas l'air trop désorganisés, ils avaient le sens de la hiérarchie dans le sang, ces helmites... Bonne chose... Le pire avait été évité, somme toute.

Il vit rentrer dans la tente le clerc de Lumenis, qui semblait égaré, et lui marqua sa reconnaissance d'un signe de tête assez las. Puis reporta son attention sur le voleur, qui reprenait son souffle. Visiblement, lui non plus ne savait plus où il en était, ni où reprendre...

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Quelqu'un va-t-il se décider à faire parler cet énergumène, qu'on en finisse? maugréa comme pour lui-même Agrippa en s'asseyant sur un tabouret, un peu à l'écart des restes de la mêlée qui étaient en cours de nettoyage par des soudards des deux camps. L'officier Mélandien avait visiblement du mal à réaliser qu'il était encore en vie, et Agrippa sentit un étrange sentiment de pitié naître en lui à l'égard de l'homme. Face à la mort, les hommes étaient décidément tous égaux.

Le diplomate n'osait pas s'adresser directement au prisonnier, lequel n'avait pas bougé de la place qu'on lui avait assigné avant le combat. L'officier manostien avait l'affaire en main, et le Luménien lui donna mentalement cinq minutes pour faire parler le voleur; après quoi, Dénéir puisse le protéger de sa colère.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et Mourir]

Le voleur se remettait doucement de sa chance. S'il n'avait pas été hors de portée, il aurait certainement été la première cible du cyricien... qu'il n'avait pas vu... maudit sort de flou! Mais ce n'était qu'un aperçu des nombreux amis qu'il risquait fort de retrouver à ses trousses s'il parlait. Ou même s'il se taisait. Plus rien à perdre, si? Les éclabousser, tous. Ne pas être le seul à risquer la faucheuse... Patience, patience! il y en aurait pour tout le monde.

Il jeta un rapide coup d'oeil vers le sous-officier manostien, qu'un malheureux événement venait de promouvoir officier en charge du convoi. L'homme paraissait un peu moins fébrile que son raccourci supérieur.

"Notre engagement tient toujours", confirma le soldat. "Crachez votre morceau, maintenant. Je doute que notre patience puisse durer très longtemps..."

"Si vous y tenez. Je disais donc que nous étions trois voleurs travaillant pour une guilde mélandienne que je vous nommerai si vous insistez très fort..."

Il s'interrompit un instant, comme s'il s'attendait à cet endroit à assister à une nouvelle catastrophe. Mais non, rien.

"On nous a envoyés ici depuis la capitale avec pour ordre de voler des chevaux. Mais pas n'importe lesquels, et pas n'importe comment. Il fallait pas se faire repérer, et cibler nos coups. J'ai reçu ordre de dérober ceux des marchands manostiens qui convoyaient les deux luméniens, ainsi que ceux d'autres marchands au départ de Mélandis. On a pris un deux autres chevaux pour que ça ne se voie pas trop. Le but était de les forcer à se séparer du convoi par faute de véhicule.

En fait, je crois que c'est le chargement de ces marchands qui intéresse les chefs. Ils devaient savoir que ces types-là ne pourraient pas accepter de perdre leur cargaison, et encore moins en laisser la partie la plus précieuse aux mains de leurs collègues."

Le voleur se rengorgea, visiblement assez fier de sa perspicacité.

"Moi, j'crois qu'ils font de la contrebande. J'crois même que c'est du bon lotus noir bien de chez nous. J'crois que les gars qui suivent le convoi, c'est ça qu'ils veulent. J'crois qu'vos marchands, z'ont des amis partout maintenant, et qu'j'aimerais pas être à leur place, ça non..."

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

La révélation du voleur ne surpris guère le diplomate. La connexion entre cette affaire et celle des caisses de lotus noir découvertes par Djago semblait simple en apparence. Mais si l'on cherchait à aller plus loin, nul doute que l'implication de marchands manostiens dans un trafic prenant sa source au coeur de la pègre mélandienne aurait des implications graves.

En l'absence de l'officier manostien tué lors de l'affrontement précédent, le sous-officier avait sans nul doute des envies de prouver qu'il n'avait pas volé son nouveau statut de chef de la colonne helmite. Mais les marchands incriminés étaient vraisemblablement déjà loin, s'ils avaient pris conscience de l'arrestation du bandit de grand chemin.

Djago, je te laisse. Je n'ai plus rien à faire ici, glissa le clerc au garçon en quittant le plus discrètement possible la tente. Une fois dehors, il se dirigea vers le chariot des voyageurs qui les avaient pris en charge depuis Mélandis.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et Mourir]

Evidemment, les marchands incriminés par le petit voleur n'étaient plus là. Profitant de ce que l'attention générale s'était reportée sur l'interrogatoire de Baertan Nyls, ils avaient achevé son oeuvre en volant des chevaux appartenant à leurs collègues et en filant dans les ténèbres avec leur cargaison.

A l'intérieur de la tente, l'interrogatoire se poursuivait. L'officier mélandien avait la présence d'esprit de demander la liste complète des informateurs et complices. Mais, dans son état, il laissait aux manostiens le soin de courir après la poudre noire, si l'envie leur venait...

Agrippa fut bientôt rejoint par le sous officier accompagné de ses hommes. Ils battirent le pavé, grelottants, mais ne trouvèrent de traces exploitables que la marque de roues quittant la piste pour s'enfoncer dans l'obscurité du désert.

"N'ayant pu reprendre la route en sens inverse au risque de tomber sur leurs poursuivants, ils n'ont pu aller bien loin, maugréa-t-il. Je ne peux pas laisser courir ces contrebandiers et leur chargement. Je vais préparer une patrouille. Le convoi restera ici tant que nous ne les aurons pas arrêtés d'une manière ou d'une autre..."

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Agrippa laissa échapper un long soupir de lassitude, alors que le sous-officier manostien donnait ses instructions au peloton de soldats.

J'ai eu ma dose d'émotions pour aujourd'hui, sergent. Il n'avait aucune idée du grade réel de l'homme, et ne ressentait pas l'envie de lui donner un grade plus élevé. J'ai utilisé la quasi-totalité de mon énergie magique, et mon corps las n'est guère enclin à se lancer dans la chasse à l'homme que vous vous proposez d'organiser.
Aussi vais-je vous rendre service en vous soulageant de ma présence vaine. Je me retire pour prendre un peu de repos dans le premier charriot qui voudra bien m'abriter pour la nuit.

Je reste bien entendu à votre disposition, si le pauvre diplomate fatigué que je suis peut vous être utile de quelque manière que ce soit. D'ici là, qu'Helm vous ait en sa sainte garde. Ayant prit congé, le prêtre s'éloigna du groupe pour chercher refuge auprès d'un autre marchand du convoi.

Agrippa est au bout du rouleau (comme moi ), et va se reposer en attendant d'être opérationnel pour la suite, le lendemain... histoire que ce soit vraisemblable. Sans mes sorts, je suis orphelin et un vrai boulet :snif: Morgul, je ne te retiens pas, si tu veux, d'une manière ou d'une autre te joindre à l'expédition. Mon perso patientera bien jusqu'au lendemain. Agrippa se joindra à l'action une fois reposé... si ce n'est pas trop tard.

[Morgul]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Djago sortit joyeusement de la tente, les poches légèrement plus remplies qu'à son entrée, et adressa une moue désolée à l'officier manostien.
- J'vous aurais bien accompagnés pour leur pourrir la gueule, mais si j'le laisse tout seul, à tout les coups, y va encore m'trouver une connerie à faire dit-il en faisant un vague signe du bras vers la silhouette dégingandée d'Agrippa. J'lui demande de m'trouver un type, et on s'retrouve à Mélandis. On squatte un convoi, et on s'retrouve dans vot'merdier d'politiques. Pas qu'j't'aime pas, hein ajouta-t-il, soucieux de ne pas froisser son interlocuteur. Tu s'rais pas manostien, j'suis sûr qu'on pourrait s'entendre comme cul et ch'mise tous les deux. Mais voilà, t'es manostien, et donc t'as autant d'humour qu'un kobold, donc c'est pas possib'. C'pas ta faute, hein. On choisit pas sa famille. T'vois, moi, j'aurais bien aimé naître avec des parents pétés de thune, t'vois. J's'rais déjà ptêt' à la tête de Lumenis, à c't'heure. Une lueur d'horreur traversa un bref instant le regard du manostien à cette pensée, mais il reprit vite son masque de neutralité, conservant un mutisme désespéré. M'fin, j'suis né dans l'quartier Est ajouta le kender avec un soupir de résignation. 'Fin, sûrement. J'regrette pas, r'marque. J'ai pas eu à m'plaindre. Un coin sympa où grandir, l'Quartier Est, continua-t-il, les yeux dans le vague, sans remarquer que l'officier s'éloignait discrètement. Plein d'gens sympas. Plein d'trucs intéressants. Prends, j'sais pas, moi, la natomie. J'connais super bien, maintenant. Y'avait toujours un prêtre d'Illmater pour m'l'expliquer sur un cadavre frais. J'peux t'faire la différence entre un poumon et un rein en deux secondes, même pas. Bon, j'avoue, pour draguer, y'a ptêt mieux, mais imagine, j'suis invité à un repas d'bourges, j'ai un truc commun pour taper la discute. 'près tout, on a tous des reins et des poumons, hein ? fit-il en levant les yeux vers...le ciel. Ben, t'es où ? demanda-t-il, surpris, cherchant sa victime du regard.
Ne la trouvant pas, il suivit les pas d'Agrippa, en machouillant une datte. S'agissait pas de laisser seul le pauvre prêtre solitaire.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Comme il l'avait annoncé, l'officier manostien envoya une patrouille de reconnaissance remonter les traces de roues tant qu'elles étaient encore visibles. Il avait dans l'idée que quatre marchands isolés seraient une proie facile pour une douzaine d'hommes bien entraînés. A supposer qu'ils ne prennent pas la fuite à leur approche. A défaut des marchands que l'on retrouverait tôt ou tard, on aurait sûrement la cargaison, et, si elle pouvait susciter de telles convoitises, il y avait certainement pour une fortune de cette drogue...

Au lendemain matin, quand ils virent que le convoi n'avait pas bougé, Agrippa et Djago n'eurent aucune peine à en déduire que les choses avaient mal tourné. Interrogé, le lieutenant manostien les éclaira de mauvaise grâce.

"La patrouille n'est pas revenue. Nous allons repartir, si vous voulez vous joindre... en plus grand nombre, cette fois. Et avec le renfort des mélandiens..."

A l'inflexion de sa voix, on devinait que la coopération ne le faisait pas rêver.

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Le voyage commençait à devenir passablement mouvementé pour une simple caravane marchande, et Agrippa eut l'étrange impression que Manost se faisait de plus en plus lointaine au fur et à mesure que les jours passaient.
Le clerc avait longuement médité la veille au soir, avant de se retirer pour dormir, et, tirant les leçons des péripéties passées, avait pris la précaution de muscler son arsenal de sort de manière à être paré aux éventuels joyeusetés à venir. Dénéir savait être implacable lorsqu'il le fallait, après tout.

note : nouvelle préparation de sort, voir biographie, en-dessous de la préparation par défaut.

L'air de désespoir profond du sous-officier lorsqu'il annonça aux Luméniens venus aux nouvelles qu'il faudrait monter une opération conjointe avec les Mélandiens pour aller à la recherche du peloton disparu provoqua chez Agrippa un profond agacement, mêlé à de la résignation à l'idée de devoir contribuer à sa façon au bon déroulement de l'affaire.

Hum... Je dois vous avouer que je me sens un peu coupable de ne m'être pas joint à eux hier, alors qu'il en était encore temps, mon lieutenant, commença le Luménien, n'osant pas trop exagérer la soudaine promotion en grade du militaire. Mais peut-être m'autoriserez-vous à me joindre au groupe qui partira aujourd'hui? Je saurai me rendre utile, et l'on a jamais trop de soigneurs avec soi, n'est-ce pas, acheva-t-il sur un ton entendu, priant pour que ses exploits de la veille avec le cadavre de l'officier Manostien aient quelque peu disparu de l'esprit de l'homme. Après tout, ce dernier n'aurait pas eu la moindre promotion si le prêtre avait réussi à ressusciter son supérieur.

[Morgul]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Djago se plaça aux côtés d'Agrippa, se redressant de toute sa "hauteur", long manteau cliquetant et sac bourré de dattes sur les épaules malgré la chaleur matinale, et déclara avec un enthousiasme qui détonnait légèrement avec la morosité ambiante :

J'en suis ! On s'ra pas trop d'deux pour vous empêcher d'faire des brochettes avec les prisonniers sans l'faire exprès, ou pour êt'sûrs qu'vous gardez bien la tête sur les épaules ! ajouta-t-il en riant. Tout seul.

[Lothringen]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Quelques grimaces de dépit plus tard, l'expédition partait, composée, outre nos deux larrons, d'une quinzaine d'hommes de l'une et l'autre nation. D'après les dires des différents informateurs arrêtés durant la nuit, on avait en effet calculé que quinze était approximativement le nombre des bandits qui suivaient le convoi à distance depuis Melandis, attendant l'occasion de s'approprier son lotus noir.

Rapidement remis de sa mésaventure nocturne, l'officier mélandien, quoi qu'un peu nauséeux, avait décidé de se joindre au petit groupe. Tous avaient emprunté un cheval pour tenter de rattraper ainsi l'éventuelle avance des fuyards.

Ils n'avaient pas suivi deux heures l'azimuth pris par la patrouille partie dans la nuit qu'ils découvrirent une scène de carnage des plus évocatrices: une quinzaine de corps rôtissaient en désordre sous le soleil croissant, étalés sur le dos ou sur le ventre, un rictus de douleur sur leurs traits crispés, une déchirure sanglante dans l'abdomen. Un cheval mort abritait dans son ombre le corps recroquevillé d'une jeune marchande. Point de chariot.

Ce combat avait dû être d'une rare violence. Les armures étaient fracassées, les cottes démaillées. On reconnaissait des tabards manostiens et des robes bariolées de marchands, mais aussi le costume plus discret de meurtriers professionnels, dont le cuir était en lambeaux. Le sang, d'un pourpre sombre, avait déjà séché. Cela devait avoir eu lieu durant la nuit.

A mieux regarder les corps, on aurait peut-être pu en trouver un ou deux qui respiraient encore, mais tel n'était pas le principal souci des deux officiers, qui donnèrent ordre de rechercher des traces du trajet suivi par le chariot détourné. En vain. Si les voleurs avaient perdu trois ou quatre hommes dans l'aventure, abandonnés sans vergogne à la cuisson solaire, ils avaient pris soin de ne pas laisser d'autre trace de leur départ. Les éclaireurs eurent beau examiner le sol, le sable soufflé dès longtemps par le vent ne révèlerait plus rien. Le mélandien demanda un mage.

[Agrippa]

[Quête : Voir Manost et mourir]

Lorsque l'officier se retourna vers la colonne pour trouver le mage dont il avait besoin, il remarqua qu'un olibrius en robe avait mis pied à terre, contrairement aux consignes. A la réflexion, l'homme était précisément ce qui ressemblait le plus à un mage au milieu de la bande de soudards que l'officier mélandien avait sélectionnés pour l'accompagner.

Agrippa - car c'était bien le prêtre luménien qui avait sauté de son cheval - errait parmi les corps allongés, dans l'espoir de trouver un être encore vivant au milieu du carnage. Il ne se souciait point des consignes des militaires, et, par Dénéir, celui qui l'empêcherai de porter secours à des mourants n'était pas encore né.