[Commerce] Au Loyal Paladin, Tome II

[Lothringen]

Lothringen fronçait les sourcils, se demandant jusqu'où il pouvait aller dans le sacrifice de soi. D'accord, il voulait bien aider Althea à se changer les idées, mais il n'était tout de même pas prêt à accepter n'importe quoi. Il lança sur Titoeil un regard lourd de sens, lui signifiant qu'il vaudrait mieux pour lui ne pas aller trop loin, puis adopta la position réclamée, en prenant soin de ne pas se trouver trop près de la jeune femme, tant par gêne naturelle que pour éviter de la gêner davantage. Dyonis étouffa un éclat de rire: Lothringen avait vraiment l'air de tenir par les coins supérieurs un bout de torchon sale.

"Bon, et après?" Fit le semi-drow en esquissant une moue impatiente.

[Althéa]

Althéa avait rougi jusqu'aux oreilles et étouffé un éclat de rire nerveux. Sa position était pour le moins embarrassante. A demi sur un pied pour atteindre l'épaule de Lothringen, elle penchait dangereusement en arrière faute de serrer d'avantage la main du conseiller pour avoir un minimum de stabilité. Si elle bougeait trop, elle risquait de les faire tomber tous les deux. Cela ressemblait plus à un sport de lutte du levant qu'un tour de danse. Elle sentait Lothringen tout près d'elle. Et curieusement, cela ne lui déplaisait pas tant que cela.

Elle se sentait totalement gauche et maladroite. L'espace d'un instant, elle perdit tout à fait l'équilibre et se retrouva dans les bras de Lothringen.

« Pardonnez moi » souffla-t-elle confuse. En même temps, elle sentait les bras du semi drow l'enserrant ... Mais que lui arrivait il donc ? Elle se dépêcha de s'écarter de lui.

Puis, se tournant vers Titoeil, elle lui lança un regard noir avant de lui demander :

« Et maintenant ?
- Et maintenant, place à la musique et au rythme, répondit le tavernier hésitant entre se mettre à rire à son tour, regarder le bout de ses chaussures, arrêter d'office les hostilités par crainte de représailles, avant de se décider à faire signe aux musiciens, nous pourrions commencer par une danse lente. Vous verrez, c'est facile, il y a trois temps. Il vous suffit de compter ... Un, deux, trois ... »

Et sur ses paroles, les musiciens se mirent à jouer. Althéa sans le vouloir ferma les yeux, se laissant emporter. Cette fois, ils allaient devoir bouger ...

[Lothringen]

Lothringen n'avait guère prêté d'attention à la demi-chute d'Althea entre ses bras. Pour ce qu'elle pesait, une plume en plein vent... En revanche, si elle pouvait faire ce genre de maladresse à l'arrêt, c'était assez peu prometteur pour la suite.

Il s'efforça de bien faire les choses, se concentrant pour écouter quelques temps la musique, le temps d'en trouver le rythme. Un, deux, trois... La mélodie lui plaisait. Ces bardes avaient du talent. Il aurait vraiment préféré demeurer assis et écouter simplement, sur sa chaise. Un, deux, trois... Oui, il repérait bien le rythme lancinant derrière les phrases musicales, mais est-ce que cela lui disait quels pas il devait y associer?

Il se souvint des danses populaires auxquelles il avait pu assister quelquefois. On partait pour un pas en arrière, pied gauche, puis encore un pas sur la gauche, un deuxième chassé sur la droite... et sans savoir comment on se retrouvait avoir fait un quart de tour droite... Ou bien gauche? Il revisualisa la scène et décortiqua les mouvements des danseurs. Non, non. C'était bien droite. Ne pas se tromper de rôle. Lui, il faisait l'homme. Ah oui. Comme il aurait voulu pouvoir serrer le sien entre ses bras... Mais oublions cela. Il se lança.

Quel ennui que de devoir traîner sa cavalière réticente comme un poids mort! Althea mit deux temps à comprendre pourquoi Lothringen la tirait en avant, et le temps qu'elle s'exécute, ils avaient déjà perdu le rythme. Le semi-drow s'immobilisa en soupirant, laissant ses bras tomber le long du corps. Tout ceci était-il bien nécessaire?

[Althéa]

C’est ce moment là que choisit Althéa pour retrouver le rythme et l’emporter avec elle dans la danse. Puis, doucement, elle se laissa conduire. C’était étrange. Dans les bras de Lothringen, elle oubliait sa peine, la survolait presque. Sans trop le vouloir, elle se serra un peu plus contre lui. Oui, elle se sentait mieux. L’image de son père disparu trop tôt s’estompait pour le moment. Peut être la regardait il danser avec le sourire. Curieusement, elle ne culpabilisait plus de se sentir bien à ce moment là. Elle voulait oublier, juste quelques instants. Juste quelques pas de danse.

Elle ferma les yeux, juste guidée par Lothringen et la musique. Comme il l’emmenait loin. Elle se serra un peu plus contre lui. Un, deux, trois … Secondes dérobées à la peine, à l’absence. Un, deux, trois … Instants de soleil qu’elle emmènerait dans la pénombre. Un, deux, trois … Elle aurait voulu que la danse ne s’arrête pas.

[Lothringen]

Le semi-drow avait commencé par se concentrer sur ses pas comme sur un exercice d’arithmétique. Un, deux, trois, équidistants, pour finir pi sur deux sens retour. Bien tenir compte de l'état du parquet, de la résistance de la masse inerte et de l’amorti dans les virages. Il en oubliait même de regarder ses pieds. De temps à autres, les souliers menus d’Althea le piétinaient allègrement, mais il le lui rendait bien. Ils allaient d’ailleurs suffisamment vite pour que ce soit sans grandes conséquences sur leurs orteils.

Un, deux, trois… Cela venait. Ce n’était pas sans évoquer chez lui le souvenir des manœuvres militaires, à cette différence près que la musique était de meilleure qualité, et que Titoeil n’était pas du tout crédible en sergent chef. Hé. Mais qui donc à Manost pouvait savoir qu’il savait faire ses pas comme le bon petit soldat qu’il était encore, deux ou trois ans plus tôt ? Sur Féerûne…

Sournoisement, Dyonis et Lyra avaient peu à peu accéléré le rythme de leur mélodie, et pour l’instant ils parvenaient à suivre, plus ou moins. Cependant Althea devait commencer à perdre l’équilibre, car elle se cramponnait de plus en plus à la taille du conseiller. Lothringen jeta un regard sur elle, par au-dessus, et vit qu’elle fermait les yeux. A quoi songeait-elle donc ? elle se reposait entièrement sur lui, ça n’allait pas l’aider. Il reporta un regard curieux sur Titoeil, au tour suivant. Ce dernier avait l’air ravi : sa petite protégée ne pensait plus à son père… Moui.

[Althéa]

Et soudain, la musique s'était modifiée, subtilement pour parvenir à une autre mélodie. Althéa se figea. Cette ballade, elle la connaissait. Ephilie et Thom l'avaient tant changé en la berçant. Ses yeux s'ouvrirent en grand et elle s'arrêta net de danser. Et l'air se poursuivait, l'emportant avec elle. Quelques instants plus tard, elle chantait. Une voix douce et quelque peu éraillée, oscillant quelque peu dans les aigus. Une voix timide mais forte. Elle chantait dans un accent différent, guttural, presque incompréhensible. Un accent au goût d'ailleurs :

"Au delà de ces montagnes bleues battues par le grand vent
Vers les déserts de glace et les déserts de sang
Aux limites de Thoril et au delà des plans
Toi et moi, mon ami, toujours nous marcherons.

Par delà la crête des vagues et la rumeur des mers
Sur le sable noir des pentes des volcans
Dans les déserts de sable et les déserts de sel
Toi et moi, mon ami, toujours nous marcherons ..."

Et, sans s'en rendre compte, elle regarda Lothringen pour reprendre la suite :

"Si toujours ta main reste dans la mienne
Au delà du froid, du feu et de la mort
Au plus fort de la rumeur du vent
Toi et moi, mon ami toujours nous marcherons

Plus de murs, ni aucune frontière
Ensemble, plus aucune limites
Ensemble, nous irons plus vite que le vent.
Toi et moi, mon ami, toujours nous marcherons ..."

Et soudain, elle se tut. Une larme roula sur sa joue. Mais ses yeux n'avaient pas quitté ceux du semi drow.

[Lothringen]

En voyant Althea abandonner la danse, Lothringen avait aussitôt profité de l'aubaine pour aller s'adosser au mur le plus proche, bras croisés. Il connaissait lui aussi cette ballade. Etait-ce sa mère qui lui chantait cette berceuse? L'avait-il entendue ailleurs? Les deux, sans doute. L'air en était connu. La vois presque brisée d'Althea lui donnait une force nouvelle, et, quand elle se tut, son émotion l'avait gagné.

"Et même si des vents impatients nous séparent
Que le sel et le sang auront brûlé nos yeux
Nous nous retrouverons à la fin de l'histoire
Ensemble, mon ami, nous nous souviendrons mieux..."

Lothringen avait prononcé ces mots presque à voix basse, et non chanté. Aux regards intrigués qui convergèrent vers lui, il ne fit que hausser les épaules.

"C'est le dernier couplet."

[Althéa]

Elle avait écouté la fin de la chanson sans pouvoir se détacher de Lothringen. Lumière d'abysse contre lumière de pénombre. Pourquoi le regardait elle ainsi ? Elle ne comprenait pas ... Il connaissait aussi cette chanson si ancienne. Un souvenir lointain, un souvenir qu'ils avaient partagé. Et en cet instant, en communion, leurs mémoires s'étaient parlées. Sur ses joues, les larmes s'étaient taries. Et elle le regardait fixement sans vraiment s'en rendre compte. Pourquoi ? Elle avait Agrippa qu'elle aimait et qui l'aimait tendrement.

Mais il y avait eu ce jour, deux mois auparavant où il l'avait sortie de ses ténèbres, à bout de bras. Il avait réussi à faire voler en éclat la tour d'ivoire qui la retenait prisonnière. Lui seul était arrivé à la rejoindre dans son désert de larme.
Et à présent, la voix chargée d'émotion, il avait fini la chanson.

Le silence se fit dans la salle ...

Soudain, un toussotement ... Titoeil ... Lui non plus ne comprenait pas et commençait à se sentir quelque peu mal à l'aise.

"Hé bien, après ce joli intermède musical nous pourrions peut être nous désaltérer le gosier, qu'en dites vous conseiller ?"

[Lothringen]

"Mordiou! J'en dis que c'est pour cela que je suis venu, et que ma noire est tout à fait chambrée maintenant!"

« Dryade risque de ne pas trop apprécier la commande. Je vais donc nous servir moi même ... Je réussirai à dompter le dragon ... Si vous ne me voyez pas revenir, allez chercher les prêtres. Ils comprendront ... »

Le sourire aux lèvres, Lothringen alla chercher des chaises supplémentaires, afin de permettre à tout un chacun de s'installer autour de la table du fond, près de l'escalier. Althea y prit bientôt place, l'air absent, tandis que les deux bardes accueillaient avec empressement cette occasion de se reposer enfin les jambes. Soucieux de détourner l'attention, le Conseiller s'efforça poliment de les faire parler.

Dyonis et Lyra n'étaient guère bavards, mais, à force de patience, le semi-drow finit par leur faire dire qu'ils étaient originaires d'Helonna et avaient fait la connaissance de Titoeil quelques années auparavant, à la foire annuelle de Cojum. Il y cherchait un nouveau fournisseur de vins fins; ils y cherchaient de nouvelles partitions: ils s'étaient plu dès le premier contact, il est vrai un peu douloureux, lorsque la charrette de l'un avait rencontré les tibias des deux autres. Lorsque Titoeil revint avec son plateau, l'air d'avoir affronté la tarrasque, les deux bardes, un peu détendus, en étaient à mimer la scène en riant.

[Althéa]

Althéa les avait entendus plus qu'écoutés. Elle avait souri quand ils avaient ri, pour donner le change. Elle avait regardé sans les voir les deux bardes mimant la scène. Mais elle n'était pas là. Une partie d'elle même cherchait encore son chemin dans les cryptes de Mélandis, appelant en vain son père qui ne reviendrait jamais. Elle avait encore dans l’esprit un refus catégorique essuyé la veille dont elle avait du mal à se remettre.

Le tavernier, remarquant son air sombre, avait voulu la rappeler parmi eux et lui avait demandé :

« Elle est bien bonne celle là, n'est ce pas Althéa »

La question l'avait surprise au moment où elle s'y attendait le moins. Totalement perdue, décontenancée, elle tenta tant bien que mal de retomber sur ses pattes. Croyant que l'on parlait de Dryade, elle répondit :

« Mais vous savez, elle a bien d'autres qualités que celle là. La bonhomie, une certaine douceur, une certaine facilité à réagir rapidement quelques soient les circonstances, un sens aigu de la répartie, des avantages très convainquants. Et elle pourrait être bien contente que vous alliez le lui dire plutôt que de vanter ses mérites en public. Vous devriez peut être le faire avec des fleurs, pour qu'elle puisse se faire les crocs dessus avant, juste au cas où ... »

[Lothringen]

Titoeil en demeura sans voix – mince affaire! - tandis que les trois autres convives, d'abord interloqués, se mettaient à pouffer d'un rire inextinguible. Comprenant vaguement qu'on était en train de lui supposer des galanteries d'un goût spécial, le tavernier rougit jusqu'aux oreilles avant de réussir à balbutier:

« Mais, euh... de quoi parlez-vous, Althea? »

« Je crois que c'est... » commença Dyonis d'un air sournois, avant de se faire couper la parole par Lothringen.

« Je crois qu'Althea n'a pas suivi de très près la partie cojumienne de vos exploits routiers. Gageons qu'elle aura droit quelque jour à une séance de rattrapage... En attendant, hum... toujours aussi bonne, cette bière. Sans allusion déplacée.»

[Althéa]

« Oui, toujours très bonne ... » avait repris Althea avec une grimace en direction du Conseiller.

A ce moment, les deux bardes après un signe de tête se levèrent. Lyra bailla avec distinction et annonça de sa voix claire et douce :

« Hé bien, chers amis, nous venons de passer une très bonne soirée en votre compagnie. J'espère qu'il en ira de même demain. Mais Dyonis et moi avons fait un long voyage pour arriver à Manost"

-Je comprends, dit Titoeil en se levant à son tour, si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer vos chambres »

C'est ainsi que Lothringen et Althéa se retrouvèrent seuls à la table. Althéa regarda Lothringen un long moment sans parler, comme en l’attente de quelque chose, mais de quoi ? Et, se levant à son tour dans l'espoir de retrouver la morosité de son petit coin sombre, elle lança d’un ton étrangement badin.

« Hé bien, il est vrai que nous avons passé une bonne soirée. Je crois que je vais aller dormir moi aussi, Titoeil ne va pas tarder à revenir ... Et merci pour ce tour de danse, ce fut fort agréable »

Et elle commença à tourner les talons après un clin d'oeil.

[Lothringen]

Assis qu'il était aux côtés de la bretteuse, Lothringen n'eut que le temps de l'attraper par la manche avant qu'elle ne s'enfuie tout à fait hors de portée.

« Je vous laisserais bien partir, si je pensais que vous alliez passer une bonne nuit... Mais tout ne va pas pour le mieux, vous ne venez pas de passer une bonne soirée et ce n'est pas en me tournant le dos que vous me convaincrez du contraire. Etes-vous certaine de vouloir être seule, Althea? »...

Et pour appuyer ses propos, il lui décocha un regard certes patient, mais inébranlable.

[Althéa]

Elle avait tenté de soutenir son regard. Une minute puis deux, puis trois s'étaient écoulées. Elle était restée debout devant lui, les bras croisés, à lui tenir tête. Mais le semi drow ne baissait pas son regard. Lothringen put y lire plusieurs ombres mêlées, un peu de surprise d’avoir laissé ses émotions transparaître, la honte de s’être laissé découvrir, aussi un peu de colère pour l’avoir percée à jour et toujours, ce je ne sais quoi d'autre ...

Ce fut elle qui baissa les yeux et en même temps laissa s'effondrer la muraille qu'elle avait bâtie autour d'elle. Elle céda sans un bruit, emportée aussi vite qu'un fleuve de larmes. Quelques secondes plus tard, elle pleurait par grands sanglots étouffés la tête dans les mains dans l'espoir de se cacher encore un peu histoire de garder intact le peu d'orgueil qu'elle possédait encore.

[Lothringen]

Et tout cela, à cause de cette calamiteuse expédition melandienne dont il n'avait pas manqué de dire ce qu'il pensait en temps et en heure. Les trois téméraires auraient pu éviter ce gâchis avec un peu plus de préparation, un peu plus de prudence, et c'était avec un mélange de dépit et de colère que Lothringen avait appris quel enchaînement de bévues avait conduit à la mort de Thom Merillym. Quelle sottise, quelle épouvantable stupidité. En d'autres temps, il aurait fulminé.

Mais là... Il ne servait à rien d'accabler Althea quand elle venait de perdre son père. Et les paroles de condoléance ou de consolation refusaient de venir. Il ne trouvait rien à dire. Il n'y avait rien à dire. C'était une perte irréparable, un manque qui resterait toujours dans un creux de son coeur. Lui, il n'avait jamais eu de père: il savait bien. Alors, que dire? L'oubli, d'autres rencontres, quelle plaisanterie. L'éternité, les plans, alors que l'on adore des dieux différents? La rupture serait sans retour.

Althea venait de butter sur un coin de la table, menaçant d'en renverser les bières et de se fracasser sur le sol avec elles: Lothringen la rattrapa à mi-parcours, et, bien qu'il n'aimât guère l'idée de se retrouver en cette position, il se leva pour la retenir entre ses bras. Secouée de sanglots convulsifs, Althea continuait de se cacher le visage dans les mains, apparemment très occupée à délayer les fonds de chopes. Le semi-drow essaya maladroitement de la calmer, songeant malgré lui à Titoeil qu'il lui semblait à tout instant apercevoir en haut de l'escalier.

[Althéa]

Elle était restée un long moment sans pouvoir se calmer. Trop de tristesse retenue. A peine sortie de son état de choc grâce au Conseiller Manostien, elle avait dû refaire face à Titoeil et à la vie quotidienne. Les larmes donnaient un mauvais goût aux plats et à la bière, les pleurs faisaient fuir les clients les plus courageux. A la Vierge d'Argent, aucune place pour les états d'âme, cela risquait de compromettre les missions.

Et aujourd'hui, contre toute attente, on lui tendait les bras. On lui offrait une cachette pour abriter sa peine. Et dans ces bras là qui ne jugeaient pas, elle se sentit soudain à l'abri. A l'abri de ses pensées, et du monde autour. Un abri en douceur et en force, différent des bras d’Agrippa.

Trop à l'abri peut être car, sans réfléchir à ce qu'elle faisait – comme si son corps avait était animé par une volonté propre – elle leva la tête et à la vitesse de l'éclair posa ses lèvres sur celles du semi drow. Et, tout à coup, se rendant compte de ce qu'elle venait de faire, elle tourna brusquement les talons et se dirigea à toute vitesse vers la porte de la taverne, faisant tomber une chaise et deux chopes qui allèrent se fracasser sur le sol avec un grand bruit sous le regard abasourdi de Titoeil qui avait assisté à la scène du haut des marches ...

[Lothringen]

Cette fois-ci, Lothringen oublia de la retenir. Il était beaucoup trop occupé à rassembler ses esprits. Que venait-il de se passer, au juste? Quel rôle devait-il jouer dans cette mauvaise farce? Et surtout, avait-il fait quoi que ce soit pour mériter la rougeur qui lui remontait inexorablement des pommettes à la pointe des oreilles? Il avait beau repasser en revue ses faits, gestes et paroles de ces derniers jours, rien ne lui semblait expliquer la réaction de la jeune femme.

Et le pire, c'est qu'elle venait de s'enfuir, ce qui rendait impossible toute tentative de mise à plat. Enfin, non. Le pire, c'était probablement le regard amusé de Titoeil, en haut des marches, et le grincement de porte lui signalant que Dryade n'en avait pas non plus perdu une miette. Autant dire que dans quelques heures, l'incident aurait fait le tour de Manost.

Suffisamment humilié pour la soirée, Lothringen incanta sans plus tarder son sort de téléportation, afin de retourner directement au palais.

[Saiko]

Quete : Abandon...

En arrivant du temple de Helm

Le rôdeur avait laissé Bryan seul au temple de Helm en compagnie des prêtres et de Calawen probablement. Il était revenu bredouille de la longue discussion d'avec le garçon dont l'objectif vain était de recueillir des indices substantiels qui lui permettraient de retracer sa soeur.

Puisque Bryan ne lui avait été d'aucune aide, il avait décidé de venir glaner de maigres informations chez Titoeil. En effet c'était au Loyal que le rôdeur avait rencontré Elza la première fois et il lui semblait qu'elle y avait pris une chambre.

Quand Titoeil le vit entrer dans la taverne, il leva les deux bras en signe d'accueil en le gratifiant d'un salut chaleureux et lui offra un repas.

- Saiko ! Bienvenue, bienvenue... Tu viens prendre un bon plat de ragoût je suppose ?

- Pas tout de suite Titoeil, je te remercie. Je ne refuserais pas ce délicieux plat en temps normal mais je suis venu pour une autre affaire.

Titoeil se rassombrit immédiatement. Le ton du rôdeur laissa transparaître une certaine inquiétude. Bien qu'il ait l'habitude de fanfaronner pour amuser la galerie, Titoeil n'aimait pas tellement l'aventure. Il s'assit à la table la plus proche et invita l'homme panthère à l'imiter. Un claquement de doigt et Dryade déposa deux choppes de bière sur la table.

- Bien... de quoi s'agit-il ?

Il fallait pour que Titoeil s'occupe d'un problème qu'il soit dans des conditions optimales, c'est-à-dire, assis et avec quelquechose à boire. Le rôdeur le rassura quand à la gravité du problème.

- Rien de problématique pour toi. En fait je suis à la recherche d'une femme dénommée Elza, c'est la soeur de Bryan, le jeune garçon qu'on a remonté des Caves. Il me semble qu'elle avait pris une chambre au Loyal, peut-être même que cette chambre lui est encore réservée. Dans ce cas peut-être que je pourrais jeter un coup d'oeil à ses affaires ?

- Ca fait beaucoup de peut-être, jeune homme. Je vais commencer par voir si nous avons une trace de cette Elza.

Il commenca à tourner les pages du registre que lui avait amené Dryade.

[Althéa]

Quête : abandon

Sur la page, il y avait bien les noms et prénoms de la voleuse et du petit garçon. Par contre, il n’avaient pas encore payé leur note, comme s’ils n’avaient pas prévu de partir de si tôt … Quelque chose d’assez inquiétant donc. Mais cela pouvait aussi signifier que la jeune femme était partie sans payer en laissant son petit frère.

Etrange, car Elza avait l’air de tenir beaucoup à Bryan, comme le fit remarquer Dryade. Elle avait vu partir la jeune femme au matin mais celle-ci lui avait fait part de son intention de revenir. Etrange, vraiment étrange …

"Je me souviens qu'elle avait essayer de chaparder chez nous. Elle a peut être voulu essayer ailleurs ..." se souvint la semi orque.

[Saiko]

Quete : Abandon...

Le rôdeur fut soulagé de constater qu'Elza avait encore une chambre à son nom. Qui sait ? Peut-être qu'il y trouverait des indices ? Cependant il fut déçu de constater que la voleuse avait tenté de voler la taverne. Cela rendrait plus difficile à Saiko le fait de convaincre Titoeil et Dryade qu'Elza faisait partie des gentils... Déjà qu'il n'en avait pas la certitude lui-même.

Il n'hésita pas longtemps. Le rôdeur n'arrivait pas même à se mentir à lui-même, comment pourrait-il mentir à un ami ? Le simple fait de lui cacher la vérité lui était impossible.

- Eh oui... J'ai appris que cette fille, ou femme, Elza, était une voleuse assez douée. D'après son petit frère, elle fait cela uniquement pour assurer leur subsistance.

Ecoutez, je vais avoir besoin de votre aide pour la retrouver. Si elle est gentille, elle vous paiera la note et vous rendra ce qu'elle aura volé. Dans le cas contraire, je m'assurerai qu'elle le fera même si c'est contre sa volonté, et j'en prends la responsabilité.

Maintenant, je voudrais que vous m'autorisiez à inspecter sa chambre. Dryade, auriez-vous la moindre idée de ce qu'elle pourrait convoiter comme butin ?

[Althéa]

Quête : abandon

Dryade regarda le rôdeur d'un air suspicieux. Mettre le nez dans les affaires de sa cliente, c'était un peu comme mettre le nez dans les siennes. Le Loyal était sa maison, chaque chambre était un peu la sienne. L'homme panthère n'avait pas l'air de jouer dans la dentelle. Et s'il lui prenait envie de chambouler tout ?

"D'accord. Mais si vous laissez la moindre petite parcelle avant votre départ, je vous assomme" prévint elle d'une voix enjouée.

[Saiko]

Quete : Abandon...

Le rôdeur afficha un sourire satisfait sous son masque (personne ne put le voir donc).

- Enfin Dryade... Vous oubliez que vous avez affaire à un rôdeur ! Je ne laisserai ni traces, ni odeur, et je laisserai tout dans l'état où je le trouverai, je vous le promets !

Satisfaite, Dryade lui tendit la clé en lui précisant la direction à prendre. Le rôdeur n'eut pas de mal à trouver la bonne porte. Il entra.

(HRP = A toi de décrire la pièce )

[Althéa]

Quête : abandon

Une chambre assez petite mais confortable. Un lit, une étagère, deux fauteuils rembourrés, une commode. Voila de quoi se constituait le mobilier de la chambre d'Elza et de Bryan. Tout y était scrupuleusement rangé, à croire que la voleuse ne souhaitait pas que l'on fouille trop vite dans ses affaires.

Saiko devrait donc fouiller s'il voulait espérer trouver quoi que ce soit pouvant ressembler à un indice …

[Saiko]

Quete : Abandon...

La chambre était impeccablement propre et ordonnée. Cela ne surprenait pas le rôdeur qui s'imaginait bien qu'une voleuse de haut niveau devait prendre soin de tout. Rien ne trainaît : pas de vêtements sur le lit ni par terre, pas d'objets laissés sur la commode dont les tiroirs étaient tous fermés.

Il se doutait bien que si la voleuse avait caché un objet important, elle aurait choisi un emplacement soigné. Il réveilla Shadji qui se trouvait encore dans sa besace, Norak étant resté avec Bryan. Il lui ordonna de regarder partout où le rôdeur n'aurait pas un accès facile : sous la commode, sous et sur l'étagère, sous le lit et sous les fauteuils... tout cela en lui précisant de vérifier si il n'y avait pas de fausses doublures sous les tissus.

Pendant ce temps là, il ouvrit un à un les tiroirs de la commode.

[Althéa]

Quête : abandon

Il trouva des vêtements et quelques livres. Une bourse pleine cachée sous le matelas. Rien de bien étrange somme toutes. Peut être ne cherchait Saiko ne cherchait il pas au bon endroit. Il était difficile de se mettre à la place d'une voleuse accompagnée de son petit frère.

Peut être ne comptait elle pas s'éterniser à Manost. Peut être voulait elle gagner de l'argent le plus possible. Mais où en trouver ? N'y avait il pas une bijouterie dans la ville ?

[Saiko]

Quete : Abandon...

(HRP = Arf... Je t'ai connue plus sadique ! Ne t'inquiète pas pour ma santé mentale et relis les trois-quatre posts précédents de moi : je demande à Dryade de me dire si elle connaît un endroit que Elza voudrait voler... Elle aurait pu me conseiller la bijouterie )

Le rôdeur hésita quand à l'idée de garder la bourse avec lui. Non pas qu'il y vit un malhonnête profit, il se disait que peut-être Elza viendrait la lui réclamer. S'il n'arrivait pas à la trouver, peut-être que elle y parviendrait.

Finalement Elza n'avait pas encore commis de crime ici, il n'y avait aucune vraie bonne raison de conserver la bourse. Il laissa tout en place et redescendit dans la salle à manger.

Dryade le vit descendre et le toisa d'un regard interrogateur.

- Je n'ai rien trouvé...

Il reposa la clef sur le comptoir et s'apprêta à repartir vers le temple de Helm retrouver Calawen quand il eut une idée :notme2:

- Si je veux trouver des pierres précieuses ou autre objet de valeur, du genre or ou diamant... sais-tu où je dois me rendre ?

Dryade n'était pas du genre à s'affubler de bijoux, tant elle se satisfaisait de sa touffue toison. C'est Titoeil qui avait entendu la conversation qui répondit.

[Saiko]

- Une bijouterie !? Va à la fibule dorée mon garçon ! Elle se trouve sur la place du temple, on se demande quelle clientèle ils arrivent à attirer, il n'y a que des prêtres la-bàs...

- Bien ! J'irai faire un tour par là-bas donc...

Le rôdeur quitta le Loyal Paladin. Il ferait un saut par le temple pour retrouver Calawen.

[Auregann]

Arrivant du débarcadère et ne sachant trop par où commencer pour découvrir la ville, Auregann emprunta quelques rues au hasard et finit par tomber sur l'enseigne discrète du Loyal Paladin.
Parfait, se dit-elle, commençons par aller boire un verre dans une taverne, histoire de se faire quelques connaissances, voire y proposer mes services...
De fait, elle poussa la porte et entra dans la pièce.
Son regard fit le tour de la salle, du comptoir jusqu'à la cheminée. Elle fit quelques pas, puis déposa sa harpe qui commençait à peser sur son épaule.
Elle salua d'un signe de tête les quelques personnes qui s'étaient retournés à son entrée, gardant toujours un air avenant sur son visage, mais n'osant engager la conversation tout de suite. Après tout, elle ignorait tout des us et coutumes de Manost.

[Althéa]

C’est un Titoeil, les yeux bouffis de sommeil qui vint à sa table. Il avait, la veille passé une soirée avec deux bardes comptant parmi ses proches amis, le conseiller Lothringen en personne, et Althéa. La fin de la soirée avait été on ne peut plus mouvementée.

Un baiser … Il en était encore tout retourné. Bien sûr, il l’avait vécu par procuration mais l’événement n’avait pas manqué de le l'atteindre. Comment cela se pouvait il ? Quelle mouche avait donc piqué Althéa pour qu’elle en vienne jusque là. Sa protégée avait décidemment d’étranges lubies. Que Lothringen en soit la cible ne le surprenait pas tant que cela mais tout de même. Elle n’était pas seule …

Il l’avait vu il y a peu marchant aux cotés d’Agrippa d’Orgeval, le luménien des affaires religieuses. C’est sûr que le jeune homme était on ne peut plus sérieux. Mais de là à embrasser le conseiller manostien … Il lui en passait décidément de drôles d’idées par la tête. Lothringen en avait été si gêné qu’il s’était téléporté dans la minute qui avait suivi le baiser. Peut être ne reviendrait il plus jamais ? Il grimaça à cette pensée. Puis, se rendant compte qu’il était devant une cliente, il retrouva assez d’esprit pour lui demander :

« Qui souhaitez vous embrasser … Heu … Pardon … Que souhaitez vous commander ? »

[Auregann]

La demi-elfe jeta un bref coup d'oeil à la liste des boissons affichée au dessus du comptoir, puis, ne relevant pas l'étrange lapsus de celui qui semblait être le tavernier, elle répondit en souriant :

"Une bolée de cidre, s'il vous plaît."

Alors que l'homme lui apportait sa boisson, elle décida d'engager la conversation.

"Je m'appelle Auregann, je viens d'arriver à Manost par la mer... oh, et comme vous pouvez le constater, je suis barde itinérante. J'espère trouver en ville des auditeurs pour mes récits et mes chants..."

Toujours souriante, elle acheva sa phrase en un geste en direction de la housse qui laissait distinguer une forme de harpe, posée à terre près d'elle.