[Commerce] Au Loyal Paladin, Tome II

[Althéa]

Une barde, ici ! Au Loyal Paladin … Cela faisait longtemps qu’il n’y en avait pas eu. Depuis la fameuse soirée d’ailleurs. Et en voila une qui se présentait avec sa harpe. Quelle aubaine. Un peu plus et il lui aurait sauté au coup. Non … Réfréner ce genre de pulsions, c’était peut être contagieux.

« Enchanté ma demoiselle. Et heureux d’accueillir une barde parmi nous. Mon nom est Titoeil Debeurré, gérant de la plus grande et la plus populaire taverne de la ville, j’ai nommé LE Loyal Paladin. J’espère que votre séjour parmi nous sera le plus agréable possible et vous donnera envie de rester parmi nous. Mais dites moi, comptez vous vous installer pour quelque temps en ville ? Peut être consentiriez vous à nous jouer un petit quelque chose. Cela fait si longtemps que l’on n’a pas entendu de musique par ici … »

Et il prit son air de chien battu auquel personne ne pouvait résister.

[Auregann]

Auregann écouta les paroles de Titoeil et répondit aimablement :

"En effet, je compte m'installer quelque part en ville. Quant à vous jouer un air, bien sûr, le temps que je finisse mon cidre et que je m'installe !"

Sitôt dit, la jeune barde finit sa chopine et s'assit sur une table innocupée, les pieds sur le banc. Elle tendit le bras vers sa harpe, puis se ravisa : les contes et les douces mélopées seraient pour une autre fois, pour l'instant, il fallait de la gaieté, des chansons à frapper du pied et à claquer des mains.
Elle sortit donc de sa sacoche sa double flûte de bois, soigneusement enveloppée dans du tissu. Puis, s'adressant à son modeste public, elle déclara :

"Messieurs dames, laissez moi vous jouer un petit air qui court sur les routes, là d'où je viens..."

Elle entama une musique joyeuse et dansante, une de celles que son maître lui avait appris jadis, une de celles qui avaient fait danser les elfes dans les bois de Calimshan. D'abord assise, elle s'était remise debout sur le sol, et son pied battait la mesure, alors que de plus en plus sa mélodie accélérait.
Ses doigts entraînés couraient sur les deux manches de l'instrument sur ce morceau qu'elle connaissait bien, et lorsqu'elle s'arrêta, à peine essoufflée, il lui sembla que son ancien professeur était quelque part, dans un recoin sombre de l'auberge, et la regardait en souriant.

[Althéa]

Peu à peu, les personnes présentes avaient stoppé leurs conversations pour mieux l'écouter. Un bon nombre s'était même mis à taper des mains pour l'accompagner. Et, peu à peu, la magie avait opéré. Magie de la musique ... Elle courut dans la salle d'oreilles en oreilles tel un feu follet. Bientôt, elle fut personne à part entière dans la salle. C'est elle que l'on écoutait.

Et les doigts d'Auregann semblaient voler sur l'instrument, au gré des trilles et des croches, des syncopes et des rondes. Le temps lui même suspendit son vol pour pouvoir l'écouter.

A la fin du morceau, il n'y eut pas un son, pas un souffle. Puis, un enfant au fond de la salle commença à applaudir. Et bientôt, se fut tout le monde qui se mit debout pour saluer la performance. Titoeil, un grand sourire aux lèvres revint vers la jeune femme.

"Demandez ce que vous voulez pour vous désaltérer ou vous nourrir. Je vous l'offre. Et même, si vous cherchez une place de barde en résidence chez nous, c'est avec joie que nous vous la proposons ... S'il vous plaît, dites oui"

[Auregann]

Auregann ne s'attendait pas à un tel enthousiasme de la part des clients du Loyal Paladin. Néanmoins ils l'applaudissaient à tout rompre. Elle sourit et s'inclina légèrement.
Lorsque le tavernier s'avança vers elle, elle prit une inspiration avant de répondre :

"Votre proposition me touche beaucoup, Titoeil, néanmoins, je me dois de la refuser pour l'instant. J'ai besoin de bouger, de visiter la ville, avant de m'installer qoù que ce soit... et j'avoue qu'aller de porte en porte me plait beaucoup plus que de me fixer quelque part, mais..."

Voyant l'air dépité de son interlocuteur, elle reprit :

"...mais j'y réfléchirai. Et maintenant, désirez-vous un autre morceau ?" dit-elle en haussant le ton, s'adressant de nouveau à l'assemblée.
Sans attendre de réponse, elle reprit sa flûte et enchaîna sur un autre air, et de nouveau de joyeuses notes retentirent sous les plafonds du Loyal Paladin.

[Althéa]

Alors, elle refusait pour le moment. Il était un peu triste mais sa réaction était compréhensive. Que lui avait il donc pris ? Engager quelqu'un si vite sans lui demander son avis ... La pauvre, elle avait dû se sentir mal à l'aise.

"Vous avez raison, donnez vous le temps de réfléchir. Pour ce qui est de la ville, tout dépend ce que vous voulez y voir. Manost est une très belle ville vous savez. Elle est l'écrin de notre bon vieux Loyal. On y trouve de tout. De belles promenades dans le quartier du port. Nous avons un magnifique théâtre entièrement remis à neuf, un temple de toute beauté et le quartier général du Coeur Radieux. Oui mademoiselle, ici même ! Il y a aussi la guilde des arcanes et ses mages dont certains comptent parmi les plus puissants de Dorrandin. Nous avons aussi une herboristerie baroque, une forge, une bijouterie et un magasin d'objets magiques. En somme, il y a tout à Manost pour votre plus grand plaisir. Et si vous cherchez une chambre où logez, sachez que le Loyal loue des chambres à des prix très modiques"

[Auregann]

La jeune barde joua encore quelques mélodies, puis s'arrêta, rangea sa flûte et repris sa discussion inachevée avec Titoeil.

"Vous m'intriguez par vos descriptions ! J'ai hâte de visiter tout cela, et il me faudra bien plus que quelques jours pour découvrir tous les secrets de cette ville ! Et, en effet, je pense louer une chambre dans cette charmante taverne."

Les mots étaient sortis tous seuls, en toute franchise. Elle se sentait déjà bien dans cette pièce, le tavernier lui était sympathique, le public accueillant... Qu'espérer de mieux ?

"Mais pour l'instant, j'aimerais surtout rencontrer du monde, discuter avec les gens... Cela reste le meilleur moyen de faire sa place dans une ville ! Et, au fait, vous n'auriez pas encore un peu de votre fort bon cidre ? Souffler sans s'interrompre dans une flûte assèche la gorge !"

[Althéa]

"Ce soir, je vous offre le manger et le boire. Vous êtes mon invitée. Pour ce qui est du monde, vous en rencontrerez toujours dans notre bonne vieille taverne. Déjà, nous avons la douce semi orque Dryade. Elle a des dents, de l'énergie mais de la conversation. Et nous avons aussi Althéa qui gère le Loyal avec moi ... Cette gamine est un vrai courant d'air mais une fille sympathique. Vous ferez sa connaissance d'ici quelque temps. Pour le moment, elle n'est pas là, elle travaille ailleurs. Mais si vous voulez, je peux vous faire visiter la ville moi-même. Je la connais comme ma poche vous savez ? Qu'en dites vous ?"

[Auregann]

Auregann écouta avec attention les mots de l'aubergiste. Elle repéra Dryade en train de servir un groupe de nains un peu plus loin, et nota le nom d'Althéa dans son esprit. Puis elle répondit à Titoeil :

"Je ne voudrais pas vos distraire de vos responsabilités... mais, puisque vous me le proposez si gentiment... Ce soir, je vais simplement aller faire un petit tour dans le quartier, mais si vous avez un moment, demain, je serai ravie de vous avoir comme guide !"

Elle adressa un sourire au tavernier, puis se dirigea vers les tables occupées par des clients. Après avoir échangé quelques mots et salutations avec diverses personnes, elle reprit sa harpe sur son dos et quitta le Loyal Paladin.

[Kasumi]

A peine la porte fut-elle refermée dans le dos d’Auregann, qu’elle se rouvrit à la volée laissant la place à deux jeunes gens qui faillirent bousculer la barde.

« Fais un peu attention Marvin, tu as failli la bousculer !

– C’est toi qui m’a poussé ! Et tiens ta langue où nous serons repérés !

– Discret comme tu es, rien de plus facile !

– Tu ne vas pas recommencer, ce n’est pas moi qui nous a fait repérer par ces gobelins la dernière fois que je sache ?

– Ah bravo, c’est une réussite voilà qu’elle t’a entendue ! Elle se retourne vers nous. Je t’avais bien dit qu’il fallait attendre avant de la suivre ! »

La jeune femme qui avait prononcé ces mots d’un air furibond entortillait nerveusement ses longs cheveux blonds en dévisageant de ses yeux couleur lavande son compagnon. Tous deux étaient humains mais, contrairement à sa compagne, le jeune homme portait des cheveux noirs coupés très court. Ils portaient des vêtements simples dans des tons de vert ainsi que deux épées courtes bouclées à leur ceinturon.

Alors qu’Auregann venait de repérer leur manège, ils firent tout leur possible pour paraître innocents. Pas véritablement un franc succès, il faut bien dire.

[Auregann]

Alors qu'elle faisait quelques pas dans la rue, Auregann entendit la porte s'ouvrir derrière elle, et surprit les dernières paroles prononcées. Elle se retourna et observa les deux humains qui s'étaient aussitôt figés. La jeune femme semblait passionnée par l'activité fébrile qui régnait à l'extérieur, et le jeune homme regardait ses chausses comme si elles étaient soudain devenues le centre du monde.
Que lui voulaient-ils exactement ? Ils pouvaient très bien être des amis potentiels, comme de fourbes détrousseurs d'innocentes bardes. Dans tous les cas, mieux valait engager la conversation, histoire de détendre l'atmosphère. La demi-elfe fit donc un pas vers les deux inconnus.

"Bonjour, Auregann, pour vous servir. A qui ai-je l'honneur ?"

[Kasumi]

Avisant que la jolie demi-elfe s’adressait à lui, le jeune homme se mit à rougir en bafouillant :

« Euh, je… Marvin c’est une horreur, une odeur, une erreur… »

Agacée par le comportement stupide de son compagnon, la jeune femme lui frappa l’arrière du crâne de la main avant d’ajouter vertement :

« Tais-toi, espèce de crétin ! Tu es vraiment ridicule dès qu’une jolie fille s’adresse à toi ! Puis, l’air de rien, elle se composa une attitude avantageuse pour s’adresser à la barde, tout sourire :

– Pardonnez mon frère, il ne sort pas souvent de son étude comme vous pouvez le constater ! Je m’appelle Chandara, heureuse de faire votre connaissance.

Ayant repris le contrôle de ses émotions, le frère en question chercha à se rattraper pour effacer son entrée peu grandiloquente en tentant de regarder l’inconnu dans les yeux :

– Ne l’écoutez pas, je m’appelle Marvin, milicien en mission spéciale à Manost ! Il avait tenté de mettre toute sa conviction dans ses propos pour impressionner la belle mais ses effets échouèrent lamentablement quand sa sœur lui coupa la parole :

– Milicien ? Et depuis quand ? Je te rappelle que tu n’es qu’apprenti et c’est parti pour durer vu tes échecs incessants.

Elle le repoussa de la main pour lui passer devant et gagner toute l’attention de l’inconnue :

– Nous vous avons entendu jouer à la Taverne, vous devez être une grande héroïne pour maîtriser si bien votre instrument ! Je parie que vous êtes célèbre ! Vous connaissez les environs ? Pourriez-nous nous conter une saga de votre composition ? Pouvons-nous vous accompagner un moment ?

Le flot de questions n’aurait pas été près de s’arrêter sans l’intervention de Marvin qui vit là une chance de reprendre l’ascendant :

– Quelle bavarde ! Ne faites pas attention si Chandara vous ennuie ! Qu’est-ce qui nous fait l’honneur de votre si éminente présence en la Cité bénie ?

Le jeune homme avait deviné que la barde était une nouvelle arrivante : des signes ne trompant pas comme sa façon de se guider maladroitement à la sortie de la taverne avaient nourri cette conviction.

[Auregann]

Etonnée par le flot de paroles qui émanaient des deux jeunes gens, Auregann réprima un éclat de rire et attendit qu'ils aient fini de se chamailler avant de répondre :

"Enchantée, Marvin et Chandara ! Je suis ravie que vous ayez apprécié mes modestes airs... Non, je ne suis pas célèbre du tout, je voyage d'une cité à l'autre en espérant qu'une taverne m'accueillera le temps d'une représentation... C'est pour cette raison que je suis venue à Manost."

Visiblement, les deux jeunes gens n'avaient pas l'intention de la détrousser. Ils avait même l'air sympathique. Aussi Auregann ajouta-elle :

"Je m'apprêtais à aller visiter un peu la ville, mais je ne sais par où commencer... peut-être pourriez-vous me dire ce qu'il y a d'intéressant à voir ?"

En réalité, elle aurait préféré se retrouver seule, mais elle savait qu'il ne fallait pas qu'elle commence à jouer les associables maintenant. De nouvelles connaissances en ville étaient les bienvenues. Toujours souriante, elle attendit la réponse de ses interlocuteurs.

[Kasumi]

Ravis que l’inconnue accepte leur invitation, les deux jeunes gens réprimèrent cependant une moue déçue. La réponse de la barde quant à sa célébrité en était la cause. Mais il pouvait s’agir d’une forme de modestie ou alors cherchait-elle à passer incognito pour quelque obscure et captivante raison. Tout de même, la mise simple de la demi-elfe constituait un parfait déguisement si c’était le cas.

A la mention d’un tour en ville, les deux jeunes gens sautillèrent presque d’excitation. Après tout, ils étaient venus en ville pour ça malgré les autres prétextes. Marvin fut le premier à prendre la parole, comme toujours :

« C’est que… enfin, nous ne connaissons pas vraiment la ville. Nous… la découvrons ! Oui c’est ça !

– En effet, nous venons d’une autre Cité plus au nord est mais on nous a parlé de la splendide place du Temple et des Arcades du port abritant des boutiques de toute sorte qui débordent de marchandises parmi les plus exotiques. Il y a aussi la Citadelle de la Lame d’argent, une forteresse imprenable à ce qui se dit.

Je ne sais pas ce que vous en dîtes mais je pense qu’une petite promenade sur la place du marché du Port serait agréable et utile. Il parait que c’est juste à côté et Marvin et moi avons quelques achats à effectuer à Manost de toute façon.

Qu’en dîtes-vous ? J’espère que vous êtes là pour un certain temps si vous voulez visiter une si grande ville ! C’est si excitant...

Une fois de plus, Marvin l’interrompit par un coup de coude discret pour la faire taire et laisser l’opportunité à Auregann de répondre.

[Auregann]

"Le marché du Port, pourquoi pas ? Allons y faire un tour !"

Ce disant, Auregann commença à remonter la rue dans le sens qui - lui semblait-il - menait aux quais d'où elle était arrivée, suivie par les deux autres.

"Alors, dites-m'en plus, qu'est-ce qui vous amène en ville ? Qu'est-ce que vous faites de beau dans la vie ?"

[Kasumi]

Les deux jeunes gens se bousculèrent pour se placer aux côtés de leur nouvelle amie. Ils marchèrent de part et d’autre de la barde, Chandara à sa gauche, Marvin à sa droite.

La scène était assez comique du fait du pas uniforme des deux jeunes gens et de leurs vêtements assortis. On aurait presque pu les prendre pour une escorte si ce n’était l’air insouciant qui se peignait sur les traits de leurs visages alors qu’ils discutaient avec Auregann.

« Nous sommes de passage en ville pour y effectuer des achats pour notre domaine. On ne trouve pas de tout là d’où nous venons et cela fait partie de notre entraînement spécial que de voyager sans aide extérieure.

– D’ailleurs, heureusement que nous n’avons pas rencontré de difficultés majeures dans les montagnes. Nous savons nous défendre s’il le faut mais nous ne sommes pas encore de vrais soldats.

– Nous pouvons très bien nous débrouiller sans Duncan pour une fois et nous nous en sortons très bien en combat !

– Tu parles, Marvin ! La dernière fois, tu t’y es pris à trois fois pour parvenir à égratigner ce kobold et tu as trouvé ton salut dans la fuite quand il s’est mis à riposter.

– Il avait appelé ses congénères, ils étaient au moins cinquante !

– Maintenant tu ne sais même plus compter ou alors c’est pour impressionner Auregann , lança Chandara, d’un air moqueur.

– De toutes manières, nous aurions été en fâcheuse posture si Duncan et le Maître n’étaient pas intervenus.

– D’autant que tu te cachais dans les fourrés en piaillant !

– En piaillant !?

– Exactement ! Enfin, avant que le Maître n’arrive. A ce moment là, tu étais trop occupée à lui faire les yeux doux pour te soucier du combat.

Soucieuse de masquer la rougeur lui montant aux joues, Chandara se souvint soudain d’Auregann. Cette dernière avait assisté, incrédule, à l’échange animé des deux jeunes gens qui semblaient l’avoir oubliée.

– Comme tu as pu le deviner, nous sommes les apprentis d’un rôdeur, loin de Manost. Il nous prépare à la protection de notre Cité natale, Cojum. Nous faisons ce voyage vers Manost pendant son absence pour réapprovisionner le domaine et mettre en pratique ses enseignements. »

La jeune Chandara s'était mise à tutoyer son interlocutrice tout naturellement, sans même s'en rendre compte tout en portant ses pas vers le marché du port.

[Auregann]

Ayant laissé Chandara et Marvin au marché du port, Lies et Auregann reprirent le chemin du Loyal tout en discutant. Le soleil était déjà bas dans le ciel, et la jeune barde, qui n'avait rien mangé depuis le matin, commençait à avoir sérieusement faim.
Arrivant devant la porte, elle déclara :

"Nous voici arrivées au Loyal !"

Elle laissa passer Lies, puis entra à son tour. La salle était nettement plus remplie que la première fois qu'elle était venue, dans l'après-midi. Elle fit un signe de main à Titoeil et s'installa à une table avec Lies et son petit garçon.

[Lies]

Toutes deux commandèrent un bon petit plat, Lies commanda de quoi nourrir Julian également et elle sortit, de sa besace, un petit calepin. Tout en parlant à Auregann, elle croqua celle-ci. Elle y ajouta un poème sur le côté. Elle adorait garder en mémoire les gens qu'elle rencontrait et les paysages qu'elle voyait.

Quand l'aubergiste ramena les plats, Julian se mit à sautiller sur place, il était tellement affamé qu'il se jetta sur son assiette avant même que celle-ci soit entièrement poser sur la table. Lies, regarda son assiette d'un oeil discret. En effet, elle venait de voir une femme, dans le fond, qui semblait très songeuse. Elle avait une forte envie de la croquer et elle songea à le faire après manger.

"Comment se fait-il que vous soyiez arriver à Manost ?"

[Kasumi]

Les deux femmes discutaient avec beaucoup de naturel pour des personnes s’étant rencontré à peine quelques heures plus tôt. Tout en échangeant sur des sujets légers, elles entamèrent avec grand appétit le plat que Titœil venait de leur apporter.

Le plat était copieux et très fin malgré son apparente simplicité. L’auberge se remplissait petit à petit, de nouveaux clients arrivant pour profiter de l’hospitalité agréable et avenante du Loyal Paladin. C'était là la meilleure taverne de la ville pour des gens de bien désireux de déguster quelque succulent plat ou savoureuse chopine.

La rumeur s’était répandue au-delà même du cercle d’habitués qu’une barde talentueuse était apparue plus tôt dans l’après-midi pour interpréter un récital émouvant. On manquerait certainement bientôt de chaises pour asseoir tout le monde au rythme où les badauds franchissaient la porte dans le secret espoir d’assister à un nouveau spectacle.

HRP : Althy, désolé de mettre le boxon dans ton auberge. Auregann, j’espère que ton nouveau public ne t’intimide pas. Tu ne croyais sincèrement pas rester discrète après avoir impunément charmé la clientèle de l’auberge la plus fréquentée de Manost tout de même ?

[Auregann]

Auregann dégustait tranquillement le délicieux repas que Titoeil leur avait servi, tout en discutant de tout et de rien avec Lies. Ce faisant, elle regardait autour d'elle, et remarqua que la taverne était presque pleine. Partout étaient assis des clients qui avaient commandé à manger où à boire. Les serveuses du Loyal ne savaient plus où donner de la tête.
Auregann se leva et s'approcha de Titoeil, occupé à servir des boissons au bar.

"M'autorisez-vous à divertir un peu les aimables clients de votre auberge ?"

lui demanda-t-elle avec un sourire amusé, se souvenant de l'enthousiasme du tavernier quelques heures plus tôt.

[Kasumi]

L’après-midi touchait à sa fin sur le marché du port. La plupart des badauds avaient, depuis quelques minutes déjà, déserté les allées marchandes pour s’en retourner aux quatre vents. Seuls quelques marchands brisaient le calme surréaliste qui avait progressivement remplacé le brouhaha incessant de la journée.

Certains marchands s’en était déjà allé, leurs étals vides après une bonne journée de commerce. A l’inverse, d’autres avaient espéré jusqu’au bout, qu’un hypothétique client salvateur accroissent leur maigre bénéfice. Telle était la loi du marché, la journée de demain serait meilleure si Tymora et Waukyne le voulaient.

Parmi les derniers clients s’attardant encore parmi les marchands retardataires, deux jeunes gens se hâtaient de rejoindre l’auberge du Loyal Paladin pour y retrouver deux amies et passer une agréable soirée en leur compagnie. Ils n’avaient rien avalé depuis midi et leur estomac tout comme leur jambes douloureuses les muraient dans un silence inhabituel.

En passant devant une échoppe bien particulière, Marvin et Chandara surprirent une conversation sans pour autant tourner la tête tant ils étaient pressés de profiter de l’hospitalité de l’auberge.

« Bonsoir, on m’a dit que vous étiez expert en identification d’objets, mais pas votre nom Maître…

– Vous êtes là pour ce que je sais, pas ce que je suis, pas vrai ? Mon nom n’a pas d’importance.

– Très bien, si vous tenez à votre anonymat. Mais quelle confiance puis-je avoir en vous en ce cas ?

– Les noms ne sont pas un gage de confiance : prenez un pont par exemple, c’est très bien un ‘pont’ quand on ne veux pas se mouiller les pieds. Joli nom, simple et qui veut dire ce qu’il veut dire. Mais s’il décide de casser, vous vous retrouverez le cul dans l’eau alors même qu’il s’appellera toujours ‘pont’.

– Oui, mettons… euh… Certains marchands vous ont recommandé à moi. J’ai quelques objets nécessitant vos talents. Si vous voulez bien me suivre jusqu’à mon échoppe…»

Les voix s’éloignèrent dans la direction opposée des jeunes gens. Après quelques minutes de marche rapide, ils ouvrirent la porte du Loyal Paladin qu’ils trouvèrent bondé espérant qu’il reste quelque place pour eux. Ils étaient fourbus et transportaient chacun un sac à dos rempli de denrées achetées dans la journée.

Avisant du regard Lies, Julian et Auregann, cette dernière s’adressant à l’aubergiste, ils s’approchèrent de leur table essayant de bousculer le moins de monde possible. Marvin fut soulagé et réjoui de voir qu’elles avaient réservé deux chaises à leur intention. Les saluant chaleureusement, les jeunes gens s’installèrent sans demander leur reste alors qu’Auregann se proposait de divertir l’assemblée.

Voilà qui promettait d’être agréable, et d’autant plus avec quelque chose pour combler leur appétit si l’aubergiste n’était pas trop débordé pour prendre leur commande.

[Lies]

Lies souhaita un bon appêtit, par avance, aux deux personnes qu'elle avait rencontré peu de temps avant. Puis elle se leva et se dirigea vers la femme dans le coin après avoir adressé un sourire à Auregann qui discutait avec l'aubergiste.

"Bonsoir, excusez-moi de venir vous déranger. Je me prénomme Lies, je viens de Lumenis, une ville assez éloignée de Manost. Je suis ici pour découvrir la ville, ses habitudes mais aussi ses habitants. Depuis tout à l'heure, je vous observe et je me demandais s'il me serait possible de croquer votre visage... Ce mélange de tristesse et de joie, de calme et de contrariété... Oh, ne prenez pas mal ce que je vous dis, juste que vous avez un si beau visage et si expressif... Me permettriez-vous de vous tenir compagnie ? Si vous ne le souhaitez pas, dites-le moi..."

[Althéa]

Un immense sourire traversa le visage de Titoeil d'une oreille à l'autre. La jeune semi elfe lui proposait de jouer à nouveau. Quelle aubaine ! Bien sûr qu'il acceptait, et plutôt deux fois qu'une. Ce son, c'était le petit helm en culottes de velours vous descendant dans les oreilles. Et ses clients avaient apprécié tout à l'heure. Si elle revenait au Loyal, elle attirait du monde.

"Mais avec joie ma demoiselle. A l'avenir, vous n'aurez même plus à demander la permission pour jouer. C'est moi qui vous prie de jouer. "

[Kasumi]

Alors que Titoeil se réjouissait de l’initiative de la barde, Marvin et Chandara mourraient de plus en plus de faim aussi cette dernière s’enquit-elle auprès de l’aubergiste :

« S’il vous plaît ! Si vous n’êtes pas trop débordé, vous resterait-il quelque chose à nous proposer pour dîner ? Mon frère Marvin et moi mourrons de faim !

– Nous aimerions également passer quelques nuits ici s’il vous reste des chambres de libre. Une chambre avec deux lits suffira à vrai dire. A Cojum, on nous a recommandé votre auberge pour notre séjour à Manost. »

[Althéa]

Ah bon, et en plus, on recommandait son auberge pour séjourner à Manost. Titoeil était de plus en plus heureux. Visiblement, ce jour était son jour de chance. Même s'il persistait une ombre au tableau. Ce baiser ... Il n'arrivait toujours pas à se l'expliquer.

"J'ai un ragoût de mouton au navet dont vous me direz des nouvelles. Pour les chambres, il m'en reste quelques unes avec deux lits. Au fait, puisque vous êtes deux. Un homme et une femme. J'aimerais vous poser une question ... Vous pensez qu'on donne un baiser comme ça, sans le vouloir ou qu'il y a préméditation. Cela ne m'est jamais arrivé. Et vous qui êtes jeunes, vous pourriez peut être me dire ..."

hrp : pour savoir à quoi pense Titoeil, c'est par ici

[Kasumi]

La mention d’un ragout eut l’effet escompté sur les jeunes gens qui se retinrent à grand peine de saliver trop ouvertement. En revanche, la suite fit rougir Marvin et Chandara :

« Un homme et une femme, oui mais pas de ce genre là ! se récria Chandara.

– Chandara est ma sœur. précisa Marvin à l’aubergiste.

Devinant la gêne de l’aubergiste derrière sa question, la jeune femme reprit son calme. Elle tenait à lui apporter une réponse à sa portée :

– Un baiser, dîtes-vous ? Ça dépend du contexte ! Prenez Marvin ici présent : un jour, une fille du village l’a embrassée. Et bien je peux vous assurer que ce n’était qu’un jeu ! Elle…

Ce dernier devint rouge comme une tomate trop mûre et tenta de stopper sa sœur dans son élan :

– Tu racontes n’importe quoi ! Tout ça parce que personne ne t’as jamais embrassé. ajouta-t-il perfidement.

– Tu es le dernier des crétins ! Aubergiste, nous prendrons deux chambres individuelles si possible. Je refuse de partager la mienne avec un garçon d’écurie mal dégrossi qui est tout juste bon à tenir compagnie au lisier des cochons.

Puis, dans un sanglot : - Tu m’as coupé l’appétit… » Pour ponctuer son insulte, elle déplaça sa chaise pour se retrouver de l’autre côté de la table et ne put réprimer ses larmes plus longtemps.

HRP : désolé de plomber l’ambiance.

[Althéa]

Et maintenant, on avait droit à une dispute fraternelle. Décidément, c'était le monde à l'envers. C'était à croire qu'au Loyal, les gens s'oubliaient et laissaient parler leurs meilleurs ou leurs pires instincts. Ici, le frère et la soeur mettaient de l'animation. On se tournait vers eux pour mieux voir, on donnait son avis, des conseils ... En espérant qu'ils n'en viennent pas à se jeter leurs assiettes aux visages.

"Heu, si je puis me permettre, je vais vous laisser vous disputer entre vous, dit Titoeil en reculant prudemment, au cas où vous avez besoin de moi, je serai derrière mon comptoir"

[Kasumi]

La vue de sa sœur en larmes arracha le sourire du visage de Marvin. Il se répandit en excuses pour l’amadouer en signalant combien il avait été stupide et méchant, qu’il n’avait pas voulu la blesser, qu’il tenait à s’excuser. Finalement, l’appétit et l’assurance d’avoir, une fois de plus, remporté une bataille psychologique sur son frère la ramenèrent à de meilleurs sentiments et elle accepta la proposition de Marvin d’aller commander deux plats du meilleur ragout qui soit.

Les clients approuvèrent la réconciliation des jeunes gens et d’aucuns notèrent comment la jeune femme avait mené son compagnon par le bout du nez.

[Auregann]

Devant l'air approbateur de Titoeil, Auregann sourit et se tourna vers l'assemblée. Accoudée au bar, elle prit le temps de parcourir la salle du regard et de prendre son souffle avant d'attirer l'attention de son public.
Décidément, les Manostiens avaient l'air gentils et bon vivants, pour le peu qu'elle en avait vu. Elle chercha ses connaissances du regard. Titoeil était occupé à servir Chandara et Marvin, qui après une courte dispute s'étaient rapidement réconciliés. Plus loin, Lies semblait en train de dessiner une jeune femme, tandis que Julian s'endormait à moitié dans son assiette.
Dédaignant la harpe qu'elle avait déposé sous leur table, la jeune barde prit dans sa sacoche sa flûte simple. Commencer par quelque chose de classique et d'enjoué, puis étonner le public avec sa double flûte, assez peu commune, et enfin terminer sur les chants doux à la harpe et les contes, telle était sa méthode, qui marchait ma foi assez bien.

Avisant un banc vide, Auregann monta prestement dessus, sa flûte à la main. Les regards des clients proches se tournèrent vers elle. Puis, prenant sa respiration, elle fit résonner sa voix dans toute la salle :

"Mesdames et Messieurs, amis du Loyal Paladin, laissez-moi vous interpréter quelques mélodies ! Je suis Auregann, barde itinérante, pour vous servir."

Le silence s'était fait dans l'assemblée. On n'attendait qu'elle. La demi-elfe choisit de commencer par un air joyeux, qui commençait très lentement, puis reprenait de plus en plus vite. Dès les premières mesures, elle entendit quelques personnes claquer des mains. Puis de plus en plus. Lorsqu'elle s'arrêta, la plupart des auditeurs s'étaient pris au jeu. Bien, un public réactif, se dit-elle.
Elle enchaîna avec plusieurs autres mélodies dansantes, toutes ponctuées par une salve d'applaudissements. Puis elle sortit sa double flûte, la leva bien haut pour que tout le monde la voie, et entama un morceau un peu plus calme. Les notes défilaient sous ses doigts, elle y mettait tout son coeur.
Après avoir interprété quelques autres morceaux, elle sauta de son estrade improvisée et sortit prestement la petite harpe de sa housse. On lui fit de la place sur une table où elle s'assit, son instrument entre les genoux. En guise d'introduction, elle lança :

"A présent, Mesdames, Messieurs, je vais vous chanter quelques ballades de mon pays..."

Et elle s'exécuta. Ses mains glissaient sur les cordes de la harpe avec autant d'agilité que sur les flûtes de bois, et sa voix résonnait dans la salle sans qu'elle parût faire le moindre effort. Chanter, c'est ce qu'elle préférait, sans l'ombre d'un doute. Elle commença par un chant elfique qu'elle avait appris lors de ses pérégrinations, puis enchaîna sur une mélodie triste dans une langue mystérieuse que son maître lui avait enseignée. Sa voix claire et le son de la harpe émurent l'assistance, même s'ils ne comprenaient pas les paroles.
A la fin de chaque morceau, les applaudissements se faisaient nourris, aussi continua-t-elle son récital. Elle s'attaqua ensuite à quelques poèmes, en elfique ou en langue commune, tout en créant un fond sonore avec sa harpe, comme le faisaient souvent Pierrick et Yannael. Ils parlaient de la nature, de chemins perdus, de voyages et d'aventures, des ciels et des mers. Chaque mot la rammenait auprès de ses compagnons disparus, jadis, dans la forêt de son enfance, et sa voix vibra quand elle reprit le poème préféré de son maître, le premier qu'il lui avait enseigné.
Enfin, pour achever sa prestation et briser l'ambiance calme et un peu nostalgique qui s'était glissée dans la salle après ses derniers chants, elle reprit sa double flûte et entama les airs joyeux qu'elle avait joués l'après-midi, au même endroit. Lorsqu'elle s'arrêta, elle s'inclina profondément, le sourire aux lèvres et le rouge aux joues, rangea sa flûte et sortit de sa besace une bourse vide.

"Merci beaucoup ! J'ai rarement eu l'occasion de jouer pour un public aussi chaleureux. A présent, M'sieurs dames, s'il vous reste une pièce au fond de votre poche..."

Elle descendit de son perchoir et commença à déambuler parmi les tables, toujours souriante, en quête d'un généreux donateur.

[Althéa]

Les gens enthousiastes s'étaient volontiers délesté de quelques pièces. Quant à Titoeil, il espérait qu'Auregann, encouragée par son récital veuille bien donner suite à sa demande. Bien sûr, elle ne remplacerait jamais Thom Mérylim. Ni Althéa ni lui ne l'auraient permis. D'ailleurs, ce n'était même pas sûr qu'Althéa ne voie pas d'un très mauvais oeil l'arrivée de cette nouvelle barde au Loyal Paladin. Heureusement, elle n'était pas là pour la voir.

Sans doute une mission pour Elissa. Ou peut être autre chose. Elle semblait préoccupée ces derniers temps, partant très tôt et rentrant tard. Ou peut être cherchait elle quelqu'un ... Et lui seul savait qui ...

[Kasumi]

Repus et ayant maintenant oublieux de leur précédente dispute, Marvin et Chandara se levèrent pour applaudir Auregann à tout rompre. Ils avaient tous deux été, comme une bonne partie de l’assistance, transportés par les émotions pures transmises par la musique, le chant et la poésie de la jeune barde sans savoir où commençait vraiment l’un et où finissait l’autre. La demi-elfe mêlait les trois en un seul Art propre à enchanter les foules.

Alors qu’elle entamait un tour de la salle principale en quête de quelque généreuse obole bien méritée, la barde se dirigea vers sa place aux côtés de Lies, Julian, Marvin et Chandara. Ces derniers la félicitèrent personnellement bien qu’un peu maladroitement, ne trouvant pas les mots pour décrire ce qu’ils ressentaient au plus profond de leur cœur. Ils s’excusèrent auprès de leurs compagnons, arguant la fatigue du voyage et de la journée.

Marvin s’adressa à Titoeil, en faisant un manifeste effort pour réprimer un bâillement :

« Vous reste-t-il une chambre, Monsieur ? Nous avons tous deux hâte de profiter de la meilleure auberge de tout Dorrandin !

– Bien parlé Marvin ! Dis ? Tu veux bien porter mon sac, j’ai mal aux épaules ? »