[Commerce] Au Loyal Paladin, Tome II

[Althéa]

Quête : la fin de la suprématie

"Ben dis donc, elle n'est pas gênée la petite dame, répondit Dryade les bras croisés, voilà qu'elle boit et que c'est à nous de trinquer maintenant. C'est à croire que les dieux marchent sur la tête. Mais je vais être gentille et je vais vous donner un bon remède pour lutter contre la gueule de bois. Je veux bien vous le préparer mais par contre, il va falloir aller me chercher les ingrédients. Déjà, il nous faut deux oeufs frais, du houblon, une plume de corbeau et de la poudre d'étain. Vous m'en direz des nouvelles. "

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Le beau visage de la jeune femme verdit un tantinet à la proposition d’un remède spécial.

- Oh non, non, ne vous dérangez pas pour moi voyons ! Je suis persuadée que votre médecine est très efficace mais je vais déjà beaucoup mieux ! Laissons donc leurs plumes aux corbeaux, ponctua-elle d’un sourire misérable.

Se tournant à nouveau vers le comptoir, elle reprit sa « conversation » avec l’aubergiste :

- Très cher Monsieur Debeurré, puis-je encore abuser de votre gentillesse et vous demandez un service ?

Elle sortit de l’une de ses nombreuses poches un exemplaire froissé de l’affiche distribuée trois jours plus tôt sur la Place du Templeet la tendit à Titœil.

- Auriez eu vous vent de cette annonce, de qui l’a diffusée et si cette personne est toujours en ville ?

[Althéa]

Titoeil put lire.

Toi fier aventurier! Clerc, mage ou voleur, si tu n'acceptes pas la domination du Seigneur des Tempêtes, Talos le vil, alors nous avons une mission pour toi ! Une mission qui t'apportera la gloire et portera un coup fatal au culte du Seigneur des Tempêtes !"

Il rendit ensuite l'affichette à Chandara avec un petit hochement de tête.

"Très tentant n'est ce pas ? Moi même, j'ai failli y répondre. Je sais qu'ils recherchent des hommes forts comme moi. Mais vous voyez, je me suis tordu le pied ce matin en rattrapant un client tombé d'une fenêtre et je ne peux malheureusement pas me déplacer. La proposition m'a l'air sérieuse en tout cas. Ils sont encore en train de recruter là bas. Vous devriez vous dépêcher si cela vous intéresse. Il n'y aura bientôt plus de place"

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara prit un air faussement désolé :

- Oooh ! quel dommage que vous ne veniez pas ! La présence à mes côtés d’un grand héros tel que vous m’aurait vraiment rassurée. Montrez-moi donc ce pied qui vous fait tant souffrir, je parviendrais certainement à vous soulager quelque peu. Ce serait le moindre des services en comparaison de tout ce que vous faîtes pour moi, mon cher.

Le sourire radieux de la jeune humaine perdit quelque peu de son assurance lorsque Dryade lui jeta un regard assassin.

[Althéa]

Quête : la fin de la suprématie

Titoeil rougit jusqu'aux oreilles. Pour lui, dévoiler ne serait ce qu'un orteil, c'était presque se retrouver nu. Et cela devant une charmante demoiselle ... Et cela n'excluait pas les odeurs et ses pieds à demi palmés en plus du mensonge qu'il avait inventé. Même si c'était proposé si gentiment.

"Faites excuses mais je ne préfère pas me dévoiler ainsi devant tous mes clients. Qui plus est devant vous. Et ... je dois avouer que je ne me souviens plus de quel pied il s'agit"

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara fut prise d’un rire cristallin. Elle s’approcha du comptoir et souffla quelques mots à l’oreille de Titœil qui eut un mouvement de recul :

- Vous êtes drôle et charmant monsieur Debeurré !

Avant que ce dernier ait pu se mettre totalement hors d’atteinte, elle lui effleura la joue de ses lèvres pulpeuses avant de reculer de deux pas, un sourire charmeur sur le visage et les yeux pétillants de malice.

- Votre pudeur est honorable, mon cher. Qu’adviendrait-il si on me prenait pour votre fiancée ?

Avant qu’il ne soit totalement remis des évènements, la jeune femme atteignait déjà la porte et la franchit en lançant :

- Je vais enquêter sur cette histoire d’annonce du côté du port. A ce soir !

Une fois dehors, Chandara récupéra son cheval et ses sacs de voyages à l’écurie avant de se diriger vers le bord de mer.

[Althéa]

Vent contraire II : le gourbi


Il faisait déjà nuit. Elle tombait vite en cette période hivernale. Chacun dans sa chaumière s'apprêtait à faire la fête. Certains avaient porté leurs pas jusqu'au Loyal Paladin. On avait fait venir un orchestre spécialement pour l'occasion. Des tables avaient été poussées. Althea, assise à coté des musiciens les écoutait, une cithare à la main. Par moments, elle faisait semblant d'accompagner l'harmonie ce qui provoquait chez certains des regards admiratifs, chez d'autres un air moqueur et chez Dryade un regard de jalousie. Mais elle n'y prêtait pas garde. C'était sa façon à elle de faire la fête et elle la passerait comme elle voudrait.

Soudain, un visage familier attira son regard. Un visage qu'elle aurait reconnu entre mille. Non parce qu'il était celui du seul elfe noir à Manost mais parce que sa vue lui redonnait confiance et éclairait ses journées. Lui non plus ne semblait pas avoir le coeur à la fête. Alors, discrètement, elle rendit l'instrument au musicien et alla s'asseoir à coté de lui. Il ne sembla pas remarquer sa présence. En d'autres moments, elle prenait un immense plaisir à lui tomber dessus à l'improviste, des toitures s'il le fallait. Mais là, le visage triste et préoccupé du semi drow freina quelque peu son entrain. Elle ne souhaitait pas fuir sa tristesse, seulement la partager mais ne savait pas comment s'y prendre. Elle voulait lui montrer qu'elle était avec lui, même si cela ne pourrait sûrement rien résoudre. Alors, lui tapant légèrement sur l'épaule, elle lui dit doucement :

"Dos lor ves loff'ta yallt" (Vous avez l'air vraiment heureux aujourd'hui)

Elle était allé chercher ces mots au fond de sa mémoire, du temps où elle et son père naviguaient sur les mers de Féerune. Son père jouait son rôle de marchand et elle d'interprète. Ce qu'elle dit n'était pas d'un drow correct, ni même ce qu'elle voulait exprimer (voire exactement le contraire), avait un vague accent halfelin mais c'est bien dans sa langue qu'elle parla à Lothringen. Sa façon à elle de lui montrer que quoi qu'il lui dise, elle serait avec lui et le comprendrait si elle pouvait l'aider.

[Lothringen]

Tassé contre le mur, une chope vide entre les doigts, Lothringen laissait son regard flotter sur les musiciens sans les voir. Pourquoi était-il retourné au Loyal ? Bien sûr, il y avait cette fête donnée en l'honneur d'Althea... et pourtant... Il ne se souvenait pas seulement d’avoir pris la décision de venir. Il se revoyait vaguement errant au hasard dans les rues de Manost, depuis le port jusqu’aux arcades ; le soir tombait, et il s’était retrouvé là - là où il revenait toujours quand il craignait d’oublier trop vite d’où il venait ou ce qu’il était devenu.


Tout en prenant sa place à l’écart de l’orchestre, il avait échangé trois mots avec Titoeil accaparé par l’afflux des dîneurs, puis il avait sombré dans le mutisme, ignorant les invitations, répondant à peine aux saluts. Quel était donc ce conseiller manostien dont on lui rebattait les oreilles ? Qu’on le laisse seul à présent, qu’on l’oublie. Toute cette agitation, cette musique, ces projets et ses rires. Il pouvait encore les voir mais il n’y mêlait plus sa voix.
Son plus beau rêve, ce soir, lui paraissait anéanti. Pourquoi fallait-il lui survivre ?

Comme souvent ces derniers temps, dès qu’il ne se plongeait pas à corps perdu dans le travail, le semi-drow se sentait d’une tristesse et d’un découragement à engloutir le monde. Il avait eu beau s’y attendre un peu, l’eau avait beau avoir coulé sur les toitures depuis qu’il avait appris les sinistres nouvelles, ces dernières l’avaient terrassé. Et il se sentait tellement impuissant... Même s’il s’était donné pour discipline de ne rien changer d’essentiel à ses habitudes, il portait désormais sur le monde un regard de vaincu, d’orphelin, de non-mort. Il en avait d’ailleurs conscience. Et c’est pourquoi, se murant dans la glace, il ne regardait plus personne dans les yeux.

"Dos lor ves loff'ta yallt."

Oui ; comme la langue drow convenait bien à son humeur du jour…
C’est alors qu’il s’avisa que c’était Althea qui venait de prononcer ces mots. Surpris de lui découvrir ce talent caché, il marqua un temps, songeur, avant de lui répondre en un murmure, articulant avec lenteur :

“ Yallt 'zil mufiga, 'zil ril klew'kin, 'zil verve 'zil ol z'klaen tlu. Vae ulu l' kestal nindel elggen oltan… ”
“ Aujourd’hui comme hier, comme à toute heure, tant qu’il faudra. Malheur à l’espoir qui s’étrangle... ”

[Althéa]

"Drill kestal zhah saph natha ssussun qu'ellaren au l' qu'mados. Ka udos loose ol, udos inbau noamuth"
("Mais l'espoir est comme ces phares près de la mer. Quand nous les perdons, nous sommes perdus")
Cela se confirmait. Lothringen n'avait pas le coeur en fête. Elle l'avait vu dans de nombreux états : d'humeur plutôt joyeuse quand il lui envoyait ces fameuses piques qui la faisaient tant enrager, d'humeur rêveuse un soir le long d'une rivière alors qu'ils avaient vu une cité Néthérisse, en colère quand il avait froissé d'un poing rageur la lettre d'un certain Algernon, inquiet lorsqu'il se tenait à son chevet quand le poison anéantissait ses forces. Mais jamais autant qu'elle s'en souvienne elle ne l'avait vu triste.

Enigmatique Lothringen. Il laissait peu transparaître ses émotions. Elles apparaissaient telles des anamorphoses au détour des tableaux. Oui, énigmatique. Il était loin de l'être insensible, sans peur et sans reproche, se pavanant en regardant de haut le monde de Féérune. Non, on voyait un être rempli d'émotions cachées sous un voile de pudeur. Et cela était si émouvant ...

Et voir Lothringen triste en ce jour de fête lui fit mal. Non que ce soit en un jour particulier. Non que les hommes se devaient d'être forts. Elle n'avait cure de ces principes là. Simplement, elle éprouvait de l'affection pour Lothringen et n'aimait pas le voir dans cet état.
Oh, elle aurait pu décider que ce soir, il ferait comme elle : aller danser et se saouler allègrement pour oublier, pourquoi pas créer une bagarre générale afin de faire sortir sa souffrance en la transformant en colère ? Mais Lothringen n'était pas ainsi. Il n'était pas comme elle et elle devait l'accepter. Dans tous les cas, elle ne le laisserait pas seul. A part s'il le lui demandait.

Alors, timidement, elle s'assit en face de lui et lui demanda :

"Vel'bol shlu'ta usstan xun whol l' yutsu d' dosst kestal ?"
"Que puis-je faire pour que revienne votre espoir ?"

[Lothringen]

[LEFT]Lothringen la couva du regard, soudain moqueur, à cause des pensées saugrenues qui lui traversaient l’esprit. Il essayait d’imaginer Althea avec le double de carrure, grandie de moitié, deux puissants bras nus émergeant d’une tunique large, une épée de géant battant sur ses flancs grêles. Ah non, pas grêles : mais si musclés qu’il en faisait à peine le tour avec ses bras. Décidément, la métamorphose n’était pas possible… Et Mornagest lui manquait.[/LEFT]
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“ La seule personne dont il dépende est loin d’ici… si loin. Il ne reviendra probablement pas sans elle. ”[/LEFT]
[LEFT]
Lothringen hocha la tête, comme s’il pouvait chasser d’un simple mouvement ses idées noires. Inutile d’en parler. D’ailleurs, le pouvait-il ? Tout en envoyant à la jeune femme un sourire destiné à la rassurer un peu, il remarqua qu’au gré du tremblement des torches les yeux sombres d’Althea semblaient briller un peu trop fort, que leur cornée était rougie, et leurs paupières enflées. Il songea alors qu’Agrippa d’Orgeval avait lui aussi quitté Manost… et qu’ils s’enfonceraient mutuellement s’ils n’y prenaient pas garde. [/LEFT]
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“ Mais je ne veux pas vous ennuyer avec ça. N'est-ce pas une fête en votre honneur? Ne perdez pas votre temps avec mes radotages… ”[/LEFT]

[Althéa]

Une ombre de nostalgie traversa le visage de la bretteuse.

"Oh, c'est une idée de Titoeil ... Il parait que cela fait tout juste un an que je suis arrivée à Manost ou je ne sais quoi d'autre ... . Il voulait fêter cela ... Il m'a dit qu'il avait prévenu tous mes ... amis ... Et je vois avec plaisir que vous êtes là"

Elle avait souri et détourné la tête. Le bout de ses oreilles avait rougi légèrement. Et elle était sûre qu'il l'avait remarqué. Mais il avait du aussi voir ses yeux rougis, peut être les sillons qu'avaient laissé les larmes. Ce soir, Anita Velryn, sûrement au courant de l'affaire mélandienne avait refusé de lui ouvrir sa porte. Hagarde, elle avait erré jusqu'au Loyal.

On l'avait accueillie en lui criant : "Surprise" ... Peu de personnes en somme mais elle ne s'y attendait vraiment pas. Mais son coeur n'était pas à la fête et Lothringen le savait.

"Vous savez, poursuivit elle sur le ton de la conversation en remettant une mèche rebelle derrière son oreille, Titoeil est manostien. Et tout le monde sait que les manostiens prendraient n'importe quel prétexte pour faire la fête, vous ne pensez pas ?"

Et elle lui avait adressé un sourire de connivence avant d'ajouter plus bas.

"Mais je crois que nos ténèbres se ressemblent ce soir ... Deux êtres, deux villes ... Des mondes différents ... "

Elle se souvint de leur conversation suite à un de ses multiples cauchemars concernant Angelo. Elle lui avait hurlé sa ranc?ur quand il lui avait dit que leurs ténèbres n'étaient pas les mêmes. Elle n'avait pas compris et une nouvelle fois, elle s'était laissée emporter. Comme elle le regrettait à présent.

"Pour tout vous avouer, le Loyal ce soir me donne la nausée. Non que je ne me sente pas proche de tous ces gens. Mais ils ne sont pas vous ... ni lui"

Elle eût à peine le temps d'achever sa phrase qu'une voix semi-orquienne et moqueuse se fit entendre.

"Et alors, elle n'est pas contente de sa petite fête la petite dame ? Elle préfère les soirées avec son bel ambassadeur ? Le beau monde, n'est ce pas ? Rien à voir avec des gueux comme nous"

Sans se retourner, elle sût que Dryade lui parlait. Elle ne prit pas la peine de répondre. Dryade avait bien bu et comme chacun le sait, l'alcool déliait les langues et la mauvaise humeur ...

"Oh non, je vois, elle préfère la compagnie de notre cher conseiller. Mais ma jolie petite dinde, tu ne vois pas que tu n'es pas comme lui ? Et puis, qui es tu ? Rien qu'une étrangère, c'est moi qui te le dis. Tit?il recueille tous les chats perdus. Et je parie que chez toi, il en va de même. Tu vois, personne ne veut de toi"

Quelques secondes plus tard, la chaise d’Althea tombait. La jeune femme s'était levée brusquement, regardant d'un oeil noir la semi-orque la toisant de toute sa taille, prête à en découdre ...

[Lothringen]

Dans l’éventualité d’un affrontement physique entre la bretteuse et la videuse semi-orque dopée à l’alcool, il aurait fallu être maudit de Tymora pour vouloir miser sur l’humaine. Dryade pouvait ne faire qu’une bouchée de la jeune femme, et à en croire l’éclat fou de ses petits yeux sanguins, elle n’attendait pas mieux.

L’orchestre s’était soudain arrêté, les deux bardes ayant pris conscience du péril, comme du reste l’ensemble de la salle. Les éclats de Dryade passaient rarement inaperçus. Tandis que Titoeil accourait avec affolement pour séparer les deux furies, Lothringen se leva et tira doucement Althea en arrière.

“ Partons d’ici… Ce genre de propos ne méritent pas qu’on leur réponde… ”

L’aubergiste fendit le cercle des spectateurs, en quête éperdue d’explications.

“ Hé ! Qu’est-ce qu’il se passe ici ? ”

“ Rien d’intéressant… Vous devriez initier Dryade à la sobriété, Titoeil, ça ne vous amènera que des ennuis. ”

[Althéa]

Si Lothringen ne l'avait pas tirée doucement en arrière, Althéa se serait jetée sur la semi orque. Celle ci cherchait la bagarre depuis longtemps. Elle savait qu'elle avait l'avantage. Ce soir, peu lui aurait importé de rendre coup pour coup même si c'était pour s'écrouler sans connaissance sur le parquet, le nez en sang et quelques dents en moins.

Mais il y avait cette main qui l'avait tirée doucement en arrière. Il l'appelait au calme, l’entraînait ailleurs. L'espace d'un instant, elle serra brièvement cette mains dans la sienne et il sentit le contact rugueux des quelques cals qui y étaient restés. Mais le regard qu'elle posa sur lui fut plutôt doux. Une ombre de sourire sur son visage, rien de plus ou un sourire des yeux.

"Rien d'intéressant, avait elle répondu la tête haute, le conseiller a raison. Continuez de vous amuser. Ne laissez pas cette fête gâchée par cet incident. Et désolée pour la chaise"

Quelques secondes plus tard, elle quittait le Loyal Paladin en compagnie du conseiller. Le froid les saisit dès qu'ils eurent franchi les portes. Il neigeottait déjà.

"Nous avons plusieurs choix, murmura la bretteuse en serrant les bras sur sa mince chemise, soit aller à la taie dorée ce qui relèverait pour nous d'un immense défi, nous pouvons aussi rentrer chacun chez nous et dormir pour oublier notre solitude ... ou encore, je sais que ce n'est pas très correct ... mais vous pourriez venir chez moi. Ce n'est pas très grand ni très confortable, mais au moins, il y fait chaud ..."

[Lothringen]

N'ayant écouté que d'une oreille distraite, Lothringen acquiesça rapidement ; il n’avait de toute façon pas l’intention, après l’avoir très fortement incitée à quitter le Loyal, de laisser Althea se débrouiller toute seule pour rentrer chez elle. Ce qui ne signifiait pas tout à fait qu’il avait oublié le baiser intempestif dont elle avait jugé bon de le gratifier, quelques temps plus tôt. Par la suite, pendant longtemps, il avait évité le Loyal. Puis il avait peu à peu oublié l’incident, et espéré que la jeune femme aussi… C’était bien la première fois depuis lors qu’il lui parlait de nouveau seul à seule.

Qu’y avait-il de mal à la reconduire chez elle ? Il n'y songeait déjà plus. La voyant se recroqueviller dans le vent glacé de la nuit, il dégrafa sa cape et la lui posa sur les épaules. Quelle idée de n’avoir rien de plus qu’une chemise pour la couvrir…

“ On ne guérit pas les chagrins d’amour avec des pneumonies. Je vous raccompagne. Où donc habitez-vous, au fait ? Dans le quartier du Temple?… ”

C’était d’ailleurs la direction qu’il avait suivie d’instinct, tout en hâtant le pas dans l’obscurité : la plupart des habitations populaires se trouvaient à proximité du grand temple de Helm. Il sourit. Un voisinage qui devait certainement faire enrager la bretteuse.

Rares étaient ceux qui traînaient dans les rues, à cette heure déjà avancée de la soirée. Lothringen leur prêta peu d’attention, et ne perdit pas non plus son énergie à essayer de relancer la conversation qui s’était tarie: ils étaient bien d’accord qu’ils seraient mieux ailleurs pour parler…

Suite

[Duo]

[Incursion rapide devant la taverne, un millier de plates excuses Ô puissant Althy]

Alors que sa troisième journée sous le ciel manostien débutait, Iria était déjà fort affairée. Elle parcourait tranquillement les rues de Manost brandissant ses affichettes et parlait à qui voulait l'entendre.

"Oyez oyez braves manostiens ! Si vous avez soif de gloire et d'aventure, rejoignez-moi pour lutter contre Talos le destructeur ! Celui-là même qui étend son sombre pouvoir sur une trop grande moitié de Dorrandin."

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara menait son cheval par la bride, toute à ses pensées. Elle avait choisi de se diriger vers le port dans l’espoir de trouver quelque aventurier apte à la renseigner sur la mystérieuse affiche. Tout en ruminant sur son impulsivité qui l’avait menée sans préparation dans la Cité d’Helm, elle cheminait le long de la rue pavée en profitant pour observer ces citadins qui l’intriguaient un peu. Elle n’avait pas encore pris l’habitude des grandes villes et la Cité d’Helm était la plus étonnante qu’elle ait jamais pu visiter.

Elle croisa quelques passants sans vraiment y faire attention. Parmi tous ces honnêtes citoyens, son regard s’attarda à peine plus longuement sur une femme en armure de cuir noire à la longue chevelure brune. Un frisson lui parcourut l’échine alors qu’elle passait à sa hauteur. Alors que la jeune humaine passait son chemin, l’inconnue se mit à déclamer et distribuer des tracts.

Chandara s’arrêta net et fit faire demi-tour à sa monture. S’approchant de l'étrange femme, elle tendit une main pour obtenir un tract. Le parcourant rapidement des yeux, elle leva son regard vers le visage de l’inconnue :

- Ainsi voici donc la clé du mystère ! Voici donc l’origine de l’émoi !

Guettant la réaction de son interlocutrice, Chandara omit volontairement de se présenter.

[Duo]

Lorsque Chandara l'interpela en lui prenant un tract, Iria sut qu'elle avait ferré un gros poisson. Elle rejeta ses cheveux en arrière.

"Oh ! Bonjour à vous. Vous avez besoin d'un renseignement peut être ?"

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

La jeune femme surmonta son malaise et regarda l’inconnue dans les yeux.

- Bonjour à vous aussi… Est-ce à vous que l’on doit cette littérature pour le moins grotesque ? lança-t-elle en désignant la pile d’affiches.

- Ce genre de provocation pourrait vous valoir des ennuis. L'ennui avec les écrits, c'est qu'ils voyagent vite entre des mains imprévues. A moins que cela ne soit votre dessein originel que de semer les graines de l'agitation ?

[Duo]

Iria toisa la jeune inconnue du regard. Elle cracha au pied de sa monture avec de répondre sur un ton méprisant.

"Ecoute-moi bien fillette, si le contenu de mon offre te fait peur, tu peux partir. Je cherche des gens courageux, pas des donneurs de leçons."

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Le premier contact était des plus charmants. Voilà qui n’apaisait pas les inquiétudes de la jeune femme quant aux intentions des mystérieux agitateurs. Il lui fallait en apprendre davantage sur l’étendue du désastre à venir.

- Peut être suis-je intéressée par le contenu de votre « offre » mais pas par vos méthodes un peu trop voyantes et inutilement risquées. Vous m’insultez et remettez en doute mon courage à la première remontrance, voilà qui ne me rassure guère sur vos talents diplomatiques.

[Duo]

Voilà pourquoi Iria détestait s'éloigner de Melandis. Les gens de l'extérieur trouvaient toujours quelque chose de compliqué à dire. Et ils n'étaient que rarement sympathique au premier abord.

"Je suis seule juge de mes méthodes et je pourrais déployer bien des faux semblants de diplomatie pour satisfaire les habitants de ce côté-ci de Dorrandin mais voyez-vous, je suis assez pressée par le temps. Je cherche des gens courageux et qui veulent nuire aux Talossiens de Melandis."

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara se détendit ostensiblement, puis s’affaira à regarder aux alentours si personne ne les écoutait avant de répondre à voix basse :

- Très bien, vous semblez sérieuse mais peut être me trompé-je encore. Si votre intention est réellement de nuire aux servants du Seigneur des Tempêtes, nous avons un but commun. Les espions du Destructeur sont partout aussi devrions-nous poursuivre dans un lieu plus approprié de votre choix.

Vous aurez ainsi l’opportunité de juger ma valeur et j’aurai celle de juger les méthodes que vous songez employer pour votre projet.

[Duo]

Iria eut un petit rire intérieur. Des espions de Talos ? Ici ? Dans ce coin bouseux ? Mouais. Peut être.

"Suivez-moi. J'ai une chambre à la Taie Dorée. Nous serons au calme pour parler."

Par ici.

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara passa la porte du Loyal Paladin en début de soirée. Ses dévotions au Temple de Helm lui avaient laissé le cœur en fête mais l’estomac en grève. Titœil s’affairait à préparer la salle pour les clients qui ne tarderaient plus à envahir les bancs de l’auberge chaleureuse.

Elle avait réussi à prendre contact avec les conspirateurs qui avaient diffusé un appel à candidature dans la ville. Le délai qui lui avait été octroyé lui laisserait tout loisir de se préparer le lendemain. Pour l’heure, elle se dirigea résolument vers l’aubergiste et se campa devant lui, un sourire aux lèvres :

- Bonsoir mon cher Titœil ! Je vous avais dit que je reviendrai et vous savez quoi ? Grâce à votre grande sagesse, j’ai pu m’infiltrer dans le réseau des conspirateurs ! Nous allons pouvoir passer la soirée ensemble ! Qu’avez-vous préparé pour le dîner ?

[Althéa]

Quête : la fin de la suprématie

Titoeil sourit de son air bonhomme. Ils allaient passer la soirée ensemble, disait elle. S'il n'avait pas eu tous les autres clients, il se serait installé pour discuter un peu.

"Hé bien ce soir, je vous ai mitonné du lapin aux pruneaux arrosé d'un excellent vin aux épices"

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara applaudit joyeusement puis répondit, hilare :

- Mon plat préféré ! Comment avez-vous su ? Si vous me dîtes que c’est un cru des Terres du Sud de l’année de la Harpe sans corde, je vous embrasse mon cher !

[Althéa]

Quête : la fin de la suprématie

Titoeil avait secoué la tête l'air navré. Il allait décevoir une cliente. Il aurait tant aimé voir son visage s'éclairer et surtout, recevoir d'elle un baiser, tel un preux chevalier. Certes, preux chevalier il était déjà vu qu'il avait déjà vaincu la tarrasque ... en rêve mais il lui en manquait quelque peu les atours. Il demanda à la belle :

"Alors, qu'à donc donné cette annonce à laquelle vous vouliez répondre ?"

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

Chandara fit mine d’être déçue un instant avant de pincer gentiment la joue du tavernier et de lui planter un baiser sur le nez.

- Ne faites pas cette tête ! Je n’ai jamais aimé les vins de ces prétentieux des Terres du Sud de toute façon ! Tout le monde sait que les crus de Cojum sont bien plus fruités.

Prenant enfin conscience de la question posée Titœil, Chandara reprit :

Euh, oh…ouiii ! Je dois me rendre dans deux jours aux portes. Je crois qu’il est prévu de se rendre à Mélandis avec une troupe de mercenaires. Vous vous rendez compte ?

La jeune femme adopta un ton parfaitement sérieux en lui glissant un petit pli entre les mains.

- Messire, je considérerai comme une faveur personnelle que vous remettiez cette missive en mains propres à qui se réclamera du Guet du Grand Duc et réclamera de mes nouvelles.

[Althéa]

Quête : la fin de la suprématie

Alors, on lui confiait une mission. La première, véridique qu'il n'avait pas seulement vécue en rêve. Même si la tarasque ... Non, c'était encore mieux que de terrasser la bête par deux fois. Transmettre une lettre à l'image des plus grand espion. Il prendrait son rôle très au sérieux. Il la transmettrait sur un plateau avec un air mélodramatique de sa composition. Non, pas de plateau, cela serait trop voyant. Il la sortirait de sa manche. Mais baste, place à l'action.

"Tout ce que vous voudrez. Je m'acquitterai de mon devoir sans faillir"

[Kasumi]

[Quête : la fin de la suprématie]

La jeune femme s’inclina gracieusement. Elle pensait pouvoir faire confiance à Titœil pour s’acquitter de cette tâche. Cette ville était décidément remplie de personnes de bonne volonté avec qui elle se sentait bien.

- Je ne doute pas que vous vous en acquitterez à la perfection. Je pars après demain à la première heure. J’ai encore quelques affaires à régler en ville. Nous discuterons de la rétribution de vos services à mon retour, très cher.

Sur un clin d'oeil, elle prit place à une table encore vide attendant avec impatience le moment où le festin serait prêt. Elle aurait toute la journée du lendemain pour acheter les provisions et l’équipement nécessaires pour un long voyage. Puis elle se rendrait au rendez-vous aux portes de la ville.