Voici regroupés les épisodes les plus mémorables, hors quête, des topics manostiens tels que la taverne, mais aussi les commerces des Arcades et les interventions au temple. Humour et clins d’œil à l'honneur.
Cette imposante batisse de la principale place de Manost attire l'oeil par son immense enseigne dorée. Rcihement décorée de bas-reliefs et de dorures. Elle détonne d'ailleurs quelque peu avec les autres maisons plus sobres de l'esplanade. La boutique ressemble perpétuellement à une ruche où se presse la noblesse friande d'objets précieux, mais aussi les badauds qui s'extasient devant tant de merveilles.
L'orfèvrerie du rez-de-chaussée est une grande pièce rectangulaire agencée comme un musée. Au centre, un gigantesque comptoir trône entre toutes les vitrines. A l'arrière, une porte gardée mène vers l'atelier, petit couloir s'ouvrant à gauche et à droite vers deux pièces sans portes où travaillent les tailleurs de gemmes ou de métaux. Au bout se tient le bureau du propriétaire qui donne accès à la cave par une trappe et aux deux étages d'habitation par un escalier.
Le grand sergent rougeaud avait l'air désolé pour la femme en pleurs devant lui. Désolé mais gêné et visiblement pressé de s'en aller...
" Ecoutez Madame, on fera ce qu'on peut pour les retrouver. Mais bon vous savez ce que c'est les crimes crapuleux, n'est-ce pas. Ils sont probablement déjà repartis pour Mélandis... "
La petite forme recroquevillée devant lui larmoyante et hoquetante explosa à ces mots et cria d'une voix désespérée au visage du garde :
" Mais ce n'est pas un crime... crapuleux comme vous dites. Ce sont ses ennemis qui on tué mon mari ! Vous le savez bien, mais vous n'osez rien faire. Lâche ! Poltron ! - Calmez-vous Madame, ne vous mettez pas en tord. Voyons, voyons, rien n'indique que votre hypothèse soit vrai, bien au contraire ! "
Le sergent se dandina un petit peu, mal à l'aise devant ses hommes qui savaient aussi bien que lui ce dont il retournait. Bien sûr qu'elle avait raison, mais elle pouvait bien comprendre. Il avait une femme et un fils qui rêvait de s'engager, la fierté de son père. Et il ne voulait pas finir comme le bijoutier. Il déglutit difficilement alors que la femme recommençait à l'agonir d'injures. " Lâche ", un petit peu oui. Mais que pouvait-il faire sinon une victime de plus. De toutes façons, il serait muté à la frontière avant même de commencer une telle enquête. Et on en racontait de belle sur les Mélandiens.
Il respira un grand coup et annonça :
" Nous devons y aller Madame. Nous vous tiendrons au courant des progrès de notre enquête. "
Il fit signe à ses hommes de sortir et leur emboîta le pas mais s'arrêta sur le pas de la porte. Il prenait visiblement sur lui :
" Demandez Bellatrix à la taverne de la Taie Dorée. Elle est très habile pour tout ce qui concerne les enterrements ! "
Il franchit rapidement la porte et rejoignit ses hommes. Il avait un peu moins honte de lui, espérant que l'autre folle pourrait faire quelque chose.
Le petit groupe arriva peu de temps après cette discussion de la taverne de la Taie Dorée, comprenant en son sein cette fameuse Bellatrix recommandée par le sergent mais aussi Vel Cheran, jeune barde sans le sou. Avant de les introduire, l'homme qui les guidait leur fit un petit sermon :
" Bien, nous y voilà. Je peux me présenter maintenant, je me nomme Foulques Nerra et je suis l'homme de confiance de Mme Eudes. Son mari, le propriétaire de la bijouterie où nous nous trouvons, a été retrouvé mort il y a quelques heures à peine dans son bureau, tout au fond. Tout a été mis sans dessus-dessous et de nombreuses pièces d'orfèvrerie ont été volées. Malgré cela, Mme Eudes et moi-même refusont de croire à un simple cambriolage qui aurait mal tourné. Et certains faits récents confortent notre hypothèse mais elle vous en parlera mieux que moi. Que désirez-vous en premier ? Aller voir le corps avant qu'on ne le retire ou préférez-vous parler tout de suite à ma maîtresse ? "
[Quête] La mort dans l'âme
Vel'Cheran réfléchit quelques secondes avant de répondre. Cette affaire était d'apparence banale pour lui : à Féerune, les cambriolages étaient fréquents, et les bijoutiers possédaient toujours un ou deux gardes pour les protéger. Il n'était pas rare que le gérant d'un tel magasin soit tué par des cambrioleurs ayant été surpris en plein larcin. Le barde penchait de prime abord davantage pour un crime « accidentel » lors d'un cambriolage que pour un assassinat prémédité, mais l'apparente certitude de ses employeurs le troublait néanmoins. L'inspection des blessures de la victime lui sembla la première chose à faire afin de déterminer la façon dont il avait été tué, et si cela pouvait effectivement être classé comme un meurtre de sang-froid ou comme un « accident ».
Je préfèrerais commencer par examiner le corps, dit-il finalement. Il vaut mieux profiter du fait qu'il soit encore là, de plus votre maîtresse désire peut-être se reposer avant de devoir subir nos questions. De plus, l'inspection du corps pourrait nous donner des indices quant à l'identité, ou au moins le genre de méthode de ses assassins. Qu'en pensez-vous, Bellatrix ?
Si demander l'avis de sa fantasque partenaire ne l'enthousiasmait pas outre mesure, Vel'Cheran savait que travailler de concert serait vital, surtout si l'hypothèse du meurtre prémédité s'avérait être la bonne. De plus, au vu de son apparence physique et de ses manières, elle s'y connaissait très probablement en cadavres.
Elle avait mis ses poings sur les hanches et hoché la tête.
"Un cadavre ... quelle bonne idée ! On le mange, on le range, on le regarde, on le coiffe. Tant de choses à faire avec un cadavre. Une chaise, un pot de fleur. Et même parfois, si on a rien pour décorer durant certaines fêtes ... Tout pour occuper les heures creuses !
Elle s'était retournée vers Vel'Cheran avec un petit sourire aux lèvres.
"Et qui sait, peut être pourra-t-il nous dire lui-même de quoi il retourne"
" Comme vous le souhaitez "répondit Foulques en hochant la tête."Suivez-moi "
Il emprunta la porte du fond et les conduisit le long d'un couloir sombre jusqu'au bureau de feu le maître des lieux. Il s'agissait d'une grande pièce disposant d'une unique fenêtre fermée par de solides barreaux. En entrant, on se trouvait face à une vaste table de travail encombrée d'outils de bijoutiers. De chaque côté de celle-ci s'élevait une armoire à tiroirs, devant se tenaient deux fauteuils et derrière un secrétaire fermant à clef mais qui avait été défoncé violemment. Le reste de la pièce présentait un désordre indescriptible : tous les tiroirs avaient été ouverts et vidés de leurs contenus, des papiers et des écrins gisaient partout sur le sol et on ne progressait qu'à grand peine si l'on désirait ne rien fouler.
Derrière l'imposant bureau se trouvait le corps allongé, la poitrine en sang...
Quête : la mort dans l'âme
"Noooooon, pas toi ! Non, fais que ce ne soit pas toi ! Ah si, c'est toi ! Nooooooooooooooon !"
Bellatrix se précipita en hurlant et en courant vers le cadavre, les bras en l'air. Quand elle arriva à sa hauteur, elle se pencha sur le corps sans pour autant le toucher. Elle resta quelques secondes éperdue avant de reprendre.
"Qu'il a l'air de bien dormir. Oh, il a pété. Ah non, c'est moi"
Nouvelle interruption, nouveau regard. Elle se tourna vers ses deux compagnons.
"Convaincant non ? Bon ... il a l'air bien plus mort que vif ce pauvre homme. Voyons, voyons. La poitrine en sang. Gorge tranchée, trous de pioches, de poignard, attaque de poules enragées, épée. Il réagit quand on lui touche les pieds ?"
Le corps du marchand reposait allongé sur le dos, les jambes légèrement repliées l'une le genou dressé vers le haut et posée sur la plante du pieds, l'autre étendue sur le côté. Sa main gauche refermée en un poing serré reposait sur le sol, le bras le long du corps, tandis que la droite restait crispée sur sa poitrine d'où émergeait le sang. Elle n'empêchait tout de même pas d'observer la blessure qui avait entraîné la mort.
Etroite et peu profonde pour ce qu'on pouvait en voir, elle avait provoqué une hémorragie certaine en perçant superficiellement le coeur. Le sang s'était ensuite répandu sur le ventre et le haut des cuisses du marchand. Le tapis n'en portait nulle trace.
Pendant que Bellatrix se délectait de ces détails, Vel Cheran embrassait du regard plus largement la scène. Feu M. Eudes gisait juste à l'emplacement habituel de son fauteuil, en témoignaient les marques profondes dans le tapis de ces quatre pieds. Il portait des vêtements riches mais peu épais, mis à part une ceinture ostentatoire et massive. Sa tête seule dépassant du tapis était posée sur le parquet, le visage empreint d'une expression plutôt résolue. Aucune arme ne semblait se trouver à proximité...
« Joli petit cadavre. Joli, petit. Déposé de façon artistique et analgébrique. L’art de la dissymétrie »
Elle s’avança encore comme pour humer le mort.
« Bien sûr, il ne respire pas. A ce que je vois, on ne l’a pas attaqué par derrière. Il a vu ses agresseurs. Et il s’est levé juste pour se faire poignarder. Très poli à ce que je vois … Mais ce ne lui a pas réussi, quel dommage. Si seulement il pouvait nous parler. Une petite dague ou un petit stylet plutôt qu’une grosse épée. Une arme vite emballée, vite pesée, vite utilisée, vite dissimulée. Notre tueur a le sens pratique. Gentil garçon. La lame a perforé le cœur. On n’a donc pas voulu le faire souffrir plus que nécessaire. Pas le sens du raffinement … »
Quelques secondes plus tard, elle tombait sur le dos à coté du cadavre.
« J’essaye de comprendre sa psychologie mais il ne me vient rien. Quelle idée de rester tout le temps sans bouger. Enfin, si les morts marchaient, ça se saurait. Remarque, les canards … »
Elle se rapprocha encore du mort, vers sa main refermée.
« Apparemment, il a voulu protéger ou montrer quelque chose. Peut être un bout de tissus, ou une lettre morte. Peut être un pompon. Mais ça ressemblerait trop à Agatha Crispy »
Elle prit la main du cadavre dans la sienne et entreprit de déserrer la main.
« Allez petit, sois coopératif s’il te plait. De toute façon, tu ne sentiras rien »
La jeune femme écarta les doigts déjà raidis par la mort et trouva au creux de la main un papier froissé. Vel Cheran écarta le fauteuil qui se tenait debout à un pied de la tête du corps et se pencha à côté de Bellatrix pour afin d'examiner sa trouvaille. Elle déplia frébilement ce qui s'avéra être un portrait réalisé à la plume, celui d'une jeune fille aux longs cheveux.
"Ah, oh ... très réussi. Très ressemblant ... Oui, on voit très bien ..."
Bellatrix se tourna vers Vel'Cheran pour lui montrer la feuille.
"... que ce n'est pas moi"
Elle le regarda encore, le nez contre la feuille, comme pour en sentir tous les détails.
"Hé bien, l'on peut dire de ce drôle qu'il avait une femme sous la main !"
Elle partit d'un grand rire avant de se ressaisir à grand peine.
"Peut être une maîtresse qu'il aurait voulu protèger des assiduités de sa femme. Elle voit le dessin, n'est pas contente, elle le poignarde et met tout sans dessus-dessous pour faire croire à un cambriolage ... En voila une femme de caractère, crénom !"
Elle se frappa le front.
"Ou peut être est-ce le dessin de la femme qui l'a assassiné. Il a dû passer le temps avant de mourir en la dessinant, vu qu'il n'avait rien d'autre à faire. Hum ... pas très plausible ça ... En tout cas, il ne l'a pas peinte après sa mort. Ou il l'a peut être dessinée en sachant qu'elle allait venir le tuer. Je ne sais pas, je ne suis pas devin ... Au moins qu'on lui ait mis cette femme dans la main après sa mort. Ce qui est ma foi charitable"
Elle se releva.
"En attendant d'avoir d'autres éléments, nous devons nous en battre le scrotum avec une pelle à tartes"
Vel'Cheran examina le portrait : il n'avait aucune idée de l'identité de la personne, car aucun détail sur le dessin ne permettait de réellement donner des indices crédibles. Le barde se pencha de nouveau sur le cadavre, cherchant des indices quand à la cause de sa mort : apparemment, le coup avait été porté avec une arme de petite taille, comme l'avait suggéré Bellatrix. Ce qui le chiffonnait, c'était l'absence de toute trace de lutte sur le cadavre : aucun hématome, aucune blessure autre que celle qui lui avait percé le coeur. Il s'agissait d'un coup chirurgical : un tel assassinat avait forcément été exécuté par une main de maître, et non par un simple voleur, d'autant que la victime aurait alors pu se débattre, voire se défendre, or tout semblait montrer qu'il était mort brutalement, sans avoir le temps de comprendre ce qui lui arrivait.
Deux possibilité naquirent dans l'esprit de Vel'Cheran : soit l'homme avait été tué dans son sommeil par un assassin professionnel, soit son meurtrier était une personne en qui il avait confiance et qui aurait pu s'approcher suffisamment près de lui pour lui porter un coup rapide et fatal. Quoiqu'il en soit, ces deux hypothèses anihilaient totalement sa première impression de meurtre accidentel : il s'agissait sans aucun doute d'un assassinat.
Chère amie, je crains qu'il ne s'agisse effectivement d'un meurtre prémédité. Comme vous l'avez fait remarqué, l'attaque a été rapide et soudaine, sauf s'il a été tué dans son sommeil. Cependant, la position actuelle du fauteuil laisse penser le contraire. Quoiqu'il en soit, il s'agissait d'un assassin expérimenté, et probablement en qui notre homme avait toute sa confiance, afin qu'il puisse s'approcher suffisamment pour pouvoir le poignarder ainsi. Au vu de la blessure, il semble en effet peu probable qu'il ait été tué de loin : même une dague de jet aurait laissé une blessure plus profonde. Peut-être ce portrait est-il la clé de tout cela. Je suggère que nous allions montrer cela à sa veuve.
Malgré son éternel décalage avec le reste du monde, Bellatrix avait tiré des conclusions fort justes : Vel'Cheran se dit qu'après tout, il ne fallait pas trop se fier aux apparences. Même s'il se demandait encore ce qu'étaient un scrotum et une pelle à tarte.
Foulques les observait attentivement depuis leur entrée dans la pièce. Debout dans l'embrasure de la porte, il avait suivi l'examen du cadavre et la découverte du portrait avec un petit sourire : ces gens-là étaient pleins d'idées et de ressources. Restait à voir ce qu'ils allaient en faire... Il fit quelques pas dans le bureau et s'adressa aux deux enquêteurs.
" Si vous désirez parler à Mme Eudes, nous allons monter à l'étage. Je vous prierais tout de même, ajouta-t-il avec un regard appuyé en direction de Bellatrix, d'avoir en sa présence un comportement décent et de respecter sa douleur. Suivez-moi. "
L'homme contourna le bureau et déplaça un panneau coulissant camouflé dans les boiseries. Derrière se trouvait un escalier qu'ils empruntèrent tous trois. Ils débouchèrent alors sur une vaste pièce carrée faisant visiblement office de salon et de bibliothèque. Plusieurs fauteuils et divans gravitaient autour d'une table et des étagères chargées de livres couvraient la totalité des trois autres murs à l'exception d'une porte dans chacun d'entre eux. Foulques se dirigea vers la porte de droite et frappa deux fois. Une voix les autorisa à entrer et ils pénétrèrent dans la chambre de la maîtresse des lieux.
C'était une petite salle plutôt fonctionnelle : une armoire sur la droite en entrant, une cheminée sur la gauche, surmontée d'un grand miroir ouvragé et où mourrait un feu abandonné, enfin au centre de la pièce, un grand lit sur lequel une femme couverte d'un voile sanglotait silencieusement. Elle leur adressa néanmoins la parole :
" Bonjour à vous. Excusez-moi pour cet accueil mais... c'est... très difficile... "
Et elle se remit à pleurer.
Bellatrix regardait la femme, les yeux ronds en s'ébouriffant les cheveux. Après quoi, elle se décida à parler.
"Mais je comprends ma petite dame. C'est qu'on s'y habituerait presque à ces petites choses. Même moi ! Je m'y étais fait, même à son dentier et à ses pillules de Madame Wagra. Il était tellement alerte ce petit pour ses quatre vingt-deux ans. J'aurais dû prévoir qu'il aurait l'intention de faire des cabrioles dans l'escalier. Il faisait tout pour m'impressioner ... Ce fut dûr"
Et elle essuya une larme factice sur sa joue.
"Quant au vôtre, ce n'était pas dans son habitude de se faire poignarder j'imagine ... Pauvre biquet ! Mais vous a-t-il paru bizarre ? Je veux dire avant bien sûr. Déjà, l'avez vous trouvé dans son fauteuil ? On dirait qu'on l'a bougé. L'avez vous entendu crier, parler ... mais pas tout seul. Feu le mien avait de grands débats avec lui même vous savez. Pas le fauteuil bien-sûr ! Avez vous entendu du bruit ou vu d'autres personnes qui n'étaient pas vous ?"
La femme hoqueta quand elle entendit les paroles de Bellatrix au sujet du fauteuil.
" Mais, mais... pou... pourquoi l'aurait-on bouger ?articula-t-elle difficilement à travers ses sanglots. Je... je ne sais... - Je peux vous répondre, intervint Foulques. Oui, il était comme cela quand nous l'avons trouvé. En fait, c'est moi qui l'ait trouvé. J'habite au-dessus et je me lève en premier le matin. Je n'ai touché rien et j'ai simplement prévenu Mme Eudes. - Oui, ex... exactement. Mais je n'ai r...rien entendu. N'est-ce pas Foulques ? - Si vous le dites Madame, je n'ai rien entendu non plus cette nuit. Par contre, nous en avons vu des gens bizarres. - B... bien sûr, depuis plusieurs semaines... ou peut-être mois. Des gens qui viennent tard le soir... Qui viennent lui parler. Je suis sûr qu'ils l'ont tué ! "
Bellatrix les avait écouté en se tapotant frénétiquement le menton.
"Comme c'est intéressant. Alors, le fauteuil a réalisé une translation d'avant en arrière. Et vu les marques, ce n'est pas un petit fauteuil : totalement à l'épreuve des pets de mouches. Mais s'il s'est déplacé, tout seul ou avec une aide extérieure il aurait dû au moins avoir la courtoisie de vous prévenir. Il y a comme qui dirait lorgnon sous gloupion, si vous voyez ce que je veux dire ..."
Elle avança jusqu'à madame Eudes jusqu'à ce que leur visages soient à deux doigts de se toucher.
"Maintenant, je vous entends mieux et nous voyons toutes les deux la situation d'un oeil différent. Vous n'avez donc rien entendu ... Votre mari aurait pu passer vous voir pour vous prévenir, le bougre ! Peut être que vos appartements se situaient trop loin. Sûrement trop loin pour un homme avec le coeur transpercé. Même pour les grands sportifs. Ou vous dormiez sur vos deux oreilles pour n'avoir rien entendu ni l'un ni l'autre non ?"
Elle se tut quelques secondes comme pour se donner le temps de reprendre son souffle.
"Et ces gens bizarres ... vous les laissez vous rendre visite au milieu de la nuit ? Et que font ils ces gens bizarres ? Vous les avez vus ces gens bizarres ? Comment bizarres ? Comme moi ?"
Et elle se reprit le menton, visiblement satisfaite de ses interrogations.
" - Le rez-de-chaussée est isolé des parties habitables au point de vue sonore, expliqua Foulques. Vous pouvez toujours hurler dans le bureau, quelqu'un en haut de l'escalier ne vous entendra pas... - C'est cela, approuva Mme Eudes qui reprenait quelques couleurs au fil de la discussion, quelque peu distraite de ses macabres pensées. Il faut d'ailleurs que vous sachiez que mon époux était insomniaque. Il n'était pas rare qu'il reste des nuits entières dans son bureau à tailler des gemmes ou bien le nez dans ses comptes. Aussi je ne me suis guère inquiétée cette nuit. - Moi non plus Madame, alors que c'est mon travail... Quoi qu'il en soit, Monsieur Eudes recevait en effet depuis quelques temps des gens étranges, pas des clients, pas des négociants. Plutôt des hommes de main. Je les ai vus deux fois en rentrant tard le soir et Mme Eudes une fois qu'elle revenait d'une visite. - Oui oui ! Des gens encapuchonnés, avec des épées. Enfin, je crois que l'un d'entre eux tenait une petite épée sous sa cape. Mon mari n'a jamais voulu me donner aucune explication à leur sujet. Mais... je pense qu'il existe un rapport avec ses affaires. D'abord parce que dans un autre cas, il m'en aurait parlé, ensuite parce que les premières visites ont coïncidé avec une période d'opulence pour nous.... "
Quête : La Mort dans l'âme
Vel'Cheran se gratta le menton, pensif.
Des hommes de main ? Ils pourraient être responsables du crime, ou peut-être, au contraire, engagés par votre époux pour le protéger. Vous dites que vos coffres se sont remplis à ce moment-là... Cela pourrait donc signifier que votre mari se serait mis à quelques menus trafics qui auraient mal tourné...
Le barde réfléchit à tout cela, tournant et retournant les données dans sa tête. Quelque chose semblait clocher dans tout cela.
Comme nous l'avions constaté, il apparaît qu'il a été... tué par un instrument petit et fin, une dague ou un stylet. Je vois mal des « hommes de mains » user de pareilles méthodes. Mais je me trompe peut-être.
Vel'Cheran se tourna vers Bellatrix, hésitant. Il ne savait pas trop si parler de cela à la veuve pouvait être considéré comme indécent, mais après tout, il s'agissait peut-être d'une piste sérieuse.
Peut-être que le portrait....? proposa-t-il à la jeune femme.
"Des hommes de main ... Jeu de main comme on dit ... Mais pourquoi pas des hommes de pied d'abord ? C'est toujours plus utile pour vous aider à marcher, surtout quand les votres sont défectueux. Mais passons. Mais pourquoi des hommes de main hein ? Pourquoi pas des huissiers, des créanciers, des pas-contents, des échangistes, des mauvais joueurs, des revendeurs, des maîtres-chanteurs, des rouspeteurs et mêmes des qui ne se terminent pas par "eur" vous savez. Cela nous fait toute une tripotée. Et à ce que je vois, pas à une tripotée de manchots."
Elle s'arrêta une fraction de secondes, le temps de pousser un profond soupir ressemblant à s'y méprendre au discret hénissement d'un cheval.
"J'en ai connu un moi, de monsieur bizarre. Un jeune homme physiquement intelligent. Moultes creux et bosses là où il faut. Très alerte lui aussi. Enfin, c'est ce qu'il me semblait. Un jour, il me demande s'il peut venir chez moi pour un entretien privé. A peine arrivé, il a voulu aller dans ma chambre. Je l'ai fait monter puis je l'ai laissé le temps de me repoudrer le nez. Et quand je reviens je le trouve dans mon placcard ... en train d'essayer mes chaussures ..."
Elle posa son doigt devant sa bouche, comme pour s'ordonner de se taire. Puis, tout à coup porta son autre main dans l'échancrure de son corsage avant d'en ramener le morceau de parchemin qu'elle déplia et tendit à la femme :
"Comme quoi, une femme peut en cacher une autre. Un peu comme les martriachikita de chez l'empereur Poulpoutine. Vous voyez ? Non bien sûr, vous ne voyez pas ça. Vous voyez cette dame là, qui n 'est pas moi. En revanche, elle vous dit peut être quelque chose. Pas de vive voix m'est avis. Peut être qu'elle ne vous a pas reconnu. Mais vous ?"
La femme saisit le parchemin et regarda intensément le visage de la jeune fille représentée. Puis elle regarda les deux limiers en souriant :
" Bien sûr que je la connais : c'est ma fille ! Il s'agit du portrait que mon mari avait fait exécuter il y a un an ou deux et qu'il conservait toujours avec lui. Où l'avez-vous donc trouvé ? "
Sa fille ? Ainsi, il pourrait s'agir d'un chantage assorti de menaces de mort sur la personne de sa propre fille...
Vel'Cheran continua de se gratter le menton d'un air pensif, une habitude qu'il avait prise à l'armée, car alors posséder une lame de rasoir était un luxe que bien peu de soldats pouvaient s'offrir ; et comme se raser à l'aide d'une dague ne l'avait jamais attiré (par manque d'enthousiasme à l'idée de se taillader les joues), il s'était laissé pousser une barbe qui le démangeait sans cesse. Même s'il avait eu depuis maintes fois l'occasion de s'en débarrasser, le tic était resté.
Et bien, Bellatrix a trouvé ce portrait dans le poing serré de votre défunt époux. Où votre fille réside-t-elle actuellement ? Est-elle à Manost ? Il se pourrait qu'elle soit mêlée à cette affaire, et que votre mari ait perdu la vie afin de la protéger.
Vel'Cheran lorgna le plancher, peu désireux d'inquiéter davantage la pauvre veuve. Mais il ne pouvait pas lui cacher la vérité. Il cru cependant bon d'ajouter :
C'est peut-être une fausse piste, mais il ne faut rien négliger. Il est fort possible que ce ne soit qu'un geste de votre mari n'ayant rien à voir avec son assassinat, ses dernières pensées allant à sa fille.
[Quête] La mort dans l'âme
Mme Eudes pâlit visiblement quand Vel Cheran évoqua la possibilité de l'implication de sa fille. La pauvre femme venait de perdre son mari, et voilà qu'on lui annonçait que sa fille courrait peut-être d'aussi grands dangers ! Elle resta quelques instants comme prostrée sur son lit, déglutit difficilement et essaya deux fois de prendre la parole sans succès. Finalement, ce fut Foulques qui répondit à la question du barde.
" - Mlle Eudes vit ici même, sa chambre est à côté. Vous désirez lui parler ? Je crains qu'elle ne soit très choquée... Je ne suis pas certain que ce soit une très bonne idée. "
C'est à ce moment que la femme retrouva la parole. " Attendez ". Elle secoua la tête, s'appuya sur l'épaule de l'ancien soldat pour se lever et fit quelques pas vacillant.
" Laissez Foulques, je vais les conduire à la chambre de Garance. Elle fera un effort comme moi. Nous ne devons pas nous ménager si nous souhaitons que la lumière soit faite . Surtout si elle se trouve elle-même en danger. Suivez-moi. "
La femme avança vers la porte que Foulques lui ouvrit et traversa le salon-bibliothèque pour prendre la porte face à l'escalier. Là, elle frappa doucement. Aucune réponse ne se faisant entendre, elle frappa à nouveau, puis appela :
" - Garance ? Je peux entrer ? - Non ! - Mais Garance, il faut que je te vois. - M'en fiche ! Laissez-moi tranquille. - Ecoute, j'ai engagé des gens pour enquêter sur la mort de ton père. C'est assez difficile comme cela.Elle recommença à pleurer. Laisse-nous entrer ! - Allez tous vous faire voir chez les Mélandiens ! - Garance ! Tant pis pour toi, j'entre. "
Mais la porte était visiblement bloquée de l'intérieur car elle résista sans mal à la faible poussée de la femme. A bout de nerfs, elle fondit en larmes. Foulques qui surveillait la scène du coin de l'oeil approcha rapidement un fauteuil dans lequel elle s'écroula effondrée. La situation se compliquait quelque peu...
"Hé ben dis donc, c'est bien la première fois que j'entends une porte parler comme ça"
Bellatrix, à l'instar de Vel'Cheran gardait une main posée sur son menton. Elle contempla la porte durant quelques secondes avec une moue perplexe, comme si elle étudiait de près une apparition surnaturelle.
"Mais dites moi jeune fille, vous avez le droit de nous adjoindre de nous faire voire à Mélandis - qui est un lieu très agréable d'ailleurs - vous pouvez aussi adorer Shar en portant des blousons noirs et faire des gestes bizarres avec vos doigts ... Mais là, on vous demande d'ouvrir la porte ! Et si vous ne le faites pas, nous allons être contraints d'employer la force. Attention, je compte jusqu'à 13 et à mon avis, ça ne va pas vous porter bonheur. Après, je ferai la grosse voix ..."
A mesure qu'elle égrainait les secondes, elle s'était penchée pour vérifier si la clef était dans la serrure. Puis, le compte à rebours terminé, elle se mit à hurler à pleins poumons, les bras levés et les yeux comme près à sortir de leurs orbites.
"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH"
Puis, sans crier gare, elle s'interrompit avant de donner un petit coup de pied à la porte pas coopérative et se remit à se gratouiller le menton. Avec un petit sourire d'excuse, elle se tourna vers madame Eudes.
[Quête] La mort dans l'âme
Mais Mme Eudes restait prostrée sur son fauteuil, la tête enfouie entre ses mains qui retenaient difficilement ses larmes. Foulques lança un regard noir à Bellatrix (à moins que ce n'ait été à la porte) et se précipita aux cuisines pour lui faire préparer un thé.
La question étant tout bonnement réthorique, elle franchit le seuil.
"Alors, le petit chaperon rouge ouvrit la porte et mangea la grand mère puis alla se mettre dans son lit en attendant le loup ... J'adore cette histoire, pas vous ?"
Pas de réponses, elle s'avança un peu plus dans la pièce.
"Mais j'ai une histoire plus drôle à vous raconter. Il était une fois, un homme assassiné. Les coupables furent arrêtés et connurent des supplices en tout genre. On les écartella avec des chevaux et des grenouilles, on les brûla, on les étrangla, on les décapita, on les pendit, on les démembra, on les déchiqueta, on les emascula, on les mangea, on les empala, on les dépiauta, on les emmura vivants, on les enterra, on leur enleva la peau, on les ébouillanta, on les tournicota, on les roua, on les mit dans une vierge de fer, on les envoya dans un gouffre sans fond aaaaaah ... tout cela grâce à la fille de la victime qui avait fourni de précieuses informations pour confondre les suspects ..."
La jeune fille qui se tenait devant Bellatrix devait avoir à peine plus d'une vingtaine d'année. Elle était sans doute jolie mais ses yeux rougies par les pleurs et la hargne qui se lisait sur son visage lui donnait l'aspect d'une hideuse et antique gorgone. Heureusement, elle n'en avait pas les pouvoirs car le regard furieux qu'elle lança à Bellatrix l'aurait pétrifiée sur le champ.
Garance se leva de son lit et d'un geste désigna la porte :
" Sortez immédiatement. Mes affaires ne vous regarde pas. Je n'ai rien entendu cette nuit et je ne sais pas qui pouvait en vouloir à mon père. Maintenant, quittez cette chambre ! "
La jeune fille croisa les bras en attendant l'exécution. Son visage s'était encore durci et elle paraissait décidée à se débarasser des importuns.
Vel’Cheran s’approcha de la jeune femme d’un pas hésitant. Elle était chez elle, et il jugeait que Bellatrix et lui avaient suffisamment manqué de tact auprès de Madame Eude pour ne pas en rajouter avec sa fille. Cependant, il lui paraissait évident que la jeune femme avait un rôle à jouer, direct ou non, dans toute cette affaire. Elle était presque leur unique piste sérieuse pour le moment, car retrouver des hommes encapuchonnés dans une ville pareille revenait à chercher de la bonté dans les actes du dieu Cyric. Quoique, il lui vint à l’esprit que Bellatrix était peut-être une fervente admiratrice du Dieu de la Fourberie… Gente demoiselle, nous nous devons de quérir votre aide. Nous nous excusons par avance d’avoir pénétré dans votre chambre par effraction ; je comprends votre bouleversement, mais il nous faut absolument savoir si vous possédez la moindre petite parcelle d’indice sur le malheur qui vous a frappé. Je vous conjure de me répondre ; si vous me demandez une nouvelle fois de partir, je partirai. Mais si vous savez quelque chose, aussi insignifiant soit-il, concernant le meurtre de votre père, je vous prie de nous en faire part. Nous ne sommes pas là pour vous importuner, mais bien pour vous aider. L’un dans l’autre, Vel’Cheran jugea qu’il ne s’en était pas trop mal tiré, ou tout du moins qu’il avait fait son possible. Un air penaud sur le visage, il attendit la réponse de la jeune femme.
A mesure que Vel'Cheran parlait, Bellatrix s'était mise à battre la mesure sur une musique invisible. Soudain, la cadence s'était accélérée et elle avait hurlé.
« Ah, la débauchée du cagibi, ma musique préférée. Avouez qu'elle est complètement transcendante. Yihaaaaaaaaaa ! »
Et sans prévenir, elle avait levé les bras en l'air et avait tourné sur elle-même. Puis, prenant soudain conscience que les regards s'étaient tournés vers elle, elle s'était interrompue.
« Vel'Cheran, si vous pourriez arrêter de regarder mes fesses, cela m'arrangerait beaucoup. Bon, je vous laisse discuter avec la demoiselle. Visiblement, vous vous débrouillez mieux que moi. Mais fermez au moins les yeux pour préserver ma nudité »
Rasant le mur comme pour éviter tout regard indiscret, elle se rendit auprès de la veuve et lui demanda :
« Pourrais-je aller m'égosiller dans le bureau histoire de voir si vous m'entendez ? Et j'aimerais aussi pouvoir poursuivre nos investigations avant qu'elles n'aient eu le temps de nous filer entre les doigts »
La jeune fille avait écouté avec attention le petit discours de Vel Cheran et ses traits s'étaient apaisé en l'entendant. Quand il eut terminé, elle partit d'un grand éclat de rire mi sincère, mi nerveux, qui ne fut interrompu que par le hurlement de Bellatrix qu'elle regarda avec effarement. Elle eut un rictus mauvais et lança à Vel Chéran :
" Elle est complètement dingue votre amie... Maman vous a vraiment engagés ? M'étonne pas que Papa ne lui ait jamais parlé de ses affaires si elle est capable de faire confiance à deux personnes comme vous. "
Elle s'arrêta et jeta un coup d'oeil à sa mère, toujours en pleurs sur le fauteuil, mais celle-ci n'avait visiblement pas entendu la sortie de sa fille. Elle reprit d'un air méprisant et en détachant soigneusement chacun de ses mots.
" Quant à vous, vous pensez vraiment le moment choisi pour faire le joli coeur ? Je n'ai pas l'habitude de revenir sur ma parole, et la dernière que j'ai prononcée ressemblait à s'y méprendre à "Dehors ! " non ? "
Elle congédia le barde d'un geste du bras et celui-ci sortit un peu penaud de la chambre de la jeune fille tandis que Bellatrix demandait à Mme Eudes la permission de poursuivre son enquête. Celle-ci accepta d'un hochement de tête avant de pousser un cri en se brûlant avec le thé que Foulques lui avait apporté. L'ensorceleuse descendit au bureau, referma les portes et se livra à quelques vocalises : Vel Chéran enfermé dans la chambre de Mme Eudes n'entendit absolument rien, et même de la bibliothèque on percevait à peine les hurlements de Bellatrix.
Bellatrix était partie en sautillant. Elle fredonnait tout bas :
"Jamais on n'a vu, jamais on ne verra, la famille tortue courir après les rats. Le papa tortue et la maman tortue et les enfants tortue iront toujours au pas"
Elle s'arrêta devant la porte du bureau. Elle entra sans autre forme de procès puis alla s'asseoir à califourchon dans le fauteuil. Jetant un regard au mort, elle lui lança :
"Hé bien, ça ne doit pas être drôle de défunter comme ça"
Elle pencha sa tête de coté et répondit d'une voix scépulcrale :
"Gargh, non, tu as raison, c'est pas drôle du tout ..."
Elle pencha sa tête de l'autre coté et poursuivit :
"Dis, tu peux me dire que tu as fait ça ?
-Gargh, non je ne peux pas. C'est à toi de le découvrir.
- En tout cas, vieille branche, tu es raide comme un piquet.
-Gargh, ce n'est pas drôle, je voudrais bien t'y voir
-Ah non alors, ce n'est pas prévu pour tout de suite. Mais dis moi, saurais tu où je pourrais trouver l'arme du crime ?
-Gargh, non mais demande à ma femme, c'est elle qui range tout.
- Tu as raison, je lui demanderai. En attendant tu es là, déjà froid ... Au moins tu es tranquille. Et les gens qui venaient chez toi alors ?
- Gargh, je ne vois pas de quoi tu veux parler.
- Moi si ... Même si je ne les vois pas ... Est ce que tu penses que je chante bien ?
- Gargh oui, ma petite Bellatrix, tu devrais t'inscrire à l'académie des futurs bardes en rut
- Oh, c'est trop. Tes compliments me vont droit au coeur. Mais revenons en à nos moutons, veux tu ? Peux tu me dire ce qu'il a de particulier ton fauteuil
- Gargh oui, deux acoudoirs un dossier ...
- Ah, même à six pieds sous terre, tu fais encore de l'humour. Mais je vais aller le regarder ton fauteuil ... Ou plutôt ce qu'il y a dessous ..."
Et, se penchant vers l'emplacement originel du fauteuil et poussant le tapis pour y voir mieux, elle se mit à chanter :
"Qui l'a vu, dans la rue le petit ver de terre. Qui l'a vu, dans la rue, le petit ver tout nu."
Sous le tapis, elle ne trouva rien.
"Mauvais joueur, tu n'es pas rigolo
- Gargh, je suis surtout mort, vieille canaille
- Non, pas vieille ..."
Elle parcourut la salle des yeux. Son regard tomba sur une trappe fichée dans un mur.
"Tiens, voila que tu compliques les choses, dit elle en allant voir de plus près
- Gargh, c'est ce qu'on appelle un coup de théâtre"
La trappe était fermée et aucun sort de déblocage ne parvint à l'ouvrir. Elle revint vers le mort et commença à le fouiller méthodiquement à la recherche de la clef.
"Je vais devoir te faire des guilis
-Gargh, pas les pieds, ça chatouille trop"
