[Habitation] La Maison Desmoulins

[Galathée]

« Je pense que si vous vous trouvez des activités moins frivoles… ou disons simplement plus adaptées à la saison, la baignoire pourrait ne pas être notre priorité. Un pantalon de rechange pour Victor, par contre… » fit-elle en exhibant celui que l’enfant allait devoir enfiler et qui lui arrivait désormais tout juste à mi-mollet.
« Mais il faut vraiment que j’y aille… » ajouta-t-elle en se levant.
Elle reprit sa cape à la patère, salua sa petite maisonnée, le cœur soudain empli d’une bouffée de bonheur brut, puis s’arracha à contrecoeur à leur douce présence, et retourna sous le déluge.

[Taliesin]

Les jours suivants s'écoulèrent, presque paisibles. En l'absence de Galathée, l'elfe et l'enfant s'occupèrent comme ils le purent. Victor retrouva bon gré mal gré ses travaux d'écriture et de lecture, Taliesin ceux de harpe. Mais ils travaillaient surtout le matin. Ils passaient le reste du jour à se promener dans le Parc Verdoyant, si le temps le permettait, ou à jouer aux dames avec des pierres récupérées dans le jardin. D'un commun accord, ils ne réitérèrent pas leur combat de boue.
Mais, sous ses dehors tranquilles, Taliesin sentait croître son angoisse : L'entretien avec le Conseiller Albérich se rapprochait à chaque instant, et il était conscient de tous les risques que cela impliquait. Une nouvelle fois, il quitterait la maison sans réellement savoir s'il y reviendrait. Galathée avait raison, cependant : il fallait essayer d'être optimiste. Et il s'y efforça, profitant au mieux de ces moments de répit avant la tempête.

[Galathée]

Galathée, de son côté, intégra en douceur les écuries du Grand Fort. Remise de sa mauvaise expérience à Hautépine, elle retrouva avec félicité les petits tourments quotidiens des chevaux, crevasse dans la bouche, fêlure de sabot, irritation au passage de la sangle. Comme l’avait dit Hullen, une bonne partie de ces tracas étaient due à de mauvaises habitudes dans le chef des cavaliers, et elle se fit un devoir de dispenser la bonne parole dans les travées odorantes de l’écurie, malgré les grimaces de ses interlocuteurs. Avec le mauvais temps survinrent aussi les premiers cas de refroidissement, un cheval glissa sur les pavés au cours d’un exercice et se foula l’épaule, un autre abusa de pommes pourries lors d’un passage au Parc Verdoyant. La rôdeuse retrouva rapidement ses réflexes et Hullen sembla satisfait de son travail.
Cependant, en dépit de son cœur à l’ouvrage, lorsqu’elle rentrait dans leur petite maison, le soir, elle sentait toute l’appréhension de Taliesin grandir, comme un fantôme invisible qui encombrait de plus en plus leur espace, et c’est avec un soulagement teinté d’angoisse qu’elle vit arriver la nuit précédent la rencontre entre l’elfe et le conseiller.

[Taliesin]

Taliesin se leva bien avant l'aube. Il n'eut aucun mal : rongé par l'inquiétude, il n'avait pas dormi de la nuit. Il écouta un moment la respiration calme de la rôdeuse assoupie, y cherchant un brin de réconfort, puis quitta la pièce, passant à pas de loup devant la chambre où reposait Victor.
Parvenu dans la salle à manger, il enfila ses bottes et son manteau sans prendre le temps de déjeuner. De toute manière, il avait la gorge trop nouée pour avaler quoi que ce soit.
Il ouvrit la porte et demeura un instant sur le seuil de la maison. L'obscurité régnait dans la rue, prélude glacial à la rencontre qui s'annonçait. Il avait beau essayer de voir le bon côté des choses, de ne pas désespérer d'avance, il n'était qu'angoisse. Si l'autre décidait d'utiliser ses pouvoirs...
Et bien, il ferait face. Attendre davantage ne servirait à rien.
Avec un soupir tremblant, l'ancien barde referma la porte et fila dans la nuit.

[Taliesin]

C'est complètement à bout de souffle que Taliesin revint du Temple. S'il s'était retenu de courir, il avait marché d'un pas pressé, se faufilant parmi la foule qui commençait déjà à emplir les rues.
C'était la deuxième fois qu'il revenait libre d'une confrontation avec le Conseiller Albérich. Encore une ou deux, et il pourrait peut-être commencer à se convaincre que ces rendez-vous ne déboucheraient pas sur son emprisonnement ou son exécution. A part, bien sûr, la séance où le clerc lui parlerait du monstre. Mais il ne devait pas y penser. Si cela devait mal tourner, autant qu'il profite du temps qui lui était imparti.
Il poussa la porte et pénétra dans la salle à manger. Galathée et Victor s'y tenaient, la rôdeuse déjà bottée et son manteau à la main.
-Le bourreau était en vacances, l'exécution est remise à plus tard.... fit-il avec un demi sourire.

[Galathée]

Galathée sourit et vint l’embrasser sur le front.
« Qu’a-t-il dit ? Dois-tu repeindre le temple de Lathandre, en désherber les parterres ? » demanda-t-elle avec humour.
Puis, voyant qu’il était toujours sombre, elle l’étreignit avec plus de force.
« Tu es toujours libre, Taliesin. Je suis sûre que chaque minute que tu passes avec ce clerc, c’est une minute où tu le gagnes à ta cause. Personne n’est insensible à ton charme, crois-moi. Il ne sait pas ce qui va lui tomber dessus… »

[Taliesin]

Taliesin sourit plus largement, cette fois.
-Alors il faut que je me prépare à me faire assassiner par sa petite amie... Déjà qu'elle est venue nous déranger en pleine réunion pour voir comment ça se passait...
Il redevint soudainement sérieux.
-Non, je dois juste auditionner et choisir les bardes qui interviendront à la Fête de la Lune. Et leur composer un programme... Pour le reste, il a laissé entendre qu'il me reparlerait bientôt du Monstre... Qu'il attendait d'abord de me connaître mieux... Mais n'y pensons pas : je dois affronter les choses en leur temps.

[Galathée]

« C’est la bonne attitude. » fit-elle avec le sourire. « Et je crois qu’il t’a filé quelque chose dans tes cordes, non ? Tu devrais emmener Victor. Il a bon goût en matière de musique. »
« Ah ouais ! Moi j’veux bien écouter toutes les chansons que tu veux ! » s’exclama Victor.
« Mais préviens quand même ce Conseiller que je n’ai aucune intention de te partager avec lui. »
« T’inquiète, je surveillerai. » fit le petit garçon avec sérieux.
« Merci Victor, j’étais certaine de pouvoir compter sur toi. »

[Taliesin]

Taliesin leva les mains.
-Bon, d'accord, tant pis, je lui dirai que ce n'est pas possible...
Il sourit à nouveau.
-Par contre, il m'a autorisé à proposer mes services à la Bienveillance. J'irai voir le patron dès que possible : s'il accepte de m'employer un ou deux soirs par semaines, ce serait déjà une bonne chose.

[Galathée]

« Excellente nouvelle. » murmura Galathée.
Puis elle les dévisagea l’un et l’autre, resserra sa cape et poussa la porte.
« Je dois filer, à présent. Tâchez d’imaginer des activités moins salissantes, pour aujourd’hui… Je vous fais confiance. »
Les gratifiant d’un dernier sourire, la rôdeuse gagna la rue et se dirigea d’un bon pas vers le Fort, où l’attendaient mille chevaux à examiner. Déambulant sous la bruine, elle avait le cœur léger.

[Taliesin]

Taliesin s'installa à table et, le soulagement d'être encore libre ayant réveillé son appétit, s'offrit un copieux petit déjeuner. Tout en mangeant, il songea à la nouvelle démarche qui l'attendait à la Bienveillance. Il ne savait pas ce qu'il craignait le plus : être éconduit sans façons par le tenancier ou bien être engagé. Cela faisait des lustres qu'il n'avait plus joué dans une taverne, et il se demandait s'il était encore capable d'enchaîner, insouciant, danses et chansons à boire. Mais il faudrait bien qu'il s'y remette tôt ou tard : c'était son métier, après tout. Et se voir chasser sans autre forme de procès ne ferait qu'accentuer ses inquiétudes quant à ses possibilités de s'intégrer à la cité. A tout prendre, mieux valait donc une prestation lamentable qu'un refus...
Dans tous les cas, il serait bientôt fixé : il ne voulait pas remettre cela à plus tard et comptait profiter de l'heure matinale pour tenter sa chance. Il y aurait peu de clients, l'aubergiste pourrait lui consacrer toute son attention, et s'il l'envoyait balader, presque personne n'en serait témoin.
Sitôt terminé son repas, il proposa ainsi à Victor de gagner la taverne. Celui-ci accepta bien volontiers - ils n'avaient rien d'autre à faire, de toute façon.
Après avoir récupéré son instrument, l'elfe quitta la maison, l'enfant sur les talons.

[Taliesin]

Le barde referma précautionneusement la porte derrière lui, rejetant au dehors le froid et la pluie. Depuis son départ de la caserne, rien n'était venu perturber sa marche. A son grand soulagement : il n'était pas certain qu'il aurait pu supporter de nouvelles mésaventures. Il avait déjà eu son lot pour une nuit. Pour bien des nuits, en réalité.
Il retira ses bottes trempées et, à pas de loups se coula vers la cheminée. Il ne restait plus que quelques braises, dans l'âtre, et il passa quelques minutes a ranimer le feu. Lorsque les flammes dansèrent, chaleureuses, il soupira et entreprit de se débarrasser de son manteau. Il grimaça à la vue du sang qui le maculait encore, tâches sombres et indéniables preuves de ce qu'il avait vu. Il faudrait songer à laver ça : il n'était pas certain d'avoir envie de tout raconter à Galathée.

[Galathée]

Lorsque Taliesin gagna enfin son lit, plus propre mais toujours épuisé, Galathée bougea un instant dans son sommeil, passa un bras autour de lui, puis soupira. Enfin, elle bâilla.
« Bonne soirée ? » grommela-t-elle d’une voix ténue.

[Taliesin]

Il se serra contre elle.
-La soirée fut bonne, oui... lui glissa-t-il à l'oreille. Le retour, un peu plus... aventureux, dirons-nous. Mais je t'en parlerai demain. Il vaut mieux que tu dormes, pour l'heure : l'aube est assez proche, je le crains...
Une nuit de réflexion ne serait pas de trop pour déterminer ce qu'il dirait et ce qu'il tairait...

[Galathée]

« D’accord… » murmura-t-elle encore.
Elle se pelotonna dans ses couvertures, soupira, se rapprocha de l’elfe pour l’englober dans sa chaleur et l’embrassa sur les lèvres. Une seconde plus tard, elle dormait à nouveau à poings fermés.
Tout autour de Taliesin, la maison dormait, et il entendit bientôt la pluie qui recommençait à tomber, plus tranquille qu'auparavant. Le vent sifflait dans les corniches et le tonnerre gronda, dans le lointain, désormais.

[Taliesin]

Il demeura longtemps éveillé, écoutant l'orage qui s'éloignait, songeant aux événements de la nuit. Les choses auraient pu mal tourner, oui. Mais elles ne l'avaient pas fait : il avait pu trouver de l'aide, des gens somme toute de bonne volonté. La jeune femme s'en tirerait. Le cadavre, non, mais il n'aurait rien pu y faire. Et au moins avait-il la satisfaction de n'avoir pas passé son chemin sans agir...
Lorsqu'il se redressa, il faisait grand jour. Le sommeil l'avait gagné sans qu'il s'en rende compte, et Galathée avait décidé de le laisser dormir. Pensant brusquement aux bêtises qu'aurait pu faire Victor s'il était toujours dans son idée de devenir contorsionniste, il s'arracha aux couvertures, passa ses vêtements et gagna le rez-de-chaussée.

[Galathée]

Victor ne lui réservait pourtant pas de surprise désagréable. Installé devant son petit déjeuner, il lisait un livre avec application, la langue sortie dans une expression d’intense concentration. Lorsque Taliesin fit son apparition, il releva les yeux.
« Ici, il est marqué : alors la graine du roi trouva la terre de la reine, et le chou du prince poussa. Mais j’ai l’impression que j’ai mal lu, ou bien alors ils se sont trompés, parce que c’est pas comme ça que ça naît les princes, si ? »

[Taliesin]

Taliesin s'installa à table et se versa un bol de thé.
-Non non, tu as bien lu, Victor. Mais effectivement, les princes ne naissent pas comme ça. Ils naissent comme tous les autres bébés.
Il tendit la main vers un broc de lait, héita, puis renonça et choisit le pain.
-Disons que... Le livre explique les choses à sa manière. On appelle ça une métaphore.

[Galathée]

« Ah, donc les gens font comme les chats, je me disais bien. Peut-être que c’était pas la même chose avec les rois, on ne sait jamais. Déjà qu’ils ont du sang bleu, tout ça, c’était possible. »
Il se leva et rassembla le reste de son déjeuner qu’il porta vers la cuisine.
« Galathée a laissé du pain pour toi et aussi un peu de confiture d’airelles. »
Il revint s’asseoir, lui apportant les victuailles en question.
« Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui, dis ? »

[Taliesin]

L'elfe se prépara une tartine, réfléchissant sérieusement à la question. Pour être franc, il n'en avait aucune idée. S'il n'avait pas déjà "dépensé" sa paye, ils auraient pu aller faire des courses, mais...
-Et bien... Une possibilité serait que je te fasse travailler ton écriture jusqu'au retour de Galathée, mais quelque chose me dit que tu ne vas pas être d'accord.
Il but une gorgée de son thé.
-Je crois qu'on peut faire ce dont as envie, en fait. Tant que ce n'est pas trop salissant, du moins...

[Galathée]

« Je sais ! On va aller nager dans le port ! » s’exclama-t-il avec entrain. « Au bout de la jetée avec les moules qui s’ouvrent parfois et qu’on peut manger ! Y’a un chouette coin où les algues chatouillent les pieds ! Bon, parfois y’a des méduses, c’est un peu répugnant, mais c’est rare, puis je te dirai où pas marcher pour pas te faire piquer par les oursins. »
Il se leva d’un bond.
« Ah oui chouette ! Puis c’est pas salissant, c’est de l’eau, Galathée dira rien ! »

[Taliesin]

Taliesin songea aux trombes d'eau qu'il avait dû affronter la veille et frissonna.
-Heu... En temps normal, je n'aurais rien contre ton idée... Mais il fait horriblement froid, dehors, et l'eau doit être glacée. Donc, on ne sera pas sales, mais malades comme c'est pas possible, et ta mère me pendra haut et court si elle apprend que j'ai été d'accord pour un tel projet...
Il acheva de vider son bol, histoire de se donner le temps de la réflexion.
-Si tu veux vraiment nager, il doit bien y avoir des thermes en ville. Avec de l'eau chaude. Je sais, c'est bête, on manquera les moules, les algues et les oursins, mais on manquera aussi la pneumonie. Et ça, c'est vraiment chouette.

[Galathée]

« Ah non, les thermes c’est pouah ! Y’a plein de vieux monsieurs tout nus, il fait horriblement chaud, et on peut même pas éclabousser ! On peut pas courir non plus, ni plonger, sinon les gens se fâchent. C’est nul les thermes, ça n’a rien à voir. »
Il se renfrogna quelques secondes, puis son visage s’éclaira.
« Je sais ! On pourrait aller continuer le super tunnel que j’avais commencé avec des copains dans le Parc Verdoyant ! Bon, fallait ramper un peu, mais t’es pas bien gros, tu devrais passer. Ça commence sous les racines d’un peuplier, c’est une ancienne tanière de renard, je crois, ou bien d’ours des cavernes. J’avais même caché une pelle dans un buisson, je parie qu’elle est encore là ! »

[Taliesin]

Taliesin sourit.
-Oui, bonne idée. Avec la pluie qu'il a fait cette nuit, le parc sera un vrai champ de boue. On pourra plonger, éclabousser, et on ressemblera à des golems en sortant. Galathée me pendra au retour, mais on s'en fiche. Et comme tu n'as pas de vêtements de rechange, tu devras te balader tout nu jusqu'à ce qu'on puisse aller chez un tailleur. Je crois que c'est le plan parfait !
Il se leva.
-Mieux que les nouveaux thermes qu'ils ont ouverts, ais-je entendu dire. Avec une salle de gymnastique, des bains à différentes températures, et plein de mômes qui font les zouaves, se plaignent les vieux grincheux.... Mais le Parc, donc !

[Galathée]

« Tu dis plein de mensonges pour m’attirer dans les thermes, je vais finir par croire que tu as quelque chose derrière la tête. » fit alors Victor, brusquement sérieux.
Il s’écarta de la table.
« Mais ça va, ça va. C’est toi l’adulte, c’est moi le gamin, donc je m’incline. Je serai sage, j’éclabousserai personne. Sauf toi. Parce que tu le mérites. »
Puis, tirant la langue à l’elfe, il déguerpit vers les étages, préparer ses affaires.

[Taliesin]

L'elfe demeura pantois un instant, se demandant si le gamin avait plaisanté ou non puis, haussant les épaules, il récupéra son manteau roulé en boule dans un coin et fila vers l'arrière cour pour en faire disparaître le sang qui le maculait encore. Il eut du mal mais quand il revint, une dizaine de minutes plus tard, les tâches brunes sur le vêtement pouvaient passer pour de la boue. C'était toujours mieux que rien.
Victor l'attendait, près de la porte. Taliesin lui sourit en s'approchant.
-On est pas obligés d'aller aux thermes, hein. Si tu as une autre idée - mais une idée vraiment pas salissante - je suis preneur.

[Galathée]

« On peut pas faire sale, puis aller aux Thermes ? Ça sert à quoi d’aller aux Thermes si on n’est pas sales ? Puis c’est dans les bas quartiers, c’est la zone… Papa voulait jamais que j’aille dans les bas quartiers. Si je me fais attaquer, ou quoi ? Ou toi ? Tout ça pour avoir les aisselles parfumées, c’est parce que t’es un elfe ! »
Il ouvrit la porte et resta immobile un instant sur le seuil. Il pleuvait à torrents.
« Même pas besoin d’aller aux Thermes, d’ailleurs ! »

[Taliesin]

Taliesin sortit et leva les yeux au ciel.
-Et c'est pas prêt de finir... Mais écoute, c'est plutôt bien, non ? Tu pourras te traîner dans la boue tout le long du trajet, et te laver après. C'est une expédition deux en ans, et personne ne finira pendu.
Il referma soigneusement la porte.
-Et ne t'inquiète pas, pour les attaques. Si le vieux grand-père de quatre-vingt-dix ans à qui j'ai parlé à l'auberge a pu s'y rendre sans danger, je pense que nous devrions survivre.
Il sourit au petit garçon puis s'avança dans la rue. En vérité, il aurait préféré rester tranquillement à la maison, mais si c'était pour devoir décoincer Victor de quelque endroit incongru, mieux valait encore le trajet jusqu'aux thermes.

[Galathée]

Reviennent des Thermes...
Lorsque Taliesin et Victor regagnèrent la rue de l’Orme Creux, il avait cessé de pleuvoir. Victor grignotait le pain d’épice que l’elfe lui avait généreusement offert tout en lui racontant allègrement ses aventures de la matinée et les nouvelles rencontres qu’il avait faites. Sa dernière idée en date était d’inviter tous les Merlus pour une grande journée aux bains avant une soirée de folie à la Bienveillance.
Mais leur enthousiasme se fissura lorsqu’ils aperçurent ceux qui les attendaient sur le pas de leur porte : quatre gardes en uniforme bleu ciel lorgnaient les fenêtres de la maison avec attention et l’un d’eux les désigna lorsqu’ils tournèrent le coin de la rue.

[Taliesin]

Taliesin pila net, blêmit, mais se reprit aussitôt. Cela devait avoir un rapport avec les péripéties de la nuit. Et pour celles-ci, on ne pouvait l'accuser de rien, de rien du tout.
Mais avec sa malchance habituelle, était-ce si certain ?
Sans y réfléchir, l'elfe prit Victor par la main et s'approcha d'un pas tranquille, tentant de paraître aussi calme en apparence qu'il était nerveux en son for intérieur.
-Messieurs... fit-il en les saluant. Désolé de vous avoir fait attendre, mais nous étions de sortie...