[Lieu] Le marché

[Althéa]

Quête : abandon ...

Parmi les débris épars de la marionnette lancée sauvagement contre le mur par la douce ensorceleuse, les deux compères découvrirent une dizaine de petits sachets qui ressemblaient de loin à ces petits sachets pour faire infuser les herbes. Mais il n'y avait pas besoin d'être sorti de la guilde des arcanes pour deviner que ce n'en était pas.

Du lotus noir. Saiko et Calawen se trouvaient désormais en possession d'une cargaison illicite.

[Saiko]

Quête : Abandon...

- Bien... On aura l'air fins si on se fait fouiller avec ça dans les mains. Que va-t-on en faire ?

Le rodeur réfléchit à un moyen de faire voyager ces sachets jusqu'à la taverne de la taie dorée. Les faire transporter par Shadji et Noral sur les toits ? Non, ils risquaient d'en laisser tomber au passage. Les cacher par là pour qu'un autre sbire de la tavernière vienne ensuite les chercher ? Non, c'était trop risqué. Puis il eut une idée : ces sachets ressemblaient fortement à toutes les herbes que le rodeur transportait dans sa besace. Il les prit et les fourra au milieu du reste. Un rodeur ferait la différence entre les différentes substances, pas un garde.

Satisfait de son camouflage, et après avoir vérifié qu'il n'avait rien oublié sur le sol, il repartit en direction de la taverne de la taie dorée.

En direction de la taverne de la Taie Dorée

[Althéa]

Quelques minutes plus tard, ils déambulaient dans le marché. A cette heure-ci, une foule bigarrée et hétéroclite avait envahi les rues. On y vendait de tout, du tissus le plus raffiné au pourceau le plus sale. Le tout dans une agitation à peine perceptible. De partout, on sentait l'austérité helmilte. Tout semblait se retenir, veiller, attendre, à l'image du dieu protecteur de la ville.

Oriane et Edric se fondirent sans mal dans la foule. Le jeune homme semblait avoir retrouvé une partie de son insouciance. Oriane aurait pu faire de même si elle n'avait pas senti une main mal intentionnée s'en prendre à sa bourse de monnaie.

[Oriane]

La jeune femme avait senti avec plaisir la tension baisser chez son ami, dès qu’ils étaient sortis de la taverne. Leur trajet jusqu’au marché avait été ponctué de quelques échanges, d’abord isolés, puis de plus en plus fréquents. Finalement, Oriane en oublia presque "l’incident" du Loyal Paladin, trop occupée à profiter de ce début de séjour, qui au final semblait s’annoncer sous les meilleurs auspices.

Alors qu’elle s’approchait d’un nouvel étal, le regard irrésistiblement attiré par un une superbe dague au manche en argent serti d’améthystes, elle sentit une main frôler sa ceinture. Elle se retourna vivement pour découvrir un jeune garçon, qui ne devait probablement pas avoir plus d’une douzaine d’années. Il était vêtu d’une vieille tunique rapiécée qui avait dû être verte à une époque lointaine et ses cheveux blonds mal coiffés lui tombaient à moitié devant les yeux. Dans sa main fermée, il tenait la bourse d’Oriane. Le voleur et la jeune femme se regardèrent pendant une fraction de secondes, qui leur sembla s’étirer à l’infini, puis le garçon prit la fuite. Réalisant soudain ce qui venait de se passer, Oriane lâcha un "Eh ! Arrêtez-le !" avant de se lancer à la poursuite du voleur, sans même regarder si Edric la suivait.

[Althéa]

Devant elle, un petit personnage s'était mis à courir. Il avait pris le temps de tourner la tête histoire de voir si sa victime le suivait et avait repris de plus belle. Edric s'était lancé à sa poursuite entre les étals mais il était bien plus rapide.

Mais les rues étaient fréquentées et semées d'embûches. La progression était difficile. Bien que loin, les deux purent le voir s'en aller. Soudain, il s'immobilisa devant une jeune femme avec une robe de bure. Celle-ci, en l'apercevant s'immobilisa à son tour. Il lui tendit jeta la bourse et se fondit dans la foule. La jeune femme, quant à elle resta plantée-là, l'air perplexe ...

[Oriane]

De loin, Oriane avait vu le garçon s’immobiliser devant une femme, vêtue d’une robe de bure. Elle l’avait vu lui lancer quelque chose, bien que de là où elle était, elle n’aurait su dire s’il s’agissait bien de l'objet de son larcin. Mais qu'aurait-il pu lui lancer d'autre de toute façon ?
Au bout de quelques secondes, elle finit par s’arrêter devant l’inconnue, et réalisa rapidement que cette dernière était bel et bien en possession de la bourse volée. La jeune femme commença alors, à bout de souffle :

"Excusez-moi je…le garçon qui…vous a lancé cette..."

Elle désigna la bourse d’un geste, tout en prenant quelques secondes pour reprendre sa respiration. Alors qu’Edric la rejoignait, elle repris d’une voix légèrement mieux maîtrisée :

"Il me l’a volée. Cette bourse...est à moi..."

[Althéa]

Pour une fois, Elissa passait une journée tranquille. Pas de clients, pas d'elfes noirs voulant investir sa boutique, pas d'affaires obscure. Une sorte de jour de vacance et elle comptait bien l'employer. Le marché était parcouru de rumeurs, de ragôts, d'affaires sordides, de réglements de compte en préparation, de complots, il n'y avait qu'à tendre l'oreille pour entendre. Durant sa récolte d'informations, elle se sentait libre. Presque anonyme, elle se fondait entre les gens en toute sécurité. On l'oubliait dès qu'elle était passée. Que demander de plus ?

C'est alors qu'elle avait vu Basile fondre sur elle et lui jeter une bourse. Et bien sûr, le propriétaire de la bourse était arrivé. Oh, Basile ... Basile ...

"Ben dites-donc, "s'exclama-t-elle en tendant l'objet du larcin à sa propriétaire, c'est vraiment pas de chance. Enfin, elle est là. Pas de quoi fouetter un chat, non ?"

Elle fit mine de s'en aller puis s'arrêta comme rattrapée par une idée géniale.

"Oh, et puis vous savez, Basile n'est qu'un crétin. Je n'arrête pas de lui répéter qu'il est assez nul en tant que voleur mais il ne m'écoute pas. Ce qu'il faudrait, c'est lui flanquer une bonne peur pour lui passer l'envie de recommencer. Est-ce que ça vous dirait ?"

Edric eut une grimace et chuchotta à Oriane :

"Si j'étais toi, je me méfierais d'elle. Elle a des activités un peu ...
- Bon, il a fini de causer, l'interrompit Elissa sans ménagement, j'ai une réponse à entendre moi. Et je n'ai pas toute la journée"

[Oriane]

Oriane lança un regard rapide à son ami lui signifiant qu'elle avait entendu l'avertissement. Et qu'elle avait d'ailleurs bien l'intention d'en tenir compte. Puis elle se tourna vers l’inconnue et la dévisagea un instant. Elle hésitait. La journée avait commencé à prendre une tournure agréable, et elle avait la sensation que d’accepter risquait fort de tout gâcher. Terminées en tout cas pour cette fois les flâneries sur le marché. Mais s’il y avait une chance pour que ce gamin ne continue pas dans cette voie, peut-être cela valait-il la peine d’essayer ?

"Une leçon hmm ? Je pourrais...peut-être...mais avant tout pourrais-je au moins savoir à qui je m’adresse ?"

[Althéa]

Elissa avait eu un petit sourire en coin puis avait considéré longuement ses interlocuteurs. Le petit gars, elle le connaissait. Mais elle ... Musclée harmonieusement, l'air plutôt agile. Une combattante fine. Hum ...

"Moi ? Je suis Elissa Keens. Je gère l'herboristerie de la ville
- Et la Vierge d'Argent, la coupa encore Edric,la ...
- Dis, arrête de jouer ce petit jeu avec moi veux-tu ? Plus tu en diras plus je serai obligée d'en dire. Tu piges ? Donc je gère l'herboristerie de la ville. Si vous venez tout simplement dans la boutique en recherchant Basile, il risque de prendre une vraie peur bleue ..."

Elle croisa les bras avant de demander :

"ça vous va ?"

[Oriane]

Une expression rêveuse sur le visage, la jeune femme dévisagea celle qu’Edric avait appelé la Vierge d’Argent, s’interrogeant sur le sens de ce titre. Une poignée de secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne finisse par hocher lentement la tête avant de reprendre la parole, un sourire au coin des lèvres.

"Et bien...je pense que c’est dans mes cordes...
Toutefois...je n’avais jamais mis les pieds dans cette ville jusqu’à présent, alors si vous pouviez m’indiquer où se trouve cette herboristerie..."

Ce disant, la jeune femme évita soigneusement le regard de son ami, n’ayant que trop bien compris qu’elle n’y lirait que de la désapprobation. Puis, même si elle n'avait pas réel espoir d'obtenir d'emblée une réponse, elle ajouta l'air de rien :

"Oh...et pouvez-vous également me dire ce qu'entendait mon ami par 'Vierge d'Argent' ?"

[Althéa]

"Hé bien, la Vierge d'Argent ... Vous voyez les vierges de fer ? Hé bien la vierge d'argent, c'est une boutique qui propose ce genre d'articles là. Je ne crois pas que ça irait bien à une jeune fille comme vous non ?
- Menteuse, tout le monde sait que vous êtes une guilde de mercenaires, intervint Edric
- Hum ... on ne peut pas compter sur vous pour garder un secret. Mais vu ce que vous avez fait, vous feriez mieux de garder profil bas"

Elissa fulminait. L'imbécile venait de tout dévoiler. Une personne de plus serait au courant de l'activité parallèle de l'herboristerie. Restait à voir ce qu'allait en dire la jeune femme.

[Oriane]

Ce qu’il avait fait ? Garder profil bas ? Voilà qui mériterai de plus amples explications. Cependant peu encline à interroger son ami, en présence de cette femme, sur quelque chose dont visiblement il n’avait pas à être fier, Oriane se contenta de murmurer, songeuse :

"Une…guilde de mercenaire dites-vous ?"

Elle avait travaillé un temps pour une guilde de mercenaire, à la Porte de Baldur. L’expérience lui avait plu, mais n’avait pas duré bien longtemps, la jeune femme ayant quitté la ville pour se rendre à Manost quelques mois à peine après son intégration au sein de la guilde.

"Intéressant..."

Oriane secoua brièvement la tête, ses yeux quittèrent le vague pour se tourner une nouvelle fois vers la dénommée Elissa.

"Hmm...Vous ne m’avez pas dit où se trouvait cette fameuse herboristerie finalement. Car c’est bien pour que je vous aide à donner une leçon à ce Basile que vous êtes revenue sur vos pas, n’est-ce pas ? Et m’est avis que ça me serait difficile si je ne sais même pas où je dois aller…"

[Althéa]

Elissa avait fait un petit sourire, mine de rien. Une certaine répartie contrebalancée par une certaine retenue. Pas mal.



"Hé bien, l'herboristerie se trouve sous les arcades, pas loin du Loyal Paladin, je suis sure que vous connaissez l'endroit. Quant à l'herboristerie, vous ne pouvez pas la manquer. Oh, attendez, j'ai une petite idée. Vous pourriez faire semblant de me poursuivre, ça vous dit ?"

[Oriane]

La jeune femme haussa un sourcil et dévisagea la dénommée Elissa pendant quelques secondes. Puis elle reprit la parole.

"Toujours dans l’idée de flanquer une bonne peur à ce Basile ? Hmm pourquoi pas mais…eh ! Attendez !"

Elle n’avait pas terminé sa phrase que son interlocutrice tournait les talons et se mettait à courir. Passé l’instant de surprise, et malgré les protestations de son ami, Oriane s’élança à la poursuite de l’inconnue.

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[Lothringen]

Quête: La fin de la suprématie


Un crieur public se jucha sur une caisse de harengs, prêt à défier la puanteur et l'indifférence de la foule ordinaire du marché matinal.

"Oyez, oyez, j'ai de sacrées nouvelles pour tous les goûts!

Des nouvelles politiques ! Des secrets d'arrière-cour ! Des ragots de poissarde ! "

L'accueil fut plus que dubitatif. Un certain nombre de badauds interrompirent bien leur quête ardue des prix les plus bas, mais ils ne semblaient guère alléchés par ces promesses vagues.

"Pour la poissarde, on en a déjà l'odeur et les cris, ça suffit bien..."

" Faudra nous en dire un peu plus si vous espérez qu'on va payer vos nouvelles. Quelles sont les nouvelles politiques? "

"Oh, et ne nous parlez pas du dénouement de la guerre civile lumenienne ou de leurs projets de reconstructioh, c'est un peu réchauffé..."

"Hé bien... Si je vous dis que le poste de Grand Prêtre de Helm est officiellement vacant?"

Quelques piécettes tombèrent dans le chapeau de feutre, aux pieds du crieur.

"D'accord, la suite."

"Après des mois de silence sans commentaire et de fausses déclarations, le Temple s'est enfin décidé à annoncer officiellement la mort d'Alréac Poingvaillant. Ce dernier aurait été enlevé par des cyriciens mélandiens qui voulaient faire pression sur le conseil pour le pousser à renoncer à sa politique melandienne. Les détails de l'affaire n'ont pas été communiqués, mais il semblerait que la tentative de chantage ait tragiquement conduit à la mise à mort de l'otage... La question de la nomination de son successeur est encore en débat parmi les prêtres de Helm. Il semble que l'on attende en vain un signe du dieu..."

Peu à peu, le cercle des auditeurs s'était élargi et apaisé. Ce crieur-là avait de vraies nouvelles...

"Et à propos de Melandis, justement? Cria quelqu'un dans la foule. Ma caravane est en retard..."

"Ah, répliqua le crieur avec un sourire réjoui. De Melandis, j'apporte de très bonnes nouvelles. Le temple de Talos a été détruit jusqu'aux fondations par un raid d'incendiaires ! Il semblerait que très peu de choses aient pu être sauvées, et que la puissance du dieu des Tempêtes ne soit pas prête de s'en remettre. Cerise sur le gâteau : les divers cultes de la cité s'entredétruisent dans la lutte pour la succession. Les Talosiens se sont vengés sur le Temple de Cyric! Les clergés d'Umberlie et d'Aurile sont de la partie! Ah, cette petite guerre des cultes va faire un peu de ménage dans toute cette pègre maléfique, je gage.."

Une pluie de pièces de cuivre, d'argent, et même d'or tomba sur le pauvre chapeau submergé, pendant que les exclamations de surprise et de joie relayaient la nouvelle jusqu'aux rangs les plus éloignés, où l'on se faisait répéter les détails à l'envi. Enthousiaste, un marchand de vin proposa d'offrir un verre gratuit à quiconque porterait un toast à la mauvaise santé de Talos, Cyric, et leurs disciples. C'est ainsi que commença une de ces liesses populaires spontanées comme Manost n'en avait plus connues depuis bien longtemps...

[Yaga]

("Quête : à la poursuite de l'égorgeur")

Yaga arrivit dans le marché du port , demanda à tout le monde si un halfeling en robe mauve était dans les parages et... il arrivit et dit :

"Vous..."

Yaga s'empressa de répondre :

"Oui , je sais , je sais , je suis un drow , mais je vous cherchais justement , quel est votre nom ?"

Le halfeling surprit , dit :

"Maître Romain ! Et vous ?"

Yaga répondit :

"Je m'appelle Yaga Kal'Ogden !"

Yaga demanda alors si maître Romain pouvait le conduire à Adam , mais il avait lui même un contact , le halfeling dit :

"Mon contact est un demi-orque paladin habillé de vêtements gris qui se trouve à la forge de Manost , M. Kal'Ogden !"

Yaga dit avec contentement :

"Merci beaucoup , vous pouvez disposer !"

suite dans http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... anost.html

[Théobald Longuehune]

Lorsqu'à l'ambassade tout fut enfin en ordre - les lieux complètement nettoyés, les nouveaux arrivants confortablement installés, les archives parfaitement triées et soigneusement étudiées -, l'ambassadeur Grégoire d'Estremont décida de faire sa première sortie en ville.
Et comme c'était jour de marché, il choisit de se rendre sur les quais bondés où celui-ci se tenait. La nouvelle manqua faire s'étrangler le capitaine de ses gardes qui protesta avec véhémence : il serait impossible d'assurer sa sécurité au milieu d'une telle foule ! "Qu'à cela ne tienne, avait répondu l'ambassadeur. Si je ne fais pas précéder par la bannière de Luménis, personne ne me reconnaîtra. Ma fonction n'est pas tatouée sur mon front, après tout !"
Et de fait, il se promenait à présent incognito au milieu des étals copieusement achalandés. Il n'avait pas de but précis, déambulait un peu au hasard, l'oreille tendue, saisissant au vol des bribes de conversations, notant les fragments d'informations qu'elles contenaient. Si l'occasion se présentait, il tendrait de lier conversation avec quelque marchand pas trop occupé... Pour l'heure, il n'en avait pas déniché.

[Lothringen]

Circuler au milieu de la cohue s'avérait un véritable défi. En plus des étals, des clients et des charriots de marchandises, un nuée de petits revendeurs à la sauvette et marchands de douceurs sollicitaient sans cesse l'attention des passants.

"Chauds mes marrons, chauds !"

"Si t'empiètes encore une fois sur mon emplacement, traîne-savate, je t'en promets, du marron chaud en pleine poire !"

Grégoire n'eut que le temps de s'écarter avant que la situation ne dégénère, et ce fut pour tomber sur un attroupement autour d'une petite table où un homme à l'œil un peu trop vif faisait tourner une pièce de cuivre sous trois coupes de bois et le regard attentif des badauds.

"Alors, je mélange les coupes je mélange je mélaaaannnge... l'est où la pièce, dites-moi ? Vous monsieur, vous l'avez vue, n'est-ce pas ? Ou bien vous ? Qui veut parier ? ..."

Laissant les malheureuses victimes courir à l'escroquerie, le diplomate finit par se faire alpaguer par un nouveau marchand, dont l'étal complètement désert accusait la situation préoccupante. S'y alignaient des jarres et des jarres d'épices et de vins fins.

"Vous serez bien intéressé par une dégustation de vin fin calimshite, messire ? S'il n'est bu d'ici ce soir il sera perdu, je vous l'offre..."

Le propriétaire de cette voix à la limite du désespoir était un halfeling fatigué qui avait déjà commencé à remballer sa marchandise. Pour un peu, à son ton, on l'aurait pris pour un mendiant.

[Théobald Longuehune]

L'ambassadeur s'approcha, adressant un sourire au vendeur malheureux. Bien sûr, ses gardes du corps allaient le houspiller sitôt rentrés, mais il n'en avait cure. D'autant qu'il y avait de fortes chances pour que le Halfling se montre disert.
-J'accepte volontiers cette dégustation, fit-il. Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais goûté un tel vin, mais j'en ai déjà entendu parler, pour sûr. Etrangement, ce ne semble pas être le cas de vos concitoyens, sinon ils ne laisseraient pas perdre semblable marchandise !

[Lothringen]

Le halfeling haussa les épaules d'un air désabusé.

"Oh, ce ne sont pas mes concitoyens, que Waukyne m'en préserve... Je suis le revendeur de plusieurs grossistes féeruniens ; d'habitude je réserve mes produits d'importation à Melandis. M'étant lassé du racket, j'ai voulu profiter des accords commerciaux pour suivre une caravane et tenter ma chance à Manost, mais je commence à comprendre qu'ici la vente directe n'est pas une bonne méthode.

La clientèle potentielle est beaucoup plus restreinte, déjà... Manost n'a pas d'aussi grands contrastes sociaux que Melandis, vous comprenez ? Or je vends des produits de luxe. Ici les habitudes alimentaires du commun sont assez... frustres, disons. Et je me heurte à la préférence locale : Manost a une importante production viticole, de bien plus piètre qualité, évidemment, mais à laquelle les habitants sont attachés par habitude.

Il faudrait sans doute que je fasse du démarchage dans les grandes maisons, celles des hauts fonctionnaires, des paladins les plus en vue, des familles ancrées dans la cléricature depuis plusieurs générations... Mais comme ce sont des helmites pour la plupart, ce n'ira jamais très loin. La chère délicate n'entre pas dans leurs objectifs prioritaires. Et j'ai la vague impression que l'on n'aime guère, ici, faire étalage de sa richesse..."

Il eut une moue dédaigneuse. Les helmites étaient parfaits comme protecteurs des voies commerciales, mais en tant que clients, ils ne valaient pas grand chose, à son avis.

[Théobald Longuehune]

Grégoire nota dans un coin de son esprit d'écarter des négociations commerciales avec le conseiller Lothringen les productions viticoles d'Hélonna. Il y avait pourtant d'excellents crus, sur son île natale, mais les préférences nationales avaient la vie dure, comme l'avait souligné le marchand.
-Ecoutez, pour votre vin... Je vous en prendrai quelques bouteilles. Nul doute que mes compagnons apprécieront ce petit extra après des mois de régime au pain sec et à l'eau, pour ainsi dire... Mais dites-moi, aucune de vos marchandises ne trouve-t-elle grâce aux yeux des Manostiens ? Pas même un produit en particulier ?

[Lothringen]

"Mes épices remportent un succès d'estime... Elles intriguent les ménagères, c'est un peu nouveau pour leurs recettes, mais je pense qu'ils s'y mettront vite. Sinon j'ai un collègue qui a fait avec moi le trajet depuis Melandis ; on s'arrache ses tapisseries. C'est que, même sous ces latitudes, les nuits d'hiver sont un peu froides... Jonchées et lambris n'arrêtent le froid qu'imparfaitement : et la production locale est nulle, pour ainsi dire... "

Tout heureux de caser quelques bouteilles de son vin, l'homme les mettait en caisse tandis qu'il parlait, parlait, parlait.

"Voilà", conclut-il avec satisfaction quand le paquet fut fin prêt. "Y a-t-il autre chose pour votre service, messire ?"

[Théobald Longuehune]

-Non, non... fit Grégoire en sortant sa bourse. Merci pour votre amabilité... J'espère que vos affaires iront en s'améliorant.
Il lui compta la somme dû, récupéra le paquet puis, sur un dernier salut, regagna l'anonymat de la foule. Dès qu'il fut hors de vue, il fourra la caisse dans les bras de l'un de ses gardes du corps puis, souriant, se remit à déambuler entre les étals. Des tapisseries... Des épices... Pas des spécialités luméniennes, mais c'était un début. Avec un peu de chance, il en apprendrait davantage chez d'autres marchands...

[Lothringen]

Il dépassa l'étal bien achalandé d'un fermier des environs de Manost, qui venait écouler en ville le surplus de sa production de céréales, fruits, légumes, fromage, lait, charcuterie. Grégoire avait déjà dépassé bon nombre d'étals du même type, et il en déduisait à bon droit que la production vivrière manostienne se portait bien. En revanche, il avait vu très peu de vendeurs de produits manufacturés, mais peut-être cela était-il dû à une spécialisation du marché ?

Au beau milieu d'une allée, le diplomate vit sa progression bloquée par un attroupement passablement impatient qui virait à la bousculade. Aux pans de tissus chatoyants pendus au-dessus des clients, il déduisit qu'il devait s'agir d'un marchand de tissus à l'aune, ou d'un frippier. Ce dernier était invisible derrière la foule, mais on entendait une voix haut perchée s'époumoner par-dessus le brouhaha.

"Je vous en prie, ne vous étripez pas pour si peu ! Je vous présenterai un nouvel arrivage le mois prochain si tout va bien. Une pleine cargaison qui nous vient d'Eauprofonde, tout à fait ! Mesdames, attention, vous déchirez le tissu, et je devrai vous le faire payer quand même..."

Quelques minutes plus tard, les clients commencèrent à se disperser, les uns un paquet sous le bras, les autres en grommelant. Une vigoureuse virago s'était assise pesamment sur un tabouret, derrière son étalage absolument vide, visiblement éprouvée par l'affluence.

[Théobald Longuehune]

Grégoire, à la fois étonné et amusé par la scène, attendit quelques secondes avant de s'approcher de la vendeuse, histoire de lui laisser le temps de reprendre ses esprits.
-Et bien, madame ! fit-il d'un ton léger. Le moins que l'on puisse dire est que vos marchandises rencontrent un indéniable succès... Je ne savais pas que les Manostiens étaient à tel point friands de tissus. Ou bien sont-ce les particularités de vos articles qui suscitent cet engouement ?

[Lothringen]

La marchande achevait de reprendre ses esprits.

"Les manostiens produisent des tissus en quantité suffisante, mais de basse qualité... Elle haussa les épaules en reniflant. De la laine ou du lin, pour l'essentiel. Toute l'énergie de leurs tisserands passe dans la production de ces tissus d'emploi courant, et ils peinent encore à répondre à la demande.

Je propose des tissus différents, plus variés, plus raffinés. De la soie, du velours, du taffetas, du satin. Des doublures fourrées pour le froid... Eauprofonde a développé depuis peu de nouvelles techniques de broderie et de teinture qui rendent mes articles uniques sur le marché. Mais les navires sont rares à accepter de traverser la mer pour répondre aux besoins des dorrandiniens, et c'est pourquoi je dois lutter contre la foule à chaque fois. Ah..." Elle soupira une fois de plus. "Ils vont me tuer !"

[Théobald Longuehune]

Des tissus. Voilà qui était intéressant. La marine marchande de Luménis ramenait à la cité des production d'Eauprofonde et d'ailleurs. Mais jouer les intermédiaire, et même si l'approvisionnement retrouvait son niveau d'avant le coup d'Etat, c'était peu envisageable : avec les commission, ce serait des moins rentables. Par contre, Hélonna avait ses propres productions. Lin et laine en abondance. Mais les élevages de vers à soie n'était pas rares. Il y avait un peu de coton, aussi... Quant au travail des tisserands, des brodeuses et des dentelières, il était de bonne qualité. Et si l'on commençait a évoquer ce que faisaient les elfes des cités sylvestres, pour peu que les relations entre eux et Luménis se rétablissent... Oui, il y avait du potentiel.
-Dans le cas où se présenterait une possibilité de vous approvisionner plus près, en marchandises, sinon équivalentes, du moins approchantes..., Serait-ce susceptible de vous intéresser ? s'enquit finalement le diplomate.

[Lothringen]

Se redressant sur son siège, elle commença de le regarder différemment, avec une pointe de défiance mais aussi d'intérêt mal dissimulé. Quel était donc ce client d'étalages vides pour lui parler ainsi ? Un original friand d'hypothèses, ou un négociant qui tâtait le terrain ?

"Ma foi, je doute que vous puissiez me proposer la même qualité que mes actuels fournisseurs, mais ces derniers m'approvisionnant au compte goutte, une diversification de mes denrées ne pourrait que faire du bien à ma plus-value... A condition que cela reste de la belle ouvrage, bien entendu: j'ai une réputation à tenir. A quoi pensez-vous, messire ?"

[Théobald Longuehune]

Grégoire hésita. Dans l'absolu, il pouvait entreprendre des démarches commerciales sans l'aval des autorités locales - après tout, il doutait qu'un accord officiel existe entre Eauprofonde et Manost. Mais il préférait ne rien mettre en place sans en avoir discuté avec Lothringen. Il espérait un traité, mais dans le pire des cas, il se contenterait d'une autorisation.
Il ne pouvait rien promettre à la vendeuse, ni entamer de véritables négociations. Mais lui donner l'information... Il n'y avait pas de mal à ça.
-Disons que je représente les intérêts de Luménis, fit-il. Y compris les intérêts commerciaux. Pour l'heure, je prospecte afin de voir ce que nous pourrions fournir à Manost. Or, il s'avère qu'au niveau des tissus, nous pourrions disposer de choses vous intéressant. Je ne préfère pas vous en dire plus pour l'heure, il faut que je négocie avec vos autorités. Mais si on m'autorise à entreprendre ce genre de démarche, accepteriez-vous que je reprenne contact avec vous ? Ne serait-ce que pour en discuter.

[Lothringen]

Elle exhiba un sourire très carié sur les commissures.

"Une bonne discussion n'engage à rien, pas vrai ? Bien sûr que j'examinerai avec soin toutes les opportunités qui se présenteront, surtout si j'ai beaucoup à y gagner. On peut me trouver à cet emplacement, à peu près toutes les premières semaines du mois quand le navire ne s'est pas perdu en mer. Magda Mer'Fuith, pour vous servir."

Elle esquissa une révérence qui ne descendit pas très bas, en raison du profil qu'un sacré embonpoint lui faisait sur le nombril.