[Habitation] 17 Impasse des Dauphins

[Galathée]

« Ne vous inquiétez pas. » dit le clerc à l’intention de la magicienne. « Je suis sanguin mais peu rancunier. Je sais que vous avez vos raisons, vos impressions. Mais je pense que vous lisez peut-être mieux vos semblables que les humains. Question d’habitude. Mais je sais que vous faites pour le mieux. Vraiment. Marcus sera content d’apprendre que vous avez fait preuve de zèle. »
Il se pencha sur la nourriture
« Comme le professe Lathandre, chaque minute, chaque seconde, est l’opportunité d’un nouveau commencement. Rien n’est jamais fixé. Nous nous opposons maintenant, mais qui sait ce qu’il en restera lorsque j’aurai l’estomac plein. »
Il leva un œil vers Taliesin.
« Merci pour ceci, maître barde. Je vais tâcher de manger proprement. »
Puis il s’attabla et mangea de bon appétit, sans faire le moindre geste, et sans plus rien dire, jusqu’à ce qu’il ait dévoré tout ce qu’on lui avait proposé. Le vin lui arracha une grimace peu élogieuse et il maudit Marcus à voix basse. Repu, il croisa les bras et attendit, comme tout un chacun, le retour de Kasumi et de la preuve.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi et Garance se pressèrent à travers les ruelles de la ville en échangeant des propos anodins bien loin de leurs préoccupations immédiates qui apparait la majeure partie de leur temps ces derniers jours. La prêtresse semblait manifestement apprécier cette pause et l’opportunité de quitter un moment le temple où l’atmosphère était pesante et inquiète. En l’absence de nouvelles, les clercs imaginaient le pire et le rôdeur commençait à croire qu’ils n’étaient pas loin de la vérité. Le massacre d’Euryale avait démontré le peu de scrupules des ravisseurs.

Arrivé devant la porte de la maison, le rôdeur laça un dernier avertissement sur un ton de conspirateur :

- Attention, si l’homme qui est à l’intérieur n’est pas notre clerc, il pourrait se retourner contre nous alors restez derrière moi. Je ne voudrais pas qu’il voua arrive malheur.

Puis, il entra.

[Galathée]

Ils trouvèrent les trois autres comme ils les avaient quittés. Le clerc avait apparemment fait un bon repas, et Kasumi sentit son estomac creux se serrer. Une nuit presque blanche et un jeûne forcé, il risquait de n’avoir pas grand chose à opposer à leurs ennemis s’il continuait sur le même mode.
Garance jeta un œil par-dessus son épaule et croisa le regard de Belenn.
« Garance, ma chère, vous a-t-on envoyée pour que vous me marquiez du sceau d’une quelconque appellation contrôlée ? Garanti pur Lathandrite ? »
« J’en ai bien peur, Sire Belenn. » fit-elle avec le sourire.
« Marcus a eu peur de me revoir, je parie. »
« On murmure que vous l’avez écrasé aux dames, hier soir. »
« Trois fois de suite, Garance. Trois fois. Je me doutais qu’il ne se présenterait pas lui-même. Quel amour-propre. »
« Je pense qu’il… »
« Je sais. Ne vous en faites pas. S’il m’évitait parce que je l’ai battu, nous ne nous parlerions plus depuis nos douze ans. »
Garance se tourna vers Kasumi.
« Vous avez le bon clerc. » lui dit-elle.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le soulagement de Kasumi le disputa à la honte mais il se reprit bien vite pour marquer sa volonté de clore l’incident. Il se rapprocha de Belenn et s’adressa à lui avec humilité :

- Je crois que vous avez réussi le test haut la main. Veuillez accepter mes excuses. Dame Garance m’a dit le plus grand bien à votre sujet et je me réjouis de pouvoir compter sur un tel allié dans cette enquête. Si toutefois la méfiance de mes coéquipiers a été apaisée. Garance, vous partagerez bien notre repas. C’est le moins que nous puissions faire pour nous avoir aidé à dissiper ce malentendu.

[Taliesin]

Si Taliesin demeura silencieux, il n'en haussa pas moins un sourcil perplexe. On était sûr, désormais, que Belenn était digne de confiance. C'était déjà ça. Mais, pour parvenir à cette confirmation, il avait fallu mettre dans la confidence et révéler tant leurs identités que leur lieu de réunion à une nouvelle personne. Digne de confiance elle aussi, il n'en doutait pas; Mais à force de mobiliser et d'élargir le cercle des individus impliqués dans l'affaire, on finirait tôt ou tard par tomber sur quelqu'un qui n'était digne de confiance qu'en apparence. Et ce serait l'erreur de trop.
Bref : la jeune femme qui accompagnait le rôdeur connaissait désormais leur équipe au grand complet. Ainsi que leur quartier général. Taliesin n'aimait pas ça. Mais il ne pouvait rien y faire, sinon espérer que Kasumi lui ait révélé le strict nécessaire.

[Arya Du Varden]

Arya ne répondit pas à Belenn dont les paroles ne lui apportèrent aucun apaisement, car ce n’était pas son propre sort qui l’inquiétait et le laissa apaiser sa faim alors qu’elle même cherchait à démêler le peu qu’ils savaient et surtout toutes les hypothèses qui avaient été avancées. L’arrivée du rôdeur et la confirmation qu’apportait la jeune femme qui l’accompagnait engendrèrent enfin un sourire détendu sur son visage. Si sa confiance ne fut totale en Kasumi, elle n’aurait probablement pas adhérer à la satisfaction de tous. Elle regretta seulement que Kasumi n’eut pas été chercher l’information auprès de Marcus ou au moins d’une personne présente lors de la réunion de la veille qui devait avoir été informés, non qu’elle doute qu’il put être dupé par celle qui l’accompagnait, mais elle entendait dans son esprit les dernières paroles du conseiller Longuehune, « ne faites confiance à personne » et qui étaient probablement la raison des doutes nés lors de l’arrivée du clerc. <o></o>

Il était temps maintenant d’avancer et après avoir posé avec soulagement le couteau qu’elle tenait toujours, elle se retourna vers le clerc. Le ton de sa voix démontrait que dès lors il bénéficiait de la même confiance absolue que celle qu’elle portait au barde et au rôdeur.<o>

</o> Croyez que je suis sincèrement désolée du manque de confiance que je vous ai témoigné avant d’avoir eu la certitude que vous soyez celui que nous attendions. J’ose espérer que la confiance que vous me porterez sera égale à celle que je vous accorde maintenant.<o></o>

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi avisa la mine peu réjouie du barde et les regards de biais qu’il adressa à Garance. Le rôdeur se sentait obligé justifier à ses coéquipiers sa décision de l’amener au repère :

- Je dois m’excuser auprès de vous d’avoir risqué de compromettre notre couverture. J’ai toute confiance en Garance pour n’en rien divulguer. Il aurait été plus prudent pour nous comme pour elle d’obtenir la confirmation de Marcus mais il n’était pas disponible. Je me suis dit que ce serait la meilleure solution pour ne pas laisser de doute sur votre identité, maître Belenn, que d’amener ici quelqu’un capable de vous disculper.

[Galathée]

Mais Garance avait senti l’inconfort provoqué par sa présence. Comme la plupart des clercs, une certaine sensibilité aux humeurs, aux tensions interpersonnelles, faisait partie de sa formation. Elle se savait de trop dans un endroit secret. Que les personnes présentes fussent bienveillantes n’y changeait rien. Elle n’aurait pas dû se trouver là, n’avait pas à en apprendre plus. Si Marcus venait à le savoir, il serait furieux.
« Merci pour votre invitation, mais je vais rentrer au temple. » fit-elle simplement. « Je prendrai garde à ne pas me faire voir, ne vous inquiétez pas, et je ne crains pas ces quartiers. J’y viens souvent pour mes graines. Je pense que vous avez des choses urgentes à discuter, et ma présence ne fera que vous retarder davantage. »
Elle sourit à Kasumi, puis aux autres personnes présentes.
« Je vous souhaite bonne chance, cependant, mais j’ai confiance en vous. Vous nous ramènerez Albérich. Lathandre ne permettrait pas le contraire. »
Puis elle s’esquiva vers la sortie.
Belenn soupira doucement.
« Soyons clairs. Je n’en veux à personne, nous redémarrons sur de bonnes bases, à présent ! Je vous fais confiance. Je vous dirai ce que je pense. Vous me direz ce que vous pensez. Et il est temps de nous remettre à cogiter… ou planifier… ou que sais-je encore… donner de la masse m’arrangerait bien, mais je sens que ce n’est pas encore pour tout de suite. »

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur remercia Garance pour son tact et sa discrétion et la raccompagna jusqu’à la porte avant de la refermer derrière elle. Il reprit ensuite place à la table en face du clerc. Pour montrer qu’il était d’accord avec ses paroles, il reprit la parole :

- Puisqu’il s’agit de reprendre l’enquête sur de bonnes bases, la lecture du journal de Marcus nous apprend qu’Albérich était brouillé avec sa famille. Il ne faut sans doute rien y voir de vraiment anormal. Mais peut être cela vaudrait-il la peine d’aller poser quelques questions. Même s’ils n’ont pas fomenté l’enlèvement, peut être auront-ils été approché par les malfaiteurs. Avant ou après d’ailleurs.

Le rôdeur guetta la réaction de ses coéquipiers avant de poursuivre son compte rendu :

- J’ai rencontré les clercs qui ont accompagné Albérich à Dargyll et là encore, ils n’ont rien détecté de suspect. Le voyage a permis d’éliminer quelques morts-vivants mais rien qui justifiait le déplacement du conseiller et de son escorte. Je n’ai pas interrogé les gardes qui accompagnaient le convoi. Et de votre côté, avez-vous appris des choses utiles avant de dégotter un clerc aux allures suspectes ?

Le rôdeur adressa un sourire taquin à Belenn.

[Arya Du Varden]

Garance n'était pour rien dans sa venue à leur repaire et Kasumi avait fait ce qui lui semblait le mieux. Arya ne voyait rien à polémiquer sur son initiative et rendit son sourire à la jeune femme et en adressa également un à Kasumi pour le rassurer qu'elle ne lui portait aucunement ombrage et répondit à sa boutade en riant.

Il fallait bien que l'on s'occupe pendant que tu jouais les courtisants. Elle reprit bien vite son sérieux car derrière les paroles qu'elle rapportait, il y avait une enfant qui l'avait émue. Personnellement, j’ai questionné la jeune fille qui a été témoin de l’agression et je vous fais un résumé des deux interrogatoires, elle se tourna vers Belenn, vu que vous n'étiez pas là pour le premier,
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Son impression de base et qu’il faisait encore plus noir que dans la nuit. Les agresseurs étaient six ou sept, elle ne sait pas vraiment, dont au moins une femme au son de la voix lorsqu’ils l’ont aperçue. Pour la description, ils portaient comme des casques et quelque chose qui leur voilait les yeux d'une lueur rouge. Elle ne pouvait voir que leur bouche. Ils entouraient Megrall et la prêtresse qui étaient dos à dos. Pendant que deux ou trois agresseurs généraient de la nuit, les autres prépareraient des mauvais coups. Certains étaient comme invisibles, comme s'ils entraient dans l'ombre pour en ressortir plus loin. Plus ils faisaient des incantations et plus, il lui sembla qu’il faisait noir et froid, elle m’a dit comme s'ils généraient les ténèbres.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> Elle a décrit le conseiller et la Sélunite, comme s’ils étaient sources de lumière, repoussant la nuit, le flux lumineux d'Albérich était rayonnant, et celui de la prêtresse plus doux, plus argenté. Elle pense qu’au début ils avaient le dessus ….

[Galathée]

« A mon sens, cela confirme la présence d’un groupe de Sharites. Ces masques aux yeux rouges sont probablement des casques d’infravision. Les Sharites sont souvent des êtres humains. Ils cultivent les ténèbres mais doivent y voir quelque chose… Les Lathandrites génèrent généralement une lumière blanche, assez forte. Tout cela colle plutôt bien avec vos déductions jusqu’ici. » fit Belenn en croisant les bras.
« Mais je pense qu’ils ont dû se renseigner au moins sur les compétences d’Albérich. L’attaquer de front sans savoir où étaient ses forces et ses faiblesses, sur quoi il axait sa magie divine, me semble suicidaire. Alors peut-être effectivement les Megrall sont-ils liés à ça. Mais je n’imagine pas Albérich confier à des gens qu’il déteste la manière dont il entend servir son dieu. »

[Taliesin]

Au final, et après tant de discussions et de temps perdu, ils en étaient toujours au même point : des ennemis que tout désignait comme des Sharites, quelques pistes annexes comme les Helmites ou la famille Megrall, mais rien de concret. Rien qui ne les aide à prendre une décision, à agir. Mais ce n'était pas pour autant qu'il fallait se résoudre à l'immobilisme.
-Bon, et bien, reste à savoir ce que nous allons faire... dit le barde en se tournant vers Kasumi. Belenn propose que nous attendions jusqu'à demain soir : il pense que les Sharites se manifesteront mais ne feront pas de mal au Conseiller, qu'ils veulent s'en servir pour autre chose, qu'ils ne souhaitent pas en faire d'emblée un martyre, ce qui aurait le possible désavantage de souder la ville dans un élan de solidarité. Bref : attendre demain soir pour que nos ennemis se montrent et nous offrent une piste. L'idée ne plaît pas à Arya, et je n'y suis guère favorable non plus. Pour ma part, je propose de tenter d'infiltrer les rangs Sharites, ou bien de prendre ces derniers à contrepied. Soit en proclamant la vérité à la ville, en brisant le secret qu'ils escomptent, en provoquant nous même l'élan de solidarité qu'ils redoutent, soit en faisant paraître un faux Albérich à la fête de la Lune. Dans les deux cas, ils ne s'attendraient sans doute pas à ça. Cela les forcerait à agir et peut-être à commettre des erreurs, vu qu'ils auraient vu leurs plans bouleversés.

[Arya Du Varden]

Avec le manque totale de vraies pistes, tout méritait d’être étudié, tant la visite à la famille d’Albérich qu’une tentation d’infiltration ou au moins d’approche. Par contre, informer les citoyens ou présenter un faux conseiller ne plaisait guère à Arya.<o></o>

Ne rien faire et attendre ne pourrait que leur servir et nous desservir, l’inaction est mauvaise pour l’esprit à mon avis. Les infiltrer ou au moins les approcher me semblent utiles bien que risquer, une visite à sa famille nous permettrait de savoir s’ils savent quelques choses sans pour autant nous confirmer que ce sont eux qui ont renseigné les Sharites. Mais la vérité sur sa disparition ou un sosie, je n’y adhère pas. Ils ont certainement prévu cette possibilité et je doute que cela contrarie leur plan et surtout craint que dans leur machiavélisme ils s’en servent. Pour la visite, je propose que l'on s’y rende sous couvert de faire un article sur Albérich pour la Fête de la lune, cela est dans le temps et ils ne pourront supposer que le but est autre. De plus si les frictions sont aussi importantes que tout ce qui nous est rapporté permet de le penser, ils ne devraient sans problème dévoiler ce qu’ils savent. Pour cette démarche, si cela vous convient, j’y vais volontiers.<o></o>

[Galathée]

« Je suis d’accord avec dame Du Varden. Autant je trouve vos propositions élégantes, maître Taliesin, autant je les trouve risquées. C’est une chose de voir un homme tomber d’un arbre, autre chose de l’en pousser. Les retombées d’actions trop impétueuses sont imprévisibles et les autorités voudront des assurances que nous ne pourrons leur donner. Nous ne savons pas ce que les Luméniens feront. Si la panique bourgeonne en lieu et place de la solidarité, nous serons responsables d’un désastre qui, pour l’heure, n’est pas encore inévitable. »
Il croisa les bras et jeta un regard à Kasumi.
« Je continue à penser que nos chances de retrouver les Sharites avant demain soir sont nulles. Ils sont en position de force, n'ont aucune raison de commettre la moindre erreur. Nous pourrions utiliser les heures qui viennent pour nous reposer et nous préparer en vue de la nuit cruciale où ils bougeront. Je comprends votre haine de l’inertie, mais courir en tout sens n’est pas toujours productif. Le fauve qui attend son heure est plus souvent rassasié que celui qui se rue dans les herbes au moindre mouvement. »

[Arya Du Varden]

L’image évoquée par Belenn fit sourire l’Elfe, il est certain qu’en cet instant leurs races faisaient la différence ce qui ajouté à leurs activités respectives donnaient des besoins bien opposés pour arriver au même résultat quant à leur forme. Elle ne pouvait imaginer plus de vingt-quatre heures d’inactivité car cela ne correspondait pas avec son rythme naturel même si plusieurs heures allaient être nécessaires pour préparer un plan d’action, formuler les risques auxquels ils seraient probablement exposé et ensuite un inventaire de ce dont ils devraient disposer pour pouvoir les contrer, elle devrait se trouver une occupation pendant que les autres dormiraient.<o>

</o> Pour le besoin de repos, je pense que nos besoins sont fort opposés et qu'il sera bon que vous me rappeliez, elle se tourna vers Kasumi en souriant désolée de ne pas y avoir pensé la nuit précédente, lorsqu'il sera l'heure pour vous de dormir. Mes besoins sont quasi inexistants à partir du moment où je puis avoir un peu de temps pour me régénérer que j'en oublie que d'autres en ont nécessité. Son regard se porta sur Belenn. Attendre demain ou pas, vous avez raison sur un point, nous devons nous préparer, car de cela nous n’avons pas encore pu en parler ne sachant aucunement qui était notre ennemi. Maintenant que nous pouvons plus que supposer qu’il s’agit des Sharites, ce qui nous avance mais ne nous donne guère de renseignements, il serait bien de chercher toutes les armes physiques et magiques auxquels ils pourraient faire appel, répertorier ceux que nous possédons afin d’avoir de quoi les contrer. Peut-être que dans la discussion, des points viendront à être préciser. Elle continua en souriant comme si elle espérait que ce fut le cas pour l’occuper un nombre d’heures considérables. Ainsi s’il est nécessaire que je me rende à mon laboratoire, j’aurai tout le temps qu’il me faudra.<o></o>

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi suivit les échanges avec attention sans pour autant y participer activement. Il pesait les risques et les bénéfices de chaque proposition. Les solutions avancées par le barde ne manquaient pas de panache mais il était d’accord avec les autres sur leur caractère trop impétueux et quasiment désespéré. A l’inverse, rester inactif l’horrifiait alors que les malfaiteurs étaient tout à fait libres de perpétrer leurs méfaits. Au bout d’un moment, il fit part de ses réflexions, comme un silence qui s’installait l’y invitait :

- Taliesin, votre plan est audacieux et je pense aussi qu’il pourrait forcer l’ennemi sur un terrain moins favorable voire imprévisible pour lui. Essayer de tromper les Luméniens en présentant un faux Albérich ne pourrait que se retourner contre nous à terme. Votre idée de jouer la carte de la vérité me plait. Mais elle est trop risquée pour être jouée. Nous n’avons aucun moyen d’en mesurer les conséquences tout comme notre ennemi à la différence près qu’il garde l’initiative tant qu’il est en possession du conseiller. Rester immobile pour régénérer ses forces n’est pas une fin en soi. Nous devons prendre le temps de nous préparer et penser à ménager nos forces mais je me vois mal dormir ou tourner en rond ici jusqu’à la Fête de la Lune. Comme Arya, mon rythme de vie est tout autre.

Il fit une pause pour regarder cette dernière avant de repartir sur un ton enthousiaste :

- Tant que nous n’en connaîtrons pas davantage sur les ravisseurs, leurs capacités et leur niveau d’infiltration, je pense que nous pourrons difficilement riposter même si l’ennemi se dévoile. A mon avis, nos priorités sont de réunir le maximum d’informations que nous pourrons utiliser contre notre ennemi et de nous préparer à toute éventualité.

[Taliesin]

Taliesin soupira.
-Qu'il en soit ainsi, alors... fit-il. Mais si je vois bien de quelle manière nous pouvons nous préparer, chacun de notre côté, je suis plus dubitatif quant aux manières dont vous voulez récolter des informations. Sur les Sharites proprement dits, Belenn semble déjà en savoir beaucoup. Pour ma part, je suis allé à la Grande Bibliothèque, mais je n'y ai trouvé que des généralités. Sans une démarche plus... incisive, plus risquée, nous ne dénicherons pas davantage. Quant à aller interroger les Megrall, voir les Helmites, puisque le journal d'Albérich mentionne des tensions avec eux... Et bien, s'ils ont à voir dans cette affaire, ils ne nous le diront certainement pas. Pire, ils s'empresseront d'informer les Sharites de nos démarches, et nous serons alors encore plus exposés à des représailles. Si nous sommes sur la bonne piste, ils ne nous laisseront pas tranquilles... Et si les Helmites et les Megrall sont innocents... Que pourraient-ils nous apprendre sur les ennemis possibles d'Albérich ? Nous révéler un quelconque indice ? Ils ne sont pas en bons termes avec lui, ils ne le fréquentent pas au quotidien...

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur reporta son attention sur le barde. Son attitude avait changée ses dernières heures. De résigné et acceptant à grand peine de les accompagner, il proposait maintenant d’aller de l’avant. Kasumi s’en serait réjoui si une part de lui-même n’attribuait ce comportement à la hâte d’en finir d’une façon ou d’une autre avec les obligations de l’enquête. Il pouvait comprendre que le barde répugne à perdre le temps qu’il passait loin des siens mais son approche paraissait un peu trop osée. Il y avait trop en jeu, trop à risquer. Sans animosité, il lui répondit :

- Vos arguments se valent mais qu’entendez-vous par une approche plus incisive. Sans savoir comment les Sharites opèrent et où, il me paraît difficile de les trouver et plus encore de les infiltrer. Bien sûr nous pourrions compter les attirer à nous mais nous ignorons s’ils cherchent à recruter de nouveaux membres. A mon sens, la seule chance que nous aurions de les déstabiliser et de jouer leur propre jeu. Chercher à les concurrencer pour les détourner de leurs objectifs pour nous frapper. Vu le peu de temps qu’il nous reste, cette stratégie aura sans doute encore moins de chance de réussite que de révéler la vérité à la ville.

[Taliesin]

Taliesin haussa les épaules.
-Mon idée n'était pas de les concurrencer. Juste d'agir comme ils ne l'ont pas prévu. Les Sharites sont des maîtres dans l'art des complots et ils aiment par dessus tout le secret. Jamais ils ne se mettent en avant, ne revendiquent leurs crimes... En faisant éclater la vérité, nous les aurions décontenancés. Ils auraient dû revoir leurs plans et auraient pu commettre des erreurs, ce qui nous aurait permis, peut-être, de trouver leur piste. Mais oui, ce serait risqué, et comme Belenn pense que nous avons du temps, qu'ils n'exécuteront pas Albérich demain soir, mieux vaut sans doute abandonner cette voie. Par contre, ce que j'entendais par approche incisive... Les infiltrer, simplement. Tenter, du moins. Pour beaucoup, les Sharites sont ceux qui portent secours aux floués, aux bafoués, aux trompés. Mais, au lieu d'apporter la paix, ils renforcent et attisent les sentiments de rancoeur, de vengeance, de haine. Je m'offrais donc simplement de me faire passer pour l'un de ses bafoués, en grommelant un peu fort mes griefs vis à vis du conseil, de Lathiriel, d'Albérich, dans les endroits sombres de la ville. Quelque tripot des bas-quartiers... S'ils ont des espions parmi les autorités luméniennes, les mots que j'ai échangé avec la conseillère seront connus. Et même sans ça, mon identité et les contraintes qu'on ma imposées pourraient suffir à faire de moi une recrue potentielle... Cela ne servirait peut-être à rien, mais, qui sait ? Un Sharite pourrait m'approcher. Me dire quelque chose d'utile. Me recruter, si nous sommes vernis ! Toutefois, bien sûr, c'est terriblement risqué, et il est des plus probables que cela ne donne rien.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur dévisagea un moment l’elfe sans mot dire. Il était manifeste à son expression sue l’idée faisait son chemin bien qu’il répugnât à mettre la vie du barde en danger. Toutefois, il devait reconnaître que le plan avait des qualités :

- Ce serait une approche intéressante, oui. Mais ce serait très risqué aussi. Les Sharites pourraient avoir eu vent de vos récents rapports avec les autorités. De plus, s’il vous arrivait malheur, vous ne seriez pas le seul à en souffrir. Je laisse cette décision à votre discrétion. D’un autre côté, je pense que les taudis sont un bon endroit où chercher nos malfaiteurs. En plus des arguments que vous avancez, il faut noter que les malfaiteurs n’ont pas encore frappés dans ce quartier. Peut être s’agit-il d’un hasard, peut être le quartier est-il trop insignifiant pour les intéresser ou peut être cherchent-ils à en détourner notre attention car il s’agit de leur base arrière. Un endroit où ils peuvent se cacher et comploter où des malheureux leur prêtent l’oreille. Malheureusement, parfois l’histoire se répète.

[Galathée]

Le clerc n’avait rien dit, écoutant ses interlocuteurs les bras croisés.
« Vous seriez effectivement une recrue de choix pour les Sharites. S’ils étaient en difficulté. Je crains que la seule chose qui vous arrive soit de ternir à jamais votre réputation. Si vous n’avertissez pas les autorités, vous aurez de surcroît les services secrets sur le dos. »
Il secoua la tête.
« Je ne pense pas qu’ils voudront se servir de vous. Sans vouloir vous blâmer d’aucune manière, j’ai appris moi-même, douloureusement, que les meilleures intentions peuvent mener au désastre, vous avez déjà la réputation d’avoir fragilisé Luménis, même à contrecoeur. Si vous vous retrouviez mêlé à cette histoire, l’hostilité du peuple vous irait tout naturellement. Vous êtes un élément tellement perturbateur que vous en êtes… comment dire… unificateur. »
Il se mordilla la lèvre quelques secondes.
« Je me demande dans quelle mesure, sire Kasumi et moi-même ne serions pas plus indiqués pour cela. Nous sommes humains, en partie pour certains, donc faillibles et corruptibles. Je continue à penser que les Sharites n’ont aucun intérêt à nous approcher, mais cela nous permettrait d’arpenter les taudis avec un double projet. Si les Sharites sont dans les taudis. S’ils sont même encore à Luménis. »

[Taliesin]

-Soit, fit l'elfe d'un ton dégagé. Si messire Kasumi est d'accord, je vous laisse bien volontiers cette partie du travail.
En réalité, il n'était pas sans éprouver une pointe d'agacement. Médire du gouvernement - pour la bonne cause, de surcroît ! - aurait constitué un amusant exutoire. Et puis, il commençait à se se demander pourquoi on l'avait recruté : si c'était pour le cantonner à de vagues interrogatoires et à d'inutiles visites à la bibliothèque, on aurait très bien pu prendre quelqu'un d'autre et le laisser vivre tranquillement, insouciant, parmi les siens. Mais non, on l'avait mis de force au cœur de l'action, histoire qu'il endure les tourments de l'incertitude, l'angoisse du drame à venir, sans lui consentir aucun moyen d'action. Bref : on le laissait à un sentiment d'impuissance qui, pour l'avoir trop connu, lui était devenu insupportable.
Mais c'était là pensées absurdes : il avait promis à Galathée de ne pas se mettre inconsidérément en danger, et risquer sa peau en infiltrant les Sharites ne le tentait qu'à moitié, à vrai dire. Que les autres s'en chargent, il leur souhaitait bon courage. Et si, à un moment, on venait à lui reprocher son manque d'implication, il aurait de bons arguments à balancer à la figure du médisant.
Au final, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

[Arya Du Varden]

Attentive et pourtant silencieuse, Arya tentait d’entrevoir non seulement les recherches qu’ils pouvaient encore entreprendre, mais aussi les dangers qu’ils allaient devoir affronter et dont la perspective lui paraissait plus sombre encore, car à défaut de s’organiser pour utiliser au mieux les capacités de chacun, ce qui semblait ne pas être une nécessité pour les hommes vu qu’elle en avait fait mention déjà deux fois, en pleine action, ils allaient devoir improviser ce qui ne serait pas un atout pour eux surtout si le déroulement des opérations les obligeaient à se séparer. <o>

</o> Mais pour l’instant, l’Elfe ne pouvait qu’être d’accord avec la proposition de Belenn qui allait dans le même sens que ses paroles sur le sujet tout en remarquant l’air peu ravi de Taliesin qui se voyait écarté d’une action qu’il avait lui-même proposée. <o>

</o> Il est vrai Taliesin que tu serais le sujet le plus qualifié pour servir d’appât, mais il me semble que ce serait prendre trop de risques pour toi et je pense que cela doit plutôt être Kasumi et Belenn qui s’y rendent. Mais elle sentait que tout comme elle, le barde avait besoin d’action avec la différence qu'il devait se sentir encore plus maussade maintenant ce fait s'ajoutant aux autres. Comme il serait également utile de se rendre chez les parents du Conseiller, j’avais proposé d’y aller, mais je comprends que tu ne veuilles pas rester inactif, alors si cela te tente, je te laisse cette recherche, elle sourit amicalement, je trouverai autre chose à faire ne serait-ce que me balader dans le parc.<o></o>

[Taliesin]

Taliesin secoua la tête.
-Il n'est pas question que je vous contraigne à une inactivité relative, Arya. Les Megrall sont à vous. Mais il se peut que je vous accompagne, si vous en êtes d'accord, et si nulle autre tâche ne m'est assignée. En toute honnêteté, je doute que cette visite nous apporte quoi que ce soit d'utile, mais au moins, nous aurons tenté quelque chose.
Il se tourna vers Belenn.
-Que pouvez-vous nous dire de cette famille ? Il vaudrait mieux que nous soyons un tant soit peu préparés avant de les rencontrer...

[Galathée]

Le clerc hocha la tête.
« Je n’en sais pas grand chose. Pas plus que ce que savent les Luméniens. Les Megrall sont des marchands d’armes. Ils ont une grande maison dans le quartier du port et un bateau ou deux, probablement un hangar. Ils achètent des armes à droite à gauche et les convoient un peu partout sur l’île. Le patriarche s’appelle Siegfried Megrall, c’est un vieil homme, mais il dirige toujours son affaire, avec deux de ses fils. Je pense qu’Albérich était le gosse de trop, d’où la carrière qu’il a embrassée. Megrall en avait plus, mais les marins font naufrage… Enfin. Ils n’ont pas une très bonne réputation. On les dit pingres, durs en affaire et sans scrupules. »
Il haussa les épaules.
« Ces derniers temps, ils sont venus plusieurs fois au temple pour rencontrer Albérich, ce qui s'est généralement mal passé. On dit qu’ils acceptent mal le fait qu’il ne profite pas de sa position pour leur donner un coup de pouce, notamment dans les marchés publics. Certains considéreraient ça comme des manœuvres illégales, mais les Megrall appellent ça de la loyauté familiale. Ils en ont quand ça les arrange. »

[Arya Du Varden]

La proposition du Barde convenait pleinement à Arya, ils étaient certes tous deux des Elfes, mais leurs caractères étaient si différents et leurs expériences probablement autant qu’ils auraient, le cas échéant, bien plus d’atout pour relever ce qui pourrait être intéressant vu qu'au départ, ils n'avaient que bien peu de données sur cette famille.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--><o></o>
Non, je vois ne aucun inconvénient et si cela était, je pense que de nous présenter à deux ne seraient qu’à notre avantage si quelque chose était à découvrir. Nous avons autant de chance que dans les taudis de trouver des indices et si nous ne trouvons rien, nous aurons fait la démarche et pourrons éliminer définitivement cette piste. D’autant que chemin faisant, nous pourrions être témoin d’un fait ou remarquer quelque chose qui pourrait nous être utile.

[Taliesin]

-Et bien, c'est entendu... fit Taliesin. Et l'idée que vous évoquiez tout à l'heure me semble bonne : nous jouerons les mandataires du Luménien Libéré en quête d'informations pour établir un article sur Albérich... Nous ne serons peut-être pas très bien reçus, mais tout autre prétexte serait plus dangereux et plus hasardeux.
Il se tut un instant, réfléchissant à ce qu'avait dit Belenn. Une information en particulier avait retenu son attention.
-Vous avez parlé d'un entrepôt ? s'enquit-il en se tournant vers le clerc. Albérich a justement été enlevé dans une zone du quartier ouest où ces bâtiments sont légion. Il pourrait être intéressant de vérifier si les Mégrall n'en possèdent pas justement un dans le coin.

[Galathée]

« Alors là, je ne saurais dire… A mon avis, c’est au syndicat de commerce que ces informations seront les plus faciles à trouver. J’imagine que vous pourriez aller leur poser la question si les Megrall ne vous en disent rien. Cependant, ne pensez pas que les Sharites ont spécialement eu besoin d’une base dans le coin… Ce sont des amis de l’ombre, ce sont des clercs qui savent se dissimuler, escalader, se fondre dans les ténèbres, les recoins, en surgir et y disparaître à nouveau. Mais l’idée vaut la peine d’être investiguée, assurément. »
Il se tourna vers Kasumi.
" Avant de nous séparer, nous devrions aussi définir un programme pour les heures à venir... Sire Kasumi et moi ne pouvons pas errer indéfiniment dans les ruelles obscures des taudis. Et si la nuit vient, demain soir... Il nous faudra prendre de nouvelles décisions".

HRP / Je propose qu'on attende Kasu avant de continuer

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi était satisfait du compromis suggéré par ses partenaires. Les deux elfes pourraient aisément jouer le rôle qui leur était assigné, il n’en doutait pas. De plus, ils sauraient sans conteste noter tout élément intéressant. Qu’ils soient deux pour s’acquitter de cette tâche présentait tous les avantages. D’une part cela renforçait la crédibilité de leur couverture, rendait plus efficaces leurs observations et leur faisait courir moins de danger. Il se fit la réflexion que ce raisonnement serait également valable pour Belenn et lui :

- Ce sera toujours mieux que de rien tenter. Je me range à votre avis. Belenn, avez-vous une idée de la façon d’aborder les choses ? Je n’ai pas à franchement parler mauvaise réputation. Bien sûr, je pourrais avancer le fait que j’ai été rejeté de mes toutes nouvelles fonctions au sein de la garde mais c’est un peu léger à mon sens.

[Galathée]

Belenn fronça les sourcils.
« Je pense que nous devrons recourir à l’improvisation, cher ami… Aller boire et nous plaindre. De toute façon, au départ, il ne faudra pas être trop vocal. Il m’est avis que les mécontents doivent être nombreux dans les taudis, nous ne détonerons pas. Mais je suis un Lathandrite, vous êtes du Fort, ça nous donne une certaine aura… »
Il sourit.
« C’était l’idée de Taliesin, pas la mienne ! Je n’ai pas de grande stratégie ! »

HRP : en maxi-coup de vent, serai dispo demain soir