Sur les bords du Golfe de l'oubli, épaves, ruines et varech sont témoins d'une agitation inhabituelle. Quelques navires ont mouillé non loin du rivage désert ; il en est descendu une armée de charpentiers qui s'active, s'agite et plante des clous. Des campements de jongleurs, des roulottes de foire ou des tentes d'organisateurs complètent peu à peu le décor... « Les olympiades de Manost », qu'ils appellent ça. Moules et zombies restent dubitatifs. Des helmites, faire la fête ?...
[LEFT]C'est sûr, murmurent les helmites purs et durs d'un air soupçonneux: le conseiller à la diplomatie doit être pour quelque chose dans le choix de cette attraction. Ils n'ont sans doute pas tort, car il vaut mieux que Tymora veille sur le visiteur imprudent qui a choisi de relever ce défi.[/LEFT]
[LEFT]Qui ne connaît ce jeu importé de Sigil ? Dans une tente par ailleurs parfaitement vide, sur une simple table ronde recouverte de velours noir, un jeu de cartes attend les audacieux. Piochez une carte au hasard, et affrontez-en la conséquence...[/LEFT]
HRP: attendez ma réponse pour savoir quelle carte vous avez piochée. Hé vi, le goût du risque, c'est ça...
Kasumi déambula au milieu de la foule amassée autour des échoppes et autres tentes de toiles bigarrées. Il remarqua d’un œil distrait la cohue entourant certaines des attractions mais nota dans un éclair de lucidité que la taverne était bien celle qui attirait le plus de mondes. Décidément, il était des choses qui surpassaient les frontières culturelles, temporelles et géographiques : l’alcool coulant à flot en était une. Et les marchands de camelote là où la foule se réunit une autre assez désagréable. Le rôdeur repoussa les assiduités d’un marchand de saucisse qui vendait sa charcuterie dans des petits pains. Il ne résista pas à celle d’un marchand de colifichets lui assurant qu’il ne vendait que des produits authentiques locaux. Le rôdeur, gagné par un élan irrésistible céda quelques piécettes pour acquérir une statuette très moche présentée sous le nom aguicheur de « Relique Helmite ».
Il rangea l’objet parfaitement inutile et donc indispensable et poursuivit son chemin au hasard des mouvements de foule. Ses pas le menèrent vers une tente qui, curieusement, était parfaitement déserte malgré sa décoration chatoyante. Une pancarte annonçait crânement « Les cartes merveilleuses ». Ne voyant personne, le rôdeur s’approcha de la table qui présentait un paquet de cartes et, pris d’une inspiration subite, retourna celle du haut du paquet.
La carte portait la mention "Confessions Intimes." Avant que Kasumi n'ait eu le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait, il sentit mille tournevis acérés lui vriller la cervelle, y creuser des ornières, y planter des sardines, s'accrocher à son âme sans qu'il y puisse rien. Malédiction, c'est le cas de le dire : un sort de quête ! Il fut alors saisi d'une envie irrésistible de sortir sa chemise hawaïenne de la tente et de révéler à voix haute et claire à tous les promeneurs ce qui constituait la plus grande honte de sa vie.
Kasumi se retrouva porté par ses pieds dans la rue sans rien pouvoir y faire. Il demeura là quelques secondes, béat et aphone le temps que sa conscience fasse le tri dans l’album de souvenirs grand format des épisodes les plus honteux et délicats de son existence.
Le sort, bien embêté pour choisir LA réponse adéquate à la question posée faillit échouer et indiquer xxx ERREUR MANQUE DE FROMAGE xxx mais les passants avaient cessé leur progression dans la rue et réclamaient une réponse. Une réponse qui se jouait actuellement entre :
- Son amour inavoué pour une certaine Madame Paluche qui l’avait couvert de ses attentions au moment où il en avait eu le plus besoin, - Sa compulsion le portant à se vêtir de vêtements féminins dont même son subconscient avait du mal à trouver l’origine, - Son envie irrépressible et incompréhensible de se bourrer de navets à en crever dès qu’il entendait le moindre gnome parlant de sa famille, - La fois où il avait volé les travaux pratiques du petit Poddy, son camarade de classe parce qu’il avait oublié de faire les siens et craignait le courroux de leur professeur Dame Ariane…
Mais finalement, le sort agit avec une efficacité qu’aurait enviée le célèbre psychothérapeute Sigmund dit « Fred » et révéla à travers les lèvres du pauvre rôdeur son secret le plus honteux :
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Il détestait les animaux et la forêt et avait fuit une carrière prometteuse de paladin car il était allergique au talc dont ces derniers devaient s’enduire les fesses pour supporter leur armure.
Autour du rôdeur, les "oh" de consternation et les "ah" amusés le disputaient aux regards agacés d'une paire de jeunes hommes musclés dont l'un avait passé le bras sur les épaules de l'autre, et dont l'ensemble le dévisageait d'un air vindicatif. Kasumi se demanda un instant pourquoi, avant que l'intuition fulgurante ne le traverse qu'il devait avoir affaire à un couple de paladins en vacances. Ces derniers ne portaient certes pas d'armures, mais ils venaient de dégainer deux épuisettes +6, dégâts doublés contre les gêneurs, et commençaient à le charger comme une pleine marmite de moules marinières.
"spèce de traître...", grogna l'un d'eux d'un ton pleurnichard.
Tout de même étonné de ce que le rôdeur venait de faire, l'un des promeneurs jeta un coup d'œil curieux sous l'un des pans de la tente. Tout semblait en place. Rangé sur une nappe de velours noir dans un empilement impeccable, un jeu de cartes à l'air arrogant attendait simplement le visiteur...
Les cartes étaient vraiment merveilleuses. Ses effets étaient tout à fait inattendus. Kasumi en devint un vivant exemple lorsqu’il partit d’un rire sans retenue. Le sort avait sapé les barrières mentales qu’il s’était lui-même érigé pour se protéger de ses souvenirs les plus honteux. Le rôdeur se trouvait dans un état d’équilibre mental si serein qu’il en fleuretait dangereusement avec l’instabilité débilitante. En se libérant sans arrière pensée de son secret, il avait l’impression d’avoir suivi une thérapie libératrice et se sentait fou de joie. Il écarta grand les bras et se dirigea vers les paladins qui fendaient la foule vers lui. Il allait les gratifier d’une accolade amicale dictée par l’euphorie lorsque les épuisettes s’abattirent sur lui, l’entravant tout à fait.
Loin de faire cesser son hilarité, Kasumi fut gagné d’une crise de fou-rire alors que la scène lui remémorait les jeux de bizutage en vogue chez les paladins novices à son époque. Ne parvenant que difficilement à contenir son hilarité, le rôdeur s’adressa avec bonhomie à ses ravisseurs qui le traînait dans une rue latérale :
- Hey ! C’est pas mal ça ! Je me rappelle nos rites d’introduction à l’Ordre. Il doivent être encore en vogue : on mettait de l’ancre dans le bénitier juste avant la prière du matin, on mélangeait la poudre urticante avec le talc avant les campagnes des paladins confirmés puis on enduisait l’intérieur de leurs bottes de moutarde. Vous faites toujours ça après avoir traîné les novices sur le parquet ? Même que ceux qui trouvaient les idées les plus originales étaient immédiatement promus dans le service actif et on les envoyait en mission alors que les autres devaient se contenter des leçons !
Les efforts des paladins furent vains pour empêcher le demi-elfe de livrer les secrets les mieux gardés par les paladins. Sans doute un effet secondaire du sort de quête.
Le fey’ri errait sans réel but parmi les tentes et les artistes, dans une foule compacte qui s’écartait parfois sur son passage. Il se sentait un peu morose, comme étranger à la liesse populaire. Puis soudain, il eut le regard attiré par les formes rondes d’une tente d’apparence anodine parmi ses semblables. Pourtant, il en rayonnait quelque chose de particulier, comme s’il s’y trouvait un défi qui lui était personnellement destiné. Il dévia donc de son chemin de ronde silencieux pour se glisser dans l’édifice de toile.
Personne. Une table couverte de velours noir. Un jeu de cartes.
Il hésita.
Il posa un doigt sur le sommet du paquet. Fallait-il prendre la première ? La dernière ? Celle du milieu ? Une autre ? Son esprit se lança dans des calculs complexes. Estimation du nombre de cartes. Il fit pivoter le paquet en son point milieu approximatif, en déplaça la moitié vers l’arrière. Puis d’un geste ample, il étala ce qu’il restait en éventail. Pas la première, trop prétentieux. Deux était un chiffre trop banal. Deux yeux, deux jambes, deux oreilles. Trois, un chiffre risqué. Quatre, un chiffre animal. Cinq, comme les doigts de la main, peut-être une solution. Six, non. Six, c’était le nombre de ses sœurs. Sept, ah non, pas sept, l’horreur. Huit. Huit. Pourquoi pas huit, tiens ?
Pris d’une subite inspiration, il retourna donc la neuvième carte. Par principe. Parce que s’il avait choisi spontanément le huit, c’est que c’était certainement la mauvaise carte.
Vous parler du vortex ? JAMAIS! C'est mon vortex! Bas les pattes! Du vent! Sinon je vous pulvérise à coup de boules de... poil d'écureuil, tiens... Ahum... Une noisette ?
[LEFT]La carte portait la mention, en magnifiques carolines sanguines:"Au temps pour moi ?" [/LEFT]
[LEFT]Avant que le fey'ri n'ait eu le temps d'évaluer les probabilités respectives du canular et de la faute de goût, un vortex non répertorié l'avala goulument, salement, puis souffrit d'indigestion, pour le vomir quelques instants plus tard dans une obscurité poussiéreuse qui sentait les ennuis à plein nez.
L'elfe se redressa péniblement, pour tâter à sa gauche un mur de pierraille, à sa droite un mur identique, et entendre retentir quelque part derrière lui, azimuth sud-sud-est, une sonnerie stridente, du genre à vous vriller les tympans et créer des vocations spontanées de psychopathes, violeurs, voleurs, et saints ermites. Le vibrato strident se rapprochait, et avec lui la promesse de surdité prochaine. Promesse de folie aussi, en temps normal, mais le sortilège était bien obligé de faire une exception spéciale pour Tar'Ael.
[/LEFT]
Tar’Aël n’était pas complètement certain de savoir où il se trouvait (pour ne pas dire qu’il n’en avait pas la moindre idée). D’un geste réflexe, il planta ses deux longs index graciles dans ses oreilles pointues, espérant ainsi se prémunir d’une partie des dégâts que ne manquerait pas de lui infliger la sonnerie tonitruante qui retentissait derrière lui. Puis, avec une lenteur non calculée, il se retourna dans cette direction approximative et manifestement funeste qu’était le sud-sud-est. S’il avait eu les mains libres, il aurait certainement tenté de lancer un sort de protection quelconque (du genre : chute de vache ou pluie de groseilles) mais comme elles étaient coincées dans ses pavillons auriculaires, il se contenta donc d’écarquiller les yeux, comptant sur la très célèbre vision infrarouge dans le noir des ténèbres obscures génétiquement programmée chez les espèces aux oreilles pointues (le rapport entre les yeux et les oreilles ? Mystère, mais ça doit être lié !) pour lui révéler quelque chose de cette adverse sonorité avant qu’elle ne le percute/désintègre/transporte/sublime/biffer la mention inutile.
Vous parler du vortex ? JAMAIS! C'est mon vortex! Bas les pattes! Du vent! Sinon je vous pulvérise à coup de boules de... poil d'écureuil, tiens... Ahum... Une noisette ?
L'adversité sonore émettait des ondes hostiles qu'on aurait cru voir se déplacer par vagues, percuter les parois et les ébranler du sol au plafond. Bref, tout n'était plus qu'une gigantesque gigue ondulatoire de fréquence 9 GigaHerz. Dans la nuit noire, dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre, au sud-sud-est, Tar'Ael distingua d'abord d'autres parois, prolongations des premières, ainsi qu'un carrefour en patte d'oie, en somme la même chose qu'au nord- nord-sud, ce qui semblait indiquer que le bâtisseur de ce labyrinthe avait manqué d'équerre et de compas.
Tandis que ses ongles commençaient de découper des choses pas très propres au fond de ses conduits auditifs, il vit enfin approcher l'ultime responsable de cette cacophonie : il s'agissait d'un énorme cadran rond marqué de stries régulières tous les trente degrés. De petits bâtons noirs vissés par une extrémité au centre du cercle se promenaient très paresseussement pour l'un, plus vite pour l'autre, à une vitesse ahurissante pour le dernier, autour dudit cadran, en paraissant désigner des chiffres gravés en périphérie. L'ensemble se déplaçait très rapidement sur trois pattes en bois de poirier ignorant, une espèce de main agitait une sonnette d'un geste frénétique, et l'autre agrippa le poignet du fey'ri pour mieux lui hurler (mais avec quelle bouche ?) dans le pavillon (pointu, restons précis):
Le fey’ri bondit en arrière, et déboucha ses oreilles (je vous épargne le délicieux bruit associé). Mais la petite chose tenait ferme et il ne parvint pas à se dégager. « En retard ? Vous êtes sûr ? Mais c’est impossible ! J’avais pourtant tout prévu ! J’avais acheté ce coq de pure race, expressément ! Il doit y avoir une erreur ! Ou alors on a changé d’heure sans m’en prévenir ? Quelle saison est-ce ? Vous ne pensez pas que peut-être… Vous manquez d’huile ? Ou vous en avez trop ? Vous avancez ? L’odeur des croissants, c’est bien sûr, je comprends, j’ai été abusé ! Mais néanmoins… Le soleil ! Le soleil devait… A moins que… Les rideaux ! Je comprends ! Le coq, les rideaux, l’huile, le vortex, tout ça. Je suis désolé. Je suis en retard. Ça n’arrivera plus, je vous le promets ! » Il se pencha vers le petit « être » (faute de mieux). « Mais allons-y alors ! Qu’attendons-nous ? Il faut nous dépêcher ! Ou bien n’est-il plus temps ? Ai-je gâché toutes mes chances ? » Et sans plus attendre, il entraîna son compagnon vers le sud-sud-est. Approximativement.
Vous parler du vortex ? JAMAIS! C'est mon vortex! Bas les pattes! Du vent! Sinon je vous pulvérise à coup de boules de... poil d'écureuil, tiens... Ahum... Une noisette ?
Lequel compagnon avait toujours une main de libre, qu'il occupait en agitant de plus belle sa sonnette insupportable. Néanmoins, il n'avait aucune peine à suivre l'elfe sur ses courtes pattes, et ne ralentit guère sa course vers...
Au fait, vers quoi?
Après avoir dépassé trois ou quatre bifurcations et décidé d'autorité que le sud-sud-est devait se poursuivre dans telle direction plutôt que telle autre, le fey'ri parvint dans une pièce aussi aveugle que le reste, où il trouva un lit, une odeur de croissants, des rideaux donnant sur le mur, un coq de pure race aryenne perché sur l'oreiller, et même un rayon de soleil venu on ne savait d'où. Dans la poussière du plancher, trois marques semblaient correspondre à l'emplacement "normal" du générateur de vacarme.
Un peu essouflé, le petit "chose" se mit à geindre.
"PAS LA BONNE DIRECTION..."
Il agita de nouveau sa sonnette d'un geste exaspéré:
« Par Beshaba ! Les croissants ! » s’exclama le fey’ri.
Pris d’une subite impulsion, il vit volte-face sans ralentir et repartit dans le sens inverse. « Vite, alors, vite ! Vous savez bien ce qui se produira si… » Le fey’ri s’arrêta brusquement. « Mais en retard pour quoi en fait ? Et si vous pouviez arrêter de secouer votre grelot, là, je commence à avoir la migraine. Et en vérité, je vous le dis, les migraines de la famille Draglareth ne sont pas des plus agréables, oh non, mon bon monsieur. Je vous prie de croire que vous préféreriez ne rien en savoir. Il y a des choses auxquelles même un… un… enfin… une sorte de… je ne sais quoi dans votre genre… ne devrait jamais assister dans sa vie. Si ça veut dire quelque chose pour vous. » Il se tut. « Délivrez-moi d’un doute, là… Ce n’est pas moi qui vous ai mis dans cet état suite à une… petite erreur de… manipulation, si ? »
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Le chose fronça les aiguilles en un pathétique effort de "pensée."
"C'EST VOUS QUI SAVEZ."
Et pour marquer son irréductible résistance à l'invasion rationaliste, il secoua de nouveau sa sonnette.
"ALLEZ, ON Y VA !"
Il se remit à courir et le fey'ri n'eut d'autre choix que de lui emboîter le pieu... pardon, le pas, à travers le labyrinthe qui n'avait rien perdu de son aversion pour les angles droits, de même que le presbytère de son charme, ni le jardin de son éclat.
Au terme d'une course qui arracha une ou deux sonneries tonitruantes de plus à l'être qui le précédait comme un ange de la mort ou comme une rumeur de catastrophe, c'est selon, Tar'Ael trouva une autre salle illuminée, avec une grande table et de nombreux convives assis qui le dévisagèrent avec réprobation.
- Ah enfin.
- Tout de même.
- Pas trop tôt. - Il m'ennuie.
- Il m'émeut.
- Moi j'en tombe amoureux !
Sur la table, comme de juste, des piles entières de croissants tièdes.
- On peut commencer ?
HRP: je reviens samedi.
Tar’Aël avait l’estomac vide. Victime du syndrome dit « de la poche percée », il n’avait mangé que du poisson salé avarié depuis son départ de Mélandis, avec les désagréments que l’on imagine. Aussi, lorsqu’il déboucha, ahuri, devant cette assemblée affamée, il consacra une dizaine de secondes aux illustres convives attablés, puis son hypothalamus lui indiqua une chaise vide et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire (quoi qu’en pense le petit être tonitruant à aiguilles), il rallia cette place stratégique et y posa son postérieur malingre. Il noua rapidement une serviette à rayures roses et étoiles mordorées autour de son cou étique, puis attendit le signal, les mains levées comme des serres voraces au-dessus des croissants. « Ils vont refroidir ! »finit-il par gémir, alors que sa panse émettait des cris de protestation énergique.
Et sans plus pouvoir se réfréner, il plongea droit dans les viennoiseries, tête la première, bouche ouverte, prêt à engloutir tout ce qui se présenterait à proximité de son palais.
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La bataille fut épique. Les convives attablés à proximité du fey'ri paraissaient eux aussi bien décidés à rafler leur part de satisfaction alimentaire, et ils se défendaient bec et ongles, parfois même littéralement: il n'a en effet jamais été dit qu'il n'y avait que des humains dans l'assistance. D'ailleurs, Tar'Ael crut apercevoir, une ou deux fois, un coq aryen (ce dernier semblait avoir une dent, si l'on peut dire, contre les rayures de sa serviette), une ou deux autres, un monstre gris qui se prenait pour Peter Pan mais dont la patte avant gauche se prenait manifestement plutôt pour le Capitaine Crochet. Quant aux malheureux croissants, ils perdaient l'un après l'autre leur sourire, agressé sur les commissures, et les piles diminuaient inexorablement.
Au terme d'un combat d'une rare violence (lor veïssiez celes mains traire, et bias estor champel ! ), Tar'Ael avait réussi à amasser entre ses bras une belle quantité de rescapés provisoires, qu'il envoyait l'un après l'autre se dissoudre dans l'acidité poissonneuse de son estomac. Certains regards cependant se faisaient lourds comme un nuage de pluie...
« A moi ! Les miens ! Les croissants à Tar’Aël ! »beugla-t-il avec une hostilité matinée d’inquiétude, tandis qu’il sentait ces regards s’appesantir sur sa carcasse malingre (à l’estomac désormais distendu et un peu saillant). Il se leva de table, lentement, manqua trébucher sur sa chaise (mais pour une fois, évita la catastrophe) et recula posément jusqu’au mur, histoire de s’adosser (et donc de protéger la « face sans yeux » de son anatomie, un comportement que les éthologistes du monde entier retrouvent chez la plupart des mammifères, à l’exception peut-être du hérisson). Comme cette manœuvre d’un degré stratégique des plus élevés n’avait pas réussi à le protéger des regards inquisiteurs des autres convives, le fey’ri ouvrit la bouche pour prononcer ces mots qui resteraient dans la mémoire collective (bien qu’ils finirent par être attribués à quelqu’un d’autre, nul ne sait pourquoi). « Alea iacta est ! »proféra-t-il donc.
Puis ses mains esquissèrent les gestes bien connus d’un sortilège exploité jusqu’à la moelle (aux cendres, devrais-je dire) : boule de feu.
Vous parler du vortex ? JAMAIS! C'est mon vortex! Bas les pattes! Du vent! Sinon je vous pulvérise à coup de boules de... poil d'écureuil, tiens... Ahum... Une noisette ?
Il n'est jamais très prudent d'incanter un sort "ordinaire" quand on se retrouve prisonnier d'une dimension parallèle dont on ne maîtrise pas l'illogisme, c'est connu. A fortiori quand on manipule la magie entropique... Conséquence très prévisible d'un sort qui ne l'était pas, la boule de feu ne fut donc pas une boule de feu. La réalité de la Toile commença tout doucement de se distordre, dans l'attente de voir le hiatus accoucher dans la douleur d'un effet que chacun prévoyait catastrophique. Les convives continuèrent de jeter au ralenti des regards de terreur. Le fey'ri engloutit une nouvelle pointe de croissant, mâchant bien. Un brouillard d'indécision plana sur la scène : les dieux hésitaient.
Tandis qu'il évoluait encore dans les brumes confortables de Leira, Tar'Ael connut un moment d'espoir insensé. Une régénération de croissants ? Un petit vortex, oh mon beau vortex, pour le rapatrier dare dare sur Toril ? Une dédicace signée Elminster ?
Alors la terrible vérité déferla sur la salle : dans l'impatience, Tar'Ael zozotait. Et une *foule de bœufs* investit la pièce au galop...
Le moment est venu de faire une petite digression, comme le font des auteurs bons et moins bons, de Cervantès à ma tante Marjorie, en passant par Marcel Proust et Arnold le Gnoll de Bérégost. Parlons donc de l’anatomie du bœuf. C’est un animal à cornes, du genre lourd, auquel il manque deux petites excroissances que certains considèrent fondamentales, sauf en ce qui concerne la qualité de la viande. Mais à part cette diminution marginale, le bœuf est semblable à son ami le taureau, juste un poil moins violent. Pourquoi ces précisions, me demanderez-vous. Votre question ne me surprend pas, après tout, il s’agit d’une digression. Et bien, donc, tout ça pour en arriver au fait suivant : Tar’Aël Velluthra, outre le fait qu’il était le descendant un peu génétiquement atrophié d’une espèce de bâtards prétentieux, avait également suivi un enseignement par correspondance de tauromachie sembienne. Comme il cherchait une activité sportive adaptée à son gabarit de crevette et qu’il était trop fade pour accompagner ses petits camarades au lancer de nain ou autres courses à l’elfe, il avait opté pour cette discipline, séduit par un prospectus aux couleurs criardes qui promettait du sang, de la gloire, du sable plein les oreilles et des pluies de rose. D’autres auraient reculé, mais c’était mal connaître Tar’Aël Velluthra, dit « Tar’aelito ».
Voyant arriver la déferlante de bêtes à cornes droit sur lui, il se saisit donc de sa serviette bigarrée pour se lancer dans un ballet des plus esthétiques (pour ne pas dire complètement ridicule), valsant à droite et à gauche pour éviter les animaux qui galopaient en tous sens.
Vous parler du vortex ? JAMAIS! C'est mon vortex! Bas les pattes! Du vent! Sinon je vous pulvérise à coup de boules de... poil d'écureuil, tiens... Ahum... Une noisette ?
Ils sortent d 'où, ces Bovidés, Avec leurs grands yeux inexpressifs ?! J'ai jamais appris à me Battre contre des Beefsteaks. Je les entends Souffler Comme je danSe Je les vois piAffer Comme je m'écrAse Je pensais pas pouvoir autant Ressembler à une mare de vAse...
Et les convives, me direz-vous ? Les autres convives avaient mystérieusement disparu, ce qui pouvait signifier qu'ils gisaient quelque part sous les sabots, qu'ils avaient constitué la matière première d'un sortilège métamorphique, ou même que leurs espèces respectives bénéficiaient de meilleures chances évolutives, dans un univers darwinien, que la lignée Velluthra toute entière. Quoi qu'il en soit, Tar'Ael se retrouva seul à affronter la charge, sa bannière rayée-étoilée pour seule garantie (douteuse, comme chacun sait). Au terme d'un tango endiablé, il se retrouva au sol, les croissants et le squelette en purée mousseline. Quant aux bœufs, ils s'en allèrent s'égayer dans le labyrinthe anti-orthogonal, histoire de continuer la feria encore un peu.
Non loin de l'elfe en compote (de pommes), dans un coin de la pièce, une sonnerie insupportable se mit à retenir.
BUUUUTTTTTTTT !! hurla le "petit chose" dans un élan d'enthousiasme passionnel.
Larvaire, liquide, édenté de surcroît, l’amibe velluthrienne, sorte de substrat de la soupe primordiale, mélange d’ions organiques déconstruits, déconfits, défaits aussi, un peu, il faut bien le dire, rampait sans objectif précis, sinon celui, déjà hors de portée, d’éviter les sabots malappris du dernier bœuf attardé parmi les miettes de croissants. Dépourvu de tympans, il était incapable d’apprécier à sa juste valeur (négative) la réaction puérile d’enthousiasme sportif que venait d’éructer le petit truc à cadran. Tar’Aël était conscient, en une douzaine de lieux différents, vu la position actuelle de ses neurones, qu’il allait avoir du mal à retrouver sa contenance (oui, il pensait toujours, malgré son état : l’avantage d’avoir un quotient intellectuel très élevé est que même divisé en petits morceaux, il reste acceptable). Il n’avait jamais été bien costaud, mais fluide à ce point, c’était une nouveauté.
Tout en glissant telle une limace sanguinolente sur la pierre du labyrinthe, l’entropiste anciennement connu sous le nom de fey’ri réalisa qu’il parvenait à absorber la pulpe de croissants piétinés par les multiples ouvertures de son ectoplasme cellulaire (allez comprendre). Petit à petit, il reprit des forces (à défaut de reprendre forme) et alla caler sa boule de chair graisseuse (pleins de beurre, ces croissants) contre un mur pour aviser. Il connaissait un sort de restauration plutôt efficace (avais-je oublié de mentionner le fait que Tar’Aël était bi-classé clerc de Zuggtmoy, la déesse des myconides) (il l’avait choisie parce qu’il trouvait son nom sympathique), mais le problème était de parvenir à deviner le sort à lancer pour en obtenir à l’effet, compte tenu de l’amour que Beshaba avait pour sa pauvre carcasse et ses compétences profanes. Au bout de nombreux calculs complexes, il opta pour infravision. Sans les mains, c’était plus difficile, mais bon, ce n’était pas non plus comme si c’était un sortilège vraiment très compliqué…
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EUH, VOUS ESSAYEZ DE FAIRE QUOI, SI C'EST PAS INDISCRET ?
Mais le sort était déjà lancé, et le petit truc fut bien obligé d'admettre qu'il perturbait la haute intimité des ébats magiques (bien que statiques !) de l'ectoplasme elfique. Ledit sortilège suivit le parcours habituel, un tantinet longuet (brumes de Leira – débat passionné à Cynosure – péridurale sur la Toile de Mystra – éclosion d'un petit hiatus velu saturé d'énergie entropique sur le plan de BIIIP) , avant de doter le fey'ri d'une magnifique paire de bottes de danse elfique, vertes, enchantées et tout, ce qui était généreux, utile, mais tout de même un peu tardif. Malgré tout, ces bottes avaient la faculté de porter toutes seules leur propriétaire, ce qui permit à Tar'Ael de se redresser pour retrouver une vision bidimensionnelle de son environnement. (la 3e dimension devrait attendre encore un peu)
AH D'ACCORD. SINON VOUS POUVIEZ AUSSI TENTER ça.
Le petit truc sembla jouer avec les baguettes de métal qui décoraient son cadran, les faisant tourner l'une après l'autre dans un sens ou dans l'autre. Quand il eut fini son petit manège, la sonnerie stridente retentit une nouvelle fois. Détail angoissant : le "truc" paraissait sourire (c'est-à-dire qu'un croissant du genre découpe de citrouille se creusait dans l'arrondi de son cadran).
La réalité alentours sembla se distordre à nouveau (Leira –> Cynosure –> Mystra –> plan de BIP) pour donner finalement naissance à un vortex en pleine crise gastrique qui aspira puis étronna Tar'Ael avant que ce dernier n'ait seulement le temps de lui dire bonjour.
Sa vision bidimensionnelle lui indiqua alors qu'il venait de retrouver la tente des cartes merveilleuses, qui le narguaient gentiment depuis la table, bien en ordre comme s'il n'y avait jamais touché..
Une voix lointaine commenta:
GAIN DE QUÊTE: bonus de parade + 5 contre les foules de boeufs entropiques.
GAIN DE POIDS: 500 g de croissants tièdes.
OBJETS MAGIQUES: une paire de bottes de danse elfiques, vertes et tout et tout
PERTES ET FRACAS : - 500 pv, mais Kelemvor n'aime pas les tricheurs.
FELICITATIONS ! IL NAIT UN IMBECILE TOUTES LES MINUTES, ET VOUS ETES PILE A L'HEURE !!
Tar’Aël se redressa, époussetant son paletot en lambeaux d’un air hautain. Il jeta un regard venimeux chargé d’au moins une douzaine de malédictions au paquet de cartes mais ne tenta rien de plus spectaculaire. S’il avait été l’heureux propriétaire d’une hache à deux mains, sans doute l’aurait-il abattue avec violence sur les morceaux de carton diaboliques, mais ce n’était pas son artefact de prédilection et il espérait que les pouvoirs de l’esprit suffiraient à signifier son extrême désapprobation à cet objet misérable. Quand il eut fixé le paquet à s’en donner la migraine, il releva le menton, se drapa dans toute sa dignité (il n’avait rien d’autre) et sortit de la tente sans plus attendre, marchant avec difficulté dans ses nouvelles bottes une taille trop grande. Il fit en sorte de ne croiser le regard de personne.
D’un pas qu’il espérait assuré, il mit le cap droit sur la tour des défis. Il avait un compte pressant à régler.
HRP : Merci pour cet épisode déjanté !
Vous parler du vortex ? JAMAIS! C'est mon vortex! Bas les pattes! Du vent! Sinon je vous pulvérise à coup de boules de... poil d'écureuil, tiens... Ahum... Une noisette ?
Rapidement, les deux jeunes femmes et l'enfant arrivèrent devant une tente. Une pancarte à l'entrée annonçait "Les cartes merveilleuses". La jeune femme fouilla dans sa mémoire. Il lui semblait avoir déjà entendu ce nom là quelque part mais...où ? Elle lui associait juste une sorte de labyrinthe...un cambion et une série de paris...Ce qui n'avait bien sûr aucun sens.
Alors qu'est ce que ça pouvait être...voyons, des cartes...peut-être était-ce une de ces...voyantes qui prétendaient lire l'avenir dans les cartes ? Après tout, si c'était bien cela, pourquoi ne pas essayer...il fallait bien commencer quelque part, et ici au moins il n'y avait pas trois kilomètres de queue. De plus, ce pouvait être...distrayant. Voire amusant...Décidée, la jeune femme se tourna vers Althéa, tout sourire.
"Qu'en dis-tu ? On essaie ?"
"Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis." (Edgar Allan Poe) RP : Théodora d'Orival, paladine
Althéa regarda autour d'elle. Tout ne lui disait rien qui vaille. D'habitude, elle aurait foncé dans le tas et réfléchi après. Mais là, sa fille l'accompagnait. Et elle avait croisé un personnage étrange sortir de la tente dans un drôle d'état. Alors, tout l'appelait à la prudence. Mais Oriane avait l'air de vouloir tenter l'attraction. Elle ne put que lui dire :
"Vas-y d'abord si tu veux"
En espérant qu'elle ressorte en un seul morceau.
Super modératrice (oui, ça pète ) et modératrice de Pillars of Eternity, de la section cinéma et littérature. J'interviens dans cette couleur.
Mon personnage rp : entre ombre et lumière, entre été et hiver : Angèle d'Aulfray, paladine de Tyr.
Hmm. Quel enthousiasme...Enfin, si elle voulait rester dehors à attendre, grand bien lui fasse. "Très bien...alors à tout de suite..." Sur ces mots, et sans attendre de réponse, la jeune femme s'engouffra sous la tente. Là, une première surprise l'attendait. Elle était vide de tout occupant. Seule une table sur laquelle trônait un jeu de carte semblait indiquer qu'il s'agissait bien là d'une attraction. La...voyante, ou qui que ce soit d'autre d'ailleurs, avait certainement du s'absenter quelques minutes. Après quelques secondes d'hésitations, la jeune femme décida de se rapprocher de la table. Elle s'arrêta à quelques centimètres du jeu. Comment devait-elle procéder ? En tirant une carte probablement...Et alors la voyante pourrait y lire son avenir, son destin, enfin ce genre de choses. La bretteuse jeta un rapide coup d'oeil vers l'entrée de la tente. Hmm. Celui ou celle qui tenait cette attraction n'avait vraiment pas l'air pressé de revenir. Et si elle regardait ce jeu d'un peu plus près, en attendant ? Lentement, s'attendant presque à entendre d'une seconde à l'autre une voix lui demander ce qu'elle était en train de faire, la jeune femme tendit la main vers le sommet de la pile pour en retourner la première carte...
"Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis." (Edgar Allan Poe) RP : Théodora d'Orival, paladine
Sur la carte pouvait se lire l'inscription "démons et merveilles." A peine eut-elle le temps de la lire, d'ailleurs, que la tente se mit brièvement à trembler jusque dans ses fondations de terre meuble, que l'air se remplit de fumée comme lorsque la cheminée tire mal, et qu'une invocation se matérialisait peu à peu derrière elle. Une taille double, une armure noire, une grosse arme anti-complexes, un casque qui cachait le visage de l'intéressé (cette dernière circonstance plutôt bienvenue, à y bien réfléchir)... Oriane révisa rapidement sa démonologie, pour conclure qu'elle avait dû sécher trop souvent les cours. Une sorte de chevalier-démon, peut-être. Quelque chose de pas très bienveillant et qui savait se battre, en tout cas.
La créature balaya d'un revers de coude le nuage de fumée qui l'entourait, puis son regard échoua, fatalement, sur l'unique personne qui partageait avec elle l'intérieur de la tente. Le monstre paraissait un peu... désorienté par le voyage. Après un geste lamentable pour se gratter un occiput inaccessible, il bafouilla.
"Hmmmm. Mais qu'est-ce que je fous là, moi ? Expliquez-vous ! "
Instinctivement, la jeune femme recula d’un pas, un sourire légèrement, très légèrement crispé sur les lèvres. Elle s’efforçait de ne pas regarder le...chevalier...démon...enfin, la créature directement. Elle ne savait pas ce qu’était cette chose, mais son instinct lui soufflait, lui criait même de garder une distance minimale de sécurité entre la créature et elle. Et de ne pas le regarder fixement. Il y avait des gens comme ça qui n’aimaient pas les regards appuyés, ça les énervait. Si elle pouvait éviter d'énerver cette ô combien imposante créature...
"Euh...C’est...vous qui vous occupez de...l’attraction ? Jolie mise en scène ! Euh...je regardais juste un peu les cartes, j’espère que vous ne m’en voulez pas..." Bravo, très crédible. C’est pourtant évident qu’il n’a rien à faire là. Que disait la carte déjà ? Démons et merveilles ? Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire...
La bretteuse risqua un nouveau coup d’œil rapide vers le chevalier. Hmm. Peut-être valait-il mieux ne pas attendre pour le savoir...Elle eut un petit rire nerveux.
"Quoiqu’il en soit, je crois que je vais...vous laisser. Je parlerai de votre numéro à mon...amie. Vraiment très réussi."
Tout en parlant, la jeune femme avait commencé à faire quelques pas sur le côté, se rapprochant lentement mais sûrement de la sortie...
"Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis." (Edgar Allan Poe) RP : Théodora d'Orival, paladine
"Dites, j'espère que vous n'essayez pas de me fausser compagnie. On m'a fait traverser les plans pour me faire venir jusqu'ici, avec tous les désagréments et séquelles que cela peut provoquer, alors si EN PRIME l'invocateur a le culot de me planter là, je pourrais mal le prendre. Me mettre en colère, sortir de cette tente, massacrer tout ce qui bouge, et à entendre le brouhaha dehors, ça en ferait des victimes. Je finirais par vous, évidemment. Il paraît que c'est un très bon moyen de mettre fin à une invocation intempestive."
La bretteuse eut la prudence de s'arrêter. Le démon n'avait pas bougé d'un pouce.
"Merci."
Il jeta un regard de biais sur les cartes.
"Ah, je comprends mieux. Les cartes merveilleuses. Pas un jeu pour les petites filles, si je peux me permettre. En fait, il y a deux solutions : soit je vous massacre sur place, soit vous faites ce que vous dis. Dans les deux cas, je pourrai rentrer chez moi. Y'avait du cœur de glabrezu au menu. Frais du jour. M'attendront pas, chuis sûr. Alors, quelles sont vos dispositions ? "
Oriane déglutit silencieusement. Un seul faux pas et sa carrière si...prometteuse parmi les membres de la Vierge d’Argent risquait fort d’être étouffée dans l’œuf. Non sans ironie elle songea que, finalement, la croisière qui les avait menées jusque là avait été plutôt plaisante, en comparaison de cette situation pour le moins...désagréable. Elle s’efforça néanmoins d’adopter un sourire affable –qui tenait davantage de la grimace que du sourire d’ailleurs– pour répondre :
"Oh et bien euh...Je suppose que je peux écouter ce que vous avez à dire. Entre personnes...civilisées, je suis sûre que nous réussirons à trouver un arrangement qui ne...n’impliquerait pas un...euh...massacre. De...qui que ce soit."
"Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis." (Edgar Allan Poe) RP : Théodora d'Orival, paladine
) et modératrice de Pillars of Eternity, de la section cinéma et littérature. J'interviens dans cette