[Attraction] Concours de dressage

[Lothringen]

[LEFT]Il y a plusieurs façons de concevoir le dressage, et les organisateurs du concours, incapables de s'accorder sur l'une d'entre elles, ont fini par les accepter toutes. Certains arrivent avec leur familier savant, et montrent ce qu'il sait faire. D'autres acceptent de se frotter à des animaux inconnus, et montrent comment ils les maîtrisent... Le dresseur ou dompteur qui réussira le mieux à surprendre le jury remportera le prix du concours, qui représente une coquette somme d'argent.

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[LEFT]L'endroit se présente comme une arène circulaire, bordée de gradins. Pour ceux qui arriveraient sans animaux, les cages des belluaires sont pleines de monstres étranges (fauves, harpies, minotaures, basilics !) qui ne demandent qu'à trouver leur maître.

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[LEFT]Si ce concours semble donc s'adresser tout naturellement aux mages et aux rôdeurs, il n'est pas interdit aux autres professions de surprendre...[/LEFT]

HRP: Concours ouvert à tous, sans nécessité d'inscription. Plusieurs options ont été détaillées ci-dessus. Si vous ne fournissez pas l'animal, adressez-vous aux belluaires organisateurs...

[Tar Ael Velluthra]

Tar’Aël avait grand faim et un peu mal aux articulations, mais il décida de repousser ces considérations purement organiques à plus tard, et monta dans les gradins du concours de dressage. Il observa d’un œil distrait le concurrent à l’ouvrage, un nain qui présentait son ours, une créature acariâtre dont les poils gris témoignaient du grand âge. Tandis que l’animal faisait le poirier, le nain jonglait avec des crânes de gobelin enflammés, un spectacle plutôt pathétique, il faut bien l’avouer. Le fey’ri était persuadé de pouvoir faire mieux, mais il avait laissé son familier favori, un cloporte aux belles dispositions, dans sa paillasse mélandienne. Ah, ce qu’il les aurait impressionnés avec ses saltos arrières carpés et sa version miniature de « pattes brûlantes »… Bien que compte tenu des dimensions de l’arène, personne n’aurait rien vu, à coup sûr. On pensait aux harpies, on pensait aux minotaures, mais est-ce qu’on pensait aux cloportes ? Non bien sûr, comme de coutume. Il haussa les épaules en grommelant, et reporta son attention sur la piste de sable où s’était avancé un paladin crâneur sur son destrier de guerre.

L’entropiste n’avait cependant pas renoncé. Dans quelques heures, à n’en pas douter, il disposerait d’une belle collection d’écureuils serviles, tout prêts à aller caracoler selon son bon vouloir.

Cette pensée réjouissante lui ramena un sourire aux lèvres, et il décida de passer son chemin… pour l’instant.

[Taliesin]

Après leur inscription à la course d'orientation, les flâneries de Victor et Taliesin les avaient menés au bord de l'arène où les dresseurs de tous poils démontraient leurs talents. Ou leur incompétence, tel le malheureux qui tentait maladroitement de maîtriser un hippogriffe somme toute placide.
-Faut absolument qu'on participe à ce concours ! s'exclama un Victor enthousiaste tandis que le pitoyable cavalier, sous les huées de la foule, était désarçonné au premier semblant de ruade de sa monture.,
-Heu.... Je ne suis pas dresseur, tu sais...
-Et alors, lui non plus ! renchérit le môme tandis que l'hippogriffe, prenant son envol, emportait avec lui le pauvre bougre dont un pied était demeuré coincé dans son étrier.
-Mais nous n'avons pas de créature à...
-Pas grave ! Ils en prêtent, regarde !
L'elfe lorgna en direction des cages bourrées de monstres et grimaça.
-Victor... J'aimerais autant revenir entier à Luménis.
-Ah là là, quel rabat-joie !
Le gamin, l'air maussade, se tourna à nouveau vers l'arène. Puis, tout à coup, son visage s'illumina.
-J'ai une idée ! clama-t-il avant de se pencher vers Taliesin et de lui glisser quelques mots à l'oreille. Le barde ouvrit des yeux incrédules.
-Il n'en est pas question.
-Allez ! Ça serait rigolo !
-Non, non et non ! Que dirais ta mère si j'acceptais ça ??
-Elle est pas là.
-Ça ne change rien !
-Alleeeez. S'il te plaît, Talie...
-Une fois pour toute : non !

Vingt minutes plus tard, Taliesin se présentait au bureau des inscriptions, traînant derrière lui un Victor méconnaissable. Vêtu d'un pagne informe, le corps maculé de boue, ses cheveux en bataille parsemés de brindilles et de feuilles, le gamin bavait tout en émettant un léger grondement de gorge.
-Vous désirez ? fit le préposé.
-Ce serait... pour m'inscrire au concours.
-Bien, voici le formulaire. Vous avez besoin d'une créature, je suppose.
-Heu, non... J'en ai une.
-Ah ?
L'elfe, d'un geste de la main, désigna l'enfant.
-Ce n'est pas une créature, ça, monsieur.
-Heu... Si si, je vous assure...
-Non, monsieur. Ça, c'est un petit garçon.
-Il a l'air d'un petit garçon ! Mais ce n'en est pas un. C'est le dernier représentant d'une race extrêmement ancienne. Les Viquetaures des Moulins. Le préposé lorgna à nouveau le gamin. Lequel se mit à grogner.
-Ils... heu... Ils dévoraient les meuniers et...
-Monsieur ?
-Et les meuniers en avaient marre, alors ils se sont rassemblés pour les massacrer...
-Monsieur ??
-Mais j'ai pu en sauver un et...
-MONSIEUR !
Taliesin s'interrompit.
-Vous allez m'arrêter ce cirque tout de suite ! Ce n'est pas un monstre, c'est un enfant d'une saleté repoussante que vous avez grimé pour essayer de m'abuser !
L'elfe déglutit péniblement.
-Non non, je vous assure, c'est bien un...
-Vous allez me foutre le camp TOUT DE SUITE ! Ou j'appelle la garde et je vous fait arrêter pour maltraitance et esclavagisme. Pigé ? DU BALAIS !
Ils décampèrent sans demander leur reste, n'interrompant leur course qu'une fois hors de vue.
-Tu vois que c'était une mauvaise idée ! Je te l'avais b... AÏE !
Victor venait de lui mordre violemment la main.
-Mais tu es fou ou quoi ? s'exclama Taliesin. Pourquoi tu as fait ça, bons dieux ?
-Pour mieux entrer dans le personnage.
-Bon, ça suffit, maintenant ! Fini, ces bêtises ! On va chercher de quoi te laver et...
-Oh non, allez ! Je commençais juste à m'amuser !
-Et bien pas moi ! J'ai suivi ton idée, ça a été un fiasco, alors...
-Je peux pas continuer à jouer un peu le Viquetaure des Moulins ? Juste un tout petit peu ? Un tout petit petit peu ???
-Mais bien sûr... soupira l'elfe, au bord de la dépression nerveuse.
-Oh, merci, Talie ! T'es chic !
-Quoi ? Mais non ! Je n'ai pas dit que...
Trop tard. Le môme, déchaîné, s'élançait déjà dans la foule, en quête d'une nouvelle proie. Taliesin balança un instant entre l'envie de le laisser filer sans plus s'en préoccuper et celle d'aller quérir un marchand d'esclave. Mais il finit par opter pour une troisième voie et s'élança à la poursuite du Viquetaure des Moulins. Il devait le rattraper avant qu'il ne refile le tétanos à quelqu'un. Ou qu'il dévore un meunier.

[Kasumi]

Kasumi affichait un sourire béat après son inscription à la course d’orientation. Il détestait les formalités de ce genre donc il était content que ce soit si vite et si bien passé. Galvanisé par cette première réussite, il décida d’entraîner ses talents de pistage à l’intérieur du camp. Il repéra une tente marquée « Jeux, paris et autres formes de plaisir » qui l’intrigua beaucoup et se décida à suivre cette direction. Malheureusement, au bout d’une vingtaine de minutes, il réalisa qu’il était parti dans la mauvaise direction. Il se rabattit alors sur un panneau montrant un ours dressé sur ses pattes devant un humain chétif. Se demandant déjà à quel spectacle barbare il allait assister, le rôdeur pressa le pas dans la direction de l’aire de dressage.

[Taliesin]

Kasumi avait presque atteint cette dernière et ses oreilles bourdonnaient déjà des acclamations du public lorsque les gens qui le précédaient s'écartèrent brusquement. Une petite silhouette grondante fusa entre eux et vint bousculer le rôdeur. Baissant les yeux, celui-ci découvrit, sous une couche de boue séchée, un visage qui lui parut vaguement familier. L'enfant - car, il fallait bien se rendre à l'évidence, ce n'était qu'un enfant, et pas un démon venu des enfers - lui adressa un large sourire, lui lança un joyeux "Salut, m'sieur Kasumi !" puis le mordit à l'avant bras avant de faire mine de détaler.

[Kasumi]

Kasumi en oublia de crier tellement il fut abasourdi par sa mésaventure. Il se demanda un bref moment si c’était là une nouvelle attraction réservée aux membres VIP. Mais, en regardant son avant bras, il reconnut la marque des dents du petit Victor. Indice encore plus flagrant, il ne tarda pas à repérer un elfe fendant la foule à sa poursuite. Ne sachant trop comment ni pourquoi, il songea immédiatement au monstre qui terrorisait Luménis à la poursuite de l’innocent enfant. Le rôdeur sentit la rage monter en lui et, n’écoutant que ses émotions, s’élança pour intercepter l’elfe et le plaqua rudement au sol.

[Taliesin]

Taliesin, pris au dépourvu, demeura un instant sans comprendre ce qui lui arrivait, les yeux rivés sur le visage de son agresseur. Reconnaissant Kasumi, il fut tenté de s'offusquer du traitement qu'il lui infligeait, de lui demander s'il était fou. Mais la rage qui déformait les traits de son adversaire, ainsi que sa tenue pour le moins originale, le firent renoncer. Bien sûr que le rôdeur était fou !
Les rouages de son cerveau tournant à plein régime, il s'interrogea sur la cause de cette soudaine démence. Ce pouvait-il que Kasumi ait à ce point détesté l'humour noir et grinçant dont il s'était rendu coupable au cours de leurs récentes aventures ? Peut-être bien, mais ça ne pouvait quand même tout expliquer...
Alors, il se prit à considérer l'étrange comportement de Victor, et à le mettre en rapport avec celui du demi-elfe. Quelque chose devait se passer, ici. Il devait y avoir un nouveau complot : des Sharites avaient dû répandre dans l'air un gaz invisible, inodore, transformant en monstres déchaînés tous ceux qui le respiraient... Auquel cas, les Olympiades allaient bientôt se transformer en champ de bataille, chacun sautant sur l'autre, le jetant à terre, le mordant en criant "cerveau" ou quelque chose d'approchant. Il allait falloir s'enfuir, trouver un supermarché, s'y barricader...
Non, c'était du n'importe quoi. On n'était pas dans l'une de ces pièces de théâtres abracadabrantes de Georgius Romerius.
Ou peut-être que si.
Enfin bref, dans tous les cas, il devait se tirer de ce guêpier. Et rattraper Victor.
-Hum, Kasumi ? dit-il d'une voix douce, calme, posée, sympathique, propre à calmer un enfant turbulent aussi bien qu'un psychopathe en goguette. C'est moi, Taliesin. Vous me reconnaissez ? Cherchez bien dans vos souvenirs, vous devez me reconnaître, non ? Alors, pourquoi pesez-vous sur moi de tout votre poids et m'enserrez-vous ainsi de vos bras ?
Une idée désagréable le fit grimacer. Peut-être l'autre n'était-il pas fou de rage... mais fou d'amour. Ce qui corsait d'autant la situation.
-Je vous ai déjà dit que je préférais les femmes, non ? ajouta-t-il. Vous savez, que le Conseiller Mornagest m'ait demandé en mariage n'y change rien,...

[Kasumi]

Kasumi cligna des yeux plusieurs fois comme s’il semblait ne pas comprendre l’elfe. Puis, sans prévenir, un sourire se dessina sur les lèvres du demi-elfe et il se redressa, dégageant son poids de sur Taliesin. Le rôdeur aida alors le barde à se remettre sur pied et la joie perça dans ses paroles alors qu’il le salua chaleureusement après une bourrade dans le dos propre à démembrer un grizzli :

- Si je m’attendais à vous trouver ici ! Vous aussi vous avez gagné à la loterie ? Quelle chance ! Galathée vous accompagne ?

Puis comme le barde ne réagissait pas et semblait retenir son souffle, il parut enfin se rappeler de l’incident et s’en excusa, croyant que son interlocuteur boudait :

- Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête vraiment. Le petit m’a mordu et soudain, vous allez rire, c’est ridicule : soudain j’ai cru qu’il était poursuivi par le Monstre ! Ha Ha ! Vous confondre avec un abject tueur d’enfants, vraiment ! Veuillez m’en excuser. Venez rattrapons Victor !

[Taliesin]

Taliesin encaissa le coup sans rien dire, s'efforçant d'arborer une mine souriante. Néanmoins, il songeait déjà aux moyens d'éliminer le rôdeur si celui-ci persistait à avoir de si dangereuses impressions.
-Oh oui, rattrapons-le ! lança-t-il d'un ton léger. S'il vous a mordu, il en mordra d'autres. Et peut-être transmet-il un virus transformant instantanément en berserk... Il faut empêcher ça ! Mais, à n'en pas douter, vu la fessée qu'il va recevoir, il me prendra pour un monstre pendant un petit moment !
Avec un clin d'oeil, l'elfe s'élança dans la foule d'où provenaient des cris de surprise et d'indignation. Visiblement, Victor continuait à faire des siennes.

[Kasumi]

Si le rôdeur perçut l’hésitation derrière le sourire jovial du barde, il n’en montra rien et s’élança à sa suite avec entrain. Les deux Luméniens rencontraient des gens outrés ou franchement effrayés venant à contresens à mesure qu’ils rattrapaient le jeune fuyard. Un vieux monsieur se campa devant Kasumi et agita sa canne sous son nez :

- Vous, jeune homme ! Rattrapez-moi ce jeune saligaud. Il va goûter de ma trique si jamais je l’attrape : pour sûr, il ne pourra plus s’asseoir sans frémir.

Le rôdeur adressa un grommellement pour se débarrasser de l’humain acariâtre et rejoignit le barde en quelques mètres après avoir joué des coudes au sein de la foule dense. Un attroupement semblait s’être formé autour du petit Victor qui se pavanait sur un tonneau en déclamant des vers paillards, imitant à la perfection le ton de Taliesin lorsqu’il récitait une ballade.

[Taliesin]

-Place, place ! lança Taliesin en se forçant un passage parmi l'attroupement. Éloignez-vous, braves gens ! Ceci est un monstre dangereux qui s'est échappé de l'arène ! Je vais m'en occuper ! Écartez-vous ! Place, place !
Le Viquetaure des Moulins, sentant se rapprocher la fin de sa fugue - et, surtout, les ennuis - tenta de se carapater. Mais, déjà, l'elfe l'attrapait par la ceinture de son pagne et, l'immobilisant sous son bras, l'entraînait à l'écart, nonobstant les tentatives de morsures, griffures et ruades diverses.
Parvenu à l'arrière d'une tente, loin des regards indiscrets, il déposa le gamin au sol... Mais le maintint fermement par le bras.
-Je crois que tu as de gros ennuis, bonhomme ! fit le barde tandis que Kasumi les rejoignait. Il y a là-bas un vieux monsieur qui veut te faire goûter de sa canne, ainsi qu'une foule de gens mordus qui réclament vengeance...

[Kasumi]

Kasumi s’approcha lentement de l’enfant maîtrisé à grand peine. Les traits du rôdeur respiraient la sévérité et son regard semblait refléter le goût de la vengeance toute proche alors qu’il réduisait pas à pas la distance le séparant de sa future victime. Il retroussa ses manches alors que Victor se débattait de plus belle, tentant vainement de s’échapper. Le petit garçon ne tint plus et ne put retenir un sanglot de souffrance anticipée mais Kasumi le surprit en se penchant sur lui pour le redresser. Il s’exprima d’une voix affable :

- Cela me fait plaisir de te revoir Victor ! Tu devrais faire attention à qui tu mords ! A l’odeur, certains ne se sont pas lavés depuis la dernière crue ou alors ils sortent directement des latrines. Et j’ai vu des plaques d’eczéma sur le bras d’au moins l’un d’entre eux.

[Taliesin]

Sous son masque de boue séchée, le gamin blêmit. Quant à Taliesin, radieux, il adressa un sourire en coin à Kasumi, puis refit face à Victor.
-Et l'eczéma, ce n'était pas le pire ! Je suis sûr qu'au moins deux personnes avaient la peste bubonique.
L'enfant ouvrit la bouche, battit des paupières.
-Quant à ce vieil homme... A la manière dont est tombé son bras, je crois que c'était un lépreux.
Les traits de Victor se convulsèrent, ses yeux se révulsèrent, puis, brusquement, il bondit en avant.
-Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii... hurla-t-il en se précipitant vers un tonneau rempli d'eau et en y plongeant tête la première.
-Hum, j'y suis peut-être allé un peu fort, non ? dit le barde, songeur, en observant le petit garçon qui entreprenait de se récurer avec frénésie. Quoi qu'il en soit, nous avons réussi à vaincre le Viquetaure des Moulins. Nous devrions vraiment nous inscrire à ce concours de dressage, Kasumi. Nous aurions nos chances.

[Kasumi]

Kasumi savoura sa victoire et se sentit grisé par son succès face au jeune garçon. Finalement, l’éducation n’était pas une activité beaucoup plus difficile que le dressage de grizzlis : il suffisait d’impressionner suffisamment pour dicter sa loi. Mis en confiance par sa réussite, le rôdeur mit à nouveau à l’épreuve cette révélation toute récente :

- Voilà ce qui arrive quand on n’est pas gentil Victor : il vous pousse des cornes ou un troisième bras parfois. Victor, tu devrais arrêter avec cette eau : je crois que ce tonneau sert de crachoir !

L’effet fut immédiat et Victor sortit sa tête du tonneau, courut jusqu’à un buisson et vomi bruyamment son déjeuner. Alors, Kasumi put profiter du tonneau pour se débarbouiller lui-même.

[Taliesin]

Un peu inquiet, tout à coup, comme ses devoirs et sa responsabilité lui revenaient en mémoire, Taliesin s'approcha du petit garçon et lui toucha l'épaule.
-Ça va, bonhomme ?
Le gamin, piteux, hocha la tête, ses cheveux trempés projetant des myriades de gouttelettes alentours (en particulier sur le barde).
-Monsieur Kasumi s'est moqué de moi, hein ? C'était pas un crachoir !
-Pas du tout. Il a été vil, cruel, méchant. Je peux te venger, si tu veux.
-Oh, non, t'embêtes pas. fit l'enfant tandis qu'un large sourire se dessinait sur son visage trempé.
-Tu es sûr ? Ça ne me gênerait pas de le faire...
-Suis sûr ! Écoute...
Il se pencha vers Taliesin et lui glissa quelques mots à l'oreille. Le barde éclata de rire. A pas lents, il s'approcha du rôdeur.
-Kasumi ? Je stopperai mes ablutions immédiatement, si j'étais vous. Vous avez tellement fait peur à Victor que... Hum... Il a eu un petit... accident...
Brusquement, l'elfe se baissa, saisit les jambes du demi elfe et l'envoya baigner tout entier dans ledit tonneau.
-Et quoi, mon vieux ? s'exclama-t-il. Vous ne tenez plus debout ?

[Kasumi]

Les pieds du rôdeur s’agitèrent follement alors qu’il prenait vraiment la tasse. A force de contorsions erratiques, il parvint à renverser le tonneau qui se coucha sur le côté. Taliesin et Victor s’attendait à ce que Kasumi se relèvent et les poursuivent mais il avait largement bu de l’eau souillée avant de se libérer. Il resta inerte sur le sol, manifestement noyé par la blague qui avait mal tourné. La seule solution pour sauver le rôdeur était maintenant d'effectuer un bouche à bouche.

Victor et Taliesin allaient-ils se rendre coupables d'un meurtre qui ternirait ces olympiades et pourrait mener à la guerre entre les deux continents ? le poids de cette responsabilité pesait sur leurs frêles épaules et les lecteurs, déjà accusateurs, observaient le moindre de leurs mouvements, s'attendant déjà à un acte de lâcheté d'une vilenie sans nom qui verrait la fin d'un héros de Luménis dans une sordide ruelle d'une bourgade du Golfe de l'Oubli.

[Taliesin]

L'elfe et l'enfant échangèrent un regard.
-Vas-y.
-Non ! Toi !
-Il n'en est pas question. C'est ta faute si on en est là.
-C'est toi qui l'a poussé.
-Je l'ai fait pour te venger.
-Je m'étais déjà vengé.
-N'empêche ! L'intention y était !
-Je sais pas faire du bouche à bouche.
-Ah ouais ? Mathieu Merlu vous a donné des cours de secourisme à tous, cet été.
-Oui, mais toi, tu te ventes toujours que, quand tu es à la mer, tu mets un maillot de bain rouge et tu courres sur la plage, pis tu plonges quand une joli fille est en danger.
-Ce n'est pas une jolie fille.
-Presque ! C'est un demi-elfe !
-QUOI ??? Les elfes ne sont pas des filles !
-C'est ce que tu dis.
-Mais... Mais... Je t'interdis, tu entends, de dire des choses pareilles ! Et puis, c'est un demi humain, aussi !
-Et alors ?
-Et alors ? Solidarité raciale ! C'est à toi d'y aller !
-Non.
-Je n'irai pas non plus.
-Moi non plus.
Ils se regardèrent. Regardèrent Kasumi, toujours inanimé.
-Il faut faire disparaître le corps. Jetons-le par dessus la falaise.
-On nous verra. Faut l'asperger d'essence et le faire brûler.
-L'essence n'existe pas encore, Victor.
-Tu vois ? Je te propose des solutions constructives, et tu refuses ! C'est à toi d'y aller, alors.
-Jouons ça à pile ou face.
-Non ! Tu vas tricher. Vas-y ! Arrête de discuter ! C'est toi l'adulte, non ?
Taliesin soupira.
-Je te hais.
-Moi aussi. Allez, vas-y !
-Je me vengerai.
-Même pas peur !
Gromellant, Taliesin s'agenouilla près de Kasumi et, à contrecoeur, tenta de le ranimer, déconcentré par les gloussements d'un Victor hilare. Le môme ne perdait rien pour attendre...

[Kasumi]

Au bout d’un moment, le rôdeur crachota et finit par régurgiter bruyamment le liquide contenu dans ses poumons. Lorsqu’il eut retrouvé la force de respirer, le demi-elfe se dégagea de sous le barde et roula sur le côté. Il s’essuya le visage dans un tissu qu’il ramassa sur le sol. La nausée de la noyade et le souvenir de l’accident de Victor lui firent monter la bile à la gorge et il eut un haut le cœur qui gâta irrémédiablement la serviette opportune. Lorsque la vue de Kasumi se stabilisa, il remarqua d’ailleurs que le tissu n’était autre que le pagne que le petit garçon avait perdu dans la mésaventure du tonneau.

[Taliesin]

L'intéressé - qui, tout entier à sa jubilation vengeresse, ne s'était rendu compte de rien - observait, un large sourire goguenard illuminant ses traits, le rôdeur malade et l'elfe mal à l'aise. Ce dernier se garda bien de lui faire une quelconque remarque quant à son embarrassante perte - après tout, il avait qu'il se vengerait, non ? Alors pas besoin de lui adresser ces regards réprobateurs ! - et se pencha, plein de sollicitude, vers Kasumi.
-Je suis désolé, mon ami. J'ai vu que vous étiez sur le point de perdre l'équilibre, et j'ai tenté, en vain, de vous retenir... Enfin, j'ai pu me rattraper en vous épargnant ce sordide trépas. Nous voilà donc quittes... Par contre, sauriez-vous quelles autres intéressantes attractions recèle ce merveilleux festival ? Je ne voudrais pas dire, mais... Nos récentes aventures n'ont plus grand chose à voir avec un concours de dressage, et il nous faudrait songer à décamper de ce topic, sous peine de subir les foudres du maître de céans.

[Kasumi]

Kasumi se redressa et essora longuement ses vêtements ce qui laissa une belle flaque à ses pieds. Heureusement la journée était belle et le soleil de l’après-midi se chargerait de sécher sa tenue en lui évitant peut être une pneumonie.

- Merci de votre aide, maître barde ! Sans vous, je me serais probablement noyé. Je ne parlerai pas à Galathée de votre baiser, rassurez-vous ! Mais vous avez raison, allons pourrir un autre topic avant de voir débarquer les services d’ordre. Si nous allions fêter nos retrouvailles devant une bonne chopine ? Nous trouverons bien un ivrogne nain à qui volait ses vêtements pour habiller décemment le petit.

[Taliesin]

Le gamin s'apprêtait à protester, à arguer que les barbares s'habillaient eux aussi avec un pagne et que personne n'osait leur dire que c'était indécent, lorsque quelque chose dans le regard du rôdeur lui mit enfin la puce à l'oreille. Baissant les yeux, il se rendit brusquement compte de son infortune.
L'elfe et le rôdeur attendirent une panique subite, des cris, des hurlements, une explosion d'indignation propre à ébranler jusqu'aux entrailles du multivers.
Malheureusement pour eux, il n'y eut rien de tout cela. Victor fronça juste un instant les sourcils. Puis il opposa à Kasumi une moue dédaigneuse.
-Il n'y a rien d'indécent là-dedans ! Siv ous êtes jaloux, si vous avez honte de la forme que vous a donné mère Nature, c 'est votre problème ! Comptez pas su moi pour vous imiter et aller enfiler une robe rose ! J'préfère encore rester comme ça !
Il eut un sourire mauvais.
-Faites pas cette tête d'ahuri ! Tout le monde était au courant. Les promeneurs qui vous ont surpris pendant votre baignade étaient des journalistes. Un numéro spécial de Hélonna Match a été consacré à l'incident ! Avec des tas et des tas de photos !

[Kasumi]

Le rôdeur fut très très déçu par les paroles du petit garçon. Ainsi donc l’incident du parc avait-il été largement diffusé ! Il aurait du s’en douter. Avec tous les lecteurs du RP se délectant des scandales et catastrophes arrivant à leurs héros préférés, il n’était pas étonnant que la presse de bas étage traque les pauvres Pjs jour et nuit à la recherche d’un scoop.

Mais les paroles acerbes de Victor vexèrent le rôdeur qui se dirigea vers un autre topic pour noyer son chagrin (en l’occurrence la taverne ferait bien l’affaire) En chemin, il lança tout de même avec perfidie au petit :

- Je comprends que tu te sois habitué à te retrouver cul nul même en public vu ta propension aux « accidents ». Il y a eu aussi un numéro spécial consacré à ça, d’ailleurs il m’en reste quelques exemplaires dans mon sac.