[Lieu] Les portes de Manost

[Lothringen]

Corwin fronça les sourcils, comme s’il jugeait que quelque chose n’était pas au point, sans pouvoir au juste mettre le doigt dessus. Après une bonne minute de réflexion, il sortit une couverture de ses fontes et la tendit à la bretteuse.

« Essayez de caler ça entre le gros ventre et le pommeau. Je suis sûr que le passager appréciera… »

Ils se mirent alors en route, mais au petit trot, dans l’espoir de tenir la distance.

La route de la voie côtière était large, droite, bien pavée. La promenade aurait presque paru agréable au clerc s’il n’avait dû passer son temps les yeux rivés sur les bas-côtés, à guetter les traces du passage des Halruaans. Après deux heures de trajet, son regard s’arrêta sur une route qui partait plein est, et, à en croire le panneau usé par les intempéries, droit vers le Golfe de l’oubli : un véhicule lourdement chargé avait eu de la peine à négocier le virage, creusant dans le talus une profonde ornière rendue un peu boueuse par les pluies matinales. Une betterave à moitié pourrie émergeait du cloaque.

« Je me disais bien que Graëlon en charrette, ça faisait un peu loin… Mais je ne vois pas l'intérêt de partir par là. Est-ce qu'ils cherchent à ramener ma statue dans sa chapelle d'origine? Drôles de voleurs... »

[Althéa]

Ho, pour ça, c'était sûr. Drôles de voleurs. Un humour bien particulier comme qui dirait, et qui la laissait bien perplexe par dessus le marché. Le monde recellait de merveilles, d'or, de pierreries et de bijoux, de beautés rares ... et certains volaient des statues. Des statues immondes. Ce n'était bien sûr pas la première fois qu'elle s'en faisait la réflexion depuis le début de l'aventure mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Et malgré la couverture, elle sentait son passager bouger entre le pommeau et la couverture. Il devait déjà rire, dans son abris du fond des âges à la voir cheminer après des bondieuseries helmites. Et non, il ne deviendrait pas un paladin ce petit là. Il serait élevé loin des temples et des armures, ça oui.

Pour cela, il fallait aider le prêtre, trouver un moyen pour aller plus vite.

"Vu qu'ils sont contraints de ne pas quitter la route, pourquoi ne pas couper pour les rattraper ?"

[Lothringen]

"Si nous savions où ils vont, nous pourrions couper... A défaut d'en être certains, je ne vois pas de route plus directe que cette voie. Elle file plein est, elle est pavée; elle traverse tous les villages du secteur, et c'est encore là que nous aurons le plus facilement de leurs nouvelles. Ils sont lourdement chargés, donc j'espère que nous gagnerons facilement sur eux..."


Comme pour confirmer ces hypothèses du clerc, après plusieurs heures de trot, comme le soir venait, ils ne purent manquer l'odeur pestilentielle qui s'échappait d'un tas de betteraves avancées, massées en sacs sous un hangar. Le fermier ne fit pas de difficultés pour en expliquer l'origine.


"Oué, un sacré équipage qui m'a vendu ça! C'été en fin d' matinée, y'avait un mage qui faisait la grimace, pis un domestique souffreteux. Ils ont dit qu'ils supportaient plus l'odeur, pis que ça les ralentissait. Quand j'on retiré les sacs, restait pu' qu'une vieille statue sale dans leur carriole. Un peu encombrant comme épouvantail, qu'j'leur ai dit! Tout cas c'est mes porcs qui vont êt' contents!"

Quand la bretteuse lui demanda la direction suivie, le bouseux ajouta:


"A cause de la carriole, y z'ont continué de suivre la voie. Mais z'ont parlé au garde près de l'entrée du village. Ptet pour lui dmander la route, tiens... ça grouille pas de panneaux indicateurs dans le coin, ma donzelle."


A en juger par la course du soleil et le réchauffement général de l'air, ils étaient éloignés aussi bien de l'influence océanique de la côte occidentale que de celle de la côte orientale, et perdus en plein milieu de la campagne de Dorrandin. Il leur faudrait encore, grosso modo, l'équivalent de dix heures de cheval pour atteindre la côte est du golfe de l'Oubli. Si c'était bien là qu'allaient les Halruaans. A moins qu'ils ne veuillent les rejoindre avant?

[Althéa]

Althéa s'était tournée vers le vieil homme. La chevauchée, bien que tranquille l'avait pour le moins erreintée. Et force lui fit de constater que le prêtre était dans le même état.

Avec un petit sourire d'encouragement, elle demanda :

"Nous pourrions peut être aller interroger le garde. Peut être lui auront il touché deux mots de leur itinéraire"

[Lothringen]

"Vous avez sans doute raison, allons-y."


Une trentaine de pas plus loin, ils trouvèrent un jeune homme un peu enveloppé armé d'une cotte fatiguée et d'une lance. Adossé à la palissade qui ceignait le village, il était apparemment très occupé à l'étayer de toute la force d'un ronflement de morse repu.

"A vous l'honneur, ma chère."

[Althéa]

Il y avait plusieurs façons de réveiller les dormeurs. La manière la plus douce d'abord : les appeler jusqu'à ce qu'ils réagissent. Si cela ne marchait pas, leur donner une tape sur l'épaule. Si cela ne marche, pas, hurler "à l'attaque" et attendre que ça se passe ... Mais là, le garde assoupi avait une lance. Et un malheur était si vite arrivé.

Elle s'approcha donc le moins discrètement possible, et, se tenant à une distance raisonnable :

"Bonjour"

[Lothringen]

L'homme dodelinait de la tête en grognant.

"Hum? Déjà la relève, Geoffroy? Pas vu le temps passer..."

Il ouvrit les yeux avec effort, pour se redresser soudain devant les voyageurs - il y avait une femme en plus! - dans un louable mais tardif effort de dignité.

"Euh... Que voulez-vous?"


Désolée du délai... ça devrait être bon maintenant.

[Althéa]

Althéa fit comme si rien ne s'était passé, comme si elle n'avait jamais vu le garde près à tomber et à s'empaler sur sa pique à force de se pencher, ni entendu ses ronflements semblables à une armée d'ours des collines. Elle eu juste un petit sourire poli :

"Bonjour. Je ne sais pas si c'est vous qui avez eu affaire à un mage et son valet. Ils étaient en charrette et avaient l'air plutôt pressés. Ils ont laissé leur carriole ici d'ailleurs. Vous auraient ils dit où ils allaient ?"

[Lothringen]

"Oh si, c'était moi... Je venais de prendre mon tour de garde. Ils avaient un drôle d'accent pas net et pas de chez nous... Je veux dire, pas manostien quoi. Le ptit vomissait de la betterave par-dessus le bord de leur charriot... mais ils avaient un charriot, ça oui! Même qu'il y avait une grosse pierre dedans et que le ptit s'asseyait dessus pour vomir. Bref..."

Il venait de remarquer que le vieux prêtre semblait tout à fait écoeuré par ce luxe de détails ragoûtants sur le traitement infligé à sa statue.

"Bref, si vous les cherchez, ils m'ont demandé la direction de la Chapelle du Souvenir. Et si la réponse vous intéresse..."

Il surprit un hochement de tête impatient de Corwin.

"Hé bien, je leur ai dit que c'était encore bien bien loin du village, et qu'ils allaient avoir du mal à la trouver, car elle est au sommet d'une falaise, et complètement enfouie sous la végétation! C'est encore depuis la plage qu'ils la localiseront le plus facilement. Enfin, si elle est pas encore trop en ruines..."

Il jeta un coup d'oeil plus appuyé au couple qui se tenait devant lui: la jeune femme enceinte et le vieil helmite. Ces mariages arrangés, ça n'était pas toujours une réussite... Quel gâchis. Idée que le jeune homme chassa en se dandinant maladroitement sur ses jambes ankylosées.

"Vous y allez pour un pélerinage, vous aussi? Tous mes voeux à vot' ptiot, alors..."

Lien: chapelle du Souvenir
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[Chandara]

Chandara était moulue par le long voyage qui l’avait fait quitter Mélandis en toute hâte. La perspective de quitter la maudite ville lui avait donné des ailes sur la première partie du trajet. Le souvenir de la cité bénie qu’elle regagnait maintenant, l’avait soutenu dans sa cavalcade, alors que la fatigue et les douleurs inhérentes à l’équitation l’assaillaient.

Les jours passés à Mélandis étaient obscurcis par un étrange brouillard que la paladine ne faisait rien pour dissiper. Plus tard peut être, quand elle serait en position d’avoir un regard plus objectif sur les évènements. Un moment qui arriverait bientôt. Avait-elle été fidèle à sa promesse de ne pas se perdre dans la cité du chaos ? Méritait-elle d’intégrer le prestigieux ordre du Cœur Radieux, bastion de la lumière de Manost ? Elle se présenterait dans ce but et affronterai le jugement du Dieu Gardien.

Le premier obstacle sur sa route se dressa devant elle, dans toute son inébranlable splendeur : les portes de la cité, gardées en permanence étaient ouvertes mais un garde s’approchait déjà de sa monture qu’elle immobilisa.

[Lothringen]

Le garde levait les yeux vers Chandara, cherchant à distinguer ses traits les plus distinctifs afin de les noter ensuite sur son registre. Rousseur, grande taille, une masse d'arme... Ne pas oublier de mentionner le cheval. La visiteuse manipulait vraisemblablement des pouvoirs cléricaux.

Comme beaucoup de ces voyageurs qui arrivaient à Manost au terme d'un interminable trajet le long de la voie côtière, elle paraissait épuisée. Comme lui, du reste: la journée avait été longue. Quand les beaux jours revenaient, le trafic aux portes était un flux perpétuel de voyageurs et de marchands. Epuisant. D'une voix lasse, il répéta sa formule habituelle:

"Halte là, voyageuse. Vous devez vous identifier avant de pouvoir pénétrer dans la cité."

[Chandara]

La jeune femme se plia de bonne grâce au rituel d’entrée dans la cité du Vigilant. Elle comprenait que ces contrôles étaient nécessaires à préserver la sécurité des habitants. De plus, elle était trop contente de retrouver enfin l’atmosphère sereine de la cité Helmite pour se formaliser de ces précautions d’usage. La jeune femme adressa un sourire au garde du haut de sa monture et lui répondit d’une voix avenante :

- Bonjour à vous. Je me nomme Chandara et je reviens goûter à la bienveillance du Vigilant après un long voyage loin des murs de Manost. Je n’ai pas d’arme en dehors de celle que vous n’avez manqué de remarquer et moins encore d’intention hostile à dissimuler.

Le garde laissa la jeune femme pénétrer dans la cité et celle-ci lui adressa un au revoir chaleureux avant de se diriger vers l’aubergeoù elle avait pris ses habitudes lors de ses précédentes excursions. Peut être une rumeur en provenance de Mélandis avait-elle déjà atteint les murs de la cité bénie mais elle en doutait. Elle aurait ainsi l’occasion de savourer tranquillement son retour. Ses frères avaient été heureux de la revoir saine et sauve mais l’avait laissée retourner à la capitale. La jeune paladine brulait d’impatience d’affronter son destin. Mais elle avait d’abord besoin de se rendre présentable et de se remettre du voyage.

[Yaga]

Yaga Kal'Ogden errait de terre en terre où il se fit bannir coup sur coup , l'elfe noir arriva devant son dernier essai : Manost ! Si il ne parvenait pas à y entrer , il serait surtout outré car lui et son père défunt sont helmistes ! Il arrivit devant les portes de Manost et un garde apparût !

[Lothringen]

L'homme émergea rapidement de la guérite où il s'était réfugié lors de la précédente averse, avisant le voyageur fourbu qui se présentait cette fois devant lui. Un drow ! Enfer, ils sont partout ! Se remémorant alors les leçons du temple sur la tolérance et le droit pour chacun d'être jugé selon ses actes (etc), il ravala provisoirement ses préjugés pour suivre sa consigne :

"Salutations, étranger. Puis-je connaître votre intentions ?"

[Yaga]

Yaga vraiment surpris du comportement du garde dit :

"Je... veux devenir habitant de Manost , je suis helmite malgré que je suis un drow , je me suis éloigné de ma culture !"

[Lothringen]

Le soldat hocha la tête, se demandant comment la religion de Helm avait pu atteindre un drow. Un dobluth, sans doute, contraint de vivre au milieu des humains... Le simple fait qu'il ait choisi, bien qu'isolé, de venir à Manost plutôt qu'à Melandis plaidait plutôt en sa faveur. A moins que ce ne soit une ruse, hé ?... Mais Manost était terre d'accueil, et tant qu'il respecterait la loi, il serait bienvenu.

"Pour les naturalisations, cela se passe dans la salle des registres du Palais du Conseil. Mais ils vous demanderont probablement de justifier d'un domicile et d'un emploi... Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, vous devriez commencer par là. Je dois pouvoir vous renseigner d'ailleurs.

Ah, et il me faut connaître votre nom, pour le registre de passage..."

Un collègue venait de le rejoindre, plume en main et livre ouvert sur une page déjà à moitié pleine. La plume tremblait un peu, comme le soldat appréhendait de devoir se faire épeler un de ces noms incompréhensibles dont les elfes sont coutumiers.

[Yaga]

Yaga , content d'être admis à Manost , dit de joie :

"Mon nom... mon nom est Yaga Kal'Ogden"

Le collègue du garde écrivit som nom , mais demanda :

"Pouvez-vous me le répéter , s'il-vous-plaît ?"

Yaga , un peu moins content , dit :

"Mon nom est Yaga Kal'Ogden !"

L'écrivain , ayant cette fois compris , dit :

"Tu peux y aller."

Yaga , plein d'excitation , entra dans la ville , il mit un pied dans la ville du rêve Helmite : Manost , et là , une sensation encore jamais vécue pour lui , remplie d'excitation et de bonheur mélangés !

Suite: Taverne de le Taie dorée
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[Chandara]

Chandara salua poliment le paladin avant de se retirer, occultant la façon un peu cavalière dont il avait mis fin à la conversation. Somme toute, la rencontre avait plus que tenu ses promesses puisque l’Ordre lui offrait une opportunité de prouver sa valeur et de rejoindre ses rangs. Pour le moment, elle n’était qu’une postulante mais comptait bien réussir brillamment cette mission de confiance d’autant que des vies étaient en jeu.

La jeune femme se hâta donc de suivre le conseil de son aîné et parvint à trouver une cotte de maille à peu près à sa taille mais qu’il faudrait prendre le temps d’ajuster une autre fois pour qu’elle s’y sente vraiment à son aise. Elle dégotta également une bonne épée bâtarde d’allure et de facture simples mais solide. Moins d’une heure plus tard, elle avait récupéré le reste de ses affaires à la taverne, salué Titœil et se présentait aux portes de Manost fin prête pour l’aventure.

[Morgana LeFay]

Elle ne savait pas... depuis combien de temps elle avait erré, ni même si elle avait dormi, ou juste rêvé. Une lame fine pendait à son flanc, à la garde ouvragée. C'était incongru lorsque l'on voyait sa robe. Des gants de cuir fin, ouvragés, couvraient ses mains, à chacun de ses pas des bottes de cuir, elles aussi ouvragées, se laissaient voir. Elle portait sur le dos un sac de cuir, aux même motifs que les autres pièces. Ses cheveux blonds flottaient légèrement au grès de ses pas. Elle leva ses yeux verts vers les hauts murs de la cité. Elle ne savait pas où elle était, juste qu'elle était épuisée.

Encore quelques pas... juste un effort, et avec un peu de change elle pourrait se reposer. Sa bourse était pleine, ça elle le savait, et ça lui ouvrirait pas mal de portes. Morgadhwyn avança, et s'arrêta devant les portes de la cité, soulagée.

[hrp] Une retentative de rp, mais non pas avec Morgana, qui est sans doute un peu trop "bourrine", mais avec l'un de ses nombreux avatars, si vous le permettez. Je me plie le plus rapidement possible aux formalités d'usage.[/hrp]

[Lothringen]

- Mademoiselle ? Mademoiselle ! C'est par ici, la file !

En reportant son attention sur le poste de garde, au pied des remparts blancs de la ville, elle découvrit le soldat qui l'interpelait, en train de vérifier le havresac de l'un des impétrants. La file des voyageurs n'était pas très longue, elle en aurait bientôt fini... Après quelques minutes de morne attente, ce fut enfin son tour. Un garde interrogeait tandis que son comparse prenait des notes dans le registre de passage.

"Bienvenue, voyageuse ; nous ne vous retiendrons que quelques instants pour les formalités d'usage : veuillez nous indiquer votre nom et ce que vous comptez faire en ville. Oh, et préciser si vous avez des substances ou des armes à déclarer...", ajouta-t-il en remarquant la présence de la dague.

[Morgana LeFay]

La jeune femme suivit la file, quelque peu décontenancée. Son tour arriva rapidement, elle regarda le garde qui lui parlait, lui tendant son sac, comme elle avait vu faire les autres personnes avant elle.

Morgadhwyn... c'est mon nom. Je suis de passage, je pense... trouver une auberge... oui.

Elle décrocha soigneusement la lame fine pendue à sa taille. Une rapière, à la garde joliment ouvragée.

Je n'ai qu'une épée. Juste de quoi me défendre. Rien de plus. Et quelques onguents... pour les plaies.

Elle hocha la tête. Sa diction était difficile, sans doute à cause de son léger accent, et elle semblait chercher soigneusement ses mots. Finalement, elle tenta un sourire aimable au garde qui la regardait.

[Lothringen]

Le garde songeait que cette jeune femme était bien jolie, et un peu perdue aussi. Vue la position de la cité, on y arrivait rarement par hasard... A moins de fuir quelque chose, une ombre, un passé. Mais la file se poursuivait derrière cette étrangère et il n'avait guère le temps de s'y attarder davantage.

"Je vois. Pour ce qui est de l'auberge, je vous conseille d'éviter la Taie Dorée... Proche des portes, mais assez mal famée. Le Loyal Paladin est bien plus convenable, si je puis me permettre. Je vous souhaite un bon séjour, " conclut-il en lui rendant son sac après rapide inspection.

[Morgana LeFay]

Morgadhwyn récupéra son sac et raccrocha sa lame à son flanc avec un hochement de tête.

Merci pour le conseil. Elle s'inclina légèrement, comme par réflexe. Puis elle franchit les portes de la ville. Elle s'arrêta un peu, clignant des yeux, puis elle regarda par dessus son épaule hors les murs. Elle poussa un léger soupir (soulagement ou tristesse?), puis s'engagea dans les rues de la cité.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara éprouvait un soulagement mêlé d’inquiétude à revoir enfin les murs de sa belle cité. Le voyage touchait enfin à son terme. Il lui semblait être partie depuis des semaines mais cela ne faisait pas plus d’une veille qu’elle avait accepté la mission confiée par l’Ordre. L’idée de se rendre devant ses supérieurs pour qu’il juge son mérite à intégrer la confrérie la terrorisait et elle puisait de la force dans la présence de son amie et dans l’idée de revoir son cher Titœil. Lui savait toujours lui redonner le moral semblait-il.

Les deux voyageuses méritaient bien un bon bain, un repas chaud et une nuit de sommeil après les épreuves qu’elles avaient traversées. Après leur départ de Linceul, elles avaient fait un détour par la chaumière de l’ermite et pu récupérer l’essentiel des affaires que la paladine avait du abandonner dans la fuite lorsque des monstres aux traits d’enfants avaient assassiné l’ancien prêtre sous ses yeux impuissants.

[Althéa]

Eliessan avait stoppé sa monture devant les portes. Cette fois, elle n'avait pas le courage. Là bas, en pleine nature, elle y avait ses habitudes, elle avait ses repères, le calme ... Ici, à Manost, elle risquait de se sentir perdue dans la multitude, ne pas trouver sa place. Une place qu'elle ne se sentait pas le courage de prendre.

Trop de nouveauté, de tumulte. Trop de vie ... Elle secoua la tête soudain effrayée.

"Pardonne-moi", souffla-t-elle d'une voix presque inaudible.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Les deux femmes échangèrent plus dans le moment de silence qui s’ensuivit que d’autres dans un long discours. Eli semblait bien prête à renoncer à la suivre et Chandara en éprouva une peine incommensurable. Comme si elle se parlait à elle-même, sa voix se fit hésitante lorsqu’elle rompit le silence :

- La ville est si intimidante parfois. Impersonnelle… Ceux qui y viennent seuls sont isolés par la multitude. Je ne souhaite pas y revenir seule. Je connais quelqu’un qui a réussi à me faire sentir chez moi ici. J’ai hâte de te le présenter. C’est un garçon très gentil, tu verras !

Puis avec un rire d’enthousiasme, elle s’empara de la main de son amie pour l’attirer vers les portes et le corps de garde.

[Althéa]

Eli s'était arrêtée de nouveau au milieu du parcours. Elle lâcha délicatement la main de Chandara avant de lui expliquer doucement.

"Tu comprends, je n'ai pas envie de leur montrer l'image d'une femme incapable de se débrouiller seule. Et puis, j'ai un de mes amis, mon plus fidèle compagnon de route"

Et elle sortit un bâton. Avec un sourire dans la direction supposée de Chandara, elle s'avança vers les portes.

[Chandara]

Chandara ne se sentit en rien offusquée par l’attitude de son aînée. Au lieu de cela, elle prit la bride des deux montures et se dirigea résolument vers le poste de garde en guidant son amie par le son de ses pas. Elle adressa un sourire chaleureux au militaire qui contrôlait les voyageurs cherchant à entrer dans la cité bénie. Elle déclina son identité et laissa sa compagne faire de même avant de déclarer les armes qu’elle portait et son intention de regagner le quartier général de l’Ordre pour être entendue. Voilà qui devrait leur permettre de pénétrer dans la métropole sans plus attendre. Avant de regagner la place du temple, Chandara avait bien l’intention de déposer ses affaires au Loyal Paladin où son ami aurait droit à la primeur de son récit une fois qu’elle se serait délassée dans un bon bain chaud.

[Althéa]

Eli s'était arrêtée, attendant que Chandara décline son identité aux gardes. Son passage n'ayant posé uniquement problème, ce fut rapidement à son tour.

"Mon nom est Eliessan ap Ewillan ap Gliedion. Je viens d'une petite localité du coté de Linceul. Je pourrais servir la localité en tant que barde et je n'ai rien d'autre à déclarer que mon bâton et mes vêtements de voyage. Je ne sais pas combien de temps durera mon passage mais je tâcherai de respecter autant que possible les principes du Vigilant. Puis-je entrer ?"

[Chandara]

Chandara fut surprise en entendant la profession qu’exerçait Eli. Elle se sentit soudain très bête de ne pas le lui avoir demandé pendant leur voyage. Elle avait eu tellement peur de lui évoquer des souvenirs douloureux qu’elle ne l’avait pas interrogée à ce sujet. Maintenant qu’elle savait, sa curiosité était décuplée par la perplexité : Eli n’avait jamais fait mine de chanter, de jouer d’un instrument ou de raconter une histoire. Mais son silence pouvait fort bien s’expliquer par sa perte récente. La paladine n’osait imaginer qu’une épreuve puisse ainsi étouffer la joie de vivre et le plaisir d’exercer ses talents. Elle se promettait d’essayer d’aborder le sujet avec son amie maintenant qu’elle avait révélé sa profession. Mais les portes de la ville étaient un endroit trop impersonnel pour laisser libre cours à sa curiosité.