[Quête : la maison des morts] Le cimetière/Chandara

[Althéa]

On avait emmené Chandara. La paladine sentit sous ses pieds la terre meuble. Autour d'elle, le silence. Rien. Où avait on emmené les autres ? Aucun moyen de le voir avec le bandeau. Autour d'elle, elle entendait des rires qui n'avaient rien d'amusant.

Au bout de longues minutes, on lui retira subitement le bandeau. Elle put regarder autour d'elle. Et il n'y avait plus personne ... Et elle était dans le cimetière de Linceul

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara jeta un regard affolé autour d’elle, ne trouvant nulle trace de ses compagnons à proximité. Le cimetière était bien plus étendu que la normale pour un village de la taille de Linceul. La paladine était de nouveau libre de ses mouvements cependant. Le premier fut de contrôler que son épée était toujours là. Lorsqu’elle fut rassurée d’avoir quelque chose à opposer à ses adversaires, elle se mit en route cherchant tant à repérer les lieux qu’à trouver une position défendable, une gageure par l’obscurité qui nimbait les lieux.

[Althéa]

Soudain, s'éleva funèbre la musique d'un cor. Descendait elle du ciel ou montait elle du sol, des enfers obscurs ou grouillait le peuple de Baine ? Une multitude de hurlements monta à la lune. Rousse, elle dansait entre les nuages. Des ombres fantomatiques montèrent jusqu'à elle. Le vent glacé fouetta la paladine, lui apportant des conversations animées et des rires. La chasse commençait.

Non loin d'elle, une ombre se tapit contre une des tombes en frissonnant.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara sursauta lorsque le premier cor se fit entendre mais poursuivit résolument son chemin. Sa vision s’accoutuma peu à peu à l’obscurité ce qui lui permit de détecter un mouvement furtif sur sa gauche. La paladine s’approcha de l’ombre avec prudence, prête à dégainer et à pourfendre son ennemi. Mais elle retint son geste, consciente du fait que d’autres victimes se trouvaient dans le cimetière. Un allié ou une personne à défendre suffirait peut être à raffermir la volonté vacillante de la jeune femme.

- Qui es-tu ? lança-t-elle simplement à la nuit en direction de l’ombre.

[Althéa]

L'ombre bougea et tenta quelques secondes de demeurer immobile. Sous les ombres mouvantes, Chandara distingua une peau très pâle et des cheveux ébouriffés. Elle porta doucement une main à sa bouche pour lui intimer le silence.

"Je pourrais vous dire que je suis le chat, pour un dépressif la mort, pour un érotomane le prochain coup, pour un possessif sa fortune, pour un clerc la débauche, pour le roi l'empire, pour le traître la dague. Mais pour vous, ce sera simplement ... MOI"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La jeune femme essaya de démêler le galimatias incompréhensible de l’ombre. Si le discours avait un côté inquiétant qui incita la paladine à conserver son arme dégainée, elel ne pensait pas que l’inconnue soit une ennemie.

- Qui que vous soyez vous feriez aussi bien de me suivre à moins que vous ne soyez des leurs ?

La question était posée avec l’insistance de qui exige une réponse. Désorientée par la tournure des évènements, Chandara était prête à tout depuis la protéger jusqu’à la combattre si nécessaire.

Vous pourriez me dire ce que vous faites ici peut être ?

[Bellatrix]

Bellatrix s'approcha doucement de la paladine facile à repérer par rapport à tous les autres. Elle était la seule en armure. Se prenant le menton, elle s'avança tout doucement.

"Aujourd'hui, je suis de mon coté, du moins, je le pense. J'aime la fraîcheur de la nuit sur le battement d'aile du linoléum. La poussière racornie disproportionne la cavalcade succincte de la contredanse épineuse. J'étais venue, avec mon compagnon explorer cette funeste ville. Mal nous en prit, je pense, car elle était trop pittoresque"

A ce moment, des pas se firent entendre en direction de l'allée. Une voix se fit entendre.

"Il y en a une ici, j'en suis sure !"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara ne prit pas la peine de démêler les paroles sibyllines de la folle qui avait interrompu sa conversation de tantôt. Elle n’était manifestement pas alliée avec les monstres de Linceul et par conséquent son devoir lui dictait de la protéger. Lorsqu’elle entendit une voix, elle attira donc Bellatrix à l’abri d’une tombe sans grande douceur et une main plaquée sur ses lèvres. Elle espérait que celle-ci ne se débattrait pas bruyamment. Au moins le temps qui lui serait nécessaire pour évaluer la situation. L’ennemie ne venait pas seule mais si les chasseurs n’étaient pas plus de deux, elle aurait peut être une chance de les éliminer avant qu’ils ne donnent l’alerte sur leur position.

[Althéa]

"Je te dis, elle est par là, je l'ai vue tout à l'heure. A mon avis, elle n'a pas bougé de l'endroit où nous l'avons laissée.
- Tu racontes n'importe quoi Sansa. Regarde, elle n'est plus là. Elle est sans doute allée se faire pendre ailleurs"

Deux personnes erraient dans les allées du cimetière, deux jeunes femmes. A leur peau diaphane et leurs dents brillant au clair de lune, Chandara devina qu'elles n'appartenaient plus au monde des vivants depuis longtemps. Elles marchaient en chuchotant doucement, à leur recherche.

Au moment où le prénom de l'une d'entre elle résonna, la paladine sentit les épaules de sa protégée se crisper sous ses mains. Visiblement, elle la connaissait. Les deux créatures passèrent devant les tombes sans les voir, continuant de parler.

"De toute façon, ils ne nous échapperons pas longtemps. Nous en tenons déjà une.
- Plutôt facile à attraper vu qu'elle ne nous voyait pas ..."

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara relâcha sa « prisonnière » tout en lui intimant de garder le silence. Les mort-vivantes n’étaient que deux et toutes les fibres de la paladine lui intimaient de les détruire sur le champ. Elle se félicita et se maudit tout à la fois de les avoir laissé évoquer la capture d’Elie. Il lui fallait maintenant agir promptement tout en espérant que Bellatrix n’entrave pas ses mouvements. Epée au clair, elle surgit hors de la pénombre des tombes bordant l’allée derrière ses ennemies. Sans plus réfléchir, elle porta un coup d’estocade en direction de la chasseresse de queue. Si elle éliminait un monstre, peut être le second serait prêt à lui révéler l’emplacement de sa compagne. Et même s’il était illusoire de nourrir cet espoir, il fallait agir avant qu’il ne soit trop tard pour les prisonniers.

Le temps se figea sur cette pensée et toute sa haine des mort-vivants se transmis par delà sa lame brandie contre l’infamie.

[Althéa]

La morte vivante qui fermait la marche se retourna prestement ainsi que sa comparse. Au même moment, Bellatrix se jeta sur la seconde, toutes griffes dehors. Elle attrapa la morte aux épaules et se mit à hurler.


"Aaaaaaaaaaaaaaaaah
- Aaaaaaaaaaaaaaaah" répondait l'autre effrayée.

Bellatrix répondit en donnant un coup de tête dans le nez de l'intéressée qui tomba en arrière. Restait l'autre créature à Chandara qui loin d'être surprise sourit de toutes ses dents qu'elle avait nombreuses et très effilées.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara fut décontenancée par la réaction de Bellatrix mais elle se reprit bien vite, profitant ainsi du moment de panique qu’avait provoqué la délurée et échevelée étrangère. Bien décidée à en découdre, la paladine n’était en rien effrayée par son adversaire toute en griffes et dents acérées. Celle-ci s’était retournée et avait esquivé lestement la première attaque peu précise de la jeune femme. Celle-ci enchaîna une série de mouvement de son épée davantage destinés à jauger les talents du monstre qu’à lui causer réellement des dégâts. Bien que le temps presse, il valait mieux ne pas confondre vitesse et précipitation, une erreur mortelle face à cette engeance.

[Althéa]

La créature se mit à feuler tel un chat et peu à peu commença sa transformation. Sa peau sembla fondre et ses yeux saillir hors de leurs orbites. Son sourire luisant d'une centaine de crocs parut s'agrandir un peu plus. Des griffes commencèrent à apparaître sur ses mains. Ses yeux en eux-mêmes devinrent les plus effrayants. Les rétines et les pupilles disparurent dans des entrelacs de feu.

Soudain, elle rejeta sa tête à l'envers et éclata de rire. Puis, doucement, elle commença à s'élever au dessus de Chandara.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara adressa une fervente prière à Helm, son courage et sa résolution vacillant à la transformation de son adversaire. Aurait-elle mieux fait de rester cachée ? De fuir ? D’attendre patiemment qu’un de ces monstres la découvre ? Que sa compagne soit torturée, abandonnée par sa couardise. Non ! Mieux vaut mourir les armes à la main !

La paladine asséna cette fois-ci un coup d’une rare violence, la garde haute. Elle ne se poserait plus aucune question. Seul comptait maintenant le combat, sa survie et la destruction de son adversaire.

[Althéa]

Un bras encore frétillant tomba sur le sol et un liquide verdâtre gicla du membre amputé pour asperger la figure de la paladine. La jeune femme sentit sa peau brûler superficiellement là où les projections l'avaient atteinte.

Rien de cela n'empêcha le monstre de contre-attaquer avec l'autre bras. Une griffe blessa la paladine au menton. Chandara ne dut sa survie qu'à un réflexe salutaire qui la fit s'écarter à temps. Encore un peu et la créature lui ouvrait la gorge.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara n’eut pas le loisir de tirer avantage du coup puissant qui parvint à blesser sérieusement son adversaire. Cette dernière ne semblait pas se ressentir d’un coup qui aurait tué un humain sur le coup. La paladine prit soudain conscience de sa propre fragilité, passant à deux doigts de la mort sur la riposte du monstre. Le sang maudit semblait lui avoir embrasé le visage et sa vision se fit trouble sous la douleur. Son propre sang perla de son menton et s’écoula en un mince filet qui tâcha sa tunique. La paladine tenta de rassembler sa résolution et son aversion pour la créature démoniaque et fit appel à sa foi pour l’assister dans ce combat déséquilibré :

Chandara--->Châtiment du mal

Ses aptitudes martiales améliorées pour un court moment, la chasseresse de mort-vivants engagea une passe osée visant à frapper plusieurs fois de taille en tournant autour de sa cible avant de plonger sa lame en avant d’un mouvement d’estoc visant la poitrine.

[Althéa]

Il y eut un craquement et la lame de Chandara porta deux coups d'estoc. L'un fracassa l'épaule du coté du membre amputé, l'autre trancha au dessus de l'os pelvien. La créature hurla, perdant du sang par saccades du coté du flanc. Elle tenta de se redresser mais la douleur la fit pencher comme une vieille femme.

Soudain, elle bondit en arrière et étendit les bras. Un rayon verdâtre jaillit de ses doigts. Il allait atteindre la paladine quand surgissant de nulle part, un halo doré, semblable à un feu follet se plaça devant elle, interceptant le rayon.

Le halo prit peu à peu la forme d'une petite silhouette humaine, un enfant ... Elle se matérialisa devant la paladine. Une petite fille qui lui souriait.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La passe d’arme faillit coûter cher à Chandara qui n’eut pas le temps d’interrompre son attaque pour se protéger de la riposte désespérée du monstre.

La paladine fut abasourdie par la mort qui la frôla de si près et par l’apparition inespérée d’une étrange alliée. Elle faillit en laisser tomber sa lame mais le combat était loin d’être achevé. Elle ne put cependant réprimer sa curiosité et tourna un œil vers la petite fille qui avait surgit si surnaturellement.
Le monstre allait-il en profiter pour l’attaquer à nouveau ? Sa sauveuse avait-elle été durement blessée par le rayon ?

[Althéa]

Nullement blessée, la petite fille renversa sa tête en arrière et éclata de rire. Elle tendit les bras vers le monstre comme pour l'embrasser à la différence qu'un rayon doré jaillit de ses mains et alla frapper le monstre au coeur. Un trou se forma instantanément dans la poitrine du monstre qui glapit, chercha à s'enfuir mais tomba inerte sur le sol du cimetière.

L'enfant se tourna vers Bellatrix toujours aux prises avec son monstre. Aucune des deux n'avait lâché l'autre. Le rayon atteignit le monstre dans le dos et passa à travers la jeune femme qui ne remarqua rien. La bête s'abattit sur le sol.

La petite fille satisfaite se frotta les mains.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara ne put immédiatement détourner son regard des deux carcasses. La facilité déconcertante avec laquelle la petite fille les avait éliminées était déconcertante et quelque peu effrayante. Pour le moment, elle s’en était prise à ses ennemis mais s’agissait-il pour autant d’une amie ? Rien n’était moins sûr pour la paladine dont la naïveté lui avait valu un brusque retour à la réalité après l’épisode des enfants recueillis sur la route de Linceul.

Mais le danger immédiat était écarté et la jeune femme baissa la tête en direction de la petite fille :

- Merci pour ton aide. Je m’appelle Chandara. Et toi qui es-tu ?

Se méfier ne signifiait pas oublier les règles de la courtoisie.

[Althéa]

La petite fille regarda la paladine sans répondre d'abord. Son immobilité permit à Chandara de l'observer un peu mieux. Une petite taille pour une enfant de son âge, condamnée à ne plus jamais grandir. Des grands yeux d'un bleu clair de ciel limpide. Une couleur qu'elle avait déjà entraperçue dans un autre visage. Les traits doux et à la fois espiègles lui étaient familiers. Les enfants sur la route ou une toute autre personne ?

Pas le temps de répondre. Chandara entendit une voix dans sa tête. Une petite voix flutée, ténue et rassurante.

"Tu ne dois pas avoir peur de moi. Il faut que tu survives. Il faut que tu sauves ma maman"

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara fit un pas en arrière en croisant le regard si bleu et si froid de la petite fille alors qu’elle entendait des mots qui n’avait pas franchi les lèvres de l’étrange apparition. La jeune femme se secoua, reléguant cet évènement avec la longue série de ceux qui avaient émaillé son voyage et son bref séjour à Linceul. Si elle survivait et ne devenait pas folle, peut être aurait-elle le temps d’analyser cette longue suite d’évènements surnaturels. Mais comment savoir si je suis encore saine d’esprit ?
La jeune femme chercha de nouveau le regard de la fillette :

- Je vais t’aider ! Quel est ton nom ? Où est ta maman ?

[Althéa]

La petite fille joignit les mains quelques instants, le visage méditatif. Quand elle les rouvrit, il y avait dans ses mains une sorte de sphère transparente, semblable à une bulle de savon. Sans le moindre souffle d'air, elle alla jusqu'à Chandara. Quand elle fut à hauteur de son visage, les contours de la bulle s'opacifièrent et la jeune femme y vit des visages mouvants.

Deux enfants dont une petite fille aux cheveux blonds qu'elle reconnut aussitôt comme étant celle en face d'elle. Un petit garçon aux grands yeux gris. Puis, venaient les parents. D'abord un homme aux cheveux châtains clairs. Chalindra reconnut sans mal la maman : Eliessan.

Tous les quatre riaient assis dans une charrette. Devant eux se dessinait les portes d'une ville bordée d'ombres et de peupliers ...

[Chandara]

Quête : la maison des morts

La vision ébranla la paladine par ses implications. Ainsi donc, comme elle l’avait craint, son amie était en danger de mort. Plus triste encore, Chandara réalisait ce qu’elle avait perdu et mesurait la profondeur de son désespoir. Elie était revenu en sa compagnie dans ce maudit village qui lui avait tout pris. Mais loin de l’aider à accomplir sa juste vengeance, Chandara s’était révélée inapte, contrainte à se cacher des chasseurs monstrueux en errant dans ce cimetière. Une larme roula sur sa joue.

- Montre-moi où aller ! J’essaierai de l’aider.

[Althéa]

La bulle de savon se modifia et Chandara vit d'autres images. Les allées du cimetière. Elles défilaient comme si quelqu'un courait aux travers. Des rangées de tombes se rapprochaient et disparaissaient à toute vitesse. Progressivement, la paladine vit se dessiner l'orée du cimetière.

Tout à coup, les rangées s'arrêtaient net. A la place se tenait un arbre immense à moitié penché dans le vide. En dessous, à flan de colline s'étendait un gigantesque amphithéâtre. Un grand nombre de créatures assises sur les gradins semblaient attendre.

Devant eux se dressait une scène où plusieurs piquets de bois avaient été dressés. A trois d'entre eux, on avait attaché les premières victimes qui n'étaient autre qu'Eli, et deux convives rouquins. Tous les trois étaient terrifiés. A coté d'eux se tenait le grand prêtre préparant son couteau de sacrifice et son ciboire.

La vision disparut ...

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Chandara observa la vision avec une horreur croissante. Elie et les deux invités étaient en danger de mort si jamais ils étaient encore en vie. Qu’on les maintienne en vie semblait signifier deux choses. Que leur mort se donnerait en spectacle et qu’on lui tendait un piège pour la forcer à intervenir et ainsi se rendre vulnérable à son tour. Mais en toute conscience, même si la petite fille cherchait à l’attirer dans un guet-apens, la paladine ne pouvait pas rester là à se cacher.

Tentant de se convaincre qu’elle faisait le bon choix, qu’on aurait fini par la retrouver, que la seule échappatoire consistait à défaire le grand prêtre, la jeune femme se mit en route, la résolution transparaissant sur ses traits. Il fallait qu’elle arrive avant que l’irréparable ne se produise. Ensuite seulement elle aviserait de quoi faire.

[Althéa]

Les pas de la paladine résonnèrent un long moment dans les allées du cimetière. Rare souffle de vie parmi les morts, elle ne rencontra personne. Le vent lui rapporta quelques murmures désincarnés mais ils semblaient venir de très loin. Une sourde mélopée se faisait entendre par moments, montait en puissance et retombait presque aussitôt. Durant l'acmé, la paladine perçut l'écho d'un très grand nombre de voix.

C'est en les suivant qu'elle atteignit peu à peu la limite du cimetière. L'arbre se dressait devant elle. Rompu et tordu, il étendait ses branches séculaires vers le ciel en un cri silencieux. Ses racines enchevêtrées, sorties du sol faisaient penser aux tentacules de quelque monstre marin venu d'un autre âge.

En dessous, assis sur les gradins de l'amphithéatre, les villageois de Linceul attendaient immobiles, les yeux rivés sur la scène devant eux.

Et là haut, doucement, le ciel commençait à s'éclaircir.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

L’aube était proche. Elle apportait un espoir auquel la paladine se raccrochait. Le chasseur avait annoncé qu’elle serait libre à l’aube… Mais ses convictions ne lui permettaient pas de songer à se cacher, à laisser passer la tempête tandis que des innocents seraient sacrifiés, tandis que des coupables étaient libre de commettre de nouveaux méfaits. Elle n’avait rien pu empêcher du sort de l’ermite et sa confiance en était sérieusement ébranlée. Mais si elle rentrait à Manost maintenant, elle se sentirait honteuse et indigne de retourner au Temple.

Attaquer la foule assemblée serait un sacrifice stupide qui ne rendrait pas service au prisonnier mais peut être pouvait-elle détourner les attention du bourreau de ses futures victimes. Encore à bonne distance, elle signala sa présence tout en tenant fermement on épée :

- Je suis venu pour toi, monstre !

[Althéa]

Un murmure emplit soudain l'amphithéâtre. Joie, peur, impatience, colère ou tout à la fois ? Chandara aurait été incapable de le dire. Car bientôt tout fit bientôt place au silence. Le vent se leva encore emportant les derniers échos.

Et soudain, une voix familière s'éleva. Elle s'éleva pareille à un hurlement dans cette absence totale de bruit.

"Pars, tant qu'il est encore temps. Tu ne peux plus rien faire pour nous. Pars avant qu'ils ne te trouvent. Fuis pendant que tu as encore une chance"

La voix s'interrompit soudainement et tout replongea dans le silence le plus total.

[Chandara]

Quête : la maison des morts

Mais la paladine ne partirait pas. Encore moins maintenant qu’elle avait reconnu la voix familière d’Elie. C’était un piège et elle le savait. Mais un piège qui pouvait être retourné en sa faveur. Elle comptait bien attirer le bourreau jusqu’à elle, lui faisant perdre les derniers instants avant l’aube. Peut être se détournerait-il de ses victimes par avidité, pour s’emparer d’une prise encore plus tentante :

- Viens donc me chercher si tu l’oses, vieillard obscène !

Chandara ne pouvait qu'espérer que les prisonniers seraient toujours vivants à son retour... Les dés en étaient jetés.