[Lieu] Un vallon dans les ténèbres...

[Galathée]

Quand ils débouchèrent sur le palier supérieur, ils furent accueillis par un homme armé d’une masse, qui se porta immédiatement à la rencontre de Kasumi. Contrairement à ses prédécesseurs, il était vêtu d’une armure métallique qui entendait bien se jouer des lames du rôdeur. Quelques mètres plus loin, dans son dos, se trouvait une femme de petite taille, qui termina son incantation juste au moment où le rôdeur surgissait. Un halo mauve sombre entoura le premier clerc et Kasumi devina, à ses mouvements, qu’il était devenu un peu plus fort, un peu plus précis, un peu plus redoutable. Sa masse filait, précise, et il devait rester concentré pour parvenir, de justesse, à bloquer ses coups. Il fut d’ailleurs forcé de rester dans l’embrasure de l’escalier, bloquant le passage de l’elfe invisible, et menaçant de devoir de reculer encore tant son adversaire semblait enragé. La prêtresse s’était remise à incanter.

[Taliesin]

Et bien, il semblait que le barde dût rester dans l'escalier... Il était toujours invisible, mais il réapparaîtrait à la vue de tous d'une seconde à l'autre. Alors, autant faire son deuil de ce sortilège et en lancer un autre pour aider Kasumi qui était opposé à forte partie. Et, avant tout, pour empêcher que ladite partie ne gagne encore en puissance. La prêtresse qui incantait à nouveau était sans nul doute celle que Belenn avait décrite comme étant spécialisée dans les sorts de soutien et la guérison. La déconcentrer ne serait donc pas une mauvaise idée... Et comme tirer à l'arc était par trop dangereux, - il aurait couru le risque d'atteindre le rôdeur qui ferraillait juste devant lui -, l'elfe opta sans plus tarder pour la magie.

Taliesin --> Fou rire --> Prêtresse

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur ne dut sa survie qu’à ses réflexes aiguisés par sa concentration lorsqu’un combattant en armure lourde essaya de lui broyer le crâne. Une lame en opposition sur la trajectoire dévia suffisamment la masse pour qu’elle s’écrase contre le mur, l’effritant au passage. Cette première attaque, bien que manquée, incita le demi-elfe à faire preuve de davantage de prudence malgré l’urgence de la situation pour Astrée. Son regard exercé nota la présence d’une deuxième personne derrière le spadassin. Après un autre coup infructueux qui menaça l’épaule du rôdeur, le Sharite fut entouré d’un halo et ses coups se firent encore plus dangereux, manquant de peu de tromper la garde de Kasumi. Si l’adversaire était gêné par le poids de son armure, il n’en montrait rien pour l’instant et le demi-elfe se retrouva rapidement acculé dans l’étroite cage d’escalier où ses deux lames dressaient un bien piètre rempart entre la masse et sa mort prématurée.

Le rôdeur sentait le barde dans son dos ; S’il tombait, il risquait d’entraîner avec lui celui qu’il commençait à considérer en ami. Une bien triste fin alors que tous deux approchaient du but. S’il ne pouvait directement participer au combat, l’elfe se montra encore une fois bien utile en lançant un sort qui atteignit le soutien de leur adversaire. Kasumi fut surpris d’entendre l’incantation de la prêtresse s’achevait sur un rire tonitruant. Le rôdeur n’eut guère le temps de se poser de question que la masse s’abattait encore sur ses lames, vrillant ses bras et nouant ses épaules peu à peu comme si l’adversaire, sûr de sa force, prenait le temps de saper les forces de sa proie avant de porter un coup qui s’avèrerait immanquablement fatal. Bien que conscient de cette stratégie, le rôdeur était prisonnier du rythme imposé par son adversaire. Il essayait tant bien que mal de briser la distance qui les séparait pour limiter la marge de manœuvre de son adversaire. Cette tactique ne pouvait conduire qu’à l’échec mais il ne pouvait que gagner du temps en espérant que Taliesin vienne à son aide par un nouveau tour.

[Taliesin]

-Une bonne blague aide toujours à dissiper les malentendus ! lança Taleisin, faussement guillerets.
C'était parfois vrai, oui... Mais pas toujours. Il avait eu de la chance, beaucoup de chance. Et comme les plaisanteries les meilleures sont souvent les plus courtes, Taliesin choisit d'utiliser une autre tactique pour déconcentrer l'adversaire de Kasumi. Du regard, il balaya l'espace situé derrière les deux combattants, cherchant un objet pas trop lourd dont il pourrait se servir... S'il en trouvait un, il utiliserait le sort de manipulation à distance pour l'envoyer dans les jambes du clerc en armure, espérant que cela le désiquilibrerait ou, du moins, que cela le déconcentrerait suffisamment pour permettre à Kasumi de placer une attaque, de gagner du terrain...

[Galathée]

La visibilité de Taliesin était extrêmement réduite, car Kasumi avait dû reculer dans l’escalier étroit, le bloquant derrière lui, à mi-parcours. Il ne voyait déjà plus la prêtresse, même s’il l’entendait toujours rire. Malheureusement la joute devant lui s’éternisait, amenuisant petit à petit les chances qu’il puisse se dégager avant la fin de son sortilège. Dans l’espace qui lui restait, il finit par apercevoir ce qu’il cherchait : le sol était nu, le palier dégagé, hormis pour un manteau qui traînait en boule contre un mur, dont s’était probablement dépouillé leur agresseur en les entendant monter. Comme partout ailleurs dans l’escalier, il faisait terriblement froid.

[Taliesin]

Il ne fallait pas tergiverser d'avantage : s'il tardait trop, la prêtresse reviendrait à elle et les forces seraient encore plus déséquilibrées... Regrettant une nouvelle fois le départ de la guerrière drow qui se serait montrée des plus efficaces en la circonstance, le barde incanta rapidement.

Taliesin --> Manipulation à distance --> Manteau

Il tenta ensuite d'envoyer le vêtement sur la tête du clerc, espérant ainsi le rendre temporairement aveugle et le déconcentrer assez pour que Kasumi puisse prendre l'avantage..

[Galathée]

Le mouvement était complexe car Kasumi et son adversaire étaient sans cesse en mouvement, et le clerc forçait toujours le rôdeur à une attitude purement défensive. Le mur de la cage d’escalier avait souffert de plusieurs coups, déjà, et la pierre s’effritait en traînées de poussière. Si le Sharite parvenait encore à faire un pas en avant, Taliesin risquait d’être forcé de rompre son contact avec le manteau, ce qui l’obligea à agir sans viser davantage. La trajectoire était bonne, mais la masse du clerc s’interposa au dernier moment, et c’est autour de l’arme plutôt que du visage du combattant que s’enroula le manteau, arrachant un grognement de surprise au Sharite ainsi handicapé dans ses mouvements. Derrière lui, la prêtresse reprenait sa respiration, étouffant les derniers gloussements qui l’affligeaient.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi luttait comme un forcené pour maintenir sa position mais il était conscient que le temps ne jouait absolument pas en sa faveur. Dans un instant, la prêtresse serait de nouveau sur pied ce qui scellerait le sort du combat si cela devait arriver. Il s’efforçait de ne pas penser à ce qui pouvait advenir à Astrée alors qu’il perdait du temps dans cette joute. L’agacement sapait autant ses forces que la maîtrise et la force de son opposant.

Lorsque le manteau s’enroula autour du bras et de l’arme du clerc, le rôdeur décida de risquer le modeste avantage que lui procurait sa seconde arme et la lâcha. Sa main libre agrippa un pan du manteau sur lequel il tira brusquement, espérant ainsi déséquilibrer ou même désarmer le combattant.

Si la manœuvre réussissait, il pourrait enfin prendre le dessus et porter une attaque efficace.

[Galathée]

La traction soudaine que Kasumi exerça sur le vêtement acheva de surprendre son adversaire, qui avait levé un bras bien insouciant pour s’en dégager. La force du rôdeur suffit à déséquilibrer le clerc vers l’avant et un de ses pieds manqua la marche. Taliesin, qui avait anticipé le mouvement, recula dans l’escalier, ignorant comment le rôdeur déciderait de recevoir le Sharite. La prêtresse avait cessé de rire. D’un autre côté, le halo de puissance qui entourait le clerc s’était dissipé.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi profita du déséquilibre de son adversaire en se glissant contre le mur pour le dépasser. Il accentua le faux pas de son adversaire en prenant appui sur son épaule pour se propulser vers le pallier. Il devait s’en remettre à Taliesin pour défaire l’adversaire en difficulté. La brève accalmie permise par ses deux sorts décisifs s’estompait déjà et les Luméniens étaient encore loin de pouvoir secourir leur amie et le conseiller. La prêtresse avait repris ses esprits et le rôdeur se précipita sur elle. Priver l’adversaire de Taliesin de ce soutien était vital et urgent bien que le risque de laisser le barde seul face au spadassin ne lui plaisait guère.

[Galathée]

Mais la prêtresse, lorsqu’elle vit déboucher le rôdeur armé et fulminant face à elle, renonça à toute tentative de lancer un nouveau sort. D’un geste rapide, presque réflexe, elle envoya un disque effilé au visage de Kasumi, et profitant de ce bref instant de répit, franchit la porte ouverte à droite et la claqua. Le rôdeur, s’il n’eut aucun mal à éviter le projectile, entendit la clef tourner dans la serrure et aussitôt ensuite, le raclement caractéristique d’un meuble que l’on déplace. Son adversaire entendait se barricader.

Taliesin tenta d’éviter le Sharite qui dégringolait droit sur lui dans les escaliers. Entraîné par le poids de son armure, l’homme avait irrémédiablement perdu l’équilibre. Cependant, le conduit était trop étroit pour que l’elfe, malgré sa svelte carrure, puisse parfaitement anticiper la trajectoire du clerc. Alors qu’il tentait de se dégager, le barde fut percuté dans le flanc par une épaule en mouvement, et il chut avec le spadassin jusqu’au palier inférieur. Le Sharite heurta le sol le premier, sa tête rebondissant avec un claquement sonore sur la pierre. Taliesin lui tomba dessus avec fracas et ressentit une vive douleur dans la clavicule gauche, qui lui donna une immédiate nausée. Sous lui, le Sharite papillonnait des yeux, conscient mais sonné, et tenta bientôt de le repousser d’une main hésitante mais qui ne tarderait sans doute pas à retrouver de sa fermeté.

[Taliesin]

La vive douleur acheva de bouleverser les pensées de Taliesin, déjà rendues confuses par sa chute tonitruante dans l'escalier. Il demeura un instant amorphe, hébété, mais la pression croissante de la main de son adversaire le ramené à la réalité. Il s'était blessé, certes, sans doute cassé la clavicule vu les flamboiements de douleur fulminante dont elle le gratifiait. Mais ça ne serait rien en comparaison de ce qu'il subirait s'il laissait au clerc le temps de reprendre ses esprits.
S'il lui laissait ce temps... Il mourrait.
Cette certitude glacée sembla lui donner une nouvelle énergie. Celle du désespoir. Cette fois, il n'y avait plus les assauts de l'esprit de la Forêt Hantée pour le troubler. Le constat lui apparaissait, froid, lucide, avec tout ce qu'il impliquait d'indicibles conséquences. A cause de sa blessures et de son peu de dispositions naturelles pour le corps à corps, un affrontement avec le guerrier le mènerait sans détours au trépas. Et toute son âme se révoltait contre cette perspective.
Son épée lui avait échappé pendant la chute et gisait sur les marches, hors de portée. Alors, après d'interminables secondes de tâtonnement, il saisit sa dague. Se retournant vivement, tentant d'ignorer la souffrance qui lui déchira le torse, il tenta de la plonger, à travers l'interstice séparant l'armure du casque. dans la gorge du Sharite.

[Galathée]

Dans une scène qui suscita en lui une trouble sensation de déjà-vu, Taliesin frappa son adversaire à la gorge. La lame glissa sur la plaque d’armure qui protégeait le cou et entra de biais sous le menton du Sharite, jusqu’à la garde. Le sang bouillonna sous le poing mal assuré de Taliesin. L’homme eut un soubresaut et son bras se leva pour tenter d’agripper le barde ou la dague, s’immobilisant à mi-hauteur avant de retomber, flasque, à ses côtés. Ses yeux se révulsèrent lentement alors que sa bouche débordait, inerte, d’hémoglobine. Sous lui, Taliesin sentit les poumons du Sharite s’affaisser, puis il eut la certitude d’être enfin seul. La douleur dans son épaule pulsait au rythme, emballé, de son cœur.

[Taliesin]

La mort sanglante du Sharite, plus encore que celle de sa consœur quelques minutes plus tôt, renvoya Taliesin aux odieux souvenirs qui ne gravitaient jamais bien loin de sa conscience. Il avait tué, encore une fois. Ôté une vie, aussi pervertie soit-elle. Et, somme toute, avec une facilité déconcertante. Une dague, un interstice dans une armure, une brève poussée... Et une nouvelle âme soufflée comme la flamme timide d'une chandelle. Par sa faute.
Au fond, n'était-il pas bon qu'à cela ? Toutes ses actions étaient-elles pas destinées à finir ainsi, dans une débauche de sang et de mort ?
La vague de souffrance qui le traversa alors eut ceci de bon qu'elle balaya d'un coup ses sombres réminiscences. Il ne devait pas réfléchir, pas se pencher sur ce qui venait de se produire. Il fallait se remettre debout, gravir les marches, rejoindre Kasumi et poursuivre le combat. C'était la seule chose qui comptait.
Facile à imaginer, difficile à faire. Son épaule le torturait, manquant le faire défaillir, et les choses empirèrent encore comme il tentait de se redresser, abandonnant sa dague dans la plaie béante du guerrier terrassé.
Les dents serrées, l'elfe parvint tant bien que mal à se mettre à genoux, puis sur pied. La main droite appuyée contre le mur du pallier, il gagna les premières marches, récupéra son épée puis se lança dans l'ascension.
Enfin, ce fut le pallier supérieur. Et Kasumi observant une porte hermétiquement close.
Lorsque le rôdeur lui adressa un regard inquiet, le barde se fendit d'un sourire douloureux.
-Un d'moins... grogna-t-il. Ha... Mais je vois que notre gloussante amie a préféré fuir vos galantes attentions et s'enfermer dans sa chambre... Laissons-là y pleurer tranquille, mon ami... Vous en trouverez d'autres, bien mieux qu'elle... Et je crois qu'Astrée ne serait pas contre un petit coup de main...
Au lieu de t'épuiser à dire des imbécilités, essaie de reprendre ton souffle pour ce qui vous attend encore... songea-t-il par devers lui en se redressant.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur ne releva pas la plaisanterie du barde visiblement touché par sa chute et couvert de sang. Il se demanda un bref instant s’il n’allait pas lui proposer de rester à surveiller que la prêtresse ne sorte pas de sa chambre. Mais il changea d’avis : s’il était risqué de laisser une ennemie sans surveillance dans leur dos, laisser Taliesin l’affronter seul serait trop dangereux et le barde serait certainement utile si un autre combat devait avoir lieu au sommet de la tour. Un combat pour libérer Astrée et le conseiller et donc des plus délicats.

Le rôdeur adressa un signe de tête et invita le barde à le suivre silencieusement dans les escaliers menant au niveau supérieur. Il était inutile d’avertir la Sharite que la voie était libre. Qu’elle le découvre elle-même ou reste terrée importait moins que vite retrouver la rôdeuse.

[Galathée]

Ils parvinrent au dernier palier, désert, qui s’apparentait davantage à un cagibi. Il ne s’y ouvrait qu’une porte, et les murs étaient couverts d’un arsenal pour le moins inquiétant, qui n’aurait pas dépareillé dans une salle de torture : liens, instruments, clefs de fer. Mais ils n’avaient pas le temps de s’y arrêter : la porte qui leur barrait le passage était la dernière. Ils écoutèrent un instant à l’huis, mais sans succès : pas un son ne perçait au travers du bois. Kasumi tourna la poignée avec conviction, pour réaliser que quelque chose en bloquait l’ouverture de l’autre côté, sans doute un meuble. Il avait cependant l’impression que s’il y mettait de l’énergie, il parviendrait à forcer l’ouverture.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur sentit la frustration le gagner à ce nouvel obstacle. Mais que pouvez signifier le fait que la porte soit ainsi barrée ? Les Sharites s’étaient-ils ainsi barricadé en urgence ? Forcer la porte les alerterait mais il n’avait pas le choix. Chaque seconde perdue était un crève-cœur maintenant que la frénésie du combat s’était estompée et qu’il se trouvait si près du but. Il redoutait ce qui s’offrirait à sa vue une fois ce dernier obstacle franchi. Un nouveau combat alors que lui et Taliesin étaient à bout de force ? Astrée et le conseiller absents ? Ou pire… Il se refusait à envisager pire et détourna sa rage contre la porte, donnant plusieurs coups de pied avant de s’arque bouter contre le battant de pin.

- Couvre-moi si tu peux ! Il y a une fiole de soin dans mon sac.

Le demi-elfe s'en débarassa avant de peser une nouvelle fois sur la porte...

[Taliesin]

Taliesin n'hésita pas une seule seconde. S'agenouillant, il ouvrit le sac, farfouilla à l'intérieur et en tira la potion. L'ouvrant avec les dents, il s'en versa le contenu dans le gosier et, aussitôt, la douleur reflua...
Un peu, en tout cas. Sa fracture n'était sans doute pas guérie, mais, au moins, il avait à nouveau assez de forces pour utiliser un minimum son bras gauche. D'ailleurs, il s'en servit aussitôt pour récupérer son arc, encocher une flèche... Et se tenir prêt à tirer dès que Kasumi aurait défoncé la porte.
Si tant est que la douleur ne revienne pas d'ici là...

[Galathée]

Tandis que Taliesin reprenait du poil de la bête, Kasumi sentit l’objet qui bloquait la porte grincer, se déplacer, se bloquer, puis se rompre, et d’un seul coup, il bascula vers l’avant, atteignant, enfin, le sommet de la tour.

[Galathée]

http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post196917
Ils reprirent donc leur descente vers les étages inférieurs. Aucune des pièces qu’ils traversèrent ne révéla le moindre objet suspect : les Sharites avaient réellement aménagé un campement de fortune entre les murs de la tour et tout semblait indiquer qu’ils n’avaient pas songé s’y établir bien longtemps. Les aventuriers avaient peut-être eu de la chance d’intervenir avant qu’ils ne soient partis. A l’étage de la salle commune, ils dénichèrent de l’eau et quelques provisions, ce qui permit au conseiller de se restaurer en solitaire pendant qu’ils gagnaient la salle de la garde et que Kasumi explorait la cave. Il y trouva un garde-manger presque vide, ainsi que d’importantes réserves de bois. Rien d’autre. La porte de la tour était close, on n’entendait pas un bruit au dehors et Astrée secoua Plume une seconde pour constater par ses yeux que personne ne les attendait devant la porte.

Tous rassemblés, ils finirent par sortir. Ils découvrirent alors les traces du Sharite qui s’était enfui dans la neige, droit vers la forêt. Sa trajectoire s’était incurvée vers le nord, puis s’arrêtait brusquement, à l’endroit où il avait manifestement rencontré une créature de mauvaise composition. Le tapis blanc était maculé de gerbes sombres, piétiné, et un corps prostré gisait au centre, inerte. La lumière subite avait probablement décontenancé plus d’un mort-vivant.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi amassa quelques provisions qui ne leur permettraient probablement pas de tenir pendant le reste du voyage. Il mit également la main sur le sac et l’arc de la rôdeuse qui avaient été perdus au moment de l’attaque. Après un rapide échange, ils sortirent dans le soleil de l’après-midi, presque éblouissant sur la neige en comparaison de la nuit perpétuelle qui l’avait précédé.

Sous prétexte de récupérer le bâton de sa compagne, le demi-elfe partit en avant et contourna la tour. A cette lumière, le cadavre du chef des paladins lui apparu dans toute sa réalité morbide. Le rôdeur sortit une des couvertures qu’il avait acquises et en recouvrit la dépouille de l’homme saint. Ils n’avaient pas le temps de s’arrêter pour lui offrir une sépulture décente, pas encore. Mais ce simple geste était le moins qu’il puisse faire pour préserver le cadavre. Après une brève oraison, il rejoignit ses compagnons et rendit son arme à Astrée.

Il ne croisa pas le regard des autres, peu désireux d’expliquer son geste dont les membres du groupe de sauvetage au moins n’étaient pas dupes. Il prit donc résolument la tête de leur expédition, attentif aux odeur ou bruits annonciateurs d’une mauvaise rencontre.

[Galathée]

Ils repartirent donc dans la neige, Kasumi et Taliesin encadrant les autres. La chouette était revenue se poser sur l’épaule du barde et dormait du sommeil des braves qui ont la sensation d’avoir accompli leur mission. Astrée soutenait toujours la Sharite, Albérich venait juste derrière elles, avançant lentement entre les racines, presque somnolent. Tous étaient aux aguets.
Le jour resplendissait autour d’eux, quelques oiseaux étaient déjà revenus se percher sur des branches hautes, et les arbres craquaient, comme si le soleil les invitait à s’étirer. Pourtant, l’astre diurne déclinait avec constance, et ils comprirent qu’au rythme auquel ils avançaient, ils ne parviendraient pas à quitter le vallon avant la nuit. Astrée peinait de plus en plus, la Sharite pesait sur son bras, délirant à mi-voix. Le conseiller semblait en proie à une sorte de transe et Taliesin devait le surveiller pour être certain qu’il ne s’arrête pas brusquement, comme paralysé, de manière totalement imprévisible.
Puis, soudain, dans le lointain, ils entendirent la clameur d’un combat, droit sur leur trajectoire. Le rôdeur prit les devants et en s’approchant, discrètement, il découvrit bientôt un groupe de cavaliers aux prises avec une dizaine de goules. Il aurait été plus exact de parler de massacre : les morts-vivants étaient complètement désemparés, aveuglés par la lumière, et les soldats les fauchaient un à un, sans subir la moindre perte. Tous portaient un uniforme que Kasumi connaissait bien : celui de l’armée luménienne.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Le rôdeur s’approcha un peu du combat tout en restant à couvert histoire de s’assurer que les nouveaux venus étaient bien ce qu’ils semblaient être. Lorsqu’il en fut convaincu, il sortit du couvert des arbres, banda son arc et tira dans la tête d’une goule qui menaçait de quitter le lieu du massacre. Un cavalier le repéra alors que le combat cessait faute d’ennemi. Kasumi baissa aussitôt son arc pour montrer ses bonnes intentions. Recouvert de sang et de crasse, il ne devait guère faire meilleure impression que les mort-vivants au premier regard. Puis il se signala pour être aussi bien entendu de ses compagnons que des soldats Luméniens. Il prit également soin de sortir le médaillon Lathandrien de sous sa tunique.

- Une bonne surprise que de rencontrer des compatriotes ! Je me nomme Kasumi, à qui ai-je l’honneur ?

[Galathée]

Un des cavaliers se détacha du groupe et retira son casque en approchant.
« Messire Kasumi, nous étions à votre recherche. » s’exclama une voix claire.
Il s’agissait de Vera Gellaghen, la commandante de cavalerie avec laquelle le rôdeur avait échangé plus d’une fois au mess du Fort.
« Vous êtes vivant… c’est un soulagement. » fit-elle, puis son expression s’altéra. « Mais seul ? »

[Taliesin]

-Pas tout à fait... fit une voix entre les arbres.
Taliesin apparut bientôt, suivi d'Astrée, d'Albérich et de la jeune Sharite. Ils étaient demeurés en arrière, anxieux, tandis que résonnait le bruit du combat. Puis la déclaration de Kasumi avait achevé de les rassurer : ce n'étaient pas des ennemis qui ferraillaient... Alors, ils s'étaient avancé, et avaient constaté de visu que la cavalerie était arrivé.
-Salutations... reprit l'elfe en s'incinant légèrement, réprimant une grimace de douleur lorsque sa clavicule tempéra son insouciance. Je suis Taliesin... Voici dame Astrée... Et le conseiller Albérich qui s'est joint à nous pour la promenade.

[Voyageuse]

Astrée sentit le soulagement l’envahir en entendant les paroles de Kasumi. Des compatriotes… Pas des ennemis !
Elle hâta le pas dans leur direction à la suite de Taliesin.
Elle comprit, aux paroles de la jeune cavalière, qu'elle était une connaissance de Kasumi. Sans doute travaillait-il parfois avec l'armée luménienne, cela expliquait son expérience en matière de stratégie et de combat. Et aussi le fait qu'il ait été envoyé en mission à la recherche du conseiller. Peut-être était-il soldat de métier? Et pourquoi pas après tout?. Non...
Pourquoi donc avait-elle du mal à l'imaginer dans ce rôle? Parce que c'était un rôdeur?

Elle laissa Taliesin faire les présentations. Lui visiblement ne les connaissait pas.
Elle hésita un instant : il n'avait pas mentionné la jeune luménienne blessée. Comment la présenter elle aussi? Si elle mentionnait son appartenance à la secte sharite, elle serait sans doute arrêtée par les gardes luméniens et conduite en prison. Et pourtant, elle semblait sincèrement repentie. Visiblement, elle avait souffert auprès des sharites et regrettait sans doute son engagement.
Elle choisit donc de rester vague. De toute façon, elle ne connaissait même pas le prénom de la jeune femme.
- Et voici une jeune compatriote blessée que nous raccompagnons à Luménis.

[Kasumi]

Quête : un désir de crépuscule

Kasumi adressa un sourire triomphant en voyant la mine soulagée et incrédule de la chef du petit groupe de cavaliers lorsque ses compagnons l’eurent rejoint. Il nota soigneusement comment le barde et la rôdeuse prirent soin d’éviter le sujet de la prisonnière. Lui-même n’avait aucune envie de livrer l’ancienne Sharite en lui refusant une chance de s’amender. Il n’accordait aucune confiance à la frêle jeune femme mais la décision de révéler ou de taire sa véritable identité revenait à Albérich et à nul autre. En cela, la réponse d’Astrée lui convenait parfaitement. Il détourna le sujet tout en cherchant à satisfaire sa curiosité :

- Cela me fait plaisir de vous voir, vous et vos hommes, Dame Gellaghen. Cela change en tous points avec certaines autres rencontres récentes. Vous me cherchiez ? Je crains que notre groupe ne soit incomplet. Nous avons du nous séparer de Dame Arya et de Sire Belenn. Nous avons prévu de nous rejoindre plus tard.

[Galathée]

Les cavaliers luméniens avaient commencé à s’approcher et démonter de leurs destriers. Vera était manifestement radieuse, même si l’apparition du conseiller avait raidi plus d’un homme, un peu intimidés par la présence d’un notable de son statut.
« Mes amis, Lathandre a assurément béni ce jour. Vous êtes tous vivants, c’est un miracle... »
Elle se tourna à nouveau vers Kasumi.
« C’est Dame DuVarden qui nous a aiguillés quant à votre localisation probable. Vous la trouverez au campement, auprès des nôtres. Elle nous a également parlé du clerc qui vous accompagnait et une équipe est à sa recherche, mais elle pourra vous en dire davantage une fois que nous y serons. Je pense que nous ne devrions pas tarder, la nuit va tomber, et nous perdrons notre avantage sur toutes les bêtes immondes qui rampent dans ce vallon. Nous viendrons terminer le nettoyage demain. J’imagine que vous devez être épuisés, et que vous avez de bonnes histoires à raconter. »
Les chevaux de guerre des soldats étaient bien assez forts pour porter deux cavaliers, et les survivants de la tour furent invités à monter en selle. Un homme large d’épaule souleva la petite Sharite comme une plume et la posa sur son monstre gris avant de la rejoindre. Taliesin fut accueilli par un congénère, que Kasumi reconnut comme étant le prince elfe de la Lorièn qui était en apprentissage au Fort de Luménis. Lui-même fut invité en croupe d’une jeune femme tout sourire, Astrée monta directement avec Vera, et deux hommes aidèrent le conseiller à se hisser en selle, avant qu’hésitant, l’un des deux ne le rejoigne. Ensuite, leur caravane prit un petit galop des plus confortables et s’élança vers le sud et l’étroit défilé qui permettait d’abandonner ces lieux maudits à jamais.

Ils regagnèrent le campement des paladins en moins d’une heure de chevauchée et ne durent démonter que pour permettre aux chevaux de négocier la fine piste escarpée qui grimpait sur le plateau. L’assemblage d’une dizaine de tentes avait cependant bien grossi, et Kasumi estima que le nouveau bivouac devait accueillir au moins une cinquantaine d’hommes. Plusieurs personnes se portèrent à leur rencontre lorsqu’ils arrivèrent enfin : outre Arya, qui avait manifestement eu le temps de se changer depuis son escapade dans le vallon, et qui semblait indemne, deux officiers luméniens, vaguement familiers à Kasumi, les accueillirent avec soulagement. Vera leur fit un rapport succinct de leur rencontre opportune, tandis qu’on entraînait les chevaux derrière eux et que les cavaliers de son escadre se dispersaient. Les militaires s’adressèrent d’abord au conseiller, mais celui-ci restant figé et silencieux, ils finirent par se tourner vers les aventuriers.

HRP : N'hésitez pas à flash-backer un peu sur votre état d'esprit dans le vallon, mais sinon vous pouvez reprendre à partir d'ici. Sauf si vous avez envie de tout dialoguer, j'avais l'intention de résumer ce que vos interlocuteurs vous apprennent. A vous de voir. Pensez à indiquer clairement ce que vous faites de particulier, sinon nous serons au souper avant que vous ayez pu changer de bottes.

[Taliesin]

Taliesin prit à peine part à la discussion qui s'ensuivit. Avec le soulagement, la certitude d'être tiré d'affaire pour de bon, la fatigue avait fait son apparition, brutale, écrasante. Il n'aspirait plus qu'à de l'eau chaude pour se débarrasser de la gangue de sang qui le recouvrait de la tête aux pieds, à des vêtements propres... Et, surtout, surtout, à un monceau de couvertures sous lequel se glisser et sombrer dans un sommeil bienheureux.
Quoi qu'en réalité, l se demanderait s'il viendrait, le sommeil. Des émotions puissantes l'animaient, s'alliant à l'épuisement pour lui donner le tournis. En premier lieu la perspective du retour prochain. C'était certain, à présent : d'ici quelques jours tout au plus, il pourrait à nouveau serrer Galathée contre lui, et l'avenir s'annonçait, radieux, sans nuages. Il y avait aussi l'enivrante sensation du devoir accompli, d'avoir fait quelque chose pour les autres. Quelque chose de bon, de juste... Et la sensation que Belenn avait eu raison lors de leurs discussions. Peut-être que la malchance ne s'attachait pas à ses pas, que tous ses actes n'étaient pas voués à l'échec, à de sanglantes catastrophes...
Belenn. Son cœur se serrait à la pensée du clerc. Il aurait aimé le voir parmi eux, tranquille, jovial, lui taper sur l'épaule, partager un peu de ce cordial dont, il l'espérait, la flasque avait survécu à ses diverses dégringolades dans les escalier. Lui dire, surtout, qu'il ne s'était pas trompé...
Mais Belenn n'était pas là, et personne ne semblait avoir de ses nouvelles. Sans doute, comme il l'avait laissé entendre, était-il mort en détruisant l'artefact...
Et puis, il y avait le conseiller. C'était à peine s'il avait prononcé deux mots depuis qu'ils l'avaient retrouvé. Taliesin n'osait imaginer tout ce qu'il avait subi, enduré... Il n'osait le faire et, pourtant, il en avait une idée très précise. Il aurait voulu tenter de le réconforter, mais il s'en sentait incapable. Et en aurait-il eu le courage, quel réconfort un inconnu pouvait-il lui apporter ?
Il aurait voulu n'y pas penser, ne pas songer à Belenn, non plus, s'abandonner tout entier à la joie du retour prochain à la maison. Mais voilà : il semblait que son âme ne soit décidément pas aussi asséchée qu'il l'avait longtemps cru...

[Voyageuse]

Astrée se sentait un peu perdue. Sans doute parce qu’elle était épuisée et transie de froid. Et aussi parce qu’il y avait beaucoup trop de monde. Ses compagnons semblaient plus à l’aise, même si Taliesin, habituellement d’un naturel sociable, était étrangement silencieux. Peut-être l’émotion d’avoir réussi la mission et de se trouver tous là, vivants, sans trop savoir comment, sur le points de rentrer. Elle se demanda s’il se ressentait encore de sa blessure à la clavicule. Il faudrait qu’elle lui propose de le soigner, ce soir. Mais là… elle était trop fatiguée.
Kasumi, lui, lui apparaissait presque comme un poisson dans l’eau. Il connaissait visiblement quelques-uns des soldats, et Astrée ressentit un inexplicable pincement au cœur en le voyant sourire à la jeune cavalière avec qui il monta, et discuter avec Vera et d’autres soldats. Peut-être simplement parce que lui avait une vie sociale, un travail, des amis. Contrairement à elle qui n’avait plus personne, plus vraiment de vie. Oui, c’était certainement là la raison de sa tristesse soudaine…
Lui et Taliesin vont rentrer chez eux, et reprendre leur vie là où ils l’ont laissée. Et je n’en fais pas partie. Ils m’oublieront vite.
Un sentiment de solitude l’envahit. Elle l’avait presque oublié ces derniers temps. L’espace de quelques jours, elle s’était sentie revivre. Et là, étrangement, elle se sentait comme exclue au milieu de cette foule.

Elle laissa donc Kasumi mener la conversation, décidée à s'esquiver dès qu'elle pourrait le faire sans paraitre impolie. Elle était cependant attentive, désireuse d'apprendre ce qu'il s'était passé pour Arya et Belenn. L'inquiétude grandissait en elle : Qu'était donc devenu le clerc? Elle ne pouvait se résoudre à le croire mort. Même si cela était le plus probable...