[Quête] Premier contact

[Taliesin]

Quête : Premier contact

Le paysage qui s'offrit aux yeux de Strenn lorsqu'il les ouvrit ne lui était en aucun cas familier; Il n'était pas à proprement parler effrayant. Plutôt ordinaire, même : il se trouvait dans un champ désert, bordé, sur un côté, par un petit bois aux branches dénudées par l'hiver. Ailleurs, ce n'étaient que prairies vallonnées... Rien de bien extraordinaire, donc. Pas de quoi être terrifié.
Sauf qu'il ne savait pas ce qu'il faisait ici. Pour autant qu'il puisse le savoir, il n'avait jamais mis les pieds dans ce lieu... Au dessus de sa tête, un pâle soleil montait vers son zénith, peinant à réchauffer l'air glacé.
Un coin de campagne isolé. Sans personne à l'horizon. Voilà tout ce qu'il pouvait dire.
Il y avait toutefois un chemin. Une sente, plutôt, un mince ruban de terre serpentant aux abords du champ. Signe que des gens passaient parfois par ici.

[Streen]

L'indécision commença à s'emparer de Streen. Devait il choisir d'aller dans le champ ou bien sur le chemin? Il se retrouvait là, perdu au milieu de nulle part. Il était donc difficile d'émettre un choix. Il imagina les conséquences de ses actes. S'il entrait dans le champ, il serait sûrement dans une propriété privée et s'il rencontrait le propriétaire en question, celui ci lui demanderait ce qu'il ferait là. Peut être même qu'il le prendrait pour un ruffian. Il refoula cette pensée. Il ne souhaitait pas enchaîner les problèmes alors qu'il ne connaissait rien du tout. Le mieux était de suivre le chemin. Non seulement celui ci lui mènerait quelque part, mais de plus il rencontrerait peut être des personnes qui pourraient l'aider. A ce moment là, une idée terrifiante lui vint à l'esprit. Et s'il rencontrait lui même des ruffians qui l'attendaient de pied ferme? Et si le chemin le conduisait sur la piste d'un animal féroce? Finalement la panique prit le dessus. Il courut à perdre haleine en direction du champ. Cependant, au moment ou il s'apprêtait à y mettre un pied, sa vue se troubla. Ses sens semblaient de déchaîner. Il revint en direction du chemin. Il voulut faire demi tour, mais une force semblait l'en empêcher. Sa volonté ne lui obéissait plus. Il devait impérativement suivre le chemin. Plus tard, il se trouvait sur le chemin. Il haleta,reprenant peu à peu ses esprits. Que s'était il passé? Il lui avait semblé pendant cet instant qu'il avait perdu le contrôle de lui même. Il devait absolument suivre le chemin sans savoir pourquoi.

[Taliesin]

Streen, malgré son trouble, put bientôt constater que la sente n'avait pas été faite par un quelconque animal. De-ci, de-là, on avait déterré des souches, enlevé de grosses pierres, déraciné des arbustes pour offrir un passage aisé. Sans doute, de temps en temps, des charrettes empruntaient-elles cet itinéraire : il y avait des semblants d'ornières, de-ci, de là...
Le chemin filait droit à travers le bois. Comme l'avait soupçonné le demi-elfe, il n'était pas bien grand et, de fait, il en émergea bientôt. Devant lui, le paysage de collines herbeuses et de champs attendant les semailles se poursuivait, inchangé. Ou presque : car, de derrière une butte ronde, il voyait monter un filet de fumée grise.
Il devait y avoir une ferme, là bas. D'ailleurs, le chemin y menait.

[Streen]

Intrigué par la fumée, Streen se dirigea vers cet endroit. Il aperçut en effet une chaumière isolée au bout de quelques minutes. Il s’approcha à pas de loups et inspecta la maison. A l’origine, elle ne semblait rien posséder de particulier. Haussant les épaules et estimant que frapper à la porte ne représentait aucun danger, il accomplit son acte. Cependant,personne ne lui ouvrit. Etonné, il appuya son oreille contre la porte mais aucun son n’en sortit. Hésitant, il appuya sur la poignée et ouvrit légèrement la porte. Il eut la surprise de n’y voir personne. Pourtant des affaires étaient présentes dans celle-ci. Il y trouva une table, une cheminée, un coffre ainsi que deux lits. Sur la table était disposé de la nourriture ainsi que des gobelets remplis d’un liquide incolore. La cheminée semblait et les deux lits étaient bien rangés et aucune couverture ne traînait pas terre. A l’évidence, cet endroit était habité bien que personne ne s’y trouvait en cet instant. Il examina le coffre et remarqua qu’il ne possédait aucun verrou. Il l’ouvrit sans difficulté et poussa un hoquet de surprise en ouvrant le contenu. A l’intérieur de celui-ci se trouvaient des armes diverses telles que des épées,des dagues, des glaives et ainsi que des arcs. Il réfléchit sur le propriétaire des lieux. Pour Streen ,il ne pouvait s’agir que d’un rôdeur. Seuls ces personnes vivaient en marge de la société. Mais pourquoi y avait il deux lits ? Le rôdeur ou la rôdeuse possédait un compagnon ou une compagne ? Un frisson lui vint à l’esprit, les armes n’étaient pas là par hasard. Il pouvait tout aussi bien s’agir de ruffians. Il referma me coffre en vitesse et s’apprêta à partir. Cependant un rictus le fit sursauter.
-Hein hein,c’est notre jour de chance à ce que je vois
Il fit volte face et poussa un cri.

[Taliesin]

Devant lui se tenaient deux hommes de haute taille, le teint hâlé, le cheveu brun, qui partageaient visiblement quelque lien de parenté, vu la similitude de leurs traits taillés à la serpe. Portant de souples armures de cuir et de sombres vêtements accordés aux teintes de la nature hivernale, ils toisaient le demi-elfe sans guère d'aménité. Mais ils n'avaient pas encore tiré les lames qui pendaient à leur ceintures. L'un avait croisé les bras, l'autre avait posé les poings sur ses hanches.
-Oui, notre jour de chance, je suis d'accord ! fit l'un d'eux. D'ordinaire, nous ne rentrons pas pile au moment où on cambriole notre maison...

[Streen]

Streen recula peu à peu tandis que les hommes s’avancèrent. Sous le coup de la surprise, il n’avait pas pensé à se procurer une arme présente dans le coffre. De toute manière, il avait fini par comprendre que ces deux hommes n’étaient pas des ruffians mais plutôt des rôdeurs bien qu’il n’en était pas certain. Il n’avait donc aucunement l’intention de leur faire du mal. L’un deux, celui qui paraissait être le plus jeune s’adressa à son compagnon.
-Dis papa, que fait on de lui ?
Le second toisa Streen et marqua un temps d’arrêt.
-Je ne sais pas, il ne porte pas d’arme.
Streen était bien évidemment trop effrayé pour répondre mais les deux hommes le considéraient apparemment pour un être inoffensif. Il avait peut être une chance de sen sortir vivant. Néanmoins il risquait d’être livré aux autorités alors qu’il n’avait commis le moindre mal. Toutefois,les deux homes voyant qu’ils n’étaient pas armé avaient relâché leur attention. De plus,il n’avait cessé de reculer depuis leur arrivée et ils s’attendaient à le voir reculer encore. Mais il serait bientôt encerclé et aucun mot ne pouvait lui sortir de la bouche. Soudain le plus jeune hoqueta de surprise.
-Papa,je le reconnais. Il s’agit de Lars
Le père resta figé sur place.
-Tu en es certain ? Cela fait quelques années maintenant et je me demande si c’est vraiment lui.
Lars ? Non,ce n’était pas possible. Il ne se souvenait que d’une seule chose : son nom. Le fils devait se tromper sur son identité. En même temps, il ne savait rien de son passé. Etait il possible que Lars soit son nom réel ou un surnom ?
-Qui êtes vous ? demanda le père férocement.
-Str…heu
-Str ?
Le père se renfrogna et prit l’air méfiant.
-Heu non, je suis Lars.
Avait il fait le bon choix ? Il ne savait pas qui était Lars pour ces deux hommes.

[Taliesin]

Le plus vieux des deux hommes se frotta le menton, l'air pensif.
-Ouais, c'est peut-être bien vous, Lars. En tout cas, vous lui ressemblez un peu, effectivement... Et vous avez l'air aussi étrange.
Son fils grimaça.
-P'pa, c'est pas sa faute s'il est bizarre, souviens-toi...
L'autre hocha la tête.
-Oui, je sais, la foudre. Mais quelle idée, aussi, d'arpenter les collines sous l'orage ?
Il fit à nouveau face à Streen.
-Ainsi donc, vous revenez sans crier gare... Sept ans après être parti également sans crier gare. Et vous commencez par fouiller notre maison... Est-ce que ça n'aurait pas été plus judicieux d'aller voir vos parents ? Vous pouvez imaginer comme ils se sont inquiétés... Quant à votre fiancée, c'est trop tard : elle s'est marié avec un autre depuis belle lurette. Mais peut-être le savez-vous déjà...

[Streen]

Streen sembla retrouver son calme à ce moment là.
-Ecoutez, je ne souhaitais pas cambrioler votre demeure. J’étais simplement curieux en la voyant. C’est pour cela que je me suis permis de la fouiller et je suis désolé si…
-Mais vous n’avez pas à vous justifier l’interrompit le père. Vous êtes réputé pour votre bizarrerie et je vois que vous ne possédez rien dans vos poches.
Streen n’eut plus de doute. Seuls les rôdeurs pouvaient voir aussi clairement les choses. Ils étaient habitués à percevoir des choses distinctement.
-Qui êtes vous ? se risqua t’il à demander.
Le père se figea en entendant cette remarque.
-Qui sommes nous ? Voilà une question bien étrange. Je suis bien entendu Richard et voici mon fils Valin. Vous nous avez déjà oublié ? Bon c’est pas grave,ce n’est pas la première fois que vous agissez de manière aussi heu…bizarre.
Richard ? Valin ? Tout ceci ne lui disait rien. Etait il vraiment Lars ?
-Vous feriez mieux de rentrer chez vos parents fit remarquer Richard. Vous êtes dans une propriété privée ici et ils doivent s’inquiéter à l’heure qu’il est.
-Où habitent les parents ?
-Alors là, vous avez du prendre un mauvais coup sur la tête. Comment pouvez vous oublier une telle chose ?
-Pouvez vous m’y conduire ?

[Taliesin]

-Il a pas pris un coup sur la tête, pas. Juste la foudre. Enfin, on peut appeler ça un coup de foudre, sans doute...
-Mouais, sans doute... fit Richard, mi figue, mi raisin. Bon, mais on n'a pas vraiment le temps de vous accompagner, on doit déjeuner en quatrième vitesse puis repartir pour aller inspecter le Bois des Aulnes, au nord. Mais ça doit plus rien vous dire, le Bois des Aulnes... Hum... Mais vous devriez quand même arriver à trouver la maison de vos parents. Suivez la route en direction du nord, jusqu'au village. Ils habitent la maison de pierre en face de la teverne. Peut-être que la mémoire vous reviendra en la voyant... J'espère, parce que sinon ça va faire un drôle d'effet à vos parents, que vous ne les reconnaissiez pas...

[Streen]

Streen suivit les indications données par les deux rôdeurs. A plusieurs reprises il faillit changer de route. De nouveau, il ressentit cette sensation étrange de ne plus rien contrôler. Sans savoir pourquoi, il tentait parfois de changer de cap. Pourtant il devait absolument aller à ce village pour savoir s’il était vraiment Lars. Se rendant compte qu’il changeait involontairement de route, il dut souvent se remettre dans le droit chemin. Après plusieurs heures, affamé et assoiffé, il atteignit le village dont parlaient les deux hommes. Mais au moment d’y entrer, il bloqua. Une voix semblait lui parler dans sa tête.
« N’y va pas, ne rentre pas ».
Il prit sa tête à deux mains criant à cette voix de sortir de sa tête. Après plusieurs minutes, il se ressaisit pensant que cette voix n’était que le fruit de son imagination. Comment pouvait il en être autrement ?
Il entra dans le village cherchant la maison en pierre, en face de la taverne. Néanmoins, il n’était pas rassuré. Non seulement il doutait de plus en plus d’être ce Lars. Mais en plus, il sentait que quelque chose tentait de le retenir d’y entrer. Le fait de ressentir cette étrange sensation était il seulement un hasard ? Il ne se posa plus de questions, se dirigeant droit au but.

[Taliesin]

Pourtant, malgré son inquiétude, le village était tout ce qu'il y avait de plus normal. Une bourgade campagnarde comme on en trouvait des centaines de par le monde : des maisons modestes, de pierre ou de bois, bordant des rues étroites et non pavées. Il croisa quelques habitants mais aucun ne lui accorda la moindre attention, sans doute trop pressés de rentrer chez eux pour se mettre à l'abri du froid mordant qui s'accentuait encore, à l'approche de la nuit.
Quant à la place, elle était relativement modeste : un sol de gravier, une petite fontaine... Les constructions qui la bordaient étaient sans doute ce que le village recelait de plus impressionnant, même si ce mot était plutôt inapproprié. Sur sa gauche, ce devait être la taverne, édifice de pierre à un étage dont l'enseigne arborait un coq rouge. Et, en face, la maison dont on lui avait parlé, coincée entre deux demeures à façades de colombages.

[Streen]

Streen fit face à la porte qu’il devait ouvrir. De nouveau la désagréable sensation fit son effet mais s’estompa rapidement. Il allait sûrement faire une erreur mais il devait vraiment savoir s’il était vraiment Lars. Mais s’il ne l’était pas, comment réagiraient les parents ? Le chasseraient ils à coups de pierres ? Le traiteraient ils d’imposteur ? Le risque de faire surgir en eux des souvenirs traumatiques serait il présent ? Après réflexion, il se dit qu’il n’avait pas le choix. Il brûlait d’envie de connaître la vérité sur son identité. Il marqua un temps d’arrêt, puis il prit une respiration avant de se décider à rentrer. Il frappa à la porte attendant une réaction.

[Taliesin]

Streen entendit des bruits à l'intérieur de la maison. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit, laissant apparaître dans l'embrasure une femme d'une quarantaine d'années, ses cheveux noirs striés de mèches grises. Elle écarquilla les yeux en découvrant celui qui se tenait sur le porche, demeura un moment muette, les mains serrées sur la poignée. Puis elle secoua la tête et poussa un profond soupir.
-Dé... Désolé, bafouilla-t-elle. Un instant, j'ai cru que;.. Mais pardon, je m'égare. Que désirez-vous, monsieur ?

[Streen]

-Je ne suis pas Lars ?
Bien sur que non. Pourquoi avait il pris la peine de poser la question ? Il était évident qu’il devait lui ressembler mais ça s’arrêtait là. Si cette femme était vraiment la mère de celui-ci, elle saurait la vérité. Elle ne pouvait pas se tromper. Mais dans ce cas qui était il ? L’agacement commença à s’emparer de lui. Pourquoi tous ces mystères ? Pourquoi cela devait il arriver à lui ? Il fixa le femme qui sembla surpris d’entendre Streen prononcer ce nom.
-Non, je regrette. Vous lui ressemblez comme deux gouttes d’eau mais vous n’avez pas les mêmes yeux. Les votres sont noirs tandis que ceux de mon fils sont marrons.Je ne saurais me tromper bien que les autres feraient la confusion.
Il resta figé. Il en avait la confirmation. Il était revenu au point mort. Il s’éloigna d’un pas vif sans même adresser un mot ni un regard à son interlocutrice. Il devait trouver un moyen de savoir qui il était.

[Taliesin]

La mère de Lars demeura immobile sur le seuil de sa maison, fixant l'inconnu qui s'éloignait, celui qu'un instant elle avait pris pour son fils enfin revenu. Mais ce n'était pas lui... Qui était-il, d'ailleurs ? Il paraissait particulièrement perdu, confus. Et amnésique, si elle avait bien saisi le sens de ses paroles. Ou fou, tout simplement. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas son affaire : elle avait eu son compte d'émotions fortes pour la journée, et elle referma promptement la porte.
Sur la place du village, les derniers habitants se hâtaient vers leurs propres demeures. C'était à peine le milieu d'après-midi mais déjà la nuit hivernale s'approchait, avec ses ombres courtes et son froid mordant. Les ruelles avoisinantes étaient silencieuses, de même que la plupart des habitations calfeutrées pour empêcher la chaleur des foyers de s'échapper. Les seuls bruits qu'on pouvait entendre provenaient de l'auberge, de l'autre côté de la place.

[Streen]

Streen grelottait de froid. Il n’avait rien pour se chauffer et il finirait congelé s’il restait ainsi figé sur place réfléchissant à ce qu’il devait faire par la suite. Il devait continuer ses recherches. La nuit commençait à tomber mais tout n’était pas perdu. La taverne était encore animée et c’était peut être encore le seul endroit ou il pouvait non seulement se réchauffer mais aussi se renseigner sur lui-même. A condition qu’on ne le prenne pas pour Lars. De plus, les gens dans ce village lui avaient paru froids et il doutait que l’un deux veuille vraiment l’héberger. Il rentra d’un pas lent et hésitant dans la taverne. Il sentit à ce moment là que tous les yeux se tournaient vers lui.

[Taliesin]

L'intérieur de l'établissement était des plus typiques : un sol recouvert de sciure, des tables et des bancs rustiques et patinés par le temps, un comptoir bordé de tabourets... Rien que de très commun en semblable lieu. Le tenancier n'était pas non plus particulièrement remarquable : le cheveu rare et grisonnant, la panse rebondie sans être proéminente, il était occupé à nettoyer une chope et adressa à Streen un regard vaguement curieux lorsque celui-ci passa la porte. Les clients firent de même. Ils étaient une petite dizaine. Des hommes, exclusivement. Et d'un âge mûr, sinon avancé.
Le prime intérêt passé, chacun retourna à ses discussion, et Streen put s'avancer librement dans la salle commune. Il y faisait chaud, grâce à un feu joyeux crépitant dans la grande cheminée. Et, au dessus des flammes, une imposante pièce de gibier, suintante de graisse, tournait lentement sur une broche, grâce aux efforts vigilants d'un petit marmiton. De la viande émanait un fumet savoureux propre à faire gargouiller l'estomac vide du voyageur affamé...

[Streen]

Streen se moquait des discussions qui avaient lieu autour de lui. Il souhaitait se faire discret et se mêler à l’une d’entre elles pourrait compliquer les choses. Malheureusement, les choses n’étaient pas aussi simples. Il était là pour en savoir plus sur son identité et ce n’était pas en restant à l’écart qu’il y parviendrait. Mais pour le moment, il devait tout d’abord se restaurer et se reposer. Il demanda au tenancier le souper. Il réalisa qu’il n’avait pas d’argent et se mit à s’affoler. Le tenancier sembla remarquer son comportement.
-Ne prenez pas cet air catastrophé. Vous avez le droit de manger Lars. Auriez vous oublié les services que vous avez rendus à l’auberge ? Vous etes partis sans réclamer votre dû la dernière fois que nous nous sommes vus. Cela fait longtemps d’ailleurs.
Interloqué,il laissa le tavernier poursuivre.
-Mais d’ailleurs, pourquoi n’êtes vous pas chez vos parents ? Vous vous êtes encore disputés avec eux ? Bah ce n’est pas grave,ce n’est pas la première fois.
Il ne posa plus de questions et servit à Streen la viande qu’il avait préparé. Streen ne s’était pas trompé. Lars avait disparu mais personne ne semblait être intéressé par son retour. Les gens dans ce village étaient distants envers les autres. Il mangea avec appétit la viande.

[Taliesin]

Évidemment, aussi peu intéressés qu'ils fussent par le retour du présumé Lars, certains clients n'en évoquèrent pas moins le sujet. Et, bien qu'ils fissent effort pour ne pas être entendus, Streen comprit que quelques-uns n'étaient pas aussi sûrs de son identité que le tavernier Le débat commença peu à peu à s'animer, au même rythme que les chopes se vidaient et, alors que le voyageur terminait son plat, un homme finit par se lever et murmura quelques mots au propriétaire avant de quitter les lieux. Celui-ci haussa les épaules, jeta un regard en coin à Streen, puis r'en fut chercher une bière pour un autre client qui semblait beaucoup s'amuser de la situation.

[Streen]

Lorsqu’il eût fini son repas, il se leva estimant qu’il n’avait plus rien à faire dans cette ville. Il avait senti les regards soupçonneux se poser sur lui et se sentit mal à l’aise. Personne ne l’aiderait ici. A ce moment là, un jeune homme entra essoufflé. Il portait apparemment une commission demandant où se trouvait la maison des Santis. A ce moment là, un client qui avait participé au débat sur l’identité de Streen se leva brusquement et en demanda la raison. Le jeune homme répondit qu’il portait un message provenant d’un certain Lars pour ses parents. Il était apparemment parti pour refaire sa vie ailleurs. Il s’était marié et menait une vie paisible dans un village. Mais sa bizarrerie semblait avoir quand même raison de lui dans la mesure où il avait demandé à un jeune homme de son village de porter le message alors qu’il était lointain plutôt que d’utiliser les moyens habituels. Tous les regards se tournèrent vers Streen qui était resté figé lors de l’intervention du jeune homme. Comprenant que les choses commençaient à sentir le roussi, il prit les jambes à son cou renversant une table au passage. Personne ne songea à le poursuivre. Tous ceux qui connaissaient Lars avaient apparemment ingurgité trop de bière.

[Taliesin]

La nuit était tombée et, avec elle, le froid s'était fait plus mordant. Streen ne pouvait sensément pas passer la nuit au dehors mais, vu les derniers événements, il lui serait difficile, sinon impossible, de trouver un abri dans le village. S'il rebroussait chemin et repartait d'où il était venu, il ne rencontrerait qu'une seule maison, celle des rôdeurs dans laquelle il s'était déjà attardé. Il pouvait aussi prendre au sud, par une route plus large qui serpentait paresseusement entre des champs endormis qui attendaient les semailles. Mais il n'avait aucun moyen de savoir si cet itiniraire lui offrirait des possibilités de gîte...

[Streen]

Streen suivit le seul chemin qui s’offrait à lui. Le vent lui caressait le visage et le froid se fit de plus en plus sentir. Pourtant il n’avait qu’une seule idée en tête : dormir. Il marcha lentement en direction des champs. Autour de lui, l’obscurité était complète et seul la lune occupait un espace. Par chance,il était un demi-elfe et par conséquent,il possédait l’infravision. Néanmoins, cela ne lui suffit pas à se sentir rassuré. Il préférait de loin la lumière du jour. Il continua sa progression de plus en plus lentement, mais épuisé,il s’écroula au milieu d’un champ.

[Taliesin]

Une odeur de fumée lui fit cependant relever la tête.
Dans le ciel obscur, se détachant sur la lune gironde, un panache gris, ténu, s'élevait quelque peu avant d'être dispersé par le vent. Il semblait provenir de derrière une colline basse bordant le champ, colline que la route franchissait en pente douce avant de plonger de l'autre côté. Il devait y avoir là une ferme isolée. Peut-être y accueillerait-on le voyageur épuisé ? Dans tous les cas, c'était probablement le seul abri à des lieues à la ronde. S'il ne choisissait pas celui-là, il lui faudrait sans doute se résoudre à dormir sous le couvert relatif d'arbres dépouillés de leur feuilles par l'hiver.

[Streen]

Malgré l'épuisement qui le tenaillait, il se dit qu'il devait parvenir à ce lieu.Mais ce n'était pas lui-même qui voulait y aller mais la volonté qui semblait occuper son esprit ces temps ci. Lorsqu'il sentit avoir de nouveau le controle de lui-même, il réalisa qu'il avait parcouru une bonne distance et qu'il avait choisi de se diriger vers la ferme.Il continua sa progression vers celle ci.

[Taliesin]

Il s'agissait d'une petite chaumière. Elle était construite au pied de la colline, à l'écart de la route, et cachée de celle-ci par un rideau de saules qui poussait le long d'un ruisselet dont l'eau gazouillait faiblement dans le silence nocturne. Pour s'y rendre, on empruntait un sentier à peine visible, et il fallait traverser un jardin planté d'herbes étranges et odorantes.
Streen n'avait toutefois pas atteint la limite de celui-ci que, déjà, la porte de la maison s'ouvrait et qu'une petite silhouette, menue, courbée sur un lourd bâton, faisait son apparition à contre jour sur la lueur dansante d'un feu.
-Ah, je me disais bien q'il y avait un égaré dans les parages... fit une voix de femme. Entrez, mon garçon. Si vous attrapez froid, ça m'obligera à vous préparer une potion, et je vous garantis que le goût en est affreux.

[Streen]

Interloqué par cette situation inattendue, Streen hésita pendant un instant. C’était bien la première fois qu’il voyait quelqu’un l’inviter à passer la nuit chez lui.
-Ecoutez, dit il, je n’ai pas d’argent à vous offrir et…
-Allons, ne refusez pas cette offre. De toute façon, vous aurez besoin de repos, surtout quand je pense aux aventures qui vous attendent.
Streen resta figé sur place. Comment cette femme savait elle qu’il allait subir de nombreuses aventures ? Lui-même n’en savait rien. En examinant la femme trapue et son bâton, il se demanda s’il n’était pas sur le seuil de la porte de la chaumière d’une sorcière. Dans ce cas,cela expliquerait sa phrase. Elle était peut être voyante. A moins qu’il ne se trompait et que la phrase de la vieille femme était anodine pour elle. Elle pouvait être également une simple personne qui s’était imaginé qu’il était un voyageur.
-Je n’ai pas besoin d’argent reprit elle.
Finalement, il entra dans la chaumière qui dégageait malgré tout une odeur nauséabonde. Mais mieux valait un lit bien chaud plutôt qu’une nuit à la belle étoile glaciale,surtout dans cet état de fatigue.

[Taliesin]

L'odeur provenait d'une multitude de bocaux, de boites, de jattes soigneusement alignés sur des étagères recouvrant les murs de la petite masure. De ce qu'en vit Streen, ils contenaient des plantes de toutes sortes et sous toutes formes : feuilles, tiges, racines, fleurs séchées... il y avait des livres, également, de gros ouvrages à la couverture craquelée. Et une grande marmite suspendue au dessus d'un bon feu, dans la cheminée. Une marmite assez grande pour y faire sans mal mijoter un enfant. Oui, Streen était peut-être bien tombé sur la chaumière de quelque dangereuse sorcière.
Pourtant, l'air qu'arborait la femme était neutre, sinon bienveillant. Et la seule chose qui cuisait, pour l'heure, c'était une soupe de légumes. Pour être franc, la maison n'avait rien d'inquiétant, si l'on oubliait un instant les contes de veillées...
-Un égaré. Cela faisait bien longtemps que je n'en avais croisé... murmura son hôtesse, songeuse.

[Streen]

-A ce propos qui êtes vous ? Il est rare de croiser des personnes égarés de nos jours.
-La…heu Streen. Je veux dire Streen.
Il s’était ravisé alors qu’il s’apprêtait à dire Lars. La dernière fois qu’il avait menti,cela lui avait causé des ennuis.
-Et d’où venez vous ?
Il resta muet. A vrai dire,il n’en savait rien.
-Hé bien, pourquoi ne parlez vous pas ? Avez-vous perdu votre langue.
Aussitôt,elle sembla figée, comme une statue de marbre.
-Vous êtes amnésique ?
Streen sursauta. Etait elle une sorcière ? Possédait elle des dons de divination ? Ou bien, est ce le silence de Streen qui lui laissait supposer cela ?
Elle soupira puis finit par reprendre la parole.
-Vous m’avez bien l’air épuisé. Vous feriez mieux de vous reposer. J’ai d’ailleurs une chambre à votre disposition. Demain, je ferai peut être quelque chose pour vous.
Sur ce,elle prit une chandelle et fit signe à Streen de la suivre. Elle l’amena dans une chambre puis posa la chandelle au pied du lit.
-Bonne nuit Streen.
Puis elle sortit de la chambre pour retourner à ses activités.
Streen s’allongea sur le lit. Il était temps pour lui de prendre du bon repos.
Cependant que voulait dire son hôtesse par « Demain, je ferai peut être quelque chose pour vous » ?
Il n’eût pas la réponse, sombrant dans un profond sommeil.

[Taliesin]

Lorsque Streen se réveilla, la lumière filtrait par les rideaux tirés de la chambre. Et quand il gagna la pièce principale, il put constater que le soleil était déjà haut dans le ciel. Sur la table, il découvrit du pichet de lait, du pain, du beurre, des œufs et un pot de confiture. De quoi faire un copieux déjeuner ! Mais de son hôtesse, nulle trace.
Cependant, il perçut bientôt un fredonnement, provenant du dehors, mêlé au chant d'un oiseau solitaire. Puis la porte s'ouvrit et la veille femme fit son apparition, un panier rempli d'herbes diverses à la main.
-Bien dormi ? lui demanda-t-elle d'un ton léger.

[Streen]

-heu je…oui merci, j’ai très bien dormi.
Streen se sentit coupable. Il n’avait rien pour payer son hôtesse et malgré cela, elle lui avait offert le coucher. Comme si ce n’était pas suffisant,elle lui avait préparé un copieux repas. Il était toujours préoccupé par les propos qu’elle avait tenue la veille. Quelle surprise avait elle pour lui ? Le petit déjeuner ? Oui ça devait être sûrement cela. Il s’assit et mangea le copieux déjeuner qu’elle lui avait concocté. Il n’adressa pas un mot tout au long du déjeuner. De son coté, son hôtesse fit de même, s’occupant de jeter quelques poignées d’herbes qu’elle avait récupéré dans le chaudron.