[Bâtiment] La demeure d'Aldebert Closfleuri

[Arya Du Varden]

Tout en attendant Maître Closfleuri, la magicienne avait feuilleté distraitement les quelques revues qui se trouvaient sur la petite table faisant face au fauteuil confortable dans lequel elle s’était installée, puis profita de cette attente pour se reposer en laissant son esprit s’échapper. Celui-ci s’en était allé à la rencontre de Podrick et lorsque l’avocat apparu, une idée lui vint pour au moins connaître les lois si l’enfant venait à dire qu’il avait trouvé un employeur, car elle n’avait pas de gros sacs d’or à offrir à sa mère pour qu’il fut libre de suivre la scolarité qu’elle souhaitait pour lui et de profiter du peu qu’il lui restait de son enfance.<o>

</o> Elle répondit d’un franc sourire à la mine avenante de l’avocat et s’obligea tout de même à un air un peu contrit pour lui annoncer sa décision.<o>

</o> Je suis également ravie de vous revoir, Maître Closfleuri, je ne voulais pas vous faire attendre pour vous apporter ma réponse, ma décision étant prise, mais ce n’est pas sur la maison que vous proposez, j’en suis désolée, car mon choix s’est porté sur une demeure moins stricte au jardin plus … sauvage disons et plus près du Grand Parc … c’était mon premier critère …<o>

</o> Elle revoyait la verdure qui avait prit cet air indompté par manque d’entretien et sourit. Puis, sa mine se fit plus grave.<o>

</o> Je regrette que vous n’ayez pas plus de temps, mais je suis prête à prendre un rendez-vous car j’aurai quelques questions concernant un enfant, bien évidemment, je paierai les honoraires que vous me demanderez pour la consultation.

[Taliesin]

-Je m'en doutais... soupira l'avocat. Elle est sévère, austère, droite comme pourrait l'être quelque patricien adepte du stoïcisme... Et il me semble que vous ne correspondez guère à ce genre de personne. Pour être franc, s'il n'y avait eu votre intérêt amusé pour le fantôme, j'aurais d'emblée parié que la demeure ne vous conviendrait pas. Ne me reste donc plus qu'à espérer que d'autres amateurs de phénomènes étranges viennent à entendre parler de cette offre. Et que ce bougre de fantôme daignera montrer le bout de son nez.
Il sourit, preuve que le choix de la magicienne ne le dépitait pas outre mesure. Il avait sans doute bien d'autres soucis en tête.
-Pour le reste... Je ne suis pas si pressé que cela, vous savez. Que je prenne quelques minutes de pause ne changera rien au travail qu'il me reste a faire. Cela ne peut même que me distraire. Alors, n'hésitez pas à me poser vos questions. Quant aux honoraires... Je ne suis pas homme à faire payer une simple conversation ! Nous en reparlerons si, d'aventure, je devais pour vous répondre arpenter des jours durant les poussiéreuses archives de Luménis à la recherche d'un obscur point d'un encore plus obscur réglement plus guère usité depuis un siècle...

[Arya Du Varden]

Arya sourit à l’évocation du fantôme, elle n’était guère ouverte et pas plus apeurée par cette possibilité et il est vrai que son choix ne pouvait en être affecté. Mais l’avance de l’avocat, lui apporta un plaisir qu’elle ne cacha pas.<o>

</o> Merci Maître pour votre obligeance, mais je ne pense pas qu’il faille fouiller dans les archives, enfin je ne sais pas. La loi de ce monde m’est étrangère et … enfin voilà ce dont à quoi je voudrais trouver une réponse.<o>

</o> Elle soupira tant cela lui pesait d’avance qu’il n’y eut rien à faire et que son petit protéger dû se plier au bon vouloir de sa mère jusqu’à sa majorité.<o>

</o> Et bien, dès mon arrivée à Lumenis, j’ai fait la connaissance d’un enfant. Sa mère est prostituée à la maison close dans les taudis et lui vit dans une écurie juste à côté sans que celle-ci ne subvienne à ses besoins et … je sais qu’ils sont nombreux dans cette situation, mais lui … enfin, c’est un enfant intelligent, courageux et honnête, il travaille dur pour pouvoir simplement se nourrir et … j’ai oublié de vous dire que depuis notre rencontre, je lui apporte l’enseignement nécessaire pour qu’il arrive au niveau scolaire des enfants de son age … enfin, je disais qu’il est courageux, car en plus de son travail, il fait tous les devoirs que je lui donne et cela très sérieusement, de plus évidemment en cachette pour éviter les jalousies et qu’on lui prenne les affaires que je lui ai mis à disposition. J’ai les moyens de le prendre en charge, d’autant maintenant que j’ai une maison, de lui apporter la possibilité de vivre une vie d’enfant comme il le mérite vraiment. Sans lui en parler directement, nous avons abordé de cette éventualité. Pour demander à sa mère, cela n’est pas possible car elle me demandera une quantité de pièces d’or que je ne possède pas, bien que je sache que cet enfant en vaut largement plus, mais il a évoqué la possibilité de dire qu’il a trouvé un employeur et que celui-ci préfère qu’il loge sur place … est-ce une solution valable, car dans ce cas je pourrai dire que je l’embauche pour s’occuper du jardin, de la maison, que sais-je encore …
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</o> Le regard de la magicienne se fit presque suppliant et plein d'espoir comme si l’avocat était celui qui rédigeait les lois et qu’elle espérait qu’il en ferait une juste pour que son petit protéger puisse sortir des taudis et fuir la vie dure qui lui était imposée.<o></o>

[Taliesin]

La mine du sieur Closfleuri s'était assombrie tandis qu'Arya lui faisait part de la situation et, lorsqu'elle en eut terminé, il secoua la tête, lugubre.
-Oui, la vie n'est pas facile pour tout le monde. La chute de Nwalk est un nouvel espoir pour Luménis, mais tous n'y ont pas encore droit. Le gouvernement fait tout son possible pour venir en aide aux démunis, particulièrement ceux des Taudis, mais le chantier est immense, et il manque de moyens. Il faudra des années pour que la situation s'améliore. Et pendant ce temps, certains seront condamnés à la misère... Dans un monde idéal, aucun enfant ne devrait être forcé à travailler. Mais, malheureusement, nous ne vivons pas dans un monde idéal...
Il soupira.
-Enfin, vous n'êtes pas là pour entendre mes états d'âme. Alors, pour vous répondre le plus clairement possible, rien ne s'oppose à ce que vous embauchiez cet enfant, comme domestique, jardinier ou tel intitulé qu'il vous plaira de donner à son travail. Tant que vous ne lui demandez pas de trop en faire, que vous ne l'épuisez pas à la tâche... Mais je sais bien que ce n'est pas le propos, ici, que le travail est un prétexte. Malheureusement, sa mère peut mettre son véto : c'est elle qui possède l'autorité parentale, et à moins qu'on ne l'en démette, c'est elle qui peut prendre toutes les décisions concernant le petit. Si elle refusait cette opportunité, et que vous vouliez persister... La seule solution serait de poursuivre cette dame en justice. On ne peut pas condamner un parent pauvre qui n'a pas assez d'argent pour vêtir, nourrir ou entretenir décemment son enfant et qui lui demande de travailler. Donc, que celui-ci travaille, ce n'est pas un crime en soi, et s'il n'y a que cet élément à charge contre sa mère, aucune démarche judiciaire ne pourrait aboutir. Toutefois, ici, les choses seraient un peu différentes, puisque, sciemment, elle lui refuserait une opportunité d'existence décente. Donc, si vous pouvez prouver qu'elle s'oppose à votre offre alors qu'elle-même ne peut subvenir aux besoins du petit ou, pire, qu'elle peut y subvenir mais ne le fait pas... Vous auriez des chances de voir la mère déchue de son autorité parentale. Et si l'enfant, en plus du délaissement, est victime de mauvais traitements, cela ne rendrait le dossier que plus solide.
Il eut un pâle sourire.
-Mais pardon, je vais trop vite en besogne, je me laisse emporter par mes sentiments... Si la situation est telle que vous la décrivez, c'est une chance immense que vous offrez à cet enfant, et je ne vois pas qui pourrait la lui refuser, pour quel prétexte que ce soit. En dehors d'une mère indigne. Mais je doute que les choses en arrivent aux extrémités que j'évoquais à l'instant. Je n'imagine pas qu'elles puissent en venir là. Ce serait par trop... Qui pourrait refuser cela à son enfant ? Enfin, j'ai toujours été un peu idéaliste. Naïf, dirons certains. Sans quoi je ne ferai pas mon métier, probablement...

[Arya Du Varden]

La magicienne posa un regard nouveau sur l’avocat, il avait parlé avec son cœur et elle en était profondément émue, elle n’était pas la seule à penser que les taudis ne devraient pas exister et surtout qu’une mère ne pouvait refuser à son enfant la chance d’étudier et d’avoir une vie meilleure. Mais Podrick avait été clair sur l’état d’esprit de sa mère. Peut-être se faisait-il une idée simplement sur les paroles entendues ? Cela semblait peu probable, mais maintenant, l’elfe était bien décidée à tenter le tout pour le tout, voire la justice si la situation l’exigeait.<o></o>

Merci Maître, vous ne me donnez pas de solution, mais de l’espoir. Croyez surtout que vos états d’âme et les miens sont bien semblables. Comme vous l’avez compris, il est bien évident que je ne le ferai pas travailler, c’est …. si inconcevable que de si jeunes enfants travaillent … bien que je sache que sans cela, ils ne pourraient survivre.<o>

</o> Tout en continuant à parler, Arya espérait que Podrick jugeait mal la réaction de sa mère, sans y croire vraiment. Ce n’était qu’une pauvre femme probablement jeune qui aspirait à autre chose et qui n’avait probablement jamais été à l’école, ni eut de véritable enfance et ne cherchait pas à comprendre que pour son fils, cela pouvait être différent.<o>

</o> Le peu que je sais de sa mère, c’est l’enfant qui me l’a rapporté. Et dans le sens de violences physiques, on ne peut pas l’accuser de mauvais traitements, l’enfant ne la voyant que rarement et il ne m’a jamais évoqué de quelconques coups, je ne sais si elle pourrait ou pas subvenir à ses besoins, mais je ne pense pas, en réalité je n’en sais rien. Dans l’absolu, ni qu’elle l’oblige à travailler d’ailleurs…. mais elle ne lui donne rien et les jours où il n’a pas gagné quelques pièces, il n’a pour se nourrir que les restes de la maison close, lorsqu’il y en a et ce peu il faut que tous les enfants se le partagent. Disons, qu’elle s’en désintéresse totalement et il n’a d’autre alternative que le travail où il est exploité et avec ses maigres gains ne peut faire plus que se nourrir … sinon, il serait obligé de … non, il en serait incapable, il est honnête et c’est une qualité qu’il faut lui reconnaître.Arya soupira de désespoir se souvenant des paroles de son petit protéger.Ce que je crains le plus, c’est qu’elle se moque du bien être de son enfant, ce qui en réalité est le cas pour la vie de tous les jours, et qu’elle fasse tout pour qu’il ne soit autre chose que la possibilité de se faire de l’argent du moment que quelqu’un s’intéresse à lui.Le sourire revint bien vite sur son visage. Mais forte de ce que vous m’avez dit, je vais aller lui parler, peut-être que l’enfant n’a pas bien compris et que si lors de sa naissance, elle est allée trouver les potentiels pères de son enfant pour leur réclamer de l’argent ceci ne soit qu’une démarche et qu’aujourd’hui, elle sera heureuse qu’il ait un avenir … enfin, je vais essayer d’y croire. Sinon, j’irai en justice, cela me fera mal de traîner une mère devant un juge, d’autant que je suis persuadée qu’elle a dû avoir la même enfance que son fils, j’aurai l’impression de lui voler son enfant, ce n’est pas du tout ce que je veux, mais si elle refuse, est-elle vraiment une mère ?
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La tendresse qu’elle avait pour son petit protéger était palpable.<o>

</o> Je me suis attachée à cet enfant et je ne lui veux que du bien, mon but premier n’est pas de la séparer de sa mère, mais il n’y a pas d’autre alternative pour qu’il puisse quitter les taudis et avoir un avenir plus souriant que celui auquel il doit s’attendre si au lieu d’étudier, il ruine sa santé en travaillant et doit se cacher pour apprendre pour éviter la jalousie et les vols.
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Ne voulant pas abuser du temps que l’avocat venait de lui offrir avec bienveillance, la magicienne estima qu’il était temps de laisser le brave homme à ses dossiers qui devaient être bien plus ardus à traiter.<o>

</o> Je vous remercie pour votre obligeance Maître Closfleuri, si cela devait aller jusqu’en justice et bien évidemment si vous acceptez et pouvez encore prendre une nouvelle cliente, je me permettrai de venir vous trouver pour plaider cette cause, bien que je veuille rester confiante dans le fait que sa mère ne s’opposera pas au bonheur de son fils.<o></o>

[Taliesin]

Closfleuri acquiesça puis se leva pour saluer la magicienne.
-Il vaut mieux être confiante, oui, et ne pas d'emblée envisager les choses sous le plus mauvais angle. La nature humaine à sa part d'ombre, et celle-ci se révèle souvent lorsque la vie n'est pas simple, qu'on accumule difficultés, vexations et dépits, que rien ne va dans le sens qu'on avait espéré. Mais il y a aussi une part de lumière, et elle surgit parfois quand on s'y attend le moins. J'espère qu'il en sera ainsi pour cette dame. Dans tous les cas, n'hésitez pas à revenir me voir. Je dois plaider certaines affaires dans la quinzaine qui vient. Sans doute serais-je un peu plus libre après.

[Arya Du Varden]

Arya ne souhaitait pas en arriver à aller en justice, mais le cas échéant, elle serait assurée que l’avocat saurait trouver le chemin pour que la mère de Podrick ne puisse empêcher son enfant de profiter d’une vie meilleure et de l’instruction indispensable à son avenir. Rien n’était encore gagné, ni garanti de l’être, mais elle savait maintenant qu’il y avait quelque chose à tenter et c’est le sourire aux lèvres qu’elle se leva et salua chaleureusement l’avocat.<o>

</o> Je vous suis très reconnaissante pour votre aide inestimable qui me donne de l’espoir. Il y a du bon dans tout être vivant et j’espère que je ne vous reverrai que pour vous annoncer qu’il n’est nul besoin d’aller en justice. Encore merci, Maître Closfleuri pour le temps que vous m’avez consacré.<o>

</o> Lorsque la magicienne quitta la maison de l’avocat, son sourire était le reflet de cet espoir qui pouvait devenir réalité, ne lui restait maintenant plus qu’à en parler à l’enfant, fait incontournable avant de rencontrer sa mère. Mais, le temps avait passé bien vite entre le syndicat du commerce et l’entretien avec maître Closfleuri et tout en se dirigeant vers le parc, elle espérait que son petit protéger serait allé l’attendre à la Taverne plutôt que rester dans le froid glacial qui régnait.<o></o>