[Quête] Premier contact

[Taliesin]

En quittant la demeure de la vieille femme, Streen avait emprunté l'infime sente longeant le ruisselet, laquelle avait bientôt débouché sur un chemin plus large qui filait plein est. Il était encore tôt et, malgré sa nuit agitée dont il ne gardait aucun souvenir, le demi-elfe avança d'un bon pas. Autour de lui, peu à peu, le paysage se modifia, se fit moins sauvage. De-ci, de-là, il vit des pâtures pour l'heure désertes, des champs attendant les semailles, le tout entrecoupé de bois peu étendus et de collines broussailleuses.
Vers midi, il aperçu dans le lointain les toits serrés d'un petit bourg. Cela paraissait le lieu idéal pour faire une halte, se restaurer. Seul souci, Streen n'avait toujours pas d'argent...

[Streen]

Streen grimaça rien qu’à l’idée de devoir débourser une pièce pour pouvoir manger, chose qu’il ne possédait pas. Pourtant il fallait qu’il mange. Il n’allait pas chasser un animal alors qu’il n’avait pas d’arme sur lui. Il réfléchit sur le moyen qu’il pouvait utiliser mais la dernière fois, il avait eu de la chance, on l’avait pris pour Lars. Finalement, il décida d’entrer dans le petit bourg. Après tout,il avait eu de la chance une fois, pourquoi pas deux ? Pourtant il n’y croyait pas un mot. Mais quelle autre option avait il ?

[Taliesin]

Ce bourg était sensiblement plus grand que celui précédemment visité par Streen. Il était traversé par deux larges rues qui se croisaient, presque à angle-droit, sur une vaste place centrale pour l'heure grouillante de monde : c'était jour de marché, visiblement. De multiples étals s'y alignaient, offrant aux chalands artisanat local, productions agricoles diverses et poisson, signe que la mer n'était pas très loin ou que les communications avec la côte étaient faciles et rapides, sans doute grâce à de bonnes routes.
Si la place était la zone la plus active de la petite ville, ses autres rues et ruelles n'en étaient pas moins très fréquentées : des habitants y circulaient, vaquant à leurs affaires, entrant ou sortant des quelques boutiques que l'on pouvait trouver et au nombre desquelles on comptait au moins deux tavernes.
Aucun des passants ne prêta attention à Streen : après tout, il avait l'air des plus ordinaires, et dans une aglomération comptant sans doute plusieurs centaines d'habitants et vivant du commerce, on ne s'étonnait pas vraiment de voir de nouvelles têtes...

[Streen]

Streen s’émerveilla en observant cette cité. Certes elle n’était pas immense et ne devait pas valoir Luménis, Manost ou Melandis, mais elle semblait magnifique. Streen estima qu’il n’avait pas le temps de s’attarder. Il devait d’abord manger et après, il devrait se remettre en route. Hésitant entre la taverne et le marché, il choisit le marché. Si personne ne l’aidait, peut être qu’il verrait à la taverne. Mais comment l’aider alors qu’il n’avait pas le moindre sou ? Une idée lui vint alors. Si l’un de ces marchands avait un service à demander à quelqu’un, il pourrait en profiter pour marchander ce service contre de l’argent ou de la nourriture. Il ne savait pas si cela fonctionnerait. De plus, il n’avait jamais fait preuve de diplomatie. Son attention se focalisa vers un étalage de légumes sans apercevoir le marchand. Tiens, où était il passé ? Intrigué il s’y dirigea.

[Taliesin]

L'étalage offrait des légumes d'hiver en quantité : poireaux, navets, et choux, notamment. Mais surtout, surtout, il y avait des navets. Beaucoup de navets. Quant à la raison de l'invisibilité du marchand, Streen ne tarda pas à la découvrir.
-Vous désirez ? fit une voix, derrière l'étal.
Un instant plus tard, un gnome faisait son apparition. Barbu, vêtu d'habits de paysan, il toisa le nouveau venu avec curiosité.
-Oh, un demi-elfe. Vous allez trouver votre bonheur ici, messire ! Il est notoire que les elfes sont amateurs de légumes et de produits frais ! Rien qu'à vous voir, je sens que c'est votre côté elfique qui parle en regardant mes productions ! Alors, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Du céleri, peut-être ? Ou des navets ? Ils sont excellents, vous savez. Du tout premier choix.

[Streen]

Streen toisa le gnome avec surprise. A vrai dire il lui paraissait étrange. Comment pouvait il vendre autant de navets ? Il ne devait pourtant pas y avoir plus de monde qui devait en acheter que s’il s’agissait de carottes ou de poireaux. D’ailleurs le simple fait de penser à ces légumes provoqua un gargouillement dans son estomac, hormis les navets qui ne lui disaient rien de bon.
-En fait je suis intéressé par tous vos légumes mais je suis malheureusement sans le sou.

[Taliesin]

-Ah ! C'est un ennui du genre ennuyeux, ça. Un problème pineux....
Il fronça les sourcils.
-Bon... Mais s'il y a problème, il y a solution. Forcément : c'est axiomatique ! Il suffit donc de la chercher, de la trouver, de l'attraper, de ne pas la laisser repartir...
Il sembla alors s'abîmer dans une profonde réflexion. Puis sa mine s'éclaira : il observa Streen, puis le marché autour de lui, puis Streen, à nouveau.
-Bon, je crois que j'ai trouvé ! lança-t-il, joyeux. Et si je vous engageais pour la journée ? Avec possibilité de prélever une part de la marchandise pour votre consommation personnelle et une éventuelle part des bénéfices suscités par notre collaboration ? Qu'en dites-vous ?

[Streen]

Streen n’hésita pas sur l’opportunité qui lui était offerte. Certes il nourrissait quelques doutes sur le gnome qui était un grand amateur de navets, mais en même temps, il le trouvait amusant. Il avait pensé en entrant dans cette ville à proposer ses services à quiquonque le lui demanderait. Et voilà que le premier venu était le bon. De plus, la famine qui se manifestait dans son estomac l’interdisait de refuser cette offre. Il sentit sur le moment un regain d’énergie et d’espoir. Pour une fois, la chance était avec lui. Il était prêt et sentait capable d’effectuer n’importe quelle tâche. Une seule chose le faisait peur : la présence dans son esprit.
-Je suis votre homme annonça t’il.

[Taliesin]

-Parfait, parfait ! s'exclama le gnome. J'étais sûr que vous feriez l'affaire ! Mais approchez donc pour que je vous explique le plan...
Il entraîna Streen derrière l'étal et lui fit signe de se pencher afin qu'il put lui parler à voix basse.
-Le problème, avec les humains, c'est qu'ils ne savent pas manger sain. Mes légumes, ils n'en veulent bien que comme accompagnement pour mettre avec leurs tourtes à la viande, leurs rôtis, leurs plats lourds et bourratifs, le genre de truc qui vous reste sur l'estomac et vous fait prendre un sacré embonpoint. L'idée, ça serait donc de les guider sur la voie du mieux-manger, de les faire entrer dans l'âge de la diététique. Bon, je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, la diététique, mais mon oncle Fulbert il disait toujours que c'était vachement important. Alors, il faudrait... Que vous mangiez de mes légumes. De mes navets, surtout. Et que vous vous exclamiez d'un air ravi sur leur goût admirable, sur leur succulence, sur le fait que vous vous sentez plus léger, plus en forme, prêt à affronter le froid, l'hiver, une longue marche. Tout ça grâce à mes légumes ! Ainsi, et bien... Les gens se rueront pour en acheter. Vous, vous aurez le ventre plein et vous gagnerez de l'argent. Et moi, je repartirai, pour une fois, en ayant vendu tout mon stock ! Nous ferons le bien en nous faisant du bien. N'est-ce pas l'idéal ?

[Streen]

Streen s’attendait à tout de la part du gnome sauf à ça. Bien sur,il lui avait paru assez loufoque mais il fallait être vraiment farfelu pour avoir une telle idée. Pourtant l’idée ne lui déplut pas. Après tout,il serait repus et puis si cela lui permettait en plus de gagner de l’argent…
Goûter aux navets le réjouit peu mais après tout, peut être que leur saveur était délicieuse.
-Je suis prêt,on démarre ?

[Taliesin]

-C'est pas le genre de trucs qu'il faut me dire deux fois ! fit le gnome, ravi. Je suis certain que nous allons former une très bonne équipe, vous et moi ! Et que nous allons convertir cette ville au bien manger, au bien vivre, à une alimentation saine et équilibrée ! Qui sait, d'ici peu, mes produits seront peut-être déclarés d'utilité publique...
Il sourit largement
-Mais trêve de blabla : œuvrons au résultat ! On a du pain sur la planche... Enfin, du navet, plutôt. D'ailleurs, à ce propos, vous voulez les manger crus, cuits ? Tièdes ? J'avoue que je n'ai aucune idée des habitudes culinaires de votre espèce... Les elfes, ça serait crus, j'imagine. Les humains cuits, quoi que ça dépend de la saison...

[Streen]

Streen écarquilla les yeux. Jusqu’à maintenant, jamais il n’avait songé à manger des légumes selon leur cuisson. Depuis son premier jour, il n’avait pas eu le choix. Ce qu’on lui avait proposé était chaud ou froid. La faim le tenaillait et il ne pouvait plus attendre. Il était inutile de s’encombrer avec de telles broutilles.
-Ecoutez, nous n’avons plus le temps pour cela. Je prendrai les légumes tels qu’ils sont.
Il s’impatienta et tapa du pied.
-Avez-vous préparé votre discours ? Je n’attends plus que votre signal pour commencer.

[Taliesin]

Le gnome écarquilla les yeux.
-Ma foi, je ne m'étais pas attendu à ce que vous soyez à ce point empressé ! Mais sans doute la faim s'allie-t-elle a votre désir d'aider ces habitants ! Tant mieux, vous n'en serez que plus convaincant... Quant à un discours... Dites ce qu'il vous vient à l'esprit ! Que vous trouvez ces légumes succulents, savoureux, qu'ils vous redonnent de l'énergie, paraissent purifier votre organisme, que vous vous sentez presque rajeunir ! Moi, je me contenterai de raconter que c'est l'effet que font les légumes sur ceux qui veulent bien en manger, je parlerai du soin que j'apporte à leur culture, de leur qualités... Et le tour sera joué, j'imagine !

[Streen]

Le gnome commença à donner quelques légumes pour Streen, des carottes, des navets et des tomates. Bien entendu, il avait l’intention de revenir en chercher d’autres une fois qu’il aurait fini. Pour le moment il devait chercher un endroit ou il pourrait attirer du monde. Quelques mètres plus loin, il repéra un socle en pierre de deux mètres de haut situé en plein milieu de la galerie marchande. Il pensa que le moment était propice et le lieu idéal. Avec une agilité dont il n’aurait pas cru être capable, il grimpa sur le socle en pierre. Avant même de commencer à parler, il avait déjà réussi à attirer le regard amusé de certaines personnes qui croyaient assister à un numéro de cirque.
-Oyez, oyez braves gens, voici l’occasion pour vous de manger sainement. vous allez comprendre en quoi les légumes peuvent être délicieux.
Sa voix avait été sonore et déjà d’autres personnes interrompirent leurs affaires pour jeter un œil. Streen avala un légume. Mais il fut tellement obsédé par l’attention de la foule de la foule qu’il avait commencé à manger par inadvertance un navet. Celui-ci eut un goût tellement infect qu’il le recracha aussitôt. Plusieurs spectateurs s’en aperçurent et l’un d’eux ne se gêna pas pour lui en faire la remarque.
-Etes vous vraiment certain que ces légumes sont délicieux ? Moi j’ai des doutes
Streen comprenant sa bévue tenta de se rattraper.
-Heu…non c’est juste qu’il sont trop gros et il suffit de les couper…heu oui c’est ca mais…heu…n’allez pas croire qu’il sont …heu infects.
Voyant que certains spectateurs s’éloignèrent il continua :
-Mais attendez, puisque je vous dis que ces navets sont trop gros.
Comprenant qu’il avait très mal démarré, il avala rapidement une carotte.

[Taliesin]

La plupart des chalands s'étaient détournés pour vaquer à leurs occupations. mais certains curieux étaient cependant restés à observer le demi-elfe, debout sur son socle, en train de dévorer légume après légume. Et les nouveaux arrivants qui venaient à passer dans les parages s'arrêtaient également, ne serait-ce que quelques instants, pour regarder l'étrange scène.
-Il est fou, le monsieur, maman ? demanda une petite fille.
-Je ne sais pas... répondit sa mère. Peut-être est-ce un camelot qui essaie d essaie de nous vendre sa marchandise. Mais si c'est le cas, il n'est pas très doué...
-Pis en plus c'est pas bon, les légumes...

[Streen]

Streen était descendu de son socle. Il s’était forcé à avaler tous les légumes en sa possession mais aucun d’eux ne lui avait plu. Il comprit pourquoi personne ne venait voir le gnome. Ses légumes étaient bien trop infects pour en acheter ne serait ce que quelques uns. Il s’était ridiculisé devant tout le monde pour pas grand-chose. Au final, il n’avait pas gagné d’argent. En revanche, les légumes avaient calmé sa faim. Il n’était pas totalement repu mais cela suffirait pour tenir jusqu’au prochain repas. Il était temps pour lui de reprendre sa route pour Lumenis. En chemin,peut être qu’il trouverait des plantes nutritives voir même des champignons s’il ne trouvait pas d’autre ville. Quand à dormir…il y réfléchira une fois la nuit tombée. Il quitta la ville sous le regard méprisant des marchands et se dirigea en direction de Luménis sans savoir à quelle distance se trouvait la ville.

[Taliesin]

Il n'avait pas fait beaucoup de chemin lorsqu'il entendit résonner derrière lui le son d'un galop.
-Attendez ! fit une voix familière.
Lorsqu'il se retourna, Streen aperçut le gnome monté sur un poney. Cavalier et monture le rattrapèrent en quelques instants, puis le vendeur de légumes sauta lestement à terre.
-Vous avez oublié votre paye ! fit-il, radieux.
Et de poser plusieurs pièces d'or dans la main du demi-elfe.
-Oh, les choses n'ont pas tourné comme je l'imaginais, mais peu importe. car j'ai tout vendu, TOUT ! C'est la première fois que ça m'arrive ! Et ça, c'est à vous que je le dois !

[Streen]

Streen ne comprenait absolument pas. Quand il avait accompli ses tentatives de diriger les clients vers la galerie du gnome, cela s’était soldé par un échec. Comment se faisait il qu’il ait pu tout vendre ? C’est alors qu’il comprit. Ce qui avait plu aux spectateurs, ce n’était pas les légumes en question mais la prestation de Streen. Beaucoup avait apprécié apparemment ce moyen original et amusant. Il se retint d’éclater de rire, comprenant qu’il avait réussi sans faire exprès. Il empocha les pièces d’or et décida de profiter de l’avantage de la situation.
- Avant que nous nous quittions, pouvez vous m’indiquer le chemin le plus rapide pour me rendre à Luménis ?

[Taliesin]

Le gnome fronça les sourcils.
-Vous allez si loin que ça ? Dommage, je comptais vous proposer une association durable et fructueuse...
Il haussa les épaules.
-Pour Luménis, continuez plein ouest, en suivant la route. D'ici une journée de marche, vous atteindrez la côte, et le port de La Crique. Des bateaux y franchissent le détroit pour gagner la capitale d'Hélonna. Vous ne devriez avoir aucun mal à en trouver un qui vous prenne à son bord. D'autant que vous avez de quoi payer la traversée !
Son sourire revint.
-Mais réfléchissez, tout de même. Nous pourrions faire fortune, tous les deux ! Votre numéro a bigrement bien fonctionné... Un type était même persuadé que les effets de mes navets étaient mille fois plus hallucinogènes que ceux du Lotus Noir, et il m'aurait tout acheté si je n'avais préféré qu'il en reste un peu pour les autres clients...

[Streen]

Streen dut avouer que l’idée ne lui paraissait pas mauvaise. Non seulement il pourrait manger à sa faim, mais en plus il gagnerait de l’argent. Néanmoins, il était bien conscient de ses priorités. Lumenis devait être sa destination et il doutait que le gnome l’accompagne ne serait ce qu’un bout de chemin. De plus, même si la présence ne s’était pas manifestée depuis qu’il avait quitté la vieille femme, rien n’indiquait qu’elle ne réagirait plus. Il y repensa à ce moment là. Etait ce l’objet que lui avait confié la vieille femme qui était efficace ou bien…etait ce la présence qui ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’il parte pour Luménis ? Il frissonna à cette pensée. Le gnome le fit sortir de sa réflexion.
- Etes vous certain de partir pour Luménis ? Nous pourrions encore travailler ensemble.
- Je regrette mais je dois impérativement m’y rendre. A présent je dois partir. Je vous souhaite bonne route.
Il marcha d’un pas vif en direction de l’ouest. S’il tenait ce rythme, il aurait des chances d’arriver plus tôt que prévu sur la côte.

[Taliesin]

La route était large, bien tracée. La campagne marquée par la présence des hommes, bien plus que celle qu'il avait traversée les jours précédents : chemins creux, pâtures, champs, fermes isolées... La proximité de la mer était également visible, au travers des mouettes qui, parfois, traversaient le ciel.
Pas si proche que ça, cependant. Streen eut beau marcher tout le jour, il n'en vit pas trace. Et alors que la nuit tombait, il atteignit les abords d'un petit village. Juste quelques maisons placées de part et d'autre de la route. Il y avait une auberge, cependant. "Le lapin jovial", à en croire son enseigne présentant l'animal, stylisé, en train de grignoter une carotte.
La situation était différente, pour le demi-elfe, de celle qu'il connaissait les fois précédentes, lorsqu'il passait près de semblables établissements. Il avait de l'argent. Pouvait sans doute s'offrir un lit, un repas...

[Streen]

Streen se remémora les propos du gnome. Apparemment, celui-ci lui avait fourni assez d’argent pour payer le bateau qu’il devrait prendre. Néanmoins,il ignorait la marge d’avance dont il disposait. Il était plus avisé de faire des économies de manière à ne pas prendre le risque de se retrouver en manque d’argent au moment payer son passage en bateau. Pour tout dire, il n’avait pas envie de refaire son discours sur un socle de pierre. Il décida qu’il dormirait dans cette auberge à la seule condition que le coucher ne coûterait qu’une pièce d’or. Il pouvait rentrer. Il déciderait si le jeu en valait la chandelle et si ce n’était pas le cas, il repartirait. Il entra dans « le lapin jovial ».

[Taliesin]

L'endroit était modeste : un comptoir, quelques tables entourées de tabourets, un escalier menant au seul étage que comptait la bâtisse. Il s'agissait d'une simple étape intermédiaire, une auberge à laquelle ne devaient s'arrêter que les marchands surpris par la nuit, retardés pour quelques raisons.
Les clients étaient peu nombreux et, visiblement, tous originaires du village. Ils jetèrent un regard curieux à Streen, puis retournèrent à leur discussions. Le tavernier, en revanche, le toisa sans hostilité.
-Vous désirez le gîte et le couvert, je suppose ? Dîner, lit et petit-déjeuner, une pièce d'or le tout. C'est pas luxueux, mais ça devrait vous convenir, vous ne m'avez pas l'air du genre dandy. Par contre, c'est payable d'avance...

[Streen]

A en juger l’attitude des clients et le ton de l’aubergiste, l’endroit était peu convivial. Néanmoins, cela importait peu à Streen. Tout ce qu’il voulait, c’était souper et se reposer au prix le moins élevé possible. Or il estima qu’une pièce d’or pour les deux était raisonnable. Il paya donc l’aubergiste. Au bout d’un moment,celui-ci lui servit un ragoût certes de manière peu gracieuse mais Streen mangea avec appétit son repas. Lorsqu’il eut fini, il monta dans sa chambre pour dormir. Demain il devait se lever aux aurores de manière à parcourir le plus de chemin.

[Taliesin]

La chambre était fort simple, sinon rustique : un lit, une petite table, une chaise en constituaient le seul mobilier. Cependant, tout était relativement propre, et Streen put se glisser entre les draps sans crainte d'y côtoyer puces ou semblables parasites qui aimaient à se multiplier dans les bouges infâmes.
Sa nuit fut paisible : aucun bruit ni incident ne vint la perturber. Lorsqu'au petit matin, réveillé par le chant d'un coq voisin, il gagna la salle commune, celle-ci était complètement déserte. Le tenancier, encore passablement endormi, lui servi un petit déjeuner qui n'avait en commun avec de la grande cuisine, mais qui, au moins, présentait l'avantage d'être copieux.

[Streen]

Streen mangea rapidement le petit déjeuner que lui avait servi l’aubergiste. Il devait impérativement se dépêcher de partir. Il avait peur que la présence ne se manifeste à nouveau. Or il possédait une certaine somme d’argent. C’était donc le moment ou jamais. Il ne pouvait pas se permettre de prendre de risques. Etant bien rassasié de son repas la veille, il ne ressentait pas le besoin de tout avaler. Lorsqu’il estima avoir suffisamment pris de forces, il glissa dans ses poches les quelques raisins et abricots qui restaient dans son assiette. Il en aurait peut être besoin plus tard.

[Taliesin]

Le ventre plein, le pas allègre, Streen progressa rapidement sur la large route menant vers la côte. Tandis qu'un soleil radieux quoi qu'impuissant à réchauffer l'atmosphère hivernale progressait vers son zénith, il commença à croiser de nombreuses charrettes. Celles-ci emportaient vers l'intérieur des terres le produit de la dernière marée ou des marchandises fraîchement débarquées, et leur nombre croissant ne pouvait indiquer qu'une chose : la mer était proche.
Et, de fait, alors que le demi-elfe atteignait le sommet d'une colline, elle se déploya devant lui, immense, rutilante sous les rayons de l'astre diurne. La route, quant à elle, descendait en lacets paresseux jusqu'à une petite ville. Celle-ci s'étendait autour d'une crique dont les eaux paisibles étaient couvertes de navires de toutes tailles, de toutes formes ; ce n'était pas là un bien grand port, sans doute. Pourtant, il parut à Streen autrement plus étendu et animé que toutes les bourgades qu'il avait pu traverser depuis qu'il avait repris connaissance, en plein milieu d'un champ.

[Streen]

Streen marcha d’un pas vif vers la petite ville. Il ne doutait pas qu’il s’agissait de la villed ont lui avait parlé la vieille femme et le gnome. En repensant à elle, il eût un mauvais pressentiment. Il ne croyait pas à l’efficacité du pendentif qu’elle lui avait confié. Il pensait plutôt que la présence ne cherchait pas à se manifester et qu’elle attendait le moment venu pour réagir. Cela ne lui disait rien qui vaille. Et s’il allait se jeter dans la gueule du loup ? Après tout, la présence voulait peut être le mener à Luménis. Il refoula cette pensée estimant qu’il se faisait des idées. Il entra dans la ville et entreprit la recherche d’un marin qui pourrait l’amener en bateau.

[Taliesin]

Les marins, ce n'était pas ce qui manquait, et Streen en trouva même à la pelle. Certains flânaient dans les rues, profitant d'une escale bienvenue pour se dégourdir les jambes autre part que sur un pont sans cesse balloté par les flots. D'autres, plus décidés, entraient dans les auberges pour vider quelque chope ou manger un morceau.
Leur proportion était encore plus grande sur les quais que le demi-elfe trouva sans mal. Beaucoup étaient affairés à charger ou décharger des marchandises. D'autres préparaient déjà le départ de leur bâtiment ou, au contraire, venant juste d'arriver, s'occupaient à attacher les amarres.
Quelques bateaux présentaient des insignes, des pavillons. Mais, n'en ayant aucune connaissance, Streen ne pouvait en tirer aucune information quant à leur origine. Il allait devoir faire un choix, commencer à poser des questions... Nul doute, cependant, qu'il finirait par trouver ce qu'il cherchait.

[Streen]

Streen se demanda quel marin accepterait l’amener à Lumenis. L’idéal serait de trouver le capitaine d’un bateau de marchandises qui partirait pour cette ville. Néanmoins, comment repérer un capitaine avec tous ces marins qui allaient et venaient. Tous semblaient affairés et aucun d’entre eux ne lui avait lancé un regard. Par chance, la présence dans son esprit ne se manifestait pas et donc personne n’avait remarqué son comportement étrange. Il devait donc profiter de cette situation pour ne pas trop tarder. Il alla donc dans la taverne et se dirigea vers le propriétaire des lieux qui nettoyait verre après verre. Il avait du entendre pas mal de rumeurs, celui-ci pouvait le renseigner.
-Excusez moi, pourrais je vous poser une question ?
L’homme qui n’avait pas fait attention à lui leva les yeux d’un air curieux.
-Connaissez vous un capitaine d’un bateau qui accepterait de me conduire à Luménis en échange de quelques pièces d’or ?