[Bâtiment] Le Grand Fort

[Galathée]

« Nous n’avons pas beaucoup de nouvelles du conseiller, à vrai dire. Il a semblé fort éprouvé pendant le trajet du retour et depuis que nous l’avons remis au Temple, et bien… Celui-ci s’est refermé comme une huître sur sa perle. A ma connaissance, il est toujours en train de se remettre et je n’ai aucune idée de la durée qu’aura sa convalescence. »
L’abeille revint bourdonner autour de la rôdeuse puis se posa quelque part, légère. Impossible de savoir où.
« Mais les autres conseillers voudront certainement vous rencontrer pour entendre votre version de ce qui s’est produit et vous récompenser pour ce que vous avez donné à la ville… Plusieurs enquêtes sont en cours sur les événements, il est probable que l’on vous demande de remettre une sorte de rapport officiel. »
Disant cela, il regarda Kasumi.
« Un rapport pour le groupe suffira. »
Il rebaissa les yeux sur son carte et sourit.
« Quant à vos services, messire… Vous savez que je suis responsable de la garde, et que je ne me soucie pas vraiment de ce qui se passe hors des murs. Or, comme je vous l’ai dit la toute première fois que nous nous sommes rencontrés, et mon opinion n’a pas changé, vous n’êtes pas fait pour cet environnement urbain. Mais je gage que votre profil intéressera le général Maelwedd. Je ne serais pas surpris qu’il ait de quoi faire pour une lame telle que la vôtre. »

[Kasumi]

Le rôdeur parut gêné après la réponse de Darren. Il avait à demi espéré pouvoir garder sa chambre au fort quelque temps encore. Son aspect pratique et la proximité d’écuries étaient bien commodes comme il ne possédait pas d’autre logement. Mais il reconnaissait la sagesse du conseil du commandant des gardes. Son séjour en pleine nature lui avait fait prendre conscience combien son milieu naturel lui manquait. Il aimait Luménis et était prêt à la défendre mais rester cloîtrer entre ses murs ne le rendrait pas heureux.

- Et vous avez raison une fois de plus. Pourrez-vous faire savoir au général et aux conseillers que nous nous tenons disponibles pour répondre à leur convocation ? Astrée et moi logeons à la Bienveillance. Elle a cependant prévu de ne rester que quelques jours parmi nous.

Le rôdeur espérait que sa décision de loger dans la même auberge qu’elle ne serait pas mal perçue par Astrée. Darren lui avait fait comprendre que sa place n’était pas dans la garde et il répugnait donc à s’imposer au fort même s’il ne doutait pas que le commandant lui aurait accordé de rester. La présence d’Astrée pour les quelques jours à venir n’était pas étrangère à sa décision, dut-il se l’avouer. Il aurait tout le temps de décider où loger de façon plus permanente une fois la rôdeuse partie.

[Galathée]

Darren leur conseilla de se rendre à l’Assemblée Luménienne le surlendemain dans la matinée. Les conseillers devaient s’y réunir et il se chargerait de les avertir de leur visite. Ils prirent ensuite congé, laissant l’elfe aux prises avec sa carte et ses réflexions. A la manière dont Darren les salua, Kasumi put deviner qu’il ne s’agissait là que d’un au revoir et que le commandant de la garde ne doutait pas de le voir revenir hanter les couloirs du fort tôt ou tard.
Lorsqu’ils eurent regagné la cour, ils furent accueillis par un palefrenier hors d’haleine et passablement embarrassé : Prince des Frelons avait pris la tangente. Il avait suffi d’un instant d’inattention pour que le petit étalon s’esquive, et personne ne savait où il était parti. Une chose était certaine, il n’avait pas quitté l’enceinte du fort, mais pour l’heure, ils n’avaient pas réussi à lui remettre la main dessus. La probabilité était forte qu’il ait regagné les écuries, où l’on pouvait aisément se perdre, mais il pouvait aussi se trouver dans l’un des hangars d’approvisionnement, voire dans les ateliers des sapeurs et des ingénieurs. Bref, le retrouver prendrait un certain bout de temps et l’adolescent proposa aux rôdeurs de vaquer à leurs occupations. Dès qu’il mettrait la main sur l’animal, il viendrait le leur apporter, s’ils pouvaient juste lui donner une adresse…

[Voyageuse]

Astrée grimaça en apprenant que Prince des Frelons avait pris la poudre d'escampette. Elle aurait dû s'y attendre. Décidément, il lui faudrait encore un peu de patience pour parvenir à s'en faire obéir, ne serait-ce qu'un peu.

Elle hésita devant la proposition du palefrenier. Bien sûr, il serait pratique de les laisser le chercher. Tôt ou tard ils le ramèneraient. Mais après tout c'était son cheval, maintenant, et elle s'en sentait responsable.

Elle tenta donc de se concentrer et de percevoir sa présence. Il était forcément dans l'enceinte du fort, donc tout proche. Elle fit le vide dans sa tête et se mit à l'écoute des vies qui bourdonnaient aux alentours, espérant reconnaitre son cheval parmi toutes ces étincelles de conscience. Peut-être obéirait-il si elle lui demandait de revenir ? Encore fallait-il d'abord le repérer.

[Galathée]

A la grande surprise de la jeune femme, l'écho de la conscience du cheval lui revint brutalement, sonore, juste à côté d'elle. Pourtant, il n'y avait aucune trace de la bête... jusqu'à ce qu'une petite abeille se détache de ses cheveux et ne vienne bourdonner, presque crâneuse, juste sous son nez. L'insecte s'écarta de la rôdeuse, puis revint vers elle, et parallèlement, le contact qu'avait Astrée avec l'esprit mouvant du petit étalon suivit les sursauts de son vol.
Les mots de la lettre de Belenn revinrent alors à la mémoire d'Astrée...
" Vous verrez qu’il peut se faire bourdonnant ou grimpeur selon les besoins."
L'abeille musardait désormais dans l'air glacé, guillerette, semblant attendre une décision de la part des humains qu'elle accompagnait. Le palefrenier, lui, guettait toujours une réponse de la rôdeuse, interloqué.

[Voyageuse]

Astrée n'en revenait pas. Ébahie, elle suivait des yeux le petit insecte. Quel étrange animal... Quelle chance elle avait d'avoir reçu un tel cadeau de Belenn.
Non, corrigea-t-elle mentalement, il ne t'appartient pas vraiment. Il va te falloir encore quelques semaines pour l'apprivoiser. Ou quelques mois. Ou quelques années.
Et elle était prête à parier qu'il garderait toujours une certaine indépendance... Tant pis. Ou tant mieux.

Elle s'aperçut alors que le palefrenier la regardait fixement, attendant une réponse.
- Nous logeons à la taverne de la Bienveillance. J'y suis encore pour trois ou quatre jours, il n'y a pas urgence... Mais je pense que je repasserai le chercher un de ces jours, ce sera plus simple pour vous.
Le mieux aurait évidemment été que l'animal accepte de se transformer un peu plus loin et de s'approcher d'eux sous une forme plus... habituelle. Mais quelque chose lui disait que ce n'était même pas la peine de le lui demander... Peut-être dans deux ou trois jours, quand ils se connaitraient mieux. Sinon, elle pourrait toujours dire au palefrenier qu'un de ses collègues le lui avait finalement apporté.

Elle sourit à Kasumi, d'un sourire complice, cachant une forte envie de rire. S'il savait... Oh, elle lui dirait, bien sûr. Enfin... Quand lui-même aborderait le sujet. Quelle tête ferait-il en apprenant que Prince des Frelons était à la fois une abeille, un écureuil et un cheval ? Sans doute la même qu'elle-même à l'instant présent...
Elle réalisa alors seulement qu'il allait loger à la Bienveillance, et sentit son coeur bondir de joie à cette idée. Et peu importait la raison qui lui avait fait changer ses plans, elle s'en fichait éperdument.

Restait à décider que faire de la suite de l'après-midi... Elle s'adressa à son compagnon.
- Alors, où va-ton maintenant? C'est toi le guide...
Ses yeux pétillaient, elle se sentait le coeur infiniment léger, sans trop savoir si c'était dû à la rencontre de ce cheval extraordinaire ou à la présence de Kasumi auprès d'elle pour quelques jours encore. Peu importait au fond... C'était une belle journée...

[Kasumi]

L’intuition de Kasumi lui faisait penser que la rôdeuse lui cachait quelque chose. Mais il ne souhaitait pas la questionner, se faisant soudain la réflexion que le bonheur lui allait vraiment bien. Il se perdit un moment dans la contemplation de son visage rieur avant d’interpeler le palefrenier. Le rôdeur jugeait qu’Ombrage avait bien mérité une nuit de repos et décida de le laisser profiter des écuries du fort. Il récupéra quelques affaires dont il aurait besoin la nuit et laissa le reste sous bonne garde en promettant de revenir le chercher le lendemain. Le demi-elfe s’adressa ensuite à Astrée avec un sourire taquin :

- Si je te disais où nous allons, ce ne serait plus une surprise.

Sans ajouter un mot, il se dirigea vers les portes du fort, son baluchon sur les épaules. Il resta sourd aux questions concernant leur destination jusqu’à ce qu’Astrée put se rendre compte par elle-même, qu’il l’avait emmenée sur le front de mer. A cet endroit, la digue contre laquelle venait se briser les vagues houleuses avait été aménagée pour permettre la promenade et l’endroit était agrémenté de quelques bancs permettant de contempler la mer. Une rue plus haut, le marché battait son plein. Au large, de lourds navires marchands croisaient avec grâce pour pénétrer dans la rade profonde du port de commerce. Mais ici, le calme et la sérénité régnaient et Kasumi appréciait de flâner en compagnie d’Astrée.

[Galathée]

Lorsque Kasumi se présenta au Fort pour y rencontrer le général Maelwedd, on le conduisit sur le terrain d'entraînement où le taciturne officier supervisait les exercices matinaux d'un groupe de soldats dont la spécialité semblait être le combat à la lance. Laissant son adjoint conseiller les troupes, il s'écarta un instant pour discuter avec le rôdeur.
L'hiver n'était pas saison propice aux grandes manoeuvres, et l'armée luménienne, comme les ennemis potentiels, étaient en veille. Cependant, certaines tâches plus ponctuelles pouvaient être accomplies. Maelwedd en voyait quatre susceptibles de correspondre aux compétences du rôdeur, s'il avait l'envie de mettre son talent au service de la ville. Dans les quatre cas, il devrait travailler seul, ce qui lui convenait sans doute bien.
Le premier problème concernait des rumeurs faisant état d'un regroupement de créatures hostiles sur les pentes des Monts Brumeux, au Sud d'Eredhùn. Les rumeurs parlaient de trolls, de gnolls, de wyvernes, parfois de tertres errants, mais rien n'était clair, rien n'était sûr, et certains se demandaient s'il ne s'agissait pas là d'un problème de brigands plutôt que de monstres. La mission consistait à aller repérer les lieux, histoire de savoir exactement à quoi s'en tenir, en vue, si besoin, d'une intervention de l'armée.
La seconde mission, d'un tout autre ordre, visait à effectuer une reconnaissance en bordure de la Forêt Maudite, afin de déterminer dans quel coin des travaux d'abattage pourraient s'effectuer sans risque pour les équipes de bûcherons et avec un impact limité sur les bois. L'armée devait reconstruire un certain nombre d'engins de siège, pour le printemps.
La troisième visait à évaluer les ressources humaines dans les villages en bordure de la forêt, car l'armée manquait, comme toujours, cruellement de recrues. Il ne s'agissait pas de les faire signer, mais bien de les sonder, de manière à ce qu'au printemps, les officiers puissent viser les coins les plus prometteurs sans perdre de temps. Il fallait aussi veiller à ne pas vider ces hameaux de leurs forces vives. La tâche nécessitait doigté et équilibre.
Enfin, la dernière mission était cartographique : le delta au Nord de Luménis n'avait jamais été arpenté de manière précise, et en hiver, avec le gel, les marécages étaient praticables à pied ou à cheval. C'était l'occasion idéale pour tracer des plans de cette zone hautement stratégique pour la cité.

[Kasumi]

Kasumi manifesta un regain d’enthousiasme après l’écoute des propositions de mission que lui fit Maelwedd. Son estime pour le général monta en flèche en réalisant qu’il savait sonder les hommes et les mettre en situation de manifester leurs forces. C’était certainement l’une des qualités essentielles d’un meneur d’homme et cela prouvait qu’il avait pris le temps de se renseigner sur ses capacités pour les user au mieux. Le demi-elfe se raisonna pour choisir les missions qu’il était certain de pouvoir remplir dans le temps imparti. Enquêter sur le regroupement de créatures hostiles ne devrait pas lui prendre tout l’hiver et il pensait la mission répondant parfaitement à ses capacités. Il convint de rentrer faire son rapport à Luménis après cette mission et de se rendre ensuite en bordure de la Forêt Maudite qu’il avait appris à connaître afin de s’acquitter de la seconde tâche. Ainsi, si la première prenait plus de temps que prévu, le général pourrait la confier à quelqu’un d’autre. Le rôdeur avait toutefois bon espoir de parvenir à des résultats avant la date fixée pour ses retrouvailles avec Astrée.

Il se mit en route le lendemain matin après avoir réunit quelques provisions et de quoi se vêtit plus chaudement durant le voyage vers le nord. Il ne fut pas surpris de découvrir rapidement les signes que la louve le suivait et l’hiver lui permit d’approfondir son lien avec l’animal qui finit par s’installer à proximité de son campement une fois la nuit venue. Il s’autorisa même quelques parties de chasse où la louve lui facilitait grandement la tâche en repérant le gibier grâce à ses sens affinés. Les rumeurs de créatures menaçantes s’avérèrent en partie fondées mais la menace ne s’avéra pas être au-delà des capacités d’une petite troupe bien renseignée. Le rôdeur compta le regroupement d’une dizaine de trolls et d’un ou deux demi-ogres. Les créatures avaient de quoi impressionner et faire quelques dégâts surtout lorsqu’elles coopéraient pour s’attaquer aux voyageurs imprudents. Le rôdeur resta quelques jours sur place à les observer pour s’assurer de leurs habitudes. Elles ne semblaient guère s’éloigner de leur repère constitué d’une grotte non barricadée. Il serait facile de la prendre d’assaut en empruntant un chemin de chèvres qui la surplombaient. Quelques archers utilisant des flèches enflammées protégés par des spadassins devraient en venir à bout sans encombre.

La seconde mission s’avéra autrement plus longue et problématique. Il s’agissait de trouver des réserves de bois de qualité facilement accessibles sans léser les communautés locales ou l’équilibre naturel qui serait rompu pour plusieurs décennies en cas de surexploitation. Le rôdeur évita les zones trop limitrophes de villages de bûcheron et fit quelques mauvaises rencontres en prospectant les parcelles plus sauvages de la forêt. Il put ainsi tester l’efficacité d’Etincelles à plusieurs reprises. Ses efforts furent récompensés au bout de plusieurs semaines par la découverte d’un site ayant subi les ravages d’une tempête d’automne. Le bois couché semblait ne pas s’être encore trop dégradé et si les travaux de déblayage seraient facilités par la proximité d’un cours d’eau. De plus, cela bénéficierait à l’équilibre naturel et éviterait de gâcher une ressource que la population locale n’aurait pas le temps d’utiliser. Sur le chemin du retour, il repéra un autre site qui fournirait de longues pièces de bois sans nœud. Si les bûcherons restaient raisonnables et ne coupaient que certains anciens arbres, les jeunes pousses finiraient par prendre la place de leurs ancêtres vénérables qui ralentissait leur croissance. Le demi-elfe marqua les arbres les plus appropriés aux besoins du général et nota précisément l’emplacement des deux sites et la façon de s’y rendre ainsi que le meilleur moyen de sortir les troncs débités de la forêt.

Kasumi était satisfait lorsqu’il retourna pour la seconde fois à Luménis pour effectuer son rapport. Il s’autorisa ensuite une semaine de repos qu’il mit à contribution pour prendre soin de son bosquet. Garance, fidèle à sa promesse continuait d’en prendre soin en son absence et il croisa plusieurs fois la jeune prêtresse à l’occasion de ses passages en ville. Mais bientôt, il sentit monter l’excitation d’un nouveau voyage avec le retour des beaux jours et le dégel. Il ne s’était pas passé une journée sans qu’il repense à Astrée et au baiser qu’il lui avait volé. Loin de s’estomper avec l’éloignement, ses sentiments pour la rôdeuse lui semblaient de plus en plus fort et il brûlait à la fois d’impatience et d’angoisse à l’idée de la retrouver.

[Thémis]

Quête: Maux croisés

Thémis, une fois revenue des Taudiset ayant enfermé la veille femme dans les cachots, fut heureuse de voir le vétéran en bonne santé. Les nouvelles que celui-ci lui transmis étaient bonnes, Mahaut allait s'en sortir, tout était presque réglée. Il fallait maintenant qu'elle aille voir Lyraël, mais cela lui paraissait étrange que personne ne lui ait fait encore un rapport.
Tout en réfléchissant elle sortit dans la cour. Le ciel commençait à s'assombrir annonçant la venue de la nuit. La journée avait été riche en évènement et elle lui avait paru particulièrement longue. La seule chose qu'il lui importait maintenant c'était de se blottir dans les draps frais de son lit et de plonger dans le sommeil... Encore un petit effort et tout sera enfin finit.
Arrivant près de la porte du bureau de son supérieur, Thémis tapa trois coups brefs et attendit.

[Kasumi]

Epilogue : Maux croisés

La voix de Lyraël se fit entendre immédiatement comme si la visite de Thémis fut attendue :

- Entrez !

Thémis ne se fit pas prier pour obéir, pressée de pouvoir procéder à quelques ablutions fort nécessaires avant de retrouver la chaleur de ses draps. Son supérieur affichait une expression neutre et la fatigue se lisait sur son visage lorsqu’il l’invita à s’asseoir d’un signe de la main en direction d’une chaise devant son bureau. Il releva les yeux du rapport qu’il lisait et sur lequel il compilait quelques notes d’une écriture fine et soignée. Il prit la parole lorsqu’elle fut installée :

- Vous devez être éprouvée. Exceptionnellement, votre rapport attendra que vous ayez pris du repos, et un bain, ajouta-t-il avec un sourire fugitif.
L’uniforme de Thémis aurait bien besoin d’un grand nettoyage après l’expédition dans les bas fonds et le combat face aux créatures de la prêtresse Talossienne. Sans lui laisser le temps de protester, l’officier continua :

- Hagen et Furvan m’ont raconté ce qui s’est passé. C’est une bien sombre affaire qui a une nouvelle fois frappé Luménis. Fort heureusement, vous avez su bien réagir malgré votre récente incorporation. Votre sergent n’a pas tari d’éloges à votre sujet. D’après lui, vous avez su vous comporter dignement et vous avez mené une escouade à l’assaut de celle qui troublait l’ordre. Espérons que son arrestation mettra fin aux enlèvements qu’on nous a rapporté.

Le soldat prit une enveloppe sur son bureau et la tendit à Thémis.

- C’est pour vous. Je pense pour ma part que vous la méritez amplement. J’ai pu juger de vos capacités ces deux derniers jours. La tyrannie nous a meurtris cruellement. La garde a avant tout besoin d’un encadrement efficace pour reprendre le contrôle des rues.

Thémis se saisit du pli, manifestement intriguée. Le court texte portait le sceau officiel de la garde :

► Afficher le texte

Par la présente, nous promouvons le soldat Thémis, incorporé dans les forces de la garde municipale au grade de Caporal sous l’autorité du commandant Lyraël.

Le commandant de la garde de Luménis, Darren Flèche Sombre

[Thémis]

Epilogue : Maux croisés

Thémis ne put s’empêcher de rougir aux paroles de Lyraël. Oui elle avait bien besoin d’un bond bain et de nettoyer son uniforme. Elle aurait du entreprendre un minimum de toilette avant de se présenter devant son supérieur mais le temps et l’envie lui avait manqué. Le point positif c’est qu’elle n’était pas obligée de faire dans l’immédiat son rapport. Inconsciemment elle commençait à réellement somnoler sur sa chaise et les paroles prononcées par son chef commençaient à être de plus en plus lointaine. Cependant elle réussi à reprendre ses esprits assez brutalement quand elle entendit l’allusion à ses compagnon. Il fallait qu’elle garde un minimum de constance jusqu’à ce qu’elle puisse sortir du bureau. Elle aurait de la chance si elle ne s’endort pas debout en prenant le chemin de sa chambre, cela n’aurait pas fait non plus très professionnel…
Thémis se redressa alors complètement sur son siège comme si on l’avait piqué avec une éguille. Ses yeux fatigués brillaient d’une lueur de curiosité… une enveloppe pour elle ? Elle l’a pris précautionneusement et enleva le cachet de cire qu’il la fermait. Elle était apparemment officielle. Un papier glissa alors et elle le prit d’un geste rapide. Alors, elle ne put s’empêcher de retenir un sourire en ayant finit de lire le contenue. Elle était promue au rang de caporal ! Elle avait enfin fait ses preuves ! Elle replia précautionneusement la lettre et la glissa dans une poche intérieure.

- Je vous remercie beaucoup Monsieur et je puis vous promettre que je ferais de mon mieux.

Celui-ci lui rendit son sourire et la bretteuse s’sortit de la pièce. Elle prit prestement la direction des dortoirs, le cœur léger. Elle avait réussi à mener à bien sa mission et elle en ressentait une extrême fierté. Tout en réfléchissant elle arriva à l’endroit désiré et après avoir pris une douche brulante qui avait fait ressemblé la pièce a un sonna elle se roula bien confortablement dans les couvertures. Un long bâillement s’ensuivit et elle s’enfonça dans les méandres des rêves. Elle se put s’empécher de ce que demain sera fait et que lui réservais encore le destin ?...

[Kasumi]

Epilogue : Maux croisés

Au cours des jours suivants, bien moins mouvementés que sa première journée dans la garde, Thémis put goûter aux joies que lui conféraient sa nouvelle position, prenant peu à peu de l’assurance et une place dans la famille soudée des survivants de la garde. Les patrouilles s’enchainaient, sans trop d’accrocs sinon quelques échauffourées à contenir lorsqu’une bagarre de taverne allait un peu trop loin. Les contingents n’étaient pas assignés à un quartier en particulier et les roulements permirent à Thémis de mieux connaitre chaque quartier la ville où elle avait choisi de vivre.

Puis, quelques jours après la fin de la sinistre Talonnienne, Mahaut reprit enfin conscience, lors d’une des visites fréquentes que lui accordaient son amie entre ses missions. La première chose qu’elle fit fut de lui sourire. Les médecins avaient réussi à circonscrire les effets du poison et elle n’en garderait aucune séquelle, sinon peut être dans son cœur. Tous les cobayes des cultistes n’avaient pu être sauvés, la maladie ayant trop pénétré dans l’organisme et l’esprit de certains. Mais avec le beau temps, il ne fallut que peu de temps à la compagne de Thémis pour sortir et profiter de promenades de plus en plus longues. Furvan surprit son monde en accompagnant la jolie garde dans ses promenades. Il était sans doute le seul à espérer qu'elle ne se remette pas trop vite pour qu’elle puisse se joindre à nouveau aux patrouilles…

HRP : Merci à toi, Thémis pour ton implication dans cette quête. Elle est maintenant finie mais j'espère que ce ne sont que les débuts de ton personnage parmi nous.

[Kasumi]

Sur la route du fort, Kasumi fut seul face à ses pensées. Parcourir seul les rues de Luménis lui faisait une étrange impression. Tout lui paraissait un peu trop grand, un peu trop vide, un peu étranger aussi alors qu’il avait appris à connaître ces lieux. Il n’eut pas à chercher longtemps l’origine de son trouble. Cela n’avait pas grand-chose à voir avec le fait qu’il avait quitté la ville depuis presque deux mois. Il avait ressenti un pincement au cœur en quittant Astrée pour aller seul au fort et son absence lui pesait énormément quand bien même ils avaient prévu de se rejoindre au parc pour déjeuner. Il sourit à cette idée, imaginant déjà des surprises à lui préparer sur le chemin pour aller la rejoindre.

Mais pour le moment, il devait se rendre au fort, ne serait-ce que pour faire connaître sa présence. Il n’avait pris aucun engagement mais se sentait malgré tout lié à cette ville. Peut être lui confierait-on une mission comme celles de l’hiver, consistant à battre la campagne. Il ne savait pas trop ce qu’il attendait vraiment de cette démarche. Il verrait bien. Il pressa le pas et bientôt le fort fut en vue. Il se présenta aux sentinelles et après avoir salué les gardes et décliné son identité, il fit part des raisons qui l’amenaient :

- Pourriez-vous m’annoncer à messire Flèche Sombre ou même au général s’il est disponible ? Je repasserai si jamais ils ne souhaitent pas me recevoir.

[Taliesin]

On apprit au rôdeur que le général ne se trouvait pas au Fort : pour l'heure, il supervisait des manœuvres de l'armée dans la proche campagne luménienne, manœuvres effectuées régulièrement depuis que l'hiver avait desserré son étau sur la ville, permettant ainsi aux troupes d'en quitter des murs. En revanche, Darren Flèche-Sombre était bien présent, et un garde s'offrit pour conduire Kasumi jusqu'à l'officier.
Celui-ci paraissait également des plus occupé, plongé dans l'examen de nombreux parchemins - des rapports, à n'en pas douter. Cependant, il sourit brièvement au demi-elfe et l'invita à s'asseoir.
-Un revenant... fit-il. Nous commencions à croire que l'appel de la nature avait été le plus fort et que nous ne vous reverrions plus...

[Kasumi]

Kasumi répondit à l’invitation en prenant place face à l’officier. Il se sentit un peu gêné de déranger le commandant de la garnison alors même qu’il n’était pas certain de ses intentions en venant ici. Avait-il seulement envie d’effectuer une nouvelle mission pour le compte de la ville ? Il était plutôt indécis à ce sujet. Il éprouvait toujours une loyauté toute particulière à cette vile pour laquelle il avait failli donner sa vie et qui l’avait accueillie. Ce dont il était certain cependant était qu’il n’accepterait pas de s’engager si cela impliquait de se séparer d’Astrée, ne serait que pour un temps limité. Toutefois, l’accueil plutôt chaleureux de Darren, surtout compte tenu de son habituel mutisme lui fit chaud au cœur.

- Le voyage s’est avéré plus mouvementé que prévu. Mais vous n’avez pas totalement tort, il se pourrait que je succombe sous peu à l’appel des grands espaces. En fait, j’ai prévu de ne rester que quelques jours en ville, donner des nouvelles en somme. Mais comme je n’ai pas vraiment encore de destination précise pour ces prochaines semaines, j’an ai profité pour venir m’enquérir au fort, voir si je pourrais vous être utile malgré tout.

[Taliesin]

L'elfe se frotta le menton, pensif.
-De l'aide n'est jamais malvenue, fit-il. Cependant, pour l'heure, je ne vois pas quelle mission pourrait correspondre à vos compétences...
Il secoua la tête.
-Je vais y réfléchir. En discuter avec le général Maelwedd. Peut-être trouverons-nous quelque chose à vous donner, dans le genre de ce que vous avez accompli cet hiver. Et qui pourrait aller de pair avec vos envies de grands espaces.

[Kasumi]

Kasumi sourit au commandant, toujours aussi direct et efficace. Visiblement, l’officier commençait à bien le connaître et prenait en considération ses attentes. Il devait avouer qu’il n’éprouvait pas vraiment de déception à ce qu’aucune mission ne lui corresponde pour le moment. Il ne serait pas si désagréable de parcourir les contrées sauvages sans but précis et si l’or venait à manquer, Astrée et lui sauraient sûrement trouver de quoi gagner le peu qui leur était nécessaire. Toutefois, il était bien décidé à accepter une mission du genre de celle qu’il avait accomplie l’hiver passé, une si lointaine époque… Il acquiesça en réponse à Darren :

- Ce serait exactement le genre de mission qui me conviendrait en effet. Je loge à la Bienveillance. Je pense que nous resterons quelques jours ma compagne et moi donc n’hésitez pas à m’envoyer un message si mon aide peut vous être utile. Vous semblez bien occupé, je ne voudrais pas vous prendre plus de votre temps, commandant…

Le rôdeur n’avait pas voulu se montrer abrupt mais il devait reconnaître qu’il était empressé de retrouver Astrée qui lui manquait déjà…

[Taliesin]

Darren Flèche-Sombre jeta un regard en coin au monceau de documents qui encombrait son bureau, puis acquiesça.
-Très bien, fit-il. Je vous contacterai dès que j'aurai pu m'entretenir avec le général. Je le répète, je ne suis pas certain que nous trouvions quelque chose dans de si courts délais, mais ce n'est tout de même pas impossible. De votre côté, prévenez-nous si vous deviez quitter la ville avant d'avoir reçu de nos nouvelles.
Il salua le rôdeur d'un geste de la main... puis se replongea presque aussitôt dans sa paperasse.

[Kasumi]

Le rôdeur se leva et ne put que compatir à la paperasse qui attendait maintenant son interlocuteur. Nul doute que lui aussi aurait préféré battre la campagne que rester enfermé par une journée si radieuse. Kasumi sourit, songeant qu’il allait maintenant pouvoir retrouver Astrée. Mais il avait prévu de faire un ou deux détours avant de se rendre au parc. Avant de quitter la pièce, il s’adressa une dernière fois à Darren :

- Merci d’avoir pris sur votre temps pour me recevoir. Je ne manquerai pas de vous avertir de mon départ. Bonne journée à vous.

Puis il repartit par ses propres moyens, le garde qui l’avait escorté étant probablement retourné à d’autre tâches lui aussi.

[Voyageuse]

Quête : Une si belle nuit

Il était plus de minuit quand Yaël et son guide, après leur repas à la taverne de la bienveillance, atteignirent le quartier nord de la ville. Yaël reconnut au passage la maison De Percival, l’une des plus belles des quartiers huppés, toujours illuminée. La fête devait battre son plein… Plus ils croisèrent la rue menant à l’université, qu’il avait quittée plus tôt dans la soirée.
La pente s’accentua comme ils continuaient encore plus au nord, et l’imposante bâtisse fortifiée se découpa bientôt sur le ciel étoilé.

Emeric conduisit le jeune mage au poste de garde à l’entrée du bâtiment, après lui avoir expliqué que le garde chargé de l’accueil saurait certainement si sa bourse aurait été retrouvée… Quant à lui, tombant de sommeil, il préféra s’éclipser et regagner son dortoir.
Un homme en uniforme se leva à leur arrivée.
- Sergent Hagen. Que puis-je pour vous ?

[Seymour]

Quête : Une si belle nuit

Yaël leva les yeux vers lui, il n'aimait pas vraiment devoir lever les yeux comme ça, mais il n'avait pas vraiment le choix, il n'était pas si grand que ça.

- Bonjour Sergent. Je viens signaler le vol de ma bourse, cette nuit vers vingt-deux heures.

[Voyageuse]

Quête : Une si belle nuit

Le sergent Hagen fronça un sourcil, et se mit à compulser ses documents.
- Une bourse, vous dites ? Volée ? Ou simplement perdue ?

Il leva la tête et croisa le regard du jeune homme.
- Qu'est-ce qui vous fait penser qu'on vous l'a volée ? Comment cela se serait-il produit ?

[Seymour]

Quête : Une si belle nuit

Yaël grommela intérieurement, raconter une nouvelle fois l'histoire l'ennuyait profondément.

- Je me suis fais agresser par des idiots de mages qui avaient trop bu. L'un d'entre eux m'a lancé un sort de sommeil -qui endort la cible-, et je me suis réveillé sans ma bourse mais avec le reste de mes affaires.

Puis il ajouta dans un soupir.

- Et je viens donc porter plainte et voir si jamais ma bourse aurait atterrit ici, même si j'ai peu d'espoir. Cela répond-il suffisamment à votre question?

Il n'aimait pas vraiment le ton de l'homme, et commença à tapoter du pieds. Rien ne l'énervait plus que toute cette administration et la paprasserie.

[Voyageuse]

Quête : une si belle nuit

Le sergent haussa un sourcil en entendant la fin de la tirade de Yaël, avant de fixer le jeune homme droit dans les yeux.
- Parfaitement, répondit-il simplement d'un ton poli, mais froid. Veuillez me suivre dans mon bureau. Je vais voir ce qu'on nous a rapporté durant la soirée...

Son "bureau" était une pièce minuscule, dont le porte donnait sur l'entrée du Fort. Dans un angle se trouvait une immense armoire de bois, occupant presque la moitié de la pièce. Après avoir fait asseoir le jeune mage, le sergent Hagen passa quelques minutes à en fouiller les tiroirs, consultant de temps à autres son registre. Il en revint avec deux bourses. L'une d'elle était celle du jeune mage... ou y ressemblait fort.

- Voici deux bourses qu'on nous a rapportées assez récemment. L'une d'elle vous parait-elle être la vôtre ?

HRP : ne va pas trop loin, il ne te la rend pas tout de suite. (oui, je sais, ça va te faire un post court mais c'est pas grave !)

[Seymour]

Quête : une si belle nuit

Yaël regarda les deux bourses attentivement. La première avait l'air bien pleine, la seconde était un peu moins replète. Toutes deux étaient assez proche de sa bourse, aussi il n'était pas vraiment sûr.

- Eh bien, je ne suis pas sûr...

Il jeta de nouveau un coup d'oeil aux deux bourse.

- Eh bien, la moins pleine, je crois...

[Voyageuse]

Quête : Une si belle nuit.

Le sergent hocha la tête. Il sembla à Yaël lire un soudain intérêt dans ses yeux.
Il ouvrit la bourse, at s'adressa à nouveau au jeune mage.
- Pourrais-je connaître votre nom ? Et vous souvenez-vous du contenu de votre bourse ? Si c'est bien la vôtre, j'irai ensuite vous chercher un formulaire à remplir avant de pouvoir vous la remettre.

[Seymour]

Yaël éprouva une soudaine méfiance. Il se prépara presque sans y penser, réfléchissant à ses sorts. Il se mit sur ses gardes. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il avait un mauvais pressentiment. puis il répondit d'une voix parfaitement normale et controlée.

- Mon nom est Yaël et ma bouse contenait à peu près une cinquantaine de pièces d'or.

[Voyageuse]

Quête : Une si belle nuit

Le sergent hocha la tête, et tendit la bourse au jeune mage.
- Il s’agit bien de la votre, en ce cas. Et… son contenu est intact, ce qui tendrait à discréditer la thèse d’un vol. Il semblerait plutôt que vous l’ayez perdue…

Il sortit un instant du bureau et revint presque aussitôt, avec un formulaire qu’il commença à remplir. Deux gardes l’accompagnaient, en uniformes, et armés.
- La procédure veut que je note votre déclaration, et que je vous fasse signer une attestation de remise de l’objet trouvé.
Il tendit le papier à Yaël, et continua, d’une voix toujours calme.
- Malheureusement, cette fois-ci… Il se trouve que les circonstances sont un peu particulières. Cette bourse a été retrouvée peu avant minuit sur les lieux d’une tentative de meurtre. Vous comprenez bien que cela fait de vous l’un des principaux suspects. Et par conséquent, nous ne pouvons pas vous laisser partir avant que vous n’ayez été entendu par la personne chargée de l’enquête. Nous devons donc vous garder ici jusqu’à demain matin. Ce sont les ordres.

Il fit signe aux deux soldats de s’approcher.
- Veuillez nous suivre...

[Seymour]

Quête : Une si belle nuit

Yaël recula immédiatement, piocha dans sa sac le focalisateur nécessaire à son sort. Un sac très petit et une bougie. Il se mit à psalmodier et à faire de grands gestes. Au bout de quelques secondes et avant que les gardes aient pu réagir, un chien céleste avait jailli, comme venu de nul part.

- Reculez ou il va vous attaquer. Ne m'approchez pas.

Il n'avait pas l'intention d'attaquer, mais il avait de mauvais souvenirs des forces de l'ordre liés à son enfance. Il chercha ses sorts de projectiles magiques dans sa mémoire, au cas où. Par là même, il regretta de na pas connaître un soir qui lui permettrait de s'enfuir, comme hâte ou brume dissimulatoire.

- Je ne vais surement pas vous suivre, je n'ai tué personne. Allez chercher Emeric, il était avec moi toute la soirée. Tant qu'il ne sera pas là, je ne vous suivrais pas, et si vous tentez quoique ce soit, j'ai quelques sorts en mémoire pour me protéger.