[Plan de Fugue] RP : aux quatre vents

[Mornagest]

En provenance de

Il se réveilla avec la sensation d'avoir passé une nuit ne le gratifiant que d'un sommeil peu réparateur. Sa tête était lourde, ses sens engourdis. La première chose qu'il ressentit vu la rugosité du sol sous lui. Du sable ? La surface s'effritait lorsqu'il passait les doigts. Un genre de rocaille friable en surface, mais dont le cœur était dur comme de l'acier.

Il se releva. Il faisait sombre et l'odeur de l'air autour de lui rappelait celle d'une mine de soufre, lourde, entêtante et désagréable. Il avait l'impression de respirer de la poussière, et il toussa. De la condensation se forma devant sa bouche ouverte, et il prit conscience qu'il avait très froid. Cherchant à se frotter le torse, il se rendit compte que son bras droit ne répondait plus aux ordres. Il découvrit avec stupeur son membre aux trois quarts arraché, pendant, inutile, le long de son corps. Le spectacle était affreux, mais pas autant que la sensation que procurait le sang séché qui lui couvrait la moitié du corps, et qui rendait la peau rigide et tendue au moindre de ses mouvements.

Autour de lui, il ne voyait que l'infini. Et de la rocaille, de la cendre... et encore, pour ce qu'il pouvait en voir. La faible lumière qui irradiait d'il ne savait où ne lui permettait que d'apercevoir vaguement l'horizon à une vingtaine de mètres de lui. Au-delà... Se trouvait-il dans un plan démoniaque ? Rêvait-il ? Il n'avait souvenir de ces blessures, ni de comment il les avait subies. Où était-il, avant ? Il se souvenait de l'antichambre... et d'un visiteur. Inquiétant personnage, pâle mais sombre... Walar. Était-ce lui qui... ? Il ne s'en rappelait plus, mais au vu du sérieux des plaies...

Mais où était-il ? Il n'avait guère d'autre choix, pour l'heure, que de marcher et tenter de le découvrir. Il se mit alors en marche, sans éprouver la moindre douleur quant à ses blessures qui normalement lui auraient provoqué la mort à coup sûr...

[Mornagest]

Il marchait déjà depuis longtemps. Combien de temps ? Il ne parvenait pas à se souvenir précisément... une heure ? Un jour ? Plus ? Il avait toujours froid, mais il ne sentait pas la douleur qu'il aurait dû éprouver face à ces blessures. Ses pas le menaient au hasard du terrain, là où il lui semblait être le plus facile de progresser sans risquer de tomber. Avec son bras inutile, il ne savait s'il pourrait se relever facilement.

Il entendait une espèce de grondement sourd, depuis un moment, et il se muait petit à petit en un genre de litanie récitée par une foule de personnes, comme une gigantesque foule de fidèles venus réciter les textes religieux d'un quelconque dieu mégalomane.

Soudain, des ténèbres qui l'enveloppaient, il aperçut une créature humanoïde mais pourvue d'ailes sombres venir vers lui, d'une démarche assurée, et avec, Mornagest le constata rapidement, un sourire carnassier aux lèvres. Elle ressemblait à un petit démon qui se tenait sur ses deux pattes arrière, debout. Sa peau était couleur de brique, et ses doigts se terminaient par des griffes acérées.

"Il était temps. Suis-moi, Mornagest.", grinça-t-elle. Et, contre toute attente, le guerrier s'aperçut qu'il ne pouvait agir autrement qu'en obéissant à la créature, lui emboîtant le pas, marchant dès lors plus rapidement vers l'infini obscur qui s'étalait devant lui.

[Mornagest]

La marche forcée ne dura guère longtemps. L'espèce de démon qui le menait se retourna, montrant de plus près son hideuse apparence. Ses traits grossiers étaient rouge brique également, et ses yeux luisaient d'un éclat malfaisant. Il avait le même sourire, avec une pointe d'amusement sadique qui faisait froid dans le dos. Mornagest, d'ailleurs, ressentait toujours le froid en ces lieux effrayants. Il ressentait la peur. Il ressentait la perte, la colère, le désespoir, la haine, le dépit... il prit conscience que seuls les sentiments les plus noirs l'animaient, tandis que ses souvenirs s'estompaient... Lothringen... ses traits, toujours nettement imprimés dans sa mémoire, s'effaçaient progressivement. Ses rencontres avec lui... combien ? Où ? Pourquoi ? Il ne se souvenait plus. La panique envahit Mornagest, qui chercha vainement à s'enfuir.

"Tu n'as nulle part où aller, sauf ici. Tu n'as rien à penser. Rien à espérer. Tu resteras ici. Tu serviras, tu obéiras. Tu n'opposeras aucune résistance à la volonté de Kelemvor.
- Que dois-je faire ?", s'entendit-il demander, alors que le son de sa voix lui parvenait de loin, comme si lui-même se trouvait à plusieurs mètres, comme s'il se voyait parler au démon.
"Tu le sais déjà", répondit l'autre, laconique.

Et le guerrier se rendit compte qu'il savait. Il savait ce qu'on lui demandait de faire. Pour tout dire, cela occupait l'entière partie de son esprit ; tout le reste s'était évanouit, comme le brouillard matinal face aux assauts du soleil estival. Déjà, il avait un malheureux défunt à guider dans ce monde froid et sans relief. Il était loin, il aurait à marcher longuement. Mécaniquement, tel un golem sans cervelle, Mornagest se remit en route vers une destination que lui seul connaissait.

En route vers