Quête : troubles nocturnes, dans les Montagnes du Nord

[Mornagest]

HRP : événement aléatoire :
33. Vous tombez sur une tombe anonyme.

En provenance de

Le moine s'en fut dans la fraîcheur de la nuit en plein désert. Il s'était également muni d'une solide couverture, aussi n'eut-il à souffrir que du manque de sommeil qui le taraudait depuis quelques nuits maintenant, et ce voyage nocturne n'allait pas arranger les choses.

Le trajet se déroulait sans encombres. Melandis fut bientôt hors de vue, et le moine progressait le long des chemins sinueux qui évitaient les dunes du désert qui s'étalait maintenant devant lui, à l'infini, semblait-il.

Les heures s'avançaient et l'aube vint, projetant des éclats de soleil sur le sable encore froid. Le paysage changea déjà, laissant voir des oasis de verdure s'installer progressivement, signes que Ben-j allait bientôt entrer dans les régions plus tempérées du nord de Dorrandin.

La fatigue aidant, le moine marchait moins vite. Il sentait qu'il avait besoin de repos, son paquetage lui pesait de plus en plus sur les épaules... et ses paupières menaçaient de se fermer seules à tout instant. Choisissant un endroit à couvert, dans un petit bosquet de chênes liège, il trouva une petite mare qui pourrait lui procurer un peu d'eau pour se rafraîchir... mais aussi des moustiques pour son sommeil.

S'assurant que personne n'était présent, il trouva alors une vieille pierre polie et gravée de symboles particuliers dans une langue qu'il ne connaissait pas, au pied d'un arbre apparemment âgé. Ben-j reconnut cependant le symbole divin de Myrkul, l'un des dieux des Morts.

[Ben-jXX]

Intringué par la présence d'une trace humaine dans un endroit aussi reculé de Dorrandin, Ben-j se mit à gratter la terre qui recouvrait la pierre afin d'en dégager les contours. Alors qu'il s'attendait à découvrir une petite stelle, il eut la surprise de trouver un premier angle à une dizaine de mètres de l'endroit où il avait installé son campement.

Après une quinzaine de minutes de fouilles intensives, il parvint finalement à déterminer les extremités de la pierre constatant qu'il s'agissait d'une grande dalle plate de 10 mètres sur 10. L'arbre à partir duquel il avait commencé ses recherches siègait en son centre (et on était en droit de se demander comment il avait fait pour pousser là). Une épaisse mousse recouvrait la dalle que Ben-j entreprit bientôt de la dégager. Celle-ci se décolla aussi facilement qu'un fruit bien mûr laissant apparaitre, gravés sur la dalle, une multitude de runes et de symboles dessinés appartenant exclusivement au répertoire macabre.

Alors qu'il avait presque fini de découvrir le terrain, il s'aperçut qu'une dalle plus petite était incrustée dans la grande, laissant apparaitre une poignée en métal doré. Ben-j comprit qu'il était devant l'entrée de ce qui semblait être une pierre tombale.

Le moine n'étant pas venu dans cette région sauvage de Dorrandin pour faire du tourisme mortuaire, il laissa la tombe et retourna à son campement pour une nuit de repos bien méritée.
Il alla se coucher après un frugal repas. Cependant à peine s'était-il endormi que le vent se mit à souffler faisant parvenir à ses oreilles un insupportable sifflement aigu. Ben-j comprit que celui-ci provenait de la tombe et sonnait dans sa tête comme un appel. Le sifflement se faisait plus puissant à mesure qu'il s'approchait de l'entrée. Décidé d'y mettre fin, le moine se munit d'une torche et souleva la dalle qui s'ouvrit dans un nuage de poussière...

[Mornagest]

Le caveau n'était pas très profond : le moine devinait le fond, derrière l'espèce de sarcophage qu'il avait maintenant sous les yeux. Une foule d'insectes souterrains s'échappait par l'espace libre, espérant ne pas se faire manger par le trouble-fête qui venait de les aveugler avec sa maudite torche.

Le cercueil était d'un style assez particulier, que Ben-j ne connaissait pas très bien. Il soupçonna la tombe d'être là depuis longtemps, vu l'état de la pierre et du bois qui tombait presque en miettes sous ses doigts alors qu'il cherchait simplement à dégager les poignées du sarcophage, en quête d'un signe quelconque quant à l'identité de l'inhumé, ou même son origine, mais rien... en revanche, le bois pourri laissait voir par intermittence le contenu peu appétissant de la boîte.

Ben-j allait-il ouvrir ?

[Ben-jXX]

Bien décidé à percer le mystère de cette tombe isolée, Ben-j saisit fermement les poignées du sarcophage. Après tout, peut-être ne s'était-il pas arrêté dans cette clairière par hasard ? Peut-être son subconscient l'avait-il guidé volontairement jusqu'à cette tombe ?

Il tira fermement sur les poignées et le couvercle du cercueil s'ouvrit dans un bruit grinçant. Il laissa glisser le couvercle sur le côté et approcha la torche sarcophage afin d'en admirer son contenu...

[Mornagest]

Sans trop de surprise, il tomba sur des restes humanoïdes, composés pour majeure partie d'ossements sur lesquels des lambeaux de chair pourrie étaient toujours attachés. Le cadavre était un véritable écosystème à lui seul, au vu des nombreuses espèces animales et végétales qui s'étaient développés sur et en lui - sans parler des champignons. L'odeur, quant à elle, rappelait un subtil mélange entre la sortie des égouts de Melandis dans la Houleuse, et l'haleine d'un vampire qui aurait égaré sa brosse à canines.

Ben-j regardait vaguement s'il ne pouvait trouver un signe distinctif sur le corps, mais n'en aperçut aucun. Nul bijou, nul reste suffisamment éloquent pour deviner qui le mort pouvait bien être de son vivant.

Il s'apprêtait à abandonner ses recherches lorsqu'il failli tomber évanoui. Les bras du mort s'étaient soudain redressés et lui agrippaient les poignets avec une force surnaturelle. Les yeux, ou du moins, les orbites remplies de mousse et de pourriture, s'éclairèrent d'une lueur rougeâtre et maléfique, tandis que la bouche s'ouvrit pour déverser un flot d'insectes nécrophages ainsi que du liquide marron et nauséabond, puis, lorsque tout le contenu de la bouche du cadavre s'en fut allé, la créature proféra une menace explicite.

"Grlgebburrrleeuuuuaaargghlll !"

[Ben-jXX]

Si Ben-j avait été cardiaque, il aurait certainement succombé sur le coup. Le mort-vivant était tout simplement repoussant. Son apparence squelettique agrémentée de morceaux de chair putréfiée le rendait inclassable à toute espèce mort-vivante connue.

Le moine essaya de dégager ses poignets mais ceux-ci étaient maintenus par la force surnaturelle du nécrophage qui serrait de plus en plus. Alors que ses mains, garrotées de la sorte, devenaient rouges, le profanateur, guidé par l'instinct de survie probablement, eut le reflexe de les abaisser brutalement de manière à ce que les bras du mort-vivant allèrent heurter le haut du sarcophage. La violence du choc brisa les coudes de son agresseur le libérant ainsi de son emprise. Sans demander son reste, le moine quitta le tombeau et referma la trappe derrière lui.

Alors qu'il eut encore toutes les peines du monde à décrocher les avant-bras du nécrophage qui le tenaient toujours fermement, il entendit ce dernier taper violement le long des parois de sa demeure mortuaire tout en proférant d'horribles râles gutturaux...

[Mornagest]

Mais le moine était désormais hors d'atteinte, et il se dépêcha de rassembler ses affaires et mettre le plus de distance possible entre le tombeau occupé et lui. La nuit était fraîche, et il n'avait toujours pas pu fermer l'œil. Mais il préférait continuer à marcher à vive allure, trop effrayé à l'idée de pouvoir revoir cette chose de tellement près qu'il aurait pu compter le nombre d'orifices que les vers lui avaient creusé dans les chairs faciales...

Il arriva en vue des premières collines, signe qu'il approchait des Montagnes du Nord, alors que le soleil commençait à darder, dans l'horizon, ses premiers rayons, drapant le ciel d'un rose orangé du plus bel effet. Mais Ben-j n'eut l'occasion de profiter du spectacle simple et merveilleux, car il s'endormit en marchant, dans l'herbe humide de rosée.

[Ben-jXX]

Fourbu qu'il était, Ben-j n'eut même pas le temps de dresser un campement de fortune. A peine s'était-il laissé tomber dans l'herbe qu'il sombra dans un profond sommeil. Il était cependant peu probable qu'il lui arrivât quelque chose, il n'avait rencontré aucun groupe de Gnolls ou autres humanoïdes du même genre depuis son départ de Melandis.

Son repos fut toutefois de courte durée. Son sommeil fut agité et plusieurs scènes d'horreur lui traversèrent l'esprit : des scènes de massacre auxquelles il avait participé, des images de sang, de feu et de mort. Le mort-vivant duquel il avait échappé quelques heures plus tôt vint aussi hanter ses cauchemars. Alors qu'il poussait de petits gémissements et se débattait alongé dans l'herbe, il entendit de nouveau la voix qui l'appelait : "Poursuis ta route vers les lueurs boréales. Franchis le toit du monde et viens me rejoindre. Tout alors deviendra clair sur..."
La suite fut incompréhensible pour le moine qui se réveilla en sursaut, haletant et suant à grosses gouttes. Il se redressa et resta un moment assis les bras autour des genoux, comme abasourdi par ces visions nocturnes qu'il n'expliquait pas. Il se leva alors et reprit sa route.

Cela faisait plusieurs heures déjà qu'il marchait en directions des montagnes. Le ciel s'était couvert et un vent froid s'était levé. La route était devenue nettement plus escarpée et Ben-j distingua alors les premiers pics couverts de neige. Il s'engagea alors dans un sentier abrupt qui prenait la direction des sommets...

[Mornagest]

Il luttait désormais pour empêcher ses paupières de se clore toutes seules. Il était passé outre le stade des baîllements incessants, ressentant maintenant dans tout son corps la fatigue qu'il avait accumulée, en sus des mauvaises nuits qu'il passait depuis si longtemps. Que n'aurait-il pas donné pour dormir... sans rêves.

Mais il devait également faire avec le froid intense qui le tenaillait de toute part. La neige apparaissait, le vent soufflait violemment, lui donnant un mal de crâne persistant, menaçant de le faire chuter à chaque pas. Le sol, rocailleux, avait gelé, et glissait sous ses pieds. Et il n'y avait plus grand-chose à chasser de par ces monts glacés ; guère mieux que des racines et quelques plantes à bulbes.

Il eut l'occasion, cependant, de contredire ce noir tableau, en dénichant un chamois à moitié endormi, qu'il s'empressa de convertir en un délicieux repas. Quelques forces en plus, ce n'était guère du luxe...

L'ascension ne serait plus très longue, fort heureusement. Il était proche des sommets, et une fois derrière, cela irait sans doute mieux. Il verrait peut-être l'océan, si le ciel était dégagé de l'autre côté.

Mais la nuit approchait déjà, et il devait penser à se trouver un abri pour dormir un peu, loin du froid, si possible...

[Ben-jXX]

Alors qu'il marchait toujours le long du sentier, Ben-j aperçut légèrement sur sa gauche un monticule rocheux prenant l'aspect d'une vague sur le point de se briser.
"Voila qui fera un excellent abri contre le vent et les intempéries" se dit le moine qui s'en approcha.

La butte était effectivement bien couvrante et protectrice. Ben-j en grimpa la crête et se mit à sautiller afin de s'assurer qu'elle ne lui tomberait pas dessus en pleine nuit. Celle-ci lui sembla tout à fait solide.

La nuit était définitivement tombée alors qu'il finissait d'installer son camp et de planter sa tente. Un noir profond venait de recouvrir la montagne. L'heure était venue pour Ben-j de goûter un repos bien mérité. Il s'emmitoufla dans sa couverture et s'endormit aussitôt.

[Mornagest]

Bien qu'il s'attendît à être réveillé pendant ses songes, ce ne fut pas le cas tout de suite. Il passa presque trois heures sans avoir de rêve étrange, mais le restant de la nuit fut plus agité...

Le même visage, habituel, mais plus net, se dessinait maintenant clairement devant lui, comme s'il avait la femme en face de lui. Son visage était beau, triste, et quelque peu froid, mais elle souriait faiblement, tout en murmurant, de sa voix mystérieuse et enjôlée d'intonations enchantées : "Tu es près du but. Poursuis ton chemin, tu trouveras l'accès vers l'endroit où je me trouve..."

Le rêve fut soudain interrompu, lorsque le moine reçut une bonne poignée de neige sur le visage, et toussa pour se débarrasser de la froide substance qu'il avait en partie avalée. Le vent soufflait fort, le froid était pénétrant, et il lui était devenu impossible de se rendormir... Les paupières de plus en plus difficiles à garder ouvertes, il se remit péniblement en route. Le sommet n'était plus loin, et il redescendrait ensuite vers l'océan.

[Ben-jXX]

Pour la première fois, Ben-j parvenait à distinguer correctement le visage de celle qui hantait ses nuits. Il aperçut le visage d'une jeune femme blonde à la peau claire. Elle était très belle et semblait à la fois douce et mélancolique.

Dans l'impossiblité de se rendormir, Ben-j continua sa route vers les sommets de la montagne. l'épaisse neige qui recouvrait le sol ajoutée aux gros flocons qui tombaient continuellement ne rendaient pas son ascension facile. Cependant à mesure qu'il avançait, le ciel se fit plus clément. Le brouillard était toujours épais mais la neige et le vent avaient disparu. Profitant de cet instant de répis, il trouva un endroit sec sous un arbre, s'emmitoufla dans sa couverture et se laissa tomber afin de poursuivre sa courte nuit.

Il ne parvint à dormir qu'une petite demi-heure dans cette position mais constata à son réveil que le brouillard s'était définitivement levé. Il faisait maintenant grand beau. Ben-j reprit son paquetage et quitta son arbre. Il fit quelques pas puis se rendit compte qu'il avait atteint le sommet de la montagne.

Du col où il se trouvait, il découvrit avec émerveillement le paysage qui s'offrait à sa vue. Autour de lui, la chaine de montagne formait une immense crique s'ouvrant sur l'océan qui s'étendait à perte de vue. La réverberation du soleil sur l'eau et la neige offrait un panorama multicolore de toute beauté.

De l'endroit où il se trouvait, il ne parvint pas à distinguer le pied de la montagne, mais il entreprit bientôt de la descendre...

[Mornagest]

Le chemin était plus facile, maintenant, et il devait simplement prendre garde à ne pas glisser sur la neige. Le temps dégagé lui offrait une belle vue, dont il ne profitait guère, vu son état de fatigue avancé. Il se demandait même comment il parvenait encore à marcher... et surtout, pourquoi ! Cette diablesse avait intérêt à avoir une bonne raison de le déranger pendant son sommeil.

Le vent soufflait légèrement, mais Ben-j était certain d'avoir entendu un léger murmure. Il ne parvint pas à distinguer les propos, mais il se tourna instinctivement vers le ponant, et poursuivit son chemin à flanc de coteau, sans savoir comment il avait prit cette décision.

La marche se poursuivit encore quelques minutes, puis il découvrit l'entrée d'une grotte derrière un bosquet de jeunes sapins...

[Ben-jXX]

Ben-j ne savait pas si la découverte de la grotte ne tenait qu'au hasard ou si son subconscient l'avait intuitivement guidé dans sa direction.
L'entrée de la grotte était large et son tunnel formait un coude directement après l'entrée de telle sorte qu'on n'en voyait pas le fond.

Bien décidé à se lancer dans la spéléologie, le moine prit d'abord la peine de se fabriquer une solide torche qu'il alluma à l'aide de deux silex. Il pénétra dans la grotte non sans une certaine inquiétude.

Le tunnel était particulièrement sinueux. Aucune ligne droite ne s'étendait sur plus de 5 mètres et l'ombre de Ben-j venait invariablement se refléter sur le mur en face de lui.
Après un bon quart d'heure de marche, le tunnel s'évasa significativement jusqu'à déboucher sur une gigantesque caverne. Une lumière bleue naturelle éclairait l'endroit faisant nettement baisser l'intensité de sa torche.
50 mètres le séparaient du plafond. Il s'avança lentement vers le centre de la caverne et se rendit compte qu'elle était coupée en deux par une large et profonde crevasse. Une rivière souterrainne circulait en contrebas et une multitude de ponts naturels la surmontaient. De l'autre côté de la crevasse, le tunnel continuait sa route à travers la roche.

Ben-j entreprit de traverser un pont qui lui semblait solide...

[Mornagest]

L'arche naturellement construite par les siècles, dans le calcaire, semblait solide. Avec moult précautions, le moine avança petit à petit, prêt à rebrousser chemin le plus rapidement possible s'il sentait que son poids fût trop important. Mais l'édifice tenait bon, et il atteignit enfin l'autre côté, la tête légèrement tournante. Il avait faim, et la fatigue chronique qui l'accablait n'arrangeait pas les choses. Au moins, il pouvait se sustenter, ce qu'il fit avec un certain plaisir. Il lui restait encore quelques provisions, qu'il acheva, trop affamé pour réussir à conserver de quoi faire le chemin du retour. Peut-être pourrait-il chasser ? Bah, pour l'heure...

... il sentit un souffle froid courir le long de son échine. Il trembla, puis reprit ses esprits. Un courant d'air, peut-être. Ce n'était pas rare, dans les boyaux souterrains, pour peu qu'il y eût une autre issue. Mais le souffle se poursuivait, et il se sentait mal à l'aise.

Se retournant, il se retrouva nez-à-nez avec une sorte de spectre, à peine visible. Seuls ses yeux étaient nettement découpés, rougeâtres, irradiant d'une lueur maléfique. Ce spectre-là n'avait rien de pacifique, à en juger par son allure franche et décidée à assaillir Ben-j.

[Ben-jXX]

Ben-j retint un cri d'effroi. Le spectre était particulièrement repoussant. Le moine ne savait s'il fallait mieux l'attaquer de front ou prendre la fuite le plus rapidement possible. Il opta pour la deuxième solution. D'un coup de torche il écarta le mort-vivant, le laissant sur place, puis détala, ventre à terre, dans le tunnel.
Il courut dix bonnes minutes sans s'arrêter, sans même se retourner vérifier que le spectre le suivait toujours. Il fit preuve d'une agilité certaine en évitant plusieurs fois de se prendre le mur du tunnel qui serpentait de plus en plus. Lorsqu'il s'arrêta, essoufflé, transpirant et affaibli par les privations qu'il endurait depuis le début de son périple, il constata que le fantôme ne l'avait pas suivi. Conscient cependant que la lumière de sa torche donnait une indication très précise de l'endroit où il se trouvait, il la déposa au sol et fit quelques pas, devant lui, dans le tunnel. Lorsque la lueur de la torche disparut totalement et qu'il ne voyait plus, autour de lui, qu'un noir profond, il embrassa l'ombre.

Ben-j --> Caché dans les ombres

Sûr d'être absolument furtif, il retourna à l'endroit où il avait laissé sa torche, s'assit derrière une infractuosité du mur et attendit...

[Mornagest]

Le spectre ne paraissait pas très rapide ; il ne l'avait pas suivi, et plus aucun souffle froid ne venait caresser désagréablement l'échine de Ben-j, qui, au bout de plusieurs minutes d'attente angoissante dans cette caverne sinistre, finit par juger qu'il était hors de danger... pour l'instant.

Il devait reprendre son chemin. Fort heureusement, la grotte n'était pas un labyrinthe inextricable de boyaux divers et variés ; les rares bifurcations étaient souvent des cheminées montant vers la surface, ou de larges anfractuosités qui constituaient plutôt de petites salles plutôt qu'un réel autre chemin. Le moine poursuivit donc sa route, certain d'être subconsciemment guidé à chacun de ses pas.

Vint une nouvelle caverne, et le moine réalisa trop tard qu'il s'était fait voir, avec sa torche, d'une poignée de spectres similaires à celui qu'il avait croisé plus tôt...

[Ben-jXX]

Cette fois, le combat semblait impossible à éviter. quatre spectres s'approchaient dangereusement de lui, dont deux qui l'avaient intelligemment pris à revers. Le moine avança vers le centre de la caverne et dégaina son katana.

D'un coup tournoyant, il écarta les spectres qui avaient resserré de plus en plus leur étau, de manière à les garder à distance. Ben-j pivotait sur lui-même afin de les avoir tous dans son champ de vision. Les protagonistes restèrent attentistes de longues secondes et personne n'osa prendre l'initiative du combat.
Un fantôme passa finalement à l'attaque, se jetant à bras raccourcis sur le moine. Ce dernier réagit aussitôt et lança un vif coup d'épée qui coupa le spectre en deux. Ce dernier n'était ni solide, ni vapeur et Ben-j eu une étrange sensation en le coupant, à la fois molle et résistante, comme s'il s'agissait d'un grosse meringue. Ainsi sectionné, le spectre poussa un râle aigu de douleur, se regroupa en boule et explosa dans un nuage de fumée. Ben-j fut étonné de s'être débarrassé aussi facilement d'un ennemi qui pensait bien plus costaud.

Bien décidés à venger leur semblable, deux autres spectres se jetèrent sur lui et tatèrent, eux aussi, le tranchant de son katana. Sans plus attendre, il se jeta, à son tour, sur le dernier mort-vivant le tailladant en plusieurs endroits. Les spectres explosèrent comme le premier et Ben-j put souffler.

Alors qu'il ramassait sa torche et son baluchon, de nombreux cris aigus, identiques à ceux des fantômes, se firent entendre dans les alcoves qui perforaient la paroie de la caverne. Comprenant qu'il se trouvait dans une véritable fourmilière mortuaire, le moine déguerpit, sans demander son reste, en direction du prochain tunnel.

[Mornagest]

Le moine commençait à se demander sérieusement s'il n'était pas tombé dans un sombre traquenard à seule fin de l'éliminer... même si les moyens mis en œuvre étaient énormes, alors qu'il eût suffit de l'assassiner à Melandis. Mais pourquoi l'avait-on fait venir, dans un nid de spectres à peine perceptibles, en grand nombre, et à l'agressivité certaine ?

Il poursuivait sa route, ces interrogations en tête. Le tunnel continuait sur sa lancée, mais il arriva rapidement sur une nouvelle salle, remplie de stalagmites séculaires, de colonnes immenses, tandis qu'un ruissellement léger d'eau se faisait entendre, résonnant contre les parois de la caverne.

Ben-j aperçut une silhouette humanoïde, non loin de lui, dans l'obscurité. Elle bougea légèrement, et il lui sembla entendre à nouveau la voix féminine, celle de ses rêves agités. Mais cette fois, claire, et précise.

"Attention, derr..." Le reste, il ne l'entendit jamais. Quelque chose de dur et de lourd vint percuter son occiput, et il s'évanouit sur-le-champ...

Il se réveilla des siècles plus tard, la tête lourde, nauséeux, frigorifié et avec la vague impression de s'être fait rouler dans la farine. À côté de lui, la voix résonna à nouveau : "Tu n'as rien ?" Il ouvrit les yeux et découvrit la plus belle femme qu'il eût jamais vu depuis très longtemps. La faible luminosité qui régnait dans la salle rendait son visage aussi énigmatique que sa voix ; il la reconnaissait, celle qui, depuis des nuits, hantait ses songes, l'empêchait de dormir...

[Ben-jXX]

La vue de Ben-j était encore un peu floue de sorte qu'il était incapable de discerner si la jeune femme qu'il regardait était bel et bien vivante ou s'il s'agissait d'une nouvelle apparition.

Il était subjugué par sa beauté. De longs cheveux blonds ondulaient jusqu'à ses épaules. Sa peau et ses yeux clairs lui conféraient une allure éthérée, voire iréelle. Le sourire qui se dessinait sur ses lèvres faisait transparaitre une personnalité à la fois douce et mélancolique, emplie de sagesse.

Reprenant peu à peu ses esprits, Ben-j réussit à articuler : "Où suis-je ? Qui êtes-vous ?"

[Elondara]

Le visage de la jeune femme esquissa l'ébauche d'une grimace, puis elle souffla, dans l'obscurité presque totale :

"Je suis Elondara, maîtresse des enchantements à Melandis. Je suis heureuse que tu aies pu entendre mon appel, mais je n'ai pu te prévenir à temps ; ces créatures m'ont assaillies voici des jours, maintenant... et nous voilà tous deux prisonniers de cette tanière, sans que leur but me soit connu."

Elle affichait une mine déterminée, résignée à passer ici le peu de temps qu'il lui restait à vivre. Toute magicienne qu'elle était, elle n'avait pu se nourrir depuis belle lurette, à en juger par sa corpulence vraiment frêle. Quant à la boisson... il y avait un filet d'eau qui dégouttait du mur, non loin d'elle. La survie...

"Nous sommes dans une caverne, sous les Montagnes du Nord. Où, précisément, je ne sais. Je pense que ce n'est guère important."

[Ben-jXX]

Ben-j, allongé sur le sol, se redressa encore endolori. Il se mit finalement debout puis fit quelques pas en chancelant avant de s'asseoir sur un gros rocher. Assise sur ses genoux, la magicienne le suivait du regard sans intervenir. Il frotta ses yeux comme pour chasser le flou de sa vision et lui demanda :

"Qu'est ce qui est important alors ? Dans quel but m'avez-vous fait venir ici ?"

Il passa sa main dans ses cheveux et sentit un grosse bosse douloureuse. Il se souvint du coup qu'il avait reçu derrière la tête juste avant de s'évanouir.

"Et qui m'a lâchement attaqué par derrière, qu'il goûte à ma fureur ?"

[Elondara]

La jeune femme secoua la tête. "Inutile de s'énerver pour l'instant. Nous devons d'abord sortir d'ici. Je t'ai fait venir dans ce but, car ma magie seule n'arrive pas à vaincre ces créatures... Je t'ai également empêché de dormir depuis si longtemps, car en temps normal, ces spectres sont invisibles. Ton état... disons atypique, te permet de les apercevoir. Et de là, les combattre, du moins, je l'espère." Aucune note d'humour dans sa voix, il fallait croire qu'elle était sérieuse en précisant cela.

"Tu dois normalement pouvoir déceler les barreaux invisibles qui nous empêchent de sortir. Regarde de ce côté", fit-elle en lui indiquant le reste de la caverne. "Essaie de trouver une serrure, ou quelque chose qui fermerait ces barreaux."

À vrai dire, ceux-ci semblaient n'être fait que d'ombre et d'air, mais lorsque Ben-j tenta de les faire bouger, il put constater qu'ils étaient plus résistants que l'acier. Il se mit en quête d'une possible serrure à forcer...

[Ben-jXX]

Le moine inspecta en règle l'immense grille qui se dressait devant lui, sans grand succès. Le manque de sommeil et l'aspect flouté des barreaux, lui brûlèrent les yeux jusqu'à le faire pleurer. Tout autour de lui, il voyait des barreaux entamer une danse psychédélique; Il faillit en perdre l'équilibre.

Il posa un genou, puis une main au sol, se tenant la tête avec l'autre, et tenta un instant de reprendre ses esprits. Non loin, la magicienne semblait ne porter aucune attention à ses difficultés. Il se releva finalement et reprit ses recherches.

Alors qu'il commençait à perdre tout espoir, Ben-j aperçut, à la base de la grille, à même le sol, une sorte de disque légèrement arrondi. Constitué d'ombres et d'air comme le reste de la grille, de nombreuses runes apparaissaient cependant en relief. Il prit le disque entre ses mains et constata qu'il pouvait le faire bouger légèrement.

Il appela la magicienne afin de lui faire part de sa découverte...

[Elondara]

Le moine décrivit l'espèce de serrure magique du mieux qu'il le pouvait, tandis qu'Elondara tâtait l'objet, l'air pensif. Elle secoua la tête et soupira.

"Je vois à peu près quel genre de mécanisme auquel nous avons affaire ; en général, ils ne s'ouvrent qu'à l'approche de celui ou celle qui l'a posé là. J'ignore qui est notre geôlier, et encore moins comment l'attirer ici."

Voyant la mine déconfite de Ben-j, l'enchanteresse ajouta :

"Il y a un autre moyen, mais il implique de verser le sang. Le mien, ou le tien... je ne vois rien d'autre ici qui nous offre son fluide. Reste à déterminer si c'est toi qui verses le sang, ou moi..."

Le ton était un brin défiant. Elle n'avait aucun doute quant à la bravoure du moine, mais elle appréciait d'éprouver les hommes, de temps à autre.

[Ben-jXX]

Le moine releva les yeux en direction de la magicienne. Il devina, malgré sa proposition, qu'elle ne tenait pas particulièrement à verser ne serait-ce qu'une goutte du liquide qui coulait dans ses veines, quel qu'il soit.

"S'il faut donner son sang, c'est moi qui le donnerait. Enfin, tout dépend de la quantité requise, je ne tiens pas à faire une syncope"

Ayant mangé frugalement et peu dormi depuis son départ de Melandis, il n'était pas particulièrement confiant quant à sa capacité à résister à une saignée. Quelques gouttes en trop et il aurait vite fait de tourner de l'oeil.

[Elondara]

La magicienne eut un étrange sourire, puis félicita le jeune homme pour son courage - relatif tout de même.

"Bien. Je constate que tu réponds à mes attentes. Approche ta main. Tu ne devrais pas sentir grand-chose, si tout se passe bien..."

Tandis que le moine s'exécutait avec une pointe d'appréhension, Elondara saisit délicatement le poignet de Ben-j et entama une incantation, la chuchotant presque. Elle était longue, et le moine fut rapidement perdu dans les syllabes aux consonnances étrangères et incompréhensibles.

Enfin, lorsqu'elle cessa son murmure, elle entailla du bout de l'ongle la paume de Ben-j, faisant à peine goutter une perle de sang qui disparut aussitôt dans un petit nuage doré. Ce dernier fut attiré vers la main d'Elondara, qui pointa violemment l'index en direction de la serrure décelée par le moine, et un "clac" résonna dans la caverne, tandis que le cadenas magique cédait.

"J'aurais très bien pu m'égratigner la main, mais je voulais voir si tu avais la trempe que j'espérais..." expliqua-t-elle brièvement, avant de poursuivre : "Bien. Ne moisissons pas ici. Je n'aime guère l'idée que nous pouvons être repris à n'importe quel moment... j'aurais voulu en savoir plus sur mes ravisseurs, mais ce n'est guère sage. Sauf si tu te sens d'attaque pour rivaliser contre une vingtaine de spectres ?" conclut-elle, un petit air malicieux sur le visage.

[Ben-jXX]

"Je n'y tiens pas particulièrement" lui répondit Ben-j d'une moue boudeuse.

Il ouvrit le portail, qui tourna sur ses gonds en grinçant. En face, se dessinait un nouveau tunnel dont on ne distinguait le fond.
Les deux aventuriers l'empruntèrent sans plus attendre, en refermant le portail derrière eux. Alors que ce dernier claqua, ils resentirent une étrange sensation d'aspiration interne, qui leur fit perdre leurs esprits un court instant. Ils se regardèrent, dubitatifs, puis continuèrent leur route.

Ben-j marchait en tête, suivi de la magicienne quelques pas derrière lui. Au bout d'une dizaine de mètres, il finit par éteindre sa torche qui ne présentait plus d'intérêt. En effet, le tunnel était lumineux, alors même qu'aucune source de lumière ne venait l'éclairer.
Le tunnel n'était pas creusé naturellement dans la montagne. Ses paroies étaient lisses et droites, tout comme son plafond parfairement parallèle au sol.
Les murs étaient recouverts de structures métalliques et pierreuses, dont Ben-j était incapable de savoir si elles étaient fonctionnelles ou décoratives. Alors qu'il contemplait cette architecture qui lui était parfaitement inconnue, le moine eut un étrange pressentiment... La sensation de se trouver dans un autre plan...

[Elondara]

La magicienne, tous les sens en alerte, marchait lentement derrière le moine. Elle essayait cependant de ne pas se laisser distancer ; se retrouver séparés dans ces boyaux étranges ne la tentait guère. Ils progressaient, cependant, remontant légèrement vers la surface, sans faire, au début, de mauvaise rencontre. Ce qui ne dura évidemment pas longtemps.

Ben-j ressentit à nouveau un souffle froid sur le visage, et s'arrêta aussitôt.

"Que se passe-t-il ?", s'enquit Elondara, alors qu'un trio de spectres se dessinait à peine, quelques mètres plus loin dans le tunnel. La jeune femme comprit ce qui se passait.

"Ma magie est impuissante sur ce que je ne vois pas ! Je vais tenter de les rendre matériels..."

Elondara ---> détection de l'invisibilité ---> spectres

Au regard de la magicienne, les créatures éthérées devinrent soudain nets et distinguables. Elle pourrait maintenant les cibler avec son prochain sort. Mais déjà, les spectres fondaient sur Ben-j, menaçants. Un murmure inquiétant résonnait sinistrement sur les parois du boyau.

[Ben-jXX]

Alors que la magicienne lançait son sort, Ben-j eut tout juste le temps d'éviter deux spectres qui s'étaient jetés sur lui, bille en tête. N'ayant eu le temps de se saisir de son katana, le moine fonça, poings en avant, sur le troisième spectre qui se trouvait un peu en retrait. Il cogna violemment ce dernier à la tête, sûr de sa puissance. Ses poings rebondirent cependant sur le spectre sans lui faire de mal, comme s'il venait de taper un bloc de caoutchouc.

Le fantôme, de ses yeux exorbités, le fusilla du regard avec fureur. Comprenant un peu tard que la créature était immunisé contre les armes contondantes, Ben-j tenta d'attraper son katana accroché dans son dos.
Avant d'avoir pu se remettre sur ses gardes, une douleur glacée le lança au niveau des côtes. Le spectre lui avait porté un coup de ses membres supérieurs qu'il agitait comme des lames.

Le moine fit quelques par en arrière et faillit perdre l'équilibre. Il se sentit soudain plus faible et nettement moins alerte. Il agitait son épée de manière désordonnée et se mit à courir dans tous les sens, sans respecter les règles élémentaires du combat, pourtant durement apprises au temple de Menh Hill.

Ben-j --> Absorption d'un niveau