[Habitation] Demeure d'Arya Du Varden

[Arya Du Varden]

Les quatres enfants regardèrent la carte et las de ne rien trouver, c'était déjà bien moins amusant, ils décidèrent d'aller explorer le jardin. La magicienne les retint de sortir directement par la porte des sous-sols, non qu'elle le leur interdisait, mais ils devaient d'abord s'habiller chaudement. Ils remontèrent donc en même temps qu'elle, trouvaient qu'elle lambinait mais n'osèrent rien dire.

A peine sortis de la cave, ils se ruèrent sur leurs manteaux, écharpes et bonnets, puis, attrappat au vol quelques gâteaux secs qu'Arya leur donna dans un petit sac de papier, les garnements filèrent comme dans flèches dans les sous-sols - direction l'aventure dans le jardin.

[Taliesin]

Juste avant de franchir la porte, les garçons s'immobilisèrent, tandis que Podrick tirait la carte de sa poche. Au-dehors, l'hiver finissant jetait ses dernières forces pour tenter, encore un peu, de repousser le printemps tout proche. La pluie verglacée qui avait commencé bien plus tôt dans la journée ne s'interrompait que par intermittence, et sortir le fragile morceau de papier dans ces conditions, c'était courir le risque de le voir irrémédiablement abîmé, ce qu'ils ne voulaient certainement pas. Les enfants prirent donc grand soin de l'examiner à l'abri, gravant dans leur mémoire tous les signes, tous les points de repère qu'il présentait, afin de pouvoir les reconnaître rapidement, une fois sur place. Dès que ce fut chose faite, et après d'ultimes vérifications, ils sortirent, prêts à poursuivre, au grand air, ce mystérieux jeu de piste.

[Arya Du Varden]

Dehors, ils eurent vite compris que rien ne serait simple. Le parchemin montrait des arbres touffus, des pierres dont la disposition devait permettre de se repérer, un bout du mur de la propriété.

Mais en cette fin d'hiver, la verdure était absente, les pierres encore recouvertent de neige et le mur d'enciente caché par la haie qui bien qu'ayant été taillée pour faire bonne figure, n'en était pas moins restée touffue la magicienne n'ayant pas souhaité lui enlever totalement son aspect naturel.

Faudrait sortir la carte pour bien voir, là y'a rien qui r'semble.

Ben, non, il pleut, elle serait foutue en un rien d'temps et pis après on en aurait plus.

Pas la peine, j'me souviens parfait'ment d'ce qui était dessiné, suffit de s'imaginer qu'c'est l'été.

Ouai mais comment qu'on fait pour reconnaître, y'a trop d'neige et moi j'lai jamais vu en été le jardin.

Les enfants firent lentement le tour de la maison, chacun cherchant à reconnaître un point dont ils se souvenaient, restait à mettre en commun leurs appréciations.

[Taliesin]

Podrick s'efforçait de demeurer concentré, de garder constamment à l'esprit la petite carte. La chose n'était pas aisée, vu le temps qu'il faisait. Et comme l'avait dit Etienne, l'hiver n'aidait pas à retrouver les points de repères. Il cherchait l'arbre indiqué sur le dessin mais, surtout, tentait de se focaliser sur les éléments moins changeants au fil des saisons, sur la maison, ce qu'il pouvait voir du mur... Ils finiraient bien par se repérer ! Ils y étaient bien décidés, en tout cas.

[Arya Du Varden]

Ce que Podrick savait c'est qu'ils devaient se concentrer sur les pierres au sol, trouver un assemblage d'une dizaine de pierre, mais avec les années les différents propriétaires avaient pu les déplacer.

Mais, les enfants devaient avoir une base et ils décidèrent que rien n'avait bougé. Ils devaient trouver l'ensemble des pierres, se repérer sur une portion de mur dont la hauteur était à peine plus élevée et également un arbre qui semblait être un cerisier et un autre à l'opposé un grand chêne.

Restait ensuite à bien effectuer les nombres de pas pour se situer au-dessus de ce qui normalement devait être l'emplacement d'un trèsor.

Il fallait donc s'organiser afin de découvrir soit les arbres, soit les pierres qui étaient les repères les plus aisés à trouver.

Sur le perron, la magicienne observait le conciliabule des garçons en souriant, qu'allaient-ils encore découvrir ?

[Taliesin]

Les garçons, après maintes palabres, finirent par se distribuer les rôles. Ils étaient toujours aussi motivés par l'idée de découvrir le trésor. Bien sûr, il n'était pas impossible que, s'il s'agissait d'un simple jeu de pistes à l'intention de leurs enfants,, les précédents maîtres des lieux aient dissimulé une simple boîte à biscuits, ou un jouet. Mais, compte tenu de ce qu'ils avaient déjà découvert, il était plus probable qu'il s'agisse de quelque chose de... beaucoup plus intéressant.
Qu'il se soit montré particulièrement attentif lorsque, l'automne précédent, monsieur Dobbins les avait emmenés au Parc Verdoyant pour y découvrir la flore locale, ou qu'il ait bien plus que ses frères écouté leur grand-père vigneron, Yann était, de tous, celui qui connaissait le mieux les arbres. Il se mit donc en quête du chêne et du cerisier. Thibault et Podrick, pour leur part, commencèrent à creuser la neige, à la recherche des pierres indiquées sur la carte. Quant à Etienne, qui avait un peu froid et préférait utiliser la neige pour en faire des boules, des châteaux ou des bonshommes, il s'affaira à examiner le mur, afin d'y découvrir cette partie si particulière qui devait leur servir de point de repère.

[Arya Du Varden]

La tâche ne fut pas facile pour les quatres garçons, mais chacun s'appliqua dans la mission qui lui était dévolue et le premier à pousser un cri fut le petit Yann.

Y'a un chêne ici ...

Mais l'enfant ne s'arrêta pas et avec une ferveur absolue chercha le cerisier. Puis ce fut presque au même instant que Podric et Yann découvrir des ensembles de pierres pouvant être celui du plan.

Les pierres ici ... Les pierres ici ....

Puis ce fut Etienne qui découvrit une partie du mur qui lui sembla avoir cette petite différence si importante


J'ai trouvé le mur ...

Mais tout ne fut complet que lorsque Yann hurla encore plus voir de sa voix enfantine,

Et là, y'a un cerisier et je peux voir les deux en même temps.

Les garçons se réunirent et sur les souvenirs de Podrick se mirent à chercher l'endroit où pourrait bien être le trésor. Seul le mystère restait entre les deux ensembles de pierres qui auraient permis de situer au mieux où chercher car pour l'instant, il n'était guère possible d'être assuré de quel point partir.

Ne restait aux enfants qu'à décider s'ils faisaient deux groupes et cherchaient en deux points. S'ils cherchaient tous en un point quitte à refaire le travail sur l'autre ou sortir la carte malgré la pluie qui n'avait cessé de tomber pour vérifier chaque point.

[Taliesin]

Cette fois, ils décidèrent de ne pas se séparer. Ils avaient le sentiment confus qu'ils devaient faire cette découverte ensemble. Après tout, chacun avait eu la sienne, jusqu'ici... Et celle qui s'annonçait était la conclusion de tout ce qui l'avait précédé, l'aboutissement d'une journée riche en événements et en surprises... Oui, ils chercheraient ensemble.
Ils se mirent donc au travail, déblayant la neige de leurs mains gantées, se fichant pas mal du froid qui engourdissait peu à peu leurs doigts et de la croûte blanche qui s'amoncelait sur leurs vêtements.
Et peu importe si le point par lequel ils avaient commencé n'était pas le bon : ils mettraient autant de cœur à fouiller l'autre.

[Arya Du Varden]

Les enfants avaient enlevé la neige sur une belle surface, laissant apparaître un sol nu mais tellement dur qu'ils ne pouvaient creusé plus sans outil et certainement que s'ils commençaient à faire des trous la magicienne risquait d'en prendre ombrage.

Avec acharnement, ils s'en allèrent déblayé le deuxième endroit possible et, alors que les doigts engoudis, leurs vêtements détrempés par la pluie qui n'avait cessé de tomber, Podrick un peu déçu balança un coup de pied dans ce qui semblait être un racine.

Le choc venait de déclencher un mécanisme et à ce même instant, Thibault disparaissait de la vue des autres enfants qui entendirent d'abord un cri de surprise, puis un hurlement de douleur, après que quelques secondes de silence la voix ne vienne aux enfants penchés sur le trou.

Y'a un grand couloir ici ...

[Taliesin]

-Thibault, tu t'es pas fait trop mal ? s'enquit Podrick, vaguement inquiet et s'en voulant d'avoir ainsi décoché un coup de pied... et déclenché un mécanisme invisible. Il n'aurait pas pu savoir, mais tout de même...
Il extirpa l'une de leurs lampes de son sac et l'alluma, histoire d'y voir un peu plus clair dans le sous-terrain... et de se rendre compte s'il y avait un moyen d'y descendre sans faire une chute douloureuse.
A ses côtés, Etienne et Yann étaient restés penchés au-dessus du trou, aussi anxieux pour leur frère qu'excités par la découverte.

[Arya Du Varden]

Si Thibault n'était pas gravement blessé, dans sa chute, sa cheville droite s'était tout de même tordue et la douleur était vive. Mais le garçon ne voulant pas passer pour une mauviette, il était tout de même l'aîné de la bande, serra les dents et courageusement attendit qu'un peu de lumière lui permette de moins sentir la douleur en découvrant le passage dans lequel il était tombé.

Heu ... ça va, juste ma cheville. Mais ... y'a rien qui vous permette de descendre. Sous-entendu, comment je vais remonter ? C'que j'vois ... ben ... y'a un couloir qui va en direction de la maison, mais j'ai pas assez de lumière pour voir vraiment.

Le garçon se déplaça et non seulement sa cheville le fit souffrir, mais sa main se posa sur une forme métallique qui lorsqu'il posa la main dessus engendra une vive douleur.

Aie ... qu'est-ce qu'c'est ce machin ... et deux secondes plus tard de s'exclamer ... bof juste une boucle de ceinturon.

Bon qu'est-ce qu'on fait ? enfin comment qu'vous faites pour descendre ?

[Taliesin]

Descendre ?
Vu le cri qu'avait poussé Thibault, et sa remarque quant à sa cheville, Podrick était tout prêt à aller quérir l'aide d'Arya.
Toutefois... Il était probable que s'il le faisait, elle voudrait, en plus de soigner son ami, explorer le sous-terrain avant eux, pour vérifier qu'il n'y avait pas de danger. Ce qui enlèverait un peu de piment à l'aventure.
Alors qu'il savait pertinemment qu'il n'y avait rien à craindre : si le couloir menait vers la maison, il était forcément rattaché à l'ensemble du complexe, et le collègue de la magicienne avait assuré que plus aucun esprit, plus aucune créature étrange ne s'y trouvait.
Mais bon, ils auraient toujours le temps d'aviser : d'abord, trouver un moyen de descendre, ou de faire remonter Thibault.
Podrick ouvrit son sac, farfouilla à l'intérieur, et en tira un rouleau de corde. Il en emportait toujours, dans ses explorations : on ne savait jamais. Il ne l'avait pas utilisée pour descendre dans la salle circulaire où se trouvaient armes et armures, pour la bonne et simple raison qu'il n'aurait su où l'attacher. Or, dans le jardin, il y avait bien plus d'endroits où le faire. Il se mit donc à la recherche d'un tel endroit. Sitôt qu'il l'aurait découvert, il se laisserait glisser le long de la corde, et jugerait par lui-même de la situation.

[Arya Du Varden]

Podrick trouva aisément de quoi attacher sa corde, qu'il noua solidement vérifiant plusieurs fois qu'elle tenait parfaitement, puis il retourna au bord du trou où étaient toujours poster Yann et Etienne.

Malheureusement, il avait dû s'éloigner du trou et elle ne pénétrait que d'un mètre dans la cavité.

Au fond, Thibault s'impatientait, les fesses dans une flaque d'eau, attendant un bras secourable pour l'aider à se relever sans hurler de douleur et ainsi montrer une quelconque faiblesse.

Ben, l'est un peu courte ta corde et pis p'être que tu pourrais me passer une lampe d'abord que j'y vois mieux.

[Taliesin]

-Ah oui, la lampe...
Plus inquiet de la cheville de Thibault que de son manque de lumière, il avait oublié ce dernier point. Il tenta d'y remédier au plus vite, remontant la corde qui pendait, bien trop courte, dans le trou, attacha la lampe à son extrémité et la fit descendre précautionneusement. Peut-être Thibault ne pourrait-il pas s'en emparer, mais au moins, il y verrait plus clair.

[Arya Du Varden]

Alors que la lumière éclairait mieux le passage, Thibault put voir une poignée sur le mur non loin de lui, s'y accrochant, il réussit à se mettre debout sans émettre le moindre son qui aurait trahi sa douleur et attrappa la lampe. Ce qu'il voyait n'était guère parlant et il hésita entre proposer d'aller jeter un coup d'oeil seul ou qu'ils descendent et s'y aventurent tous ensemble.

Le garçon était courageux, mais lui venait en mémoire les récits de Pod et si ceux-ci avaient émoustillé sa curiosité, il n'en craignait pas moins de rencontrer un spectre au détour du couloir.

Ben, y'a un coude là-bas, vous voulez qu'j'aille voir. Quoiqu' maint'ant vous pouvez descendre, j'vous aiderai pour le bout qui manque.

[Taliesin]

-Attends, on arrive !
Confiant dans les recherches du magicien, Podrick ne craignait aucune mauvaise rencontre dans les tunnels. Cependant, il y avait toujours la possibilité que le trou qui s'était ouvert se referme... Pour pallier à toute malchance, il s'approcha de la souche qui avait servi de mécanisme, et acheva de la dégager de la neige qui la recouvrait encore. Ainsi, elle était très visible, au milieu du manteau blanc qui l'entourait. Il s'assura ensuite que la corde était bien attachée : si le passage se retrouvait soudain clos, Arya verrait néanmoins où il se trouvait, grâce à elle. Et pourrait, pour l'ouvrir à nouveau, du mécanisme qu'il avait bien mis en évidence.
Enfin, lestement, il se laissa glisser le long de la corde, puis tomber souplement sous le sol, en dessous, et, aux côtés de Thibault, se tint prêt à accueillir les autres. Si d'aventure ils devaient remonter par le même chemin, il suffirait de qu'ils se fassent mutuellement la courte échelle...

[Arya Du Varden]

Les quatres enfants étaient maintenant réunis et Thibault fit tout son possible pour cacher la douleur qu'il endurait, ils s'enfoncèrent lentement dans la galerie qui, contrairement aux sous-sols de la maison, n'étaient pas secs et bien entretenus.

Il était certain que nul n'était venu fouler ses flaques d'eau et ses éboulis depuis des décennies, voire plusieurs centaines d'années. Mais l'aventure était là et les garçons avançaient sans penser au pire.

Ils avaient emprunté la galerie en coude qui semblait filer droit vers la maison lorsque, Yann passant en troisième position marcha sur un dalle et lentement derrière eux un panneau de mur de pierres se referma. Podrick qui tenait la tête de file était trop loin pour revenir et Thibault qui fermait la marche eut juste le temps de se glisser avant que dans un bruit sourd et inquiétant, ils se retrouvent prisonniers car après quelques mètres et un nouveau coude dans la galerie, ils constatèrent qu'un mur leur bloquait le passage.

[Taliesin]

Face à la mine quelque peu inquiète de ses amis, Podrick se montra rassurant :
-Bon, y a forcément une autre porte dérobée, ou un moyen de rouvrir celle par laquelle on est passés : si c'est un jeu d'piste pour les mômes, leurs parents voulaient sûrement pas qu'ils se retrouvent bloqués quelque part ! Et si c'est pas un jeu de piste, ben... Pareil : Le but, c'est quand même de trouver le trésor !
Il leur sourit.
-Allez, hardi les gars, fouillons ce couloir !
Et de donner l'exemple, bientôt imité par les autres, examinant les murs, le dallage et même le plafond, tant qu'ils y étaient. Il ne faisait pas chaud dans les parages, loin s'en fallait, et leurs frusques trempées leur arrachaient des frissons. Mais il en aurait fallu davantage pour doucher leur enthousiasme.

[Arya Du Varden]

Leurs doigts courraient sur les murs ruisselants recouverts d'une fine couche de mousse, pierres et joints étaient examinés avec soin jusqu'au moment où face à eux un pan de mur semblant s'engouffrer dans le sol.

Lequel avait déclenché le mécanisque était impossible à dire car tous tournaient le dos au panneau concerné. Mais, ils ne se posèrent pas la question et faisant confiance à Podrick, ils le suiviirent ... jusqu'au moment où celui-ci disparut dans un trou et que l'on entendit plus que son cri qui s'éloignait à toute allure.

Les trois frères avançèrent prudemment vers l'endroit où Podrick avait disparu, mais ils ne virent rien, pas le moindre trou ...

[Taliesin]

Alors qu'un insidieux sentiment de panique les effleurait - après tout, ils venaient de se voir, en un instant, privés de leur guide sans peur et sans reproches -, les garçons s'entreregardèrent.
-Une trappe à dû s'ouvrir...
-Ou un autre trou...
-Vous croyez qui s'est fait mal ?
-Mais non, voyons ! Y a pas de pièges, ici, juste des galeries et tout...
-Et puis, il est agile, il sera retombé comme un chat...
-Oui mais quand même...
-Toute façon, on en saura pas plus tant qu'on aura pas fait réapparaître la trappe.
-Ou le trou.
-Ouais. Trappe ou trou, faut chercher le mécanisme, en tout cas. Faites gaffe où vous mettez les pieds !
Ils recommencèrent donc leur recherches, mais, cette fois, avec un peu moins d'entrain... et un peu plus d'inquiétude.

[Arya Du Varden]

A tâton, avec une grande prudence les trois frères cherchèrent la trappe par laquelle Podrick avait disparu. D'abord en s'allongeant et appuyant sur le sol à l'endroit qui leur semblait bon, puis aux alentours. Mais rien ne bougeait malgré leurs efforts et finalement se tenant par la main, ils se levèrent et serrés les uns contre les autres avançairent, tournèrent et retournèrent. Ils prenaient en vain des risques pour rejoindre leur ami. Ils se mirent à appeler les trois ensembles afin que leurs voix se fassent plus fortes.

Podrick, Podrick, Podrick

Podrick avait déclenché un mécanisme qui ouvrait sur un tube heureusement en pente pas trop raide, bien qu'importante et faite de pierres totalement lisses et que, lorsqu'il avait chût enfin sur le sol, sans aucun dommage hormis quelques hématomes, dû constater qu'il n'y avait aucune ouverture, il était tombé dans un piège.

[Taliesin]

Podrick, plutôt secoué par sa dégringolade, tenta de faire le tri dans ses pensées tourbillonnantes.
Un piège. Pas d'issue apparente...
Sinistre tableau.
Mais... Certains détails lui laissaient croire que la situation ne fût pas aussi désespérée qu'elle le paraissait. En premier lieu, s'il s'agissait d'un piège, il avait été fait de telle sorte qu'il ne soit pas mortel. Sans quoi, le boyau par lequel il était tombé aurait été bien plus raide, sinon complètement vertical.
Un bon point.
Qui pouvait en entraîner un second : si on voulait épargner les malheureux tombés dans le trou, c'était sans doute qu'on tenait à les récupérer. Alors, il devait y avoir un passage, quelque part...
Essayant de faire abstraction du froid qui l'envahissait peu à peu, le petit garçon recommença ce qu'il avait fait tout le jour durant : sonder murs et sol alentours. S'il ne découvrait rien, rien de rien, et bien... Il pourrait toujours essayer d'escalader le boyau : il n'était pas très large. S'il s'appuyait des mains et des pieds sur les parois...

[Arya Du Varden]

Sans réponse de Podrikc, Thibault, Etienne et Yann sentait la peur les envahir, si Yann ne s'en cachait pas, il aurait eu bien des difficultés alors qu'une flaque s'aggrandissait à ses pieds, Etienne restait muet et Thibault jouait celui qui maîtrisait la situation ou du moins celui qui n'avait pas peur.

Bon, faut chercher un mécanisme, comme Pod nous a montré !

Et de se mettre sitôt à l'ouvrage immité par ses frères et ils ne furent pas longs avant que le mur faisant face à celui par lequel ils étaient arrivés s'ouvre dans un bruit de grincement à faire mal aux oreilles.

Prudemment, en se tenant par la main et serrés les uns aux autres, ils se mirent à suivre le couloir sans faire attention au fait qu'ils s'éloignaient de la demeure d'Arya.

Quant'à Podrick, il eut vite compris qu'il était bel et bien prisonnier au fond de son trou après une ascension épuisante, il lui avait été impossible de trouver une trappe comme si celle-ci n'avait jamais existé. Si ceux qui avaient conçus ce piège avaient fait en sorte que leurs prisonniers ne soient pas blessés, ils avaient aussi prévus que ceux-ci ne puissent s'échapper.

[Taliesin]

Podrick, un moment saisi par le découragement, se laissa glisser en bas de sa prison.
Il était fait comme un rat.
Comme de coutume, il essayait de voir le bon côté des choses, mais... C'était de plus en plus difficile.
Pas moyen de sortir... Ses appels restaient vains...
Il était frigorifié, de plus en plus. Il avait envie de faire pipi, mais n'était pas prêt à inonder et à empester d'emblée sa geôle.
Il avait faim, aussi...
Tentant de faire le tri dans des pensées confuses et engourdies, il se félicita bientôt d'avoir pris tant de précautions avant de s'engager avec les autres dans le boyau. Ne les voyant pas revenir, Arya ne manquerait pas de partir à leur recherche ; elle trouverait le mécanisme, entrerait dans le sous-terrain... Les appellerait.
Peut-être ses amis aussi appelleraient-ils, s'ils se retrouvaient dans une nouvelle impasse. Peut-être rebrousseraient-ils chemin.
Il devait donc se montrer patient, et guetter le moindre son, prêt à y répondre.
Et faire en sorte de ne pas s'endormir...
L'idéal aurait été de se tenir juste en dessous de la trappe refermée. Mais il lui aurait fallu dépenser d'immenses efforts pour y demeurer... A moins qu'il ne lui soit possible de se bricoler une sorte de hamac avec son manteau, les bouts de ficelle qu'il avait toujours avec lui, sa ceinture, voir des morceaux de ses vêtements découpés en lanières... S'il y parvenait, il serait à même de percevoir le moindre bruit ; de mettre en garde Arya ou ses amis, par ses cris... Il ne fallait surtout pas qu'ils tombent à leur tour !
Quelque peu rasséréné par ce projet hasardeux mais bien concret, il se mit en devoir d'examiner sa faisabilité. Le plus crucial était de trouver des interstices pour y glisser solidement, quitte à les accrocher avec les tiges de métal dont il disposait, les "cordes" visant à soutenir le hamac...

[Arya Du Varden]

Cheminant lentement, transis de froid et trempés jusqu'aux os, les trois frères avançaient dans le boyau. Ils n'avaient plus aucun enthousiasme, ne disaient plus un mot, seul Yann émettaient de temps un temps un renifflement, les larmes coulaient sur son visage. Puis soudain, le bambin s'arrêta et d'une voix remplie de sanglots murmura.

J'ai froid, j'ai faim, j'ai peur, je veux maman.

Thibault le regarda prêt à le secouer, lui non plus n'en menait pas large, mais il devait faire semblant pour ne pas effrayer et décourager encore plus ses petits frères. Il le serra contre lui et lui murmura.

Faut pas avoir peur Yann, c'est ça l'aventure.

Puis il se rappela le sac de gâteaux secs donné par Arya, le sortit de sa poche et en tendit un à son petit frère.

Tiens, tu vois, on a tout ce qu'il nous faut, y'a pas de raison de pleurer.

Dans le fond du couloir, une petite voix s'éleva.

Ben moi je pleure pas ...

Dans le piège, Podrick avait fait l'inventaire de ce qu'il possédait. Maigre bien pour qui ne savait pas faire avec les moyens du bord, mais le petit garçon habitué à ne rien avoir et se débrouiller avec un morceau de tissu et deux lacets tentait de mettre au point son plan ...

[Taliesin]

Sursautant violemment, réprimant à grand peine un cri de pure terreur - à l'exception de Yann qui ne put s'en empêcher -, les trois garçons se serrèrent les uns contre les autres, leurs regards paniqués tournés dans la direction d'où était provenue la voix...
-Qui... Qui est là ? demanda finalement Yann dont les louables efforts pour donner au ton de sa voix calme et assurance ne furent pas tout à fait récompensés.
Après tout, les dieux seuls savaient ce qui pouvait arpenter ces vieux tunnels oubliés. D'après Podrick, il n'y avait rien à craindre : un mage l'en avait assuré. Mais... Ce n'était pas Podrick qui venait de leur parler. Non, malheureusement...
Celui-ci, au fond du piège dans lequel il était tombé, achevait de faire le tri dans ce qui pouvait lui être utile. Deux pelotes de ficelle, les tiges de métal qui servaient à crocher les serrures, sa ceinture... Et un couteau de poche, lequel lui servirait à tailler des lanières dans ses vêtements, si cela s'avérait nécessaire. Il devait impérativement se tenir au plus près de la trappe, sans quoi... Sans quoi, il risquait de ne pas entendre venir Arya ou ses amis. Et eux, de tomber, de se retrouver dans le même piège...
Son inventaire terminé, l'enfant recommença la pénible ascension. Il devait repérer les interstices indispensables près du sommet, estimer la distance entre les parois du boyau, afin d'avoir une idée de la quantité de corde artisanale dont il aurait besoin pour se bricoler son hamac...

[Arya Du Varden]

Podrick l'avait dit, dans la demeure de la magicienne ne résidait plus aucun spectre et cela était vrai. Mais les trois enfants s'étaient éloignés de la demeure, là où le mage n'avait pas pu porter ses pas, dans un souterrain construit dans des temps très lointains, alors que la maison cossue était un petit château. Ce n'était pas un cachot ou des oubliettes, c'était la cachette des châtelains prévues comme dernier rempart. Si en son temps, celle-ci était reliée à la maison, il n'y avait maitenant plus aucun lien entre elles, pierres et terres les avaient irrémédiablement séparées.

La petite voix se fit à nouveau entendre, elle n'avait rien d'agressif, juste une tonalité moqueuse.

Vous êtes des couards, moi j'ai même pas peur de vous.

Lorsque de sa deuxième ascension, Podrick découvrit quelques interstices qui pourraient lui permettre de fixer solidement les cordes et leur espacement restait à la portée de ses maigres accessoires et son agilité lui permettrait de les fixer. Certes, la chose ne serait pas aisée sur des parois glissantes quasi sans prise, mais à force de persévérance et poussé par la nécessité c'était chose réalisable.

[Taliesin]

Si la remarque ne fit qu'augmenter la peur panique de Yann, elle piqua au vif Etienne, et encore davantage Thibault qui se redressa immédiatement, fit même un pas dans la direction de la voix
-Des couards ? Parce que tu crois qu'on a peur de toi ? On se caille juste. Et on s'attendait pas à croiser quelqu'un ici. Mais de là a avoir peur... Y en faudrait plus !
Yann faillit protester : provoquer l'être, quel qu'il fût, n'était sans doute pas une excellente idée. Mais il était trop effrayé pour oser prendre la parole et faire des reproches à son frère...


De son côté, Podrick s'était à nouveau laissé glisser au fond du trou. Il était toujours inquiet, mais maintenant qu'il s'était trouvé quelque chose à faire, il se sentait mieux. Rien n'aurait été pire que d'attendre, immobile... Or, attendre, il n'en était plus question : il aurait de quoi fixer ses pitons improvisés, restait à fabriquer suffisamment de lanières de tissu pour se confectionner au moins un harnais, au mieux un hamac. Dans tous les cas, ses ficelles et sa ceinture n'y suffiraient pas.
Îl ôta son manteau, l'examina un instant, et choisit de l'épargner : c'était le plus chaud de ses vêtements, et le plus à même de constituer la "plateforme" du hamac. Son pull n'eut pas la même chance : le choisissant pour victime, il se mit en devoir de le découper en épaisses bandes... et se prit à sourire. Arya n'aimait pas quand il abîmait ses habits, mais, au vu des circonstances, elle ne le lui reprocherait sans doute pas...

[Arya Du Varden]

Dans la faible lueur de la lumière que portait Thibault une silhouette floue aparut et s'avança lentement. C'était un petit garçon du même age que lui, vétû en tenue d'une page telles qu'elles étaient il y a fort longtemps.

Ben si vous êtes des trouillards et pis vous êtes drôlement habillés.

Dans sa prison, Podrick, abile de ses mains, Podrick tissait des lanières, testant leur solidité, il avançait lentement, mais sûrement dans sa tâche.

De son côté, la magicienne travaillait. Elle avait regardé pour la dernière fois les enfants juste avant que Thibault ne disparaisse et ne s'inquiétant pas, les garçons s'étant montrés très raisonnables, elle était plongée dans ses expériences. L'heure du goûter viendrait et les enfants rentreraient bien d'eux-même.

[Taliesin]

Un fantôme ! C'était un fantôme !
L'apparition était effrayante... quoi que beaucoup moins, il fallait l'admettre, que s'il avait s'agit du spectre d'un Garde Rouge. C'était un fantôme d'enfant, en plus ! Bon, il avait des dehors moqueurs, mais dans le fond, il n'était peut-être pas beaucoup plus méchant que cette Marcelline dont leur avait parlé Podrick...
Tandis que Thibault et Etienne croisaient les bras, défiants, Yann fixait l'apparition, les yeux écarquillés, et ce fut lui qui parla le premier, d'un ton de constatation innocente sans la moindre once de moquerie.
-Tu es aussi habillé drôlement habillé, tu sais... Enfin, pour nous... Comme ce qu'on voit dans les livres sur avant, il y a longtemps...

De son côté, Podrick s'affairait toujours. Il était frigorifié, soufflait souvent dans ses mains pour tenter de les réchauffer. Mais son métier de ramoneur l'avait habitué à travailler alors qu'il gelait, et, bon gré, mal gré, il avançait, avec la patience et le soin qu'il mettait dans presque tout ce qu'il entreprenait. Il savait que la prochaine ascension serait la dernière : la fatigue l'envahissait, lentement mais sûrement. Alors, il devait s'assurer d'avoir assez de cordelettes tressées, d'en avoir assez... et suffisamment solides. Si, parvenu en haut, il s'apercevait qu'il lui en manquait, si elles cassaient tandis qu'il bricolait son harnais... Il n'aurait peut-être pas la force, une fois redescendu, d'en fabriquer à nouveau.
Le temps pressait, évidemment : il se pouvait qu'Arya ou ses amis viennent à passer, à tomber dans le trou... Mais il ne fallait pas confondre vitesse et précipitation. Une chose à la fois, et, pour l'heure, la chose qui comptait, c'était les lanières.