[Quête : Tel est pris qui croyait prendre] Groupe 2 - Kasumi

[Taliesin]

-C'est amusant de regarder les frolons ! protesta la cadette.
-Oui, c'est très amusant ! renchérit son aînée.
-Pis sont pas danzereux du tout : ça fait trèèès longtemps qu'on est là et y nous ont pas embêtées.
-Pas une seule fois !
-Sont zentils, les frolons, en fait. R'gardez...
La plus jeune tendit la main. Et, entre ses doigts habiles et rapides, elle saisit l'un des énormes insectes, venu par hasard à proximité d'elle.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur était tout sauf tranquillisé. Certes, il aurait du être habitué à l'étrangeté des rapports entre les elfes et certains animaux de l'île. Cependant, il était loin de trouver l'expérience amusante, craignant à tout instant que les petites puissent se mettre en danger.

[Taliesin]

L'énorme frelon bourdonna entre les doigts de la fillette. A la lueur d'un rayon de soleil égaré, son dard gigantesque luit, menaçant. Mais il n'attaqua pas. Et lorsque l'enfant le relâcha, il s'envola rejoindre les autres, parfaitement indemne.
-Vous voyez ? Sont zentils, les frelons !
-On est pas en guerre avec eux. On mange pas les mêmes choses, on se bat pas pour habiter au même endroit... Et on leur fait jamais de mal. Alors ils nous en font pas non plus.
-Et pis, mémé est leur amie. Elle est l'amie de tous les zinsectes ! Des fois, même, ils lui obéissent !
-Chuuuut, fit l'aînée. Faut pas l'dire !

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le cœur du demi-elfe battait un peu trop vite mais à la peur se substituait peu à peu une part d'émerveillement pour l'inhabituelle symbiose qui existait entre les elfes et leur environnement. Ainsi donc la grand mère des petites était douée de certains dons en la matière... Maintenant qu'il y pensait, le fait n'avait rien d'étonnant et était plutôt rassurant. Pas tout à fait rasséréné, le rôdeur répondit d'une voix un peu trop brusque à son goût :

- Vous êtes courageuses. Nous ferions mieux de rentrer cela dit...

[Taliesin]

-Courageuses ?
-Courazeux, c'est pas quand on a pas peur des trucs danzereux ?
-Ben si.
-Ben alors on est pas courazeuses, vu qui a pas de trucs danzereux ici.
-Ben non.
-Et pourquoi alors que vous voulez qu'on rentre ?
-Peut-être que vous aimez pas la forêt ? Ce serait bizarre, pour un rôdeur !
-Pis vous voulez pas qu'on vous montre des zanimals ? Vous avez dit ça tout à l'heure, ze me souviens, que vous vouliez qu'on vous montre des zanimals.
-Des animaux.
-Des zanimaux, d'accord. C'est pareil.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le visage de Kasumi s'adoucit et il se surprit même à sourire. Il répondit d'une voix un peu plus enthousiaste bien que la forêt le rendait un peu mal à l'aise :

- Très bien, allons voir ces animaux mais je préfèrerai éviter ceux qui ne sont pas aussi pacifiques que ces jolis frelons.

[Taliesin]

Les gamines s'entreregardèrent.
-Les naraignées zéantes, elles sont pas cifiques, hein ?
-Non. Pas cifiques du tout.
-Donc on peut aller les voir ?
-Ben voui !
-Et les crocrodiles aussi ?
-Pareil. Des fois, y sont un peu grognons, mais là, ça doit être l'heure de leur sieste du matin, ils dormiront...
-D'accord. Les naraignées, les crocrodiles... Et les tigres avec les dents toutes longues, là ?
-Heu...
L'aînée se tourna vers Kasumi.
-Cifique, ça veut dire méchant, c'est ça ? Donc vous voulez qu'on aille voir des animaux pas méchants ?

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

L'innocence candide des petites était touchante et amusante et le sourire de Kasumi s'élargit.

- Nous allons peut être éviter les araignées, les crocodiles et les tigres pour l'instant mais je suis partant pour tous les animaux qui ne vous veulent aucun mal. Bien sûr, ils risquent de s'en prendre à moi comme vos chèvres. Si ça arrive, je veux que vous rentriez chez votre grand mère immédiatement.

[Taliesin]

Elles le fixèrent, franchement incrédules.
-Mais les zanimals d'ici y vont jamais rien nous faire !
-Pis à vous non plus. Parce qu'on est là !
-Les crocrodiles, les naraignées et les tigres, z'auraient rien fait...
-Mais si vous les voulez pas eux, on peut aller voir, heu... Les scorpions ?
-Sont pas très rigolos
-Ben oui, mais... Plus que les lapins, quand même !
-Les lapins y sont trop trop mignons.
-C'est pas faux. Mais les gros ours aussi !
-Oh oui ! Les gros nounours ! Moi je dis oui pour les nounours !

[Kasumi]

RP : Retour à l'abri

Kasumi haussa un sourcil, incrédule. Se pouvait-il que tous les animaux de l'île vivent ici en harmonie avec les elfes ? Il avait entendu parler de légendes contant de telles symbioses mais elle n'avait que peu de fondement réel pour ce qu'il en savait. Il n'était pas tout à fait à prendre des risques inutiles mais l'enthousiasme des petites et la curiosité l'emportaient :

- Très bien, vous gagnez ! Mais au moindre danger, nous rentrerons. Je vous suis

[Taliesin]

-Youpiiiiiiiiiiiiiiiiie ! s'exclamèrent les petits, de concert.
Elles ne firent ni une ni deux : sitôt obtenu l'accord du rôdeur, elles dégringolèrent de l'arbre avec une souplesse et une rapidité déconcertantes, puis, ayant tout juste attendu qu'il les rejoigne, elles s'élancèrent dans la jungle.
Elles prirent d'abord la direction du village, qu'elles contournèrent à toute allure, faisant fi des lianes, des buissons, des fougères qu'elles traversaient sans presque les toucher, puis bifurquèrent vers l'ouest. Cinq minutes plus tard, elles avaient atteint un affleurement rocheux dans lequel s'ouvrait une caverne.
Là, le sol était marqué de profondes empruntes. Et parsemé d'ossements rongés.
-C'est là ! fit l'aînée, déjà prête à s'engouffrer dans la grotte.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur avait été surpris, et même un peu inquiet, par la réaction un peu enthousiaste des petites. Maintenant qu'il faisait face à la grotte, il comprenait l'ampleur de la catastrophe à laquelle il avait donné inconsciemment son aval. Pourtant, il n'hésita qu'un instant l'idée d'entrer dans la grotte, ne serait-ce que pour avoir une chance de devancer les elfes. Il rejeta l'idée de s'emparer de l'un des os jonchant le sol. La créature qui avait fait ces victimes ne devait pas pouvoir intimidé par si peu. Un peu nerveux, Kasumi se plaça devant Amwen et Amadriel et fit un pas en avant, près à tout.

- Vous êtes certaines que nous n'allons pas le déranger ? Ce serait très malpoli...

[Taliesin]

-Pou'quoi qu'on les déranzerait ? fit la plus jeune, innocemment. Si y voulaient pas qu'on viende, z'auraient boussé l'entré avec des rossers !
L'aînée gloussa.
-Pis s'ils dorment, on repartira sans faire de bruit...
Mais les ours ne dormaient pas. Un rugissement se fit entendre, répercuté sous la voûte de la grotte. Et le sol se mit à trembler légèrement au rythmes de pas lourds, inquiétants...
-Oh, y z'arrivent ! s'exclama la cadette, ravie et toute excitée.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi se raidit et fit un pas en arrière, se plaçant devant les petites elfes. Il chercha à leur prendre la main et à les faire reculer mais déjà les occupants des lieux se manifestaient. Le rôdeur s'empressa de nouer le contact pour signaler qu'il était pacifique et ne cherchait pas à empiéter sur le territoire des ours.

[Taliesin]

S'il perçut bien des esprits - il y en avait trois - ceux-ci semblèrent totalement ignorer son contact. Ils étaient concentrée sur une chose, une seule, qui accaparait toute leur attention.
Quelques instants plus tard, trois ours jaillirent de la caverne. Une mère et ses deux petits, probablement. La femelle était d'une taille incroyable, que Kasumi n'avait jamais vue chez un plantigrade. Quant aux petits, ils avaient déjà la taille d'adultes normaux.
Leurs yeux noirs et brillants étaient fixés sur les petites filles.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Bien qu'il ne ressente pas d'agressivité dans la démarche des ours, Kasumi était impressionné par leur taille imposante. Le demi-elfe fit un effort pour réprimer sa nervosité. Les animaux étaient impressionnants et magnifiques mais s'ils avaient des intentions violentes, il n'aurait aucune chance de s'en sortir ni les petites. N'ayant pas vraiment le choix, il décida de se fier à l'étrange influence de l'endroit qui semblait instaurer une cohabitation pacifique entre animaux et elfes.

[Taliesin]

De fait, rien d'effroyable, de dangereux ou même d'inquiétant ne se produisit. Les deux oursons, sans guère accorder d'attention au rôdeur, rejoignirent les fillettes en quelques enjambées, se mirent à les gratifier de coups de langue amicaux, de poussées affectueuses de leur museau, ce qui arracha aux gamines des gloussements ravis.
Quant à la mère ourse, elle semblait observer la scène avec bienveillance et bonhommie.. Tout en gardant une œil sur Kasumi, évidemment : elle l'avait même gratifié de quelques reniflements méfiants. Elle semblait toutefois se dire que s'il accompagnait les fillettes, c'est qu'il ne devait pas être dangereux...

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi se détendit en constatant que fillettes et oursons s'appréciaient visiblement. Il resta prudemment à l'écart, adossé à la paroi pour ne pas rendre nerveuse l'ourse. Il savait combien ces animaux avaient l'instinct maternel et défendaient âprement leur progéniture en cas de danger.

[Taliesin]

L'ourse vint cependant le renifler, plus curieuse qu'autre chose. Et son examen parut la satisfaire car elle s'éloigna de quelques pas pesants, surveillant toujours les jeux de sa marmaille.
-Vous voyez, y son pas du tout cifiques ! fit la cadette. Dommage qu'on a déménagé, sinon on aurait pu vous montrer les moumouths !
-Les mAmouths ! corrigea son aînée, avant d'être renversée par un ourson. Ce qui la fit éclater de rire.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi adressa un sourire attendri aux petites. Il n'avait pas idée de ce à quoi pouvait ressembler ce "mammouth" mais la complicité entre elles et les ours faisait plaisir à voir. En d'autres circonstances, il se serait inquiété pour la sécurité des elfes mais il commençait à comprendre qu'elle ne couraient aucun danger. Confiant, il se laissa prendre au jeu :

- Il faudra me les décrire alors ! Sont-ils aussi beaux que ces ours ?

[Taliesin]

-Les moumouths, y sont zigangekses !
-Gigantesques !
-Z'ont tout plein de poils partout !
-On dirait de la laine, même !
-Pis leur nez, il est trèèèèèèèès long ! Ze crois qu'on dit que c'est une trompe.
-Et leurs oreilles aussi sont super grandes.
-Y a une histoire ou on parle d'un moumouth volant. Y battait des oreilles et pis...
-Mais c'est rien qu'une histoire ! Les mammouths y volent pas ! Ils mangent avec leur trompe, ils écoutent avec leurs oreilles, et ils ont leurs défenses pour se battre !
-Les défenses, c'est comme de trèèèès grandes dents qui sont toutes courbées !
-Sont des deux côtés de leur nez.
Il va sans dire que l'explication était entrecoupée d'éclats de rire, de cabrioles et de cris joyeux, comme continuait le chahut avec les oursons.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur se faisait une vague idée de l'apparence des animaux dont la description ressemblait quelque peu à celle qu'il avait entendu à propos d'éléphants, des animaux qu'il n'avait lui-même jamais eu l'occasion de voir. Les éclats de rire des petites étaient communicatifs et le demi-elfe rit de bon cœur en voyant les ours se vautrait sur leur dos sous les chatouilles des elfes.

[Taliesin]

La scène se prolongea longtemps, sans que les jeunes plantigrades ou les jeunes elfes ne paraissent en rien s'en lasser. D'ailleurs, ce fut la mère ourse qui finit par y mettre un terme : d'un grognement doux, elle battit le rappel. Ses oursons gratifièrent les fillettes d'un dernier coup de museau, d'un dernier coup de langue, puis la rejoignirent, la suivirent au milieu des arbres de la forêt. L'heure du repas avait sans doute sonné pour eux.
Et pour les gamines aussi : un gargouillis sonore en informa bientôt Kasumi.
-Mémé vous a donné des trucs pour manger, non ? demanda la plus grande.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

L'estomac du rôdeur n'était pas dans un meilleur état et le criant rappel des petites le fit protester à son tour. Kasumi n'avait rien mangé depuis la veille. La petite promenade angoissante de la matinée l'avait tenu en alerte pour le détourner de sa faim mais, maintenant qu'il était soulagé, elle revenait au galop. Il répondit donc avec enthousiasme.

- Cela se pourrait bien. Regardons un peu ce qu'il y a dans ce sac. Mais d'abord vous allez devoir vous laver les mains. Vous voulez manger ici ou vous avez un endroit préféré pour ça ?

[Taliesin]

Les gamines l'observèrent, interloquées.
-Nous laver les mains ?
-Mais elles sont pas sales !
-On a touché que les plantes et les zanimals !
-Et c'est propre, les plantes et les animaux !
-C'est la nature, et la nature c'est bien !
-Pourquoi faudrait se laver après avoir touché la nature ?
-Et pour manger, c'est bien ici.
-Mais vous voulez peut-être qu'on aille ailleurs.
-Nous, on s'en fiche, tant qu'on mange !
-Voilà.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Kasumi observa les petites en songeant à la meilleure réponse pour ne pas aller à l'encontre des principes des elfes. Pourtant, il ne pouvait pas décemment laisser Amwen et Amadriel couvertes de la bave des ours et maculées de terre et de feuilles après leurs jeux avec eux.

- Ce serait dommage de gâcher le goût de ce que vous a préparé votre grand mère avec celui de la salive des ours, non ?

Pour indiquer qu'il n'avait pas l'intention d'aller ailleurs pour manger, le rôdeur s'installa sur une souche et se mit à fouiller dans le sac pour prendre connaissance de son contenu.

[Taliesin]

Les fillettes réfléchirent un moment à l'argument avancé par Kasumi puis, avec un haussement d'épaules, elles allèrent se laver les mains à un ruisselet voisin. Lorsqu'elles revinrent, le rôdeur avait eu le temps de déballer tout le contenu du petit sac : il y avait là des lanières de viande séchée, du pain frais, du fromage, du miel, des fruits, secs ou non... Bref, de quoi faire un pique-nique des plus respectables. Les elfes observaient en tout cas les mets dévoilés avec une envie manifeste.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur les invita à se servir. Il se contenterait de ce que n'engloutiraient pas les fillettes, si tant est qu'il reste de quoi se sustenter à en juger par leur appétit manifeste. Attendant qu'elle se mettent à l'aise et commencent à manger, il reprit d'un ton joyeux :

- Est-ce que ça vous dirait d'entendre une histoire de chez moi ? Il y est question d'un ours, mais il avait moins bon caractère que vos amis.

[Taliesin]

La vieille femme avait toutefois prévu large, et même si l'appétit des enfants était aussi grand qu'on pouvait le présager, elles ne pourraient, à elles deux, venir à bout de la nourriture rassemblée. Kasumi aurait donc de quoi se sustenter sans le moindre souci.
-Ce sont pas que nos amis à nous !fit la cadette.
-Chut, faut rien dire ! la rabroua l'aînée.
Puis, se tournant vers le demi-elfe, elle revint à sa proposition.
-C'est pas les bardes qui racontent des histoires, normalement ? Et vous vous êtes pas rôdeur ? Mais on veut bien écouter l'histoire quand même.
-Oui ! Sauf s'il arrive du mal à l'ours.
-Voilà.

[Kasumi]

Quête : Tel est pris qui croyait prendre

Le rôdeur commença à piocher dans la viande et le fromage, se rendant compte qu'il mourrait de faim avant de commencer son récit sur un ton enjoué :

- Je ne suis pas barde aussi il faudra m'excuser si je ne raconte pas très bien...

Il fouilla dans ses souvenirs pour raconter comment il était devenu ami avec un ours qui le terrorisait de prime abord, une histoire qui avait plus au petit Victor dont il se souvint avec nostalgie. L'histoire était orientée de manière à faire comprendre que ses préjugés d'alors lui avait fait craindre l'ours et que la réciproque était vraie mais que progressivement, la confiance s'était établie entre eux. Il développa longuement son récit avec force détails et anecdotes avant de conclure :

- Peut être que l'on peut tous tirer une leçon de cette histoire. Mes compagnons et moi craignons votre communauté mais si chacun fait des efforts pour comprendre les besoins de l'autre, il y a toujours une chance pour que nous nous appréciions.