[Quête : Tel est pris qui croyait prendre] Groupe 1 : Arya

[Taliesin]

Ioreth la dévisagea un moment.
-Si l'histoire de tous les elfes est ponctuée de drames et d'épreuves, celles de mon peuple l'est particulièrement. Les antiques royaumes des Elfes Verts ont disparu depuis des éternités, ravagés par la guerre. Ne subsistent plus aujourd'hui, après des millénaires d'Exode, que des clans disséminés d'Elfes Sauvages, poussés dans des terres sans cesse plus reculées par l'ascension des autres peuples, des autres races. Notre clan a trouvé cette île : il n'en partira plus. Son étrangeté, les dangers qu'elle recèle sont tels que personne ne nous la disputera. Même les Luméniens l'ont trouvé tout juste bonne à établir une prison. Nul doute qu'ils l'abandonnent quand cette sinistre affaire sera réglée. Peut-être alors retrouverons nous, en partie, notre vie d'autrefois. Quoi qu'il en soit... Nous ne reculerons plus.

[Arya Du Varden]

Le regard d'Arya se perdit dans la verdure abondante. Le clan avait certainement raison, car elle-même devait reconnaître qu'ils n'auraient pas été les bienvenus sur sa terre natale. Ils étaient elfes, mais cela n'aurait rien changé.

Je peux comprendre votre abnégation, pourtant aujourd'hui la situation me semble bien menaçante pour la paix de votre clan même lorsque les mages seront réduits à l'impuissance. La vie d'autrefois n'a-t-elle pas disparut petit à petit peut-être par les forces qui régissent cette ile, cette magie étrange qui me semble négative.

Le sourire de la magicienne était plus compatissant qu'approbateur

La seule chose qui est certaine, c'est que nul ne viendra revendiquer ces terres et que ceux qui pourraient accoster sur cette ile n'auront qu'un désir, celui de la fuir au plus vite.

[Taliesin]

-Cette magie a forcément une influence. Mais pas sous forme d'altérations physiques ou mentales, ni de mutations : seuls semblent ainsi touchés les êtres et les choses venus des plans, dont certains sont très instables... Il faut dire aussi que nous ne sommes ici que depuis quelques siècles, non pas des millénaires. Quoi qu'il en soit, nous avons dû nous adapter, nous avons appris à composer avec ces forces. A nous en servir, dans une certaine mesure. A nous en prémunir, également. Il s'agit là d'une simple adaptation à un milieu donné, comme en sont capables tous les êtres pensants. Au fil des ans, nous avons trouvé un équilibre, une place, et ne songions certainement pas à nous plaindre de notre sort, ni à quitter cette île. Nous nous sommes posés des questions lorsque sont venus les Luméniens : nous avons finalement décidé de ne pas nous révéler à eux et de les laisser tranquilles avec leur prison. Nous n'avons pas eu à nous en plaindre, du moins jusqu'à ce drame. Pourquoi ne retrouverions nous pas notre vie d'avant lorsque vos compatriotes seront partis ?

[Arya Du Varden]

Le regard d'Arya se posa sur l'elfe sauvage, ses pensées naviguaient vers ce futur qu'espérait l'homme. Mais elle n'arrivait pas entrevoir une vie où une cohorte de mâles regarderait une poignée de fillettes comme reproductrices pour la pérennité de leur clan. Pauvres enfants qui ne sauront certainement pas l'entière vérité, qui se verront conditionnées pour se plier aux "devoirs". Un profond soupir lui échappa et elle préféra marcher sans dire un mot.

La magicienne ne pouvait mal juger son guide, il espérait à une vie redevenue normale, probablement en ayant imaginé bien des scénarios ou peut-être pas. Peu importe, ce qu'elle savait lui suffisait et elle n'espérait qu'une seule chose, quitter au plus vite cette ile et son future qu'elle n'entrevoyait pas riant pour retrouver son pupille dont soudain la présence lui manqua terriblement.

[Taliesin]

A l'exception d'une brève halte pour le repas de midi, ils passèrent le reste de la journée a avancer dans cette étrange forêt peuplée d'une faune non moins étrange. Ils progressaient à un bon rythme, bien qu'Ioreth se montrât prudent et circonspect. Sans être ni chasseur ni rôdeur, il semblait parfaitement connaître son île, ce qui leur évita de se fourvoyer dans des zones particulièrement dangereuses ou de faire de mauvaises rencontres.
Lorsque le soir s'annonça, le vieil elfe se mit en quête d'un lieu de bivouac. Il finit par désigner un arbre de haute taille.
-Nous camperons dans ses branches, dit-il. Elles sont assez larges pour nous permettre de nous reposer à peu près confortablement. Nous y serons en relative sécurité, mais il nous faudra tout de même établir un tour de garde.

[Arya Du Varden]

Aussi confiante qu'elle le fut avec ses compagnons, Arya avait suivi de près et sans inquiétude particulière son guide. Loin des pensées qu'elle avait eut que le chef eut donné l'ordre de la trucide ou de faire en sorte qu'elle ne revienne pas, elle faisait entièrement confiance à Ioreth.

Cela me convient parfaitement, peut-être y a-t-il des manifestations auxquels je devrai faire attention, non celles qui seraient visibles ou audibles, mais ... peut-être des ressentis ... je ne sais cette forêt est si étrange qu'il y a peut-être des dangers qui ne me sont pas familiers.

[Taliesin]

-Et bien, en dehors des manifestations parfois étranges de la faune et de la flore, rien de particulier ne devrait se produire : nous ne sommes pas encore à côté de la faille, et si son influence se répandait jusqu'ici, cela voudrait dire que nous sommes dans de sales draps... répondit le shaman avec un sourire rassurant. Néanmoins, ne sachant si vous êtes habituée ou non aux nuits en plein cœur d'une forêt sauvage, je me dois de vous prévenir que, outre les bruits, les mouvements, l'atmosphère peut y être oppressante, on peut avoir l'impression de présences subtiles. Il ne faut pas vous en inquiéter, cependant car, comme je vous le disais, rien de dangereux ne devrait advenir. Toutefois, si vous avez le moindre doute durant votre guet, vous ne devrez pas hésiter à me tirer de ma transe.

[Arya Du Varden]

Arya rendit son sourire à son congénère, elle n'était pas particulièrement inquiète, mais cette ile ne lui était pas favorable et pour que leur mission puisse être réussie, mieux elle serait informée, moins elle risquerait de commettre des erreurs pour pourraient leur nuire, voire leur être fatales.

Dans une forêt sauvage, non je n'y ai jamais goûté, mais dans des situations où les non-morts sont des plus inquiétants je les connais, alors je resterai vigilante et tenterait de savoir réprimé mon inquiétude, bien que si l'atmosphère me semblait par trop oppressante je n'hésiterai pas à faire appel à vous.

Maintenant, je peux prendre le premier tour, mon esprit est encore alerte et ma garde restera vigilante.

[Taliesin]

-C'est comme vous voulez : cela ne m'aurait pas gêné de veiller en premier, mais si vous préférez le faire, je n'y vois absolument aucun inconvénient.
Ils grimpèrent tout deux à l'arbre que le vieil elfe - encore très agile, pour son âge - avait désigné quelques instants plus tôt. Puis Ioreth tira quelques provisions de son sac.
Autour d'eux, le soir se changeait peu à peu en nuit, comme les ombres se faisaient plus longues, plus sombres, plus envahissantes...

[Arya Du Varden]

Lentement, l'enveloppe inquiétante venait à titiller la sérénité de la magicienne. Elle voulait se rassurer en pensant qu'il ne s'agissait que de cette oppression dont lui avait parlé Ioreth, mais parfois elle en doutait.

Le temps s'égrainait lentement alors qu'Arya restait plus que vigilante. Aucun mouvement d'ombres n'échappait à son regard perçant, nul son inaudible aussi minime soit-il ne pouvait passer à côté de son ouïe fine.

Elle se voulait de rester calme espérant que rien ne viendrait troubler sa garde et que son compagnon pourrait profiter le plus longtemps possible de sa transe. Pourtant, une tension réelle la gagnait lentement face à cette forêt inhospitalière qui les entourait de toutes parts et maintes fois elle devait se retenir pour ne pas céder à la crainte d'une sournoise attaque qu'elle ne saurait déceler.

[Taliesin]

Il y avait de quoi être tendu, surtout lorsqu'on avait le malheur de posséder des sens aiguisés : la forêt bruissait de mille sons, forts ou ténus, était animée de mille mouvements, furtifs ou décidés ; des ombres se glissaient entre les arbres, entre les branches... Il y avait le cri des rapaces nocturnes, les battements d'ailes des chauves-souris, le craquement des brindilles sous le pas des petits mammifères ou des fauves en maraude, sans compter les stridulations sans fin des insectes... Il y avait aussi des choses dont Arya ne pouvait identifier l'origine : la vie secrète de cette nature étrange, trop vivante, peut-être. Dans le meilleur des cas.
Les heures s'écoulèrent pourtant, languissantes, de plus en plus pesantes...

[Arya Du Varden]

Très tendue, Arya après un long temps de dernière hésitation décida de réveiller son congénère. Elle n'était pas peureuse, mais l'environnement la faisait maintenant frémir au moindre bruissement, à la moindre sensation et l'un comme l'autre lui semblait à chaque seconde un peu plus oppressantes au point qu'elle ressentait dès lors une lourde fatigue comme si elle ne se fut pas reposer depuis des jours. Elle posa délicatement sa main sur le bras du vieil elfe.

Ioreth, je pense qu'il serait bien que vous me releviez de ma garde.

[Taliesin]

-Aucun problème, dit le vieil elfe, déjà parfaitement éveillé.
Il observa la nature alentour, les sens aux aguets, le regard mobile, l'oreille tendue...
-Tout est calme, conclut-il. Tant mieux ! Nous aurons assez à faire demain, je le crains.
Il adressa un sourire à la magicienne.
-Reposez-vous. L'aube est encore loin... Et je veille au grain.

[Arya Du Varden]

Un sourire reconnaissant se fit sur le visage d'Arya.

Je vous remercie, car ce qui vous semble si naturel n'a fait qu'attiser mes sens et je ne me suis guère sentie en confiance et d'être en alerte pour un si long temps m'a rendue bien épuisée.

Puis, elle n'attendit pas pour se plonger dans une transe réparatrice. Elle quitta se monde étrange pour celui qu'elle affectionnait et qui lui apportait paix et repos dont elle avait grandement besoin.

Bien installée sur sa branche, il ne fallut que quelques minutes pour qu'elle soit totalement détendue faisant confiance au vieil elfe, non seulement pour protéger son repos, mais également ou surtout pour ne pas l'abandonner dans cette environnement qui ne lui offrirait guère de répit.

[Taliesin]

Arya revint à la réalité comme les douces lueurs de l'aube se faufilaient entre les branches, comme les oiseaux fraîchement réveillés faisaient entendre leur chant. Non loin d'elle, Ioreth sortait des provisions de son sac, l'air tranquille.
La voyant se redresser, il lui sourit.
-Juste au bon moment pour le petit déjeuner... dit-il. Il nous faut prendre des forces avant les épreuves du jour. Qui, avec un peu de chance, ne seront guère douloureuses...

[Arya Du Varden]

L'elfe s'étira lentement tout en se réjouissant de se retrouver fraîche et totalement reposée et elle ne pouvait que se réjouir d'avoir pris le premier tour de garde ce qui lui évitait de poursuivre leur route encore tendue des ressentis de la nuit.

Souriante, elle s'approche du vieil elfe se réjouissant de déguster une nouvelle fois les fruits savoureux qui lui étaient proposés.

Bonjour Ioreth, j'espère bien que la journée sera comme celle d'hier. Quelle distance nous reste-t-il à couvrir jusqu'à notre but ?

[Taliesin]

-Oh, les distances ne veulent pas dire grand chose sur cette île... fit le vieux shaman. Le temps non plus, d'ailleurs. Mais, compte tenu de notre position actuelle, je dirais que nous y serons d'ici quatre heures environ. La progression sera probablement identique à celle d'aujourd'hui, donc fatigante. Mais les choses ne se compliqueront vraiment que lorsque nous serons à proximité immédiate de la faille. Son influence se manifestera, même si elle demeure close, et il nous faudra redoubler de prudence.

[Arya Du Varden]

Arya sourit se souvenant des informations succintes que lui avait déjà données le vieil elfe.

Et bien, si les dangers ne sont que des peurs et souvenirs passés, alors je pense que tout se passera au mieux. Pour le trajet, je suis encore jeune et je sais me préserver de la fatigue. Celle de cette nuit a disparu et comme je vous fais entièrement confiance pour le chemin à suivre.

Son sourire se fit interrogatif, un peu inquiet, ce n'était pas ces peurs à elle qui l'inquiétaient, mais celle de son guide qui si cela pouvait être risquait bien de revivre le massacre auquel il faisait allusion et la prendre pour une des femmes du groupe ...

Avez-vous déjà eut des effets en vous approchant de la faille ?

[Taliesin]

Il acquiesça.
-Bien sûr. Nul n'est protégé contre ces manifestations. Et les premières fois, force est de constater qu'elles s'avèrent surprenantes, déroutantes, sinon complètement déstabilisantes. Néanmoins, à force d'y être confronté, on finit par s'y habituer, par savoir comment y réagir le plus judicieusement et le plus sereinement possible.

[Arya Du Varden]

La magicienne sourit de soulagement, le vieil elfe était capable de ne pas confondre la réalité avec des images venant de ses souvenirs et cela était de bon augure. Restait juste à ne pas tomber sur un animal furieux ou une plante affamée ou quelque peu retors qui viendraient les emprisonner dans ses racines.

Je pense que tout ce passera bien alors. Mais, vous ne m'avez pas encore dit qu'elle était le défit que je dois relever afin que votre chef cesse de me regarder comme une coupable en puissance. Il me semble qu'il serait bien que j'en sois informée.

[Taliesin]

Ioreth eut un sourire embarrassé.
-De même que je peux comprendre votre difficulté à croire aux événements que nous vous avons dépeints, je crois que vous devriez comprendre qu'ayant vécu ce que nous avons vécu - à savoir une attaque brutale et sans pitié de toutes les femmes de notre clan -, beaucoup des nôtres éprouvent une méfiance rémanente à l'égard de la gente féminine.
Il soupira.
-Pour le reste, votre "défi" consiste simplement à m'aider loyalement dans notre mission. Si vous servez les mages... Et bien, au cas où la faille soit ouverte, vous ferez tout pour m'empêcher de la refermer, car elle pourrait leur servir, leur apporter une puissance potentiellement incommensurable. Et au cas où elle soit fermée, vous tenterez de l'ouvrir, pour les mêmes raisons. Vous me direz que, pour me tromper, vous seriez susceptible de jouer la comédie, de m'aider pour endormir notre méfiance... Mais comme une telle opportunité ne se représentera pas, comme vous ne pourrez jamais retrouver le chemin de la faille, si vous êtes des leurs, vous agirez.

[Arya Du Varden]

Arya était plus que rassurée sur son sort, non pas celui que pouvait lui réserver la faune et la flore, mais au moins sur celui des elfes sauvages. Quant à la faille, elle espérait bien qu'elle serait fermée ou qu'ils pourraient la refermer, nul besoin de puissance supplémentaire pour les mages qui en avait déjà bien plus qu'il ne leur en fallait.

Je peux comprendre, mais cela n'est guère agréable de se voir traiter avec une telle hostilité par des congénères. Si j'étais arrivée seule et encore, il y avait mes quatre compagnons et il était évident qu'ils n'étaient pas soumis à ma volonté.

Enfin, peu importe, vous aurez vite compris que je suis là uniquement pour éliminer la vermine de cette ile et le moment venu vous pourrez constater que je ne m'attarderai pas ici.

Et vous-même, me faites vous confiance ou pas ?

[Taliesin]

-Pas exactement, fit Ioreth en secouant la tête. Mais vous ne devez pas prendre cette réponse dictée par la seule honnêteté pour une insulte. D'abord, la confiance se gagne, elle n'est pas acquise d'emblée. De même que les mauvaises impressions ressenties lors d'une première rencontre peuvent être trompeuses, les bonnes peuvent s'avérer fausses. La confiance s'acquiert donc au fil du temps, au fil des épreuves partagées. Ensuite, à l'instar de mes compagnons, j'ai été trahi. Trahi, en l'occurrence, par une épouse avec laquelle j'avais partagé des siècles entiers. Pourtant, à la différences des autres - d'une partie au moins, mais qu'en sais-je, au fond ? -, je n'arrive toujours pas à croire à cette réalité. Ou du moins, en dépit du bon sens, j'essaie d'y trouver... des explications différentes, moins... destructrices. Bref : je ne vous fais pas exactement confiance, mais j'ai choisi de vous laisser le bénéfice du doute, de ne pas me laisser dicter ma conduite par la méfiance. Et j'espère sincèrement que celle-ci s'avèrera infondée. Je n'ai aucun mal, lorsque cela s'avère nécessaire, à reconnaître que je me suis trompé.

[Arya Du Varden]

Souriant, la magicienne posa un regard presque amical sur son guide.

Ce n'est pas évident, la différence entre nous, c'est que pour m'éliminer, il vous suffirait de disparaître, j'aurai vite fait de me perdre et de tomber dans les nombreux pièges naturels qui ne doivent pas manquer en dehors du chemin que vous semblez parfaitement connaître.

Alors j'ai fait le choix de vous faire confiance, car tout comme vous pouvez le penser pour moi, j'ai aussi supputer que vous pourriez être sous l'influence des mages et que pour des raisons que j'ignore n'emmèneriez à un endroit de rencontre avec l'un d'entre eux ou un de leur piège. Mais je préfère penser que nous allons réellement vérifier la faille et qu'ensuite faute de m'apprécier, les vôtres me feront confiance et nous aideront dans notre mission.

[Taliesin]

-Nos positions sont somme toute similaires... fit Ioreth avec un sourire. Gageons que nous aurons sous peu à nous en féliciter.
Leur déjeuner terminé, ils descendirent de l'arbre où ils avaient passé la nuit, puis se remirent en route à travers la forêt. Les premières heures de leur périple furent exactement similaires à celles du jour précédent. Pourtant, peu à peu, insensiblement, la forêt commença à se transformer, Les plantes et les arbres se faisant plus étranges, plus difformes, à l'instar de certains des animaux qu'ils croisaient.
-Nous approchons, commenta le shaman.
Comme il prononçait ces mots, Arya eut l'impression que le ciel, au travers des branches, s'était imperceptiblement obscurci.

[Arya Du Varden]

La nature étrange de l'île n'était pas pour rassurer l'elfe bien que petit à petit, elle s'y était habituée. Mais les nouveaux changements qui s'opéraient étaient si étranges qu'elle ne pouvait les ignorer et que son esprit n'était pas totalement en paix, mais son guide semblant ne pas y prêter plus d'attention que cela, elle lui faisait confiance, malgré tout elle se sentait tendue et ce n'est pas le ciel qui s'assombrissait qui allait lui apporter de la sérénité.

Nous n'avons guère de chance, le ciel semble nous annoncer un orage, sont-ils violents en général ?

[Taliesin]

Le vieil elfe s'arrêta, contempla le firmament puis se tourna vers la magicienne.
-Je n'ai pas remarqué d'assombrissement... dit-il. Pour moi, les cieux sont demeurés inchangés. Peut-être percevez-vous déjà l'influence de la faille...
Un vent froid, presque aigre, s'était insidieusement levé, porteur de rumeurs si infimes encore que la magicienne ne pouvait pas en identifier la nature.

[Arya Du Varden]

Les paroles de Ioreth firent froncés les sourcils de la magicienne, pourquoi le ciel s'assombrissait pour elle et pas pour lui. Elle n'en voyait pas de raison mais ne s'en soucia pas plus que cela son attention portée sur un aspect plus troublant qui se levait et qui la faisait frissonner aussi bien extérieurement par le froid qui venait l'agresser qu'intérieurement par les rumeurs insaisissables qui se faisaient. Sans être vraiment inquiète, la présence de son guide la rassurant, elle était de plus en plus vigilante s'attendant à voir surgir tout et n'importe quoi autant que des trombes d'eau tombant du ciel assombri.

Vous ne sentez aucun changement, ne voyez rien de différent ?

[Taliesin]

-J'ai ressenti assez nettement l'influence de la faille, si... répondit le vieil elfe. Mais elle s'est presque aussitôt dissipée, pour devenir quasiment indécelable à présent. Malheureusement... Sous peu, à chaque pas que nous ferons, elle ira à nouveau en croissant.
Et, effectivement, si pendant une dizaine de minutes les étranges phénomènes parurent moins prégnants à Arya, ils finirent par se renforcer de manière progressive et indubitable. Si le ciel continuait à s'assombrir à ce rythme, la magicienne aurait bientôt l'impression de se retrouver entre chien et loup ; si les rumeurs se faisaient sans cesse plus fortes, elle pourrait bientôt croire que des foules entières se massaient dans les bois, non loin d'eux...
-L'influence de la faille se fait plus forte... dit tout à coup Ioreth. Essayez de ne pas faire attention à ses manifestations...

[Arya Du Varden]

Si pendant quelques minutes encore, l'elfe fit une entière confiance à son guide tentant de ne pas faire attention aux manifestations dont il disait ne pas être affecté, insidieusement le doute venait maintenant empreindre son esprit un peu plus alors que leurs pas les rapprochaient de la faille.

Les avertissement de Ioreth avaient été clairs, mais dans le ciel qui devenait de plus en plus sombre et les sons de plus en plus nets, Arya n'y retrouvait aucun souvenir bon ou mauvais de son passé. Dans son esprit, une crainte était née et le regard qu'elle posait sur le vieil elfe était de moins en moins confiant à chaque pas.

Puisque cela n'était pas un souvenir, il ne pouvait s'agir que de la réalité. Où l'emmenait-il réellement ? Rien ne prouvait qu'il y avait une faille et son ton fut presque accusateur et soupçonneux.

Qui sont ces gens ? Pourquoi m'avez-vous emmenée ici ?