[Quête : Tel est pris qui croyait prendre] Groupe 1 : Arya

[Taliesin]

Ioreth lui jeta un regard sans ralentir son pas.
-Des gens ? Il n'y a personne, ici. Juste la faune habituelle de cette forêt. Si vous voyez ou entendez des choses, souvenez-vous qu'il ne s'agit que de manifestations tirées de votre esprit et provoquées par la magie maligne de la faille. N'y prêtez pas attention ; essayez de les nier. Elles sont inoffensives du moment que vous n'y attachez pas d'importance.
Comme l'une des clameurs se faisait plus consistante, la magicienne crut discerner, mêlé au tumulte des voix, des cris, des hurlements, le reconnaissable fracas du métal contre le métal.

[Arya Du Varden]

Pendant à peine une seconde l'elfe réussit à ne pas faire attention aux sons et cris qui lui parvenaient, mais ils étaient trop présents et le ciel maintenant devenu noir était trop réel. Le vieil elfe ne pouvait que lui mentir, que les manifestations soient des reflets de son esprit ne pouvaient pas être car nul souvenir d'une aussi noire journée dans un environnement qui était le reflet d'un camp d'entraînement, voire un champ de bataille ne pouvait être de sa vie.

Elle lui saisit le bras brutalement et serra son emprise.

Ioreth, peut-être que tous les êtres que vous avez chercher à duper avaient vécu un état tel que celui que vous cherchez à faire passer pour un reflet de ma mémoire. Mais cette fois ce n'est pas de chance, car ma vie n'a été que dans la paix. Alors il serait bien que vous me disiez à quoi je dois m'attendre. M'emmener sur un champ de bataille ne sert à rien, je ne suis pas une guerrière et la magie de cette ile altère mes pouvoirs ... et puis, si vous croyez pouvoir vous servir de moi pour régler vos comptes avec les femmes de votre clan, c'est inutile, je ne suis pas une meurtrière.

[Taliesin]

L'elfe ne tenta pas de libérer son bras, et, se tournant vers la magicienne, il la toisa d'un air vaguement inquiet.
-Ne vous avais-je pas dûment prévenue de ce qui se produirait quand nous approcherions de la faille ? Ne vous avais-je pas parlé de manifestations troublantes ? Si vous vous y laissez déjà prendre, il vaut mieux que vous rebroussiez chemin sur le champ, car cela ne va aller qu'en empirant... Vous me parlez d'un champ de bataille ? Alors que nous sommes au cœur de la forêt... et qu'il n'y a pas d'armée à proprement parler sur cette île ? Allons, un champ de bataille proche vous paraît-il vraiment réaliste, crédible ? Quant à votre vie passée, ne m'avez-vous pas dit en avoir oublié une grande partie ?
Il soupira.
-Niez cela, Arya. Niez ces manifestations étranges, ou prenez-les pour ce qu'elles sont : des illusions qui ne deviennent dangereuses que si on s'y abandonne, que si on y croit. Pour ma part. j'ai mes propres visions, et je vous prie de croire qu'elles sont désagréables. Mais je préfère ne pas y penser, ne pas les nommer. Ne leur accorder aucune importance, en somme.

[Arya Du Varden]

La magicienne ne savait qui croire, le vieil elfe ou sa certitude qui n'était basée sur si peu de chose, son peu de vécu depuis son arrivée à Lumenis. Si l'homme disait vrai, elle allait revivre des événements passés, certainement douloureux au vu des sons qui lui parvenaient et du ciel maintenant des plus sombres dans lequel tourbillonnaiENt des volutes noires et menaçantes. Pourtant cela ne lui rappelait rien, pas la plus petite bride de vécu.

Après quelques instants de réflexion, Arya fit le choix de continuer coûte que coûte, si c'était un piège cela ne changerait rien. Restez seule ici ou rebrousser chemin lui était impossible les dangers étaient grands et elle ne pourrait ni se défendre, ni probablement retourner sur ses pas sans se perdre dans cette jungle changeante à tous instants.

Soudain, elle lâcha le bras de Ioreth et dit d'un ton ferme.

Continuons !

Son coeur s'était accéléré, Arya craignait le pire, même si ce ne fut que de son esprit.

[Taliesin]

Les manifestations finirent par ne plus fluctuer, par s'encrer solidement dans un réel dont elles semblaient désormais faire partie intégrante. Arya évoluait dans une forêt au ciel sombre, balayée par un vent aigre porteur de rumeurs de batailles et de massacres.
Peu à peu, écœurante, s'éleva l'odeur âcre du sang. La magicienne eut bientôt l'impression que le sol sous ses pieds se faisait boueux et, baissant les yeux, elle découvrit un effroyable spectacle : les racines des arbres, pâles, torturées, se tordaient comme si elles étaient prises de convulsions sauvages. Et ce qui en coulait en filets pourpres n'était pas de la sève, mais bien du sang.

[Arya Du Varden]

Arya suivait le vieil elfe machinalement, mais pas ses conseils, loin de rejeter ce que son esprit générait, elle s’y attachait, elle voulait savoir même si elle redoutait le pire, le pire du présent qui serait la réalité de ce qu’elle voyait et entendait, la réalité d’une mémoire perdue qui venait douloureusement lui rappeler son passé.

L’elfe était immergée dans un combat magique. Ses faibles pouvoirs mêlés à ceux de ses pairs bien plus puissant qui étaient rassemblés au sein de la forêt face à la plaine ensanglantée. Le ciel était tourmenté, le mal y tournoyait cherchant la moindre faille pour percer encore un peu plus la protection magique qui lui barrait le passage. C’était une armée en marche, menaçante, animée par la haine et la mort. Autour d’elle le combat était présent, les mages ne cessaient d’incanter, les guerriers mages se mêlaient aux combattants pour protéger ce peuple qui étaient sous leur protection.

Arya partit totalement dans ce passé, ses lèvres prononçaient les mots qu'elle savait devoir dire, sorts consciencieusement appris et répéter maintes fois. Sorts pour renforcer l'arc magique, pour repousser l'ennemi et protéger son peuple.
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[Taliesin]

Quelqu'un lui prit le bras, le secoua avec rudesse.
-Mais qu'êtes-vous en train de faire ? lança la voix du shaman, froide, inquiète. Vous incantez ? Alors que je vous ai prévenue des risques qu'il y avait à utiliser la magie à proximité de la faille ? Êtes-vous en train de le faire exprès, révélant ainsi votre vraie nature ? Où êtes-vous plongée dans quelque rêve éveillé, victime des manifestations contre lesquelles je vous ai mise en garde ?

[Arya Du Varden]

La mort était là, si proche presque palpable. L’odeur du sang était prenante écoeurante et lorsque Ioreth la secoua, Arya posa sur lui un regard d’abord lointain, presque absent. Puis, la voix empreinte de l’angoisse qui soudain sortie de ses pensées vint la frapper de plein fouet, elle murmura plus pour elle-même que pour le vieil homme.

Par Correllon, que c’est-il passé ?

Puis, mi-dans son passé tout en cherchant à lutter autant contre le phénomène qui l’y envoyait que le désir de savoir et de s’y plonger comme si elle pouvait changer le temps et la sagesse de ne pas se laisser prendre, mi dans ce présent qu'elle savait maintenant différent, elle reprit une partie de ses esprits.

Pardonnez-moi, mais ce n’est pas si simple. Je ne sais ce qui se passe … c’est …

Elle resta sans mot, les événements ne s’arrêtant pas de défiler alors qu’elle parlait.

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[Taliesin]

-Nous allons avancer encore un peu,fit le vieil elfe. Mais si je vois que vous replongez à nouveau complètement dans une sorte de monde intérieur, et que vous perdez à nouveau la conscience de ce que vous faites, nous rebrousserons chemins : je vous laisserai dans un endroit relativement sûr et reviendrai seul. Nous ne pouvons prendre le risque qu'un accident se produise, ce qui risquerait d'arriver, car je dois affronter mes propres visions, ce qui m'empêchera, tôt ou tard, de veiller sur vous aussi attentivement qu'il le faudrait...

[Arya Du Varden]

Le vieil elfe avait raison, ils ne devaient pas prendre de risque, mais l'idée de se retrouver seule fit frissonner Arya encore un peu plus. Elle devait trouver un moyen de ne pas perdre pieds dans ses souvenirs qui par instant la submergeaient. Elle respira profondément en tentant de trouver une alternative pour accepter que ce ciel noir et sombre qui semblait maintenant n'être plus qu'à quelques pieds n'étaient qu'une image de son passé et qu'au-dessus de sa tête aucun danger ne planait. Que son ouïe et son odorat la trompait sur l'instant présent.

Soudain, alors qu'ils avançaient, la jeune s'accrochant avec volonté à la réalité pour ne pas sombrer et se voir abandonnée, ne serait-ce que quelques instants, lança comme une révélation alors qu'elle avait pris comme bouée pour rester dans la réalité l'image de son pupille.

En fait, ce doit cela que les humains appellent des cauchemars, ces images qui leur reviennent alors qu'ils dorment.

[Taliesin]

-Pour n'avoir quasiment jamais approché d'humains, je ne suis pas bon juge, les connaissant. Mais j'imagine que vous êtes dans le vrai...
Comme Arya tentait de reprendre pied dans la réalité, le ciel parut s'éclaircir insensiblement, les rumeur refluer peu à peu, tandis que s'imposait l'image de Podrick. Celle-ci lui sembla presque tangible, étrangement réelle. Elle avait l'impression qu'elle aurait pu le toucher, pour peu qu'elle tende la main...
Souriante les premiers instants, la mine du petit garçon se modifia cependant, devenant plus neutre, puis se parant, par degré, des dehors du chagrin, de la douleur...
Tout à coup, ses lèvres remuèrent sur un murmure. D'abord inaudible, la magicienne put bientôt en saisir quelques mots..
-...promis... abandonné... trahi...

[Arya Du Varden]

Il semblait si simple de dissiper ces images qui perturbaient et tout parraissait soudain bien agréable. La forêt vierge en était presque hospitalière alors que le sourire de Podrick se faisait. L’amour qu’Arya portait à l’enfant était souverain pensa l’elfe jusqu’au moment où une douleur violente l’atteignit. Elle ne voulait que son bien, qu’il fut heureux et ces quelques mots qu’elle saisissait était douloureux comme une pointe acérée se plantant dans l’amour qu’elle portait à son pupille.

Par moment, elle arrivait à se raccrocher à la réalité pour se dire que ce n’était que sa peur qu’il puisse ressentir le moindre abandon, la moindre trahison, mais elle ne pouvait que douter, l’enfant ne se sentait-il pas abandonner lorsqu’elle le plaçait pour partir en mission dont elle ne pouvait rien lui dire ? Ne pensait-il pas qu’elle en avait assez de lui et que c’était pour prendre quelques vacances hors de sa présence ?

Le mal la rongeait et si son passé l’avait perturbée, la douleur de ce possible présent la harcelait au point qu’elle avait de plus en plus de peine à rester dans la réalité. Les larmes coulaient lentement sur son visage, sa souffrance était immense et dans le peu de conscience qui lui restait, elle savait que ne pas chasser ses images était rester seule avec tous les risques que cela pouvait laisser entrevoir.

Mais la souffrance qu’elle ressentait dans cette projection de l’enfant fut plus forte que la raison.

Non, Podrick, je t’aime, je reviendrai, je ne t’ai pas abandonné, je t’ai promis de t’aider, de t’accompagner.

Elle eut un instant de lucidité, son regard se posa sur Ioreth, le ton pâle de la magicienne était devenu transparent, sa voix douloureuse.

Je ne l’ai pas abandonné, je dois rentrer à Lumenis, il m'attend, il a besoin de moi.

[Taliesin]

-De qui parlez-vous ? demanda l'elfe qui faisait manifestement effort pour se concentrer. Encore une vision ? Vous devez tenir bon : nous sommes presque arrivés...
Podrick, malgré la tentative d'Arya pour se raccrocher au réel, n'avait pas disparu. Mais son teint avait pâli, c'était fait exsangue.
-Trop tard... murmura-t-il. Tu... fait exprès... Méchant homme... assassin... Te débarrasser... moi... Exprès...
Sur son justaucorps de page, au niveau du cœur, une tâche sombre, poisseuse, venait d'apparaître et allait sans cesse s'élargissant.

[Arya Du Varden]

Un pâle sourire s’était fait sur le visage d’Arya lorsque le vieil elfe lui dit de tenir bon et elle acquiesça de la tête.

C'est mon pupille ...

Mais ce sourire disparut bien vite pour faire place à un regard horrifié qui se posa sur Ioreth. Tout bascula tout à coup, devant cette mort annoncée de son pupille adoré, la jeune femme ne put resté vigilante, elle se jeta sur son guide sans plus réfléchir comme s’il fut le petit garçon et le serra contre elle, ses mots étaient teintés de désespoir, hurlait sa souffrance sans réfléchir que l’enfant n’était pas encore page et que ce n’était que ses propres peurs ne pouvant séparer la mort de son frère à la possible sienne qu’elle redoutait sans jamais se l’être avoué.

Non Podrick, tu ne dois pas partir, tu es trop jeune, tu as le droit de vivre, je suis là, je vais te sauver.

Et de tenter désespérément de lui éviter la mort en prononçant un sort de soin.

[Taliesin]

Une main ferme se posa sur ses lèvres, la rendant muette, tandis qu'un bras solide l'enserrait, comme pour l'immobiliser.
-Ne pouvez-vous donc vous contrôler ? tonna le shaman. Voulez-vous m'obliger à vous considérer comme une ennemie ?
Mais, plus que de la colère, on sentait de l'inquiétude dans sa voix.
De son côté, Podrick avait fait un pas en direction d'Arya. Sa tunique, désormais complètement écarlate, laissait couler un flot ininterrompu de sang sur le sol de la forêt.
-Trahi... Assassiné... Sacrifié...
Il tendit une main terriblement pâle, voulant apparemment saisir le bras de la magicienne.-

[Arya Du Varden]

Le carcan que lui imposait par sa force l’elfe sauvage sortit Arya quelques secondes de ses hallucinations, elle le regarda comme si elle voyait un fantôme tant elle restait secouée par les images qui envahissaient son esprit.

Votre ennemie ?

Avant que les images funestes qui l’avaient accompagnées depuis quelques heures ne viennent la replonger encore plus profondément dans ses hallucinations. Celles-ci se mélangeaient, s’entrechoquaient sans discontinuité mêlant les siens et sa terre natale à sa maison et l'image de son pupille

Tout n’était plus que son et odeur d’un champ de bataille meurtrier. Une volute de nuages sombres et épais aspirait le sang du corps de l’enfant comme si ce fut un orage à l’envers avant de venir déverser les flots sanglants sur de la magicienne l’immergeant totalement dans la peur et le désespoir.

Se débattant de toutes ses forces, elle tentait désespérément de faire lâcher la prise du shaman pour attraper la main du petit garçon pour l’empêcher d’être emporté vers l’au-delà, parfois il lui semblait la frôler, parfois elle était totalement hors de sa portée.

[Taliesin]

Mais la main de l'enfant ne voulait pas prendre la sienne : elle semblait au contraire désireuse de saisir son poignet, ce qu'elle parvint enfin à faire. Et ses doigts glacés s'enfoncèrent profondément dans les chairs de la magicienne, lui causant une vive douleur.
-Trahi... Livré... Sacrifié...
-Par tous les dieux, ressaisissez-vous !
La voix - puis l'image - de Ioreth se superposèrent à celle de Podrick. Son regard flamboyait, rivé sur le sien ; sa mine reflétait à la fois inquiétude et détermination. Et sa main lui serrait le poignet à lui en faire mal. Sans doute l'aurait-il giflée, s'il l'avait osé. Peut-être l'oserait-il sous peu, si elle ne se reprenait pas...
-Celui que vous voyez n'est pas là, reprit-il d'un ton ferme. C'est une illusion, comme tout le reste. Une illusion tirée de votre esprit par la faille toute proche. Vous devez impérativement ne pas y prêter foi, vous en détourner, sans quoi, vous nous mettrez en danger et risquerez fort de ne plus revoir celui à qui vous croyez avoir à faire. Et qui n'est pas là : vous êtes au cœur de la forêt, et la seule personne à proximité, c'est moi.

[Arya Du Varden]

La douleur fut vive et tira un cri de l’elfe qui sentit une nausée venir tant la souffrance fut violente et soudaine, mais pour l’instant la poigne puissante du shaman fit revenir Arya à la réalité qui le regarda des larmes roulant sur ses joues cette fois générées par la douleur.

Le souffle court, elle posa un regard préoccupé tout autour d’elle, la nature étrange était déformée, mais elle était bien plus rassurante que les images qui étaient dans son esprit. Elle ne fit aucun geste pour desserrer l’étreinte douloureuse se rendant compte que cela lui permettait de reprendre pied. Mais comment lutter contre cette souffrance qu’elle avait sentie dans les illusions générées par ses peurs et son passé, les siens lui étaient importants, mais ce petit garçon que la vie n’avait pas épargnée lui était trop cher pour qu’elle prenne suffisamment de distance. Sa voix était inquiète, à peine audible, mais elle était dans le présent, cela était évident.

Je connais peu des ombres qui peuvent peupler votre esprit, mais assez pour savoir que cela doit être difficile de leur résister et je me demande comment vous faites pour ne pas sombrer ? Seule la douleur physique me retient en cet instant… je comprends que je ne vois que les inquiétudes de mon esprit, mais elles semblent si réelles, palpables. Je ne veux ni ma perte, ni la vôtre soyez-en certaine. Cet enfant je l’aime et si je ne reviens pas qui peut savoir ce qu’il adviendra de lui, non qu’il risque d’être abandonné, il sera entouré, mais il sera à nouveau seul et que fera-t-il ? Je ne peux me défaire de cette pensée, alors que je sais que c'est elle qui m'attire vers ma perte.

Elle devait tenir, elle sentait le danger dont lui parlait Ioreth, mais elle se ressentait son impuissance à trouver un chemin qui l'éloignerait des ombres de son esprit.
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[Taliesin]

-Je suis désolé pour la douleur : ce traitement n'est guère agréable, mais c'est le seul que j'ai trouvé pour vous ramener à la réalité... dit le vieil elfe sur un ton égal. Pour le reste, si je sais résister à mes visions, c'est simplement que j'ai l'habitude du phénomène, que l'âge n'est pas sans apporter une certaine expérience et, enfin, que le danger qui vous - qui nous - menace est suffisamment grand pour éclipser tout le reste. Je ne sais donc comment vous aider, sinon en vous conseillant un énorme effort de volonté... Alors, il vaut peut-être mieux que nous rebroussions chemin. C'est la solution la plus raisonnable si vous pensez ne pas pouvoir échapper à ces manifestations.

[Arya Du Varden]

Lentement, Arya reprenait pied autant que pouvait le lui permettre la vue instable de la forêt qui l’entourait, son regard de posa enfin plus calme dans celui de Ioreth.

Ne soyez pas désolé, je vous remercie pour votre soutien et je n’ai aucun doute que vous devez vous-même combattre. Je vais mieux et je ne vais pas essayer de laisser de côté ces images insoutenables. Sa voix se fit affirmative, décidée alors qu’après quelques instants de silence elle poursuivit. Je ne vais plus me laisser prendre.

Cela était un exercice pénible, mais elle s’était convainque que Podrick ne craignait pas qu’elle l’abandonne, qu’il lui faisait entièrement confiance et que les images sombres de son passé n’avait pas eu d’incidence irrémédiable sur la vie de son peuple et que seul son départ en avait été le résultat.

Elle prit doucement la main du shaman pour lui faire desserrer sa prise, elle était prête à continuer, elle refoulait avec conviction loin de cette ile maudite tous ses fantômes.

[Taliesin]

Ioreth relâcha son poignet mais resta un long moment à la dévisager.
-Soit, dit-il enfin. Mais si vous êtes à nouveau emportée, je ne vous donnerai plus le choix : nous retournerons en arrière.
Ils repartirent sans tarder. Pour la magicienne, le paysage réel demeurait présent, même s'il n'était pas rare que s'y ajoutent des visions toutes plus pénibles les unes que les autres qu'elle ne parvenait à repousser qu'en arc-boutant sa volonté. Ce qui s'avérait épuisant autant qu'éprouvant.
Enfin, le shaman s'immobilisa. Devant eux, la forêt s'éclaircissait, les arbres difformes s'espaçaient jusqu'à laisser entrevoir une vaste clairière au sol nu. En son centre, l'air tremblait légèrement, comme animé d'un invisible tourbillon au travers duquel le paysage semblait fluctuant, mouvant...
-Nous y somme, dit simplement Ioreth.

[Arya Du Varden]

Ils étaient donc arrivés et Arya posa un regard épuisé sur les images troubles, mouvantes et étranges générées par la faille. Son esprit troublé, torturé, prêt à l'emmener loin de la réalité peu accueillante semblait hurlé en lui martelant la tête tant elle luttait, cette douleur à chaque instant plus insoutenable puisait dans ses forces, mais avait l'avantage de la retenir dans l'instant réel.

Son regard dans lequel la fatigue était palpable se posa sur Ioreth et n'y voyant pas d'inquiétude particulière, elle esquissa un sourire de soulagement empreint de l'espoir que la torture qu'elle vivait allait enfin pouvoir se dissiper, elle murmura.

Tout semble normal, nous pouvons donc nous en retourner.

[Taliesin]

Il acquiesça.
-Oui, tout est normal : la faille est fermée. Un peu plus active que d'ordinaire, ce qui arrive parfois, mais bel et bien fermée... Cependant, un sort assez puissant, lancé avec assez de conviction serait à même de l'entrouvrir, pour peu qu'il soit augmenté, dilaté par la magie qui règne ici... Vous comprenez pourquoi il était de première importance que vous restiez ancrée dans le réel.
Il dévisagea la magicienne un instant, puis acquiesça à nouveau.
-Mais nous pouvons effectivement rebrousser chemin : nous n'avons plus rien à faire ici.

[Arya Du Varden]

Le regard épuisé, presque fiévreux d’Arya se posait avec curiosité sur le vieil elfe, il lui semblait que celui-ci n’était aucunement affecté et que le combat qu’elle menait pour ne pas se laisser emporter dans les méandres tortueux de ses souvenirs sombres et peurs démesurées était bien loin d’être dans l’esprit de l’homme. Mais ses pensées n’allèrent plus loin, elle sentait l’épuisement tout près et si elle devait s’affaisser, mieux valait être loin de cette faille maudite pour pouvoir lâcher prise et ainsi récupérer.

Oui, je comprends, mais la lutte est inégale et plus vite je serai loin des forces qu’elle génère, mieux je me porterai.

Le chemin serait dur, l’elfe se sentait faible et elle savait que pour qu’elle puisse laisser libre cours à son esprit, les heures allaient s’écouler et sans cette paix de l’âme, elle ne pourrait se réfugier dans ses souvenirs régénérateurs. Sans attendre, elle tourna le dos à la faille et prit le chemin du retour.

[Taliesin]

Le shaman se porta à son côté et, avec autorité - mais douceur -, il lui prit le bras. Il l'entraîna alors à marche forcée à travers la forêt, au milieu des hallucinations, des illusions qui assaillaient toujours l'esprit de la magicienne. Sitôt qu'il la sentait trop atteinte, Ioreth resserrait sa prise, ce qui suffisait à la ramener dans le réel.
Les manifestations de la faille se firent plus diffuses, plus rares, jusqu'à, enfin, disparaître complètement. Le vieil elfe ne les poussa pas moins à une allure égale encore une bonne heure. Puis il s'arrêta.
-Nous sommes assez loin, à présent. Et comme je crois que nous avons tous deux besoin de repos, autant faire une halte...

[Arya Du Varden]

La marche forcée fut d'une grande pénibilité pour l'elfe qui n'aurait pu se souvenir d'une aussi grande fatigue même si les suppliques de son pupille n'avaient pas existé dans son délire, ni les nuages sombres sanguinolents s'abattant sur sa terre natale. Sans la poigne douce mais ferme du shaman, Arya se serait probablement étalée de tout son long à plusieurs reprises tant ses jambes avaient peine à la maintenir debout et son esprit torturé, ne pouvant plus guère lutter, n'était pas pour lui permettre de reprendre quelques esprits.

Pourtant, alors qu'ils avançaient encore à forte allure, la magicienne se sentit petit à petit libérée des pouvoirs de la faille et si elle ne fut pas si fatiguée, elle aurait protesté contre cette marche forcée qui n'en finissait pas.

Un sourire de soulagement se fit sur le visage d'Arya lorsque Ioreth s'arrêta et ses paroles la soulagèrent. Mais trop épuisée pour lui dire sa reconnaissance bien qu'elle était consciente que c'était bien grâce à lui si finalement elle s'en sortait totalement indemne, ou presque vu les questions qu'elle ne pourrait que se poser, elle murmura d'une voix faible.

Merci Ioreh, oui. il faut nous reposer.

Et de s'écrouler se laissant glisser dans une transe qu'elle n'eut aucune peine à trouver. Toute la douceur et la sérénité qu'elle puisait dans ses souvenirs heureux vinrent immerger son esprit.

[Taliesin]

La transe avait dû durer très longtemps car, lorsqu'Arya en émergea, la nuit était tombée. Ioreth était assis non loin d'elle. il avait tiré de son sac des provisions, ainsi qu'une petite flasque. Laquelle devait contenir, en manière de remontant, quelque cordial elfique.
-Vous avez meilleure mine, constata doucement le vieux shaman.

[Arya Du Varden]

Les heures de repos avaient profité à la magicienne et c'est avec un grand sourire qu'elle accueillit les mots du shaman. Le regard qu'elle porta sur l'homme était bien différent de celui qu'elle lui avait accordé depuis leur départ. Si elle n'avait jamais une réelle animosité pour le vieil homme, il ne lui avait jamais été sympathique. Mais elle était consciente que si l'homme l'avait emmenée sur un terrain dangereux pour son esprit, il l'avait surtout aidée à ne pas sombrer et ramenée saine et sauve en un lieu plus sûr.

Le repos n'a pu me faire que du bien et le temps nécessaire a été important. je vous remercie pour m'avoir aidée dans cette épreuve. Mais j'avoue ne toujours pas en comprendre le but pour ma personne. Si j'avais été des leurs, j'aurai eu les moyens de vous rendre inoffensif le temps d'ouvrir la faille, vous risquiez votre vie en me faisant passer ce test et votre clan tout entier aurait pu en pâtir. Mais cela était la volonté de votre chef, j'espère que dès lors à défaut de m'accepter votre clan saura me faire confiance.

[Taliesin]

Ioreth lui rendit son sourire.
-Que ma vie ait été exposée au cas où vous ayez soutenu les mages, je n'en disconviens pas. En revanche, mon clan ne risquait rien : fût-ce au prix de mon sacrifice, j'avais les moyens de vous annihiler et d'empêcher l'ouverture de la faille. Toutefois, je suis heureux de ne pas avoir dû recourir à semblable extrémité, et je pense pouvoir me porter garant de vous, désormais. J'ai douté lorsque vous avez tenté d'incanter, mais... il était évident que vous étiez victime des visions qui vous assaillaient, que ce n'était là, en aucun cas, un stratagème pour nous nuire. Sans doute mes frères seront-ils toujours distants à votre égard. Mais ils respecteront mon jugement et ne vous suspecteront plus d'œuvrer pour le compte des mages.

[Arya Du Varden]

Il était évident que la réponse du vieil elfe suffisait à Arya, elle ne cherchait aucunement l'amitié des elfes sauvages, leur confiance lui suffisait car cela leur permettrait d'enfin pouvoir remplir leur mission. Quant à son incantation, elle préférait donner quelques explications, ce qui conforterait l'homme dans ses suppositions.

En effet, j'étais dans des souvenirs, enfin souvenirs ou peurs, souvenirs et peurs, je ne saurais dire. Si certains points de ce qui c'est passé dans mon esprit me semble des brides de mémoire revenues, d'autres me restent obscures.

Le regard de la magicienne se voila, ce qui lui semblait s'être réellement passé était suffisant pour être inquiétant.

Le bouclier magique qui protégeait nos terres a été victime d'assauts ennemis. Le ciel était sombre, noir, les nuages épais se déchiraient alors que des sons lugubres et de mauvais présages nous parvenaient, nous nous sommes regroupés pour unir nos forces de manière à repousser les intrus, nous incantions, cela me semble être ma mémoire.

Sa main lissa lentement ses cheveux sans s'arrêter sur leur état poisseux et la tristesse marquait son visage.

Mais dans mes visions, il y avait des rivières de sang, des hurlements de guerre et de douleurs. Des râles et des derniers soupirs. Je ne me souviens pas que ce fut la réalité et j'ose espérer que ce ne sont que des peurs qui se sont ainsi matérialisées. Mais c'est en ce temps que je suis partie. Etait-ce la volonté des miens ou tel qu'il me semble être la réalité que nos incantations qui ont eu un effet non désiré, je ne sais pas.

La jeune femme soupira pour chasser des illusions vraies ou fausses et se concentrer à nouveau sur le présent.

Il sera toujours temps pour moi de tenter d'en savoir plus lorsque nous aurons terminé. J'ai hâte de retrouver mes compagnons qui je le sais n'ont pu que réussir leurs tests. Sans crainte je peux me porter garante d'eux comme ils l'ont fait pour moi.