[Guilde] Le Très Noble Ordre du Coeur Radieux

[Mornagest]

L'ancien mélandien regarda Lothringen s'éloigner un moment, perdu dans ses pensées. Que de retournements, en si peu de temps. Il avait l'impression d'être dépassé, inutile, étranger à tout cela, comme s'il n'appartenait plus au monde des vivants, suite à ce passage affreux dans l'au-delà. Il en était ressorti métamorphosé, au sens figuré du terme, et le sortilège du semi-drow avait achevé le processus. Ce sentiment de vide, d'amnésie partiels lui était parfois douloureux, comme en ce moment : il sentait que Lothringen le traitait comme un inconnu. Ce qu'il était, quelque part. Mais... il voulait redevenir lui-même ! Quitte à recouvrir des souvenirs désagréables ou cruels. Tout, mais pas cette coquille sans âme qu'il était devenu...

La mine grise, les yeux aux bords des larmes, le guerrier se rendit lentement vers le Loyal Paladin, sans se perdre, cette fois. Il finirait par connaître suffisamment les endroits importants de Manost, à ce train.

En route vers

[Elanor]

En provenance

Elanor repassait tout les éléments de cette affaire dans sa tête. La mort de Romulad était accidentelle et liée à deux éléments majeurs. D'un côté, sa colère contre son ami de toujours suite à sa déclaration d'amour et de l'autre, la perte de pouvoir divin qui avait empêcher Aymeric de lancer des sorts. Ce deuxième point était bien plus troublant et plus inquiétant: elle et son maitre avaient aussi été incapable d'utiliser leur magie. Elle espérait obtenir des réponses au près du Haut Prélat.

L’après midi touchait à sa fin lorsqu’ils arrivèrent au pied de la forteresse. Ils se présentèrent aux gardes de l’entrée comme d’habitude, et ils demandèrent à être introduit chez Sire Anselm, le maître d’Aymeric.

« Elanor et Aymeric, nous venons nous entretenir avec le paladin-instructeur Sir Anselm, sauriez-vous où nous pourrions le trouver? »

[Lothringen]

Le garde qui lui répondit dévisageait Aymeric sans aménité. Il n'y avait pas besoin de savoir le détail de l'affaire pour estimer qu'en abandonnant son compagnon d'arme sur le champ de bataille, sans avoir même tenté de tuer la goule, le jeune novice s'était comporté comme un lâche. La façon dont ce dernier détournait les yeux et baissait la tête, du reste, ne plaidait pas en sa faveur.

"Sire Anselme est probablement dans sa cellule. Je l'ai vu rentrer de l'office tout à l'heure."

Ils se dirigèrent alors vers les logements des paladins, sans échanger un mot de plus. Une certaine tension flottait dans l'air. Aymeric guidait machinalement Elanor vers la chambre de son maître. Quand ce dernier leur ouvrit la porte, ils découvrirent qu'ils avaient dû l'interrompre au milieu de quelque pieuse lecture. Anselme avait les traits creusés. L'étaient-ils déjà ce point la première fois qu'elle l'avait vu ? Ce détail frappa la paladine, mais elle n'eut pas le temps de s'y attarder davantage. Sire Anselme venait de les saluer l'un et l'autre, et de les inviter à entrer. Dès qu'ils eurent refermé la porte, il ajouta :

"Vous voici donc de retour du cimetière... avez-vous pu boucler votre enquête, ou souhaitez-vous me demander des précisions ?"

Il laissa la phrase en suspens, tandis que son regard hésitait entre Elanor et son novice. Visiblement, la présence et l'attitude de ce dernier l'intriguaient.

[Elanor]

Les traits fatigués, Sir Anselm les accueillit, plus intrigué que surpris, de les voir devant sa porte. Aymeric semblait de plus en plus mal à l’aise, incapable de croiser le regard de son instructeur. L’atmosphère devient pesante, la tension était perceptible. Aymeric ne semblait pas décider à passer aux aveux. Elanor rompit le silence, elle estimait que cet homme, vieilli par le chagrin, avait le droit de savoir la vérité.

« Sir Anselm, je n’ai pas besoin de précision, j’ai pu faire la lumière sur cette affaire. Si vous le permettez, je préfère que nous entrions et que nous fermions la porte. Tant que le haut prélat n’a pas été informé, j’aimerais que cette conversation reste secrète »

Le paladin formateur acquiesça d’un hochement de tête et elle referma la porte de la cellule. La pièce était prévue pour accueillir qu’une seule personne. Leur proximité ne faisait qu’accroître l’inconfort d’Aymeric.

« Je me suis rendue sur les lieux du crime accompagné de Sir Théoden. Malgré toutes les précautions que nous avons prise, la goule nous a attaqué par surprise. Le temps que j’entre dans le combat, elle était déjà sur lui. Les sorts que nous avons lancés ont été inefficaces. Nous n’avons pas réussi à la détecter ni à la repousser. J’ai pu tuer le mort-vivant qu’en lui tranchant la tête avec mon épée pendant qu’il était occupé à mâcher les sangles de l’armure de mon maître. Sir Théoden a été gravement blessé, étant incapable de lancer des sorts de soin, j’ai du courir en toute hâte quérir un prêtre de Torm pour nous aider. Mon maitre est loin d’être un novice : l’échec de nos sorts nous a laissé une grande inquiétude. Nous avons eu l’impression d’être coupée de nos pouvoirs divins. Aymeric a eu la même sensation: il n’a pu repousser la goule et il a fuit. Mais, ce n’est pas tout. Il m’a raconté ce qui s’était passé ce jour là. »

Elanor marqua une pause, Sir Anselm avait les traits durs comme la pierre, une peine immense se lisait dans ses yeux. Elle savait pertinemment que la vérité allait être extrêmement amer.

« Romuald et Aymeric n’ont pas respecté la procédure classique de l’ordre.Romuald est descendu seul dans le tombeau, il a refusé qu’Aymeric l’accompagne, non par défit mais parce qu’ils étaient en froid. Il en voulait à Aymeric, il ne voulait plus de sa présence à ses côtés. Romuald a hurlé qu’il n’arrivait pas à la repousser, alors Aymeric a accouru. Et la suite vous la connaissez. Quand à la raison de leur dispute, je préfère que vous l'appreniez de la bouche de votre élève. »

Ces dernières paroles avaient fait blêmir le novice. Allez-t-il avoir le courage de tout raconter à son maître ? Elle voulait en tout cas lui en laisser la possibilité.

[Althéa]

Aymeric hocha sombrement la tête. Elanor avait presque tout raconté, la faute que lui et Romuald avaient commise se savait maintenant. En revanche - par pudeur ou par respect - elle n'avait pas parlé du pourquoi de la dispute. Ou peut-être estimait-elle que cela ne valait pas la peine d'être raconté. Il lui rendit grâce pour cela.

"Je sais que c'est une faute, finit-il par dire, mais c'était notre manière habituelle de procéder. Elle a toujours fonctionné comme vous pouvez le savoir. Sauf cette fois-ci. Chacun de nos sorts a été inopérant, et la goule trop rapide. Le temps que j'intervienne, elle avait déjà fracassé le crâne de Romuald contre le mur."

Il frémit à cette pensée.

[Lothringen]

Sire Anselme baissait les yeux vers le sol, comme s'il voulait détailler du regard nœuds et lignes dans le bois du parquet. Il ne prêtait que peu d'attention à cette histoire d'échec de sort, qui lui semblait douteuse. Son esprit restait focalisé sur une autre idée : Aymeric était faux, il le sentait. Le novice avait pris soin de ne pas réagir à l'ouverture que lui avait faite la paladine, glissant sur le motif de cette dispute comme sur un détail sans importance. Ce qui lui prouvait exactement l'inverse : Aymeric mentait, lui cachait des choses. A lui, dans un moment pareil... ! Une fois de trop.

"Combien de fois depuis que tu nous as annoncé la mort de Romuald me suis-je repassé mes dernières instructions, tout en me demandant où avait été mon erreur, ma faute, mon omission..., remarqua le mentor sur un ton amer. Et même à présent, je ne comprends pas. Vous saviez quelle était la procédure, tu viens de le dire toi-même. Vous saviez que vous ne deviez pas vous séparer. Pourquoi vous être portés volontaires si vous n'étiez plus capables de faire équipe ensemble ? Je... je ne crois pas que Romuald aurait pu faire une chose pareille - prendre autant de risques, par simple bouderie. Je sens que tu me dissimules des choses. Il est mort et tu mens encore. Tu n'as même pas essayé de le venger, ne serait-ce que par sens de l'honneur, même pas eu le courage ou l'honnêteté de me dire ce qu'il s'était passé quand je te le demandais... Pas plus que maintenant.Peut-être le jugement de la justice sera-t-il clément ; le mien est sans appel. Tu m'as manqué de respect comme tu en manques à la mémoire de Romuald. Et je ne parle pas des risques que d'autres ont couru à cause de tes mensonges, en affrontant la goule à ta place. Tu ne mérites pas d'être paladin. Hors de ma vue."

Et il reporta sur Elanor un regard las qui la suppliait de faire sortir au plus tôt de cette pièce le jeune homme qu'elle lui avait amené. Sire Anselme se sentait trahi et ne pardonnerait pas. Il savait à présent qu'il avait perdu deux novices à la fois...

[Elanor]

Elanor avait donné une chance à Aymeric d’être franc avec son mentor mais il avait préféré garder le silence sur la cause de leur dispute. Un très mauvais choix, semblait-il ! Sire Anselm n’était pas dupe, et sa réaction en disait long sur les sentiments qu’il éprouvait pour son élève à cet instant. Par sa couardise, Ameyric achevait d’anéantir le vieux paladin, il perdait deux apprentis d’un coup, une douleur sans borne, une perte abyssale. Elanor éprouvait une profonde compassion pour Sire Anselm. Elle ne pouvait le laisser dans l’ignorance, elle allait lui révéler toute la vérité dès que Aymeric aurait quitté cette pièce.

Elle se dirigea vers le bureau de la cellule, attrapa une plume et un parchemin. Elle rédigea une missive destiner à Sire Théoden. Un message bref et explicite qu’elle tendit à Aymeric.

« Vous pouvez disposer. Allez rendre visite à mon maître Sir Théoden, et transmettez-lui ce message pour moi. Merci »

[Maitre, je vous confie Aymeric, gardez-le au près de vous. Je vous rejoindrais plus tard.

Elanor]

En cet instant, elle tourna son regard vers Sir Anselm. Il semblait soulager à la perspective de ne plus devoir partager la même pièce que le novice.

[Althéa]

Aymeric était resté sans voix face aux reproches dont on l'accablait. Bien sûr, il s'était attendu à cette réaction, même s'il était le seul à payer le prix d'une décision commune. Cette fois, il le savait : une page se tournait. Il ne serait plus jamais paladin. Curieusement, cette décision ne lui faisait plus rien. Une sorte d'anesthésie. Ou peut-être mieux, un réveil, l'appel de la liberté. Mais avant ...

"Hé bien, je pars mais le cœur léger. Ne voyez vous pas les barrières que vous vous êtes imposées ? L'aveuglement dans lequel vous vous complaisez ? Vous êtes les défenseurs d'un Dieu à l'agonie, et peut-être même mort. Cela fait une éternité qu'il ne porte plus les yeux sur Manost. Elle lui répugne. Il n'est pas étonnant qu'il ne réponde pas à nos appels. Helm vomit Manost, ses prêtres et ses paladins. Ces pseudos croyants égoïstes et hypocrites qui pensent surtout à leur propre bien en faisant semblant d'adorer un dieu dont ils ne connaissent plus que le nom. Quant à votre pseudo communauté, cela fait une éternité qu'elle n'existe plus. Et c'est sans aucun regret que je n'y appartiens plus. Grâce à vous, le Coeur Radieux vient de trouver l'un de ses plus fervents adversaires."

Et sur ces mots, sans attendre de voir l'effet produit par ses paroles, il sortit ...

[Lothringen]

Anselme sentit ses oreilles chauffer, rougit, pâlit, et se trouva tellement stupéfait qu'il n'eut rien à répondre. Il aurait pu comprendre que le jeune homme s'emporte contre lui, mais parler contre l'Ordre, contre leur Dieu et leur propre cité ? Aymeric n'avait-il donc jamais eu la moindre foi pour tout rejeter en bloc à la première contrariété ? Et le paladin eut honte de n'avoir pas compris plus tôt à quel genre d'individu il avait affaire. Quant à ses menaces, ah... Le Cœur Radieux pourrait s'estimer heureux tant qu'il n'aurait que des adversaires de cet acabit.

Il regarda Aymeric sortir, d'un regard neuf, effaré, comme s'il le voyait pour la première fois. C'était probablement le cas, au fond. Lorsque la paladine eut refermé la porte, le silence dura un moment. L'instructeur finit par hocher la tête, comme pour chasser les idées sombres.

"Je suis désolé que vous ayez dû assister à cela. J'ai sûrement commis des erreurs grossières pour qu'on en arrive là. Je sens que je vais passer quelques années à y réfléchir, si Helm me prête vie... Auriez-vous davantage d'informations à me donner ? Ce n'est pas moi qui vous ai confié cette mission, vous n'êtes pas obligée de le faire... Mais j'avoue que si je pouvais comprendre ce qu'il s'est passé, cela m'aiderait grandement."

[Elanor]

Les paroles d’Aymeric raisonnait dans la tête d’Elanor, leur Dieu serait-il à l’agonie ? Ou même pire, mort ? Elle repensait avec effroi à leur mésaventure dans le tombeau : elle avait eu l’impression d’être coupé de ses pouvoirs divins… cela corroborait avec les propos du novice. Le reste de ses divagations mystiques n’étaient qu’injures et ignominies, de la part d’un raté doublé d’un lâche qui se réfugiait à présent dans la haine. II ne pouvait décemment laisser un individu pareil être paladin et encore moins faire parti de l’Ordre du Cœur Radieux. Il n’irait sûrement pas retrouver Théoden, peu importe, il serait déchu de son titre.
Son cœur se sera en croisant le regarde d’Anselm. Il endossait la responsabilité des erreurs d’Aymeric alors qu’il n’était en aucun cas responsable de la perfidie de son ancien élève.

« Aymeric aimait Romuald, il souhaitait être son amant. Ce dernier a été très en colère, il ne voulait pas de cette relation, ni se retrouver seul avec lui. C’est pour ça qu’il est descendu sans lui dans la tombe. Je ne l’ai pas appris de la bouche d’Aymeric mais par la petite amie de Romuald qui a fait irruption lors que j’interrogeais votre ancien élève à son domicile. Maitre Anselm ne vous accablez pas, Aymeric n’est plus celui que vous avez formé, il a basculé dans les limbes de la haine et de la vengeance dès que son ami a refusé son amour.»

[Lothringen]

Le paladin hocha la tête, incrédule. Comment avait-on pu en arriver là pour une bêtise pareille ? Il ne s'offusquait pas réellement de ce qu'Elanor venait de lui apprendre. Chez ces adolescents qui passaient toutes leurs journées ensemble et partageaient le même dortoir, novices qui se cherchaient encore et dont, le plus souvent, la vie sexuelle n'avait pas seulement commencé, il n'était pas rare que l'un ou l'autre développe sentiments et désirs interdits pour l'un de ses camarades. En règle générale, ce n'était qu'un caprice qui se dissipait avec le temps... Celui-là avait détruit la vie de Romuald et sans doute aussi celle d'Aymeric. C'était une faute, sans doute, mais elle ne méritait pas d'avoir coûté si cher.

« Vous avez peut-être raison, et néanmoins, je me sens responsable de n'en avoir rien vu. Helm les avait bénis tous deux en leur accordant leurs premiers pouvoirs. Que de gâchis... » Une fois de plus, il sembla vouloir s'abîmer dans la mélancolie, mais, bien que son regard demeurât fixe, il reprit bientôt la parole.

« Je ne peux détacher mon esprit de cette pensée, mais je n'ignore pas que c'est cette histoire d'échec de sort qui retiendra surtout l'attention de mes collègues. Vous devez du reste encore faire votre rapport au Haut-Prélat ; ne le faites pas attendre. »

Relevant les yeux, il ajouta en ébauchant un sourire.

« Je vous remercie de votre tact et de votre bienveillance ; en cette affaire, vous avez bien agi. Je crois que je comprends pourquoi Théoden a le regard qui brille quand il parle de vous. »

[Elanor]

Elanor partageait le sentiment de Sire Anselm, quel gâchis, deux novices prometteurs perdus. La voie qu’elle avait choisie n’était pas la plus aisée. Jusqu’à présent, elle avait fait les bons choix, eu les bons réflexes mais il fallait rester vigilante, ne pas flancher, tenir son cap. L’apprentissage de Théoden y était pour beaucoup : savoir que son maître parlait d’elle avec fierté la rassura. La gentillesse et la gratitude que lui témoigna Sire Anselm, la toucha. Cet homme n'avait pas mérité de vivre cette épreuve difficile. L’inefficacité de leur pouvoir divin restait l’élément le plus inquiétant qu’elle avait découvert au cours de cette enquête, elle espérait cependant que l’attitude d’Aymeric ne resterait pas impunie.

« Merci pour votre aide dans cette affaire. Je dois vous laisser pour aller faire mon rapport au Haut prélat mais sachez que vous pouvez compter sur mon soutien ainsi que sur celui de mon maître. L'ordre doit rester soudé et uni fasse à l'adversité. Quoi qu'il puisse ressortir de cette enquête, nous ne devons pas perdre espoir. Nous survivrons à cette tempête, même si la route s'annonce longue et difficile. »

Elle salua le vieux maître d’un signe de tête et arpenta les couloirs d’un pas pressé en direction de la cellule du Haut prélat en espérant qu’il serait là. Elle avait hâte de converser avec lui.

[Lothringen]

Le Haut Prélat était bien à ses appartements, mais comme il recevait déjà un visiteur, Elanor n'eut d'autre choix que de patienter un bon moment dans le couloir en compagnie du paladin qui gardait sa porte. L'affaire que sire Guiguemar avait confiée à la paladine était loin d'être le seul souci qu'il avait à traiter en ces temps troublés. Les problèmes des soins refusés au temple et du maintien de l'ordre public prenaient de plus en plus d'importance, et cette dernière augmentait d'heure en heure, bien que rares soient les personnes à en avoir conscience.

Quand il reçut enfin sa visiteuse, Elanor remarqua que pendant quelques instants, il la dévisagea avec l'air de ne pas se rappeler ce qu'elle faisait là. Heureusement, cette expression disparut bientôt de son visage, et le Haut Prélat l'invita alors à prendre un siège.

"Je vous salue, Elanor. Je suppose que votre retour signifie que vous avez éclairci le mystère de la mort de Romuald de Montcalm. J'avoue avoir grandement besoin de bonnes nouvelles."

[Elanor]

Elanor profita du temps d’attente pour faire le vide et retrouva son calme. Ces derniers jours avaient été riches en rebondissements. Quand se fut son tour, elle eut la vague sensation que le Haut Prélat ne se rappelait pu de la mission qu’il lui avait donné, impression très vite dissipée lorsqu’il prit la parole.

« Le mystère de la mort de Romuald est effectivement éclairci mais j’ai bien peur de ne pas être porteuse de bonnes nouvelles. Après avoir examiné le corps et rencontré Sire Anselm, je me suis rendue avec mon maître au cimetière et nous avons éliminé la meurtrière. Ensuite j’ai rendu visite au coéquipier du défunt. Je vais commercer par vous parler de ce que j’ai appris en interrogeant Aymeric. Les deux jeunes étaient en froid. Aymeric avait déclaré sa flamme à Romuald quelques jours avant la mission. Ce dernier ne voulait pas de cet amour et ne souhaitait plus être seul avec son coéquipier. La petite amie de Romuald peut en témoigner. Ils n’ont donc pas respecter la procédure de l’ordre : Romuald est descendu seul affronter le mort vivant. Aymeric l’a rejoint uniquement après l’avoir entendu appeler à l’aide mais dit « être arrivé trop tard », « qu’il n’a pas réussi à repousser la goule et s’est enfui pour sauver sa vie ». Une bien triste histoire, au dénouement bien sombre : nous avons perdu deux jeunes novices dans cette affaire, Aymeric a quitté la cellule de Sire Anselm, tout à l’heure, en reniant notre ordre. Mais là ne sont pas les seuls points troublants de cette enquête…. »

Elle prononça ces mots dans un soupir, en proie à un grand désarroi. Elle se remémorait ce combat où son maître avait failli perdre la vie. Le souvenir de l’absence de ses capacités divines la fit frissonner. Elle était en même temps curieuse et anxieuse de savoir si ce phénomène avait été ressenti à d’autres endroits et par d’autres personnes. Elle préféra laisser la parole au Haut Prélat avant de poursuivre son récit.

[Lothringen]

Vouloir déchiffrer les réactions du Haut Prélat était une vaine entreprise. Il écouta la paladine avec attention, sans l'interrompre, et sans qu'un seul sourcil ne se dérange de sa position. C'est à peine si un clignement de paupière signala sa surprise quand il apprit la cause du différent qui avait opposé les deux novices. Au sein du Cœur radieux, tout le monde n'avait pas la tolérance de sire Anselme, il s'en fallait de beaucoup ; Guiguemar d'Aulfray passait pour représenter l'un des courants les plus conservateurs de l'Ordre.

Et néanmoins, il ne releva pas cette circonstance.

« Je vois... Romuald a commis une imprudence et l'a payée de sa vie. Je plains sa famille, mais ce genre d'accident n'est malheureusement pas rare chez les jeunes recrues. Nous allons enfin pouvoir restituer le corps à ses proches et leur apprendre ce qu'il s'est passé. »

Il baissa les yeux et poursuivit un ton plus bas :

« Quant à Aymeric, qu'il ne croie surtout pas que quitter l'ordre avant que ce dernier ne le chasse le dispense de répondre de ses actes devant la justice. De la non assistance à personne en danger à l'entrave à enquête, en passant par le faux témoignage, les chefs d'inculpation ne manqueront pas. D'autres que Romuald auraient pu payer de leur vie son silence, dans ce caveau, et je ne puis l'oublier. J'ai appris l'accident survenu à votre tuteur... Je suppose que c'est à ce genre d'évènement troublant que vous faisiez allusion ? »

[Elanor]

Le Haut Prélat était au courant au moins d’une partie de leur mésaventure dans le tombeau vu que son maître était rentré au quartier général pendant qu’elle allait interroger Aymeric. Il savait pour les blessures de Théoden mais savait-t-il pour le reste ? Elle inspira profondément et commença son récit.

« Vous avez vu juste, c’est bien aux circonstances de cet accident qui a failli coûter la vie à mon maître que je faisais allusion. Aucun de nos sorts de détection n’a fonctionné, la goule a attaqué Théoden par surprise. . Nous n’avons pas non plus réussi à la repousser. Je l’ai neutralisé en lui tranchant la tête avec mon épée alors qu’elle essayait de faire de mon maître son festin. Dans le stress du combat, nous n’avons pas eu de le temps de bien comprendre pourquoi nous n’avions pas réussi à utiliser nos pouvoirs divins. Mais après oui…. »

Une boule d’angoisse lui nouait la gorge, les mots ne semblaient ne pas vouloir sortir. Elle déglutie péniblement, rassembla tout son courage et continua son récit.

« Je n’ai pas pu soigner Théoden. Je n’ai pas eu de « réponse » …. Comme si Helm ne pouvait pas donner suite à ma requête…je me suis sentie privée de mes pouvoirs divins….Je suis profondément troublée par ces évènements. Que se passe-t-il ? Pourquoi la place du temple est-elle encombrée de malades qui sont refoulés aux portes du temple Helmite ? Helm a-t-il cessé d’être notre Dieu ? »

Son cœur battait fort dans sa poitrine, sa bouche était sèche. Allait-il lui donner des informations sur la situation des Helmites ou se contenter de la remercier pour son efficacité ?

[Lothringen]

Le Haut-Prélat demeura quelques instants silencieux. Et quand il s'exprima enfin, c'était d'une voix lente et sa réticence était manifeste.

"La mission que je vous ai confiée s'est avérée plus dangereuse que prévu et croyez bien que je vous aurais avertie si j'en avais su davantage alors. Aujourd'hui, les informations dont je dispose sont plus complètes et votre mésaventure ne fait que les confirmer. Il semblerait que plus aucun helmite ne dispose de sortilèges, que ce soit à Manost ou ailleurs. Si l'on en croit les visions du grand-prêtre de Torm... notre Dieu serait mort lors d'un duel divin."

Sire Guiguemar débitait cela d'un ton monocorde qui semblait prouver que c'était loin d'être la première fois qu'il devait répéter ces sombres nouvelles. Il reprit son inspiration, et, sans laisser à Elanor le temps de réagir, il ajouta, les sourcils froncés.

"Nous avons choisi de retarder l'annonce de cet événement afin de vérifier les informations et de gagner un peu de temps sur les troubles qu'elle ne manquera pas de provoquer. Comme aux prêtres et aux autres paladins, je vous demanderai donc de garder le silence... Vous n'aurez pas à le faire bien longtemps. Le Conseil ne tardera plus à faire une annonce publique pour couper court aux rumeurs."

[Elanor]

Helm serait mort...Elle espérait avoir mal entendu. Mais malheureuse elle savait au fond d'elle même que c'était la vérité. La mort de leur dieu justifiait parfaitement la sensation de vide qu'elle avait ressenti en essayant d'invoquer ses pouvoirs divins. La situation s’avérait être pire que ce qu’elle avait imaginé. Comment les Helmites allaient-ils faire sans pouvoirs divins ? La ville de Manost risquait d’être en proie à un cahot sans précèdent.

« Je garderais le silence, vous avez ma parole. Je suis extrêmement troublée par votre révélation. Quel est notre avenir sans dieu ? Notre ville risque de se trouver plongée dans une crise spirituelle si nous ne trouvons pas rapidement une solution. Mon enquête sur la mort de Romuald de Montcalm étant terminé, puis-je me rendre utile à l’ordre sur d'autres points ? »

Elanor espérait que Sire Guiguemar avait une autre mission à lui confier. Elle n’avait pas envie de rester confinée dans ses quartiers en ces temps troubles.

[Lothringen]

Le regard bleu électrique du Haut Prélat se reporta sur la paladine. Il paraissait... usé, fatigué. Comme un homme qui avait compris avoir voué sa vie à un courant d'air qui venait d'achever sa course... Nombreux devaient être les helmites qui partageaient son désarroi. Et en même temps, il n'était pas assez abattu pour se décourager – on aurait dit plutôt qu'il l'étudiait.

« La crise qui se prépare a toutes chances de n'être pas que spirituelle, hélas... » , rappela-t-il. « Nos âmes ne sont pas seules en jeu ; il s'agira du destin de notre cité en guerre également. A moins de trouver moyen de faire revenir Helm au Panthéon, les solutions disponibles ne sont pas très nombreuses. Parmi les paladins de l'Ordre aussi bien que parmi les prêtres ayant compris ce qu'il se passe, certains sont déjà tentés de se tourner vers des divinités alliées afin de pouvoir de nouveau recourir à la magie divine, sans laquelle ils ne sont plus que de piètres guerriers... Ils justifient cela en disant que leur Devoir n'est pas mort avec Helm, et qu'il leur faut se donner les moyens de continuer à jouer leur rôle de sentinelle et de protecteur. Que pensez-vous de cette attitude ? »

[Elanor]

La question de Sire Guigiemar suprit Elanor. Elle venait juste d'apprendre la disparition de leur dieu, elle arrivait à peine à entrevoir ce que serait son avenir sans Helm, alors elle était à mille lieu de penser à se trouver une autre divinité.

"Je ne voudrais pas juger leur choix avec trop d'empressement. Pour ma part, je pense qu'il est encore trop tôt pour me choisir une nouvelle divinité tant que nous n'en savons pas plus sur les circonstances de la disparition de notre dieu. Il ne faut pas baisser les bras, pas avant d'avoir essayer d'autres solutions. Je m'y résoudrais que lorsque qu'il n'y aura plus aucune autre possibilité pour continuer dans ma voie de paladin. Pour l'instant, je reste fidèle à Helm et aux Helmites. Je vous le répète: je suis à votre service. A quoi puis-je me rendre utile?"

Pendant qu'elle parlait elle ne quitta pas le Haut Prélat des yeux, elle voulait lui montrer sa détermination.

[Lothringen]

Le Haut Prélat ne commenta pas sa déclaration, bien qu'il y eût matière. Il se contenta de hocher la tête.

« A l'heure actuelle, la plupart des paladins sont affectés à la garde des bâtiments essentiels de la cité. Parmi les citoyens, les uns ont peur, les autres s'échauffent... Et les malades commencent à protester. Nous craignons des émeutes. Dans le même temps, nous ne voulons pas exposer les membres de l'Ordre à la colère de la foule, et leur demandons de se montrer discrets. Je pourrais vous affecter en renfort, mais... »

Il sourit à l'attention du regard déterminé que dardait la paladine.

« ...Mais votre réponse précédente m'incite à penser que vous pourriez trouver les mots qui feraient réfléchir certains de nos paladins qui sont en train de faire leurs bagages en ce moment-même. Ils ne sont même pas venus me trouver directement, me faisant porter leur démission par des camarades... Ce sont les premiers à prendre une décision aussi radicale, et s'ils persistent, je crains que l'effet d'entraînement ne soit bientôt catastrophique. Êtes-vous intéressée ? »

[Elanor]

La situation allait devenir difficilement contrôlable si les démissions de ses camarades continuaient d'affluer. Ils serait bientôt plus assez nombreux pour maintenir l'ordre dans la ville. Elle comprenait ce qui pouvait les incités à ce geste: l'angoisse d'être sans pouvoir divin . Elle devait essayer de stopper cette hémorragie avec la force de ses convictions.

"Je suis intéressées. Je pense que mes camarades baissent les bras par peur de l'avenir. Ils ont du mal à assumer leur impuissance suite à la perte de leurs pouvoirs divins. J'espère arriver à les convaincre par ma détermination que rien est encore perdu et que nous devons rester soudé dans cette épreuve. Je sais que mon maitre Théoden pourra m'assister dans ma tâche si besoin. Il est apprécié et respecté au sein de l'ordre. Vous pourriez peut-être organiser une réunion pour informer nos paires de la situation? Je pourrais ainsi intervenir pour essayer de leur redonner espoir. Quand à ceux qui ont démissionné, donnez-moi leur nom et j'irais les voir pour les ramener aux seins de l'ordre".

Elanor savait que cette mission serait difficile moralement, mais elle ne pouvait se résoudre à voir partir en lambeaux l'Ordre du Coeur radieux et le clergé Helmithe. Elle avait travaillé trop dur pour en arriver là et elle se battrait tant qu'elle aurait encore de l'espoir.

[Lothringen]

Le Haut Prélat hocha la tête.

"Je pense que vous avez raison. La réunion aura lieu dans une heure à la chapelle, avec tous les paladins que nous pourrons rassembler. Néanmoins, beaucoup de paladins sont déjà au courant, soit qu'ils soient venus me trouver individuellement, soit qu'ils l'aient appris d'un camarade, soit qu'ils l'aient deviné et caché. Les Tormites de l'Ordre ont un peu bavardé également... Il a aussi fallu prévenir ceux qui sont de surveillance dans les lieux publics de ne pas compter sur leurs sorts pour apaiser les situations conflictuelles.

Je m'occupe de faire circuler la consigne de convocation. Quant à nos démissionnaires, vous les trouverez dans les dortoirs, probablement, en train de faire leur bagages. Ils sont trois : sire Alban, sire Elias, et le novice de ce dernier, Melwin. Sans doute vous donneront-ils un peu de fil à retordre..."

[Elanor]

La réaction du Haut Prélat aux propositions d'Elanor ne s'était pas faite attendre. Arrivera-t-elle à convaincre les paladins de l'ordre de rester solidaires? Elanor était déterminée à arriver à ses fins.

"Merci Sire" dit-elle en s'inclinant. "Je me rends sans attendre aux dortoirs avant que nos démissionnaires ne soient partis. Je vous retrouve à la chapelle dans une heure et j'espère bien vous y rejoindre accompagnée par nos frères...."

Sire Guiguemar, par un hochement de tête signifia à la jeune novice qu'elle pouvait disposer. Elanor tourna les talons et prit la direction des dortoirs d'un pas résolu.

[Lothringen]

Venant de la place du Temple.

Zeddon Khar n'eut pas à s'identifier aux portes - manifestement, ils étaient attendus : une paladine accueillit gravement le représentant du culte tormite, lui fit traverser la cour et l'introduisit dans le bâtiment de droite avec une déférence appuyée. C'était dans ce bâtiment-là que le Haut-Prélat avait reçu le conseiller, la nuit passée, Mornagest en était certain. Jusqu'ici, aucun regard ne s'était attardé sur les trois hommes qui encadraient le prêtre, petit personnel invisible des grands hommes... mais le risque d'être reconnu était loin d'être nul.

[Mornagest]

Évidemment, il passait davantage inaperçu en tant que simple membre d'une escorte qu'en accompagnant le conseiller à la diplomatie, mais il se rendit soudain compte qu'il pouvait attirer l'attention sans le vouloir. Quelles conséquences cela aurait-il ? Ne s'interrogerait-on pas de sa présence, tout de tormite vêtu, au Cœur Radieux, alors que la veille, il s'affichait tranquillement avec Lothringen ? Serait-il dénoncé comme étant un espion ?

Essayant de conserver son calme, Mornagest se répéta plusieurs fois qu'en paraissant naturel, il se fondrait sans trop de problèmes dans le décor.

[Lothringen]

Une fois qu'ils furent entrés dans le bâtiment, les soupçons de Mornagest se confirmèrent ; ils suivaient exactement le même chemin que la veille, et devraient donc, logiquement, aboutir au même endroit, c'est-à-dire au bureau du Haut-Prélat. Quel était le sens de cette seconde visite au Cœur Radieux, rendue par un prêtre secondaire comme Zeddon Khar, si tôt après l'entrevue officielle avec le grand-prêtre de Torm ?

Comme le vieillard le leur avait annoncé, l'escorte fut invitée à demeurer aux portes, tandis que le prêtre entrait seul. La paladine qui les avait guidés jusque là se retira alors, non sans dévisager le guerrier un peu trop longtemps à son goût. Était-elle déjà là la veille ? Impossible de le dire avec certitude, il n'avait pas vraiment fait attention aux acolytes, il fallait bien l'avouer... Se trompant peut-être sur la destination de ses coups d'oeil, Zach, le jeune paladin de l'escorte, ne tarda pas à la suivre – prétextant qu'il y avait au Coeur Radieux quelques tormites qu'il souhaitait rencontrer. Rod le laissa partir avec un sourire appuyé.

« Sois là avant qu'il sorte, ou je ne te couvrirai pas... »
« Pas de danger ! Je pense qu'ils en ont pour un moment. Au pire, je vous rattraperai dans la cour.»

Mornagest se trouvait donc seul avec le mercenaire à stationner devant la porte. On distinguait les voix de l'autre côté ; en prêtant l'oreille, on devait pouvoir surprendre au moins des bribes. Le risque était que Rod veuille faire la conversation pour passer le temps : dans ce cas, il risquait bien de ne rien entendre du tout. Une autre solution était de tenter de soutirer quelques informations à cet homme trop bavard.

« On va pouvoir souffler un peu, chuchota Rod. Ce qu'on a pu cavaler ce matin ! »

[Mornagest]

Pour écouter la conversation, c'était raté... à moins que Rod ne mette sa langue en poche, ce dont Mornagest doutait. Bah, peut-être pourrait-il en savoir un peu plus, ne serait-ce que sur la raison de cette visite.

"Il a l'habitude de se promener comme ça au milieu de la foule ? Un mouvement de panique, et c'en était fait de lui : on l'aurait écrasé involontairement entre nous trois..."

Le guerrier en profita pour relâcher un peu la tension, cesser de se tenir droit comme un I, et se détendre un peu les muscles. Ils étaient restés presque deux heures à marcher et écouter, en tout, et à rester aux aguets pour repérer la moindre menace à l'encontre de Zeddon. Une tâche éprouvante, il s'en rendit seulement compte alors qu'il pouvait enfin cesser d'être attentif à tout.

[Lothringen]

Rod haussa ses larges épaules.

"Zeddon Khar ne fait rien comme tout le monde, et n'en fait qu'à sa tête. Alors, s'il a décidé d'aller quelque part, ce n'est pas un peu de monde qui va l'en dissuader. Il considère que sa sécurité est l'affaire des gardes du corps, pas la sienne... C'est un peu usant, à vrai dire."

Il se gratta fort peu élégamment l'occiput, profitant de l'absence de son employeur pour s'avachir quelque peu contre le mur.

"Enfin, d'habitude, il aime pas trop se mêler au peuple. Je crois qu'il était vraiment intéressé par la tournure des derniers événements... J'espère qu'il a eu son compte. Si ça tourne en émeutes ou en révolution, j'aimerais pas devoir lui courir derrière."

[Mornagest]

Il haussa les sourcils, l'air intéressé. Il se demandait quel pouvait être l'avis de Rod sur la possibilité d'une révolution, et lui posa carrément la question.

"Tu crois qu'on en arrivera là ? Les gens sont tiraillés entre la mort de Helm et l'approche de la guerre... mais une révolution n'arrangerait rien. La sagesse populaire pourrait peut-être éviter le pire, non ?"

Pour sa part, il n'avait aucun avis sur la question, ne connaissant pas suffisamment Manost pour en déduire la réaction de ses habitants. En principe, une révolution se préparait un minimum, et il fallait des meneurs autrement plus solides que le prêcheur qu'il avait éloigné la veille. Évidemment, en ces temps troublés, il devenait plus facile de jouer sur la crédulité des gens, ou leur désespoir...

Auraient-ils raison de se rebeller ? Là aussi, il n'avait aucun avis valable. Et il préféra éviter de parler de cela avec le garde. Après tout, c'était un tormite...