[Bâtiment] Ambassade de Manost

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Le rôdeur détonnait dans cet environnement luxueux avec ses nippes froissées et tâchées de sang et la lassitude des derniers jours et des récentes blessures. Il accepta avec soulagement l’invitation à s’asseoir et le discours fort urbain du supposé ambassadeur. Il lui fallait vérifier que l’homme était bien ce qu’il prétendait être et, par la même occasion, apporter un gage de crédibilité au discours qu’il s’apprêtait à tenir.

- Croyez bien que je n’emploie pas ces moyens forts peu usuels à la légère. Je suis certain que mon entrée par la porte aurait causé bien plus d’émoi. Ce que je m’apprête à vous révéler pourrait bien vous paraître plus surprenant encore.

Il sortit la chevalière de Ravestha de sa poche et la posa sur le bureau devant son interlocuteur. Il anticipa la question de ce dernier :

- Je gage que ceci ajoutera crédit à mes allégations. La reconnaissez-vous ?

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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L’homme jeta sur la bague des yeux incrédules. Puis il s’en empara pour l’examiner de plus près, la tournant et la retournant avec précaution entre ses doigts.
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<!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -La chevalière du Grand Emissaire ! s’exclama-t-il lorsqu’il ne put faire autre chose que se rendre à l’évidence. Comment diable avez-vous pu entrer en possession d’un tel objet ?

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi sourit intérieurement, soulagé. L’objet ne devait pas être si aisément reconnaissable pour qui n’y était pas habitué. Ce petit test suffisait au rôdeur pour considérer que son interlocuteur était bien ce qu’il prétendait être. Il récupéra la chevalière et la rangea avec déférence dans une de ses poches. Calmement, il reprit la parole :

- Pardonnez toutes ces précautions, Ambassadeur. Je devais m’assurer que vous n’étiez pas un usurpateur. Nous ignorons encore l’emprise exacte de Morféa sur la cité. Cette chevalière m’a été remise par le Conseiller pour accréditer mes dires. Des réfugiés Luméniens ont franchi les lignes du dictateur pour quérir de l’aide à Manost. Il fut décidé d’envoyer des troupes afin d’aider à renverser le nouveau régime. Sachez qu’une partie de ce contingent donnera l’assaut ce soir même.

Le rôdeur laissa le temps à l’ambassadeur d’envisager les implications de cette information avant de reprendre :

- Si, jusqu’ici, vous bénéficiez d’une immunité diplomatique, il est plus que probable que Morféa cherchera à vous détruire dès qu’il aura identifié les attaquants. Le Conseiller m’a demandé de vous faire évacuer tant que la clique du Seigneur Noir est affairée à dévaster le quartier ouest.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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L’ambassadeur s’était efforcé de garder une expression neutre pendant le récit de Kasumi. Mais lorsque celui-ci en eut terminé, il ne put se contenir davantage. Se levant de son fauteuil, il se mit à faire les cent pas, les mains dans le dos, les traits creusés par la réflexion.
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-<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->Vous rendez-vous compte de ce que tout cela signifie ? dit-il en se tournant vers le rôdeur. C’est un véritable conflit entre Manost et Luménis qui se profile à l’horizon ! Si votre opération rate, si Nwalk n’est pas renversé… Il considérera l’intervention de nos forces, et celle du Conseiller Ravestha en personne, comme une déclaration de guerre… Et oui, à n’en pas douter, il nous massacrera. Les diplomates sont protégés par les lois de la guerre, mais cet homme n’en a cure. C’est un fou dangereux, même si jusqu'ici il nous a ménagés, ayant trop à faire pour asseoir son autorité... Mais avec ce cassus belli, il serait capable d’armer sa flotte pour attaquer Manost par surprise...
<o></o>
Il se laissa tomber sur son siège.
<o></o> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->
-Peut-être… Peut-être pourrions nous tenter de dissimuler la présence manostienne dans cette affaire ? Cacher les insignes de vos hommes, leurs bannières ? Tandis que je demeurerais ici et, le cas échéant, assurerais Nwalk que la Cité Bénie n’est pour rien dans ce soulèvement ?<o></o> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->

Le rôdeur sentit dans la voix de l’ambassadeur qu’il n’était pas lui-même certain de la pertinence de sa proposition. Mais il rechignait à abandonner son poste. Un peu comme un capitaine refuse de quitter son navire en perdition.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi s’était attendu à ce type de réaction de la part de l’ambassadeur. Il avait conscience de la difficulté que devait éprouver cet homme de paix à faire face à un tel évènement. Plus encore, l’ambassadeur avait sous sa responsabilité des hommes et des femmes qui seraient exposés à l’inextinguible colère du tyran. Le rôdeur n’avait pas esquissé le moindre geste durant la tirade du maître des lieux. C’est d’un ton parfaitement posé que Kasumi enchaîna :

- Ambassadeur, avec tout le respect que je vous dois… Les troupes d’assaut débarqueront de galions appartenant à la flotte Manostienne. Il serait impossible de les faire passer pour autre chose. Comment parviendriez-vous à convaincre un homme qui a ordonné la mise à sac d’un quartier entier de sa propre ville pour on ne sait quelle lubie subite ? Cette bâtisse n’est plus sûre pour ses occupants. Tous les gens qui resteront ici seront morts avant la prochaine aube. Pardonnez ma brusquerie mais j’ai reçu pour ordre de la bouche du Conseiller lui-même de créer une diversion dans ce quartier afin de sauver le maximum de citoyens de cette cité et d’aider nos compatriotes. M’aiderez-vous ? Consentirez-vous à mettre à l’abri les civils que compte votre institution ? Les hommes en arme de cette place seraient plus que jamais utiles aux intérêts de Manost…

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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L’ambassadeur poussa un profond soupir.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> [font=&quot]-Si ce sont là les ordres du Grand Emissaire, il n’y a pas à tergiverser. Je suis un fonctionnaire au service de Manost, et mes états d’âme n’ont pas à entrer en ligne de compte, surtout à de tels moments. Je ferai donc ce que vous me demandez. Nous disposons ici de vingt-cinq hommes d’armes que commande le capitaine Altar. Quant aux civils… Ils sont une trentaine. Vous parliez de les mettre à l’abri. Je suppose donc que vous disposez de caches. Mais comment les évacuer de ce bâtiment ? Tuer les gardes à l’entrée risquerait d’attirer des renforts avant même que nous ayons pu les conduire en lieu sûr…[/font]

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi fut sincèrement surpris de la bonne volonté de l’ambassadeur. Un homme assurément efficace. Le rôdeur se leva sans brusquerie et s’approcha de la fenêtre. Après un instant de réflexion, il répondit de la même voix calme :

- Tenez vos gens prêts à évacuer les lieux. Ils ne doivent rien emporter qui entraverait leurs mouvements.

Le rôdeur désigna une bâtisse de l’autre côté de la rue opposée à l’entrée principale de l’ambassade. Celle-là même par laquelle il était arrivé. Il s’agissait d’une demeure cossue à trois étages. Le jardin était très mal entretenu avec des plantes touffues envahissant tout l’espace des grilles aux murs. Il la désigna à l’ambassadeur qui l’avait rejoint à la fenêtre.

- C’est ici que nous attirerons les renforts. Si cela ne suffit pas à distraire également les soldats à vos portes, nous vous dégagerons la voie. Oh, j’oubliais… Si vous pouviez profiter de votre fuite pour incendier quelques bâtisses, cela m’arrangerait. De préférence, celle d’alliés de Morféa.

Par une autre fenêtre, le rôdeur aperçut un panache de fumée au loin vers le quartier ouest. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix trahissait maintenant l’urgence :

- Cela a commencé ! Hâtez-vous de passer la consigne ! Bonne chance Ambassadeur !

En un éclair, il sauta par la fenêtre du premier étage pour se réceptionner deux mètres plus bas, sur un parterre de fleurs. Il emprunta ensuite le même chemin qu’à l’aller pour échapper à la vigilance des gardes Luméniens.

Une fois dans la rue, il se dirigea droit vers la maison non gardée et s’introduisit dans le jardin rempli de ronciers. Il contourna la maison pour s’assurer que la maison était aussi vide qu’elle le paraissait. Il entreprit alors d’incendier la base des ronces en divers endroits afin que le feu se répande très rapidement à l’intérieur du périmètre. De la fumée noirâtre ne tarda pas à s'échapper de l'amas de végétation alors que Kasumi contournait le bâtiment pour revenir vers la grande rue devant l'ambassade. Il se dirigea vers les gardes en faction devant l'ambassade, l'air de rien. Alors que l'un d'entre eux s'approchait déjà de lui, l'air peu commode, Kasumi lui coupa la parole :

- Belle journée, n'est-ce pas ? Est-ce de la fumée que j'aperçois dans votre dos, officier ? Par les dieux !

Sans lui laisser le temps de répondre, le rôdeur se précipita à nouveau vers l'incendie naissant en espérant qu'un maximum de soldats le suivrait. Les flammes commençaeint déjà à lêcher les poutres des colombages.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Dans son bureau, l’ambassadeur et le capitaine des gardes restèrent un moment à contempler la fenêtre par laquelle avait disparu le rôdeur.
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-<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->Il n’a pas précisé où nous devions aller une fois sortis…marmonna Altar.
-Oh, je gage qu’il nous enverra un guide, répondit son supérieur. Il a l’air plutôt organisé. Très original, le coup de l’hermine. Si nous disposions de tels animaux, nous n’aurions aucun mal à faire partir en douce la valise diplomatique…
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Altar observa l’ambassadeur. Celui-ci avait parlé avec légèreté, voir avec gaieté, ce qui paraissait très incongru au vu des circonstances actuelles…
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Vous allez bien, Excellence ? -Oh, très bien ! fit l’ambassadeur en souriant à l’officier. A vrai dire, je commençais a en avoir ras le bol de rester claquemuré ici. Un peu d’exercice nous fera du bien ! -Si vous le dites…
-Allons, Altar, un peu d’enthousiasme ! Il y a neuf chances sur dix pour que nous soyons morts ce soir. Alors à quoi bon nous inquiéter ? Tentons de servir au mieux notre cité ! Et maintenant, je dois me souvenir de l'endroit où est remisée ma vieille épée...

Et il quitta la pièce sous le regard ébahi du chef de la garde qui hocha lugubrement la tête. "La pression, sans doute…" se dit il. Ça devait être ça : l’ambassadeur, fatigué par les soucis des dernières mois, n’avait pas supporté la pression. C’était la seule explication.

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Quelques minutes plus tard, c’est avec un regard à peine moins éberlué que les Luménien de faction devant la grille de l’ambassade observèrent Kasumi détaler vers le début d’incendie.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Qu’est-ce qu’on fait, sergent ? demanda un soldat.
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L’officier demeura silencieux. Quelque chose n’allait pas dans cette histoire. Un passant qui vient les saluer – fait déjà exceptionnel en soi – juste au moment où un feu éclate dans une demeure voisine… Cela sentait le coup fourré.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Ben toi et Lester, vous allez me ramener ce bonhomme.
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Il marqua une pause tandis que ses deux subordonnés s’éloignaient. Et si ce n’était pas un coup fourré ? Le type qui habitait la barraque en train de cramer serait capable de faire un scandale…

<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Jehan, tu vas tout d’suite au d’vant de la patrouille. Elle passe par l'Avenue Haute avant d’arriver ici. Dis leur d’prendre de l’eau à la pompe de la caserne, pis de se ramener fissa.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> [font=&quot]Le soldat salua et détala. Le sergent pousa un soupir de soulagement. De son propre avis, il avait su gérer cet incident d’une main de maître, tout en respectant au pied de la lettre les ordres qu’il avait reçus, à savoir ne jamais laisser le portail sans surveillance. S'il continuait comme ça, il aurait une promotion sous peu, à coup sûr !
[/font]

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi était déjà à l’autre bout de la rue latérale quand les deux gardes débouchèrent en courant, l’épée au poing. Le rôdeur était maintenant hors de vue du groupe principal qui n’avait pas quitté son poste de surveillance. Faisant appel à toute la discipline et la concentration née de la pratique, il leva son arc et tira deux flèches coup sur coup, avec une précision mortelle. Une leçon qu’il avait apprise lui était revenue en mémoire : face à un ennemi supérieur en nombre, le salut se trouve dans la fuite. Les plus rapides se retrouvent alors bien seuls aux avants postes.

Ne prenant pas le temps d’observer le résultat de son attaque, il contourna à nouveau l’ambassade par l’arrière, passant devant la maison qui se laissait tranquillement gagner par les flammes. Il tourna à nouveau à droite pour déboucher à une vingtaine de mètres des soldats toujours en faction. Il courut droit devant lui vers le complexe de rues où se trouvaient les cinq Manostiens. Passant en trombe devant eux, il prit juste le temps de leur crier un ordre :

- Dispersez-vous et guidez vos compatriotes vers le Parc !

Alors que les Manostiens s’égaillaient dans les rues latérales faisant face à l’ambassade, Kasumi avisa une petite écurie jouxtant une maison. Il se précipita à l'intérieur, déverrouilla les cinq stalles, ouvrit les portes et mit le feu à un tas de paille au bout de l'allée. Il ressortit par la porte du fond pour retourner dans la rue le souffle court.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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L’un des gardes envoyés pour capturer Kasumi s’effondra, la gorge transpersée ; son collègue, légèrement en retrait, eut le temps de se plaquer au sol avant que le coup ne l’atteigne. Il se releva, jeta un regard autour de lui ; le rôdeur avait disparu. Il fit alors demi-tour et rejoignit les hommes stationnés devant l’ambassade.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -C’était un piège, sergent !haleta-t-il. Lester y est passé !
-Foutredieux ! s’exclama l’officier. Faut choper ce type !
<o></o> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->
Il n’eut cependant pas le temps de lancer ses ordres : une pluie de flèches s’abattit sur son groupe depuis l’Ambassade. Plusieurs soldats s’ecroulèrent ; les autres, pris de panique, coururent de l’autre côté de la rue pour se mettre à l’abri.
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<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> -Salopards ! On vous aura tous ! hurla le sergent avant de les rejoindre.
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Dès qu’ils se furent éloignés, les Manostiens surgirent au pas de course, les soldats entourant le personnel civil. Ils ouvrirent la grille et détalèrent en direction des ruelles voisines ou les hommes de Kasumi ne tardèrent pas à les rejoindre pour les conduire en lieu sûr.
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A quelque distance de là, le rôdeur venait de faire demi tour. Il y avait un cheval dans l’écurie, il l’avait entendu hennir. Il le trouva, lui parla doucement à l’oreille et parvint ainsi à le rassurer suffisamment pour le conduire hors du bâtiment où l’incendie qu’il avait allumé gagnait rapidement du terrain. <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--> <!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Quand le rôdeur s’aperçut qu’il n’était pas suivi, il prit le temps de saisir un licol qu’il passa autour de la tête de l’animal tout en lui flattant l’encolure. Il bondit ensuite sur son dos pour le monter « à cru ». Saisissant son épée longue d’une main et un brandon enflammé qu’il venait de trouver dans la grange, il talonna le cheval pour l’éloigner du sinistre et revenir vers la rue de l’ambassade. Il avisa vite la scène : huit soldats se regroupaient autour de leur sergent s’apprêtant à s’élancer à la suite des fuyards.

Il fallait leur donner un peu d’avance pour qu’on ne les retrouve pas avant qu’ils atteignent un endroit plus sûr. Kasumi parla doucement à l’oreille de sa monture. Celle-ci chargea droit sur la mêlée. Le rôdeur l’orienta directement sur le sergent. Trop surpris, les gardes ne purent que s’écarter, pour les plus chanceux. En passant en trombe au cœur du regroupement, Kasumi fit décrire à son épée un large moulinet à hauteur d’épaule des piétons. Sa lame ne rencontra pas que le vide. Poursuivant sa charge, il bifurqua à l’angle d’une rue pour disparaître à la vue des gardes.

Profitant de l’avantage de vitesse octroyé par sa monture, le rôdeur contourna le quartier avant de jeter sa torche à travers la fenêtre d’une maison. Tous ces incendies occuperaient peut être les patrouille du secteur le temps nécessaire pour leur donner de l’avance.
Cette fois-ci, il préféra quitter les lieux avant que sa chance ne tourne. Connaissant la destination de l’ambassadeur et de son escorte, il n’eut aucun mal à les retrouver alors qu’ils atteignaient la limite du quartier. En se dirigeant vers le sud, ils s’étaient rapprochés du quartier ouest en flammes. Avisant l’ambassadeur et son capitaine de la garde, Kasumi se rapprocha d’eux au pas et s’adressa à eux presque joyeusement :

- Belle sortie Capitaine Altar ! Je crains que votre sergent cerbère n’ait fini par en perdre la tête.

Il reprit ensuite d’un ton grave en avisant le personnel de l’ambassade. Il se tourna vers le plus âgé des soldats qu’il avait emmené avec lui :

- Notre priorité est de mettre ces civils à l’abri. Emmenez ceux qui le souhaitent au Parc ! Si la voie jusqu’aux quais militaires est libre, menez-les par là ! Cet itinéraire vous fait éviter les concentrations de soldats.

S’adressant ensuite à tous :

- Je vais à la rencontre de notre ennemi affairé à commettre les pires exactions dans le quartier ouest. Ceux qui souhaitent mettre à contribution leur épée ou leur arc sont bienvenus. Montrons à ces faux Luméniens trop confiants de quel bois se chauffe Helm !

HRP : Talie, à toi de me dire combien des 30 soldats me suivent. Je pense qu'il serair raisonnable d'en laisser 10 pour escorter les civils en sécurité. Mon groupe attaquera les barrages situés à la périphérie est du quartier ouest.

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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Le capitaine Altar se tourna vers ses hommes.
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-Sergent Farend ! Avec votre escouade, escortez l’Ambassadeur et les civils jusqu’à la cache que vous indiqueront ces hommes ! Tous les autres, avec moi !
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L’Ambassadeur leva une main.
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-Altar, pensez-vous vraiment vous débarrasser de moi aussi facilement ? Je vous accompagne.
-Mais Excellence...
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A cet instant, venant de la direction du port, un son puissant retentit. Tous le reconnurent aussitôt, et un frisson de crainte et d’excitation mêlées parcourut le groupe.
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-Le cor de la flotte ! s’exclama l’ambassadeur. Par Helm, je ne l’ai plus entendu depuis des lustres ! Il n’y a plus de temps à perdre, mes amis. Montrons nous dignes de la Cité Bénie !
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Et le groupe se scinda alors : une dizaine de gardes, sans compter les guides dépêchés par Kasumi, escortèrent les civils en direction du Parc, tandis que le rôdeur, l’ambassadeur et sa garde se dirigèrent à vive allure vers le quartier ouest.

[Kasumi]

[Quête : l’invasion des ombres]

Kasumi fit un clin d’œil à l’ambassadeur. Il était admiratif vis-à-vis de cet homme si prompt à tout abandonner y compris la vie douillette de diplomate pour se lancer, arme au poing, à la tête de ses hommes pour servir sa cité au-delà même de ce qu’elle était en droit d’espérer de lui. Des ordres furent lancés et la colonne se forma promptement. Les archers marchaient entre deux rangées d’hommes en arme les protégeant de leurs hauts boucliers. Tous suivaient leur capitaine et leur ambassadeur postés en première ligne. Kasumi chevauchait toujours son cheval pie en tête de convoi.

Les hommes marchant au petit trop, ils aperçurent vite la limite orientale du quartier ouest. Kasumi se tourna vers l’ambassadeur :

- Je crains que le plus court chemin ne nous force à attaquer ces lâches qui enserrent la population de Luménis. Faisons d’une pierre trois coups : libérons un maximum de civils, attaquons notre ennemi tant qu’il est divisé et retardons l’arrivée des renforts le temps que la garde Manostienne s’organise sur le port.

Devant eux, un premier barrage ne tarda pas à apparaître. Une poignée de gardes fermait l’accès à une rue. Leurs ordres étaient manifestement de ne laisser personne sortir du périmètre. Kasumi prit quelques mètres d’avance sur le groupe, épée au clair. Il hurla d’une voix ou perçaient colère, détermination et promesse de mort rapide et très sale vers la poignée d’hommes mal équipés enserrant les habitations du quartier ouest.

- Jetez vos armes et abandonnez vos positions, ralliez-vous à nous, mourrez ou faites tout cela à la fois !

[Taliesin]

[Quête : l’invasion des ombres]
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-Que pensez-vous de tout cela, Harold ? demanda le capitaine d’Orik à son adjoint alors qu’ils sortaient du bâtiment déserté de l’Ambassade, où ils venaient d’entendre les témoignage du sergent censé garder les lieux et de ses soldats survivants.
-Et bien, que nous avons affaire à des gens très organisés. Le type dont a parlé le sergent a trouvé un moyen de leur transmettre ce message... – il tripota machinalement le minuscule rouleau de papier trouvé dans le bureau de l’Ambassadeur – malgré la surveillance. Ils l’auront fait entrer... Le bonhomme devait avoir des instructions précises, et ils n’ont pas tardé à le suivre...
-Oui. Nous sommes à peu près fixés sur le comment. Mais le qui et le pourquoi, avez-vous une idée ?
-Hum... Aucune, Stefanus. Sinon qu’il y a des espions manostiens dans la ville, qu’ils ont contacté leurs autorités, et que celles-ci ont choisi de lutter contre Nwalk.
-Possible. Mais il n’est pas besoin d’espions : des réfugiés ont quitté Luménis par bateau, le jour du soulèvement.
-C’est vrai... Mais si les Manostiens ont pris les armes contre nous, où sont leurs troupes ? Je veux dire, ils ne peuvent pas faire grand-chose avec les quelques gars de l’ambassade.
-Oh, si, ça peut déjà être très problématique. Enfin, s’ils sont sobres, bien sûr.

La plaisanterie fit éclater de rire Harold Qlein ; son supérieur sourit avant de reprendre.

-Mais il se peut qu’ils aient des renforts cachés quelque part non loin de la ville, attendant un signal pour débarquer.
-Un signal comme celui que nous avons entendus tout à l’heure...
-Exactement.
-Mais que faire, alors ?
-Prendre les devants. Je vais envoyer un nouveau messager à Ethelkin pour lui dire de surveiller le port. Quant aux renforts envoyés dans le quartier est... Il grimaça et serra le poing en songeant à la manière dont il s’était en partie laissé berner. Nous allons les faire revenir dans le quartier nord, afin qu’ils soient prêts à intervenir en cas de besoin... Et bien sûr, nous distribuerons des armes à la milice.
-La milice ?
-Oui, vous savez bien : les miséreux des taudis qui espèrent encore tellement du Seigneur Nwalk ! Nous avons des agents parmi eux. Nous les embrigaderons en un rien de temps... Et s’il y a encore du grabuge, on les fera entrer en scène.

Harold opina du chef.

-On pourrait aussi mettre à prix la tête du gars qui a tenté d’attirer le sergent et ses hommes... Et celle du demi-elfe qui a répandu la rumeur d’attaques à l’est.
-Oui, j’y songeais. je crois que ces individus pourraient nous en apprendre beaucoup...

Les deux hommes se turent, conscients du travail qu’il restait à accomplir, et regagnèrent en silence le siège des services secrets.

[Lothringen]

- Vous voilà arrivé, messire. Désirez-vous autre chose ? Vous pourrez récupérer votre monture demain aux écuries des portes sud.

Lothringen, qui examinait le bâtiment de l'ambassade, ne répondit qu'avec un peu de retard.

"Je vous remercie. Je me rendrai au Palais dès que possible, mais je suppose que je pourrai trouver le chemin sans vous. Bonne soirée."

Fascinant, ce bâtiment, par sa similitude avec le reste du quartier : il se fondait dans le décor. Ce n'était pas l'ambassade de Mélandis, avec ses hautes murailles, ses gardes d'élite armés jusqu'aux dents et ses fenêtres grillagées qui aurait donné une telle impression de désinvolture. Ici, n'était cet étendard frappé du Gantelet et de l'Oeil sans sommeil, qui aurait pu remarquer qu'on se trouvait devant un petit fragment d'exterritorialité manostienne ?

Pathétique, d'ailleurs, cet étendard. Complètement obsolète, et il ne le sait pas encore.

Lothringen mit pied à terre et, après avoir échangé quelques mots avec les gardes manostiens, demanda à rencontrer l'ambassadeur. Une lettre fripée et quelques tergiversations plus tard, il se retrouvait dans le bureau de ce diplomate qu'il ne connaissait guère, sauf pour l'avoir croisé une fois ou l'autre à Manost avant qu'il ne prenne ses fonctions à Lumenis.

"Ainsi, messire, vous apportez des nouvelles de Manost ?" L'ambassadeur semblait intrigué. Le courrier diplomatique avec la cité était intense ces derniers temps, mais, en dépit des dispositions magiques, il avait une nette tendance à être en retard de plusieurs jours sur les informations disponibles. Il lui avait du reste semblé que Manost tergiversait, cherchait à gagner du temps... et qu'on était loin de tout lui dire.

"En effet. Fraîches d'hier, et bien renseignées."

Lothringen laissa s'effacer son sortilège de déguisement, révélant un semi-drow de grande taille, fourbu, vêtu de blanc, de bleu, et d'une cape de mage, une paire de haches sur les flancs - signalement peu banal, et qui fut sans peine reconnu. L'ambassadeur s'inclina légèrement devant son supérieur.

"Conseiller... Les nouvelles doivent être mauvaises pour que vous ayez fait le déplacement."

"Et c'est encore pire que vous ne croyez", confia Lothringen en soupirant. "Au point qu'il me faut savoir, très vite, à quoi m'attendre de la part des Luméniens, et ce que l'on peut espérer de cette alliance."

L'ambassadeur parut mal à son aise.

"Jusqu'ici, les membres du conseil se contentent de faire les morts... La stabilité politique d'Helonna est encore fragile, la reconstruction en cours..."

"Moi aussi, j'aurais préféré un autre moment", commenta un peu sèchement Lothringen, en réprimant un haussement d'épaules agacé. "Espèrent-ils... ah, peu importe, autant garder mes discours pour quand je les rencontrerai. Pourriez-vous envoyer un messager au Palais afin de signaler mon arrivée en ville ? La nuit tombe... J'espérais pouvoir les rencontrer ce soir - sinon, ma foi, j'attendrai jusqu'à demain."

"Je m'occupe de ce messager. Hum, j'en profiterai pour m'excuser de vos, euh, cachotteries. Le Palais n'est pas bien loin d'ici, la réponse devrait venir assez rapidement."

Lothringen acquiesça. Tant que cela lui laissait le temps de se laver un peu et de se changer, il n'en demandait pas davantage.

[Kasumi]

La réponse des autorités ne se fit guère attendre. Les Luméniens étaient manifestement déjà réunis en conseil. En tous cas, la présence de la signature d'un conseiller avait fait forte impression. Moins d'une demi-heure après le départ du messager de l'ambassade, il revenait apporter une réponse favorable invitant le dignitaire à les rejoindre au Palais. Pour la circonstance, une petite escorte discrète avait même été envoyée pour guider Lothringen.