[Guilde] Les Lames Pourpres

[Dreiyan]

Le Melandien était fatigué, mais avait la sensation plaisante d'avoir progressé et de ne pas avoir déçu le maître d'armes, ce qui était un point très positif au sein d'une telle guilde. La perspective de partir en mission ce soir ne l'enchantait guère à vrai dire, il avait déjà eu une journée suffisamment chargée à son goût et n'aurait pas refusé un peu de repos après un tel entrainement.

Très bien, merci... mais où pourrais-je trouver de tels gantelets? Je suppose que la guilde a une armurerie bien fournie? Personne ne me l'a encore présentée... Est-ce que je peux... simplement me servir?

[Mornagest]

L'air étonné, le maître d'armes demanda : "Personne ne te l'a indiquée ? Ah, bah. Ils font montre d'une incivilité crasse, ces temps-ci. Bien. Je vais t'y mener, ce n'est pas très difficile."

Ils retournèrent par le petit dédale que Dreiyan avait emprunté à l'aller. Il songea brièvement qu'il lui faudrait un peu de temps avant de pouvoir s'y retrouver seul ; il ne lui paraissait pas avoir parcouru ces couloirs...

Ils débarquèrent dans une grande salle pourvue de nombreux râteliers et étagères qui contenaient quantités impressionnantes d'armes en tous genres, de pièces d'armures légères et d'autres objets destinés au combat. Deux personnes étaient présentes, un homme et une femme, tous deux d'âge moyen - pour des assassins, en tout cas.

"Je te laisse avec Glen et La Belette. Ils t'expliqueront mieux que moi le principe de l'armurerie. Bonne journée."

L'homme s'en fut sans plus de cérémonie.

[Dreiyan]

Merci pour... l'indication.

Le maître d'armes était déjà loin. Dreiyan regarda la pièce, un peu impressionné par la quantité et la diversité des armes et armures qui s'y trouvaient. L'être humain faisait décidément preuve d'une imagination débordante quand il s'agit de trouver de nouvelles façons de trucider son prochain.

Il s'adressa aux deux responsables de l'armurerie.

Salut. On ne s'est pas encore vus, je suis... nouveau par ici. On m'envoie chercher des gantelets, pour protéger les avants-bras au combat. Je suppose que vous avez ce qu'il faut?

[Mornagest]

La femme hocha la tête, précisant :

"C'est un peu vague... de quoi as-tu besoin plus exactement ? Des gantelets, on en a pour tous types d'usage.
- Regarde par ici, le nouveau", poursuivit Glen. Il indiqua un genre de meuble fiché de baguettes en bois, chacune portant une paire de gantelets différente. Il y en avait des dizaines, de toutes tailles, toute matière, et visiblement, tout usage.

"Combat agressif, combat défensif, renforcement simple, empoisonnés, garnis de clous, en cuir, en mailles..."

[Dreiyan]

le Melandien n'en savait rien... il avait été habitué, durant son passé de prêtre, à l'équipement officiel du temple puis s'était servit de ce qu'il trouvait par-ci par-là lorsqu'il errait dans les méandres de Melandis. Il lui fallait quelque chose pour parer, c'est tout ce qu'il savait.

"Eh bien, je ne sais pas trop. Quelque chose de défensif, pour pouvoir parer un coup avant de riposter. Et quelque chose d'assez léger aussi, bien sûr."

[Mornagest]

Il avait sous les yeux une collection de gantelets en cuir servant essentiellement à la parade. La plupart semblaient être les mêmes, à quelques différences esthétiques près. Il finit par choisir une paire qui lui convenait en terme de masse et de taille.

"S'ils te conviennent, tu peux les emmener. Les membres de la guilde ne paient rien pour le matériel utilisé lors des missions...
- Besoin d'autre chose ? Dague, couteau, poignard, stylet, fléchettes... ?"

[Dreiyan]

Oui, je prends ça, merci.

Dreiyan était un peu surpris par la serviabilité des magasiniers. Il s'attendait à se que chacun tente de mettre des bâtons dans les roues des autres, mais il n'en était rien.

J'ai déjà une dague, dit-il en montrant l'arme qui pendait à sa ceinture, et je pense qu'elle fera l'affaire... merci de votre aide, en tout cas, rajouta-t-il en faisant comprendre à ses interlocuteur qu'il souhaitait se retirer.

[Mornagest]

Ils opinèrent d'un signe de tête, en silence. La plupart des nouveaux arrivants avaient des difficultés à comprendre le fonctionnement précis de la guilde ; à vrai dire, le minimum d'informations leur étaient données, afin d'entretenir une part de mystère, mais aussi par sécurité : s'il était admis que l'immense majorité des assassins étaient loyaux au maître, une trahison n'était jamais à exclure, même avec des moyens de pression élevés sur les membres de la guilde.

L'entraînement auprès du maître d'armes avait duré plus de temps que Dreiyan se le serait imaginé, et l'heure était bien avancée. Il ne lui restait plus beaucoup de temps avant le début de sa mission...

Il croisa un autre assassin dans les couloirs, qui l'aborda :

"Mordred et Léna te cherchent. Tu partiras avec eux, ce soir. Hâte-toi, votre départ est prévu pour bientôt."

[Dreiyan]

Merci, j'y vais tout de suite.

Sensation étrange : cette personne qu'il ne connaissait pas s'était sans hésiter adressée à lui. Visiblement, toute la guilde suivait son cas...
Il n'avait pas plus de temps à perdre. Il se dirigea à grand pas dans sa chambre, où il rassembla son équipement, enfila son armure légère et essaya ces fameux gantelets. Pas spécialement confortable, mais assez léger en fin de compte.

Puis il se rendit dans la salle principale de la guilde où devaient l'attendre, pensa-t-il, ses deux compères. Ceux-ci s'y tenaient en effet, assis à une table dans un silence semblant pesant.

Salut! Me voila, désolé pour l'attente.

[Mornagest]

"Il n'y a pas de quoi... mais ne traînons pas. Le chemin sera assez long jusqu'à notre objectif."

Les trois assassins s'en furent de la guilde, empruntant le souterrain qui menait ensuite au dédale inextricable des égouts de Melandis. Équipé d'un plan, Mordred menait la marche, torche en main, tandis que Léna et Dreiyan scrutaient attentivement les boyaux et la fange liquide exhalant des vapeurs rances de déchets divers en décomposition à moitié effectuée. Mais aucune ignoble créature ne semblait prête à surgir brusquement de l'eau croupie pour les attaquer à des fins purement céphalophage.

Soudain, cependant, Dreiyan sentit quelque chose de pointu et plutôt attachant lui enserrer le mollet. Il sursauta et, jetant un coup d'œil vers sa jambe, il vit une sorte de lézard d'un demi-mètre de long, doté d'une mâchoire contenant trop de dents au goût du prêtre déchu.

[Dreiyan]

Le Melandien ne put retenir un bref cri de stupeur ; cri qui résonna ensuite bruyamment dans le labyrinthe des égouts. Mais cela, Dreiyan ne le remarqua pas. En effet, quand on se fait attaquer par un reptile disproportionné, notre attention est, disons, monopolisée.

Le lézard s'était enroulé autour de son mollet. Chose étonnante, il n'avait pas cherché à mordre tout de suite. Ce qui laissa le temps à Dreiyan de réagir : il empoigna sa dague, qu'il tenta de planter dans le corps de l'animal - parallèlement à l'axe de sa jambe, histoire de ne pas se planter l'arme dans la dite jambe. Mais dans le stress de la situation, il prenait tout de même un risque... enfin, c'était sans doute mieux que de laisser l'animal lui ronger l'os.

[Mornagest]

Le coup ne porta pas. Ou plutôt, les écailles de la créature semblaient avoir une résistance proportionnelle à sa taille. La lame toucha le lézard, mais ne l'atteignit point. L'attaque fut déviée, et la bestiole resta accrochée à la jambe de Dreiyan, sans toujours tenter de l'attaquer à son tour. Elle se contentait de fixer l'apprenti assassin de ses yeux globuleux, qui lui rappelaient vaguement une ancienne prêtresse âgée qu'il n'appréciait guère.

Les deux autres, alertés par le vacarme que produisait Dreiyan, se retournèrent, et le virent en prise avec la créature.

"Inutile d'essayer de le tuer, ces bestioles sont blindées ! Ne t'en fais pas, il ne veut pas t'agresser, il est juste curieux. Laisse-le te regarder un moment, il finira par s'en aller."

[Dreiyan]

"Ah? Drôle de bête... avec ces dents, il pourrait facilement me manger une cuisse...

Dreiyan était un peu rassuré, mais tout de même un peu gêné d'avoir paniqué pour rien. Encore une preuve qu'il était bel et bien un apprenti dans cette guilde, et que la vie de roublard avait encore bien des secrets à lui dévoiler... et ce dans tous les domaines.

Il regarda la bestiole le dévisager quelque temps, avant d'essayer de la faire fuir de sa dague.

Allez, ouste. T'as pas l'air méchant mais tu m'empêches de marcher, là..." dit-il en remuant la jambe. L'animal finit par lui lâcher la jambe et, d'un saut, replongea dans les eaux (très) saumâtres du canal pratiquement sans bruit, rejoindre l'étrange écosystème qui y régnait...

[Mornagest]

Le reste de la traversée des égouts se passa sans encombres. Dreiyan prenait petit à petit de l'assurance sur les pierres glissantes couvertes de mucus glissant et d'une couleur peu avenante, au vu de ce que les reflets des torches dardaient faiblement dans le boyau humide.

Au bout d'encore un bon quart d'heure de marche, les deux assassins s'arrêtèrent devant une échelle en métal scellée dans la pierre.

"C'est là. Soyons très prudents en montant, les barreaux ne sont pas dans un état fameux."

C'était le moins qu'on pût dire : près de la moitié étaient dévorés de rouille, et menaçaient de s'effriter au simple toucher.

"C'est le seul accès. Enfin, le plus facile, du moins. Les autres nous obligent à effectuer un détour en terrain dangereux", expliqua Mordred. "Je monte en premier."

Il prit plusieurs minutes pour grimper le long de l'échelle en piteux état, mais il ne chut point, malgré une frayeur lorsqu'un des échelons s'écroula littéralement sous son pied, laissant dégringoler de la poussière brunâtre sur les têtes de Léna et de Dreiyan. Mordred ouvrit la grille obstruant la bouche d'égout, puis jeta un coup d'œil alentour. Il fit signe à ses comparses de monter, puis alla se glisser dans l'ombre d'un mur non loin, guettant l'arrivée d'un éventuel inopportun.

En route vers le Havre Bourgeois

[Mornagest]

En provenance de

Le soir tombait progressivement, et les rues se faisaient tantôt animées, aux abords des tavernes où l'on donnait un spectacle, tantôt plus vides, notamment les allées où les étals des marchands étaient rangés pour la nuit. Le barde semblait avoir raison : le coin était calme en apparence, mais un assassin crapuleux et suffisamment inconscient était toujours à craindre, à Melandis, malgré l'ordre régnant en apparence.

Tout en marchant, Ryan discutait à moitié pour la voleuse, à moitié pour lui.

"Le nouvel empereur a beaucoup à faire pour rétablir la loi en ces lieux. Notez que cela peut paraître contradictoire, eu égard du passé... tumultueux de la cité, mais la discipline est de mise en cette époque de guerre face à Manost. Du moins, est-ce ainsi que je conçois les choses. L'époque est sombre, je le crains, et cela risque de s'aggraver pour tout le monde. Une guerre n'est jamais bonne..."

[Rowan Blackwood]

Rowan était habituée à ce genre d'endroit, les bas-fond de Faerûn sont identiques quelque soit l'endroit où l'on se trouve. La zone était moins vide qu'il y paraissait, en tant que lycanthrope elle avait l'odorat bien plus développé que les humains normaux même sous sa forme humaine et ici les ombres étaient bien occupées, Ryan ne devait pas ignorer ce dernier point.

[Mornagest]

Le duo marcha encore quelques minutes, en silence, cette fois. Les rues étaient calmes, la température de l'air devenait supportable, et ils croisaient régulièrement des petites patrouilles de gardes impériaux.

"Les quartiers les plus cossus sont bien entendu les mieux surveillés. Je vous déconseille de flâner dans les coins des indigents, à moins de savoir exactement ce que vous faites. Même quelqu'un d'expérimenté ne pourrait résister à un groupe de brigands déterminés à lui faire la peau. Et j'en ai déjà vus", acheva-t-il avec une grimace.

Ce disant, il s'arrêta devant une maison d'apparence simple et banale. Il frappa doucement à la porte, selon une rythmique particulière, puis entra sans attendre de réponse.

Le garde de faction, ce soir-là, connaissait bien Ryan, et le salua avec entrain.

"Salut, vieille fripouille ! Que nous vaut le plaisir de ta visite ?
- Bonsoir, Karl. Je me promenais tranquillement dans le dédale de l'esplanade, quand je fis la rencontre de cette jeune dame, qui vient d'arriver dans cette grande cité. N'écoutant que ma courtoisie, je lui proposai de la guider à travers Melandis, et il se trouva qu'elle cherchait justement un travail comme ceux que vous proposez d'ordinaire... et nous voici donc céans !"

Il ponctua sa tirade d'une révérence, tirant son chapeau devant Rowan, mimant un numéro de saltimbanque qui ferait apparaître un lapin de sa manche ou de sa cape.

[Rowan Blackwood]

Et voilà, elle n'était même pas arrivée d'une demi-journée à Mélandis qu'elle se retrouvait déjà embarquée dans un recrutement pour une guilde locale qui cherchait à se montrer discrète, il ne fallait pas être très malin pour deviner à quelles genres d'activités celle-ci devait se livrer. Au moins était-elle en terrain connu, elle se surprit à avoir un infime sourire aux simagries de son guide, cela faisait tellement longtemps. Le sourire disparut du visage de Rowan aussi vite qu'il était apparu, ce n'était pas le meilleur moment pour se rendre compte qu'elle pouvait encore éprouver des embryons de sentiments.
Elle salua le portier d'un signe de tête tout en continuant à garder le silence.

[Mornagest]

Le dénommé Karl examina brièvement la jeune femme sans mot dire, puis revint vers Ryan.

"Mmh. Des nouvelles recrues, on en a souvent besoin, surtout en ce moment... les contrats s'accumulent. Mais, avant toute chose, j'aimerais que notre visiteuse en dise un peu plus sur ce qu'elle sait faire, par exemple. Et ce qui la motive", acheva-t-il en la regardant à nouveau, un air plus calculateur sur le visage.

[Rowan Blackwood]

Rowan bouillait intérieurement, arrivée à ce point, elle ne pouvait plus se défiler au risque que cela finisse mal. Elle conaissait désormais l'adresse d'une guilde aux activités louches et avec cela ses membres ne pouvaient prendre le risque de la laisser partir libre de révéler ce qu'elle savait. Combattre et réussir à fuir ne ferait que rajouter des poursuivants supplémentaires ce qui était hors de question. Elle prit le meilleur choix possible, le seul en fait, coopérer:

" Je peux récupérer un objet si vous l'avez perdu ou aplanir un problème de manière définitive, cela dépend. Quand à mes motivations? Ne pas finir au bout d'une corde me suffit pour l'instant."

[Mornagest]

Karl évalua la réponse, tandis que Ryan paraissait plongé dans une réflexion intense et intérieure, les doigts appuyés sur ses paupières fermées.

"Bien. Le réflexe de survie, c'est important, pour ce métier."

Ce disant, il appuya sur un petit bouton à peine visible, caché dans une encoignure de la porte située à l'opposé de l'entrée de la guilde. Rapidement, un autre homme de main arriva.

"Raven, tu peux accompagner cette dame pour qu'elle s'installe confortablement ?"

L'autre hocha brièvement la tête avant de faire signe à Rowan de le suivre, puis il repartit par où il était venu, s'enfonçant dans un couloir faiblement éclairé.

Ryan l'invita à s'y rendre.

"Faites-leur confiance. La loyauté est chose importante, même primordiale, chez les assassins. Vous aurez nettement moins à crainde intra muros que dans les ruelles mal famées de Melandis, je puis vous l'assurer."

[Rowan Blackwood]

La jeune femme émit un bah! sarcastique, elle imaginait ses anciens bourreaux venir frapper à la porte pour engager les assassins de la guilde pour régler son compte à une frêle jeune femme en fuite et qui part le plus grand des hasard, était justement entre ces murs. Si la récompense était suffisante les Lames Pourpres ne se gêneraient pas pour remplir ce contrat.En passant devant Ryan elle lui dit au revoir par ces quelques mots:

"Ne vous inquiétez pas trop pour moi mon excentrique compagnon d'un soir, les sombres ruelles sont mon domaine"

Elle ponctua sa phrase d'un petit clin d'oeil à son intention, avant de s'adresser au prénommé Raven:

"Je vous suis"

[Mornagest]

Rowan se retrouva dans le couloir et suivit son guide, qui la mena dans une série de corridors parsemés de portes latérales menant à d'intrigantes pièces de la guilde. Des salles fonctionnelles ? Des espaces d'entraînement à l'assassinat ? Elle en saurait davantage plus tard, sans doute.

Rave prit la parole tout en continuant à marcher à quelques pas devant la jeune femme, sans se soucier de s'assurer qu'elle ne tentait pas de l'assassiner dans le dos, ou qu'elle le suivait simplement.

"Tuer ou voler, c'est ça ? Mmh. En général, on se spécialise vers l'un ou l'autre. Je te conseille de le faire, mais c'est toi qui décides. Ça demande de l'entraînement. Les membres de la guilde sont réputés insaisissables... ou presque."

Il finit par s'arrêter devant une porte, que rien ne différenciait des autres qu'elle avait pu voir en passant, l'ouvrit, et s'effaça pour laisser Rowan entrer.

"Ta chambre. Tu l'entretiens toi-même, tu la boucles avec un cadenas personnalisé si tu veux, ça te regarde. Les repas sont en commun, dans la salle. Je t'appellerai pour le premier, comme ça tu verras où c'est. Installe tes affaires, je reviens t'apporter de l'eau. Plus tard, on verra ce que tu veux faire."

Sans attendre de réponse, il s'en fut, fermant la porte derrière lui. La chambre était rectangulaire, comportait un lit solide mais pas trop dur, une petite armoire pour poser ses vêtements, une table avec un broc en céramique peinte, et une chaise. Pas de fenêtres, évidemment.

Rowan inspectait distraitement ses nouveaux appartements quand Raven revint, frappa à la porte, l'entrouvrit légèrement, s'assura que la jeune femme était présentable, et lui donna une cruche remplie d'eau propre.

"Je reviens dans une demi-heure environ. Sois prête."

[Rowan Blackwood]

Rowan s'assit sur le lit et resta là cinq minutes sans bouger, le regard dans le vide réfléchissant à la situation présente. Huit ans après, elle se retrouvait de nouveau membre d'une guilde, bien qu'elle en doutait au vu de la vitesse à laquelle tout cela s'était passé.

Son nouveau logement n'était pas très différent de celui qu'elle occupait à Montéloy, une petite chambre au-dessus d'une échoppe de tanneur quand elle passait pour une jeune veuve d'Eauprofonde. Au moins là-bas avait-elle vue sur l'extérieur. En repensant à Montéloy elle se demandait ce que la ville était devenue ces dernières années, quand elle était partie, les escarmouches avec Château-Zhentil était monnaie courante, elle ne serait pas étonnée si la ville était maintenant un tas de gravats. Elle se rappelait l'appréhension qui la prenait quand la milice de la ville, le Rouge Plumet, croisait son chemin, si ils avaient su qu'elle n'était pas totalement humaine elle aurait terminé dans l'arène dans un combat à mort.

Mais assez du passé ressassé, elle se déshabilla et entreprit de se nettoyer, elle avait beaucoup marché ces derniers jours et elle commençait à dégager un fumet plaisante pour les mouches.

[Mornagest]

Raven arriva vers l'heure dite, et frappa à la porte. Sur réponse de la jeune femme, il entra à peine dans la chambre.

"Suis-moi. On va te trouver une affectation dès ce soir. Le travail ne manque pas."

Il repartit aussitôt dans le couloir, suivi par Rowan, habillée pour parer à toute éventualité, et celle, notamment, d'une sortie nocturne.

Les deux arpentèrent les couloirs, rencontrèrent quelques membres de la guilde qui vaquaient à leurs occupations, passaient devant des portes ouvertes sur des salles d'entraînement, d'équipement, des cuisines, et la salle commune où tout le monde mangeait ensemble. Mais Raven amena la jeune femme un peu plus loin, arriva devant une lourde porte en chêne massif, la heurta à l'aide du marteau, puis, sans attendre de réponse, l'ouvrit avant de faire signe à Rowan d'entrer.

Elle arriva dans une pièce relativement spacieuse, dans laquelle trônait un bureau en son milieu, et dont l'intégralité des murs était équipée de bibliothèques aux rayons pleins de livres, de parchemins, de cartes pliées et autres classeurs à archives.

Une femme, à peine plus âgée que Rowan, siégeait derrière le bureau, et consultait plusieurs parchemins couverts de notes et de listes, l'air absorbé et pensif. Elle releva la tête au bout de quelques instants, haussa les sourcils, puis, comme si elle se rappela qu'elle attendait quelqu'un, sourit à la nouvelle venue.

"Ah. Tu es la nouvelle." Ce n'était pas une question. La voleuse connaissait tout le monde au sein de la guilde, excepté les quelques décideurs qui transmettaient les ordres généraux. "Ravie de faire ta connaissance. Assieds-toi", fit-elle en désignant un siège face à elle. "J'imagine que tout cela doit te paraître bien précipité. D'ordinaire, nous procédons à un recrutement plus compliqué, mais les temps sont plutôt à la hâte, depuis quelques semaines. Mmh, par où commencer ? As-tu des questions ?"

La voleuse était humaine, et mesurait environ cinq pieds de haut. Ses cheveux courts étaient d'un noir de jais, et ses yeux bleus foncés paraissaient durs, malgré l'expression plutôt accueillante qu'elle affichait sur son visage. Elle paraissait agile, mais également musclée, et arborait une cicatrice plutôt voyante dans le cou, signe d'une mission délicate ou d'un combat ancien. Elle ne portait aucune arme apparente, ni d'armure, ce qui pouvait paraître surprenant de prime abord.

[Rowan Blackwood]

Pour les non-initiés la femme ne semblait pas bien méchante, mais pour qui gravitait dans les ombres des ruelles obscures elle apparaissait alors pour ce qu'elle était, une tueuse expérimentée. Rowan était sûre que son interlocutrice devait avoir une ou deux armes dissimulées sur elle ou à portée de main.Elle réfléchit posément à ce qu'elle voulait savoir mais avait du mal à trouver, l'autre avait raison sur un point, les événements s'enchainaient décidément trop vite. Après un long silence, une question lui vint enfin:

"Pourquoi cet empressement? Rencontrez-vous des difficultés importantes ces derniers temps qui vous forceraient à combler des vides récents?"

Elle se rendait bien compte que la question était indiscrète, trop même pour une recrue arrivée depuis quelques heures. Mais si la guilde était en danger, elle tenait à savoir contre qui ou quoi elle risquait d'être confronté dans un proche avenir.

[Mornagest]

Elle resta silencieuse quelques secondes, tout en souriant à Rowan, puis répondit :

"Des difficultés à honorer nos contrats. Les... demandes ont explosé depuis quelques temps. Mais peut-être n'es-tu pas au fait des événements récents qui ont bouleversé Melandis, et même tout Dorrandin..."

Elle se leva et fit quelques pas, cherchant à résumer au mieux ce qu'elle devait lui apprendre.

"Une révolte a eu lieu voici quelques semaines. Ou plutôt, un assaut sur le temple de Talos, qui était, jusqu'alors, la divinité tutélaire de Melandis. Jusqu'alors... car nous avons assisté au retour, enfin, plutôt, à l'arrivée du fils de l'ancienne impératrice de la cité. Après quelques... purges, il a rapidement assis son autorité, et déclaré Cyric nouveau dieu gouvernant Melandis. Tout cela a bien entendu occasionné de nouvelles occasions de missions, comme tu peux t'en douter."

Elle marqua une pause, laissant le temps à Rowan de digérer les informations. Tout en continuant à marcher, elle poursuivit ensuite :

"De l'autre côté du continent, on a récemment appris la mort de Helm, qui régnait à Manost. Là aussi, des chamboulements à n'en plus finir, et des têtes à faire sauter, au propre comme au figuré. Et nous voici avec une guilde dont les membres n'en finissent plus d'aller et venir pour assassiner, voler, enlever... voilà pourquoi nous cherchons de nouveaux... collaborateurs."

Elle s'assit à moitié sur son bureau, réfléchissant un instant pour s'assurer qu'elle n'avait rien omis dans son exposition des faits. Puis elle sourit à nouveau.

[Rowan Blackwood]

Rowan fit la grimace, se trouver dans une ville dédié à un dieu à la folie avérée comme le Prince des Mensonges était on ne peut plus nuisible, elle regrettait moins d'être sous la protection d'une guilde. Mais cette situation changeait la donne, son séjour à Mélandis serait peut-être écourté, tous les habitants de la Mer de Lune se rappelaient la destinée funeste de Château-Zhentil il y a 13 ans quand Cyric en était la divinité tutélaire et elle ne tenait pas à être là si la même chose devait arriver ici. La mort de Heaum par contre ne lui fit rien du tout, après tout les dieux mourraient beaucoup à Faerûn en particulier depuis le Temps des Troubles.La femme en face d'elle avait raison sur un point, cela ouvrait de nouvelles perspectives.

"J'ai pourtant ouï dire que les personnes marchant en dehors de la légalité étaient pourchassés avec une ardeur supplémentaire depuis l'instauration de cette nouvelle autorité?"

[Mornagest]

Une question intéressante et pertinente, pour sûr. La voleuse esquissa un sourire plus mystérieux, avant de répondre :

"Les gardes impériaux ont fort à faire, il est vrai. Ils pourchassent également les membres de notre guilde, je ne te le cacherai pas. Mais..." ajouta-t-elle, théâtrale, "il semblerait qu'une bonne étoile veille sur nous, en haut lieu. Et fait en sorte que nous ne soyons pas inquiétés si nous respectons certains engagements. Engagements que tu n'auras pas à enfreindre lors de tes missions, je peux te l'assurer."

La loi était une chose, celle à Melandis, une autre : quelle était-elle ? Elle changeait régulièrement, et rares étaient ceux qui pouvaient prétendre la connaître. Les fonctionnaires changeaient souvent, le conseil aussi, avant. Car le binôme qui dirigeait désormais la cité ne partageait son emprise sur Melandis avec personne. Et il la modelait à leur guise.

[Rowan Blackwood]

Rien de plus normal après tout, dans n'importe quelle cité contrôlée d'une main de fer par d'intraitables seigneurs les autorités ont souvent des liens étroits avec une guilde locale avec à chaque fois le même genre de marché: on ferme les yeux sur vos activités et vous accomplissez certains travaux pour nous. Cette nouvelle donnée fit réfléchir Rowan, après tout être membre d'une guilde lointaine qui a les faveurs de certains représentait une sécurité certaine, sauf si le vent venait à tourner mais il serait alors temps d'envisager des vacances express.En attendant si ses anciens employeurs venaient à s'attaquer à elle ici, il s'en prendrait aux Lames Pourpres, ce qui était une prise de risques inutile, donc pour le moment elle pouvait se considérer tranquille.

Eh même si elle franchissait une limite bien définie et se faisait appréhender par les autorités, que pourrait-elles lui faire de pire que le calvaire subi il y a huit ans. La mort? Elle était morte à l'intérieur depuis lors, donc.Finalement intégrer cette guilde la changerait de son train train quotidien, alors pourquoi pas le faire, elle jugea qu'elle n'avait rien à perdre mais au contraire tout à y gagner.

"Je suis d'accord, je signe où?"