Les Soeurs du Premier Sang: A la recherche d'un père

Message par **Ugo** » mar. 19 juil. 2011, 19:55

CHAPITRE 7: SCORNUBEL

1373, Tarsakh 29: Cité de Scornubel

Scornubel est le lieu de passage de nombreuses caravanes de tout horizon et un endroit où la plupart des divinités de Faerûn possèdent une représentation, aussi la ville est elle bigarrée et cosmopolite et dans cette atmosphère cinq nouveaux arrivants passent relativement inaperçus.
Les quatre jeunes gens observaient tout cela avec une avide curiosité sous le regard étonné puis amusé de Numési quand elle se rappela que durant leur transit par Eauprofonde personne n'était sorti des murs de l'enclave locale et que par conséquent Scornubel était la première ville d'une certaine importance que Méliane et ses compagnons avaient l'occasion de visiter dans leur jeune vie. La tête tournant en tout sens pour ne rien perdre du spectacle de la rue, ils suivaient Numési qui se dirigea sans hésitation vers une grande batisse en pierre à deux étages au fronton ornée d'une grande pancarte "Au Joyeux Lutin, auberge". La Cylon ouvrit la grande porte d'entrée et entra dans le bâtiment suivie par ses quatre compagnons, à l'intérieur le spectacle était pareil que dehors, la grande salle était bondée et l'oeil exercé pouvait distinguer toutes les ethnies locales ou des régions environnantes parmi l'assistance ; Callishites, Illuskiens, Thétyriens, Chondathien et Damariens parmi lesquels circulent des halfelins pied-légers ou vaillants, des elfes de la lune ou des bois, et quelques métis demi-elfes ou demi-orques. Les cinq voyageurs devaient élever la voix pour se faire entendre dans le brouhaha ambiant:

"Suivez-moi, nous allons déjà installer nos affaires dans nos chambres"

Elle alla directement à l'escalier au fond de la pièce sans passer par le comptoir, au grand étonnement de Méliane. Comment pouvaient-elles avoir des chambres sans passer par le tenancier, étant donné la puissance de la communauté il n'était pas improbable que les Soeurs du Premier Sang aient des chambres à l'année dans certaines villes, hypothèse renforcée par le fait que Numési n'avait eu aucune hésitation quand à la direction choisie, signe évident qu'elle connaissait cet endroit.
Les quatre femmes et leur nouveau compagnon de route arrivèrent au premier étage où il faisait beaucoup plus calme qu'au rez-de-chaussée, en face un second escalier montait vers l'étage supérieur, à gauche et à droite un couloir allait sur 20 mètres de chaque côté, on pouvait dénombrer 18 portes à cet étage donc autant de chambres. Sachant toujours où se diriger l'ainée du groupe tourna à gauche et marcha jusqu'à la porte du fond. Prenant une clé dans une poche elle la glissa dans la serrure et la tourna sans difficulté, puis fit jouer le pêne et ouvrit la porte en grand sans faire grincer les gonds. Le groupe pénétra dans une chambre de cinq mètres sur cinq, le mobilier rustique mais confortable était constitué de deux lits, deux tables de nuit, un bureau, deux chaises, deux coffres et une grande armoire. Il y avait deux portes sur les murs à gauche et à droite. Numési déposa son sac sur un des lits et s'adressa aux autres:

"Shennesta et Erin vous irez dans la chambre attenante" dit-elle désignant la porte de gauche, "Méliane et Harald vous dormirez dans cette chambre avec moi, désolé mon garçon mais il n'y a que deux lits mais on fera installer un matelas pour toi. La porte là c'est la pièce d'eau si vous désirez vous raffraichir. Je dois sortir pour régler quelques affaire mais vous vous attendez ici que je revienne" avant de sortir elle tira sur une cordelette qui pendait le long de la porte et qui disparaissait dans le plafond "quelqu'un va venir dans quelques instants, profitez en pour commander de quoi manger en attendant, je n'en ai pas pour longtemps. Et pas de conneries en mon absence"

Et elle sortit

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Dehors il faisait toujours aussi animé, ll faut dire que l'animation de la rue de Scornubel ne baisse qu'aux petites heures du matin, aussi la Soeur du Premier Sang dut-elle jouer un peu des coudes à certains moments pour passer. Situation qui ne lui plaisait pas, dans une foule compacte un coup de dague dans le dos venu d'on ne sait où et c'en était fini de vous. Enfin elle aperçut l'endroit qu'elle cherchait, une petite échoppe délabrée appelée "Au bazar de Mirra". Numési pénétra dans l'échoppe en poussant une porte qui fit tinter une petite clochette, le bruit attira l'attention d'une femme qui sortant d'un rideau derrière le comptoir se plaça à ce dernier attendant patiemment que sa cliente ait fini d'examiner les marchandises en vente. Le magasin portait bien son nom au vu de tout le bazar qui encombrait les différentes étagères et armoires branlantes, ou disposés en tas à la limite de la rupture. Enfin Numési s'adressa à la marchande:

"Bonjour, auriez-vous des plumes d'épervier de la Haute-Forêt?"

La marchande réfléchit un instant, avant de répondre une légère hésitation dans la voix:

"Non, mais venez avec moi dans l'arrière salle, je dois avoir quelque chose dans le même genre qui pourrait vous intéresser"

La jeune cylon suivit donc la femme derrière le rideau qui masquait l'entrée de la pièce arrière alors qu'une jeune fille, son assistante, prenait sa place, celle-ci était dans le même état que la salle à l'avant à l'exception d'une table au milieu de la pièce et de deux chaises vides, sur la table il n'y avait que deux bols en argile et un pichet, dans un coin une échelle menait à l'étage où devait se trouver les quartiers de vie. Une fois seules, les deux femmes se serrèrent dans les bras l'une de l'autre se congratulant. Les phrases de reconnaissance avaient été superflues puisque les deux femmes ressentaient déjà leur présence l'une et l'autre avant de se voir, sans compter que ce n'était pas la première fois que Numési venait à Scornubel où elle passait imanquablement par le contact local des Soeurs, Mirra une des anciennes compagnes de combat de la Licorne.
Elles s'assirent à la table et commencèrent à discuter de choses et d'autres avant de passer aux choses:

"Alors quelles sont les dernières nouvelles du "front"?"
"Il y a une quinzaine de jours une vague de meurtres a frappé notre entourage proche ou lointain, une trentaine de morts en quelques jours. pères, mères, frères, voire simples amis ou relations, nos ennemis ont frappé au hasard des personnes avec peu d'importance mais cela a porté un grand coup au moral de beaucoup de nos Soeurs"
"Forcément comment nous protéger si nous ne sommes pas capables d'empêcher que l'on frappe notre entourage, en même temps c'est impossible"
"Tu dois connaitre une des victimes, un fermier d'Eauprofonde, un prénommé Janus dont Jastra était très proche"

Cette révélation choqua Numési:

"Janus est mort?"
"Oui, un des premiers tombés"
"Comment le prend Jastra?"
"Mal, très mal, elle a gardé la chambre durant quatre jours"
"Cette affaire ne donnera rien de bon"
"Cela a déjà commencé, nos relations diplomatiques avec Everska sont sur le point d'être rompues depuis que notre émissaire a voulu tuer celui de l'enclave elfique"
"Que s'est-il passé?"
"La Soeur qui devait s'en occuper a eu un empêchement de dernière minute et s'est fait remplacer par la première diplomate qui la suivait dans la hiérarchie, malheureusement il s'est avéré que c'était une jeune drow dont la lignée remontait à une maison de Miyeritar et l'envoyé d'Everska était un noble elfe du soleil prêtre de Corellon dont les ancêtres étaient proches des Vyshaans"

Numési fit la grimace, si pour les humains les événements qui s'étaient passé il y a des milliers d'années leur passaient par dessus la tête, pour les races dont l'espérance de vie de certains de ses membres pouvaient dépasser le millénaire c'est comme si cela c'était passé il y a quelques jours. C'était le cas pour les elfes avec les Guerres de la Couronne, la guerre civile elfique qui dura 3000 années pour se terminer il y a 9000 ans environ. La Première des cinq Guerres de la Couronne survint quand les elfes du soleil d'Aryvandaar attaquèrent le royaume des elfes noirs et verts de Miyeritar. De nombreux siècles plus tard, Aryvandaar renommé Empire Vyshaan du nom de sa maison dirigeante anéantit Myeritar en déclenchant sur le royaume une tempête magique qui dura des mois, ce fait horrible appelé le Désastre Noir donna la région connue maintenant comme la Haute Lande. De plus quand après un siècle de prières, Corellon répondit aux demandes de ses adorateurs de punir les elfes noirs d'Ilythiir responsables de crimes impardonnables commis durant les Seconde et Quatrième Gurerres de la Couronne, son châtiment ne se limita pas aux ilythiiris mais frappa l'ensemble de la sous-race elfique, y compris les survivants de Myeritar.
Ainsi, tout elfe noir dont les ancêtres venaient de Myeritar et qui connait le passé de sa famille à donc quelque raison d'en vouloir à tout elfe du soleil prêtre de Corellon et descendant de l'ancien Aryvandaar.

"Auparavant, jamais nous n'aurions commis cette erreur"
"Tout n'est pas perdu, il a survécu"

Numési eut un rire désabusé:

"magnifique, enfin une bonne nouvelle"
"Plus que tu ne crois nous avons peut être enfin l'occasion de frapper nos ennemis à notre tour"

Message par **Ugo** » sam. 06 août 2011, 16:39

Deux heures plus tard Numési retournait au Joyeux Lutin pour retrouver ses compagnes et compagnon d'aventure, son esprit était rempli de sentiments contradictoires ; tristesse de la mort de Janus bien qu'elle ne l'ait connu que quelques heures, excitation à l'idée de frapper enfin leurs ennemis, et appréhension à l'idée d'emmener les jeunes filles sous sa charge dans une mission dont elle ne maitrisait aucun paramètre. La journée s'était entretemps bien avancée et commençait à toucher à sa fin comme le démontrait le crépuscule naissant. A cette heure la taverne était bien plus bondée qu'à l'arrivée du groupe, pendant que Numési se frayait un passage avec difficulté au sein de la foule compacte quand il lui sembla qu'elle fut hélée par quelqu'un installé à une table du fond. Hésitant un instant, une erreur étant toujours possible, elle fut assurée quand on l'appela par son prénom encore plus fort. Se dirigeant en direction de la table en question elle fut surprise de retrouver les quatre autres attablés devant des boissons diverses, Méliane lui fit signe de venir s'installer à la seule place disponible c'est à dire à côté d'elle. Dire qu'elles étaient censées rester dans la chambre avec Harald jusqu'à son retour, aucune d'elles n'étaient décidément capables de respecter ses consignes -attitude pourtant nécessaire en mission, réprimant un soupir d'exaspération Numési s'asseya.

"Que faites vous là?" en même temps elle levait la main pour attirer une serveuse et passer sa commande.

Méliane répondit avec un ton éffronté que les autres ne lui connaissait pas trop, à son haleine Numési comprit qu'elles n'étaient pas restées très longtemps dans la chambre après son départ et qu'il y avait déjà trois ou quatre tournées de passées:

"Durant notre Chelak nous sommes censées découvrir le monde extérieur, une chambre d'auberge à notre avis n'est pas représentatif de l'extérieur"

La voix de la jeune demi-elfe était légèrement pâteuse et son regard pétillant, à son souffle il était aisé de deviner qu'elle et les trois autres ne buvaient pas que de l'eau - une bière locale appelée Le Sang du Troll jugea Numési à l'odeur. La cylon observa ses autres compagnons à la dérobade, Shennesta et Erin semblaient ne pas souffrir des effets contraires de l'alcool (ce qui était normal pour des planaires) tandis que Harald ne montrait égalemement aucun signe d'ivresse pour le moment.
Le moment était mal-choisi pour évoquer leur prochaine escapade guerrière, il serait encore temps demain autant profiter du moment présent pour se détendre et son instinct lui disait que la soirée allait être intéressante. On lui apporta sa commande, la même que ses compagnons, dont elle but immédiatement une gorgée. Elle n'osait pas l'avouer mais elle adorait consommer cette boisson quand elle passait par cette auberge, elle attendait avec curiosité de voir son effet à plus long terme sur Méliane et Harald, la jeune demi-elfe bénéficiait de la constitution naturelle des Soeurs du Premier Sang mais ne devait pas consommer souvent des bières fortes, quand au jeune homme il devait fréquenter assez souvent les tavernes des protectorats et être habitué à supporter l'alcool, jusqu'à un certain point. Mais Numési vit que Harald trichait, il buvait son pichet à petites gorgées, il devait donc en être à sa deuxième boisson.
Trois verres plus tard, peu de mots avaient été échangés, Numési elle-même qui n'avait rien dit jusque là lachâ soudainement:

"Janus est mort"

Cette nouvelle doucha immédiatement l'ambiance à la table, Mis à part Harald qui ignorait qui était le vieil homme les autres commencèrent à poser des questions à Numési, quand? Comment? Pourquoi? Comment était-elle au courant?. La jeune femme tenta d'y répondre du mieux qu'elle put racontant les dernières nouvelles obtenues lors de la rencontre avec son contact local à l'exception de la mission qui leur avait été assigné, demain ce serait bon. Une chape de plomb sembla s'être abattue sur tout le groupe dont les membres regardaient le fond de leur tasse en silence, le rire de Numési tomba comme un cheveu dans la soupe, ce dont elle s'expliqua en leur racontant la dernière discussion un peu surréaliste qu'elle avait eu avec le fermier. Méliane inspecta sa main avec attention, fermant un oeil puis l'autre, sur quoi elle déclara d'une voix chevrotante:

"C'est n'importe quoi, je porte aussi les ongles courts comme la majorité de nos soeurs, c'est plus commode pour tenir une arme et se battre."

Harald proposa de porter un toast en hommage à ce Janus qui semblait avoir marqué l'esprit de ses compagnes. Tout de suite après, Méliane eut des mots qui lui fairait fuir toute boisson alcolisée pour les deux années à venir, elle pointa son doigt sur Numési et dit:

"Toi un jour je t'aurai, pour l'instant je ne suis pas assez mure à ton goût, mais dans quelques mois, quelques années ou plus quand je claquerais des doigts en disant d'enlever tes vêtements et de m'attendre dans ma couche, tu m'obéiras comme une chienne bien dressée, je te le prédis. Ouais"

Elle clôtura sa tirade en vidant sa pinte d'un trait, devant un public médusé à l'exception de Numési qui bien que surprise par l'envolée de Méliane riait intérieurement. L'épisode Janus était décidément passé bien vite. La jeune rôdeuse se leva soudain et déclara:

"Je dois pisser, sont où les toilettes?"

Et elle partit à la recherche de son saint-graal, titubante et zigzaguante. Shennesta, Erin et Harald la regardèrent s'éloigner bouche bée, seule Numési eut cette petite phrase:

"Elle se lâche la petiote, le reste de la soirée risque de ne pas être triste"

Effectivement la soirée était loin d'être terminée, ses trois autres protégés s'entreregardèrent, ils n'avaient jamais vu Méliane sous cet angle là et commençaient à éprouver quelques craintes. Pour sa part Numési commençait à vraiment s'amuser pour la première fois depuis longtemps.

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Message par **Ugo** » jeu. 18 août 2011, 19:35

Méliane revint un quart d'heure plus tard avec cinq pintes remplies à ras bord dans les mains dont elle renversa une partie du contenu sur la table en les posant. Elle se rassit lourdement, se laissa choir étant un terme plus approprié, dans un style élégant propre au pilier de comptoir commun en lâchant un rot sonore.

"Aaahh ça fait du bien où ça passe, allez santé" dit-elle en brandissant sa bière qu'elle entreprit d'engloutir à grandes gorgées. Alors qu'elle reposait le récipient vide sur la table avec une seconde éructation sonore, une voix bourrue se fit entendre derrière elle:

"Eh eh sacrée descente que tu as là fillette, tu me plais bien que dirais-tu de faire plus ample connaissance, j'ai justement une chambre là-haut dont le lit ne demande qu'à être réchauffé"

L'homme qui venait de parler était un humain de grande taille, pas loin de deux mètres, à la longue chevelure et barbe hirsute et habillé de peaux de bêtes. Pour ceux qui doutaient encore d'être en présence d'un barbare du nord la blondeur capillaire et les yeux bleus clairs étaient des preuves supplémentaires, de même que l'hygiène douteuse de l'individu, plusieurs bestioles minuscules sautaient de ses vêtements miteux et même les mouches tombaient à terre quand elle s'approchaient trop près de lui.
Les cinq compagnons se tournèrent dans un bel ensemble vers l'intrus en plissant les narines, Méliane avait l'oeil un peu glauque mais son air dédaigneux était malgré tout suffisement éloquent comme réponse:

"Franchement mon grand je crois que tu vas avoir froid ce soir, tu devrais essayer avec une orque ou une gobeline, avec ton odeur corporelle tu auras un succès fou" dit-elle en concluant d'un rire tonitruant repris plus discrètement par ses compagnons de route. Le barbare était loin de partager l'hilarité de la demi-elfe, son sourire s'effaça pour être remplacé par un rictus de colère contenue à grand peine:

"Modère tes paroles petite grue, par Tempus si tu n'étais pas une donzelle je t'aurais déjà donné la leçon que tu mérites"

Le premier à réagir à la surprise générale fut Harald qui se levant gauchement interpella le barbare:

"Eh chien galeux, tu parles à mes camarades sur un autre ton sinon..."

L'homme baissa les yeux sur le freluquet qui osait le défier, il croisa ses bras de la taille d'un jambon sur ses pectoraux saillants et demanda calmement:

"Sinon quoi le morpion?"

Le jeune garçon déglutit difficilement mais résolu à ne pas perdre la face, fit bravement face:

"Sinon, je devrai défendre leur honneur"

Le barbare s'esclaffa:

"Toi, ah ah ah!"

Numési choisit d'intervenir à ce moment pour éviter que les choses dégénèrent:

"Harald rassied-toi" lui intima t-elle. Le barbare commit là sa première erreur

"Tu ferais mieux d'écouter maman le morpion, assis et va jouer aux billes"

La jeune femme leva un sourcil et lâcha d'une voix neutre "Vas-y Harald" au pauvre garçon qui l'observa avec étonnement et crainte, peu soucieux maintenant de se mesurer à l'habitant des vastes steppes glacées du nord. Voyant qu'il ne pourrait pas y couper il regarda l'homme dans les yeux au risque d'attrapper un torticolis et lui dit:

"Alors on y va sale ours puant"

Message par **Ugo** » dim. 28 août 2011, 19:52

Le barbare examina Harald quelques secondes avant de désigner un endroit derrière lui du pouce "Je vais te désosser Morpion, on ne défie pas impunément Gurn Oursbrun" avant de se retourner et de se placer au centre d'un espace dégagé apparu miraculeusement au milieu de la salle, les habitués semblaient avoir l'habitude des bagarres et savoir à la tension ambiante quand elles survenaient. Observant le dos musclé de son adversaire le pauvre garçon soupira pour lui-même "Ca je veux bien le croire"
Il se dirigea alors bravement à la suite du barbare avec l'impression tenace d'être un mouton qui se dirigeait de lui-même chez le boucher.

Face à face les deux adversaires s'évaluaient, l'attitude arrogante de Gurn montrait sa confiance et le dédain manifeste pour le jeune homme en face de lui. En revanche Harald n'en menait pas large, il suait la peur par tous les pores de sa peau et n'arrivait pas à le dissimuler. Il savait qu'il ne pourrait pas compter sur ses compagnes pour l'assister durant ce combat, il était seul et à choisir aurait donné n'importe quoi pour être ailleurs. Soudain sans que rien ne le laisse prévoir il se jeta sur le colosse en hurlant, ce dernier qui s'attendait à ce que Harald s'enfuisse ou s'évanouisse fut surpris donnant au garçon un faible avantage au début.
A leur table les quatre femmes ne perdaient pas une miette, en particulier Erin et Shennesta qui malgré leurs nombreuses aventures avaient pour Harald une petite faiblesse:

"Vas-y Harald!"
"Tu es le meilleur!"
"Massacres-le ce gros balourd!"
"Bien joué!"
"Encore encore!"
"Il se débrouille bien"
"Aie ça doit faire mal"
"Rélève toi Harald!"
"Lâche le sale #####!"
"Vise les yeux!"

Deux minutes après le début du combat le barbare portait le pauvre Harald sur ses épaules et commençait à tourner à toute vitesse sur lui-même et le catapulta finalement à bout de bras par dessus la table des quatre femmes où il s'écrasa contre le mur avant de retomber inerte sur le sol. Aussitôt les deux soeurs se précipitèrent vers lui, le secouant, lui claquant le visage pour le réveiller mais assommé Harald restait inconscient. Méliane plutôt amorphe se pencha vers le trio et leur tendit une pinte:

"Faites lui boire un coup, il se sentira mieux après"

Erin regarda la demi-elfe l'air courroucé mais se retint d'émettre une réponse trop cinglante envers elle:

"Je pense que ce n'est pas une très bonne idée méliane"

Néanmoins le ton n'était pas chaleureux, la jeune femme haussa les épaules et s'intéressa à autre chose. Pour sa part, Harald ouvrit enfin les yeux en gémissant, il tenta de se relever mais abandonna aussitôt.
Sur l'arène improvisée le barbare paradait les bras levés fier de son combat en braillant des cantiques à Tempus. Numési qui jusque là s'était contentée de rester assise et de siroter sa bière, but le reste d'une traite, se leva et se dirigea vers le colosse blond. Celui-ci se retourna quand quelqu'un lui tapota l'épaule et fut cueilli au menton par un puissant uppercut qui lui renversa la tête en arrière, complètement hébété il resta sans réaction quand le poing de Numési lui écrasa le nez lors de son second coup. L'homme bascula lentement en arrière et tomba lourdement sur le sol. Se frottant les mains elle revint en sifflotant de satisfaction et s'assit sur sa chaise en pensant "ça c'est fait, et maintenant je reprend un pinte ou pas?".
Indirectement Méliane prit la décision pour elle, la demi-elfe eut le temps de dire "je ne me sens pas bien" avant de remettre tout ce qu'elle avait ingurgité pendant la soirée sur les pieds de la jeune femme.
Numési regarda ses chausses souillées et soupira:

"Bon la fête est finie pour ce soir, au lit tout le monde"

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Message par **Ugo** » dim. 11 sept. 2011, 17:49

INTERLUDE

1373, Tarsakh 29: Au nord de la Citadelle de Lune

"Tu ne devrais pas être là ma Soeur, je le dis et le répète"

Ces mots venaient de Talindra Herbeverte la lieutenant de Nadia Matula, la membre du Conseil en charge des patrouilles frontalières, qui désapprouvait la présence de sa supérieure dans les rangs de la patrouille de reconnaissance. Celle-ci calma sa subbordonnée d'un sourire:

"Que crains tu ma soeur? Que mes années au service du Conseil ait émoussé mes capacités?"

Talindra se renfrogna à ces mots, Nadia savait que ce n'était pas ses capacités qui étaient en cause mais de par sa seule présence elle représentait une cible de choix pour qui voulait porter un rude coup aux Soeurs du Premier Sang, encore fallait-il que quelqu'un en dehors des cinq membres de la bande le sache.
Elles étaient parties il y a six jours pour aller reconnaitre le terrain à l'endroit où le Conseil pensait trouver leur ennemi et venaient d'arriver en bordure.
A plat ventre sur une petite colline qui surplombait le plateau où le Planisphère Torilien avait situé la menace, les cinq femmes rampaient dans la neige insensibles au froid glacial grâce aux vêtements polaires qu'elles portaient au-dessus de leurs armures, une cape blanche à capuche les camouflaient efficacement aux yeux d'observateurs cachés. Arrivées au bord elles commencèrent à scruter le paysage environnant bien aidé par un ciel dégagé qui permettait de voir loin, ce qui était inutile vu la proximité et la taille du fortin en bois qui s'élévait à deux kilomètres droit devant elles et des centaines de tentes et de feux de camp qui l'entourait.
Nadia s'adressa à Talindra:

"De nous cinq tu as la meilleure vue, vois-tu autre chose que les orques et le cortège habituel"

La main en visière l'elfe des bois se concentrait pour distinguer quelque chose dans la masse grouillante d'orques, gobelinoides, worgs et géants qui s'agitaient.

"Certains des étendards portent la marque de Grabak, d'autres le symbole de notre ennemi secret"
"Bien nous avons trouvé la tanière de notre adversaire, il est temps de retourner à la Citadelle et de préparer une riposte" dit une Nadia enthousiaste.

La rôdeuse à sa gauche se tourna vers elle:

"Ne trouves-tu pas mas soeur que c'est trop facile?"

Nadia se tourna vers elle, une jeune humaine aux yeux verts profonds originaire de Nesmé qui n'était pas retourné là-bas après la fuite lors l'attaque des trolls il y a quelques années et qui était un des éléments les plus prometteurs des Louves, l'air interrogateur:

"Pourquoi dis tu ça?"
"Eh bien depuis plusieurs mois, ils nous frappent là où on ne les attends pas sans savoir à qui nous avons affaire et quels sont leurs intentions. Et d'un coup, on sait où les trouver? La présence de Grabak n'est pas étonnant, moi aussi à leur place je m'allierais avec les ennemis de mes ennemis. Mais de là à dire que des orques soient à la tête de cette conspiration, j'en doute"

Nadia tourna son attention vers le fortin adverse, sa jeune consoeur n'avait pas tort, c'est comme si le fortin avait été servi sur un plateau. C'est une donnée qui devait être pris en compte, laissant deux membres du groupe en arrière en surveillance avec suffisement de vivres, le groupe repartit vers la citadelle.

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Message par **Ugo** » dim. 18 sept. 2011, 20:07

CHAPITRE 8: DURS LENDEMAINS

1373, Tarsakh 30: Scornubel

"BEUHAAARRRGh!"

Erin tourna sa tête en direction du râle d'agonie avec une lueur d'inquiétude dans le regard

"Elle va finir par remettre ses entrailles si elle continue, tu es sûre de ne pas avoir de remède pour elle" demanda t-elle à Numési qui vaquait à ses occupations comme si de rien n'était. Cette dernière daigna poser un regard sur la porte de la salle d'eau où Méliane affalée sur la latrine vomissait tripes et boyaux depuis l'aube. Numési se contenta de répondre:

"C'est une manière comme une autre d'apprendre les leçons de la vie, même si nous autres Soeurs du Premier Sang sommes plus robuste que le commun des mortels nous restons des êtres de chair et de sang avec les faiblesses qui nous accompagnent et les résultantes désagréables quand on dépasse les limites de beaucoup trop" elle crut nécessaire de rajouter "Et que quand comme vous on ne craint pas les désagréments de l'usage abusif d'alcool"

Un gémissement pitoyable émis par Méliane ponctua la tirade de Numési, tirant un rictus à Erin. Si pour leur part leur nature d'extérieur permettait à Shennesta et Erin de boire tout leur saoul sans sombrer dans les limbes éthyliques, Numési était humaine et connaissant bien les effets du cru local ainsi que ses propres limites avait bu sans exagération au contraire de Méliane et de...Harald qui revint dans la chambrée après s'être immergé la tête dans un seau d'eau glacé dans la salle d'eau commune de l'auberge, il s'était réveillé avec seulement un gros mal de crâne et ne voulait pas risquer d'autres désagréments en restant trop près de la demi-elfe.
A l'écoute des sons provenant de la pièce d'à côté le jeune homme grimaça en se tenant le ventre, il aurait mieux fait d'attendre encore un peu avant de revenir dans la pièce. Numési remarqua qu'il ne semblait pas trop souffrir des séquelles de son combat de la veille et cela malgré la dégelée subie, mis à part un oeil au beurre noir et une joue gonflée il ne se portait pas trop mal. Elle prit un pot dans un des paquetages et la tendit à Harald.

"Met ça sur tes blessures, cela accélérera leur guérison" lui dit-elle, Harald hésita puis s'empara du pot qu'il ouvrit, le sentit avant de prendre une noisette de pommade dans sa main qu'il étendit sur sa joue et autour de son oeil. Etrangement il lui sembla que la mixture faisait effet dès l'application mais peut-être n'était ce là que l'effet de son imagination.
Sur ces entrefaits, Méliane sortit enfin de la salle d'eau, les traits tirés et cendreux comme si elle venait de sortir d'une quelconque tombe. Numési soupira, la mission qui leur avait été allouée était pour demain et devait être préparée aujourd'hui. Si la demi-elfe n'était pas suffisament remise d'ici quelques heures elle ne pourrait pas y partciper et cela compliquerait les choses avant même de commencer.
"Ca va aller?" demanda-t'elle à Méliane.

L'interpellée fit la grimace, le simple murmure était pour ses oreilles un rugissement qui se transformait en vacarme assourdissant sous saboite cranienne, elle eut néanmoins la force de répondre un timide "Je crois"
Shennesta fit remarquer qu'elle avait beson de manger quelquechose car son estomac devait être vide à force d'aller "racler dans les moindres recoins" selon sa propre expression ce à quoi Erin lui rétorqua qu'elle devait manger quelque chose de léger sous peine de régurgiter de suite ce qu'elle avalerait.
Les deux soeurs se querellaient toujours à propos du régime que Méliane devait suivre pendant que le groupe descendait en bas pour le déjeuner, la rôdeuse affaiblie suivait quelques pas en arrière. Numési décida qu'elle attendrait que le soleil soit au zénith pour juger si l'état de Méliane serait suffisement arrangé pour la mission.

Message par **Ugo** » jeu. 06 oct. 2011, 20:14

Le déjeuner fut expédié assez rapidement, Numési et les deux hybrides célestes-fiélons mangèrent léger mais normalement, Harald légèrement barbouillé se contenta de peu, et Méliane ne put rien manger.
A un moment Numési s'absenta quelques minutes pour aller demander un pichet d'eau au tavernier, laps de temps durant lequel Méliane en profita pour questionner ses compagnons de route:

"Je trouve que Numési me regarde bizzarement depuis que nous sommes debout, j'ai cru avoir discerné de la raillerie et de l'amusement dans son regard, je ne me souviens pas trop de ce qui s'est passé hier, j'ai dit ou fait quelque chose de particulier?"

Le garçon et les deux soeurs se regadèrent en silence, Harald gêné au contraire de Shennesta et d'Erin qui affichaient un grand sourire.

-"Tu ne te souviens vraiment de rien?"
"Non, mais qu'est ce que j'ai fait par la Déesse?"

Le ton de la demi-elfe montait de plus en plus dans les aigus. Shennesta pris tout son temps pour répondre, savourant la détresse croissante de sa soeur adoptive:

"Eh bien, en gros tu as dit à notre vénérée cheftaine que un beau jour tu finirais par l'avoir et qu'elle ramperait à tes pieds comme une chienne dès que tu claquerais des doigts" elle prit une pause prenant les deux autres comme témoins "c'est assez juste je crois, non?"
"Tu as oublié, JE VAIS PISSER dit-elle en imitant une Méliane imbibée d'alcool.
"Plus le fait que tu as vomi une belle galette sur ses chausses"
"On peut dire que pour ta première beuverie tu as fait fort"
"Ouaip"

Méliane était tétanisée, et aussi pâle qu'une morte en bonne voie de décomposition, ses trois compagnons durent tendre l'oreille pour entendre ce qu'elle dit:

"Morte, je suis morte, elle va me tuer"

Numési revint à ce moment là et voyant la figure de la jeune Soeur se douta bien de la discussion qui venait d'avoir lieu, néanmoins elle n'en laissa rien paraître et lui dit:

"Tu ne m'as pas l'air bien, remonte te reposer un peu", la jeune femme ne se le fit pas dire deux fois et soulagée d'avoir échappé au courroux divin alla vers l'escalier menant à l'étage. Elle trébucha sur la première marche quand Numési lâcha un jovial "si jamais tu trouves ma laisse pose là sur mon lit", rouge de confusion elle grimpa les escaliers quatre à quatre.
Devant le regard accusateur des trois autres membres du groupe, elle dit en haussant les épaules:

"Ca me démangeait depuis hier"

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Message par **Ugo** » dim. 09 oct. 2011, 17:18

Le reste de la matinée se passa sans encombre dans les chambrées, Erin et Shennesta se contentant de rêvasser sur leur lit en contemplant le plafond ou taquinant Harald de temps en temps, Harald terminant de récupérer des excès de la veille, Méliane prostrée dans son coin rougissant quand son regard croisait celui de Numési appliquée à faire l'inventaire de ses affaires. Le temps passa ainsi jusqu'au dîner, que le groupe alla prendre encore dans la salle commune. Cette fois-ci, il y avait déjà plus de clients présents que ce matin mais malgré cela la moitié des tables étaient encore vides, Numési opta pour une table à moitié dissimulée derrière un pilier. En s'installant, la cylon remarqua que le barbare qu'elle avait assommé le soir d'avant se trouvait attablé non loin d'eux. La voyant, l'homme leva sa chope en signe de salut et lui fit un grand sourire au grand étonnement de Numési, apparement le fait de s'être fait rosser par une femme ne le gênait pas trop. Malheureusement pour elle, Shennesta le remarqua et en profita pour lâcher un ironique "on dirait que tu ne lui as pas tapé dans l'oeil qu'avec le poing".
Les trois autres membres du groupe se tournèrent vers le barbare qui ne payait pas de mine avec son oeil poché et trois dents en moins, Erin enchaina à la suite de sa soeur:

"Il ferait un bon reproducteur pour toi, chef, tu devrais en profiter"

Numési ouvrit des yeux ronds, interloquée, mais ne put répliquer car Shennesta poursuivit:

"C'est vrai puisque tu nous accompagnes pendant ces trois années, on peut considérer que tu accomplis toi aussi ton Chelak, donc...."

Numési se reprit, mais le ton de sa voix présentait quelques intonations de doute malgré tout:

"Je vous rappele que JE suis chargée de votre protection durant VOTRE Chelak, et que JE ne suis donc pas sujet à ses règles, contrairement à VOUS"

Néanmoins, l'idée qu'elle se trompait commençait doucement à s'insinuer dans sa tête, et tourna de manière entêtante dans sa tête durant tout le repas. Celui-ci fut plus copieux que le déjeuner et même Méliane daigna en grignoter quelques bouts, à la grande satisfaction de Numési qui jugea que la petite serait suffisement remise pour le lendemain. Le plat, constitué de tranches de boeuf, de patates cuites à la vapeur et de carottes, fut entièrement vidé. Après le diner, ils restèrent encore un peu à table pour digérer tout en buvant un verre d'un jus de fruit local. Harald qui semblait plongé dans ses pensées depuis le matin interrogea subitement Méliane:

"Il y a une chose que je ne comprends pas, sous l'emprise de l'alcool tu t'es totalement lâchée allant jusqu'à dire certaines choses à Numési" Harald ne fit pas attention au raclement de gorge émis par Erin, "par contre tu n'as rien dit concernant ta mère, pourtant la culpabilité qui te ronge depuis sa mort n'est un secret pour personne AIE". Erin venait de lui décocher un coup de pied dans le tibia en-dessous de la table mais le mal était déjà fait, en se retournant sur Méliane après avoir fusillé Erin du regard harald vu qu'il était allé trop loin, la demi-elfe était tendue comme la corde d'un arc prêt à tirer, la mâchoire serrée, le regard assassin fixé sur Harald. Elle parla lentement, sans élever la voix, mais le ton était tranchant comme la lame de ses cimeterres:

"Tu sembles oublier quel est ton rang mâle, tu ferais bien de te le rappeler si tu ne veux pas que je m'en charge à ta place"

Sans dire un mot de plus, elle se leva sans laisser le temps au jeune homme de s'excuser et traversa la salle pour remonter dans sa chambre, elle était rouge pour la seconde fois de la journée mais de colère cette fois. Un silence gêné s'installa à leur table brisé par numési qui constata:

"De ce que j'ai pu entendre de toi au sein de notre communauté Harald, tu sais très bien parler au corps des femmes. En revanche, à ce que je peux voir tu as encore de gros efforts à faire en ce qui concerne leur esprit."

Confus, le jeune homme baissa la tête regardant ses pieds, hors de la communauté il avait tendance à oublier le carcan traditionnel dans lequel il avait vécu depuis sa plus tendre enfance. Ils se levèrent tous et remontèrent à leur tour dans la chambre, il était temps pour Numési de leur parler de la dure journée qui les attendait.
Une fois la porte fermée, elle réunit tout le monde dans la même pièce, Méliane la machoire toujours crispée se tenait contre un mur, Harald essayant de se tenir le plus loin possible de la demi-elfe et le regard fuyant était adossé contre le mur opposé, entre les deux Erin et Shennesta ne savaient pas trop quelle attitude adopter. Se disant que la réunion allait être tendue, Numési commença son briefing:

"Mesdemoiselles et mâle, demain nous allons effectuer une opération de reconnaissance armée dans la région contre nos ennemis et en relation avec d'autres de nos soeurs"

Voyant Erin regarder craintivement autour d'elle, elle crut bon de préciser:

"Cette chambre est protégée contre les tentatives de scrutation et d'espionnage magique de toutes sortes, nous ne risquons donc pas de fuites"

Toute animosité envers Harald momentanément disparue, Méliane leva la main pour prendre la parole:

"Tu peux nous en dire plus?"

Numési leva les deux mains pour réclamer leur attention, et leur expliqua longuement la mission prévue et ce que l'on attendait d'eux. Au fur et à mesure des explications leur excitation montait tout comme Harald, impliqué dans le projet.

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Message par **Ugo** » dim. 09 oct. 2011, 18:02

INTERLUDE

1373, Tharsak 30: qq part dans les Montagnes de l'Echine du Dragon

Bedlam ouvrit les yeux, ignorant où il se trouvait et la totale obscurité dans laquelle il était plongé n'allait pas l'aider. Analysant calmement sa situation, il tenta de déterminer où il était à l'aide de ses autres sens, manifestement la présence d'une surface dure contre son dos et l'arrière de sa tête ainsi que le vide en-dessous de ses pieds devait signifier qu'il était en position couchée selon toute logique. Levant ses mains il commença à tâter dans toutes les directions, la présence d'une surface dure et froide sur ses côtés et au-dessus de lui, de la pierre peut-être, semblait signifier qu'il se trouvait dans une tombe ou quelque chose s'en approchant. Prenant appui sur la surface où il reposait, il fit une tentative pour soulever la pierre tombale, laquelle se révéla aussi légère qu'une plume pour lui et bascula sur le côté dans un fracas de tout les diables. Maintenant, l'obscurité était toujours profonde pourtant Bedlam y voyait assez pour distinguer le plafond de l'endroit où il se trouvait. Agrippant les bords de la tombe il se releva et observa les environs, la pièce était énorme et remplie de tombes pareilles à la sienne, le mot mausolée lui vint directement à l'esprit sans trop savoir ce que cela signifiait.
Il se leva entièrement, enjamba les bords de sa tombe et se dirigea vers le petit point lumineux dans la paroi proche qui donnait un peu de clarté aux environs. Arrivé tout près, il s'avéra qu'il s'agissait d'une petite fissure par où de l'air froid s'engouffrait, Bedlam se dit qu'il s'agissait d'une possible sortie. Il tenta de passer mais la fissure était bien trop petite pour sa corpulence, il commença alors à arracher des morceaux de pierre à mains nues jusqu'à ce qu'il puisse passer dans l'ouverture. Il se retrouva ainsi, sur une petite corniche au flanc d'une falaise escarpée battue par les vents sous une nuit étoilée. Observant la majesté céleste il reconnut certains mondes qu'il avait déjà foulé dans le passé sans se souvenir quand. Pour le moment, il ne savait pas où il se trouvait, comment il était arrivé ici, ni depuis combien de temps, une seule chose lui occupait l'esprit: il devait aller au sud-ouest, il se mit immédiatement en route et commença à descendre la falaise en direction d'un sentier qu'il distinguait en bas.

Message par **Ugo** » mer. 26 oct. 2011, 17:45

CHAPITRE 9: REPRESAILLES

1373, Myrtul 1: Bois Accessibles 75 kilomètres au nord-est de Scornubel

A l'aube le groupe se téléporta de la chambre à l'aide d'une baguette sortie par Numési de son sac sans fond, ce qui déclencha une remarque de Shennesta sur la possibilité que le sac contienne l'équivalent d'un entrepôt au vu de ce qui en était déjà sorti depuis le début de leur périple, ils aboutirent hilares au sein d'une petite clairière entourée d'arbres. En tant que rôdeuse, Méliane les identifia de suite comme des essences courantes de la région de Scornubel et de ses alentours, ils devaient donc ne pas s'être déplacés de beaucoup.
Pour l'occasion les quatre femmes étaient vêtues de leur équipement personnel qui indiquait leur rang, armes et armures de la couleur émeraude des novices sauf pour Numési qui était vêtue de saphir. Harald portait une cotte de mailles classique mais de bonne qualité, et une épée longue dans un fourreau à la ceinture, arme et armure sortie du sac sans fond cela va sans dire.
Les quatre femmes sentirent immédiatement que d'autres Soeurs du Premier Sang étaient proches, cachées dans la végétation touffue de la lisière. Numési mit ses mains en porte-voix et cria d'une voix forte:

"Il y a plusieurs millénaires la cité des Flèches d'Emeraude s'élevait dans le ciel du Boislune."

Plusieurs secondes s'écoulèrent avant que "Elle s'appelait Teladorn" ne lui réponde. Aussitôt, six femmes en équipement complet, masque compris, sortirent en plein jour, Méliane et ses deux soeurs constatèrent qu'à l'instar de Numési elles portaient toutes des armures de couleur saphir à l'exception d'une qui était de couleur noire. Erin décrivit bien le sentiment des trois femmes:

"Un groupe de saphirs menées par une obsidienne, on ne sort pas un groupe pareil pour des clopinettes, là ça devient vraiment sérieux, que venons nous faire ici?"

Sa remarque tombait sous le sens, une Soeur du Premier Sang mettait déjà plusieurs années pour atteindre le rang de saphir, et aucune n'avait atteint le rang obsidienne en moins de quinze années. Cette fois-ci, elles n'allaient pas affronter une simple bande de hors-la-loi déguenillés mais un danger beaucoup plus grand, le genre que des Soeurs du rang émeraude ne sont pas censées affronter si elles veulent vivre longtemps.

La Soeur obsidienne s'approcha de Numési et étreignit joyeusement la jeune femme qui lui rendit son étreinte. Quand elles se furent séparées, elle désactiva son masque d'une pensée qui se liquéfia pour redevenir une simple lanière de cuir portée autour du cou, révélant les traits d'une humaine d'âge mur aux cheveux noirs coupés courts où se mêlaient de nombreux fils d'argent, aux yeux bleux rieurs et aux joues pleines et rouges. On avait presque l'impression de voir le visage d'une naine sur un corps humain.

"Numési, comment vas-tu ma fille? Depuis ta réaffectation je n'avais plus de nouvelles"

Manifestement, les deux femmes se connaissaient et s'appréciaient, Méliane n'avait jamais vu Numési sourire comme maintenant.

"Comme tu vois, je dois accompagner ces trois demoiselles durant leur Chelak".

Pendant que les deux femmes devisaient joyeusement, les autre membres présentes avaient également enlevé leurs masques, il y avait là deux autres humaines, une naine, une elfe des bois et une halfeline. Toutes s'approchèrent de Numési et l'étreignirent rapidement chacune à leur tour. Un peu isolés sur le côté, les quatre benjamins du contingent présent commençaient à se sentir de trop dans le tableau des retrouvailles.
"Manifestement, elles se connaissaient d'avant" émis Harald, tout bas.
"Ah bon, je n'avais pas remarqué" répondit Méliane d'un ton sarcastique, la scène se passait de commentaires.

Celle qui dirigeait le groupe les désigna soudain de la main:

"Et si tu faisais les présentations"

Numési s'exécuta de bonne grâce, présentant les nouvelles venues à ses protégées:

"Les filles je vous présente Kethra Santerre, une de mes anciennes supérieures et une de mes meilleures amies, et voici le contingent sous ses ordres Blaevra, Arveene, Umil, Hacatra et Aloniira qui forment toutes la garnison de l'avant-poste, la Bouche de l'Enfer situé dans les Bois Accessibles."
"Ne vous fiez pas au nom, ici il n'y a que des satyres, des faunes et des centaures pas de quoi s'inquiéter, sauf pour les jeunes vierges perdues" conclua Kethra avant d'éclater d'un rire gras et sonore.

Après un court instant de silence gêné des autres Soeurs qui devaient être habituées à ce genre d'envolées, Numési présenta son propre groupe:

"Erin, Shennesta, Méliane, et ... Harald dont la présence s'explique par la double inconséquence de la mâlitude (hrp: au secours Ségolène Royal est en moi) et de la jeunesse."

Toute jovialité avait disparu du visage de Kethra qui était subitement devenue sérieuse comme un croque-mort. Elle s'approcha de Méliane jusqu'à se retrouver à dix centimètres d'elle, elle se pencha pour l'examiner de plus près. La demi-elfe ne broncha pas mais jeta quand même un coup d'oeil inquiet à Numési qui s'interrogeait sur l'attitude de Kethra, la Luskanienne lui posa une seule question:

"Tu es Méliane Lunerousse, la fille de Vestele?"

Haussant les sourcils de surprise, Méliane opina de la tête. Kethra se tourna alors l'air grave vers Numési:

"Nous attendons encore deux de nos Soeurs qui ont renforcé l'avant-poste il y a quelques semaines, parmi elle il y a Kira"
"Kira la Rouge?"
"Oui"
"Je ne comprends pas ce...oh"

Numési s'interrompit, ses traits étaient également graves maintenant et ell considérait Méliane avec, lui sembla t-il, une pointe d'inquiétude dans le regard.

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Message par **Ugo** » lun. 31 oct. 2011, 19:05

Méliane ne comprenait pas l'attention tendue dont elle faisait l'objet, hésitante elle allait demander des éclaircissements quand la sensation de l'approche de nouvelles Soeurs l'envahit ainsi que les autres Soeurs présentes dans la clairière. Quelques instants plus tard, deux autres femmes quittèrent le couvert forestier pour rejoindre le petit attrouppement, une elfe de la lune de rang saphir et une humaine dont l'armure était gris sombre, couleur normale de l'alliage que les Soeurs du Premier Sang utilisaient pour forger toutes leurs armes et armures avant l'inclusion de la poussière minérale colorée destinée à marquer le rang de la porteuse. A sa vue, Erin, Shennesta et Méliane échangèrent un regard où l'étonnement se mêlait à l'incrédulité, elles avaient déjà entendu des rumeurs sur l'existence de quelques unes de ces femmes dans leur communauté mais jamais encore l'occasion d'en voir une à tel point que la plupart des Soeurs du Premier Sang, les plus jeunes en particulier, considéraient ces rumeurs comme des légendes. Méliane murmura l'adjectif qui s'imposait à leurs esprits:

"Une paria"

Elle chercha Numési du regard mais celle-ci l'ignorait, néanmoins en abaissant ses yeux elle s'aperçut qu'elle avait les mains derrière le dos et signa un court message dans le langage des signes inspiré de celui pratiqué par les drows:

"Plus tard"

Manifestement, celle-ci ne voulait pas que la nouvelle venue entende leur conversation. La prénommée Kira et l'elfe appelée Astrée furent présentées au groupe de Numési qui rendit la pareille. A la vue de Méliane, Kira détailla plus attentivement la demi-elfe les yeux plissés, comme si elle lui rappelait quelqu'un mais sans arriver à mettre un nom dessus. Légèrement agacée d'être un centre d'intérêt sans savoir pourquoi Méliane demanda à Kira:

"Y a t-il quelque chose que je puisse faire pour toi ma soeur?"

Kira l'examina encore quelques secondes avant de répondre:

"Non ma soeur, je pensais te connaitre mais je me trompais dirait-on"

Méliane hocha simplement la tête pour conclure la discussion mais elle eut le sentiment profond que tout cela avait quelque chose à voir avec sa mère, elle préféra se taire et attendre d'être seule avec Numési ou même Kethra pour en savoir plus non sans se dire que Kira semblait pleine d'amertume. Kethra, maintenant que tout le monde était là, demanda à tout le monde de s'asseoir en cercle autour d'elle pour qu'elle leur explique le plan. Kethra pris un cristal rose dans la besace de sa ceinture, l'activa d'un mot de commande et le jeta au sol où il émit une image miroitante. Celle-ci montrait ce qui ressemblait à un vieux bâtiment de pierre blanche en ruines, le lierre recouvrait une bonne partie de l'édifice et semblait même aider celui-ci à tenir encore debout, plusieurs arbres qui s'était développé dans les joints avaient fini par faire s'effondrer plusieurs pierres créant de nombreuses trouées dans les murs.

"Mes soeurs voici notre cible, un ancien mausolée de Néthéril à trente kilomètres au sud qui ne doit plus avoir grand-chose à offrir aux aventuriers depuis des lustres. Le Conseil est certain de deux faits, un c'est une base d'opérations de ceux qui nous ont frappé ces derniers temps, deux c'est un piège destiné à nous attirer."

Ce dernier fait fit s'élever plusieurs exclamations de l'assemblée présente, si c'est un piège pourquoi y aller? Comment le Conseil peut il savoir? etc etc. Kethra tapa dans les mains pour réclamer le silence:

"Calmez-vous, le Conseil est parfaitement conscient de la dangerosité de cette mission et ne nous aurait pas mandaté si ses membres ne pensaient pas que le jeu en valait la chandelle. Quand à ta question Arveen, l'ennemi n'a pas pu cacher sa présence mais en même temps nos arcanistes n'arrivent pas à percer la magie antiscrutation qui protège l'endroit, preuve selon le Conseil que nous sommes attendues. Quoiqu'il en soit, un défi nous est lancé et nous devons le relever, c'est pourquoi nous sommes ici. Des objections?"

Il n'y en eu aucune, les trois heures suivantes furent employées à préparer la mission, chacune recevant un rôle bien précis, les lieux parfaitement mémorisés sur la base de plusieurs plans dressés par des groupes d'aventuriers qui ont visité l'endroit et récupérés au fil des ans par les Soeurs du Premier Sang, l'équipement vérifié une dernière fois.
Une fois qu'elles furent prêtes à se mettre en route, Kethra demanda à Erin en tant que prêtresse de conduire la petite cérémonie rituelle de bénédiction avant le combat. Toutes mirent un genou à terre, sortirent leurs épées qu'elles plantèrent dans le sol, posèrent le front sur le pommeau et entonnèrent la courte prière déclamée par Erin:

"Oh Déesse, nous implorons ton soutien, ton aide et ta protection sur celles qui vont risquer leurs vies pour défendre les principes qui guident leurs existences."

Se relevant, elles placèrent leur pommeau sur le coeur en murmurant la phrase rituelle: "Pour la gloire de la Déesse, des jumelles Volaren et des Soeurs du Premier Sang".
Rengainant leur lames, elles prirent leur paquetage et s'en allèrent vers le mausolée. Quand elle passa près d'elle, Kethra arrêta Numési:

"Le mâle qui vous accompagne en a vu trop aujourd'hui, tu t'en rends bien compte, nos lois sont strictes sur ce sujet"

Numési lui sourit:

"Il y a une pierre d'oubli enchassé dans le casque que je lui ait donné, tout ce qu'il n'est pas censé voir est effacé au fur et à mesure de sa mémoire, c'est un reproducteur de choix il serait dommage de priver la communauté de sa présence."

Kethra sourit à son tour, elle n'était pas dupe, Numési commençait à éprouver un sentiment de protection maternelle envers son groupe, même si elle s'en cachait.

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Message par **Ugo** » dim. 06 nov. 2011, 19:33

Elles couvrirent la distance en quatre heures. Pendant ce laps de temps, Méliane qui évoluait deux minutes environ en avance du reste du groupe en compagnie d'Hacatra en qualité d'éclaireuses profita de sa solitude relative pour réfléchir sur les derniers événements la concernant.
Pour le moment ses interrogations concernaient principalement Kira, elle se demandait comme une Soeur pouvait se retrouver dans ce statut de paria et surtout rester dans la communauté. Cette femme semblait avoir plus d'une quarantaine d'années et approcher même les cinquantes, mais Méliane estimait qu'elle en avait dix de moins et que les traits de son visage étaient fortement marqués par des événements majeurs de son passé et non par le passage du temps. Le plus frappant était son regard, les seuls sentiments que l'on pouvait déceler dedans étaient tous négatifs: profonde amertume, colère contenue, frustation latente. Elle était certaine que sa mère était liée d'une manière ou d'une autre avec la déchéance de Kira, sinon comment expliquer la tension apparue quand Kethra avait appris son identité et de Numési quand elle avait appris la présence de Kira. Tout cela augmenta d'autant plus sa perplexité, elle savait que Numési avait rejoint leurs rangs il y a douze ans environ, soit six années avant la mort de sa mère. Peut-être qu'elles s'étaient connues durant cette période. Trop de questions, aucune réponses, de quoi faire naitre un sentiment d'exaspération en son sein. Finalement tout cela la ramenait vers sa mère, elle qui passait son temps à tenter d'effacer son souvenir pour éliminer sa culpabilité, c'était à croire que le monde entier se liguait contre elle pour lui rappeler sa responsabilité. Elle soupira, un jour ou l'autre il faudrait faire face, depuis ce jour fâtidique jamais elle n'était revenue sur les lieux du massacre pour lui rendre un dernier hommage, jamais elle n'était allée rendre visite à ses grands-parents maternels, jamais elle n'était allée sur la tombe de Vestele pour lui demander pardon d'avoir désobéi, jamais elle n'avait vraiment fait son deuil. Au lieu de cela, elle s'était mise en tête de retrouver son hypothétique géniteur sans même savoir si il était toujours vivant, quelle serait sa réaction face à une fille de 18 ans complètement inconnue, sans savoir si elle-même ne serait pas déçue de la rencontre.
Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit compte d'une présence dans son dos que trop tard quand le tranchant d'une lame se posa sur sa gorge:

"A quoi joues-tu ma Soeur? Laisser ton esprit vagabonder dans les nuages en ce moment peux te coûter la vie, et celles de nos Soeurs qui te font confiance pour ouvrir leur voie"

La demi-elfe se détendit, ce n'était que Hacatra qui voulait lui donner une leçon, celle-ci retira sa lame pour permettre à Méliane de se dégager. Elle se retourna contrite et les yeux baissés:

"Désolé ma Soeur, je ... j'ai ... cela ne se reproduira plus."

S'excuser était inutile, elle avait manqué à son devoir et fuir, une fois de plus, ne résoudrait rien. L'elfe acquiessa de la tête, sans sourire pour autant, et lui fit signe de se remettre en route.

Quand le reste du groupe les rejoignit, elles surveillaient l'entrée du temple adroitement cachées dans les buissons du sous-bois. Bien que la nuit commençaient à tomber et que les premières étoiles s'allumaient dans le ciel qui s'obscurcissait, les Soeurs du Premier Sang y voyaient comme en plein jour grâce à leurs masques. Par souci de discrétion, elles discutaient en utilisant le langage des signes:

"Avez-vous repéré quelque chose?"
"Non, c'est à croire que cet endroit est désert, il n'y a aucune traces récentes dans les parages, l'activité de la faune locale ne semble pas dérangée par une quelconque activité extérieure. Soit ils font preuve d'une extrême discrétion, soit il y a belle lurette qu'il n'y a plus personne ici"

Kethra réfléchit quelques instants, elle fut un instant tentée d'arrêter là et de s'en retourner mais effaça cette idée. Elles étaient ici pour investir ce mausolée, et elle comptait bien mener cette mission à bien comme à chaque fois. Elle fit un signe impératif de la main:

"On y va"

Le groupe se divisa aussitôt en quatre groupes, le premier mené par Kethra accompagnée par Umil, Arveene, et Aloniira chargé de reconnaitre l'intérieur. Aloniira fouillait à la recherche de pièges éventuels sous la protection de ses trois Soeurs. Erin et Shennesta se retrouvait dans le groupe de soutien qui suivait en compagnie de Kira et de Blaevra. Numési, Méliane et la Soeur qui accompagnait Kira au matin assurait l'arrière-garde. Hacatra restait avec Harald à l'extérieur en surveillance.

Une fois entrées à l'intérieur du bâtiment, il fallait bien reconnaitre que celui-ci était abandonné, la couche de poussière sur le sol était uniforme et semblait ne pas avoir été dérangé depuis des siècles. Méliane tous les sens aux aguets, ne voyait rien d'autres que des murs fissurés, des tombes ouvertes aux couvercles brisés sur le sol signe du passage de pilleurs de tombes, les occupants devaient être transformés en poussière depuis bien longtemps, même les socles de statue ne portaient plus rien. Les inscriptions en Néthérisse indiquaient que ce bâtiment remontait au Bas-Néthéril, donc au plus 4000 ans.

Un sentiment d'inquiétude commença à poindre dans le groupe de tête et via le lien empathique se propagea au second groupe, et de là au troisième. Quelque chose devait avoir attiré l'attention du groupe de tête, Méliane inspecta les environs de plus belle à la recherche d'un indice, en fin de compte c'est la poussière qui lui mit la puce à l'oreille. Même si plus aucun humanoide n'avait mis les pieds ici depuis des années, il y aurait du y avoir des traces quand même, petits animaux, insectes, or à y regarder de plus près non, la disposition de la poussière était trop parfaite.

Message par **Ugo** » jeu. 17 nov. 2011, 18:16

Les trois groupes finirent par se rejoindre, leurs membres continuaient à utiliser le langage des signes inspiré de celui des drows d'Outreterre pour communiquer entre elles. La supposition de Méliane était juste, la parfaite uniformité de la poussière était ce qui avait alerté les membres du commando mais personne ne parvenait à en saisir la vraie nature. La simple logique disait qu'il sagissait d'un leurre magique, pourtant quand Kethra lança un sort de dissipation suprême la poussière resta en place, soit la magie du leurre était très puissante, soit leur première impression était erronnée. Les minutes suivantes la discussion tourna en un débat passionné et en même temps étrange puisque pas une seule parole n'était échangée et que les seuls sons audibles étaient les déplacements de l'air provoqués par un mouvement brusque par l'une ou l'autre des participantes. L'une signalait que si leurs ennemis avaient créé une magie qui affectaient leurs tatouages alors qu'il était normal qu'il ait aussi développé une magie qui n'était pas affectée par leur propre magie. Ce à quoi lui était répondu que le sort lancé était commun aux différentes régions et peuplades du continent. Une autre rappela que rien ne permettait d'affirmer que leurs ennemis étaient derrière cela et que le but de cette mission était justement de le découvrir, toute la teneur du reste était du même acabit.

Méliane, Shennesta et Erin suivaient cela à plusieurs mètres de distance, impressionnées par leurs ainées elles n'osaient pas se mêler à la discussion, ne sachant que dire de toute façon. Parmi elles, seule Kira restait également en retrait regardant le plafond d'un air absent comme si tout cela ne la regardait pas. D'un coup Erin s'avança et s'approcha du groupe toujours occupé à brasser de l'air. Elle tenta dans un premier temps de capter leur attention par signes mais en pure perte, elle lâcha donc un laconique "Excusez-moi" qui sonna comme un coup de canon dans le silence ambiant.

Néanmoins cela eut l'effet escompté puisque elles eut l'attention des autres Soeurs qui se tournèrent vers elle comme une seule femme interrompant de fait leur discussion animée. Numési dont les gestes trahissaient l'agacement devant l'effontrerie d'une de ses protégées sugna:

"Quoi!"

Reprenant le langage des signes, Erin répondit:

"J'ai peut-être la solution"

Intéressée, Kethra intervint à son tour:

"Tu en es sûre?"
"Oui"
"Alors vas-y"
"Je ne crois pas que ce soit une bonne idée"
"Numési tu devrais avoir plus confiance dans les autres tu sais, vas-y Erin"

Stimulée par les encouragements de Kethra, Erin se plaça à l'endroit qu'elle avait choisi, tira son épée du fourreau et s'entailla la main. Du sang s'écoula aussitôt de la blessure et tomba goutte à goutte sur le sol, la jeune prêtresse commença alors à incanter dans un mélange d'intonations gutturales et doucereuses, ce que certaines identifièrent comme un mélange d'Infernal et de Céleste. Le sang au sol commença alors à se déplacer comme si il était vivant et se mit à former des arabasques en encerclant Erin peu à peu. Plusieurs murmures s'élevèrent de l'assemblée présente, le spectacle impressionnait vraisemblablement certaines des Soeurs présentes. Numési s'adressa à Kethra:

"Que fait-elle? Je ne reconnais pas ce rituel"

Celle-ci, le regard fixé sur la prêtresse, lui répondit d'un ton où perçait une pointe d'admiration:

"Un Rituel de Sang, une très puissante magie pratiquée par les plus puissants extérieurs, normalement Erin est trop jeune pour pouvoir l'utiliser mais sa nature hybride semble être un facteur prépondérant. L'une de ses mères à du lui apprendre les fondements."
"Ce n'est pas dangereux?"
"Eh bien à vrai dire...l'utilisateur prend de gros risques, alors si, c'est dangereux."

L'inquiétude de Numési monta en flèche, avec son groupe on pouvait toujours s'attendre à une catastrophe et là les conditions étaient réunies, elle reporta son attention sur Erin. Bras écartés, les ailes déployées, les yeux comme des orbes rougeoyant, elle lévitait à plusieurs centimètres du sol son incantation montant crescendo. Relevant les bras au-dessus de sa tête, elle joignit ses mains quand elle termina son incantation et une vive lumière blanche envahit alors tout le bâtiment. La poussière présente commença alors à prendre une légère teinte bleutée qui s'étendit bientôt à l'ensemble du sol, des murs et même le plafond.
Erin se posa sur le sol et inspectant le résultat lança un joyeux:

"Et voilà"

Toutes la regardèrent étonnées, Numési l'interpella:

"Tu as fait quoi exactement?"
"Une simple détection de la magie, avec un peu de puissance en plus"
"Une détection de la magie, tu as accompli un Rituel de Sang pour une détection de la magie. Ma vieille je crois que tes protégées sont complètement folles"

Arveene leur intima le silence:

"Mes Soeurs je crois que le sort à un effet secondaire inattendu"

Elles regardèrent toutes dans la direction indiquée par son doigt, là-bas la poussière était agitée d'un léger tremblement. Ce tremblement, tout comme le sort précédement s'étendit peu à peu à l'ensemble de la poussière présente. Et soudain, elle s'envola formant un tourbillon qui s'envola dans toute la pièce avant de se concentrer quelques mètres en face du commando dont les membres se mirent en position de combat prêtes à combattre. La poussière prit une forme vaguement humanoide et commença à s'agglomérer, d'abord indistinct les traits de la créature finirent par devenir plus précis jusqu'à donner forme à un humanoide cristallin aux traits grossiers d'une taille de huit mètres de haut.
Numési s'adressa à Kethra:

"Ne me dis pas que la création d'un golem de cristal est le genre d'effet secondaire inattendu qui pouvait survenir?"
"Non, je crois plutôt qu'il a décidé de se montrer avant qu'on ne le découvre par nous-même"

Le golem s'avança vers elles bien décidé à les écraser.

Message par **Ugo** » dim. 27 nov. 2011, 18:06

Méliane leva les yeux sur l'immense créature ne sachant que faire, elle avait bien sûr appris au cours de ses entrainements à affronter des créatures de grande taille et des golems. Mais elle ne s'attendait pas à ça maintenant qu'elle se retrouvait face à pareil adversaire en situation réelle. Elle déglutit avec difficulté, en position de combat mais à sa grande surprise tremblant de tous ses membres, Erin et Shennesta vinrent se placer à ses côtés et elle sentit qu'elles aussi n'étaient pas rassurées. Heureusement pour elles, le golem avait une autre cible en point de mire pour le moment.
Numési et plusieurs autres membres de l'expédition harcelaient le golem, frappant et se repliant avant que l'humanoide minéral ne puisse les toucher encore et encore. Pendant que ses compagnes harcelaient la créature, Arveene se plaça discrètement derrière le monstre et quand elle jugea le moment opportun se jeta sur celui-ci et plaquant sa main sur son dos cria le mot qui libéra le sort qu'elle avait mis en route avant de sauter au sol et de se mettre hors de portée d'un dernier réflexe de la créature.
Une lumière orange commença à s'étendre à partir du point d'impact et envahit bientôt l'ensemble de la créature qui poussait de drôles sons cristallins au fur et à mesure que la souffrance la prenait. pourtant à la grande stupéfaction des Soeurs, alors que des lignes de fracture auraient du apparaitre et réduire le golem en gravats, la lumière s'estompa et disparut, le golem se redressa de toute sa taille apparemment sans séquelle.

Ce sort avait pourtant été spécialement mis au point par les Soeurs du Premier Sang à partir du sort de fracassement pour détruire les golems de toute sorte, la seule explication qui semblait possible leur sauta aux yeux:

"S'il nous fallait une preuve la voilà, il est immunisé à notre magie"
"Que fait-on, alors?"
"Méthode classique, en avant"

La méthode classique étant de frapper jusqu'à ce que la bête soit morte tout en évitant les coups, ce qui n'était pas évident étant donné que les épées des Soeurs causaient un grand nombre de profondes entailles qui ne faisaient pas grand mal au golem, que les différents sorts lancés ne lui faisaient aucun effet, et que les flèches se révèlèrent vite totalement inefficaces. Seuls les carreaux explosifs montraient une réelle efficacité, le premier toucha le golem au bras et en explosant le lui coupa au niveau du coude, privant la créature d'une partie de sa capacité offensive. Blaerra rechargea et mit en joue mais n'eut pas le temps de tirer car elle dut éviter un couvercle de tombe projeté par le golem sans pour autant éviter d'être touchée à la main ce qui lui fit lacher son arbalète de poing. Se tenant le poignet, elle dut battre en retraite précipitement pour éviter de se mettre inutilement en danger, Umil protégeant sa retraite.
Une fois qu'elles eurent trouvé le moyen de mettre fin au combat, celui-ci finit rapidement, elles s'attaquèrent d'abord aux jambes du golem et dès qu'il fut au sol l'achevèrent promptement. Les Soeurs du Premier Sang n'eurent que des pertes légères, en plus du poignet cassé de Blaerra, il y avait quelques égratinures mais rien de bien méchant.
Aloniira qui fouillait la pièce après que le combat ait tout dévasté appela Kethra et attira son attention sur une tombe brisée dans l'affrontement:

"Regardes le fond de cette tombe, elle dissimule une entrée secrète"

Kethra considéra tour à tour l'entrée secrète, la grande salle dévastée et le groupe dont elle avait la charge. L'endroit semblait sécurisé mais elle ignorait ce qu'elle allait trouver en-dessous. Elle se décida enfin:

"Aloniira, Arveene, Umil, Kira et Hacatrah vous venez avec moi nous allons inspecter ce qu'il y a en-dessous de cette plaque plus attentivement. Les autres vous restez là, si on a besoin de vous on vous appelera."

L'halfeline examina la trappe avec attention, n'y décelant aucun piège elle l'ouvrit révélant un escalier qui s'enfonçait dans les profondeurs. Umil déclara après une rapide inspection que cet escalier semblait dater de la même époque que le bâtiment et que si le golem n'avait pas brisé cette tombe et bien personne n'aurait trouvé cette porte secrète à moins de connaitre son existence. Aloniira constata que quelqu'un avait emprunté ce passage il y avait quelques semaines au plus tard. Kethra donna ses dernières instructions:

"Faisons montre d'une extrême prudence, nous ignorons ce que nous allons trouver et maintenant prudence"

Armes en main, le groupe s'enfonça dans les ténèbres, ses membres y voyant parfaitement grâce aux enchantements de leur masque, conscientes que la magie du golem leur avait échappé et que d'autres surprises du même acabit pouvaient les attendre.

Quand le groupe de Kethra disparut sous terre, Méliane s'approcha de Numési:

"On peut discuter discrètement?"

La cylon se leva:

"Allons-y, je pense savoir de quoi tu veux parler".

Message par **Ugo** » ven. 02 déc. 2011, 17:49

Les deux femmes s'assirent sur un banc de pierre placé le long d'un des murs du mausolée, Numési espérait que Méliane briserait la première le silence gêné entre elles mais la demi-elfe se contentait de la regarder fixement dans les yeux sans ciller attendant des réponses. L'ainé des deux femmes entra dans le vif du sujet puisque sa cadette n'attendait que ça:

"Est ce que la Bataille des Larmes évoque quelque chose pour toi?"

Méliane, plissa les yeux, étonnée par la question:

"Oui, c'est le nom donné à une bataille contre un puissant ennemi pour lequel notre communauté a payé un prix élevé et qui a fait couler beaucoup de larmes, dont le nom. Elle a eu lieu il y a huit ans si je me rappele bien, je me souviens de l'atmosphère lourde qui a pesé dans les couloirs de la citadelle durant plusieurs semaines, mais je ne vois pas en quoi cela à affaire aujourd'hui"

Numési prit les deux mains de Méliane dans les siennes et prenant un ton grave annonça:

"Parce que j'ai participé à cette bataille, avec Kethra, Kira...et ta mère."

Méliane retira ses mains de Numési, secouant la tête, elle balbutia:

"Tu connaissais ma mère?"

La cylon se releva et commença à marcher suivie par Méliane, complètement perdue:

"Pas personnelement, nous n'étions même pas dans le même groupe. Il ne s'agissait pas d'une bataille mais d'une simple action de représaille d'envergure comme nous en faisons souvent. Ici en l'occurence pour venger une novice en Chelak capturée et sacrifiée à Malar par ses adorateurs du Bois Sanguinaire, le genre d'opération qui ne nous coûte rien en temps normal..." Elle s'interrompit un instant le regard dans le vague, ses pensées remontant le fil de ses souvenirs "...mais là. C'était la première fois que je participais à une opération de cette envergure, j'étais sous les ordres de Kethra dans un des trois groupes chargés de détruire divers campements malarites. Le plus gros effort devait être porté sur le camp principal par une force de 300 combattantes, ce groupe était dirigé par celle qui châpautait l'ensemble des actions, Kira. Ta mère était son officier en second.
Kira était une ancienne adoratrice acharnée de Tempus, et malgré le fait qu'elle ait rejoint nos rangs elle suivait encore trop les principes du Dieu de la Guerre, jusqu'à cette nuit là. Au lieu d'utiliser nos techniques habituelles d'infiltration, elle choisit de charger de front en vociférant des hymnes pour la gloire et la victoire sans éliminer les sentinelles ou désamorcer les pièges." Elle s'arrêta et prit une profonde inspiration "Plus de la moitié de nos Soeurs mordirent la poussière et ne se relevèrent pas. Après la bataille, ta mère combattit Kira et la livra au jugement du Conseil, Kira fut condamnée à être une hors-caste jusqu'à sa mort et bannie de la Citadelle. Aux dernières nouvelles elle était affectée à l'enclave de Luskan où elle passe son temps à écluser les tripots de la ville, acceptant de se faire saillir par n'importe qui accepte de lui payer un verre."

Dans son dos Méliane commenta l'attitude de Numési et Kethra:

"Je comprends, vous pensiez qu'elle risquait de se venger sur moi de sa déchéance, déchéance qu'elle impute à ma mère"
"Tu comprends bien, ta mère a agi selon ses principes et ceux de notre ordre et n'est en rien responsable de ce que lui reproche Kira, la seule fautive de ce qui lui est arrivé."

Méliane se cala contre un mur les bras repliés sur la poitrine, cela faisait beaucoup de révélations d'un coup. Numési posa la main sur son épaule, lui apportant un soutien moral inattendu.
Un sentiment de désespoir et de détresse envahit alors leur esprit, au moins une de celles qui étaient descendues remontait et les nouvelles ne devaient pas être bonnes. Arveene appart alors, elle interpella Erin:

"Prêtresse, viens avec moi nous avons besoin de tes services"

Erin suivit l'humaine, imitée par les autres Soeurs présentes, rien ne menaçait ici alors autant savoir ce qui avait été découvert en bas.

Message par **Ugo** » mar. 06 déc. 2011, 19:39

L'escalier était étroit et dégageait un sentiment d'oppression, Méliane n'était pas mécontente d'être accompagnée pour le descendre et nul doute que chacune des femmes présentes pensait exactement la même chose. L'escalier comportait une trentaine de marches puis se prolongeait en un couloir tortueux sur une centaine de mètres. Les murs étaient rugueux et le sol inégal, ceux qui avaient creusé ce passage ne s'était pas embarassé de garnir de dalles taillés ou de sculpter des bas-reliefs dans les murs et il en était de même lorsqu'elles débouchèrent dans une salle grossièrement taillée elle aussi.
Celle-ci était de forme plus ou moins sphérique et faisait approximativement une vingtaine de mètres de rayon, le mobilier présent était en bois et son bon état semblait indiquer que sa présence datait de bien moins loin que le bâtiment au-dessus de leurs têtes.
Le sentiment de tristesse qui émanait des Soeurs déjà présentes se déversa en elles comme un raz-de-marée contre lequel elles ne purent lutter, au centre de la pièce il y avait trois tables en bois sur lesquelles reposaient trois femmes apparement mortes. Les robes qu'elles portaient ne pouvaient pas laisser de doutes quand à leurs identités, il s'agissait des anciens modèles de cottes de mailles que portaient les Soeurs du Premier Sang jusqu'à leur remplacement l'année dernière par un modèle de cotte de maille elfique améliorée. La couleur émeraude indiquait aussi qu'ils s'agissait de jeunes novices comme Méliane, Erin et Shennesta.
Numési se tourna vers Kethra:

"Est-ce des Disparues?"

Le visage fermé, Kethra acquiessa:

"Oui, je connaissais personnelement celle-ci..." désignant la première femme, une jeune humaine aux longs cheveux bruns, "...j'imagine que les deux autres font partie des Soeurs disparues que nous recherchons également."

Elle s'adressa ensuite à Erin qui était restée sur le seuil de la pièce:

"Je sais que tu n'est pas de la caste des guérisseuses mais tu es la seule prêtresse que nous ayons sous la main et nous aurions besoin que tu les examines de plus près, Erin."

Erin regarda l'ensemble présent non sans appréhension, la jeune éffrontée avait fait place à une jeune femme terrifiée. Seules les prêtresses, et en particulier celles qui se destinent au soulagement des blessés, peuvent manipuler les cadavres des Soeurs du Premier Sang, Erin avait choisi de suivre la voie martiale pour ne pas s'occuper de ce genre de tâche malheureusement tout ne se passe pas comme on le voudrait.
Elle s'avança jusqu'à la première morte, les mains moites, les ailes recroquevillées, et le coeur battant, en plus la présence de toutes les autres scrutant ses moindres gestes ne risquait pas de l'aider à trouver la sérinité.
Elle toucha délicatement la peau du visage de la jeune femme et son appréhension s'envola pour être remplacée par l'interrogation, sous sa main la peau était froide mais pourtant gardait la souplesse de la vie. Elle se pencha pour sentir la gisante mais ne détecta aucune odeur de décomposition, elle tenta de détecter un souffle ou un battement de coeur mais ne trouva pas de signe de vie, elle l'inspecta sommairement puis répéta le même manège avec les deux autres mortes sous les regards interrogateurs des personnes présentes. Enfin elle s'adressa aux autres Soeurs, Kethra et Numési en particulier:

"Malgré l'évidence, je pense qu'elles ne sont pas mortes. Cela ressemble à un sommeil très profond qui a l'apparence de la mort."

La responsable de l'expédition la questionna non sans laisser poindre un semblant de suspicion dans le ton de sa voix:

"Tu es sûre, il existe des sorts qui préservent le corps des mourants et qui sont très appréciés par les nécromanciens."

Piquée au vif et sa timidité définitivement envolée, Erin était résolue à ne pas se laisser s'en remonter:

"Je n'ai peut-être pas souvent l'occasion de m'occuper des corps de mes condisciples..." ce qui était vrai, c'était ici sa première fois "...mais je sais reconnaître une morte d'une presque morte, et ces trois femmes ne sont pas encore prêtes à être entêrrées."

Kethra ne sembla pas vraiment convaincue mais faute d'une prêtresse plus expérimentée sous la main elle était bien obligée de suivre l'avis d'Erin pour l'instant. Elle regarda les trois corps allongées:

"Que leur est il donc arrivé?"
"Je l'ignore, à première vue elles ne portent pas de blessures apparentes, il faudra qu'elles soient rapatriées à la Citadelle de la Lune pour être examinées par des Soeurs qui ont plus de connaissances que moi et les sorts appropriés."
"Je voudrais voir leur Marque du Destin."
"Si tu veux mais je doute qu'elle nous en apprenne beaucoup"

Erin alla aux pieds de la plus proche gisante et entreprit de lui ôter la botte droite, elle remonta ensuite la cotte de mailles jusqu'au genou pour exposer le tatouage qui racontait la vie de sa porteuse. La Marque du Destin de celle-ci représentait une plante grimpante de la famille des muguets aux petites cloches jaunes qui poussait dans le Bois de Yuir en Aglarond. Erin l'examina attentivement tout en commentant ce qu'elle avait sous les yeux:

"Elle était en Chelak depuis plus de deux ans et était sur le retour", désignant une feuille déchirée "elle a eu une grave blessure dans la première année" elle lui ôta sa cotte ne lui laissant que ses sous-vêtements, une cicatrice longue de vingt centimètres marquait effectivement son flanc droit laissé par un coup d'épée semblait-il, Erin continua son analyse "une autre blessure quatre mois plus tard, encore une autre, et une autre, son parcours a été plutôt mouventé..." dit-elle, avant d'enchainer en souriant "...mais pas toujours désagréable, elle a souvent partagé sa couche" désignant plusieurs grappes de fleurs plus éclalantes que d'autres. "Voilà qui n'est pas habituel" s'exclama t-elle en montrant la tête de la plante, celle-ci représentait une partie de la plante séchée, comme morte, "peut-être s'agit-il de l'expression de son état actuel, je n'ai encore jamais vu une Marque du Destin...décrépie."

Plusieurs des Soeurs présentes s'avancèrent pour observer ce détail incongru ce qui entraina plusieurs murmures inquiets dans la salle, Méliane aussi s'avança pour examiner le tatouage et désigna un point précis du doigt:

"Regardez ce cercle sombre sur la tige, j'ai le même depuis l'attaque que j'ai subi"

Erin, examina la Marque du Destin des deux autres femmes et observa les mêmes caractéristiques. Kethra déclara:

"Plus aucun doute n'est désormais permis, nous allons prévenir la citadelle pour que l'on vienne chercher ces trois malheureuses et découvrir ce qui leur est arrivé. La mission est terminée."

Une voix anonyme conclua:

"Puissions nous trouver les autres disparues."

Message par **Ugo** » ven. 16 déc. 2011, 21:55

INTERLUDE

1373 cv, Myrtul 1: Quelque part dans le Désert de l'Anauroch.

A cet instant Dorian aurait donné tout ce qu'il possédait, y compris les vêtements qu'il portait pour être n'importe où ailleurs que dans cet endroit. Il avait rejoint cette organisation il y a six mois par simple avidité, à en croire les rares rumeurs qui circulaient parfois, les richesses des Soeurs du Premier Sang étaient infinies et rendraient chacun des membres de l'organisation immensément riches après leur défaite, sans compter qu'il y aurait surement des prisonnières et qu'il comptait bien se servir. Au contraire ses deux acolytes, Ismael et Jergal, tu parles d'un nom, étaient de vrais fanatiques et se seraient jeté d'un seul homme dans la gueule de la tarasque si un supérieur le leur demandait.

Faire partie d'un groupe de trois humains en face d'une douzaine de dragons chromatiques assez grands pour les avaler d'une seule bouchée était évidemment en soi assez flippant. Cela faisait trois heures que Jergal tentait à toute force de convaincre les wyrms de rejoindre leur cause sans grand succès jusqu'à présent. Dorian était certain que le cadeau de départ, deux jeunes dragons métalliques (une argentée femelle et un bronzé mâle) entravés par des chaines magiques, n'allait pas être du gout de leurs interlocuteurs. Oui, les chromatiques et les métalliques se détestent cordialement mais quand une race inférieure se mêle d'avilir un dragon, cela déplait à tous. L'autre grand problème à solutionner était la relation commerciale que chacun des dragons présents entretenait avec les Soeurs du Premier Sang, un peu de leur sang en échange de pièces ou de joyaux en très grand nombre. Un prix que certains royaumes auraient du mal à réunir, et évidemment les dragons n'étaient pas près de renier cet accord juteux sans une contrepartie au moins égale, si pas plus en raison de l'insulte faite à la race draconique d'enchainer les deux jeunes dragons.
Ajouté au fait qu'un dragon n'apprécie jamais de laisser son trésor seul trop longtemps, plus de trois heures par exemple, et que le climat local n'était pas du goût de certains des reptiles présents, en particulier les verts Elaacrimalicros et Chlororacridara, noirs Vitholin et Wastirek et le blanc Arauthathor qui montraient des signes d'impatience de plus en plus évidents. Imvaernarhro un grand dracosire rouge qui vivait dans les Monts Etoilés de la Haute-Forêt monopolisait la conversation et parlait au nom de tous, aveuglé par son fanatisme Jergal et Ismael ne s'était pas encore rendu compte que le ver jouait avec eux comme le chat avec une souris.

"Admettons que nous acceptions votre offre et nous nous privions du même coup d'un revenu plus qu'appréciable, pourquoi devrions nous risquer nos vies à affronter des combattantes qui ont les moyens de nous terrasser?"
"Les Soeurs du Premier Sang ne vous concerneraient pas, ô puissant Imvaernarhro, vous devriez juste vous occuper des sept dragonnes d'or qui partagent leur compagnie"
"Tes prôpos sont bien curieux, aucun d'entre nous n'a connaissance de ces dragonnes, vous moquer de nous serait malvenu"

Des fumerolles commencaient à sortir des naseaux du grand rouge, signe que le chat commençaient à se lasser du jeu. Cette fois jergal s'aperçu de la situation et leva les mains en signe de paix:

"Non non vénérable, je vous jure que c'est vrai, les Soeurs du Premier Sang gardent jalousement le secret de leur existence"

Les fumerolles s'évanouirent, au grand soulagement de Dorian qui crut que le dragon allait les rôtir sur place:

"Admettons, que savez-vous d'elles, si elles existent réellement?"

Jergal nota avec satisfaction que Imvaernarhro semblait enfin marquer un réel intérêt pour quelque chose, les dragons rouges détestant particulièrement les dragons d'or. Encouragé il dit le peu qu'il savait:

"Tout ce qui nous savons, c'est que leur mère s'appellait Caltryx et que les premières Soeurs du Premier Sang ont profité de son savoir et de ses richesses pour se développer."
"Caltryx as tu dit?"
"Oui vous la connaissiez?"

Jergal prit la question pour un intérêt plus marqué de la part du grand wyrm, il en conclut qu'il s'agissait d'une ennemie de celui-ci et que la perspective de détruire sa progéniture était l'appât qui allait lui permettre de le ferrer définitivement. Dorian remarqua au contraire que tous les autres dragons présents fixaient Jergal avec une animosité non dissimulée, ce que ne vit pas ce dernier, pour une raison inconnue quelque chose venait de changer dans l'attitude des dragons et Dorian ignorait quoi.
Considérant les deux jeunes métalliques enchainés, le dracosire les désigna d'une patte en s'adressant à Jergal d'une voix aussi dure que l'acier:

"Libère-les"

Jergal obtempéra de bonne grâce, persuadé que la mise à mort des prisonniers allait sceller leur accord. Une fois la formule magique de circonstance lancée, les chaines tombèrent au sol. Alors qu'ils auraient du trembler de tous leurs membres dans l'attente de leur mort lente et douloureuse, les deux dragons métalliques regardaient Jergal de la même manière que les chromatiques, non décidément quelque chose ne tournaient pas rond, dorian retint sa respiration dans l'attente de ce qui allait survenir.

"Vous deux c'est votre jour de chance, décampez et vite" dit Imvaernarhro aux deux jeunes dragons qui s'envolèrent aussitôt sans poser de questions. Ils disparurent bientôt à l'horizon sans qu'aucun des dragons chromatiques présents ne fasse mine de les prendre en chasse ou même ne leur accorde un regard, concentrant leur attention sur les trois humains. Jergal ne comprenait plus rien à la situation et demanda d'une voix hésitante:

"Vénérable...il y a un problème?"

Le grand ver ne lui répondit pas, il regarda Jergal en plissant les yeux jusqu'à ne laisser que deux fentes. Sans prévenir, il libéra son souffle carbonisant Jergal et Ismael.
Tremblant Dorian ouvrit les yeux et fut étonné d'être encore en vie, baissant les yeux il aperçut les cadavres noircis et racornis qui restaient de ses deux compagnons et se rejeta en arrière en poussant des cris de terreur. Il hurla de plus belle quand Imvaernarhro rapprocha sa gueule à moins de cinq centimètres de son visage, l'étouffant presque avec son haleine suffocante:

"J'ai un message pour tes maitres, notre réponse est non. Le destin des Soeurs du Premier Sang ne nous concerne pas, mais touchez une seule écaille des filles de Caltryx et l'ensemble des dragons de Toril s'uniront pour vous faire disparaitre jusqu'au dernier quelque soit l'endroit où vous vous cacherez."

Sur ces mots il déploya les ailes et s'envola, imité par tous les autres dragons présents qui s'éparpillèrent en direction de leurs tanières respectives dans un tourbillon de sable, laissant Dorian seul et terrorrisé au milieu du désert.

Message par **Ugo** » sam. 31 déc. 2011, 23:16

CHAPITRE 10: LE CHEMIN CONTINUE

1373, Myrtul 1: Bois accessibles

Les heures suivantes se passèrent dans un silence pesant, les trois corps furent sortis à l'air libre avec déférence et allongés avec douceur sur la pelouse par les membres du groupe. Pendant que Kethra faisait son rapport via une petite boule de cristal auprès de ses supérieures, les différents Soeurs présentes s'étaient éloignées dans toutes les directions pour être seules avec leurs pensées, même Numési s'était isolée de ses quatre protégés qui s'étaient rassemblés sous la ramure d'un grand érable. Tout le monde fixait ses pieds ou un point vague dans le lointain, les coeurs alourdis par le chagrin, la forêt elle-même si bruissante de vie semblait partager la tristesse ambiante.

Son compte-rendu terminé et ses nouvelles instructions reçues, Kethra rangea sa boule de cristal et rassembla ses femmes autour d'elle, y compris Harald, pour faire part des nouvelles reçues d'un ton très las:

"Bon, les membres du Conseil sont évidemment affligées du sort de nos trois Soeurs mais en même temps heureuses que nous les ayons retrouvées. Mais malheureusement l'espoir de retrouver nos autres consoeurs disparues vivantes et en bonne santé s'est considérablement amoindri, notre communauté va redoubler d'effort pour les retrouver mais maintenant nous ne pouvons qu'espérer leur fournir une sépulture décente. Numési, ton groupe a parfaitement rempli son rôle aujourd'hui, vous pouvez reprendre votre route. Quand aux autres, nous reprenons les corps de nos Soeurs et rentrons à l'avant-poste où un autre groupe les prendra en charge pour les ramenrer à la Citadelle. Où est Aloniira?" demanda t-elle soudain en ne la voyant pas parmi les femmes présentes.

Elle n'eut pas à chercher longtemps après l'halfeline car à peine eut-elle posé la question que celle-ci sortit des ruines avec un livre poussiéreux sous le bras. La roublarde marqua un temps d'arrêt en voyant que tous les regards était posés sur elle avant de rejoindre le groupe et de tendre le livre à Kethra en déclarant:

"J'ai trouvé ceci coincé sous l'une des tables. La grande majorité des aventuriers l'ignore mais bien souvent les meilleures cachettes sont les plus évidentes car considérées comme trop faciles dans l'inconscient des gens qui du coup ne prennent pas la peine de soulever un coussin ou de regarder sous une table."

Kethra inspecta longuement l'ouvrage qu'elle avait dans les mains, une épaisse reliure en cuir craquelé sans signe distinctif. Ses pages semblaient prêtes à tomber en poussière aussi les tournait-elle précautioneusement. L'écriture était un mélange de Draconien, Loross, Néthérisse, Infernal, Céleste et un ou deux dialectes qui ne lui disait rien du tout. Certains des textes semblaient être des formules magiques, d'autres des protocoles d'expériences, et enfin, certains semblaient sans queue ni tête. Présumant qu'il s'agissait du tome d'un magicien, elle le referma le livre, il serait confié au groupe avec qui elles avaient rendez-vous. Les érudites de la citadelle étaient plus à même qu'elle de percer tous ses secrets.

Pendant que Méliane, Erin, Shennesta et même Harald, qui s'était spontanément proposé d'aider et n'avait reçu aucun refus, aidèrent les autres femmes à confectionner des brancards pour transporter les trois corps. Numési entraina Kethra à l'écart pour s'entretenir avec elle d'un sujet un peu personnel, quand elle furent hors de portée d'écoute l'ainée l'invita à parler d'un signe de tête:

"Ma requête va peut-être te paraitre inappropriée étant donné la situation présente, mais l'autre jour la jeune Erin a levé une question intéressante. Que j'ai balayé d'un revers de la main au départ mais qui depuis s'est insinuée dans mon esprit comme la souris dans le fromage et a fini par y faire son nid. Comme compagne de voyage de trois jeunes Soeurs qui font leur Chelak, peut-on considérer que j'accomplis moi aussi le mien puisque je ne suis jamais passée par cette étape?"

L'air grave de Kethra se nuança lentement d'une hilarité discrète mais contenue, alors qu'elle éclaira son amie:

"Décidément, quand les ténèbres remplissent tout l'espace présent, il y a toujours une petite lumière susceptible d'apporter un peu de clarté quand on ne s'y attend pas. Pour répondre à ta question, je ne sais pas si le Conseil l'a fait intentionellement mais toutes les Soeurs désignées comme gardes du corps de chacun des groupes de novices en Chelak n'avaient jamais effectué leur pélerinage auparavent. Va savoir, il ne s'agit peut-être que d'un hasard."

Numési en doutait, le Conseil prenait rarement des décisions à la légère.

"J'aurai aimé être mise au courant dès le départ, d'autant plus que je ne peux faire ce que l'on attend de moi...je suis stérile."
"Il n'y a jamais eu de stérilité dans nos rangs depuis que notre communauté existe."
"Pour le peu que je me souvienne, il n'y a jamais eu de naissance à part une seule exception au sein de mon peuple."
"Si c'était vrai nous n'aurions pas cette conversation voyons, aies un peu plus foi en notre Déesse, elle ne fait pas de grands miracles comme les autres divinités de Faerûn mais en accomplit chaque jour une multitude de petits qui peuvent paraitre insignifiants aux yeux des incroyants"
"Oui tu as raison, ma mémoire me joue encore des tours"

Elle oubliait parfois que les gens ignoraient qu'elle n'était finalement qu'un golem de chair à l'apparence parfaite pourvu d'une conscience. Finalement la conversation s'arrêta là, elles rejoignirent leurs consoeurs qui avaient terminé leurs tâches, et après un bref au revoir, les deux groupes s'en allèrent chacun de leur côté. Numési sortit un parchemin d'une de ses bourses et le groupe fut téléporté dans leur chambre d'auberge à Scornubel. Ainsi se termina la journée.

Message par **Ugo** » ven. 06 janv. 2012, 14:24

Le lendemain, elles quittèrent la ville avant même le premier chant du coq en prenant une embarcation pour remonter la Chionthar jusqu'à la cité portuaire d'Iriador. De là, elles allèrent jusqu'à Arabel en passant par Estant, Proskur et en traversant la Corne des Tempêtes. Le passage de la chaine montagneuse ne fut pas une promenade de santé mais plutôt calme au regard des dangers inérants à ce genre de milieu. Bien que peuplés de plusieurs tribus orques, les deux garnisons du Cormyr qui gardaient les deux cols assuraient une relative sécurité aux voyageurs qui empruntaient ces voies, aussi mis à part deux rencontres avec quelques humanoides n'eurent-elles pas beaucoup l'occasion de se mesurer à d'autres adversaires.

Elles firent halte durant deux semaines à Arabel le temps de prendre du repos et d'envisager le meilleur chemin pour atteindre Melvonte sans problème, leur première idée avait été d'emprunter la route qui passait par Valombre et Vounlar jusqu'à Yûlash et ensuite de longer la Mer de Lune par la rive nord, mais les tensions latentes entre Château-Zhentil et Montéloy allant en augmentant Numési décréta qu'un changement de d'itinéraire s'imposait. Assez rapidement la Route de la Mer de Lune qui partait de Tilverton pour rejoindre Montéloy via le Gué d'Ashaba et qui traversait la forêt de Cormanthor par l'est fut privilégiée. A Arabel et chaque fois qu'elle en avait la possibilité Numési apprit certaines techniques de combat à ses protégés, en particulier Shennesta dont le combat rapproché comportait beaucoup de lacunes et Harald qui n'avait pas subi d'entrainement poussé au cours de sa vie. L'archère du groupe ricana bien un peu au début, mais quand elle se retrouva catapultée sur une distance de trois mètres après que Numési lui eut dit de l'attaquer alors qu'elle était désarmée, elle fut bien obligée de reconnaitre qu'elle n'était pas aussi forte qu'elle ne l'espérait.

La traversée de la forêt fut lente, la présence de factions drows et de fiélons la rendait dangereuse et le voyageur prudent sait prendre son temps quand le danger peut survenir à tout moment. Dans cet environnement, le rôle de Méliane comme éclaireuse fut important pour éviter des rencontres fâcheuses. En temps normal rencontrer des drows dans la Forêt de Cormanthor n'était pas dangereux pour les Soeurs du Premier Sang qui commerçaient quelques fois avec eux, mais comme la discrétion était de rigueur ces derniers temps la donne était changée. A un jour de marche de Montéloy, elles trouvèrent un camp d'elfes de la lune chargés de surveiller les incursions de la milice locale, le Rouge Plumet, dans la forêt. Les rôdeurs acceptèrent de leur montrer comment contourner la ville sans danger pour rejoindre voie qui menait à Arbrelfique.

Presque deux mois après avoir quitté Scornubel elles purent pour la première fois observer la grande étendue d'eau que l'on appelait Mer de Lune. Numési aurait voulu rester sur place quelques jours pour récupérer mais l'impatience de Méliane à retrouver son géniteur l'emporta finalement et quand le groupe se mit en marche à l'aube ce fut pour prendre un bateau qui les amènerait à leur destination finale.

Message par **Ugo** » ven. 06 janv. 2012, 18:14

Forjia Chase maugréa en secouant la tête dans une vaine tentative pour empêcher l'eau de ruisseler dans son dos et de la transir jusqu'à l'os. Cela faisait deux heures qu'elle et ses trois complices, trois hommes à peine sortis de l'adolescence, étaient embusqués le long du chemin reliant la cité à la Jetée, cela faisait deux heures que l'averse avait débutée. La jeune femme était superstitieuse voyant la main des divinités de Faerûn dans chaque chose qui arrivait chaque jour, et cette pluie lui semblait être un mauvais présage. Pourtant, il ne s'agissait que de tendre une embuscade à cinq voyageurs, un homme et quatre femmes dont trois du même âge que ses compagnons présents, qui allaient s'embarquer sur la Sirène Rougissante aujourd'hui, leur voler leur possessions de valeur, et au besoin les tuer si ils faisaient mine de résister.

Forjia n'était pas foncièrement mauvaise mais autour de la Mer de Lune, la survie du plus fort est bien souvent la loi qui prévaut et Forjia était une survivante. Le souvenir de la destruction de Château-Zhentil il y six ans était encore vivace dans son esprit, la mort de ses parents, la fuite dans une colonne de réfugiés et les camps où elle tentait de se raccrocher à tout ce qui ressemblait à une famille, rapinant juste assez de nourriture pour survivre. Par la force des choses elle finit par entrer au service d'un esclavagiste opérant sur Melvonte, ironiquement celui auquel une de ses précédentes "familles" avait tenté de la vendre auparavant, travaillant pour lui comme messagère. Il y a peu de temps son maitre avait été la cible d'attaques de la part d'un rival et elle avait jugé bon de se mettre au vert de l'autre côté de la mer, le temps que les choses se tassent et que l'un des deux camps l'emporte définitivement et qu'elle puisse revenir mener sa barque mais à son compte cette fois-ci. L'opération d'aujourd'hui était le premier coup qu'elle montait depuis son arrivée à Arbrelfique.

La pluie cessa presque aussi subitement qu'elle était venue ne subsistant plus que sous la forme de quelques gouttes qui tombaient par-ci par-là. Au tambourinnement continu des gouttes sur le feuillage des arbres succéda un silence quasi surnaturel, permettant à Forjia d'entendre quelqu'un s'approcher, sa cible s'amenait enfin. Se campant au milieu du chemin malgré sa tenue trempée, elle attendit l'apparition de ses proies. En l'occurence deux silhouettes encapuchonnées vêtues de longues capes les protégeant de la pluie qui ne laissaient dépasser que le bas du visage et qui s'immobilisèrent à quelques mètres de Forjia en s'apercevant de sa présence. L'inquiétude pointa le bout de nez dans l'esprit de Forjia, pourquoi n'y avait-il que deux voyageurs et où étaient les trois autres?
Contente que le foulard qui dissimulait son visage cachait également sa peur naissante, elle interpella les deux personnes présentes d'une voix qu'elle espérait suffisement assurée:

"Hey vous deux, débarassez vous de votre or et autres richesses si vous tenez à la vie, et pas de coup fourré où mes hommes vous abattront scéance tenante. Et laissez vos capes aussi"

Les deux étrangers n'eurent pas la réaction qu'elle escomptait, non seulement ils n'obtempérèrent pas restant totalement immobiles, mais en plus Forjia cru discerner un sourire s'esquisser sur l'un des visages dans l'ombre de la capuche. Trempée comme un chien galeux et armée de sa seule dague, elle comprit qu'elle n'impressionera pas grand monde comme cela, tant pis pour eux. Elle leva le bras et cria un simple "TIREZ!" à l'attention de ses complices.
Aucune flèche ne sortit de la végétation pour abattre les deux énigmatiques personnages, Forjia commença à reculer à mesure que la panique la gagnait, un pas puis deux puis trois. Un troisième personnage encapuchonné sortit du sous-bois un cimeterre à la main présentant du sang sur la lame. Quand Apparut une quatrième silhouette identique de l'autre côté du sentier, Forjia comprit que ses compagnons étaient morts et que la fuite était sa seule chance de voir le soleil se lever le lendemain. Mais alors qu'elle allait se retourner pour fuir une violente explosion s'illumina derrière ses yeux et elle tomba au sol, à la limite de l'inconscience, avant de sombrer dans le néant elle entendit une voix tranchante comme l'acier:

"Celle-ci on l'emmène avec nous"

Message par **Ugo** » ven. 13 janv. 2012, 17:49

INTERLUDE

1373, Flammeneige 1: Citadelle de la Lune

En observant le paysage au dehors par la paroi transparente, Jhaumrite Laelitar se dit que c'était décidémment une belle journée. Elle suivait la course dans le ciel des hirondelles chassant les insectes montés haut dans le ciel bleu par l'air chaud. Le soleil dans ce ciel sans nuages avait momentanément fait fuir les ombres qui hantaient les âmes des membres de la communauté depuis la fin de l'hiver, mais cela ne durerait pas. Cette constatation arracha un soupir à l'elfe des bois.
Maeve Calaumystar vint se placer à côté d'elle et passa son bras à la taille de sa compagne. Depuis toutes les années qu'elle partageait ses nuits avec la rôdeuse, elle avait appris à connaitre son état d'esprit sans l'aide du lien empathique partagé par toutes les Soeurs du Premier Sang. Jhaumrite posa sa tête sur l'épaule de la Dambrathienne qui constata:

"Tu es soucieuse, tu sais que les nuages noirs qui s'amoncellent à l'horizon pourraint balayer tout cela comme des fétus de paille."

L'elfe releva la tête, fixant l'horizon au nord:

"Depuis que je suis arrivé ici c'est la première fois que je doute, chaque fois que je pars au combat c'est avec la certitude que nous allons gagner parce que nous sommes les Soeurs du Premier Sang, que nos ennemis nous craignent, et que la Déesse nous soutiens en toutes choses. Mais là ..."
"...Pour la première fois, tu envisages la possibilité de ne pas en revenir vivante. N'est ce pas?"
"Oui"

Maeve hocha la tête en se pinçant les lèvres, le sentiment d'incertitude ressenti par Jhaumrite était partagé par toutes les membres de la communauté. Les jours suivants s'annonçaient d'ailleurs décisifs pour elles puisque la décision d'attaquer le camp ennemi avait enfin été prise après deux mois d'intenses préparations.
Beaucoup de choses s'étaient passées ces derniers temps, d'autres en revanche, non.

"Nos Soeurs ne se sont toujours pas réveillées?"

Elle parlait des trois Disparues retrouvées il y a deux mois par l'expédition de Kethra.

"Non, Kyriel a fini par abandonner, elle a utilisé tous les moyens connus et à sa disposition sans succès. Pour le moment elle s'est replongée dans la prière mais même la déesse ne semble pas avoir de solution. Pour le moment, elles sont dans une petite infirmerie isolée et sous bonne garde en attendant de voir si un miracle survient."
"L'espoir fait vivre, il faut toujours croire que surviendra un miracle, c'est parfois la seule richesse qui reste sur Toril"

Message par **Ugo** » mer. 18 janv. 2012, 13:10

CHAPITRE 11: TRAVERSEE

1373, Flammeneige 2: La Mer de Lune

Forjia émergea lentement du brouillard, son retour à la conscience réveilla en même temps la douleur à la tête lui arrachant un gémissement. Elle ne comprit pas tout de suite pourquoi elle n'arrivait pas à amener sa main sur son crâne avant de se rendre compte que ses mains étaient maintenues derrière son dos par une corde, ainsi que ses pieds. La panique la gagna, elle rua pour se débarasser de ses liens sans succès, celui ou celle qui avait fait ses noeuds connaissait son affaire et elle ne parvint à rien d'autre que de se faire encore plus mal. Elle se força au calme, si elle voulait se sortir de ce pétrin elle devait d'abord évacuer la panique et analyser sa situation avec calme. Elle tenta d'abord de rassembler ses souvenirs épars, d'abord elle ne se souvint que de quelques choses, la pluie, l'embuscade, ses compagnons et ensuite tout se mit en place, les deux voyageurs isolés qui s'amenèrent seuls tandis que les autres massacraient ses complices et l'assommaient alors qu'elle tentait de s'enfuir, c'est ce qu'elle déduisit mais elle jugea de ne pas être trop éloignée de la vérité au vu de son mal de crâne.
La mort de ses compagnons ne lui faisait rien, elle n'avait pas eu le temps de lier suffisement connaissance avec eux et de toute façon quand on pratique ce genre d'activité il n'y a pas de place pour les sentiments. Pour le moment, seule sa situation personnelle la préoccupait, elle ne voyait pas pourquoi on ne l'avait pas laissé sur place morte ou vivante parce que à ses yeux l'enlever n'avait aucun sens. Elle échafauda à toute vitesse plusieurs hypothèses les balayant d'un revers de la main, au figuré bien sùr, dans la foulée: demande de rançon, extraction de renseignements sur son ancien employeur par les rivaux avec lequel il était en guerre ou quelqu'un d'autre. Elle n'en conserva que deux, soit ses ravisseurs jugeaient qu'elle était une marchandise valable à vendre, soit elle s'était attaquée aux mauvaises personnes et elles l'avaient l'emmené avec elles pour pouvoir l'interroger au calme. Ces deux options ne lui plaisaient pas du tout. Ensuite elle chercha à déterminer où elle était, le roulis, l'odeur de moisissure, de bois humide et de poissons lui indiquait clairement qu'elle se trouvait à fond de cale sur un bateau qui naviguait sur une grande étendue d'eau. Il n'était pas difficile de deviner où.
Maintenant qu'elle était réveillée elle n'allait pas rester saucissonnée comme un jambon, et comme elle n'arrivait pas à défaire ses liens, elle appella:

"OHE OHE, IL Y A QUELQU'UN?"

Elle avait compris il y a belle lurette que lorsque une situation était dans l'impasse, il ne fallait pas hésiter à donner des coups de pied dans la fourmilière pour la débloquer. Le résultat ne se fit pas attendre trop longtemps, des bruits de pas descendant des échelons se firent bientôt entendre, qui continuèrent sur le plancher au-dessus de sa tête avant qu'un rai de lumière n'éclaire l'endroit où elle était détenue quand une trappe fut ouverte. Quand ses yeux se furent accoutumés à la lumière ambiante, Forjia constata qu'elle ne s'était pas trompée, elle se trouvait bien au fond de la cale d'un navire rempli de caisses et de barils. Elle put aussi détailler la personne qui descendait l'échelle menant à la cale, une femme de grande taille aux cheveux blonds et aux yeux gris perçants qui semblaient fouiller jusqu'aux tréfonds de son âme quand ceux-ci se posèrent sur elle. La nouvelle venue l'observa attentivement durant un long moment sans dire un mot, pure attitude d'intimidation pensa Forjia, avant de déclarer d'une voix glacante:

"Bien, maintenant que tu es réveillée nous allons pouvoir parler"

Numési se pencha et lui trancha ses liens, avant de retourner à l'échelle et de mettre un pied sur le premier échelon. Elle interrompit son mouvement et lança un coup d'oeil à la jeune fille qui l'interpréta comme une invitation à la suivre. Tout en se massant les poignets, elle jugea plus prudent de la suivre sans résistances, quand on est pas une bonne nageuse on ne tente pas l'évasion d'un bateau en pleine mer. Elle arrivèrent sur le pont de l'embarcation, elle reconnut la Sirène Rougissante, un petit voilier d'une quinzaine de mètres de long comme ceux que l'on voyaient habituellement naviguer sur la Mer de Lune et qui faisaient la navette entre les grandes villes locales que sont Melvonte, Montéloy, Phlan ou Mulmastre. Sur le pont, il y avait six autres personnes, en dehors de la femme qui était venue la chercher il y avait les quatre autres personnes du groupe qu'elle avait prévu d'attaquer quelques heures auparavant et un marin à la barre qui faisait mine de ne rien voir, il avait du être bien payé pour regarder ailleurs si quelque chose de peu recommandable se passait sur son navire.
Elle resta debout sous les regards croisés des personnes installées devant elle, qui ne pipèrent mot, Forjia pensa que c'était une habitude chez eux. Elle parla en premier, consciente que sa vie était en jeu:

"Bonjour"

Elle observa avec intérêt que celle qui semblait la chef du groupe ébaucha un semblant de sourire, si elle jouait bien le jeu peut-être survivrait elle à cette journée. La femme blonde la questionna:

"Bien, qui es tu? Pourquoi nous as-tu attaqué avec tes amis? Pour l'argent ou pour une autre raison? Vous travailliez seuls ou pour quelqu'un? Si tes réponses me satisfons, tu vis, dans le cas contraire, tu meurs, compris?"

Forjia déglutit avec difficulté, au moins les choses étaient claires, elle répondit en choisissant convenablement ses mots pour ne pas risquer de prendre une lame dans le coeur:

"Je m'appelle Forjia Chase, nous voulions seulement dérober votre argent, j'avais un maitre mais je me suis affranchie depuis peu pour mener ma propre barque et je vous jure sur ce que vous voulez que c'est la vérité."

L'interrogatrice l'observa attentivement, tentant de déterminer si elle mentait ou non. Forjia espérait que ses signes de nervosité ne seraient pas mal interprétés. L'une des personnes présentes, une jeune femme aux longs cheveux bruns tourna la tête à ce moment là scrutant l'horizon. Son mouvement dévoila le haut de ses oreilles, qui étaient légèrement pointues, révélant à Forjia son ascendance elfique. La demi-elfe attrappa une corde et se hissa sur le bastinguage pour mieux voir, une main en visière elle déclara:

"Une voile à l'horizon, et elle vient vers nous."

Message par **Ugo** » dim. 22 janv. 2012, 19:15

Le marin qui était resté impassible jusque là, se leva brusquement pour venir se placer à côté de Méliane et tenter d'apercevoir le navire étranger sans grand succès, la demi-elfe possédant une meilleure vue que l'humain. L'homme sortit une longue-vue de sous sa tunique et la tendit à la jeune femme:

"Tiens la ribaude, regarde dans ce truc et décrit moi ce navire en détail."

Méliane observa l'homme avec étonnement et amusement:

"Pourquoi donc capitaine, que craignez-vous de rencontrer sur ce grand lac, des pirates?"

La blague de la demi-elfe tomba à plat, l'air grave de l'homme était suffisamment éloquent:

"Traverser ce ... grand lac comme tu dis jeune fille prend plusieurs jours, ici ce n'est pas l'océan..." désignant l'étendue d'eau qui les cernait de partout sans qu'une seule terre ne soit visible "...mais la Mer de Lune est assez grande pour que des flottes de guerre y naviguent ainsi que des navires pirates, et que leurs victimes disparaissent corps et bien."

Comprenant son erreur, Méliane colla l' oeil à l'oeilleton de la longue-vue et détailla le navire qui s'était encore approché:

"Il ressemble au vôtre mais en plus grand, le double de la taille je dirais, et avec deux mats. Il y a un motif sur la première voile, on dirait un crâne blanc sur fond noir surmontant deux lames courbes ensanglantées."

L'homme blêmit à ces mots et déclara dans un souffle:

"C'est le vaisseau de Turok le Rouge, nous sommes perdus"

Numési qui s'était rapprochée avec les autres attrapa le capitaine par le bras et le secoua pour le sortir de son abbatement:

"Capitaine, qui est ce Turok?"

L'homme tourna son visage vers elle se contentant de balbutier quand la réponse vint du dos de la cylon:

"Turok le Rouge est le pirate le plus sanguinaire de la région, il ne faut espérer aucune pitié de sa part ou de ses hommes. Et quand on est une femme, la mort est préférable à ce qui nous attends entre leurs mains."

L'espace d'un instant Forjia avait entrevu la possibilité d'utiliser les nouveaux comme possibilité de se sortir du pétrin dans lequel elle s'était fourrée mais maintenant qu'elle savait à qui ils avaient affaire, cela était fortement compromis.
Numési hocha la tête et retourna son attention sur le capitaine qu'elle tenait toujours par le bras:

"Votre navire est-il assez rapide pour échapper à ces pirates?"

L'homme secoua la tête mollement, certain que sa vie allait s'arrêter d'ici peu de temps:

"Non, le navire de Turok est connu pour être l'un des plus rapides de la région, trois fois il a été pris en chasse par des navires militaires locaux et trois fois ils se sont fait distancer en moins de deux."

Numési regarda alors en direction du navire en approche sur lequel on distinguait à présent des silhouettes en mouvement, elle dit d'un ton naturel:

"Eh bien dans ce cas, la seule solution qui nous reste est de nous battre."

L'homme qu'elle maintenait retrouva alors un peu d'énergie:

"Nous battre? mais l'équipage de ce navire ne comprend que trois hommes en plus de moi-même, et sauf votre respect madame, votre serviteur ne me semble pas être un combattant chevronné tout comme nous d'ailleurs. En face ils sont au moins une vingtaine de marins aguerris et il y a au moins un ou deux lanceurs de sorts dans leurs rangs. Combattre c'est pure folie."

La jeune femme se contenta de lâcher le bras du capitaine et de dire d'un ton dédaigneux:

"Contentez-vous de manoeuvrer ce rafiot pour que ce Turok nous rattrape le plus tard possible et de nous laisser le temps d'élaborer une stratégie qui nous donne une chance de l'emporter."

Elle prit une dague glissée dans sa ceinture et la lança à Forjia qui l'attrapa adroitement, dès qu'elle l'eut en main elle reconnut son arme personnelle, son premier larcin.

"Je crois que cela va t'être utile dans les instants qui viennent."

Message par **Ugo** » ven. 27 janv. 2012, 18:00

Alors que l'équipage de la Sirène Rougissante faisait tout son possible pour échapper le plus longtemps au navire pirate, les passagers s'apprêtaient au combat. Tout en dirigeant la manœuvre le capitaine mâchouillait sa pipe nerveusement, la piraterie était un des dangers inhérents à sa profession en plus des tempêtes et des rencontres avec des créatures comme les dragons ou les krakens, et un jour ou l'autre on finit par mourir. Il espérait seulement que lorsque son temps serait venu, sa mort aurait été rapide et sans douleur, or quand Turok était de mauvaise humeur elle était généralement très longue et très douloureuse, et il était persuadé que la grande femme blonde qui semblaient avoir l'autorité sur les plus jeunes était justement le genre de personne à mettre Turok très très en colère. Il s'adressa à la jeune fille qui à ses côtés observait le rapprochement inéluctable des pirates qui étaient presque à portée de tir des catapultes que l'on distinguait parfaitement à présent:

"J'espère que tes compagnons sont bons, parce que combattre Turok à quatre ou trois contre un est une véritable folie."

La réponse de Forjia ne le rassura pas du tout:

"Je l'espère aussi, ils m'ont capturé lors de ma tentative de les rançonner près d'Arbrelfique."

Le marin gémissa:

"Qu'Umberlie nous vienne en aide nous sommes perdus."

Ils sursautèrent tout les deux quand une voix éthérée se manifesta à côté d'eux:

"Umberlie ne vous aidera pas capitaine, seul le métal de nos lames et notre détermination nous apporterons la victoire."

Le temps que Forjia et que le capitaine se rendent compte que Numési était invisible et que celui-ci ouvrait la bouche pour répondre, une des catapultes pirates projeta un projectile qui toucha l'eau à quelques coudées à tribord dans un grand geyser d'eau. Le capitaine qui s'était jeté à terre se releva en commentant:

"C'était un coup de semonce, soit nous nous rendons, soit le prochain nous enverra au fond."
"Eh bien dans ce cas, autant qu'ils croient que vous vous rendez et laissez les aborder capitaine, si ils sont en confiance alors l'effet de surprise en notre faveur sera plus grand encore. A notre signal, sortez vos armes et combattez pour vos vies."

Le capitaine aurait juré que Numési jubilait. Il obéit aux ordres de sa passagère et réduisit la voilure, le frêle esquif ralentit peu à peu jusqu'à s'arrêter complètement et laissant ainsi le navire pirate le rattraper. Arrivé à sa hauteur celui-ci manœuvra pour se placer parallèlement à sa proie immobile, des grappins furent lancés qui s'accrochèrent au bastingage de la Sirène Rougissante qui fut tirée jusqu'à ce que les flancs des deux navires se touchent. Une fois que ceux-ci furent plus ou moins enlacés comme deux amants, les pirates commencèrent à investir leur proie profitant des cordes des grappins pour se laisser glisser sur le pont de la Sirène Rougissante. La main sur le pommeau de leurs armes son équipage et Forjia attendait le moment où ils devraient agir, le capitaine se lamenta:

"Attendre son signal je veux bien moi, mais qu'est ce que ce sera?"

A peine eut il posé la question que deux pirates s'apprêtant à aborder perdirent l'équilibre et chutèrent en hurlant pour disparaître dans l'espace entre les deux navires où ils finirent écrasés entre les deux coques en mouvement. La double attaque de Méliane sur les genoux des deux pirates dissipa le sort d’invisibilité qui la dissimulait aux regards.

"Je pense que voilà le signal que vous attendiez" cria Forjia au capitaine en dégainant sa dague et se jetant sur le dos d'un des pirates qui s'était retourné aux cris de ses compagnons pour lui trancher proprement la gorge, les membres d'équipage de la Sirène suivirent son exemple et dégainèrent leurs propres armes pour se jeter sur les quelques pirates qui avaient abordé, profitant du flottement qui s'était insinué dans leurs rangs suite à l'attaque sur leurs arrières.
L'attaque de Méliane eut un effet bénéfique dans la mesure où les pirates encore sur leur navire préférèrent rester pour faire face à cette nouvelle menace qui semblait bien plus dangereuse. Après sa première attaque, la demi-elfe cueillit un troisième assaillant en lui enfonçant ses lames dans le coeur. Se dégageant en repoussant le corps inerte du pied, elle bloqua une attaque en croisant ses cimeterres, répliqua en entaillant l'avant-bras et la cuisse de son adversaire mais ne put pousser plus en avant son attaque quand elle dut éviter l'assaut d'un autre pirate. L'effet de surprise initial était passé et maintenant l'équipage de Turok se jetait sur elle comme des mouches sur un bout de bidoche avarié. Numési choisit ce moment pour intervenir, elle frappa d'un mouvement circulaire large au ras du sol fauchant trois loups de mer qui tombèrent sur le plancher en hurlant les jambes tranchées au niveau des chevilles. Redevenue visible, elle tira instinctivement sur un marin qui tentait d'armer une arbalète, l'homme lâcha l'arme qui tomba à terre pour porter les mains à sa gorge quand le carreau de la cylon le frappa. Devant ce nouvel adversaire les pirates hésitèrent sur les actions à faire, il y a avait peut-être d'autres combattants invisibles qui attendaient pour les frapper dans le dos quand ils se lanceraient sur les ennemis visibles. Ce répit permit à Numési de faire un rapide état des lieux, cela faisait huit pirates hors de combat sur le bateau plus deux autres sur la Sirène Rougissante où les quatre survivants avaient fort à faire pour rester en vie. En moins de deux minutes le tiers des pirates ne représentait plus une menace, mais ni Turok, ni le ou les magiciens ne s'étaient encore manifestés.

Message par **Ugo** » mar. 07 févr. 2012, 22:20

Un cri de douleur et le son mat d'un objet tombant sur le pont dans le dos de Numési lui arrachèrent un sourire de satisfaction, elle jeta un coup d'oeil derrière elle pour apercevoir un homme avec une robe mauve qui se tenait l'avant-bras dont la main, qui se trouvait à terre ainsi que la baguette avec laquelle il s'apprêtait à attaquer les filles, venait d'être tranchée par Harald. Le jeune homme l'assomma d'un coup de bouclier et le mage s'écroula au sol comme un sac de chiffons, le visage d'Harald était impassible, intérieurement Numési se félicita de l’efficacité de ses séances d'entrainement qui avaient fait du jeune homme un peu gauche, un combattant plus que capable.
Un deuxième homme en robes qui jusqu'ici était resté caché derrière un des mats, sortit de sa cachette et commença à exécuter d'amples mouvements tout en psalmodiant silencieusement. Méliane et Numési purent le dévisager à loisir, petit, le visage ingrat et la chevelure se limitant à quelques touffes de poils blancs éparpillées n'importe comment sur le crâne, son image aux contours flous indiquait qu'il était entouré d'un sort d'invisibilité, inefficace pour les masques de combat des Soeurs. Inconscient du fait qu'il était parfaitement visible pour elles, l'homme terminait son incantation et allait le lancer dans les secondes suivantes, les deux femmes le laissaient faire ne voulant pas gâcher la surprise.
Juste au moment où il allait lancer son sortilège dévastateur, une flèche lui perça la main. Les pirates levèrent la tête en direction de l'endroit où était partie la flèche, le sommet de l'autre mat sur lequel s'était posé Shennesta qui pris une seconde flèche dans son carquois, l'encocha tranquillement, visa le coeur du second mage qui fixait stupidement la première flèche fichée dans sa main et tira tuant l'homme. Souriant de toutes ses dents, elle lança à la cantonade:

"Il était vraiment trop moche pour continuer à vivre, vous êtes d'accord avec moi, non?"

La petite déclamation de Shennesta eut l'effet d'un électrochoc sur les pirates encore valides qui décidèrent que s'en était assez de se faire découper en rondelles et moquer sans réagir, ils foncèrent donc sur les cibles les plus proches. quatre sur Méliane, autant sur Numési, trois sur Harald, pendant que trois autres aggripèrent les cordages pour rejoindre Shennesta alors que deux de leurs compagnons la visaient de leurs arbalètes légères, mais avant qu'ils puissent tirer une colonne de flammes les enveloppa les incinérant sur le coup. Shennesta se tourna vers sa soeur qui venait d’apparaître à ses côtés:

"C'est nouveau ça"
"Ben je me suis dit récemment qu'il était temps de changer d'orientation et de prendre le côté offensif, généralement mes sorts de guérison ne servent jamais à grand-chose avec notre chef qui transporte toute notre infirmerie dans ses poches."
"Tu en as mis du temps à comprendre."
"Nos trois lascars s'approchent un peu trop, si tu t'en occupais."
"Ouais ouais, attends."

le plus proche chuta, une flèche dans la poitrine, la seconde d'après.
En bas, les autres n'étaient pas restés inactifs. Méliane, avait fort à faire pour ne pas se retrouver prise en tenailles par ses assaillants mais arrivait à les maintenir à distance tout en portant quelques attaques qui ne causèrent que quelques égratignures. Numési prit d'emblée l'avantage sur ses adversaires en déclenchant son tatouage de licorne. Soudain confrontés à plusieurs Numésis, les quatre pirates crurent qu'une véritable armée venait d’apparaître. Ils se rendirent compte de leur méprise lorsqu'ils comprirent que les guerrières accomplissaient les mêmes mouvements avec une parfaite synchronisation, mais trop tard. Deux hommes agonisaient déjà sur le sol, quand les deux autres comprirent que Numési était sous le coup d'un sort d'image miroir, leur problème étant de savoir quelle image était la bonne. Harald était le bien moins loti, contre un ou deux adversaires il se défendait bien, mais contre trois, habitués à combattre qui plus est, il risquait fort d'y laisser la vie s'y on ne l'aidait pas rapidement. L'aide arriva sous la forme d'une peur panique qui s'empara d'un des pirates qui lâcha son sabre et s'élança pour sauter par dessus bord dans une tentative désespérée pour échapper à Harald. Remerciant Erin d'un geste, il profita de la surprise qui s'était emparé de ses deux autres assaillants pour se jeter sur eux en poussant un cri de guerre.
Numési fut la première à se débarrasser de tous ses adversaires, les deux pirates encore vivants furent balayés comme des fétus de paille en moins de deux secondes. Ramassant une dague qui traînait au sol, elle lança l'arme d'un geste adroit qui alla se planter entre les omoplates d'un des adversaires de Harald, le laissant libre de terminer son dernier adversaire d'un coup d'épée bien placé dans l'abdomen du forban. Débarrassés de toute opposition, ils étaient libres d'aider Méliane qui combattaient toujours trois adversaires, le quatrième tentant d'empêcher ses boyaux de s'échapper par une profonde blessure au ventre. Les trois pirates restants voyant qu'ils allaient se retrouver dépassés par le nombre, jetèrent leur armes et levèrent les bras en signe de reddition, de trente leur nombre avait fondu jusqu'à trois, puisque Shennesta avait abattu les deux autres pirates qui tentaient de grimper jusqu'à elle et l'équipage de la Sirène Rougissante l'avait emporté sur leurs assaillants pour un seul blessé dans leurs rangs. Le dénommé Turok ne semblait pas être sur ce bateau.

Message par **Ugo** » sam. 11 févr. 2012, 19:40

Les quatre femmes et Harald se rassemblèrent autour des trois hommes, ceux-ci avaient été mis à genoux et avaient les mains, doigts croisés, derrière la tête et se trouvaient sous la garde du jeune homme qui l'arme à la main se tenait prêt à occire le premier qui ferait un geste malheureux. Sur la Sirène Rougissante, les marins et Forjia jetaient les corps à la mer après les avoir dépouillé de leurs quelques valeurs. Pendant que Numési et Shennesta achevaient les pirates blessés, Méliane et Erin questionnaient les trois prisonniers:

"Alors vous trois, il est où votre chef?" la demi-elfe appuyait sa question en faisant courir la pointe d'un cimeterre sur la joue de l'un d'eux. Malgré la jeunesse de leurs interrogatrices, les trois pirates les avaient suffisamment vu à l'oeuvre pour savoir qu'il valait mieux ne pas leur raconter d'histoires pourtant ils se taisaient se lançant des regards craintifs.

"De quoi avez-vous peur mes jolis..." façon de parler quand on considérait les tristes mines concernées "...n'étant pas sur ce rafiot il ne risque pas de vous entendre." leur susurra de manière enjôleuse Shennesta.

Des grosses gouttes de sueur commencèrent à perler sur le front des prisonniers dont les regard fuyaient de plus en plus, l'un d'eux finit par lâcher dans un souffle:

"Euh à vrai dire, il préfère s'occuper des prisonniers après les combats."
"Vous entendez quoi par là? Il est sur le bateau?"

Un rugissement se fit soudain entendre à plusieurs kilomètres à la ronde sortant du château arrière, là où se trouve d'habitude la cabine du capitaine sur ce genre de navire:

"J'ESPERE QUE VOUS M'EN AVEZ LAISSE UN OU DEUX BANDE DE MOULES, MA BOUTEILLE DE RHUM EST VIDE ET CELA ME MET PARTICULIEREMENT EN ROGNE"

Shennesta fit la grimace:

"Je sens qu'il ne va pas être facile ce client là." dit-elle en encochant une flèche dans son arc et en visant la porte d'où venait la voix. Numési et Erin avaient arrêté leur activité pour se mettre en position défensive, Méliane et Harald tout en surveillant la porte en question, pointaient leurs armes sur le coeur des pirates pour leur éviter tout sentiment de rébellion. La porte s'ouvrit en grand dans un grand fracas et Turok sortit à l'air libre, à sa vue les muscles se détendirent un peu mais pas totalement. Le chef pirate ne semblait pas si menaçant, il s'agissait d'un duergar chauve à la barbe blanche coupée courte, portant une simple besantine qui lui laissait les bras nus et un pantalon de cuir et tenant une hache à deux mains, dans une seule. Méliane n'avait jamais vu un être avec autant de cicatrices, la peau qui était nue en était tellement garnie que l'on aurait pu penser qu'il portait une tunique grise déchirée, une énorme lui balafrait d'ailleurs toute une moitié de visage du menton jusqu'au front et n'était dissimulée qu'au niveau de l’oeil par un cache-oeil. Turok tenait aussi une bouteille de l'autre main, il renversa la tête et secoua la bouteille au-dessus de sa bouche dans l'espoir de grappiller un fond de breuvage qui se trouvait à l'origine dans le récipient, mais en vain. En désespoir de cause il la jeta par dessus bord en maugréant, et porta enfin son attention sur ce qui se passait sur son navire. Le nain gris se contenta d'arquer un sourcil en voyant son équipage massacré et l'ennemi prêt à découdre. Il dit juste d'un ton qu'il devait employer également pour commenter la météo:

"Dois tout faire moi-même sur ce rafiot"

Il cracha dans ses deux mains, empoigna fermement le manche de sa hache et cria à la cantonade:

"ALORS QUI COMMENCE?"

Shennesta jugea qu'il était temps de clore le sujet et relâcha la corde de son arc libérant la flèche qui fila droit ver sa cible mais ne l'atteint jamais. Vif comme l'éclair Turok attrapa le projectile en vol, et tout brisant la flèche en deux lâcha dédaigneusement:

"Tu rigoles poulette, c'est tout ce que tu as à me proposer, me jeter des cure-dents."

Shennesta blêmit, c'était la première fois que cela lui arrivait, baissant son arc elle s'envola pour planer quelques mètres plus haut et se mettre hors d'atteinte de cet ennemi qui lui inspirait une peur presque irraisonnée. Sentant que ce quidam là était réellement très dangereux, Numési s'avança pour l'affronter car elle seule était de taille à l'affronter. Pourtant arrivée à hauteur de Méliane celle-ci tendit son bras pour lui barrer le passage.

"Non, laisse le moi."

Interloquée la cylon observa la demi-elfe, se pouvait-il qu'elle ait reçu un coup sur la tête durant le combat, mais tout ce qu'elle captait chez Méliane étaient de la résolution et une certaine excitation, la demi-elfe désirait ce combat. Numési dit simplement:

"Il est bien trop fort pour toi."
"C'est exactement le genre d'adversaire qu'il me faut pour progresser."
"Ce n'est pas avec ce genre de raisonnement que tu feras de vieux os."

Méliane ne répondit pas tout de suite se contentant de tourner son masque inexpressif vers Numési:

"Et si tu me faisais confiance pour une fois."

Le calme qui transpirait dans cette réponse troubla Numési au plus au point, il émanait une telle assurance de la jeune femme qu'elle concéda presque sans rendre compte:

"Vas-y"

Un léger sourire aux lèvres, elle s'avança et se plaça devant le nain, brandissant ses deux cimeterres arrachant à Turok un bref:

"Il était temps"

Message par **Ugo** » mar. 14 févr. 2012, 22:05

Les deux adversaires se tenaient à trois mètres l'un de l'autre se jaugeant mutuellement. Le masque de Méliane lui permettait de voir que Turok était bien mieux équipé qu'il ne le paraissait à première vue, sa hache, sa besantine, les bracelets de fer à ses poignets, la boucle d'oreille qu'il portait à l'oreille droite et sa ceinture brillaient d'une légère lueur bleutée qui donnait un air spectral au chef pirate. La rôdeuse essaya de déterminer quels objets magiques intéressait un pirate, au vu de la facilité avec laquelle il jonglait avec sa grosse hache la force de Turok devait être augmentée. A choisir, elle serait prête à parier que la besantine n'était pas sa seule défense et que l'un de ses objets devait le prémunir de certaines attaques magiques. Quand aux autres elle devrait certainement compter sur sa chance. De son côté Méliane ne pouvait compter que sur son tatouage de Louve qui augmentait sa vitesse et ses manoeuvres d'évasion quand elle le voulait.
Après une minute ou deux d'examen attentif, Turok rompit le silence le premier:

"J'aime bien la couleur de ton armure, elle ira bien en tapisserie au-dessus de mon lit. Tes canifs par contre ne vont pas du tout avec mon service de table préféré, quand à ton masque il m'embête, je ne sais pas voir ton regard et cela est un handicap au combat. Tu ne voudrais pas gagner à la déloyale n'est ce pas?"

Méliane dut convenir que son adversaire ne manquait pas de culot, elle ne répondit même pas. Malgré sa jeunesse, elle connaissait cette vieille technique de parler pour ne rien dire dans le but de distraire son adversaire. Elle se contenta de frapper ses cimeterres l'un contre l'autre pour signifier à Turok qu'il était temps de passer aux choses sérieuses. Ce dernier sourit, se campa sur ses courtes jambes et agrippa fermement le manche de sa hache.

"Vas-y ma belle, honneur aux dames."

La jeune demi-elfe accepta l'invitation et se lança à l'attaque, fendant l'air devant elle d'un ballet d'acier destiné à lui donner l'avantage dès le début de l'attaque. Pas intimidé pour un sou, Turok se contentait de parer et d'éviter comme si il chassait quelque moucheron importuns. A un moment, il para violemment une double attaque de Méliane avec le fer de sa hache créant une brèche dans sa défense dont il tira immédiatement bénéfice en enfonçant la pointe de son manche dans le plexus de la jeune femme. Sous le choc Méliane se plia en deux et sembla se dégonfler comme une baudruche avant de se retrouver catapulté plusieurs mètres plus loin où elle atterrit violemment en lâchant ses armes. La respiration coupée, la demi-elfe se recroquevilla en position foetale se tenant la poitrine et tentant de reprendre le contrôle de ses poumons bloqués. Quand enfin elle put aspirer de l'air de nouveau, elle se releva péniblement, d'abord à quatre pattes puis en prenant appui où elle pouvait. Elle chercha Turok du regard, se demandant pourquoi il n'avait pas profité de son avantage, celui-ci était nonchalamment appuyé sur sa hache.

"C'est tout ce que tu es capable de faire ma belle, ce n'est pas de cette manière que tu vas réussir à m'avoir. Avec ta technique tu ne serais même pas capable de battre un manchot cul-de-jatte."

Piquée au vif, Méliane ramassa ses armes et après avoir fait jouer toutes ses articulations pour vérifier que tout était en place se remit en position de combat et lança au nain un peu trop condescendant à son gout:

"Au lieu de bavasser vient te battre nabot."

Le duergar plissa les yeux et la considéra d'un air mauvais, le ton de sa voix était devenu beaucoup plus glacial:

"A t'entendre je présume que t'es encore une jouvencelle, crois moi que tu vas le rester car tu vas comprendre pourquoi on m’appelle Turok le Rouge"
"Tu vends un peu vite la peau de l'ours, nous ne sommes qu'une poignée et pourtant nous avons anéanti tout ton équipage en quelques minutes."
"J'use l'équivalent de plusieurs équipages comme celui-là par année, alors ce n'est pas un grand exploit"

Il se rua alors sur Méliane avec un rugissement, la hache haute qu'il abattit de toutes ses forces à l'endroit où se tenait la jeune femme. Si celle-ci n'avait pas eu un réflexe de survie en se jetant sur le côté elle aurait été coupée en deux. Turok avait frappé avec tant de force que la hache resta coincée dans le plancher du navire, Méliane en profita pour donner un coup de talon dans le genou du nain lui arrachant un grognement de douleur. Il arracha sa hache et frappa latéralement de volée, Méliane croisa ses cimeterres pour parer, ses bras tinrent bon mais elle fut de nouveau catapultée plus loin mais se reçut convenablement cette fois. Elle n'eut pas le temps de souffler que déjà elle dut baisser la tête pour éviter d'être décapitée par Turok. Elle répliqua d'un revers latéral qui ne rencontra que le vide, la rôdeuse était en grande difficulté son agilité compensait à peine la grande force de son adversaire qui était loin d'être lent. Turok la surpassait aussi en expérience, pour un être originaire de l'Outreterre il en fallait une sérieuse dose pour survivre à la surface. Elle se jeta désespérément sur le côté pour éviter une nouvelle attaque meurtrière de Turok et après un roulé-boulé put enfin se redresser de toute sa taille pour faire face. Ce petit jeu dura encore quelques passes, où Turok tentait de découper Méliane en rondelles et celle-ci à éviter ce sort funeste tout en répliquant de quelques coups sans effets probants. A force elle remarqua que Turok privilégiait deux attaques, l'une visant à la séparer en deux parts égales et l'autre à la raccourcir d'une tête, attaques qui d'habitude devaient se révéler fort efficaces contre les pauvres marins de la Mer de Lune qui devaient faire face au chef pirate. Une tactique commença à s'ébaucher dans son esprit, elle le laissa faire encore une ou deux tentatives et passa à l'offensive à la tentative de décapitation suivante, baissant la tête elle se jeta en avant passant sous l'attaque de son adversaire pour frapper à son tour. Voyant où la jeune femme voulait en venir, Turok infléchit la course de son arme pour la frapper dans le dos. Consciente qu'un tel adversaire était assez rusé pour avoir envisagé ce genre de réponse, elle déclencha son tatouage à ce moment et accéléra brusquement juste quand la hache allait la frapper, la pointe de son cimeterre s'enfonça sous l’aisselle de Turok là où sa besantine ne le protégeait pas. Se retournant elle arracha son arme tout en frappant l'arrière du genou d'un mouvement circulaire de son autre lame. A reculons elle fit encore quatre pas pour se mettre hors de portée d'une possible contre-attaque. Poussant un cri de douleur, Turok serait tombé au sol à cause de la défection de sa jambe droite si il ne s'était pas raccroché à un cordage in extremis. Serrant les dents, il tâta la blessure que Méliane lui avait infligé sous le bras et la retira poisseuse de sang. A la surprise de la jeune Soeur du Premier Sang il se mit à rire et lâcha:

"Bien joué ma belle, on dirait que tu as quelques tours cachés dans ton sac. Malheureusement pour toi..." il s'interrompit, et un sourire mauvais aux lèvres, il reprit appui sur sa jambe blessé qui supporta son poids malgré sa blessure qui avait arrêté de saigner, Méliane comprit qu'il se régénérait "...moi aussi." et il disparut.

Méliane tourna la tête dans tous les sens comme si elle cherchait à savoir où il se trouvait, elle agrémenta sa comédie de coups d'épées dans le vide comme si elle frappait au petit bonheur la chance. Turok avait utilisé son pouvoir racial d’invisibilité pour disparaître le temps que ses blessures soient entièrement régénérées et se croyait invisible aux yeux de Méliane, qui le voyait très bien grâce à son masque mais cela le duergar l'ignorait. Sans faire le moindre bruit, il clopina petit à petit jusqu'à sa cible se plaçant dans son dos, à portée de hache il s'arrêta jouissant quelques instants de la panique qui commençait à grandir chez son adversaire. Il leva lentement sa hache au-dessus de sa tête et l'abattit de toute ses forces avec un han de bûcheron, mais à sa grande surprise il n'y eut pas de chair tendre et d'os tranchés car la combattante en face se déroba et lui planta un cimeterre dans la gorge. Sous la surprise il redevint visible tentant d'arracher l'arme qui lui sortait du cou, sa boucle d'oreille avait du mal à endiguer l'hémorragie tant la blessure était grave, suffocant il tomba à genoux apercevant au travers d'un voile rouge un déplacement sur son côté, Méliane se plaça derrière lui. Il sentit une pointe froide sur sa nuque. D'une voix dont elle avait du mal à masquer le triomphalisme, la demi-elfe déclara:

"Il est temps de rejoindre tes victimes Turok le Rouge"

Et elle appuya de toutes ses forces, enfonçant le cimeterre jusqu'à la garde et tuant ainsi Turok sur le coup qui s'effondra sur le sol de son navire pour ne plus jamais se relever.

Message par **Ugo** » mer. 29 févr. 2012, 17:28

Méliane agrippa la poignée de son arme à deux mains et s'arcboutant tira pour retirer l'arme du corps de Turok qui vint en faisant un écoeurant bruit de sucion. Laissant le corps du chef pirate à ses derniers spasmes d'agonie, elle chercha un cadavre dont les vêtement étaient relativement propres pour essuyer son cimeterre dégoulinant de sang. Ayant trouvé quelque chose qui lui convenait elle se mit à nettoyer son arme, tout en étant affairée elle ne se rendit compte de la présence de Numési derrière elle que quand cette dernière s'adressa à elle, elle décela un respect nouveau dans la voix de son ainée:

"Honnêtement, je ne pensaispas que tu l'emporterais seule, pourtant tu l'as fait."

Un soupçon de sourire flottait sur le visage de la demi-elfe quand elle désactivait son masque qui redevint un simple collier de tissu à son cou.

"Normal que nous évoluions tous, n'est ce pas. C'est le but final de ce voyage après tout."
"Oui sans doute, tu m'as en tout cas bien impressionnée sur ce coup là."
"Dans ce cas ça mérite bien une petite récompense...une nuit avec toi, je pense bien le mériter."

Numési eut un soupir d'agacement:

"Ecoute je t'ai déjà dit que.." Méliane l'interrompit d'un geste de la main.
"Je ne demande pas de sentiments, seulement du physique et pour une nuit seulement, de mon point de vue ce n'est pas grand-chose."

Numési sentait confusément qu'elle perdait pied, elle tenta de contre-attaquer par une autre voie:

"Tu n'as aucune expérience en la matière, tu est entièrement vierge de partout quelque soit l'orientation voulue"
"Cela fait des mois que tu nous fais profiter de ton expérience en matière de combat et de survie, il est peut-être temps que tu m'enseignes dans une autre matière, non?"

Méliane sut qu'elle avait marqué un point quand il n'y eut que le silence pour lui répondre, la cylon dit enfin:

"Je vais y réfléchir."

Le soupçon de sourire de Méliane s'accentua sans que Numési le voie, elle venait de remporter une victoire, et espérait bien que ce ne serait pas la dernière.
Pendant ce temps, l'équipage de la Sirène Rougissante était monté sur le bâteau de Turok. Le capitaine avait donné l'ordre à deux de ces hommes d'attacher et d'enmener les trois pirates survivants sur leur navire pour les enfermer à fond de cale et les amener à Melvonte où ils seraient livrés aux autorités de la ville. Accompagné de son troisième subordonné il commença à fouiller les corps des pirates à la recherche de quelques valeurs susceptibles d'apporter un peu de beurre dans les épinards. Forjia n'était pas en reste, tout était bon à prendre tant la vie dans la région était rude.
Numési les laissa faire quelques minutes puis cria ses ordres:

"Mettons le feu à ce navire et remettons-nous en route."

Les "NON!" "NON!" à l'unisson de Forjia et du capitaine la prirent au dépourvu, le vieux loup de mer lui en expliqua la raison:

"Il vaudrait mieux fouiller ce navire avant madame, il y a souvent des marchandises intéressantes à bord et puis vous savez en plus de mon équipage, j'ai une femme et sept enfants à nourrir et les fins de mois sont souvent difficiles voyez-vous, et puis..."
"C'est bon c'est bon, je comprends..." en réalité la diatribe du capitaine la saoulait et elle voulait l'interrompre à tout prix quitte à capituler "...mais ces pirates nous ont fait perdre suffisament de temps comme ça, vous avez une heure." Elle se tourna vers ses propres troupes "Méliane, Erin et Harald aidez notre équipage à fouiller ce rafiot de fond en comble" comme ils se mettaient en route pour accompagner, Numési s'adressa d'un ton peu amène à Shennesta "Toi tu restes là, j'ai à te parler."

Dès qu'il fut certain d'être hors de portée de voix, Harald questionna ses deux compagnes d'aventures:

"J'ai l'impression que "Maman" avait des reproches à faire Shennesta"

Les deux femmes se regardèrent d'un air sombre, enfin Erin répondit au jeune homme:

"Ma soeur a fait montre de faiblesse au combat, quand Turok a rattrappé sa flèche elle a eu peur. Dans la bataille tu peux ressentir la peur, mais pas la montrer à ton ennemi et encore moins reculer devant lui parce que tu le craint, c'est une faute très grave et Shennesta a reculé par peur de son ennemi. Elle a apporté la honte sur moi, sur nos mères et sur les Soeurs du Premier Sang en général, elle pourra se considérer heureuse si Numési se contente de crier dessus."
"Mais c'est normal tout le monde éprouve la peur à un moment ou un autre de sa vie, et puis c'est ta soeur, tu ne vas pas lui tourner le dos quand même. Et toi Méliane, elle t'a quand même sauvé la vie dans le passé et c'est aussi comme une soeur pour toi."
"Ca suffit Harald, malgré toute l'affection que nous te portons ce genre de sujet ne concerne pas les mâles. Shennesta est notre soeur et nous l'aimons mais son acte de couardise même si il est minime est une faute dont elle devra rendre compte. Telles sont nos lois."

Elles n'eurent pas besoin d'en rajouter plus, Harald compris que la discussion était close. Ils se mirent tous les trois à fouiller méticuleusement la cale, sans rien trouver de bien intéressant, la Sirène Rougissante semblait être la première proie qui s'était trouvée sur leur passage. Le capitaine était parti plus loin avec un homme, celui-ci revint à toute vitesse près d'eux:

"Nous avons trouvé une marchandise inhabituelle, vous feriez mieux de venir voir"

Les trois compères accompagnèrent le marin qui s'arrêta à côté d'une porte où les attendait le capitaine qui désigna la porte du pouce, soupçonnant un possible traquenard de leur passeur malgré leur démonstration de force, Méliane demanda à Erin et Harald d'attendre là et jeta un coup d'oeil dans la pièce sombre et humide d'où sortait une forte odeur musquée. Une fois que sa vision se fut acclimatée à l'obscurité présente, elle s'adressa à Harald:

"Remonte chercher Numési, il faut qu'elle voit ça."

Message par **Ugo** » mer. 07 mars 2012, 20:44

Numési arriva moins de trois minutes plus tard guidée par Harald, elle s'adressa aux personnes présentes en face de la pièce, en l'occurence le capitaine et son marin:

"Par les fesses de la Déesse qu'y a t'il ici pour que l'on requiert ma présence?"

La réponse vint de la pièce dont Numési ne distinguait pour le moment que des ténèbres :

"Par ici"

Numési pénétra à son tour dans la pièce sombre ne distinguant rien d'autres que des ombres fugaces et quelques cliquetis qu'elle ne parvenait pas à identifier pour le moment. Elle activa son masque qui recouvrit alors son visage lui donnant une vue parfaite dans le noir. La pièce était longue et étroite, moins de deux mètres sur quinze, l'odeur rance provenait de cinq pauvres hères vêtus de loques et qui étaient enchainés à une barre métallique accrochée au sol. Les cliquetis que Numési avait entendu avant d'entrer provenaient des tentatives de Méliane à crocheter la serrure d'un des cadenas des liens des malheureux prisonniers avec la pointe de son cimeterre, exercice dans lequel la demi-elfe présentait un manque de savoir-faire évident. Ainsi Turok se livrait également au trafic d'esclaves, son élimination était décidement une bonne chose même si cela ne résolvait pas le problème de la piraterie et de l'esclavagisme sur Faerûn, un de moins était déjà ça de pris. Une chose que Numési n'avait pas remarqué directement étaient les tatouages que portaient les prisonniers sur les bras et les jambes. Elle avait d'abord cru que le halo bleu qu'elle distinguait grâce au pouvoirs caractéristiques de son masque étaient dus aux chaines mais plus près elle se rendit compte que ceux-ci ne dégageaient aucune magie au contraire des tatouages, ce pourrait-il que ces gens soient Thayens? Elle haussa les épaules, on verrait plus tard le plus important était de les détacher et de les amener à l'air libre. Une voix se fit entendre derrière elle:

"Tu ne vas pas arriver à grand-chose avec ton coupe-choux, si tu me laissais faire, des serrures pareilles j'en mange dix au petit déjeuner"

C'était Forjia qui venait d'entrer dans la pièce et qui avait une vue d'ensemble de la situation à la lueur de la torche qu'elle tenait à la main, elle s'approcha du prisonnier que Méliane tentait de libérer, donna la torche à Erin pour qu'elle puisse l'éclairer et commença à s'affairer sur la serrure avec la pointe de sa dague. Après quelques tatonnements un clic indiqua que la jeune fille avait réussi, pendant que le prisonnier était emmené à l'air libre par Méliane, elle entreprit de libérer les autres captifs qui étaient menés ailleurs au fur et à mesure de leur libération. Une fois que le dernier fut libéré, Numési demanda à Forjia:

"Vous avez fini de fouiller ce navire?" sa question s'adressait à la roublarde mais englobait tout le monde en réalité, même si le capitaine et son marin n'étaient plus présents. Forjia tapota ses poches qui avaient pris du volume depuis une heure, et hocha la tête un grand sourire aux lèvres.

"Mettons le feu à ce cerceuil à voiles et allons nous en alors."

Pendant que le bateau de Turok flambait comme une torche et que la Sirène Rougissante se remit en route mettant le cap sur Melvonte, les passagères prenaient soin des esclaves libérés, ceux-ci avaient été allongés sur le pont du navire et une voile tendue au-dessus d'eux pour les protéger du soleil. Les Soeurs du Premier sang les aidaient à ingurgiter quelques gorgées d'eaux et quelques quignons de pain pour leur permettre de se remettre quelque peu. Les captifs étaient tous humains, deux femmes et trois hommes, l'un de ceux-ci était en meilleur état que les autres et Numési put l'interroger pour en savoir plus, l'homme prit la parole le premier, de la reconnaissance dans la voix:

"Merci, qui que vous soyez, merci. Nous avions perdu tout espoir de retrouver un jour la liberté autrement que le jour de notre mort. mon nom est Runtum Waldest."
"Enchanté Runtum, je m'appelle Numési et voici Méliane, Erin, Harald et Shennesta.." l'homme hocha la tête pour les saluer ".. savez-vous comment êtes-vous arrivé dans ce navire pirate?"
"Je ne saurais pas vous aider beaucoup je le crains, notre histoire est identique, dans nos derniers souvenirs nous nous promenions dans Mulmastre en soirée ou la nuit et voilà quelques jours à notre réveil nous étions enchainés dans la cale d'un autre navire que celui dans lequel vous nous avez trouvé."
"Je vois, navire attaqué par ces pirates qui ont vu en vous un supplément à se mettre dans les poches. Vous avez pu apprendre quelque chose sur vos premiers ravisseurs?"
"Rien désolé, j'ai cru entendre lors d'une conversation que nous devions être livrés à des acheteurs du Zhentarim mais je n'en suis pas sur."
"Vos tatouages, ils sont récents?"

L'homme regarda ses bras et ses jambes avec étonnement, manifestement il les découvrait pour la première fois, la peur dans le regard il dit:

"Je n'en avais pas avant d'être enlevé, j'en suis sur. Qu'est ce qu'ils nous ont fait?"

Numési était bien en peine de lui répondre, ces tatouages ressemblaient à ceux utilisés en Thay mais elle ne parvenait à en déterminer la fonction, un moyen pour les esclavagistes de les asservir plus facilement peut-être, cela c'était aux autorités de Melvonte de la découvrir. L'homme avait le regard perdu au loin, il observait la mer calme et le ciel bleu:

"On dirait que le printemps est en avance."
"Vous trouvez? Je dirais que c'est le temps normal pour le début de Flammeneige, mais il est vrai que je ne suis pas du coin."
"Nous sommes au début de Flammeneige?"

Il y avait du désespoir dans la voix de l'homme, Numési craignait de répondre car elle pensait comprendre pourquoi:

"Oui"
"Que Séluné me vienne en aide, cela veut dire que j'ai été enlevé il y a trois mois, ma femme mes enfants que sont ils devenus pendant tout ce temps."

L'homme se couvrit le visage avec les mains et se mit à sangloter, déséspéré. Numési se détourna et le laissa à son chagrin, elle ne pouvait faire plus pour lui pour l'instant. Elle fit signe à Méliane et à Erin de l'accompagner en laissant les deux autres continuer à s'occuper des esclaves libérés et rejoignit Forjia qui dans un coin examinait attentivement ce qu'elle avait récupéré sur le navire de Turok. Quand elle vit les trois femmes arriver dans sa direction, elle ramassa promptement son butin pour le fourrer dans ses poches et inscrivit un grand sourire sur son visage:

"Je peux faire quelque chose pour vous mesdames?"

Numési se cala en face de Forjia, la toisant de haut les bras croisés:

"Ca t'intéresserais de gagner quelques pièces d'or en plus?"
"Ca se pourrait, que me proposerais-tu?" Forjia ne faisait rien pour cacher sa suspicion envers la grande blonde.
"Aucune d'entre nous n'est déjà allée à Melvonte et un guide local nous serait utile, en plus de certains de tes talents qui sont absents dans notre groupe."
"Si je comprends bien tu me demande de faire partie des votres?"
"Temporairement, oui."
"Au moins tu vas droit au but, j'aime ça. Si j'y trouve mon compte d'accord, je suis votre voleuse"

Elle cracha dans sa main et la tendit à Numési qui la prit après un court instant d'hésitation et la serra concluant ainsi le pacte.

Message par **Ugo** » dim. 18 mars 2012, 22:11

INTERLUDE

1373, Flammeneige 3: La Citadelle de la Lune

Merinda Neskat se redressa sur sa chaise et étira les bras pour se décoincer, cela faisait deux heures qu'elle était penchée sur un grimoire pour tenter de le déchiffrer et commençait à s'ankyloser. Elle en était toujours aux premiers caractères de la première page et n'avançait pas d'un pouce. La jeune femme se trouvait dans la bibliothèque principale des Soeurs du Premier Sang, une des plus grandes salles de la citadelle bien que de plus petites dimensions que d'autres lieux de savoir plus connus de Faerûn comme Château-Suif. Ce qui n'empêchait les Soeurs de posséder une collection aussi importante que la célèbre bibliothèque de la Côte des Epées, en grande partie collectée par la défunte Caltryx, grâce à un emploi judicieux d'espaces dimensionnels.

Merinda était une des nombreuses Soeurs attachées à la lecture et au décryptage des tomes qui restaient à ouvrir, c'est à dire une bonne moitié des volumes présents, sans compter ceux qui entraient en possession de la communauté chaque jour qui passe. Travail dantesque qui prendrait au mieux 50 ans, plusieurs siècles au pire, surtout si les autres grimoires étaient aussi énigmatiques que celui sur lequel travaillait Merinda. Ce livre avait été rapporté deux mois auparavant d'une mission dans les Contrées du Mitan Occidental et classifié comme prioritaire, et la tâche confiée à Merinda qui s'en serait bien passée. Elle venait de passer plusieurs mois à traduire un énorme ouvrage Sarrukh qui s'était finalement révélé n'être qu'un livre de cuisine et aspirait à un peu de repos.

L'objet de son travail actuel était une énigme pour elle, dès qu'elle l'avait eu entre les mains on lui avait demandé de le soumettre à toute une batterie de tests divinatoires et autres pour savoir comment il était arrivé où on l'avait trouvé, sans que l'on accepte de lui préciser où en raison du secret, qui l'avait eu en dernier en sa possession, son origine, son auteur, et d'autres informations diverses. En fin de compte, une seule chose s'était révélé, quelqu'un l'avait placé là où il avait été retrouvé à l'intention des Soeurs qui s'étaient rendus sur place dans le but de les aider mais savoir qui. Le deuxième éceuil sur la route de Merinda était le charabia qu'elle avait sous les yeux, totalement incompréhensible pour qui ne possédait pas la clé de décryptage adéquate et la jeune femme ne parvenait pas à trouver laquelle correspondait. Une voix dans son dos la fit sursauter:

"Tu sembles être dans une impasse mon enfant, accepterais tu mon aide?"

Merinda se leva d'un bond et s'inclina devant la membre du Conseil qui avait la bibliothèque dans ses attributions en balbutiant:

"Vénérée Soeur, je ne vous attendais pas si tôt."
"Cette tâche étant prioritaire pour le Conseil il est normal que je vienne voir l'avancement des travaux, hum pas très loin à ce que je vois."

La jeune Soeur sentit le rouge monter à ses joues à ses mots, bien que lui arrivant à peine à la taille, la gnome des roches en imposait à toutes ses subordonnées. Elle prit le livre et commença à le feuilleter, son visage s'éclaira aussitôt:

"Mais cet ouvrage est écrit de la main du grand Ioulaum lui-même, accepte mes excuses mon enfant, mon ancien maitre avait une manière bien à lui de rédiger ses écrits."

Les yeux de Merinda s'agrandirent de stupeur, dans les rangs des bibliothécaires on plaisantait souvent sur les aventures préhistoriques de Calandra Rocnoir, mais jamais elle n'aurait imaginé qu'il y avait un fond de vérité, étant donné que le grand Ioulaum vivait il y a deux milles ans. Elle contemplait la vieille Calandra qui parcourait le livre en émettant de temps en temps des "hum hum", "eh bien ça" mais elle s'arrêta soudain et examina plus attentivement une page du milieu du livre, son teint devint livide au fur et à mesure qu'elle lisait celle-ci. Murmurant un "Par la Déesse" terrifié, elle referma le grimoire et quitta la bibliothèque au pas de course, le livre dans les bras.
Plusieurs des Soeurs présentes vinrent près de Merinda s'enquérir de l'agitation soudaine de Calindra d'habitude si calme. Le regard toujours fixé sur la porte par où était sortie la gnome, la jeune humaine dit seulement:

"Je crois qu'elle vient d'apprendre une mauvaise nouvelle."

La Couronne de Cuivre

Les Soeurs du Premier Sang: A la recherche d'un père

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