[Lieu-dit] Les rues commerçantes

[Rowan Blackwood]

Après le passage des http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post258036 Rowan se demanda par où aller, elle tourna la tête à droite et à gauche hésitant quand à la direction prendre.
Finalement elle opta pour la solution la plus simple, suivre le flot de la foule qui lui semblait le plus important.

Après une demi-heure elle arriva dans ce qui lui sembla être un quartier commerçant, elle entreprit de faire le tour du quartier repérant les échoppes, la topologie des environs et les auberges et tavernes, dans le but de déterminer laquelle lui conviendrait le mieux.

[Mornagest]

Des étals à n'en plus finir, proposant de tout et de rien, entre nourriture, babioles plus ou moins inutiles, équipements plus sophistiqués et de qualités très variées, du monde, du monde... elle devait presque jouer des coudes pour passer certains rétrécissements des rues, là où les gens s'agglutinaient le plus volontiers - sans doute un marchand offrant une promotion sur sa camelote.

Elle n'avait que rarement le temps de lever le nez pour lire les enseignes des boutiques plus discrètes, mais elle voyait à l'occasion des marchands de tissus, des forgerons ayant diverses spécialisations, des tailleurs, des apothicaires, des bouissiers, des maseliers...

Et bon nombre de tavernes ou associées : beaucoup d'habitants proposaient de boire un verre d'alcool ou de bière directement chez eux, moyennant rémunération, comme à l'auberge.

Il y avait, en sus, plusieurs auberges véritables, aux tarifs plus ou moins abordables. La moitié semblait suffisamment propre de prime abord.

Sur une petite place ornée d'une fontaine aux pierres couvertes de mousses et de lichens, un afoieur annonçait :

"Dix pièces de cuivre par rat tué ! L'invasion est devenue problématique, appel aux candidats !"

[Rowan Blackwood]

La frêle jeune femme se contenta de dévisager l'homme l'espace d'un instant avant de continuer son chemin, avant sa réaction aurait été plus énergique et on aurait certainement retrouvé le cadavre de l'homme le lendemain égorgé dans un caniveau. Mais c'était avant, maintenant cela ne lui faisait ni chaud ni froid sans compter que cela aurait inutilement attiré l'attention sur elle. Même si à son avis Mélandis devait souvent être le théatre de ce genre de fait divers, mais la prudence lui recommandait quand même de ne pas tirer inutilement le diable par la queue.
La journée avançait et elle n'avait toujours pas décidé dans quelle auberge elle passerait la nuit, cela l'agaça un peu.

[Mornagest]

La journée passait, la fatigue et surtout la lassitude s'emparait de la jeune femme, qui se demandait si elle irait jusqu'à envisager de passer la nuit sous un pont, faute d'avoir trouvé une auberge qui correspondait à ses attentes.

Lors qu'elle marchait dans une ruelle moins fréquentée, pour échapper au bruit ambiant des marchands alpaguant la foule de clients potentiels, un individu aux abords curieux lui adressa la parole :

"Ma foi ! Voilà une bien curieuse demoiselle... aurais-je l'audace de vous demander ce que vous faites en ce lieu ? Vous ne semblez guère vouloir effectuer quelque menue emplette. Me trompé-je ?"

Il portait des vêtements amples et colorés, mesurait presque six pieds de haut, et paraissait avoir une quarantaine d'années. Humain, il avait de longs cheveux noirs parsemés de fils d'argent, et arborait une moustache très fournie. Son chapeau était probablement la partie la plus invraisemblable de son costume : composé de pas moins de huit couleurs différentes, il comportait plusieurs plumes d'oiseaux visiblement très variés, et ses larges bords offraient une protection plus qu'efficace du soleil à son possesseur.

Probablement un barde.

[Rowan Blackwood]

Ridicule, cet adjectif s'imposa immédiatement à son esprit quand elle posa ses yeux sur l'accoutrement de l'olibrius qui venait de l'interpeller. Sa main glissa lentement vers le manche de sa dague, il se pouvait qu'il s'agisse d'un tueur de la guilde de Montéloy. Jusqu'à présent ses anciens employeurs se contentaient de lui envoyer un nouvel assassin dès qu'ils n'avaient plus de nouvelles du précédent, et vu que le dernier participait encore au développement de la biodiversité sous-marine locale et qu'il était trop tôt peut-être avaient ils changé de tactique et engagés plusieurs hommes d'un coup.Si cette idée était à envisager à l'avenir, jamais un tueur à gages ne prendrait le risque de saboter sa réputation avec un chapeau pareil.

"Encore un joli-coeur" se dit-elle "qui prendrait ses jambes à son cou si il savait le sort funeste que je réserve habituellement à mes amants occasionnels"

Autant savoir ce qu'il voulait, elle répondit donc à un léger sourire pour feindre la timidité:

"Eh bien mon seigneur, je recherche juste une auberge où manger et passer la nuit, mais je n'arrive pas à me décider"

[Mornagest]

L'homme eut un sourire engageant, et soupira.

"Aaah... une nouvelle dans le coin. Il faut croire que Melandis ne démérite guère en matière d'attirance ! Et ce malgré les récents événements qui y ont eu lieu. Mais, assez tergiversé, très chère. Je connais la cité comme ma propre poche, même si elle est de taille démesurée. Je vous indiquerai avec joie quelques bonnes adresses, pour peu que vous m'expliquiez ce que vous en attendez."

Il ne semblait guère avare de paroles, ni de gestes lorsqu'il parlait. En agitant les bras, sa cape se déplaçait régulièrement, laissant entrevoir une petite harpe recourbée accrochée à sa ceinture, du côté droit, et de l'autre, une espèce d'instrument à vent dont Rowan avait vaguement entendu parler auparavant.

"Mais, pardonnez ma discourtoisie flagrante : je ne me suis même pas présenté ! On m'appelle Ryan Castelbrillant. Barde méconnu, probablement car ces rustres de mélandiens n'y entendent rien à mon art ! Allons, chère inconnue, marchons un peu tandis que vous me ferez part de vos doléances."

Il engagea un pas le long de la rue, en direction d'une voie plus animée du quartier marchand, tout en l'attendant tranquillement.

[Rowan Blackwood]

La lycanthrope ne réfléchit qu'une seconde, avoir une personne qui puisse la guider dans Melandis était toujours utile malgré l'apparente loufoquerie de son guide. Elle continua à jouer le rôle de la jeune ingénue auprès de l'homme:

"Eh bien d'accord, faites moi donc visiter cet endroit. Je ne recherche qu'un endroit ... calme."

Accompagnant le pei elle s'assura de toujours rester un ou deux pas derrière lui, une main négligement posé sur le pommeau de sa dague, l'autre sur sa bourse, et le regard inspectant les environs.

[Mornagest]

S'il eût remarqué l'attitude méfiante de Rowan, le barde ne le laissa point paraître. Il marcha plus lentement un temps, laissant à la jeune femme l'occasion de rester à sa hauteur, puis tous deux revinrent vers les rues plus peuplées du quartier commerçant.

"Dar Bella me paraît la plus indiquée pour votre demande. Point trop cossue, et la nourriture y est acceptable, même si les bières ne sont pas les meilleures de l'Empire."

Ils contournèrent un passage de l'avenue pour éviter un attroupement. "Sans doute un de mes concurrents. Bah, quoi de plus normal ? La Cité est réputée...

Leur chemin se poursuivit une dizaine de minutes, pour quitter le quartier commerçant.

"Tenez, ma première impression m'a-t-elle trompé ? Êtes-vous originaire d'ailleurs, gente dame ?"

Ils arrivaient en vue de l'enseigne de la taverne susdite.

[Zyl]

Le groupe en provenance du temple de Beshaba était pour le moins hétéroclite. Il comptait, c'était vrai, un elfe miniature affublé d'une vieille cape et de pas grand-chose d'autre, un étranger humain à barbichette et ambitions suspicieuses, et une demi-orque déguisée en homme et l'air plutôt mécontente.
Elle ne les avait pas ramenés sur la grand-place où Asmodeus et elle-même avaient effectué quelques emplettes. Malgré la foule, on aurait pu les y apercevoir précédemment, ou les entendre parler de leurs plans. Qui avaient été parfaitement innocents jusqu'à ce qu'ils tombent par mégardes sur un attentat, mais Sheaxie était tellement habituée à la culpabilité qu'elle ne voulait prendre aucun risques, d'autant que leur équipée actuelle avait des objectifs plutôt flous, et pas forcément légal. Elle ignorait ce qu'Asmodeus pouvait avoir en tête, ou ce que Silmandel pouvait vraiment faire, mais, d'une manière ou d'une autre, elle savait que cela ne lui plairait que moyennement.
Quoi qu'il en fut, ils étaient à présent dans un des marchés secondaires de Melandis, dans une rue si passante qu'il était presque impossible de voir ses propres pieds sur les pavés. Ils trouveraient bien des vêtements pour Silmandel ici.

[Asmodeus]

L'argent n'était pas un problème pour Asmodeus, pas encore du moins. Au besoin, il pourrait tirer partie de ses compétences en fabrication de poisons et autres préparations qui ne manqueraient certainement pas de trouver preneur dans une ville aussi populeuse et chaotique. Pour l'heure, il était plus important de faire valoir un certain prestige que de faire l'économie de quelques dépenses. Il annonça donc ses intentions :

- Il doit bien y avoir une boutique de qualité dans les environs, non ? Asmodeus ne lésine pas sur les récompenses qu'il octroie.

Alors qu'il laissait Olron enregistrer l'information, il lui glissa aussi insidieusement :

- Très utile, ce petit composé dans la ruelle. Quoique votre approche quant à son utilisation s'est avérée originale et directe. Vous sauriez où s'en procurer ?

[Mornagest]

Tandis qu'ils se laissaient pratiquement tous trois porter par le flot de badauds, ils repérèrent ce qui ressemblait précisément à ce qu'ils cherchaient : une boutique de tailleur sur mesure. Vu le gabarit particulier de Silmandel, ils n'avaient guère le choix, à moins de chercher un vendeur de vêtements pour enfants. Et encore, ce dernier ne fournirait pas le bonnet pour oreilles pointues, dans le cas improbable où l'elfe souhaitât s'en affubler.

Le problème restait maintenant à accéder à cette boutique : trois bons mètres, et surtout une douzaine de gens dont des musiciens de rue, les en séparaient.

[Manfred]

Ho, chouette, voilà la boutique idéale ! Du sur mesure, exactement ce qu’il fallait. Restait un problème : franchir cette marée humaine. Diable, tout ce monde, c’était dingue ! Et pour ne rien arranger, Silmandel, avec sa petite taille, avait l’impression d’être englouti au sens propre du terme. Il était cerné par de véritables murailles mouvantes faites du bon peuple Mélandien et qui le dominait, lui hottant toute visibilité. Le fait qu’il ait pu remarquer la boutique relevait d’un véritable miracle. Pour ne pas perdre ses deux compagnons, il devait en tenir un par l’un des plis de son habit. Et il se trouvait que c’était Asmodeus qu’il tenait de la sorte.
-La-bas ! Y’a ce qu’il faut ! fit-il en désignant une direction déjà obstruée.
Pour dissiper la foule, il avait bien une petite idée mais l’heure n’était vraiment pas à se faire remarquer. Alors il allait laisser le soin à sa compagnie d’ouvrir la voie.

HRP : vraiment désolé pour mon manque de réactivité en ce moment. Je traverse une période difficile à gérer.

[Asmodeus]

Asmodeus jeta un regard mauvais à l'impudent qui se permettait de se coller à ses basques. Lui-même ne semblait pas très désireux de se frayer un chemin en force dans la foule aussi tourna-t-il son attention vers Olron, bien plus adapté à ce genre de situations :

- Olron, vous seriez aimable de dégager le chemin jusqu'à la boutique. Avez-vous une idée de ce que fait cette plèbe sur le chemin d'Asmosdeus ?

[Zyl]

«*Ils... font leurs courses ? Vous savez, c'est le genre de trucs qui arrive souvent, dans une rue commerçante. Je dis, ça, je dis rien. Oh, les musiciens ? Ils jouent d'la musique. Typique, ça. Comme si on avait besoin de bras inutiles, à Melandis ! Si j'étais le gouvernement, j'les enverrais à la guerre, ça leur apprendrait à ne rien savoir faire de leur vie !*»

Sheaxie tira de son sac un mouchoir, dispersa de son visage et ses vêtements la poussière et les quelques débris qui y subsistaient, puis releva les épaules et la tête, avança la canne, et commença à écarter doucement mais fermement les gens devant eux.
Elle se trouva dans l'état intéressant d'une voleuse prétendant être un guide prétendant être un garde du corps, ou au moins une escorte. A quiconque ronchonnait, elle grognait de laisser place au graaaand seigneur Suedom Sa , venu de loin et bien décidé à faire habiller son nouvel esclave de prix dans les vêtements les plus chamarrés possibles. Elle supposait que le numéro de garde du corps aurait été plus crédible avec une épée en main, mais la canne devrait suffire. Et puis, il n'y avait pas des masses à se forcer, lorsqu'on était demi-orque, pour se faire passer pour un gros bras. C'était indigne d'elle, mais elle passa partiellement sa mauvaise humeur grandissante sur ceux qui ne s'écartaient pas assez vite. Elle dédia, en particulier, un regarde extrêmement noir à l'adresse des musiciens.

[Manfred]

Quoi ? Un esclave ? Le demi-orc y allait fort ! Silmandel fit la moue. On aurait pu le faire passer pour un fils. Ok, il était elfe et Asmodeus était humain, ça ne collait pas. Mais il y avait sans doute mille autres mensonges qui l’auraient placé dans un rôle plus glorieux. Toutefois, l’ensorceleur ne dit mot. Il aurait été bien peu judicieux de protester en cet instant. De plus, il lui tardait quand même d’être vêtu décemment.

[Asmodeus]

Asmodeus se cala dans les pas d'Olron et tenta de profiter du chemin dégagé par le demi-orc pour éviter d'avoir à se frotter à la plèbe infestant les lieux. Il adressa un regard équivoque à Silmandel qui l'imitait en lui emboîtant le pas. Quel drôle de troupe ils devaient former tout de même avec un solide demi-orc suivi par un souffreteux humain et enfin un enfant elfe encore plus menu.

- Asmodeus espère que cette boutique en vaudra la peine. Il ne supporterait pas d'en visiter d'autres parmi cette foule. Il ne faudra pas vous montrez trop difficile !

[Mornagest]

La boutique était également encombrée de gens et de rouleaux de tissus divers et variés, allant du motif à grandes fleurs en coton, au vert élimé en velours côtelé, en passant par de la soie fine indigo et du lin solide mais léger, beige et gris.

Le mauvais goût côtoyait l'exquis, et il en allait de même de la clientèle. Asmodeus vit une grande brutasse à la peau verte et à l'aspect répugnant mais néanmoins familier, se tenir à côté d'un humain à l'air fébrile et mal nourri. Il se rendit compte qu'il contemplait un miroir en pied, destiné à permettre aux affreuses nobles dames d'admirer l'effet de leur nouvelle toilette sur leur silhouette boudinée.

Mais où était passé Silmandel ? Il s'était peut-être égaré dans les tas de tissus ?

[Manfred]

Et bien, Silmandel avait commis l’erreur de lâcher un court instant l’habit d’Asmodeus. Aussitôt, la foule s’était refermé, cachant à la vue de l’ensorceleur l’élu divin. N’ayant pas vraiment la carrure pour s’imposer dans cette mer de monde, il n’arriva pas à progresser comme il le voulait. Pour ne rien arranger, un groupe de demoiselles surexcitées à l’idée de dépenser leur or afin de renouveler leur garde-robes déjà plaine à craquer lui coupa la route, lui faisant perdre de précieuses secondes. L’obstacle passé, Songevent parvint à franchir les dernières mètres qui le séparaient de la boutique, mais hélas il dût se rendre à l’évidence : il avait perdu ses compagnons. Diable, il n’y avait pas que des avantages à être petit.

Sans s’en faire plus que ça, toutefois, il se mit à déambuler au hasard dans la boutique, à la recherche de quelque chose qui pourrait lui aller et, c’était indispensable, qui lui plairait également.

[Mornagest]

Il croisa la route - enfin, plutôt le trajet cahotique entre les allées de vêtements, parsemés d'obstacles tels que de nobles et grassouillettes demoiselles - d'une jeune humaine d'une quinzaine d'années environ, qui paraissait beaucoup plus intéressée par le contenu et la grosseur des bourses desdites nobles dames que par les étoffes et autres toilettes foisonnantes de la boutique.

Silmandel surprit l'adolescente en train de subtiliser habilement une pièce à l'éclat argenté. Du platine... les clientes étaient fortunées, pour sûr. Le regard de la jeune fille croisa celui de l'elfe, mais elle se contenta de glisser la pièce dans sa poche et de poser un doigt sur ses lèvres, lui suggérant de ne rien dire de l'affaire.

[Manfred]

Tiens, une petite voleuse. Enfin, petite… pas tant que ça par rapport à l’elfe miniature. Silmandel fit circuler son regard de la roublarde demoiselle à la bedonnante et ostentatoire victime. L’une de ses mains se porta à sa poche où se trouvait désormais le fruit du larcin. Une seconde d’hésitation plus tard, il haussait les épaules. Il ne fallait pas compter sur lui pour faire respecter la loi, ça c’était sûr. Il adressa, de surcroit, un sourire à la voleuse. « Vas-y, fais-toi plaisir. » C’était à peu près ça le message. Toutefois, dans le même temps, l’ensorceleur redoubla de vigilance envers ses propres affaires. Une pièce en platine dans la poche, c’était bien. Mille pièces d’or dans le sac, c’était mieux.

Etait-il bien prudent de garder cette fameuse pièce dérobée ? Voilà bien une question que ne se posa jamais Songevent. Déjà, il continuait sa route, désireux de trouver de quoi remplacer cette cape d’orc qui convenait si peu à ses goûts esthétiques.

[Zyl]

Sheaxie se retourna sur elle-même. C'était bien sa veine, l'elfe miniature semblait avoir disparu. Sale petite fouine ! Fort heureusement pour elle, elle avait un avantage d'une bonne dizaine de centimètres en moyenne sur la foule qui l'entourait, et les épaules assez larges pour la fendre.
Son regard d'aigle de mauvais poil (de mauvaises plumes ?) perça donc le peuple. Ce qui n'était pas évident, en revanche, c'était retrouver un gamin agité au milieu de ce bazar. Sheaxie foudroya du regard une étagère à vêtements ridiculement colorés, qui ne lui avait pourtant rien fait. Juste parce qu'elle le méritait. Puis elle poursuivit sa route, nageant parmi les nobles gloussantes, parcourue de l'envie de leur arracher le nez avec ses dents. Quand enfin elle parvint à retrouver le petit elfe, elle se trouva fort tentée de le soulever par le col. A la place, elle se contenta de poser une main sur son épaule, et de gronder :

«*On ne s'éloigne pas, gamin ! On te trouve des fringues, et on sort d'ici.*»

Oh, oui. Et... où était Asmodeus, à présent ? Bon sang. Elle était entourée d'imbéciles, une fois de plus.

[Asmodeus]

Asmodeus avait vu son garde du corps attitré se mettre à farfouiller parmi les rayonnages. Le demi-orc s'était-il mis à développer une passion aussi subite qu'inexplicable pour la mode et l'élégance ? Non, c'était là chose inconcevable. Ces créatures n'étaient pas assez intelligentes pour soigner leur apparence dans quelque but que ce soit. Mais il fallait aussi reconnaître que cet Olron lui avait toujours paru assez étrange. Toujours était-il que ce contretemps n'était pas pour lui plaire. Et où était donc passé ce maudit elfe dont il avait prévu de faire son nouveau et premier serviteur ? Lui aussi partit à sa recherche en se glissant entre les créatures gloussantes la tête bien haute et le dos bien droit pour montrer sa supériorité sur cette noblesse locale. L'élu divin pesta en se demandant où étaient passé les vendeurs qui auraient du s'empresser autour de lui dans l'espoir de lui rendre service. Il n'aurait jamais cru avoir ce genre de réflexion mais cette cité lui paraissait soudain un peu trop chaotique.

[Mornagest]

Il fallait croire que c'était une journée particulière, car les vendeurs étaient bel et bien présents, mais affairés à s'occuper d'un maximum de dames venues acheter de riches toilettes pour quelque banale soirée mondaine du crû. Il devait y avoir une trentaine de personnes dans la boutique, et un homme attirait d'autant plus l'attention qu'il devait être à peu près le seul, exception faite du petit Silmandel. Mais personne ne semblait s'en émouvoir.

Asmodeus ressentit une vive douleur à la pointe du pied. Une grosse dame venait de lui marcher dessus, et ne semblait pas s'en être aperçue. Elle campait littéralement sur sa position.

[Asmodeus]

L'outrecuidance de ce geste, volontaire ou non, était plus qu'Asmodeus n'entendait supporter de la part d'une créature grasse et disgracieuse qui se prétendait supérieure à son poids de viande et de fanfreluches réunis. Il adopta le ton le plus impérieux dont il était capable tout en tentant de maîtriser son dégout et sa colère :

- Asmodeus von Krigeneck vous ordonne de vous pousser de son pied !

[Mornagest]

Lentement mais sûrement, la grosse femme se retourna pour faire face à l'élu divin. Son visage était plutôt laid, mais sans doute le jugement d'Asmodeus était faussé par son envie de transformer la femme en tas de cendres fumant.

"Oh. Oh, excusez-moi, très cher. Je ne vous avais point remarqué. Mon attention était toute concentrée sur ce ma-gni-fi-que ensemble. Qu'en dites-vous ? Il m'amincirait, n'est-ce pas ? Je suis certaine que vous êtes un critique impitoyable. Accepteriez-vous de me dire quel effet cette toilette fait sur moi ?"

Elle avait une voix puissante, et Asmodeus eut l'impression que la moitié des personnes dans la boutique parlaient un ton plus bas, comme si elles craignaient de déranger la femme pendant qu'elle-même dégoisait.

"Voyons voir...", poursuivit-elle en plaçant l'ensemble contre elle et en se présentant devant l'élu divin, "Qu'en dites-vous ? Ne me va-t-il pas à ravir ?"

[Asmodeus]

Il mettrait davantage en valeur une vache en train de mettre bas tout comme n'importe quelle robe au monde, avait-il envie de répliquer. Mais la sagesse et la prudence reprirent le dessus sur la colère et l'indignation. Peut-être cette affreuseté avait quelque mari influent ou dangereux qu'il valait mieux ne pas s'aliéner. C'est donc d'un ton mielleux qu'il répondit tout en faignant la sincérité :

- Il n'est nul besoin de vous affiner, ma dame. Mais puisque vous le demandez, je pense - non, je *sais* - que ce colorie vous ira à merveille. Il met votre prestance en valeur ! Vous allez faire des ravages. A tel point qu'Asmodeus oserait presque pousser la curiosité jusqu'à vous demander quel est l'homme béat qui a eu la chance de vous épouser.

[Manfred]

La réaction de l’ensorceleur eut sans doute de quoi mettre les nerfs du demi-orc à rude épreuve. Se tournant vers lui, il imprima sur son visage une expression agacée et s’exprima non sans sarcasme.

-Sans vouloir vous vexer, je doute fort que vous ayez ne serait-ce que la moitié de mon âge. Et même si les apparences sont contre moi, je suis assez grand pour me débrouiller seul. Cherchez donc de votre côté et moi du mien. Comme ça, ho magie, ce sera plus rapide.

Silmandel, qui faisait ici preuve de ses incroyables dons diplomatiques, conclut par une véritable petite fuite. Avec sa taille et sa vivacité, il eut tôt fait de se soustraire à la fois à la poigne et à la vue de l’étrange guide. Allant au hasard entre les rayonnages surchargés d’étoffes, il ne reprit sa quête d’une nouvelle tenue vestimentaire qu’une fois sûr de n’être pas poursuivi. Voilà quelle était sa petite vengeance envers celui qui avait osé, un peu plus tôt, le faire passer pour un esclave.

Quelques minutes plus tard, Songevent était en proie à un dilemme. Son cœur balançait entre deux costumes. L’un faisait très novice magicien, enfin, plus ou moins. Ample et vert pomme de couleur, c’était un joyeux accoutrement. L’autre faisait gosse de riche, à la fois plus sobre de teinte et plus ostentatoire à cause de ses broderies dorées. Comment se décider ? Le mieux, c’était d’avoir un avis. L’elfe n’eut qu’à tourner la tête pour réaliser, à sa propre surprise, qu’il se trouvait dans le dos d’Asmodeus. Celui-ci était en train de sympathiser avec une bourgeoise plus que bien en chair et qui était perchée sur son pied. Indifférent à la situation, Silmandel sollicita l’élu divin.

-Hé ! Qu’est-ce que vous préférez ? Ça ou ça ?

Il montra les habits de la main et semblait apporter un peu d’importance à ce choix insignifiant. De toute façon, tout serait mieux qu’une cape d’orc.

[Asmodeus]

Asmodeus jeta à peine un regard en direction de l'elfe et de ce qu'il lui présentait mais sa réponse prouva qu'il y avait tout de même fait attention :

- Asmodeus porterait son choix sur la robe s'il s'agissait de lui-même mais cela vous mettrait au même niveau que lui. Il vaut donc mieux porter votre choix sur la tenue noblière. Cela convient en outre mieux à un page ou un intendant.

[Manfred]

-Merci l’ami ! répondit, joyeux, Silmandel.
L’instant d’après, il remettait en place l’ostentatoire costume, ayant porté son choix sur la verdoyante tenue de novice. Il s’approcha du marchand pour régler son achat, laissant l’élu divin toujours coincé sous la quasi obèse bourgeoise. Au début, le commerçant fut presque irrité d’être dérangé alors qu’il devait satisfaire toutes ces dames gloussantes à la bource bien remplie. Mais quand il constata que le petit elfe avait sur lui une véritable fortune, il changea tout net d’attitude. Il devint d’une amabilité presque comique d’exagération. Il alla jusqu’à donner du « petit prince » à l’ensorceleur tout en cherchant déjà à lui faire acheter d’avantage. Amusé, Songevent entra dans son jeu. Après tout, il n’était pas pressé, lui. C’était Asmodeus qui voulait l’interroger au sujet des événements du temple.

[Mornagest]

Quinze pièces d'or, tel était le montant à débourser pour obtenir l'habit. C'est qu'il était richement décoré... mais malgré cela, Silmandel entendit quelques bribes de conversation dans son dos, laissant supposer que d'autres toilettes atteignaient des sommes bien plus astronomiques. Des centaines de pièces d'or pour de "simples" robes de nobles ? C'était plus qu'il ne pouvait se le permettre, assurément, et de toute manière, son choix était posé, n'est-ce pas ?

"A votre service, monseigneur", fit le commerçant lorsqu'il reçut la somme demandée, tout en tendant la nouvelle tenue à Silmandel.