[Boutique] La Vierge d'Argent

[Chandara]

Quête : le Poing levé

Chandara sourit tout de même de la plaisanterie et fut rassurée de savoir la jeune femme parfaitement remise. Elle rougit à nouveau en entendant la remarque concernant son moment de panique. Elle était certaine qu’Oriane avait simplement cherché à faire preuve de sollicitude et non à lui rappeler son attitude fautive. Ne lisant aucune malice dans les yeux étranges qui la regardaient avec franchise, la paladine lui confia tout bas :

- Je suis un peu gênée de me confier ainsi mais je ne suis pas à l’aise dans les souterrains. Et, à ma grande honte, je ne sais pas non plus danser la gigue.

[Oriane]

Oriane sourit à la dernière remarque de la paladine. Sa tentative n'avait peut-être pas été si mal placée après tout. Encouragée, elle reprit sur le même ton.

"Il ne nous reste plus qu'à espérer que l'occasion ne nous sera pas donnée de dévoiler notre terrible secret...Du moins pas avant que nous ayons appris à la danser convenablement."

Puis adoptant un ton plus sérieux, elle poursuivit :

"Ces souterrains mettraient les nerfs de n'importe qui à rude épreuve. Et ce même avant l'intervention de ces maudites bestioles. Il n'y a aucune honte à avoir peur, si vous voulez mon avis."

[Lothringen]

Corwin, qui avait assisté à l'échange sans intervenir, hocha la tête à ce moment.

"Non, mais il aurait mieux valu nous prévenir de votre phobie avant même que nous ne mettions les pieds dans les égouts. J'ai vu venir le moment où nous allions tous nous disperser dans ces souterrains mal éclairés, et c'était là une expérience qu'il valait mieux ne pas tenter."

Il reporta son regard sur le reste du groupe. Apparemment, tout le monde était là.

"J'espère que personne ne redoute les macchabées en un état de putréfaction avancée ? Il me semble qu'Althéa nous avait promis une fosse commune..." ajouta-t-il d'un ton faussement enjoué.

[Althéa]

Quête : le poing levé

Mais on aurait dit que ça l'amusait, le vieux grigou. Qu'il prenait plaisir à l'aventure. Et que la présence des morts tout autour de lui avait tout pour lui plaire. Peut-être que voir des vieux os rajeunissait les siens. Enfin ...

Elle se tourna vers l'obscurité aux limites de la sale. La dernière fois qu'elle était venue, elle était passée par là. Cette fois, elle empruntait le chemin dans l'autre sens. Une nouvelle fois, la boucle se bouclait.

Avant de se lancer, elle vérifia qu'aucun piège ne leur bloquerait le chemin. Les morts étaient souvent plus protégés qu'on le croyait.

"Hé bien, c'est par là.", finit-elle par dire en se mettant en route.

Ils débouchèrent à l'air libre. Du moins, si on pouvait qualifier d'air la puanteur immonde que dégageaient les cadavres en décomposition jetés pèle-mêle dans la fosse sur laquelle les catacombes s'ouvraient. Il ne leur restait plus qu'à escalader le tas de cadavres et ils seraient dehors.

[Chandara]

Quête : le Poing levé

Chandara avait jeté un regard noir au vieux prêtre en entendant sa remarque. Celle-ci l’atteignait d’autant plus qu’il avait su faire mouche en soulignant une faute avérée. Malgré le malaise qui l’a fit se renfrogner, elle glissa une remarque à Oriane lorsqu’elle fut sûre de ne pas être entendue de Corwin :

- En voilà un avec qui je n’ai aucune envie d’apprendre à danser.

Le cheminement se poursuivit dans les catacombes et la paladine accueillit comme un soulagement l’arrivée dans la fosse commune car elle avait bien moins d’appréhension à l’idée d’affronter une horde de morts-vivants qu’à se retrouver ensevelie et privée d’oxygène. Pour bien en remontrer à Corwyn, elle n’hésita pas une seconde à prendre la tête du groupe, se rayant un chemin parmi les corps enchevêtrés à l’odeur abominable.

[Dhast]

Brus avait assisté d'aussi loin qu'il était au retour de la paladine vers ses compagnons. Il ne parvenait que très peu à distinguer ses traits d'où il était et ne pouvait discerner leurs paroles qu'ils prononçaient tous à voix basse de sorte qu'il ne se doutait en rien de la panique qui avait poussé la paladine à rompre les rangs. Il se dit qu'elle était probablement partie reconnaître les tunnels... sans la torche. Quoiqu'il en soit elle reprit la tête du groupe et celui-ci continua sa progression.

Arrivés dans la fosse commune, les rangées ordonnées d'ossements avaient évolué en amoncellements chaotiques de cadavres plus ou moins en décomposition. Brus s'arrêta net à la vue de tous ces corps inanimés, exsangues et d'une accablante pâleur. L'odeur aussi le saisit, perçant ses narines et les noyant dans le miasme révulsif dégagé par les morts, une nausée entêtante le gagna. L'adolescent fit quelques pas en retrait et se penchant brutalement vomit. Il resta penché un instant, cracha, puis essuya de la main les résidus de salive bilieuse qui maculaient ses lèvres. Essayant de prêter le moins d'attention possible aux occupants de la fosse, Brus reprit tant bien que mal sa filature, le teint verdâtre et un rictus de dégoût sur les lèvres. Il commençait à regretter de s'être engagé dans cette histoire.

[Lothringen]

Ces corps... C'était bien différent de l'ossuaire de tout à l'heure, avec ses os tout propres soigneusement empilés. Ici, on avait jeté les corps en vrac dans une fosse à ciel ouvert, sans même prendre la peine de les incinérer ou de les recouvrir de plus de quelques pelletés de terre. L'odeur de putréfaction était à peine soutenable. Etaient jetés là les corps que personne ne réclamait, ceux des pauvres, des athées, des étrangers... Corwin en eut confusément honte pour l'Eglise helmite. Personne me méritait de finir comme cela. Il se promit d'en toucher un mot aux prêtres en charge du cimetière, quand ils reviendraient de leur périple.

En attendant, il leur fallait escalader cet amoncellement instable de chairs racornies et d'os secs, le tout dans une puanteur de mort, avec les piaillements des corbeaux charognards pour toute compagnie... Le vieux prêtre prit son courage à deux mains et commença prudemment l'escalade. Des craquements sinistres rythmaient ses pas. Il se trouva dans l'incapacité de poursuivre. Baissa les yeux avec effort, pour constater qu'il avait le pied bloqué dans une cage thoracique.

Tu ne vomiras pas.

En dépit de toute son expérience de la guerre et de ses horreurs, il sentait la panique le gagner... Qu'Helm m'assiste, songea-t-il.

Corwin Balder = = > apaisement = = > Corwin Balder

Après avoir lancé le sort, il reprit la marche en respirant profondément - ça allait aller. Après dix minutes de cauchemar, il mit enfin le pied dans une motte de terre en périphérie de la fosse et s'effondra sur les genoux, écœuré de ce qu'il venait de vivre.

[Althéa]

ça puait, de plus en plus. On ne s'habituait jamais à l'odeur de la mort. Et c'était sans compter les corbeaux, venant goûter sans vergogne au festin à ciel ouvert. Les yeux et les parties molles résistaient mal à leurs becs acérés.

Althéa essayait de poser un pied devant l'autre en essayant de ne pas regarder ce sur quoi elle marchait. C'était mou. Et parfois, son pied s'enfonçait. A un moment, elle perdit l'équilibre et se retrouva à genou. Ses doigts rencontrèrent quelque chose de visqueux. Elle ne put s'empêcher de baisser la tête. C'était visqueux, flasque, légèrement verdâtre. Elle se releva, fit quelques pas et se pencha pour vomir.

Elle marcha aussi droit qu'elle pouvait, progressant plus lentement pour ne pas retomber. La fosse montait légèrement, en plan incliné jusqu'à la surface. Les cadavres roulant sous ses pas manquèrent la faire trébucher à chaque fois. Finalement, elle fut dehors.

[Chandara]

Quête : le Poing levé

Chandara avait entamé l’ascension du massif funèbre sans s’attacher aux choses molles et puantes qui glissaient sous ses pieds. Elle s’efforçait, par fierté, de ne pas montrer les tremblements qui agitaient sa carcasse à chaque fois que son pied dérapait, provoquant parfois le bruit écœurant d’un morceau de chair se détachant d’un cadavre en état de putréfaction avancée. Elle ne sentait même plus l’odeur des miasmes que leur mouvement soulevait tellement sa gorge était serrée.

Mais elle ne put retenir un cri d’angoisse lorsqu’elle tomba à genoux et que le bras du cadavre d’un vieil homme vint entraver sa progression. Elle dut faire appel à toutes ses forces pour écarter le membre raide qui semblait enserrer sa cheville. Son sursaut erratique la dégagea dans le craquement sinistre du bras brisé mais elle ne put que ramper lors des mètres suivants, croisant dans une vision cauchemardesque les visages aux orbites vides qui semblaient ricaner de ses efforts pour contenir son effroi. La paladine arriva parmi les premiers à bout de cette épreuve et s’effondra dans la boue, achevant ainsi l’œuvre de dévastation systématique subie par sa tenue lors de la traversée des égouts, des catacombes et finalement de la décharge à ciel ouvert du cimetière de Manost. Un coup d'œil à ses compagnons d'infortune lui appris qu'elle n'était pas la seule à souhaiter un bain et des vêtements propres.

[Oriane]

Oriane sentit toute couleur quitter son visage lorsqu'elle arriva en vue du charnier. L'odeur ne tarda pas à parvenir à ses narines, de plus en plus forte, lui soulevant l'estomac. Elle s'efforça de concentrer son attention sur ses compagnons, fixant son regard sur eux pour ne pas regarder par terre. Et elle commença à avancer sur les corps en décomposition. Les chairs et les os faisaient un bruit qui, conjugué à l'odeur, la porta au bord de la nausée. Elle s'arrêta, une fraction de seconde, et jeta un oeil vers la sortie. Elle n'était plus très loin, la distance qui la séparait d'une bonne bouffée d'air pur ne devait pas faire plus d'une dizaine de pas. Elle bloqua sa respiration, et se remit à avancer, d'un pas plus rapide. Elle trébucha à deux reprises, mais se rattrapa de justesse à chaque fois et finit par atteindre l'extérieur, pâle comme la mort.

[Dhast]

Brus avait fait quelques pas supplémentaires tout en surveillant la progression du groupe devant lui. Mais son regard ne manquait pas de retomber invariablement sur les cadavres et son cœur se soulevait. Jeu de son esprit effrayé il se demandait parfois si certains membres ne bougeaient pas alors que son œil regardait à côté. Jetant des regards de tout côté au lieu de regarder où il marchait il trébucha sur une rotule peu solidaire et s'affala de tout son long sur deux cadavres qui lui faisaient face.

Il essayait par des gestes frénétiques de se remettre sur pieds lorsqu'il distingua une forme inhabituelle sous les deux corps qui avait amorti sa chute. Entre leurs torses, au creux de leurs hanches, deux yeux. Deux yeux morts comme tout ici, mais deux yeux jeunes, éternellement jeunes. Entre ses yeux un nez fin légèrement égratigné, et à son extrémité une bouche presque close. Deux lèvres pâles et froides dominant un menton légèrement avancé. Enfin une mèche de cheveux lisse traversait ce visage dont il ne voyait les contours. Mais ces yeux grands ouverts, à quelques centimètres, fixaient les siens.

Lorsque Brus put se soustraire de ce regard si glacial, il réalisa qu'il était toujours allongé sur les deux cadavres, que ses mains touchaient leurs os roides sous leur peau. Il bondit en arrière en laissant échappé un hurlement de frayeur. Cette note venant déchirer le silence qui pesait sur le charnier eut pour effet de le ramener brutalement à la réalité. Se rendant compte de son impair il se précipita en arrière pour retrouver l'entrée des catacombes qui le dissimulerait des regards venant du haut de la fosse.

Edit : petite migration de topic bien méritée, suivez le lien
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post220624

[Mornagest]

En provenance de

Le guerrier avait marché pendant une bonne demi-heure. À sa décharge, il s'était quelque peu égaré, et demander son chemin n'était pas son fort. Il avait conservé son caractère timide et quelque peu taciturne vis-à-vis des inconnus. Il finit par arriver sur la bâtisse que lui avait renseignée Lothringen, et entra sans plus de cérémonie. Il fut aussitôt assailli par une armée de fragrances toutes plus fortes les unes que les autres. Une impressionnante collection de fioles, flacons, pots et autres contenants divers ornaient la plupart des étagères de la boutique, qui embaumait les herbes aromatiques, médicinales et éventuellement toxiques. Plissant les yeux, Mornagest parvint à éviter de tousser, puis s'aperçut qu'il y avait quelqu'un derrière le comptoir. Sans doute Elissa Keens ?

[Elissa Keens]

Elissa avait profité du temps où le client ne la regardait pas pour le toiser. Jamais vu en ville, celui-là. Plutôt imposant comme physique mais l'air plutôt calme. Rien qui inspire vraiment la méfiance. Par contre, la raison de sa venue lui était parfaitement étrangère. Aucun indice pour le déterminer.

Peut-être sa présence était-elle dûe aux événements en ville. Ces décès inopinés là où on ne les attendait pas. Les principaux touchés étaient les fidèles de Helm, et dans une ville comme Manost, ça faisait désordre. De loin en loin, elle entendait les habitants de la ville se poser des questions. Cela n'avait rien d'agressif. Mais il n'en fallait pas beaucoup plus pour que la tension monte d'un cran. Méfiance donc.

Elle sourit tout de même.

"Que puis-je pour vous ?"

[Mornagest]

Le guerrier examina la marchande pendant un court instant. Une demi-elfe habillée comme un moine, l'air plutôt rustaude mais aux abords pas forcément froids. Hum.

"L'on m'a renseigné votre boutique. Je cherche quelque chose d'assez particulier, à vrai dire. Je viens de la part du conseiller à la diplomatie, Lothringen."

Elle ne ferait jamais le lien entre eux deux. De toute façon, Lothringen n'était pas censé crier sur tous les toits qui il connaissait ou non.

[Elissa Keens]

Elissa avait observé longuement l'inconnu. Donc, c'était une connaisance de Lothringen. Voila qui était intéressant. A Manost, depuis le temps qu'elle vivait en ville, tous les amis de ses amis avaient fini par devenir des têtes connues. Parfois même des membres de la guilde. L'inconnu venait un peu renouveller la galerie de portraits. Mais, plus important, Lothringen ne lui envoyait jamais quelqu'un par hasard ...

"Venez avec moi"

Elle le fit passer sans préambule dans l'arrière boutique où se tenait son bureau. Peu de ses mercenaires transitaient à cette heure, mais elle préférait garder l'illusion de façade. Jusqu'à ce que l'inconnu lui démontrer le contraire, son bureau ne serait que l'arrière boutique de l'herboristerie, et rien de plus.

[Mornagest]

Il obéit sans mot dire, tout en continuant à observer la cambuse. Ils entrèrent dans une petite pièce meublée d'un bureau, et de plusieurs étagères qui regorgeaient de bocaux divers, souvent annotés d'étiquettes aux intitulés parfois inquiétants, mais parfois, sans aucune indication quant à leur contenu. Le guerrier préféra ne pas s'interroger sur leur nature. C'est qu'elle ne paraissait pas totalement inoffensive, cette femme.

Préférant rester debout, Mornagest décida de lancer la conversation.

"Je recherche du travail." Un brin laconique. Il s'efforça de passer outre sa timidité, et poursuivit : "Mon ami m'a signalé votre guilde, pensant que mes talents pourraient lui être utile."

[Elissa Keens]

Elissa avait souri légèrement. L'homme n'était pas la première recrue aiguillée par Lothringen. En général, elles étaient de celles qui restaient. Et pour le moment, ce n'étaient pas les nouveaux mercenaires qui se bousculaient à sa porte. Un renfort en plus ne serait pas de trop.

Mais pour l'instant, elle devait le connaître. Sinon, c'était trop facile. Ce n'est pas parce qu'ils portaient le label du conseiller à la diplomatie qu'elle devait forcèment les accueillir à bras ouverts. Son visage se refit sérieux.

"Hé bien, effectivement, vous ne vous êtes pas trompé d'adresse. Par contre, j'aurais besoin de vous connaître un peu. Alors, qui êtes-vous et que pouvez-vous apporter à notre guilde. Monsieur ?"

[Mornagest]

Le guerrier hocha la tête. Rien de bien surprenant. N'importe qui ne pouvait pas arriver ici, la bouche en cœur, et se faire engager sans se faire quelque peu connaître.

"Je m'appelle Hughes. Hughes Montfort. Je suis passé maître dans le combat à l'épée. Je ne doute pas que votre guilde ait besoin de gens comme moi... j'ai appris, par le conseiller, que la situation à Manost devenait chaque jour un peu plus tendue. C'est que... je ne suis pas d'ici, comme vous vous en doutez."

[Elissa Keens]

Elissa hocha la tête. Comme toujours, le conseiller était bien informé. Même si, en ce moment, il suffisait de sortir et de prêter l'oreille pour entendre les rumeurs. Il n'y avait pas encore de la colère, seulement un sentiment d'insécurité et d'incompréhension. Par la suite ... Elle craignait un peu que la situation s'envenime. A moins que la situation se stabilise. Pour le moment, mieux valait rester prudent.

"Hé bien ... pour la situation à Manost, vous êtes perspicace. Et pour le moment, si j'ai besoin de vous, ça serait en ville. La plupart de mes aides sont parties en mission en dehors de la ville. Si vous restez, je ne vous confierais qu'une tâche plutôt basique : surveiller les rumeurs, surtout celles qui mettraient en cause les autorités helmites. En général, les gens se confient plus à de parfaits étrangers ... Est-ce que cela vous intéresse ?"

[Mornagest]

Humpf. De l'espionnage ? Voilà qui était plutôt nouveau pour lui. Mais s'il fallait en passer par là pour avoir une place au sein de la guilde, pourquoi pas ?

"Disons que ce n'est pas forcément mon point fort, mais je vous montrerai ce dont je suis capable. C'est d'accord... il me faut seulement savoir à quelles rumeurs vous souhaitez que je prête attention. Uniquement celles concernant Helm ?"

[Elissa Keens]

Elissa n'hésita pas une seconde pour répondre.

"Toutes les rumeurs. Je voudrais savoir si les prêtres s'agitent, si les gens doutent, ce qu'ils pensent. J'ai l'impression qu'il se passe des choses plutôt étranges. Et j'aimerais savoir si les faits seront à terme mauvais pour la ville et pour nos affaires ou non. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je sens qu'il va y avoir du vilain. Quelque chose dans le vent qui ne sent pas très bon ..."

[Mornagest]

Rien de bien encourageant pour l'avenir de Manost... mais il comprenait que cela soit important.

"Je ferai de mon mieux. Mais j'ai encore quelques questions... où dois-je me poster ? Quand et auprès de qui dois-je venir rendre compte ?"

[Elissa Keens]

Elissa s'était laissée aller à sourire. Le nouveau venu ne manquait pas de pragmatisme. Elle prit du temps avant de répondre.

"Hé bien ... Plusieurs endroits sont propices aux rencontres et aux échanges de rumeurs. Le marché, le Loyal Paladin en milieu de soirée lorsque les langues se délient, la place du temple qui est un lieu de vie important de Manost. S'il vous arrive de passer par l'un de ces endroits, tendez l'oreille. Bien sûr, ne restez pas à attendre les nouvelles sans bouger. Vous pouvez vous aussi engager la conversation. Pour les nouvelles, disons que nous avons une entrée discrète pour nous rendre dans la guilde. Il vous suffira d'entrer par là."

Elle l'emmena devant une toute petite porte qui de l'extérieur était une imitation parfaite d'un simple pan de mur. Il suffisait d'enclencher un mécanisme tout simple et le tout pivotait.

"D'autres questions ?"

[Mornagest]

"Hughes" nota mentalement les indications données par Elissa, même si elles semblaient évidentes. Autant maximiser ses chances de trouver des renseignements utiles à la guilde, et par là, au conseil, et à Lothringen. S'il pouvait aider à enrayer une révolte... si elle était illégitime. Mais il n'avait aucun moyen de le savoir, pour l'heure. Qui étaient ces gens ? Que voulaient-ils ? C'était ce qu'il devait découvrir.

"Entendu. Non, je pense que pour l'instant cela suffira. Je vais peut-être faire un premier tour ce soir. En général, la faune n'est pas la même selon l'heure du jour... et le plus intéressant sort sous couvert de l'obscurité."

Il attendit un instant afin de s'assurer que l'elfe n'avait plus rien à ajouter, puis il la salua d'un signe de tête et sortit dans la nuit fraîche de Manost.

En route vers

[Dhast]

Venant de La Discrète
Et cette envie de pisser qui ne passait pas. Brus n'aurait su dire qui de Hugues ou sa vessie lui pesait le plus. Ils avaient déjà traversé quelques rues depuis les quais mais Hugues semblait tenir le coup, et n'étaient ces légers bruits de pas qu'ils avaient perçu quelques fois le danger semblait retomber à mesure qu'ils s'approchaient de la Vierge d'Argent. Légèrement haletant, Brus s'enquit une nouvelle fois de l'état de son compagnon :

- T'nez m'sieur Hugues? C'plus bien loin maint'nant, c't'une herborist'rie, la Vierge d'Argent, j'connais quelques personnes, pourrons vous soigner ça. V'nez.

Ils débouchèrent finalement dans la rue où se situait l'herboristerie. Brus déverrouilla la porte et aida Hugues à en franchir le seuil, puis il lui présenta le tabouret dont Delcia devait se servir pour atteindre les bocaux les plus hauts des rayonnages.

- Pour vous. J'vais trouver quelqu'un, bougez pas.

Brus passa une porte derrière le comptoir et s'en fut chercher qui de Delcia ou d'Elyssa il trouverait la première.

[Mornagest]

L'hémorragie s'était globalement arrêtée d'elle-même, mais la croûte de sang formée sur sa plaie menaçait de se rompre à tout moment. Cependant, en restant immobile, il augmentait ses chances de rester en vie. Son poumon était-il atteint ? Il n'en était pas certain, mais la douleur était atroce, maintenant, et la chaleur de la plaie se répandait dans toute sa poitrine et son abdomen. Il avait serré les dents, manquant crier à plusieurs reprises, durant le trajet. Machinalement, mais sans vraiment y faire attention, il avait reconnu quelques bâtisses alentours, et il savait maintenant se trouver au sein de la Vierge d'Argent, là où Elissa lui avait confié sa mission d'espionnage. Cruelle ironie... peut-être pourrait-elle le soigner, voire le guérir de sa blessure. En tous les cas, il n'aurait pas à forcer le trait de beaucoup pour avouer son échec, même si la dame devait ignorer les raisons qui l'avaient pousser à enquêter dans les bouges du port. Tant de choses s'étaient produites en si peu de temps !

Fermant les yeux, Mornagest essaya de penser à autre chose que sa douleur. Il trouva assez facilement refuge dans sa mémoire fraîchement recouvrée. Tout ne lui était pas revenu à l'esprit, mais les détails revenaient aisément s'il prenait la peine de se concentrer dessus. L'épine dorsale du monde, les terres gelées, le voyage vers Dorrandin, les premiers pas à Melandis, son exil vers Lumenis, sa visite à Manost, sa rencontre avec Lothringen et ce qui en découla...

Tandis qu'il sombrait dans l'inconscience, un léger sourire apaisé se dessinait sur ses lèvres.

[Elissa Keens]

A cette heure tardive, la boutique était bien entendu fermée aux visiteurs et Delcia devait dormir d'un sommeil bien mérité dans une des chambres de la guilde. En revanche, dans son petit bureau attenant, Brus n'eut aucune peine à trouver Elissa, qui complétait apparemment un livre de comptes, à la lueur d'une chandelle. La moinesse dormait-elle jamais ? Elle ne parut pas surprise de le voir débouler dans la pièce : il lui restait manifestement quelques progrès à faire en crochetage silencieux. Le jeune homme eut à peine le temps de l'avertir qu'il avait un blessé à soigner qu'elle se rendit dans l'herboristerie constater par elle-même, un brin soucieuse.

"On n'est pas censé guérir tous les nécessiteux de Manost, Brus... surtout avec la pénurie de soins en ce moment, c'est un coup à crouler sous les solliciteurs..."

Elle examina quand même le blessé, qui, assis sur un tabouret et appuyé au mur, venait de perdre conscience. Elle le remit aussitôt. C'était Hugues Montfort, le guerrier laconique qui s'était présenté comme un ami de Lothringen et qu'elle avait envoyé prendre la température des rumeurs manostiennes. A en croire la dague qui restait fichée dans sa cage thoracique, il avait trouvé quelque chose. Comment avait-il rencontré Brus, d'ailleurs ? Mais il fallait garder les questions pour plus tard. La blessure était profonde et plutôt vilaine, un poumon semblait perforé : on ne guérirait pas ça avec une infusion et un cataplasme.

Elle alla prendre sur une étagère une toute petite fiole rouge qui ne payait pas de mine et la posa sur le comptoir, à portée de main. Puis elle invita Brus à se rapprocher et réveilla Mornagest à grand renfort de petites tapes sur les joues. Il fallait qu'il soit conscient. Elle saisit alors les mains du guerrier.

"Brus, à mon signal tu vas retirer la dague d'un coup sec à l'horizontale. Je ferai alors une imposition des mains. Si ça ne suffit pas à stopper l'hémorragie, continua-t-elle à l'attention de Mornagest - et seulement si ça ne suffit pas, merci d'être économe, c'est devenu denrée rare - vous prendrez aussitôt la potion de soin, oui c'est la petite fiole rouge, là. Dans le cas contraire on se contentera d'un pansement. Tout le monde est prêt ? Go! "

[Dhast]

Brus suivit Elissa dans son manège. A la voir faire il se rendit compte qu'il ne la connaissait qu'assez peu, l'attention manifeste qu'elle portait à ses sous, l'heure indue à laquelle il l'avait trouvée penchée son livre de compte, l'allusion aux soins et la dernière remarque adressée à Hugues au sujet de la potion de soin le surprirent autant qu'elles l'amusèrent malgré même la gravité de la situation. Si bien qu'il réprima le grommellement qui lui venait à la vue de la douceur avec laquelle Elissa réveillait Hugues quand lui-même, tout à fait conscient, avait écopé d'une sacré trempe. Lorsqu'elle donna le signal Brus revint à lui et la main légèrement tremblante exécuta les consignes. Une seconde après il se retrouvait avec la dague ensanglantée en main tandis que la moinesse poursuivait l'opération. Un tressaillement le saisit de nouveau.

- Je r'viens dans une minute m'dame Elissa, c't'urgent.

Puis il s'éclipsa après avoir précipitamment lâché la lame sur le comptoir.

[Mornagest]

Réveillé mais dans un état proche de la fièvre - qui commençait d'ailleurs à s'installer - Mornagest acquiesça lorsqu'il entendit les recommandations d'Elissa. Il grogna et ferma les yeux alors que Brus ôta l'arme de sa plaie, puis il sentit les bienfaits de l'imposition des mains de la moinesse sur sa blessure, qui se referma rapidement, non sans qu'elle restât douloureuse. Cependant, il sentit qu'il allait déjà nettement mieux, et il put se redresser sur sa chaise, plus alerte.

"Merci... je vous suis redevable. Désolé de revenir en piteux état. J'ai eu... ah, j'ai commis quelques erreurs de jugement, on dirait."

C'était peu dire, d'ailleurs.

[Elissa Keens]

Elissa Keens le jaugea quelques fractions de secondes, le temps d'évaluer si son visiteur était en état de discuter ou s'il fallait s'occuper du pansement avant. A priori, il supporterait la discussion et le reste des soins pouvait attendre un peu... Elle prit le temps de reprendre la potion de soin et de la dissimuler au milieu d'autres fioles, sur l'étagère, avant de se rasseoir en face de lui. Comme toujours, elle manifestait un sang-froid qui en glaçait plus d'un. En tant que moinesse de Kelemvor, elle avait en quelque sorte consacré sa vie aux mourants et aux familles endeuillées - devenir la dirigeante d'une guilde de mercenaires et d'espions n'avait rien fait pour arranger les choses : pour elle, la mort était partout. A s'en blaser...

"On dirait, oui. Que s'est-il passé ? J'avoue qu'en vous demandant de reniffler l'humeur de la ville, je ne pensais pas vous confier une mission à risques."

Quand Elissa avait entendu Hugues se réclamer de Lothringen, elle avait eu l'intuition qu'il ne pouvait s'agir d'une vague connaissance. Cela faisait longtemps qu'accaparé par les affaires du Conseil, le semi-drow n'avait plus le temps de sympathiser avec n'importe qui. Même ses vieux amis, il ne les voyait quasiment plus, d'ailleurs, et il s'était fait rare, ces derniers mois, à la guilde... Bref, en envoyant le guerrier sur cette mission, elle avait cru le ménager autant que le tester. Une sacrée erreur, pour elle aussi.