Quête : Le Poing Levé - Départ des troupes

[Lothringen]

(une dizaine d'heures après la publication de l'ordre de mobilisation...)

[JUSTIFIER]Dans le petit matin frileux, les premières troupes se rangeaient en ordre de marche, sous les ordres de leurs dirigeants respectifs et l'oeil attentif du capitaine Bacramad, qui supervisait l'ensemble de la manoeuvre. Le départ des combattants allait s'étaler sur plus d'une journée, et l'on se hâtait de laisser partir en premier les troupes habituellement cantonnées au fort de la Lame d'Argent, qui par définition n'attendaient que cela. L'idée des généraux était de prendre les mélandiens de vitesse, au cas où ils décideraient de réagir à la décision manostienne, afin de les empêcher de prendre les premiers le contrôle des cols de la Cordillière.

Emmitouflé dans son manteau, la capuche rabattue sur les cheveux pour se protéger d'une bruine pénétrante, Lothringen se tenait à cheval auprès du capitaine, discutant avec lui de certaines décisions encore en suspens. Si le semi-drow laissait aux militaires le soin des stratégies et de la logistique, en revanche il voulait être au courant de tout, et confronter leurs projets aux innombrables informations qu'il possédait mieux qu'eux. Par exemple, c'était lui qui s'était chargé d'avertir leurs alliés luméniens de leur départ précipité. C'était surtout lui qui avait précipité ce départ, en dépit de l'opinion des militaires, qui se seraient volontiers donné une semaine supplémentaire pour organiser leurs convois. Il y avait une raison à cela, que le semi-drow ne pouvait avouer : les rapports des Sentinelles étaient formels, un coup d'état était en préparation à Manost, et il était plus que probable qu'il en serait la cible. Peu désireux de rester là à attendre le pire, le conseiller avait donc préféré prendre les événements de cours. Il ne pourrait empêcher des comploteurs de prendre le contrôle de la cité lorsqu'ils seraient au loin, mais du moins s'assurait-il qu'ils passeraient pour ce qu'ils étaient : des traîtres.

Les soldats manostiens défilaient, disciplinés et mornes, à l'image de ce ciel de plomb. Ils étaient prêts à faire leur devoir, mais le moral était en berne. Même son cheval encensait avec nervosité, impatient de ce temps maussade, mécontent de demeurer immobile tandis que les autres avançaient. De temps à autres, Lothringen jetait un regard vers les remparts habituellement d'un blanc éclatant, et que la pluie rendait grisâtres. Il avait rangé à la hâte ses affaires dans son sac enchanté - vêtements de rechange, ingrédients de sorts, couverture, arc, carquois, et même certains de ces artefacts étranges qui disaient son histoire, comme une série de quatre sphères divinatoires et un coffret contenant une épée elfique - et son coeur s'était un peu serré à l'idée qu'il ne reviendrait peut-être jamais. Enfin, non, corrigea-t-il. Leodacya et Mornagest étaient à Manost : il faudrait bien qu'il revienne. Mais ce jour-là, selon toute probabilité, il ne serait plus conseiller. Un citoyen ordinaire... dans le meilleur des cas.

Devant lui, un soldat trébucha dans une flaque de boue en formation, et jura. Lothringen, frigorifié, se serra dans sa cape, immobile auprès du capitaine de la garde. Il n'avait pas eu le temps de faire ses adieux. Ce n'était pas pour lui déplaire. Il n'était pas très doué pour les adieux. Les départs, en revanche... non loin de lui, à quelques touffes des sabots de sa monture, le long ruban de route l'appelait.[/JUSTIFIER]

[Chandara]

Chandara avait rejoint la colonne de soldats massée devant et autour des portes de cité sans vraiment savoir où on attendait qu’elle se place. Finalement, alors qu’un espace se libérait, elle talonna sa monture pour franchir les lourdes portes protégeant l’entrée de la ville. Son cheval se rangea immédiatement sur le bas côté boueux pour laisser avancer la colonne continue de soldats. La paladine, si elle pouvait encore légitimement se considérer comme telle, avait emporté sa cotte de maille et son plastron ainsi que son épée longue et sa masse d’armes en plus de son matériel de couchage et de quelques vivres au cas où elle ne serait pas directement incorporée aux forces militaires.

[Althéa]

Titoeil lui avait confectionné une écharpe et des gants. Ils étaient certes d'un vert douteux et l'un des gants comptait sept doigt mais elle les serrait dans ses mains comme un trésor. De même que le bout de chiffon encore imprégné de bave de sa fille. Elle essayait de ne pas penser à Leodacya. Dryade lui avait promis qu'elle prendrait soin de sa fille comme de la sienne et elle lui faisait confiance. Si les ennemis franchissaient les portes du Loyal Paladin, elle saurait les accueillir dignement.Manost, sa cité d'adoption était menacée par la fourbe Melandis. La ville avait besoin de poings armés pour sa défense. Elle se devait d'y prendre part. Bien sûr, elle ne compterait pas parmi les soldats, plutôt parmi les éclaireurs. Mais elle ne pouvait rester à l'arrière. Comme à son habitude, elle s'était décidée sur un coup de tête. Elle s'avança vers la foule des anonymes, reconnaissant au passage Lothringen derrière son capuchon. Une paladine non loin d'elle lui sembla familière, mais elle resta à distance. Pour le moment, elle avait besoin de silence.

Elle regarda passer les soldats. Certains, peut-être elle ne reviendraient pas. Curieusement, cela ne lui causa aucun état d'âme, du moins pour le moment. La guerre était alors une réalité peu concrète. Jamais, elle n'avait été tout près de ses horreurs. Elle soupira et réajusta son écharpe autour de son cou. Au moins, elle n'avait pas froid. Son sac à dos lui pesait. Elle avait l'impression d'emporter sa vie entière. Quelques vêtements, son carnet de croquis, une plume. Elle n'avait voulu emporter rien d'autre.

[Mornagest]

En provenance de

Son épée solidement arrimée dans le dos à côté de son sac, Mornagest marchait à vive allure pour ne pas manquer le point de ralliement, et essayer d'obtenir des informations complémentaires sur le conflit à venir. Où en étaient les mélandiens ? Où allaient-ils être envoyés pour combattre l'ennemi ? Qui dirigerait les troupes ? Tout cela semblait si confus, si hâtivement préparé... il connaissait en partie les capacités des armées mélandiennes, malgré les probables changements apportés par l'empereur tyran, et il savait que, malgré leur apparente incohésion, l'ordre qu'elles déployaient constituaient l'une de leurs grandes forces. Or, ici, à Manost, c'était un réel chaos qui régnait apparemment. Peut-être faudrait-il un peu de temps pour que les troupes s'organisassent correctement. Si le temps leur était laissé...

À l'approche du gros des troupes, le guerrier chercha où il pourrait prendre une place pour s'intégrer à la colonne en formation.

[Ailyn]

Les rumeurs, le chaos et les exercices acharnés à la Tour des Mages... Ces mots résumaient à eux seuls les quelques jours qui avaient précédés pour Ailyn. Bien avant que le crieur ne l'annonce au port, elle savait déjà par les bruits de couloirs, qu'il allait se passer quelque chose. Une chose à laquelle elle serait obligée de participer, hors de ce nouveau lieu d'adoption qu'était la Citée de Manost.
Elle se sentait terriblement seule depuis ces quelques jours, et les mises en garde ainsi que les exercices de Maître Zebiggus ne l'avaient pas aidée à se sentir plus proches des autres... Se défendre, dissiper certains enchantements, voir la vraie nature de la menace... Autant de sorts ratés, ou alors un peu trop bien réussis... L'entropie était en effet à ce point absurde, et le découvrir si vivement auprès de magiciens qualifiés et décidés à exploiter son "talent" avait été une souffrance comme elle n'en avait jamais connue.
Et voilà Ailyn qui se dirigeait vers la mort, la souffrance et la destruction, plus près qu'elle n'avait jamais été.
Très inquiète, la jeune femme serrait la sangle de son sac contre son épaule d'une main, et tenant fermement le bâton magique que Maître Zebbigus lui avait remis avant son départ. Tout le matériel de la Tour des Mages y était passé avant le départ des apprentis : elle s'était vu remettre des potions, du matériel sommaire pour en créer sur le terrain si besoin, des objets magiques dont on ignorait parfois l'utilité. Tout avait été sorti des remises et des placards, dans un désorde absurde...

L'arrivée dans les colonnes avait été du même acabit : on avait tâché des les répartir dans la foule des soldats et des volontaires, et les magiciens s'étaient retrouvés séparés, avec l'ordre de se répartir au mieux dans les troupes. Elle savait que si elle cherchait, elle pourrait les repérer grâce à leurs robes de magiciens noires, celles qu'on leur avait remises avant le départ, supposées être plus résistantes, mais aussi plus discrètes que leurs robes traditionnelles.
A présent, Ailyn se sentait perdue, les mains crispées sur son bâton dont elle ne reconnaissait pas encore les aspérités, et elle observait son environnement avec inquiétude. Ses longs cheveux noirs s'emmêlaient dans la pluie et dans le vent, lui laissant ressentir une étrange bouffée de liberté.

La jeune femme aperçut alors sur un cheval quelqu'un qui ressemblait étrangement à un drow... Un bâtard, sûrement, comme elle... Il semblait diriger les troupes à côté de celui qu'on lui avait désigné comme étant le Capitaine. Elle se remémora alors quelques discussions entendues au détour d'un couloir, que l'un des dirigeants de Manost était un semi-drow... Peut être était ce le même ?
Elle se rappela également une femme à cheval dépassée peu après les portes de la ville... Elle lui rappela Elanor, et Ailyn se demanda si elle aurait des chances de la croiser...

Perdue dans ses pensées et marchant le plus vite possible, elle trébucha alors, poussant un juron des plus vulgaires et s'affala moitié sur une femme portant une écharpe d'un vert qui lui paru des plus charmants, ainsi qu'un gant qui devait probablement comporter quelques doigts superflus.
Elle s'excusa en rougissant.

[Lothringen]

«*VOUS*! Oui, vous, les isolés, les égarés, les sans-grade, qui marchez n'importe où et dépareillez les rangs ! Venez par là. »

L'homme qui venait d'interpeler de la sorte les volontaires était un sergent de la garde, dont le rôle consistait précisément à fournir un bataillon de rattachement à qui n'en avait pas. Il morigéna Ailyn, que sa chute avait éloignée des autres mages.

«Mademoiselle, hâtez-vous, le groupe des mages de la guilde s'en va. Vous, le guerrier, fit-il à Hugues Monfort, vu votre tabard, vous marchez avec les tormites ? Bon, très bien, demeurez avec eux, le tout est que vous sachiez où vous êtes. Ah, et vous, fit-il à Althéa, vous devriez rejoindre le groupe des éclaireurs, il va vous falloir remonter la colonne, ils sont en tête évidemment. Présentez-vous à leur chef, le rôdeur Ellythrin. Et il nous reste... Ah, vous, fit-il à Chandara. Voyons, vous avez une monture... Vous auriez votre place auprès des helmites déchus, paladins et prêtres, leur style de combat semble correspondre au vôtre. Si vous voulez bien patienter, le grand-prêtre Eroeh a annoncé qu'ils partiraient dans quelques heures.»

HRP : les pjs peuvent évidemment interagir entre eux, de même qu'ils peuvent décider de ne pas suivre les consignes.

[Althéa]

La discipline. Les soldats alignés et disciplinés. Telle était l'armée qui se préparait au combat. Althéa haussa les épaules. Elle aurait dû s'attendre à cette variable là. Et elle devrait s'y faire. A pas comptés, elle remonta la colonne en regardant les soldats. Certains avaient l'air plutôt jeunes, d'autres de vétérans. Les plus aguerris gardaient le silence pendant que la bleusaille s'invectivait bruyamment. Des adolescents, tout droit sortis de l'enfance, pour la plupart. Elle remarqua même, dans la foule de curieux à coté des troupes une femme, une mère sans doute, brandissant fièrement un paquet de biscuits. L'un des soldats, rouge brique tentait de se fondre dans la foule. Le fils, sans doute. Aujourd'hui, il voulait sûrement jouer au grand. Elle regarda autour d'elle pour s'assurer que Titoeil ne la poursuivait pas avec une collation pour elle. Non, heureusement.

Elle arriva en tête de colonne. Les éclaireurs étaient reconnaissables à leur tenue moins lourde que celle des soldats. Elle s'avança vers un homme qui avait l'air d'avoir un accoutrement de rôdeur. En enfant de la ville et des ponts de bois, elle avait eu rarement affaire à eux.

[Dhast]

Les jours qui avaient suivi la rencontre avec Hugues ne s'étaient pas révélés aussi enthousiasmants qu'il l'avait espéré. Bien sûr il avait eu l'occasion de suivre le guerrier lors de quelques-unes de ses missions, mais l'investigation au cœur du clergé tormite ne semblait pas avoir eu de suite et les questions soulevées par l'ordre de mission dérobé au paladin étaient restées en suspens. Les choses bougèrent de nouveau lorsque parut l'ordre de mobilisation. Il y était fait mention de beaucoup d'organisations manostiennes à l'exception pourtant de la guilde et cette lacune avait laissé Brus dans l'indécision. Tout le monde quittait la ville pour les cols et la guerre. La dernière perspective ne l'enchantait pas, mais d'un autre côté, Manost, devenue déjà si morne depuis quelques temps, allait sans doute sombrer dans une apathie sans pareille une fois toutes ces têtes en dehors des murs. Fallait-il rester ou partir? Le jour du départ venu, Brus avait pris le chemin des portes. Quoiqu'il eut prétexté à Elissa que ce serait sans doute le seul lieu animé de la ville ce jour-là et qu'il ne manquerait pas d'y trouver telle ou telle information, il avait ensuite emporté la quasi-totalité de ses affaires, ainsi que de l'équipement supplémentaire qu'il avait emprunté dans l'inventaire de la guilde, une besantine, une épée courte, ainsi que ce qui lui manquait de nécessaire à un éventuel périple.

Éventuel, en effet. Parvenu aux portes, Brus s'était arrêté au poste de garde et regardait la foule hétéroclite des soldats progresser. Le défilé si morne parmi la grisaille l'avait refroidi, il ne manquait plus qu'il pleuve. Qui trouverait-il parmi ces hommes et ces femmes? Le vieux Corwin en était-il? Etait-il seulement rentré de leur précédente sortie? Brus s'en voulut de ne pas être allé prendre de ses nouvelles depuis, le temps ne lui avait pourtant pas manqué. Et maintenant qu'allait-il faire? La file semblait ne jamais devoir s'interrompre, et le jeune humain resta là encore quelques instants à la contempler.

Edit : discussion scindée, les échanges entre Mornagest et Chandara se trouvent ici
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... ndara.html

[Bellatrix]

Bellatrix s'était levée d'assez bonne humeur ce matin. Plusieurs rumeurs farfelues et hypothétiques couraient en ville depuis quelque temps. Mais la mort de Helm et la perte des pouvoirs de ses fidèles associés n'avait pas retenu son attention. En revanche, elle avait noté avec une certaine frayeur que les mélandiens s'approchaient à grand pas de sa ville. Sa ville, bien sûr, elle ne la possédait pas. Mais c'était la ville dans laquelle elle vivait. Et elle s'y sentait bien. L'idée d'aller s'installer à Melandis l'avait parfois traversée mais elle l'avait oubliée bien vite. Le déménagement aurait été trop éprouvant. Sa lunette d'astronomie était trop lourde. Non, les Melandiens ne passeraient pas. Du moins, pas s'ils ne frappaient pas à sa porte et ne s'essuyaient pas les pieds avant d'entrer. Ensuite, ils auraient dû mettre des patins pour ne pas salir son sol. Mais elle doutait de la politesse de ces gens là.

Elle avait aussi entendu qu'ils recrutaient les citoyens pour former les troupes. Cela voulait dire que tout un chacun pouvait s'amuser. Elle même se sentait un peu rouillée au niveau de ses sorts. Cela faisait une éternité qu'elle n'en avait pas lancé. Et ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait avoir des cobayes. Excitée et heureuse, elle avait ouvert son havresac sur son lit et était allé chercher sa bouilloire. Elle l'avait glissée dans le sac au milieu de plusieurs paires de chaussettes. Elle avait ensuite emporté une poupée étrange avec sa panoplie d'aiguilles. Son grimoire, elle le tiendrait à la main.

Elle sortit dans l'air frais avant de verrouiller sa porte. Puis, guillerette, elle se dirigea vers les portes de la ville où se massaient les troupes et essaya de repérer les mages.

[Lothringen]

Le défilé des troupes se poursuivait, interminable. De près, c'était une armée hétéroclite, légèrement désorganisée, largement démoralisée. Mais depuis son cheval, Lothringen ne pouvait manquer d'être impressionné par ce nombre, ce déploiement de force. Et encore, il n'était pas complet. Des renforts les rejoindraient en cours de route, issus des grandes cités du continent. Certains viendraient par la route, d'autres accosteraient à Graëlon, comme les luméniens. On les attendrait pour autant que l'on pourrait s'offrir un délai supplémentaire. Les dernières informations affirmaient que l'armée mélandienne entreprenait le siège d'Aghoralis. De l'avis du capitaine Bacramad, c'était une bonne nouvelle. Aghoralis avait les moyens de résister ; sa position frontalière avait fait d'elle une cité de garnison, toujours sur le qui-vive, et qui se préparait à un assaut mélandien depuis sa première pierre. On estimait qu'elle saurait tenir jusqu'à l'arrivée de l'armée manostienne.

Le capitaine poursuivait ses explications et le conseiller peinait à garder son attention concentrée sur ses propos.
Il songeait aux manostiens qu'il connaissait. Althéa aurait-elle rejoint les troupes ? Cela lui ressemblait bien. Et Mornagest ? Il savait que les tormites avaient été sollicités comme les autres... peut-être même avec un peu plus d'attention que les autres. Il faudrait envoyer un messager à Elissa, pour savoir. Pour vérifier. Que ferait Elissa elle-même, d'ailleurs ? Cela faisait si longtemps. Et il faudrait mettre Leo à l'abri à la campagne ; personne n'avait envie d'un enlèvement.
A force de voir défiler des troupes, il se rappelait aussi, bribe après bribe, cette période sa vie où il avait joué les mercenaires pour quelque roitelet des plaines étincelantes. Aucune des armées sous lesquelles il avait servi n'avait jamais approché la taille de celle-ci. En lui, le bon petit soldat brûlait de rejoindre son rang au sein des mages de guerre ou des archers, comme autrefois, parmi la foule des sacrifiés anonymes qui partaient...

«Qu'en pensez-vous, conseiller ?»

… Là était sa place, sa vraie place. Et il pressentit que c'était à présent que l'absence du Grand Émissaire allait se faire la plus criante. Le semi-elfe aurait su trouver des stratégies de génie, des paroles galvanisantes, des charges héroïques et des postures de statue équestre. Alors que lui, Lothringen, tassé sur sa selle, transpercé par la pluie et incapable de faire abstraction des siens, il ne rêvait depuis tout à l'heure que de mettre pied à terre et dénoncer son imposture.

«Jusqu'à plus ample informé, ça me semble bon.»
« Je vois que vous avez pris votre sac... Comptez-vous accompagner l'armée ?»
«L'accompagner, la précéder, la poursuivre... je ne suis pas asservi aux mêmes contraintes qu'une armée de piétons, mais je serai là quand il en sera besoin.»
Comme le capitaine fronçait les sourcils en faisant mine de ne pas comprendre, le semi-drow haussa les épaules.
«Magie, magie.»
«Évitez quand même de vous isoler... En l'absence du Grand Émissaire, vous êtes le dernier représentant du pouvoir légitime.»
«Je suis au courant du problème, et de ce que la situation peut avoir de tentant... Je serai prudent.»

Comme un tymoran ! susurra une voix intérieure un brin moqueuse. Voyant un soldat lui faire signe auprès des portes, sans doute pour lui signaler l'arrivée d'un messager, il mit pied à terre pour y conduire sa monture, entreprenant de remonter le flux à contrecourant, sur ses bords.

[Dhast]

Et maintenant la pluie. Après avoir taillé le bout de gras avec le garde en faction, Brus avait réussi à s'infiltrer, à moins qu'il ait été simplement admis, dans le poste de garde adosser à la muraille afin de s'abriter. Il aurait fallu bon nombre de postes de garde pour protéger tous les hommes et les femmes qui franchissaient les portes. Comme c'était morose. Son envie de se joindre aux troupes déclinait progressivement. Un échange à l'entrée du poste de garde rompit la tranquillité des soldats et, comme tout le monde, Brus s'en approcha pour savoir de quoi il s'agissait.

edit : suite
http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... ingen.html

[Althéa]

Althéa hésita quelques instants avant d'aller parler au rôdeur. Il lui sembla être au dessus d'un promontoire surplombant le vide. Un pas, et elle ne pourrait plus reculer. Elle se tourna vers les portes de la ville. Une silhouette connue attira son regard : Brus. Lui aussi s'était-il engagé dans la défense de la ville ? Accaparée par sa mission auprès de la Vierge d'Argent, elle n'avait pas pu le revoir. Elle éprouva un serrement de cœur en le voyant.

Peut-être participerait-il à la guerre lui aussi. Vu sa stature et son équipement, il serait employé du coté des éclaireurs. Ils marcheraient côte à côte. Un visage ami avant de partir au combat. Elle en fut heureuse.

[Lekhtarin]

Une silhouette emmitouflée dans de noirs habits arriva au milieu de toute cette cohue. On ne pouvait distinguer ni son visage, ni sa peau, on ne pouvait voir que ses habits...Elle s'avança vers un sergent en l'apercevant, et lui lança d'un ton hautain :

-Bonjour...Quelle compagnie dois-je rejoindre pour vous aider à combattre de par mes capacités magiques ?

[Lothringen]

Le sergent regarda l'inconnu et, sans qu'il puisse dire au juste pourquoi - peut-être parce qu'il ne voyait rien de lui, peut-être parce qu'il avait l'impression de se faire toiser de la tête au pied avec beaucoup de mépris - ressentit aussitôt une profonde aversion pour son interlocuteur. Mais il se fit aussi la réflexion que la pluie excusait les tenues bien couvertes, et que Manost avait besoin de volontaires.

"Il faudra que vous rejoigniez les mages de la guilde des Arcanes. Ils sont déjà partis il y a deux ou trois heures, vous devrez forcer un peu l'allure pour les rattraper au campement de ce soir. A ce moment-là, présentez-vous au responsable pour vous faire enregistrer, les autres mages sauront vous l'indiquer."

[Lekhtarin]

La méprisante silhouette fit volte-face très rapidement et lança au sergent :

-Bien, Inférieur puis pour elle-même mais un peu trop fort : Moi ? M'allier avec des mages de pacotille...Mais pour qui me prennent-ils ces inférieurs ?