Quête : Le Poing Levé - Mornagest, Chandara et Althéa

[Mornagest]

Il s'était calmé entretemps, et afficha un large sourire à la question de Chandara.

"Pas le moins du monde. Althéa semble être quelqu'un dotée d'une solide répartie... plus on est de fous..."

Ils allaient bien s'amuser, tous les trois, en attendant de retrouver leurs corps d'armée respectifs...

[Althéa]

Althéa sourit et hocha la tête. Faire un bout de chemin avec Hugues et Chandara serait bien agréable. La jeune fille, même paladine était bien sympathique. Et Hugues semblait être un compagnon bien agréable. Et ils avaient l'air de bien s'entendre, ces deux là. Peut-être Chandara avait-elle trouvé chaussure à son pied ou tout du moins, vêtements à son armure. C'est peut-être ainsi que l'on disait, chez les paladins. Mais elle n'essaya pas d'en savoir plus. Après tout, cela ne la regardait pas.

"Je serai incorporée aux éclaireurs. J'imagine que tu seras parmi les cavaliers et Hugues dans l'infanterie ..."

Elle s'interrompit. Elle ne voulait pas penser à tout cela. Du moins pas maintenant.

"Titoeil sera content de savoir que je t'ai rencontrée."

[Chandara]

La paladine était rassurée de savoir qu’Althéa comptait faire un bout de chemin en leur compagnie. Non pas que la présence de Hughes ait quelque aspect désagréable mais rien ne remplaçait celle d’une tête connue et ce qu’elle considérait comme une de ses seules connaissances amicales à Manost. La joie de Chandara gagna encore en intensité à la mention du tenancier du Loyal Paladin. Bien plus qu’Althéa elle-même, le vieil homme était un confident attentif et à la conversation apaisante et agréable. Chandara répondit avec enthousiasme à la dernière réplique de la bretteuse :

- Oh, je suis contente que tu parles de lui. J’ai à peine eu le temps de lui annoncer mon retour en ville que je lui disais déjà au revoir. Et lors de ma dernière soirée au Loyal, j’ai bien peur de ne pas lui avoir laissé une très bonne impression. J’espère qu’il ne m’en veut pas et qu’il ne s’est pas inquiété ou quoique ce soit.

En évoquant cette perspective, le ton de la paladine s’était ponctué d’une réelle touche d’inquiétude.

[Althéa]

Althéa avait secoué la tête avec un sourire.

"Non, il n'arrête pas de me parler de toi. La petite Chandara par ici, la petite Chandara par là. Tu l'as marqué et favorablement."

Et elle disait vrai. Titoeil aimait beaucoup les héros. Mieux encore, les héros paladins. Et si possible, les héros paladins sympathiques. Là, la jeune femme correspondait aux trois critères. Pour lui, c'était elle, sa Loyale Paladine. Il se sentait triste et inquiet de ne plus la voir, surtout depuis la mort de son Dieu. Il espérait qu'elle ne se soit pas acoquinée à des déités moins sympathiques. Il serait rassuré.

[Chandara]

La paladine avait rougi de plaisir comme une gamine félicitée par celui qu’elle considérait comme un oncle sympathique et compréhensif. Titoeil avait tout de suite eu ce don de savoir lui remonter le moral ou la faire rire avec ses bons mots. S’entendre dire par sa protégée que l’homme l’appréciait faisait vraiment plaisir à la jeune femme et elle ne chercha pas à le cacher :

- Je suis rassurée alors car je craignais vraiment de lui avoir fait de la peine. Je me suis quand même évanouie dans sa salle commune la dernière fois : en y repensant, j’ai honte.

[Althéa]

Althéa avait souri et secoué la tête.

"Tu sais, il en a vu d'autres. Une fois, quelqu'un avait emmené son cochon au bout d'une ficelle. Il a eu peur de Dryade, s'est libéré et à commencé à courir en crottant de partout alors ..."

Elle s'interrompit, soudain rouge brique.

"Attends, ne vas pas croire que je te compare à un cochon qui fait caca partout. Je dis seulement que Titoeil en a vu d'autres. Tiens, il a même vu des paladins ivres morts monter sur la table et danser. Enfin, ils sautaient une jambe après l'autre. Leur commandant est entré et les a surpris. Tu aurais dû voir ça, c'était vraiment drôle."

[Chandara]

Les images évoquées par Althéa firent renaître le fou rire difficilement contenu de Chandara. La paladine ne pouvait s’empêcher d’imaginer la scène de désolation et l’épisode des paladins en très mauvaise posture. Les larmes aux yeux, elle répondit d’un ton faussement sérieux :

-Quand on dit que les paladins ne savent pas s’amuser, il faut vraiment l’interpréter au sens littéral. Il faut nous comprendre : on se rend parfaitement ridicule quand on fait la fête alors on se modère. Les plus atteints évitent même de sourire voir parlent étrangement de peur du ridicule. Cela dit, il est rare qu’on fasse plus de dégâts qu’un cochon terrorisé et incontinent !

[Althéa]

"Tu n'aurais pas dit ça si tout les paladins s'étaient mis à faire caca tous ensemble.", l'interrompit Althéa qui réalisa avec horreur qu'elle avait pensé tout haut.

Une nouvelle fois, elle rougit jusqu'aux oreilles. Elle n'aimait pas les représentants de l'autorité en général et s'en moquait dès qu'elle pouvait. Chandara, si prompte à rire, si sensible lui faisait souvent oublier qu'elle en faisait partie. Peut-être finirait-elle par devenir comme tous les autres, regardant le monde du haut de leur cheval. De plus, ils ne tenaient pas l'alcool. Non, Chandara n'était pas comme eux, du moins, elle l'espérait.

[Mornagest]

Mornagest écoutait avec attention la conversation entre les deux jeunes femmes. Titœil... ce nom lui disait quelque chose, et quand Chandara parla du "Loyal", il se remémora le bonhomme, tenancier de la taverne la plus fréquentée de Manost. Un endroit qu'il avait détesté, lorsque la demi-orque était pratiquement entrée dans sa chambre alors qu'il se baignait... un vieux souvenir, qui le fit sourire, à présent. Mais tout de même...

Cependant, Althéa embrayait déjà sur des histoires de cochons crotteurs... écarquillant les yeux car il avait manqué le début de l'histoire, il préféra ne pas savoir comment la jeune femme en arriva là, et il préféra rire en songeant à l'histoire que ç'avait dut être...

Décidément, ils n'allaient pas s'ennuyer, s'ils restaient un peu ensemble, tous les trois.

"Je n'aurais jamais vu les paladins sous cet angle, en tout cas. Même si dame Chandara donne une image assez inhabituelle de leur ordre... pas à ce point, tout de même !"

[Chandara]

Chandara fit semblant de s'offusquer des insinuations plus que douteuses dont les paladins étaient la cible depuis quelques minutes. La remarque de Hughes lui fournit une occasion parfaite pour riposter d'un ton faussement indigné :

- Hey ! Je n'ai jamais fait ce genre de chose enfin, pas à ma connaissance en tous cas ! Et puis, avouez qu'avec nos armures, ce ne serait pas pratique du tout. Elles ne brillent pas facilement et ça demande des efforts en temps ordinaire. Si on devait passer tout notre temps à réparer les dégâts des soirées, on n'aurait plus le temps de s'entraîner à sourire comme ça.

Et de ponctuer sa diatribe d'un merveilleux sourire quoiqu'un peu forcé mais qui montrait qu'elle ne tenait pas rigueur à ses interlocuteurs de leurs allégations.

[Althéa]

Althéa, voyant que la paladine ne se fachait pas, sourit à son tour. Il était bon de plaisanter, même durant un temps restreint. Rire était une forme d'oubli.

"Hé bien, si tous les paladins souriaient comme ça, il y aurait de plus en plus de vocations. Le coeur radieux serait obligé de verrouiller ses portes. Heureusement, dans vos armures, vous êtes bien protégés."

Chandara était la preuve vivante qu'il y avait quelqu'un sous l'armure. Parfois deux paladins s'ils se serraient bien.

[Chandara]

Le sourire de la paladine se fit plus timide et ses joues rosirent joliment sous le compliment ce qui ne faisait que renforcer son aspect innocent et charmeur, comme s'il s'agissait d'une posture bien travaillée. Mais, autant pour répondre sur le ton de l'humour que pour faire diversion de sa gêne passagère, la jeune femme ajouta d'un ton tout sauf sérieux :

- C'est un grand secret des paladins que je vais vous révéler alors promettez-moi de le garder pour vous ! Notre plus grande arme est notre sourire. Ceux qui n'y sont pas sensibles nous forcent à nous battre de manière plus conventionnelle mais ça nous fait suer dans nos armure et on y perd grandement en prestance. C'est un cercle vicieux : vous reconnaîtrez tout de suite ceux qui ne savent pas sourire à leur armure toute cabossée. La mienne est comme neuve, c'est une preuve de grande expérience, non ?

[Mornagest]

"Eh. Je ne sais pas si vous êtes la seule à disposer d'une telle arme, mais les tormites ne m'ont pas paru si redoutables sur ce plan... néanmoins, leurs armures semblaient impeccables. Peut-être n'étaient-ce pas de vrais paladins ?" fit-il, sur le ton de la confidence, tout en regardant autour de lui pour faire mine de comploter.

Il s'aperçut par la même occasion qu'il ne savait décidément pas où ils se trouvaient. Sans doute Althéa était-elle davantage au courant, si elle avait marché plus loin devant. Pour l'heure... il aurait été bien en peine de retrouver son affectation. A supposer que cela eût la moindre importance... vues les affinités qu'il avait avec les tormites, il pouvait tout aussi bien aller avec les mercenaires, ce qui lui aurait été plus familier.

[Chandara]

Pas décidée à abandonner sa belle théorie à la moindre contestation, Chandara répliqua-t-elle en essayant d'imiter le ton employé par Hughes et après avoir vérifié que nul Tormite ne se cachait dans les parages :

- Oh, ça c'est parce qu'ils trichent. Les tormites ont des dizaines d'armures de rechange et ils en ont bien besoin ! Moi, j'ai la même armure depuis que j'ai été confirmée en tant que paladine. Cela dit, il faut que vous compreniez que le coup du sourire marche mieux pour les femmes. Les hommes sont défavorisés dans notre profession.

[Mornagest]

Toujours sur le ton de la plaisanterie, il répondit :

"Bon... moi qui avais un temps envisagé d'entrer à l'Ordre, je pense que je peux définitivement faire une croix dessus. Je n'ai pas envie de me faire taper dessus à longueur de journée sous prétexte que je suis un homme et que j'ai les dents moins blanches que mon voisin..."

En vérité, il avait réellement envisagé cette carrière, mais avait eu le temps de déchanter rapidement suite aux événements à Manost. Trop d'agitation... il aspirait à un peu de calme, malgré son engagement pour la guerre. Évidemment, il avait moins le choix, dans ce cas précis. Quoique...

[Althéa]

"Je n'aurais pas pu envisager ce métier. J'aurais trop peur d'attraper des crampes. Et d'avoir mal aux fesses."

Althéa avait prononcé ces mots d'un ton sérieux et peinait à ne pas sourire. Elle aurait voulu poursuivre mais se rendit compte que le début de la colonne où se trouvaient les éclaireurs était maintenant déjà loin.

"Bon, hé bien, je crois qu'il va falloir que j'y aille. Les éclaireurs ne vont pas m'attendre. Chandara, Hugues, je vous souhaite bonne chance et j'espère vous revoir bientôt."

Elle rattrapa son groupe d'affectation en courant et se présenta au rôdeur qui les commandait.

La suite pour Althéa :
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[Chandara]

Après avoir salué la jeune bretteuse dans de nouvelles effusions, Chandara se tourna à nouveau vers Hughes avec un sourire amusé :

- C'est vraiment dommage que vous n'ayez pas cette vocation. Je vous assure que votre sourire est très agréable ! Vous auriez fait un malheur. Essayez un peu pour que je me rende bien compte !

Mais, comme pour sauver le guerrier de cette épreuve, la paladine se rendit compte que les hommes autour d'eux s'agitaient et que des conversations annonçaient la proximité de leur halte. Sans doute à cause de la conversation, la paladine n'avait pas vu le temps passer mais ils avaient progressé plus vite qu'elle ne s'y était attendue. Elle éprouva tout de même un pincement au cœur à l'idée de devoir rejoindre son affectation et ainsi mettre fin à cette discussion des plus agréables.

[Mornagest]

C'était indéniable, cette fois, les mouvements de troupes étaient terminés pour aujourd'hui. Une halte stratégique aux abords d'un patelin de campagne n'était pas pour lui déplaire : au cas où, ils pourraient toujours demander secours aux habitants, ne fût-ce que pour emprunter un peu de matériel oublié dans la hâte des préparatifs.

"Oh... cessez donc de me flatter, je ne fais que rougir, pas sourire, par votre faute !", répondit-il à la paladine, mi-amusé, mi-sérieux. Il salua Althéa, qui s'en allait déjà vers sa compagnie. "Bonne chance à vous. Je gage que nous nous reverrons autour d'un bon verre pour discuter des événements passés..."

Revenant à Chandara, il lâcha :

"Bon. Cela ne m'enchante guère, mais il faudrait, pour bien faire, que je retrouve les tormites. C'est là que je suis censé être, après tout... les voyez-vous, par hasard ?"

[Chandara]

Chandara ne cacha pas sa déception mais salua tout de même chaleureusement le guerrier :

- Non, mais je pense que nous y verrons plus clair en arpentant le campement. C'était un réel plaisir de faire ce bout de chemin avec vous en tous cas. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir bientôt. N'oubliez pas notre petit rendez-vous près de la tente des officiers si ça vous dit !

Puis, la paladine le gratifia d'une accolade amicale mais affectueuse avant de le laisser s'éloigner à son tour.

La suite pour Chandara :
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[Dhast]

Le conseiller et sa garde personnelle étaient partis, Brus descendit de cheval et guida celui-ci jusqu'au sergent qui distribuait les affectations. Les voir s'éloigner quand tant de monde - et d'inconnus - affluait vers la ville aurait pu lui causer un accablant sentiment de solitude mais au lieu de ça c'était l'enthousiasme qui le gagnait, avec la perspective de reprendre une activité familière et bien plus stimulante que leur longue chevauchée depuis Manost. Bien sûr, guetter l'arrivée de Hugues n'était pas non plus une mission extrêmement accaparante mais c'était aussi l'occasion de détailler l'arrivée des troupes qu'il n'avait fait que survoler du regard tout le long de la route. Les visages étaient contrastés, certains accusaient le coup de cette longue marche, d'autres, sans doute plus entrainés, étaient plus préoccupés par l'ordre, la mise en place du campement, et toutes les tâches afférentes à une telle organisation. Certains enfin, semblaient plutôt de bonne humeur et se livraient à une discussion nourrie avec leurs compagnons de route. Brus remercia le garde blanc lorsqu'il vint lui remettre la lettre, et glissa celle-ci sous sa veste avant de reprendre son observation. Les minutes passèrent. Avec l'affluence, d'autres sergents étaient venus prêter main-forte pour renseigner et attribuer les affectations à ceux qui n'en avaient pas. Autour de chacun d'eux se formaient petit à petit un attroupement facilement identifiable. Brus redoubla d'attention autour de ces différents groupes. Il ne fallait pas rater Hugues, sans quoi il aurait à tamiser tout le campement, ce qui ne serait pas une partie de plaisir, sans compter que ses chances de réussite s'amoindriraient considérablement, et avec elles, la récompense promise par Lothringen.

Soudain, une silhouette familière attira son regard. Une jeune femme en armure, il mit quelques secondes à la remettre. C'était la paladine qui les avait accompagnés pour trouver Eroeh. Elle semblait prendre congé d'un homme. Le sourire de Brus s'élargit dans l'ombre. Il empoigna les rênes de Colère et le guida à travers les regroupements. A quelques mètres il salua le guerrier d'un grand sourire et d'un signe de main :

"M'sieur Hugues! Par ici!"

[Mornagest]

Alors qu'il regardait partir Chandara, il songeait qu'il était effectivement mieux avec elle pour discuter de tout et de rien, des choses les plus sérieuses aux plus loufoques... mais il avait à faire, et malheureusement, cela ne l'enchantait pas tellement. Des yeux, il se mit à fouiller le début de campement qui s'organisait déjà ; les vétérans étaient plus prompts, donnant spontanément ordres et conseils aux jeunes recrues ou soldats d'un jour pour mieux faire avancer les choses. Il sourit, satisfait par ce qu'il voyait : une entraide mâtinée d'autorité sur base de l'expérience, ce n'était pas plus mal...

Son regard tomba sur un jeune homme qui lui faisait de grands signes. Mais... oui, c'était bien Brus, le garçon à qui il devait la vie ! Pour un hasard... il lui répondit et alla à sa rencontre.

"Ça alors ! Brus ! Une chance de vous trouver dans une cohue pareille ! Comment allez-vous ?"

[Dhast]

Tandis qu'il tirait Colère derrière lui, Brus était réellement tout sourire. Voilà que la mission prenait une pente tout à fait agréable.

"Très bien! quoiqu'un peu mal aux fesses j'dois dire," nuança-t-il en glissant un regard au cheval, si ce dernier avait pu, il aurait sans doute souri. "Et vous? Vous avez fait bonne route? Je savais pas que vous étiez un ami de m'dame Chandara, je l'ai connue aussi vous savez. On a fait une mission ensemble une fois. Enfin, au départ, tout n'était pas exactement prévu comme ça, mais vous savez ce que c'est, les imprévus..."

Brus sembla réaliser qu'il allait se lancer dans un récit dont Hugues n'aurait probablement pas grand chose à faire, et qui était, qui plus est, tout à fait incongru au beau milieu de l'arrivage des soldats. Il se dressa sur la pointe des pieds pour repérer sa position, et engagea Hugues à prendre la direction de la rue principale du village.

"Vous v'nez? On va pas rester en plein milieu... Alors, vous avez fait bonne route? Toujours 'vec les Tormites?"

[Mornagest]

"Eh bien..." fit-il, "J'ai fait sa connaissance aux portes de Manost. J'ai l'impression d'avoir rencontré une sommité, tout le monde la connaît... il y a quelques instants seulement, c'était Althéa qui nous quittait. Et elle aussi a fait cause commune avec la paladine."

Il se laissa entraîner par Brus en direction du village. L'agitation y était moindre pour l'instant, et pour discuter au calme, c'était sans doute plus indiqué.

"On a marché et parlé de choses et d'autres. C'était très agréable, je dois dire... mais nous avons dû nous séparer justement à cause des tormites : pour bien faire, je devrais les retrouver, mais... je n'ai pas vu leur bannière dans le coin. Est-ce que d'aventure, vous en auriez croisés en chemin ?"

Il se voyait déjà arriver auprès des tormites pour leur demander s'il pouvait se désolidariser de l'ordre et voguer sa propre galère. Pourquoi s'ennuyer avec ces gens, certes respectables, mais terriblement banaux, plutôt que de faire route avec Brus, Althéa ou Chandara, qui étaient tout de même bien plus joviaux...

"En fait... je pense que je vais leur annoncer que je vais poursuivre dans un autre régiment... je ne sais pas. Je n'ai pas de but précis, comprenez-vous."

[Dhast]

Brus tiqua un peu en apprenant qu'Althéa était venue avec l'armée et que, de plus, à quelques secondes d'intervalle ils avaient failli se croiser. Il écouta le récit du voyage.

"On en a bien croisés sur la route mais ça doit faire une bonne heure, peut-être qu'ils ne sont pas encore arrivés. Au pire vous pourrez toujours retourner voir les sergents à l'entrée de la ville, ils vous indiqueront."

Hugues avait réellement l'air perdu, encore plus que lorsqu'il était à Manost. Brus en était sincèrement désolé. Il songea que lui-même n'était pas plus fixé sur ce qu'il ferait ensuite. Retourner à Manost, ou bien se trouver un régiment ici? Le voleur avait dû mal à s'imaginer dans les rangs.

"J'vous comprends parfaitement m'sieur Hugues. J'dois dire que je n'sais pas vraiment non plus ce que je vais faire ensuite, je rentrerai peut-être même à Manost demain, à moins que je reste, mais vraiment, vous m'imaginez 'vec une armure et tout l'fatras, dans un bataillon à marcher en ligne tout ça? Et puis, pour tout vous dire, m'dame Elissa n'est pas au courant, si elle l'apprend, ça s'pourrait bien qu'ça soit la dernière fois qu'vous m'ayez vu...

Brus hocha discrètement la tête, une grimace sur le visage et tout le sérieux du monde. Et puis avec Elissa ce fut l'image du conseiller qui lui revint en tête.

"Au fait, vous n'devinerez jamais 'vec qui j'ai voyagé pour venir! Allez, pas b'soin d'indice, sauf votre respect, c'est pas comme si vous connaissiez des tas de gens à Manost."

Et il adressa un clin d’œil plein de malice au guerrier.

[Mornagest]

Bah. Il finirait bien par les trouver. Plus il y réfléchissait, plus il pensait qu'il ne leur manquerait de toute façon pas, et qu'il serait certainement aussi utile ailleurs. Notamment pour guider quelques novices mal entraînés, alors que les paladins étaient des combattants dans l'âme qui ne nécessitaient pas de conseils ni de formation sur ce plan...

Effectivement, il avait du mal à imaginer le jeune homme en armure lourde, sans parler de mener une charge face à l'ennemi. Non qu'il doutait de son courage, qui frisait presque l'inconscience... mais son endurance le lâcherait peut-être rapidement.

"Réfléchissez-y... si vous n'avez jamais mené de guerre ou de conflit moindre... vous risquez d'être surpris. Et dégoûté. Là-bas, c'est le charnier qui nous attend. Ici, il fait calme, les gens sont de bonne humeur car les combats sont loin, la mort paraît... quelque chose d'abstrait. Mais quand vous affrontez un ennemi en le regardant dans les yeux..." il fit grise mine. Des morts, il en avait laissé, sur son sillage. Des innocents ? Rarement. Des criminels, comme lui, jadis. Mais il réalisait seulement maintenant l'horreur de l'acte. Ôter la vie... sans avoir le choix. Aussi, il s'empressa de détourner son attention en réfléchissant un instant à qui Brus avait pu tenir compagnie sur le trajet. Qui connaissait-il, outre les deux dames et les tormites ? Elissa, qui était à la guilde, et... Lothringen. Il aurait écarquillé des yeux s'il n'avait pas fait un effort.

"Le bon conseiller à la diplomatie ? Vous plaisantez ?" fit-il, souriant à demi, tandis que son cœur s'emballait à nouveau. Il était proche, très proche... c'était lui qu'il souhaitait revoir, et non ces coincés de tormites !

[Dhast]

La peinture qu'Hugues faisait de la guerre était peu ou prou la même qu'en avait donnée Lothringen, quoique Hugues semblait livrer là un sentiment plus personnel provenant d'une expérience vécue. Il cachait bien plus qu'une vie de fils de marchand, à l'évidence, mais Brus ne pouvait en savoir beaucoup plus pour le moment et en dépit de sa curiosité il n'était pas certain que cela fut réellement dans son intérêt, que le jeu en valût la chandelle. Cette hésitation était plutôt nouvelle dans son esprit, il s'en étonna, mais Hugues essayait déjà de répondre à la devinette, et il fit mouche du premier coup. Brus éclata de rire.

"Bien vu! C'est que vous connaissez encore moins de monde que c'que j'pensais pour trouver celui-là tout d'suite! Tout cas il pense à vous, il m'a même chargé d'vous trouver, c'tait pas tellement une coïncidence tout à l'heure... T'nez, il m'a remis une lettre pour vous."

Brus tira de sous sa veste la lettre cachetée que lui avait remise le garde, la tendit à Hugues et attendit de connaître sa réponse.

Le contenu de la lettre est ici.

[Mornagest]

Une lettre ? Lothringen savait donc déjà qu'il se trouvait quelque part dans cette troupe faite de bric et de broc... remerciant chaleureusement Brus, il décacheta la missive et la lut, peinant à masquer son excitation. Puis il la relut. Une fois encore. Il n'osait pas espérer le revoir de si tôt, et pourtant... ce soir ? Mais c'était dans quelques instants, pratiquement ! Il leva les yeux de la lettre.

"Vraiment... merci ! Je... le conseiller me dit que vous savez où je puis le trouver ? Est-ce que vous pourriez me guider à lui ?"

Ah, le faquin ! Il était fautif... il s'était donné le temps de préparer de façon théâtrale son annonce à Lothringen concernant sa mémoire... et le voilà qui était pris de court ! Pour un peu, il aurait boudé. Mais il était bien trop impatient de revoir le semi-drow pour penser à cela...

[Dhast]

Brus ne savait pas ce qu'il y avait dans la lettre, mais cela avait l'air d'être une sacré bonne nouvelle, Hugues débordait d'enthousiasme. Ils reprirent leur marche le long de la grande rue tandis que Hugues était plongé dans sa lecture. Brus, lui, cherchait des yeux l'enseigne de l'auberge qu'avait indiqué le garde. En tombant sur Hugues à l'entrée de la ville, il avait décidé de parer à toute éventualité, et ayant jugé que le conseiller préfèrerait voir celui-ci le plus rapidement possible, avant même de lui donner la lettre il l'avait immédiatement guidé vers le point de chute du conseiller et de son escorte. Aussi, lorsque Hugues lui demanda de l'emmener trouver le conseiller, le jeune voleur répondit tout sourire :

"Mais c'est fait m'sieur Hugues. L'auberge du Merle Rouge, si je ne me trompe pas."

Brus désigna l'enseigne qui ne se trouvait plus qu'à une trentaine de mètres environ. Quand bien même il aurait eu des doutes, la présence d'un des gardes blancs à l'entrée du bâtiment signalait clairement la présence de Lothringen. Brus se tourna vers Hugues.

"Vous v'nez?"

La suite pour Brus et Mornagest dans le forum des Côtes du Sud :
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