[SCSA] Sans Chaleur, Sans Avenir

[Manfred]

Pour Pierre :

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Alors que Piotr sortait de la chambre de l’angelot, un détail lui sauta aux yeux. La statue du diablotin semblait mal positionnée sur son socle. En la touchant, il constata que ce n’était pas du marbre. Non, il s’agissait de la version de substitution, bien plus légère. Le garçon était tout à fait en mesure de la déplacer ou, mieux, de la porter.

[Taliesin]

Pierre hésita à prendre la statue et à la montrer à ses amis, pour prouver ses dires. Mais il y renonça aussitôt : s'il la laissait là où elle était, le monstre penserait peut-être qu'il n'avait rien remarqué, ou qu'il avait oublié ses révélations... Sans plus perdre de temps, le gamin se hâta à la suite des autres puis, quand il fut avec eux dans la chambre de la sorcière, il leur annonça, dans un murmure :

-Le diablotin, Il a mis à sa place la fausse statue, la toute légère.. Je crois qu'il est allé prévenir monsieur Larouge ou Morticia. Alors si on va dans le cauchemar, faut pas qu'on y aille tous, parce que j'ai peur que le piège de Christophe et les dessins de Benny, ça suffise pas si quelqu'un vient et veut entrer. Faut que certains restent ici, pour surveiller et pour réveiller les autres si... Si ça devient trop grave.

Entre sombrer dans le mauvais rêve et monter la garde dans la chambre, il ne savait pas ce qui serait le plus affreux. Mais il était prêt à faire l'un ou l'autre, selon ce que ses camarades décideraient.

[Kasumi]

La nouvelle annoncée par Pierre changeait grandement la donne. Ils ne pouvaient plus risquer d’aller tous les quatre dans le cauchemar au risque de se rendre vulnérables dans cette réalité. Benoît parvint très vite à la conclusion qu’il serait contraint de rester en arrière, aussi angoissant que cela puisse être. En effet, Bellatrix ne pouvait pas faire autrement que participer à l’expédition étant donné sa connaissance du monde de la sorcière et l’approche dont ils avaient décidé. Piotr semblait le plus désigné pour l’accompagner et combattre la sorcière à l’aide de sa super épée. Et le garçon ne ferait jamais confiance à Christophe pour demeurer le seul à veiller à les réveiller en cas de problème. Au cours de la première nuit, il s’était endormi sans même s’en rendre compte et les événements récents avaient refroidis l’enthousiasme des garçons à lui faire confiance. Plutôt que d’expliquer le fond de sa pensée, le garçon se contenta de répondre d’un ton décidé :

- Je vais rester en arrière. Mais au moindre signe inquiétant, je vous réveillerai.

[Althéa]

Bellatrix écouta ses amis, de plus en plus nerveuse. Ils perdaient du temps, et cela à cause de sa bêtise. En même temps, elle ne pouvait pas laisser le rouquin tout seul. Il était important qu'elle retourne là-bas.

"Je voudrais bien y aller avec Piotr. Par contre, Cricri, si tu restes avec Benny et que tu t'endors, je te découpe en morceaux et je te mets dans les lasagnes. En tout cas, je crois qu'il faut qu'on aille vite. Parce que si la vilaine Morticia arrive, elle sera pas contente."

[Mornagest]

Il était victime du manque de confiance que lui témoignaient maintenant ses camarades. Comment pouvait-il en être autrement, après sa bêtise ? Il essayait de se rattraper, mais visiblement, le pardon n'était pas pour tout de suite...

"Bon, je reste. Et je serai éveillé. J'ai pas envie de me faire hacher par une fille, moi !", fit-il, crâneur. En réalité, il était mort de trouille : Bellatrix pouvait très bien mettre sa menace à exécution...

[Taliesin]

Ils allaient donc faire deux groupes de deux. C'était sans doute le plus prudent. En revanche, un point du plan le chiffonnait...

-Je veux bien aller dans le cauchemar avec Bellatrix, souffla-t-il. Mais je sais pas si je pourrai beaucoup l'aider... Déjà, vaudrait mieux essayer de tromper la sorcière, et pas la combattre, parce qu'elle est beaucoup plus forte que nous. Mais si il y a de la bagarre, mon épée risque de pas être très utile. La sorcière, elle a des sorts... et pas moi. Alors est-ce que ce serait pas mieux que tu y ailles, Benny ? Tu connais plein de trucs, en magie, tu as ton grimoire... Enfin, même si je dis ça, je veux pas te forcer. En plus, chuis sûr que tu peux beaucoup aider ici aussi... Bref, c'est vraiment comme tu veux.

HRP : Je ne suis pas là ce soir, mais n'hésitez surtout pas à avancer sans moi ! Piotr fera ce que vos personnages voudront, il ira dans le cauchemar ou restera monter la garde, selon ce qu'ils jugeront préférable.

[Kasumi]

Benoît était surpris et content que Pierre lui fasse une telle preuve de confiance. Toutefois, il n’était pas certain d’éprouver la même confiance en lui-même que celle que son copain lui manifestait. Se rendre dans le rêve avec pour seule compagnie celle de Bellatrix le terrifiait à tous les niveaux. Surtout lorsqu’il comprit qu’il jouerait forcément le rôle de la victime auprès de la sorcière… Indécis et le ton un peu implorant, il se tourna vers la fillette :

- Si Pierre pense que c’est mieux que j’y aille à sa place, ça m’ira. Enfin, c’est à toi de décider qui doit t’accompagner Bellatrix. C’est toi qui connait le mieux le rêve.

[Althéa]

Bellatrix aurait bien voulu dire qu'elle les voulait tous les quatre. Mais ce n'était logiquement pas possible. Il fallait que deux restent dans la réalité, c'était important. Parce qu'il fallait qu'ils les réveillent et guettent leurs deux ennemis. C'était quelque chose de courageux aussi. Et elle pensait qu'ils en étaient capables.

"Ben, si tu veux, je veux bien que tu viennes avec moi. Maintenant, je pense que nous sommes tous forts. Et puis, on sait. Et quand les gens savent, dans les films, c'est là qu'ils commencent à trouver une solution. Et tous les monstres ont chaud aux fesses. Les pauvres."

[Manfred]

Deux resteraient : Christophe et Pierre. Deux partiraient : Benoît et Bellatrix. Ainsi il en fut décidé. Mais comment diable faisait-on pour partir volontairement ? Fallait-il attendre de dormir ? Personne ici n’avait sommeil, surtout pas après avoir dormi pendant presque toute la journée. Leur décision prise, les enfants se retrouvèrent un peu pris au dépourvu. Pour ne rien arranger, il y avait le stress, celui né des dangers du château, dangers qui ne manqueraient pas d’arriver tôt ou tard. Peut-être faudrait-il trouver une autre méthode.

Non, inutile, car le sommeil vint. Il frappa quand on ne l’attendait presque plus. Et il frappa tout le monde au même moment, avec la même intensité. A croire que le marchand de sable venait de passer. Piotr et Cricri, restés debout, s’effondrèrent et ce fut au sol qu’il revinrent à eux. Tout deux s’étaient fait mal, assez pour largement avoir les larmes aux yeux. Il avait chuté, comme des masses, comme s’ils avaient eu un malaise. C’était, à n’en point douter, la douleur qui les avaient ramenés dans la réalité. Benny et l’Asperge, allongés sur les lits, étaient bien évidemment partis rejoindre le rêve de la sorcière.

HRP : Benoît et Bellatrix, par ici.

[Taliesin]

Après que ses deux copains se soient couchés, il était resté quelques instants à regarder Benny, mal à l'aise. N'avait-il pas commis une erreur en lui demandant de prendre sa place dans le cauchemar ? Ne l'avait-il pas envoyé à la mort, par lâcheté, peut-être ? Il n'en avait pas l'impression. D'abord parce que ce qui se passerait ici serait sans doute aussi risqué que ce qui arriverait là-bas. Ensuite parce que le garçon, avec son grimoire et les signes étranges qu'il traçait pour se protéger, était réellement mieux placé que lui pour affronter la sorcière... Il y avait également une troisième raison, qu'il s'était soigneusement abstenu d'évoquer à voix haute : la vieille cannibale ne songerait sans doute pas à dévorer immédiatement le gamin, maigrichon comme il était ; elle préférerait sans doute qu'il prenne auparavant un peu de poids, comme sa consœur décrite dans Hansel et Gretel. Bref, tout cela semblait plaider en faveur de la décision qu'avait prise Pierre. Et pourtant, il continuait à douter, il éprouvait un désagréable sentiment de culpabilité...

Il en était là de ses réflexion lorsque survint l'endormissement... et surtout la chute brutale qui s'ensuivit. Le petit garçon poussa un grognement de surprise et de douleur mêlées. Puis il entreprit de s'assoir et de masser les divers parties de son corps cruellement endolories par le choc.

-Ça va ? Pas trop de bobos ? demanda-t-il à Christophe, d'une voix mal assurée.

[Mornagest]

Lui-même se massait également les coudes, le dos et la nuque. La chute n'avait pas eu lieu de très haut, mais ils s'étaient vraiment mal réceptionnés sur le sol...

"Ça va..." Il souffrait bien plus au niveau moral. Cette affreuse mésaventure l'affectait, et son passage dans le rêve de la Mort l'avait marqué. Il ressentait encore très nettement le pincement de cœur lorsqu'il songeait à la petite Sophie, morte... dans quelles circonstances ? Il avait peur, il était triste pour elle, et il était désemparé : comment allaient-ils sortir d'ici vivants ? Allaient-ils revoir leurs familles ?

"Tu crois qu'on va réussir ? "Ils" ont eu le monsieur de la voiture, et plein d'enfants... j'sais pas si on y arrivera. J'ose pas imaginer ce qu'on pourrait devenir... des fantômes ?" Il parlait d'une voix qu'il voulait calme, mais ses mouvements nerveux trahissaient son angoisse.

[Taliesin]

Il grimaça. La question était pour le moins angoissante, d'autant qu'il avait de plus en plus de mal à se raccrocher à l'idée que tout cela n'était qu'un cauchemar : dans les rêves, les choses n'étaient pas aussi réelles, à commencer par la douleur...

-Oui, des fantômes, je crois... Mais faut pas penser à ça, sinon, on aura tellement peur qu'on pourra rien faire. Et c'est ce qu'ils veulent, à mon avis. Le monsieur, ils ont dû l'attaquer par surprise et le tuer tout de suite, peut-être parce qu'ils veulent que les âmes des enfants. Et les autres... Ils devaient pas se méfier, ou ils ont eu trop peur... En tout cas, ils devaient pas être aussi nombreux que nous. Nous, on est quatre et, même si on a aussi peur, on se débrouille quand même pas mal. tu trouves pas ? Je veux dire... Regarde, Benny, il a trouvé le livre qui explique tout, et il a réussi à le ramener de son cauchemar alors qu'il était attaqué par tout plein de corbeaux et qu'il y avait du feu. Et toi, tu sais faire des pièges et ouvrir les portes fermées à clef. Moi, je connais aucun autre enfant qui sait faire ça. Et monsieur Larouge et Morticia ils doivent pas en connaître non plus, je pense. Ils doivent croire que ça sera facile de nous avoir... Alors à mon avis, si on fait bien attention, on peut réussir.

Il l'espérait, du moins. Et comme partir battu d'avance ne leur servirait à rien, mieux valait s'efforcer de demeurer optimiste, envers et contre tout.

[Mornagest]

La réponse de Piotr, trop optimiste ou non, eut un certain effet apaisant sur Christophe.

"Ouais, t'as peut-être raison. De toute façon, tant qu'on est encore là, on peut encore essayer de s'en sortir... j'espère que Bellatrix et Benny vont lui mettre la pâtée à la sorcière. Tiens, tu crois que le garçon roux reviendrait ici ? Et qu'il pourrait nous aider aussi ? A cinq, on serait encore plus forts..."

De son côté, les fantômes qu'il avait vus dans son rêve n'étaient que des méchants. Et les gentils... ne pouvaient pas l'aider mieux que ce qu'ils l'avaient déjà fait, ce qui lui avait sauvé la vie, tout de même.

[Taliesin]

-C'est sûr que ce serait chouette. Mais je sais pas si ça marche comme ça...

Il jeta un regard inquiet en direction de la porte.

-Dis, tu crois que tu pourrais faire un piège comme celui d'hier soir ? Benny il a dessiné son signe, mais vaut mieux être super prudent, non ? En plus, on sait pas qui va venir... Personne, peut-être, vu qu'ils savent pas ce qu'on prépare : ils peuvent penser qu'ils nous auront de toute façon. Mais j'ai un peu peur que le diablotin vienne nous embêter. Moi, surtout. J'crois qu'il est très en colère contre moi, parce que vous m'avez réveillé pile quand il commençait vraiment à s'amuser. Pis parce que, même avant, me suis pas laissé faire...

Sans y prendre gare, il effleura du bout des doigts l'une des marques légères qu'il avait rapportées de son cauchemar.

[Mornagest]

"Je vais essayer. Ça devrait aller comme hier, je pense."

Il chercha des yeux le matériel dont il aurait besoin, et repensa aux gros livres qu'ils avaient empilés dans le tiroir suspendu au-dessus de la porte. Oui, ça pourrait faire mal.

Tandis qu'il commençait à sortir de sa boîte à outils le nécessaire - ficelle, ciseaux - il demanda à Piotr :

"C'est juste les chats qui t'ont griffé comme ça ? T'as l'air d'avoir été bien touché..."

Une pointe de culpabilité dans la voix. C'était sa faute, après tout...

[Taliesin]

Pierre soupira. Il en voulait toujours beaucoup à Christophe, bien sûr, mais ils devaient se serrer les coudes s'ils voulaient s'en sortir. Ce n'était donc pas le bon moment pour laisser libre cours à sa rancune. De plus, s'ils parvenaient à quitter les limbes vivants, tout cela ne serait plus qu'un lointain souvenir...

-Quand il a vu que je ferai pas ce qu'il voulait, que je ferai pas le pacte, par exemple, le diablotin s'est transformé en chat énorme. Aussi gros qu'un ours, je dirais. Je m'étais caché sous la table de la salle à manger, et quand il a réussi à m'attraper avec sa patte, je lui ai donné un coup d'épée. Et là... ben... Mon épée, elle est devenue vraie. Magique, même, parce qu'elle faisait de la lumière et tout. Et elle l'a blessé. Alors il a été très en colère et il a envoyé des tas et des tas de chats normaux pour m'avoir... Bon, c'est surtout mes habits qui ont morflé, au début, mais leurs griffes traversaient... Pis, comme j'étais en t-shirt, pouvaient attaquer mes bras. Et ma figure... Enfin, comme j'ai dit, vous m'avez réveillé juste quand je pouvais plus me défendre. Et les griffures que j'ai encore, c'est rien comparé à ce qu'elles étaient dans le cauchemar. Je dois plus avoir que des marques, je pense...

Il s'arracha un sourire.

-Bref, rien de bien méchant.

[Mornagest]

Un chat-ours ? Il avait déjà entendu des histoires à ce propos, mais ne les avait jamais crues. Mais Piotr semblait bien sérieux, et quand il disait quelque chose, on pouvait penser qu'il ne plaisantait pas, contrairement à Bellatrix dont le souci principal était de lui ficher la trouille exprès.

"J'espère que la sorcière ne les aura pas... comment on fait, d'ailleurs, si ça se passe mal ? Je sais pas si on va le voir..." il jeta un coup d'œil en direction de leurs deux copains endormis apparemment paisiblement. "S'il faut les sauver pour pas qu'ils se fassent manger, on a intérêt à bien faire attention.", conclut-il.

[Taliesin]

-T'as raison, faut bien les surveiller. Peut-être qu'ils bougeront en dormant, si ça se gâte. Et si ça devient vraiment grave, si la sorcière leur fait mal, on verra des marques, comme pour moi... Enfin, si c'est sur leur figure ou leurs mains. Mais j'espère que ça arrivera pas.

Il secoua la tête.

-Bon, l'un de nous surveille la porte, l'autre nos copains. Et tout ça en faisant attention à pas s'endormir... Ouah, on va pas s'ennuyer !

[Mornagest]

Ou peut-être que si, si jamais leur rêve durait des heures et qu'il ne s'y passait rien de grave pour les enfants, et que personne ne venait frapper à la porte en hurlant "Police, ouvrez ! Je suis accompagné d'un serrurier !".

"D'accord, on va faire ça. Ce qu'on peut faire, c'est changer les rôles de temps en temps pour pas s'ennuyer... on risque d'attendre un moment, j'ai l'impression."

Il remit en place le tiroir en bois au-dessus de la porte, puis demanda un coup de main à Piotr pour lui passer les livres un par un. À bout de bras, ça pesait lourd... Ce fut finalement fait.

"Et voilà. J'pense que ça devrait faire mal."

[Manfred]

Et tout d’un coup, petit déclique. Voilà la chambre dans le noir. Quelqu’un venait d’appuyer sur l’interrupteur. Mais qui ? Peut-être l’un des deux garçons, par inadvertance au moment de monter le piège. C’était possible.

[Taliesin]

Pierre sursauta. Il avait la désagréable impression d'avoir vécu une scène sinon similaire, du moins très approchante. Toutefois, c'est grâce à cette récente expérience qu'il ne fut pas pris au dépourvu. Récupérant la lampe qu'il avait glissé dans sa poche après que Christophe et Benoit l'aient tiré de son mauvais rêve, il l'alluma, rejoignit Christophe et, après lui avoir fait signe de rester silencieux, il lui souffla à l'oreille :

-On peut essayer de rallumer la lumière, mais je crois pas que ça marchera. A mon avis, c'est le diablotin qui a fait ça. C'est comme dans mon cauchemar... Il veut nous faire peur, parce que ça l'amuse. Il veut jouer avec nous... Mais on va pas se laisser avoir, pas vrai ? En plus, il a pas dû pouvoir entrer...

C'était un vœu pieu car, comme il en avait déjà eu la preuve, le démon était capable de se téléporter. Si les protections dont ils avaient garni la porte l'avaient empêché de franchir celle-ci, rien n'indiquait qu'il ne soit pas passé à travers un mur... Toutefois, le gamin espérait que ce n'était pas le cas, que la créature essayerait juste de les terroriser depuis l'extérieur. Après tout, peut-être ses pouvoirs étaient-ils moins grands ici que dans son infernal domaine.

[Mornagest]

Inquiet, Christophe ne demandait qu'à croire Piotr lorsqu'il lui dit que le diablotin n'était pas entré. Mais comment avait-il pu éteindre la lumière ? Comment tout cela était-il possible ?

"Tu devrais peut-être sortir ton épée... j'ai peur qu'il nous attaque d'un coup, par surprise..."

Lui-même fouilla sa boîte à la recherche d'un tournevis. Même si ce n'était évidemment pas pointu ni coupant comme une épée, ça pouvait faire mal...

[Taliesin]

-D'accord. Mais avant d'avoir les deux mains prises, je voudrais faire un dernier truc...

Il récupéra Archimède dans la poche intérieure de son manteau puis installa soigneusement la peluche au pied du lit le plus proche.

-Lui aussi il peut nous aider... commenta-t-il dans un murmure.

Enfin, il tira son épée et en serra très fort la garde, espérant trouver du courage dans ce contact rassurant.

[Manfred]

Si le diablotin était là, il se montra très discret, à tel point que rien ne se passa d’étrange dans la chambre. Et quand l’un des garçons tenta de rallumer la lumière, et bien elle se ralluma. Au dehors, pas un bruit, sauf la musique classique.

[Mornagest]

"C'est trop bizarre ! On n'a pas éteint la lumière, et pourtant elle s'est éteinte. L'interrupteur a pas pu marcher tout seul, quand même !"

Dans d'autres circonstances, il en aurait ri : quelqu'un voudrait sans doute leur faire une farce... mais ici, maintenant... il n'osait pas imaginer comment un tel phénomène avait pu se produire.

[Taliesin]

-P't'être qu'on a touché l'interrupteur en installant le piège, souffla-t-il. Mais j'y crois pas trop. Dans mon cauchemar, ça a commencé pareil. enfin, pas tout à fait, parce que le diablotin il a fait griller l'ampoule. Mais le résultat était le même : j'étais dans le noir. Alors j'pense vraiment que c'est lui. Il adore faire flipper les autres. Mais on est prévenus, alors on aura pas peur ! Et si je me trompe, si on a vraiment éteint la lumière par accident, ben c'est pas grave : vaut mieux être plus prudent que pas assez.

Le gamin n'était pas aussi tranquille qu'il voulait bien le montrer. En réalité, il avait peur de l'étape suivante : le petit démon les plongerait-il définitivement dans l'obscurité ou passerait-il à autre chose ? Il n'en avait aucune idée et préférait se rassurer en se disant que, moins puissant, le monstre devrait se contenter de jeux certes cruels et angoissants mais malgré tout inoffensifs.

[Manfred]

Et toc, la chambre de nouveau dans le noir. Mais peut-être que c’était dû à une corrélation de phénomènes tout à fait hasardeux comme, par exemple, la trajectoire de la lune influençant le périple d’une innocente poussière qui, par tout un jeu d’accélération gravitationnelle, acquis la poussée nécessaire à l’activation de l’interrupteur. Simon Strueux aurait peut-être trouvé ce genre d’explications, quoi que non. Comme les deux garçons, il se serait rendu à l’évidence.

C’était un coup du diablotin. Mais où était-il ? Le mystère ne persista pas longtemps car une voix malsaine susurra juste derrière la porte. Au début, elle imita un chat, référence évidente aux mésaventures de Piotr. Puis, après un gloussement, elle dit :

« Petit malin, le jeu continu, encore et toujours. Ici, qui pour te réveiller ? J’ai tout un programme ! Tu va a-do-rer ! Et Cricri, il veut jouer aussi ? Mais oui, j’en suis sûr ! La question c’est : avec qui veut-il jouer ? Contre qui veut-il jouer ? Hooooo ! Déjà, Cricri, merci ! Sans toi, jamais Pierre ne serait venu chez moi ! Je te dois de bons moments ! Je sais être... reconnaissant... »

Nouveau petit rire.

[Taliesin]

Pierre avait vu juste mais n'en tirait aucune fierté, car il aurait préféré, et de beaucoup, s'être complètement trompé. Plus que jamais, il redoutait la suite des événements, craignait les mauvais tours de son ennemi... Cependant, il décelait - ou croyait déceler - des indices réconfortants. D'abord le diablotin n'était pas entré, ce qui voulait sans doute dire que les protections installées sur la porte lui interdisaient le passage. Ensuite, plutôt que de faire griller l'ampoule, il avait utilisé l'interrupteur : peut-être était-ce un signe montrant que ses pouvoirs étaient moins développés ici que dans son cauchemar. Enfin, il usait de menaces à son encontre et tentait de monter Christophe contre lui : ne fallait-il pas voir, dans cette manœuvre, une preuve que ses capacités magiques étaient limitées ? Limitées, la chose était vite dite : la créature pouvait au moins user de télékinésie, et elle n'avait probablement pas montré toute l'ampleur de cette compétence...

Après avoir récupéré et rallumé sa lampe, le gamin s'approcha de son copain.

-Fais gaffe, faut rien lui promettre, même si on pense que ça peut nous aider à nous en sortir, lui murmura-t-il à l'oreille. Si on lui promet un truc, ça se retournera contre nous.. Peut-être même qu'on sera damnés..

[Mornagest]

Damné ? Il ne savait pas bien ce que ça voulait dire, mais ça n'avait pas l'air drôle. Il se sentait très coupable, et le diablotin venait d'en rajouter une belle couche. Penaud, il ne savait pas trop quoi dire à ce sujet... il avait gaffé, c'était trop tard, et puis voilà...

"D'accord. Mais on peut pas le repousser ? C'est peut-être l'angelot qui le maintient en dehors de la chambre, aussi. En tout cas, s'il peut pas entrer, c'est déjà bien..."

Il pensa à autre chose.

"Peut-être qu'il cherche à nous distraire. Il faut qu'on fasse attention à Bellatrix et à Benny, tu sais ? Faut pas qu'on se laisse embobiner par ce sale diablotin."

Comme il n'avait pas de torche électrique, il ne pouvait pas regarder directement vers eux pour savoir s'ils étaient encore calmes.

[Manfred]

Il y eut un silence puis... des gémissements. Autant Bellatrix que Benoît étaient en train de s’agiter dans leur sommeil. Peu après, le diablotin reprenait de sa voix malfaisante.
« Ho, mais qu’entends-je ? Vos amis s’amusent avec la sorcière... à moins que ce soit l’inverse. Il va falloir les sauver, sinon ils vont mourir, mourir devant vos yeux. Ils comptent sur vous, n’est-ce pas ? Mais... quel... dommage... ! »
Le monstre se fendit d’un rire dément alors que, dans le même temps, il retournait le piège de Christophe contre les enfants. Sous l’impulsion d’une force invisible, le tiroir se décrocha, bascula, tomba sur les garçons. Pierre fut relativement épargné, ne recevant qu’un livre ou deux sur lui. En revanche, Cricri reçu le un coin du tiroir et il eut mal, très mal. Rien de cassé, heureusement, mais il ne tarda pas à réaliser qu’il saignait.