[MP] Histoire : Armand

[Smidge]

Émile inclina le tableau factice, révélant ainsi le mécanisme du coffre-fort, puis entama les rotations de la molette.

Quelques secondes plus tard, un "clic" sonore s'éleva de l'appareil, et la porte s'ouvrit.

"Émile ! Vous avez vu ça ?, s'exclama le notaire. C'était la bonne combinaison ! Je n'arrive pas à y croire !"

A l'intérieur du coffre, Émile reconnut quelques liasses de billets - dont il allégeait le propriétaire régulièrement, plusieurs bons au trésor, ainsi que l'épaisse enveloppe scellée qui contenait le testament. Sur la droite, il y avait aussi une arme - un revolver, et une large clef rouillée.

"C'est formidable..., souffla Louis, qui n'en revenait pas encore. Le testament y est ?"

[Armand]

Sans prendre la peine de se retourner Emile tendit la main vers l'enveloppe scellée.

"Oui je crois que j'ai trouvé. Il y a même une arme à feu dans le..."

Changeant de sujet du tout au tout, après avoir glissé l'allusion, il se retourna vers maitre Marquand.

"Il y aussi une clef, peut être la lieutenante voudra y jeter un oeil ?"

[Smidge]

Le notaire resta coi quelques secondes, puis haussa les épaules.

"Si vous touchez à autre chose, elle risque de vous le reprocher ensuite..."

Louis s'approcha et jeta un oeil sur l'enveloppe du document.

"Oui, ça a l'air d'être ça, confirma-t-il. Je pense que nous pouvons redescendre à présent."

[Armand]

Emile répondit par un sourire.

"Oui vous avez raison. A vrai dire je ne sais vraiment pas sur quel pied danser avec cette femme, je dois manquer de pratique."

Il referma le coffre d'un geste vif et réinitialisa le mécanisme.

"Bien ! Vous être prêt à repartir maître ? Peut être que le contenu de ce testament sera de nature à apaiser les esprits..."

[Smidge]

Ils descendirent tous deux les marches en direction du rez-de-chaussée, puis prirent le chemin du grand hall, et enfin du salon, qui précédait la salle à manger. Émile fut parcourut d'un frisson. Et pour cause ! La cheminée ne brûlait plus depuis plusieurs heures maintenant. S'ils ne voulaient pas geler le lendemain matin, il devait rallumer le feu avant qu'ils aillent tous se coucher. Si toutefois cela finissait par se produire...

"Je me demande ce que Lucien a bien pu rédiger comme testament..., s'interrogea le notaire. Pas vous ? Si ça se trouve, ce document désignera un coupable tout trouvé..."

Ils étaient arrivés devant la salle à manger, où l'inspectrice poursuivait sans doute son interrogatoire.

Cependant, le testament étant entre les mains du notaire, il n'était pas tenu de lui tenir la main jusque là... Tout en prenant le risque de s'attirer les foudres de l'inspectrice, s'il disparaissait de nouveau...

[Armand]

Emile regarda Marquand d'un air las.

"Oui, souhaitons que cela apaise un peu les consciences, la soirée a déjà été assez pénible pour nous tous. Le maître dans tous les cas ne m'en a jamais fait part, et je ne vois vraiment pas quelle personne suffisamment proche de lui pourrait..."

Désignant la lieutenante d'un signe de tête.

"Je crois que nous pouvons y aller, plus vite elle aura ce qu'elle veut plus vite nous pourrons retourner à des occupations plus "relaxante"."

[Smidge]

Louis Marquand passa devant lui, brandissant victorieusement l'enveloppe contenant le document.

"Madame Lemaçon ?, lança-t-il à l'attention de l'inspectrice, exhibant son trophée. J'ai retrouvé... enfin, nous, avec l'aide d’Émile bien sûr, avons réussi à mettre la main sur le testament du Comte !"

Émile soupira. Après tout, s'il préférait attirer toute l'attention sur lui...

Peu de choses avaient changé depuis leur départ de la salle à manger. Les groupes de discussions avaient simplement changé de partenaires. Il guetta la présence de mademoiselle Stoän, qui semblait aller mieux, et discutait avec Marjorie.

"Il se fait tard, reprit le notaire, et peut-être... pourrions-nous conclure cette soirée par sa lecture, et aller tous nous coucher ?"

Il était déjà minuit vingt à la grande horloge, et un brouhaha d'approbation s'éleva de l'assemblée.

"Très bien, répondit la policière, procédons à la lecture du testament."

Le notaire s'approcha de l'inspectrice, et lui présenta l'enveloppe.

"Je vais à présent procéder à l'ouverture", déclara-t-il solennellement.

Il décacheta la cire rouge de l'enveloppe, et en tira un papier soigneusement plié, qu'il déplia. Maître Marquand ajusta ses lunettes, et commença la lecture d'une voix claire.

"Je soussigné Monsieur De Rochebois Lucien, né le 7 décembre de l'année 1863, résidant au Château de Rochebois sur la commune de Villeneuve-les-Ilias, déclare être saint de corps et d'esprit à cette date."

Le notaire marqua une hésitation, et plissa un instant des yeux.

Étant sans descendance directe, je déclare officiellement léguer la totalité de mes biens immobiliers, incluant le château et la propriété qui l'entoure, ainsi que toute la fortune sur mes divers comptes bancaires... à la compagnie industrielle d'armement « Schneider Electric »."

Émile fit involontairement craquer ses articulations tandis qu'il serrait les poings à s'en faire blanchir les jointures. Une usine d'armes et de chars d'assauts ? Vraiment ??

"Cependant... Ce legs ne saurait être validé que si je devais décéder de façon naturelle, et... par conséquent... hem... ennuyeuse."

Maître Marquand se racla la gorge. Que voulait-il dire par là ? En tout état de cause, le maître n'était pas mort "de façon naturelle"...

"Je cite toujours, bien sûr", précisa-t-il.

Il rehaussa de nouveau ses lunettes avant de poursuivre.

"Si toutefois, je devais trouver la mort par la main d'autrui, je souhaiterai récompenser l'intelligence éventuelle de mes actuels employés, quels qu'ils soient à l'heure où ces lignes seront lues. Cet héritage reviendrait à celui d'entre eux qui parviendrait à trouver le nom de mon assassin - preuves à l'appui - dans un délais de 3 jours à compter de mon décès."

Un silence de plomb recouvrait à présent la salle. C'était une occasion inespérée. L'occasion de venger sa famille, et de faire honneur à la mémoire de son père.

"De plus, poursuivit-il, un trésor se trouve caché dans ma demeure, au château, dissimulé par mes soins. Et celui-ci reviendra au premier qui parviendra à le découvrir."

Quelques murmures commencèrent à s'élever de l'assistance. Quel trésor ? Émile ne connaissait pourtant que le coffre-fort dont il avait la combinaison... Peut-être l'atelier du maître recelait-il quelque chose de plus que de simples alambics pestilentiels ?

"Fait le samedi 31 décembre 1921, à Villeneuve-les-Ilias, en 2 exemplaires, dont un remis sous cachet à Maître Louis Marquand."

[Armand]

Emile sentait l’excitation qui virevoltait dans l'air, tel une petite fée électrique . Le maître savait-il que l'on voulait attenté à sa vie ? Cette compagnie "Schneider Electric" y était-elle pour quelque chose ?

Il ne pouvait cesser de penser aux dernière lignes lu par maître Marquant : le testament ne datait que de quelques mois et un exemplaire avait évidemment été remis au notaire... Il repensa à toutes les paroles qu'ils avaient échangé lors de leur excursion dans le bureau du maître, son souhait insistant de procéder à la lecture du testament, sa volonté de se mettre en avant... Le testament datait d'il y a à peine quelque mois et soudainement le maître disparaissait et au final qui le pleurait vraiment ? Peu de monde oui, cela ne voulait pas forcément dire quelque chose.

Le cerveau d'Emile trottait à vive allure comme le tic tac d'une horloge déréglé. Il se remémorait les événements de la soirée, le couteau dans la main de marjorie, l'enveloppe sur le bureau du maître, une troupe de comédien, une invitée imprévue, un jardinier bougon et fuyant.

Il releva les yeux subrepticement vers les autres. Le destin avait placé quelque chose sur sa route, ça pouvait paraître bizarre et étrange mais ce quelque chose était pour lui, il l'avait plus que mérité. Et il avait certaines armes que d'autres n'avaient pas. S'adressant à maitre Marquand il leva les mains naïvement en signe d'interrogation.

[Smidge]

Après quelques secondes d'un silence religieux, l'inspectrice prit la parole.

"Bien, écoutez-moi tous, commença-t-elle en s'adressant à l'assemblée. J'invite bien entendu tous ceux qui auraient le moindre indice concernant cette enquête à me le faire parvenir... mais je vous demanderai, pour votre sécurité, de ne prendre aucune initiative."

Elle poussa un soupir.

"Sur ce, il se fait tard et je pense que vous avez tous besoin de repos. Nous en reparlerons demain."

Le brouhaha reprit lentement, chacun étant plongé dans ses pensées, et la plupart se dirigèrent en direction des portes du grand salon dans un concert discret de "bonne nuit". Marjorie et mademoiselle Stoän prirent en revanche la direction du petit couloir, où se trouvait aussi sa chambre.

"Bonne nuit, Émile.", lui lança Louis. Sa femme le gratifia d'un discret sourire, et ils disparurent tous deux derrière les portes, accompagnés par les autres invités.

[Armand]

Emile se mordit la lèvre inférieure visiblement soucieux alors que les invités disparaissait un à un. Il chercha du regard la lieutenante, elle devait encore se trouver dans les parages.

[Smidge]

La lieutenante, accompagnée par Yvette, disparurent au moment où il les aperçut, derrière les portes qui conduisaient vers le hall sud.

Allait-elle repartir et les laisser seuls pour la nuit ? Cela paraissait improbable...

[Armand]

La lieutenante qui parlait à yvette ? Cela n'engageait rien de bon, après de tels événements, la pauvre femme risquait de rapidement devenir hystérique. Dans tous les cas, et pour l'heure il était temps de s'occuper du feu à moins qu'il ne veuille que les habitants du château se réveille dans un froid cinglant. Il fallait commencer par rejoindre la cour et de plus cela lui fournirait une excellente excuse pour traîner dans les parages plus tardivement qu'il ne serait nécessaire...

[Smidge]

Émile prit par le grand salon puis dans le hall central, où il déverrouilla la porte qui donnait sur la cours. Il saisit une lampe près de l'entrée, et tourna la poignée de la porte.
La pluie avait cessé, mais un vent glacial lui fit frissonner l'échine. Le ronronnement régulier du générateur vrombissait toujours dans l'air. La réserve de bois se trouvait dans l'entrepôt, au même endroit où Fernand avait branché tout son matériel.

Mais cette fois, il n'y avait personne. Fernand était parti se coucher ? Sa cabane en face - où il dormait fréquemment - était aussi sombre que le ciel sans étoile au-dessus de leur tête. Ou bien il dormait déjà. Ou bien il n'était pas non plus ici...

Mais dans ce cas, où se cachait-il ?

[Armand]

Il ne savait vraiment pas à quoi jouait fernand. A le faire tourner en bourrique peut être ? Dans l'obscurité presque palpable qui l’environnait, il ne voyait nul signe d'une présence humaine. A bien y réfléchir fernand n'avait été au final que très peu présent au cours de la soirée, avec toujours une bonne excuse certes mais il se demandait parfois ce qu'il avait pu faire de son temps. Emile imagina l'espace d'un instant ce même fernand qui arrachait les mauvaises herbes et redressait les rosiers, ce fernand qui réparait les portes et remettait un coup de peinture sur les extérieurs, il imaginait son visage impassible devant celui du maître, il l'imaginait avec un couteau, il l'imaginait crachant sur son cadavre comme tant aurait désiré le faire.

Emile s’épongea le front réalisant qu'il commençait à transpirer abondamment. La pile de bois était juste là, ce n'étais pas le moment de sombrer dans ses fantasmes. Néanmoins sans qu'il y ai vraiment de raison valable emile grelottait un peu alors qu'il rejoignait l’entrepôt.

[Smidge]

Émile empila bon nombre de bûches entre ses bras, et fit demi-tour en direction du château, verrouillant la porte derrière lui.

Il fit une première escale dans le grand salon, au pied de la cheminée ornée de la tête de serpent, agitant les braises encore rouges sous le bois de quelques coups de soufflet. Quelques flammes, d'abord timides, puis plus vives, entamèrent leur nouveau combustible. Émile franchit ensuite les portes de la salle à manger, et y plaça le reste de son fardeau.

Cela devrait suffire jusqu'au lendemain matin...

Le calme revenu dans cette partie du château lui arracha un soupir de satisfaction. Sa chambre était peut-être excentrée par rapport à celles des autres - sa fonction de majordome le contraignant à une plus grande disponibilité en toutes circonstances - mais il n'était pas mécontent de ne pas devoir partager cette nuit entourés de tous ces visiteurs... dont l'un était peut-être bien un meurtrier...

L'horloge indiquait minuit et demie passée. Maintenant que plus personne n'était là pour lui dire ce qu'il devait faire, il était bien sûr toujours possible de poursuivre quelques recherches, incognito. Mais il aurait aussi bien besoin de ces quelques heures qui le séparait du matin pour se remettre de sa journée, et faire face à la suivante...

[Armand]

Emile était exténué, la journée avait été plus que pénible pour lui mais il n'aurait peut être plus jamais l'occasion de faire ce qu'il avait à faire. Il se frotta les yeux rougit avant de partir du coté du bureau du maître.

[Smidge]

Émile traversa une fois de plus le bâtiment de long en large. Malgré la présence de nombreux invités dans chaque chambre qui longeait les couloirs du rez de chaussée de l'aile Nord, on ne percevait aucun bruit.

Il monta le plus discrètement possible les marches en direction de l'étage, se dirigea vers la chambre, puis tourna à gauche sur le bureau.

Tout était tel qu'il l'avait laissé une demie heure plus tôt avec Louis Marquand. Y compris l'enveloppe pour Nils, toujours pleine...

[Armand]

Emile se saisit de l’enveloppe. Cela ne coûtait rien d'en prélever quelques billets, après tout c'étais un argent qu'il avait amplement mérité. C'étais à ses frais que cet argent avait été acquis, à ses frais qu'il avait été mis dans cet envelope. D'un geste, il jeta un rapide coup d’œil derrière lui, il s'attendait à voir surgir quelqu'un à tout moment. Il se pressa en direction de la salle de bain tout en sortant le trousseau de clé trouvé sur le corps du maître, ce petit coffret allait enfin finir par lui révéler ses secrets.

[Smidge]

Émile tira son trousseau de sa poche, et inséra une à une les clés dans la serrure du bloc de métal.

La première entra, mais refusa de tourner. Le coeur tambourinant contre sa poitrine, il inséra la seconde, qui émit un petit clic sec à l'instant où il la fit pivoter entre ses doigts.

Enfin, le boitier s'ouvrir dévoilant son mystérieux contenu.

Des documents. Voilà simplement ce que contenait le coffret.

Émile feuilleta les premières lignes...

"Je soussigné Monsieur De Rochebois Lucien, né le 7 décembre de l'année 1863, résidant au Château de Rochebois sur la commune de Villeneuve-les-Ilias, déclare être saint de corps et d'esprit à cette date..."

Un bruit interrompit sa lecture.

Quelque chose montait. Quelqu'un, pour être plus précis.

Le coeur d’Émile sembla exploser sous la soudaine pression.

Instinctivement, ses yeux se posèrent sur l'interrupteur, à quelques dizaines de centimètres de sa main.

Peut-être était-il même déjà trop tard...

[Armand]

Emile n'avait pas vraiment le temps de réfléchir, il fallait agir vite et bien même si c'étais un peu stupide. S'il tentait de se cacher et qu'il se faisait attraper il était mort, c'étais certain. Singeant une quinte de toux, il versa le coffret et son contenu dans la cache du carrelage et referma l'espace avec empressement. Puis il se pencha vers la baignoire tout en simulant une envie de vomir, il toussait de plus en plus fort à s'en décrocher les boyaux...

[Smidge]

Émile attendit, simulant toujours sa quinte de toux.

Plusieurs secondes - parmi les plus longues de sa vie - s'écoulèrent. Mais personne ne vint. Il tourna finalement lentement la tête, ce qui ne fit que confirmer ce qu'il savait déjà : il était seul.
Émile se tut, tendant l'oreille. Plus rien. Rien que le silence perturbé par les battements de son coeur.

Soit la personne était repartie, soit il s'était trompé...

[Armand]

Emile eut une longue inspiration tandis qu'il attendait que son rythme cardiaque reprennent un rythme à peu prés normal. Il avait vraiment cru que son cœur allait lâcher, cette maison par moment avait un souffle rauque qui vous murmurait derrière la nuque. Parfois il aimerait vraiment avoir dix ou vingt ans de moins, sa constitution ne lui permettait plus certaines chose. Il laissa quelques minutes s'écouler puis soulevant très délicatement le morceau de carrelage, il extirpa les documents qui l’intéressait, les introduit dans sa poche intérieur et quitta les lieux sans demander son reste. Il avait décidément bien besoin de repos et un grand grand besoin que dame chance continue à le suivre. Sa chambre n'étais pas très loin, juste encore quelques minutes par pitié.

[Smidge]

Aux aguets, l'adrénaline lui ayant fait oublier temporairement sa fatigue, Émile descendit le plus vite et le plus silencieusement possible les marches en direction du rez-de-chaussée.

Il jeta un bref coup d'oeil dans les quatre directions, mais les portes des chambres étaient toutes fermées. Sans demander son reste, il rejoignit le hall central, traversa le grand salon et la salle à manger, et s'engouffra dans sa chambre.

Émile s'appuya le dos contre sa porte, transpirant à grosses gouttes.

Au moins, il était seul.

Les mains tremblantes, il tira la boite de métal de sa poche et l'ouvrit. Il déplia le document, et reprit sa lecture.

"Je soussigné Monsieur De Rochebois Lucien, né le 7 décembre de l'année 1863, résidant au Château de Rochebois sur la commune de Villeneuve-les-Ilias, déclare être saint de corps et d'esprit à cette date.
Je déclare officiellement léguer la totalité de mes biens immobiliers, incluant le château et la propriété qui l'entoure, ainsi que toute la fortune sur mes divers comptes bancaires à mademoiselle Sofia Stoän, ainsi qu'à notre fils.

Fait le samedi 7 janvier 1922, à Villeneuve-les-Ilias."

[Armand]

Emile eut le souffle coupé quelques instants et il mit un petit moment à retrouver l'air qui lui manquait cruellement. Le papier qu'il avait entre les mains lui brûlait littéralement les doigts. Qu'était-il censé faire ? En dissimulant ce qu'il avait entre les mains, il risquait gros. Et en le montrant à la lieutenante cela risquait d'être encore pire...

Envolé ces espoirs d'un avenir meilleur, envolé sa juste récompense pour toutes ces années de labeur à regarder le maître se jouer de lui sans pouvoir jamais répliquer, envolé SA revanche sur celui qui avait détruit son existence en même temps que celle de père. Le maître désirait telle chose ? Il filait le lui apporter. Le maître désirait se moquer ? Il était là pour le servir également. Le maître désirait humilié quelqu'un pour se sentir moins misérable ? Il était là comme toujours...

Non tout cela méritait une rétribution RÉELLE, plus que personne ici il le méritait. Il avait suffisamment saigné pour cela.

Brusquement il se leva faisant les cents pas autour de son lit. Non, non, non, il y avait forcément une échappatoire un choix, une opportunité qu'il n'avait pas envisagé. Mademoiselle stoän n'avait certes rien demandé et puis il y avait un enfant comme il l'avait été lui même jadis... Emile s'enferma le visage dans le creux de ses paumes dans l'attente d'une réponse qui ne venait pas.

Reprenant les papier qu'il avait soigneusement disposé sur son lit, il mit le tout dans son coffre personnel et donna de tour de clef. S’affalant sur son lit, il éteignit l lumiére et ferma les yeux. Dormir, il fallait qu'il dorme.

[Smidge]

Malgré l'esprit empli de pensées tumultueuses et contradictoires, la fatigue et les émotions fortes de la journée eurent finalement raison du majordome.


[HRP : C'est la nuit. Chaque personnage doit se reposer suffisamment pour être en forme le lendemain, mais il est cependant aussi possible d'agir pendant cette période. Un temps plus long sera laissé aux joueurs dans cet intervalle, afin qu'ils aient le temps - le cas échéant - de réaliser leurs actions entreprises. Si vous voulez simplement que votre personnage se repose, attendez mon prochain post, qui indiquera le matin.

Mais ce n'est pas tout !

Sur la période nocturne, vous pourrez - si vous le souhaitez - poster "inutilement", simplement pour brouiller les pistes, et faire penser aux autres joueurs que "quelque chose" se passe au château o Une fois, deux fois... autant que vous le voulez. Je répondrais bien sûr en conséquence, pour donner le change. Le matin venu, ces posts seront supprimés, et l'histoire reprendra son cours normal.
Si toutefois un évènement imprévu devait se produire pendant votre nuit, un (vrai, cette fois) post vous en informerait, et vous serez libre de réagir comme pendant la journée.]

[Smidge]

Quels étaient ces bruits ? Des sons familiers parvinrent aux oreilles du Majordome, et le tirèrent de rêves absurdes où s'étaient mêlées violence, souvenirs d'enfance, et un inexplicable tapioca géant...

Puis il se redressa en sursaut. Ces tintements étaient ceux du petit-déjeuner ! Tout le monde était déjà levé. Sauf lui ?

Quelle heure était-il donc ?? Dans le désordre extraordinaire de la veille, il en avait oublié d'enclencher son réveil, sur lequel il lança un regard paniqué. 7h 15 !!

Émile s'inspecta brièvement du regard... Pas lavé, pas changé de la veille, pas rasé... Il n'était guère présentable. Au moins, la salle d'eau commune, dans l'aile Nord, était certainement libre à l'heure qu'il était.

Une question pragmatique se posa néanmoins à lui : par où allait-il passer ?

[Armand]

Emile se sentait un peu comme si un coup de marteau menaçait sans cesse de lui frapper le derrière le crâne. Il jeta un coup d’œil rapide sur l'endroit où il avait caché son coffret, encore une journée pénible qui s'annonçait en perspective... Tout le monde devait probablement déjà être réveillé et il était à peine levé, tout cela n'étais pas sérieux. Devait-il y voir un mauvais signe pour l'avenir ? Dans tous les cas quoi qu'il fasse, il ne sentirai plus le regard scrutateur du maître en permanence par dessus son épaule. Passez par le grand salon en prenant le couloir circulaire serait certainement plus discret, il rassembla les quelques affaires nécessaire à sa toilette et ouvrit discrètement la porte.

[Smidge]

Émile jeta un bref coup d'oeil dans la cuisine, où il aperçut Yvette, Marjorie et Marie-Madeleine affairées autour de la préparation du petit-déjeuner. Sans un bruit, il se faufila en direction de la colonnade. Juste avant de bifurquer en direction du grand salon, un léger claquement de porte attira son attention, et lui fit faire un pas en arrière. Mme Lemaçon était debout apparemment elle aussi, ce qui le conforta dans son choix de discrétion.

Le grand salon, comme le hall central, étaient vides. Au dehors, on entendait toujours le ronronnement du moteur installé par Fernand, ce qui pourrait encore s'avérer utile, le soleil ne se levant pas aussi tôt qu'eux en cette saison.

Arrivé dans le couloir principal de l'aile Nord, il perçut quelque agitation sur sa droite, dans la Grande Suite, mais rien qui semblait s'approcher de la porte. Sur sa gauche en revanche, des chambres Olive et Pervenche n'émanait aucun bruit.

De toute façon, toutes les chambres ici, et a fortiori la Grande Suite, disposaient de leur propre pièce d'eau. La salle de bain commune se trouvait tout au fond du couloir, juste avant les portes du hall Nord.

[Armand]

Emile poursuivit sa route le long du couloir en essayant tant que se faire se peut des zones d'agitations. Il s'attendait d'un instant à l'autre à entendre résonner son nom. Si on pouvait lui foutre la paix ne serait ce que quelques minutes, il pourrait peut être préserver les apparences. Des vêtement propres, un brin d'eau chaude savonneuse et quelques gouttes d'eau de toilette auront raison de lui donner un brin de fraîcheur. Il était déjà passablement en retard, inutile d’épiloguer.

[Smidge]

Émile verrouilla la salle d'eau derrière lui, et entama ses ablutions. L'air moite et humide de la pièce contrastait avec celui - bien plus frais - du couloir et des autres pièces.

Son estomac commençait à gargouiller, mais il n'avait pas été possible de le satisfaire en premier, étant donné les circonstances.

Sa toilette terminée, ses vêtements propres sur lui et ceux de la veille dans le panier à linge sale, il ouvrit le loquet et sortit discrètement de la pièce.

"Bien le bonjour, mon brave Émile !", lui lança une petite voix enjouée derrière lui tandis qu'il traversait le long couloir.

C'était le docteur Dupré, affublé d'un caleçon long et bariolé qui lui donnait un air particulièrement exotique.

"Si vous allez déjeuner, je vous suis avec plaisir !", ajouta-t-il.