[Quête] Hors des pistes

[Galathée]

Quête : Equité

De Rohan...

L'attente parut plus longue qu'elle ne le fut en réalité et ils débouchèrent bientôt sur une nouvelle route boueuse. Le paysage de steppes autour d'eux paraissait infini et Astrée savait que la route jusqu'à Edhoras serait plus longue que celle qu'elle avait déjà parcourue depuis Luménis. Le terrain était propice aux grands galops et Prince joua quelques minutes avec son mors, mais sembla comprendre qu'il devait garder le rythme des ânes et, dans un premier temps, se calqua sur leur pas tranquille. La prairie déployait sa verdure presque éblouissante sous leurs yeux, tachetée de fleurs diverses.
" J'ai pitié de votre cheval, remarqua Reynald. J'imagine que si j'étais un jeune étalon dans son genre..."
Son compagnon lâcha un gloussement et Reynald s'empourpra, courroucé.
" J'aurais aussi envie de galoper dans l'herbe !" ajouta-t-il.
L'autre ne dit rien, conservant une expression presque neutre sur le visage, le regard perdu dans la campagne. Reynald s'éclaircit la gorge.
" Et donc... Qu'est-ce qui mène une jeune femme dans votre genre en ces terres sauvages ? Bien que... vous m'avez en fait l'air d'avoir parfaitement votre place dans cet environnement. Mais vous ne connaissez pas les bases des croyances de la Trouée et vous avez un petit accent du sud. Si ce n'est pas indiscret, bien sûr."

[Voyageuse]

Quête : Equité

- Je vis dans les montagnes de fer, expliqua-t-elle, prenant conscience au moment même où elle prononçait ces mots que que ce n'était plus vraiment le cas. Mais elle ne pouvait pas non plus se définir comme une habitante de Luménis. Ou du moins, j'y vivais jusqu'à il y a peu de temps. Mais mon compagnon est Luménien, et je l'ai rejoint depuis quelques temps à la capitale, mais je ne sais pas encore où nous allons nous installer. Quant à la raison de mon voyage, elle n'a rien de très original : je suis à la recherche de certaines plantes, pour une amie herboriste, que j'espère trouver dans les pics des orcs..
Il n'était pas nécessaire d'en dire plus. Pas pour le moment. Mais peut-être cet homme, mi-barde, mi-prêtre, connaissait-il des légendes relatives à l'arbre qu'elle cherchait ? Il faudrait qu'elle lui pose la question, un jour... quand elle le connaîtrait un peu mieux.

Elle caressa d'un geste machinal son étalon dont elle devinait la frustration. Avoir de grands espaces à perte de vue, et se trouver obligé d'avancer à une allure d'escargot, ce devait être une torture pour lui. Elle se promit de descendre dans un moment pour lui laisser un peu de liberté. Ou mieux, de piquer un petit galop sur son dos. Elle jeta un regard en coin à Tybert, le compagnon de Reynalds, dont elle n'était pas certaine de saisir l'humour.

[Galathée]

Quête : Equité

Mais Tybert cheminait, tranquille, sans prêter la moindre attention à leur conversation.
" De montagne en montagne, dit Reynald avec un sourire. Nous ne sommes jamais descendus aussi loin au sud... Nous restons toujours dans la Trouée et dans la Vallée, Eredhùn et le retour. Mais nous connaissons un peu les Pics des Orcs. Il n'y a plus d'orques, presque plus. Les humains les ont repoussés toujours plus haut et les deux clans restants se tiennent à carreaux tant qu'on n'empiète pas davantage sur leur territoire. Ce sont presque des yétis, en vérité, car ils sont toujours vêtus de fourrures : il fait plutôt glacial, dans les sommets. Vous ne devriez pas les rencontrer, à moins de les chercher avec acharnement. Ce que je ne vous conseille pas. Même si on exagère toujours leurs appétits sanguinaires, ils ne sont pas complètement fréquentables pour autant."
Il flatta l'épaule de son âne.
" Mais vous êtes donc une âme sauvage. Vivre à Luménis ne doit pas être évident : hormis le parc, ce n'est pas vraiment un endroit très champêtre, dans mon souvenir."

[Voyageuse]

Quête : Equité.

Astrée acquiesça.
- Je déteste vivre à Luménis, admit-elle. Pour le moment je n'y ai passé que peu de temps, on a beaucoup été par monts et par vaux. Mais là... Mon compagnon devait s'absenter pour rendre visite à son père, et je n'imaginais pas passer une veille ou deux seule en ville. J'ai donc sauté sur la première occasion venue pour aller courir la montagne...
Elle sourit.
-Je ne pense pas que je pourrai m'installer en ville. Mon compagnon l'a bien compris je crois. Simplement, mon petit abri dans les montagnes est un peu trop loin de Luménis pour lui qui y travaille, il va donc falloir qu'on trouve une solution intermédiaire. Ou bien qu'on décide de vivre une histoire en pointillés...
Cette dernière phrase, prononcée sans réfléchir, la surprit elle-même. Ce n'était qu'une parole en l'air, bien sûr. Ils trouveraient un autre arrangement. Elle se surprit à penser qu'une telle solution aurait sans doute davantage pesé à son compagnon qu'à elle-même.

[Galathée]

Quête : Equité

Reynald acquiesça.
" Il y a de jolis coins de campagne non loin de Luménis. Je connais mal la partie sud, je n'y suis jamais descendu, mais même au nord, malgré les fermes, les champs et les hameaux, il reste de petits endroits sauvages. Mais vous savez comme sont les humains : nous nous reproduisons comme des lapins, nous nous installons partout, nous grignotons le monde pour en faire un lieu de civilisation !"
Il sourit avec une grimace.
" Mais là où vous vous rendez, vous verrez que la nature a encore de belles années devant elle. Peut-être devriez-vous suggérer à votre compagnon de se trouver du travail à Bortheias... Que fait-il ?"

[Voyageuse]

Quête : Equité

Bortheias, au pied des montagnes... Sûr que la vie y serait autrement plus agréable qu'à Luménis. Ou même que dans la campagne semi-urbaine qui l'entourait. Le clerc avait raison concernant la tendance de l'homme à tout transformer, civiliser, urbaniser. Elle-même se sentait tellement mieux ici, dans cette nature sauvage...
Mais voilà, elle doutait que Kasumi éprouve le moindre enthousiasme à l'idée de venir s'installer ici. Il semblait d'être lié, en un sens, à la ville de Luménis. Elle avait du mal à comprendre d'où lui venait cet attachement, mais supposait que c'était en lien, quelque part, avec le rôle qu'il avait joué pendant la guerre civile. La satisfaction d'avoir été utile à quelque chose, le besoin de sentir qu'on avait besoin de lui là-bas. Enfin, c'est comme ça qu'elle l'interprétait, mais peut-être se trompait-elle. Ils en avaient peu parlé, trop pris par les missions qui s'étaient succédées.

Ce qui la ramena à la question du clerc, à laquelle elle n'avait pas répondue, perdue dans ses pensées. Un peu gênée d'avoir manqué de politesse, elle expliqua, ou plutôt tenta d'expliquer, réalisant au fur et à mesure qu'elle parlait que même pour elle le travail exact de son compagnon n'était pas clairement défini.
- Je ne crois pas qu'il aimerait quitter Luménis, il est y attaché. En fait il travaille pour la ville... Enfin, plutôt pour le gouvernement de l'île je crois, c'est un peu flou pour moi. Il me semble qu'il est sous l'autorité d'un officier du fort en tout cas. Et il a des missions ponctuelles à effectuer, des enquêtes, des missions de reconnaissance ou d'exploration. Généralement ses missions l'emmènent hors de la ville, heureusement, et je pense que je pourrai la plupart du temps l'accompagner. Et si un jour il a une longue mission intra-muros, ou que pour une raison quelconque il doit partir seul, et bien je trouverai un prétexte, comme en ce moment, pour m'évader un peu en montagne.

Oui, c'était l'organisation la plus simple. Elle s'était rendu compte, au fur et à mesure que les journées avançaient, que l'absence de son compagnon lui pesait moins lorsqu'elle était loin de la ville. Et qu'elle avait oublié, au cours de cette année où ils ne s'étaient jamais séparés plus d'une demi-journée, à quel point elle appréciait les balades solitaires dans la nature. Elle sentait qu'elle pourrait sans hésitation partir se ressourcer un mois au loin si lui se trouvait coincé durablement à Luménis. Mais encore faudrait-il qu'il l'accepte. Une fois encore, elle se remémora qu'il était plus fusionnel qu'elle, et qu'une séparation de ce genre lui était sans doute plus douloureuse qu'à elle.
Bah, elle savait depuis longtemps que la vie de couple est faite de compromis. Ils trouveraient bien une organisation acceptable pour tous les deux ! Il savait qu'elle ne supporterait pas la vie en ville. Et d'ailleurs, il leur faudrait aussi trouver un pied-à-terre qui ne soit pas une chambre d'auberge,ce qui donnerait sans doute lieu là aussi à des débats animés. Mais peut-être pas tant que cela après tout : il était un rôdeur, après tout, il était fait pour la vie en campagne lui aussi...

Mais toutes ces décisions attendraient son retour. Pour le moment, elle parcourait une région magnifique, et entendait bien profiter pleinement de l'instant présent. Elle sourit au clerc.
- C'est vrai que la région par ici est très belle. La nature semble préservée de l'influence humaine, tellement plus tellement sauvage et libre qu'aux abords de Luménis... Je pense que Bortheias me plaira énormément. Mais si javais su à quel point ils aiment les petits chevaux à la robe miel par ici, j'aurais peut-être évité de m'y rendre cette année ! plaisanta-t-elle.

[Galathée]

Quête : Equité

" La Trouée est toujours belle au printemps. Mais en été, puis en automne, c'est un peu plus tristounet... Enfin, ça dépend... Je pense que chacun d'entre nous a un type de paysage en lui. L'océan, la forêt, la steppe ou les jolis vallons fleuris... Et la montagne, bien sûr, ajouta-t-il avec un sourire. Personnellement, j'aime la campagne luxuriante autour d'Eredhùn. C'est une région extrêmement fertile, toujours verdoyante, même au plus fort de l'été... Cela m'inspire. Et pour un Milite, c'est fondamental. Je suis un peu trop... civilisé pour la sauvagerie de la Trouée. Les chansons à boire et les épopées belliqueuses me plaisent un temps, et puis soudain, je trouve tout le monde rustre et j'ai besoin de bouger..."
Juste à côté de lui, Tybert claqua deux fois de la langue et sans prévenir, les ânes se mirent au galop.
" Maudit !" eut tout juste le temps de s'exclamer Reynald avant que sa bête ne file sur les traces de son compagnon.
Ils n'avaient pas l'allure de Prince, mais ils n'étaient pas si lents, en réalité...
En tout cas, l'étalon d'Astrée prit ce départ inopiné comme une invitation et se lança à leur poursuite, les doublant rapidement avec un hennissement de défi.

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée n'eût pas le coeur de refréner les ardeurs de sa monture. Elle le laissa pendre de la vitesse, doubler les ânes et galoper quelques minutes sur la route qui s'étendait à perte de vue. Juste pour le plaisir de se laisser griser avec lui par la vitesse. Cela lui permettait, en outre, de ne plus avoir à songer à ses interrogations sur l'avenir : elle était bien trop occupée à conserver son assiette et accompagner de son mieux le galop de sa monture. Elle n'était pas une excellente cavalière, préférant généralement marcher, mais elle avait bien progressé au cours des mois passés avec Prince et finissait même par apprécier ces moments où il se lâchait et galopait à bride abattue.

Elle le freina au bout de quelques minutes, l'obligeant à prendre le trop, puis à revenir au pas : ils devaient attendre leurs compagnons tout de même. Elle se retourna sur sa selle, évaluant la distance qui les séparait. Bien sûr, l'occasion était trop belle : Prince,comprenant qu'ils devaient patienter quelques minutes, en profita pour quitter la route et grignoter un peu d'herbe grasse et beaucoup de fleurs.

[Galathée]

Quête : Equité

Les deux clercs n'étaient plus que des petites silhouettes loin sur la route, à moitié cachés par un nuage de poussière. Alors qu'ils se rapprochaient petit à petit, Astrée vit arriver un autre groupe en sens inverse, à moitié sur la piste, à moitié dans les prés. Une bonne centaine de bovins, vaches et jeunes veaux, tentaient de brouter tout en obéissant aux injonctions de leurs gardiens, qui les pressaient de grands cris, montés sur leurs chevaux. Un cavalier précédait le troupeau et il immobilisa sa monture aux côtés de la jeune femme. C'était un jeune homme brun, vêtu du cuir fonctionnel de la région, la peau déjà assombrie par les premiers rayons du soleil printanier.
" Faudrait p't'être penser à vous bouger si vous voulez pas être piétinée, m'dame !" lança-t-il.
Ses yeux se firent ensuite plus intéressés.
" C'est un sacré cheval que vous avez là... Vous en demandez combien ?"

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée commençait à en avoir assez de cette fascination universelle pour sa monture.
- Rien, répliqua-t-elle sèchement. Il n'est pas à vendre.
Elle observa l'imposant troupeau qui effectivement venait droit sur elle. Puis jeta un coup d'oeil en arrière, en direction des deux clercs.
- Je suis avec des amis... Je vais peut-être aller leur signaler qu'il faut libérer le passage, ajouta-t-elle d'un ton plus calme, conciliant. Elle était surtout désireuse de trouver un prétexte pour s'éloigner de la convoitise de l'homme. Heureusement qu'on n'a pas de chariot, ça doit être plus compliqué quand vous croisez des convois.

[Galathée]

Quête : Equité

L'homme avait manifestement été piqué au vif par le ton peu amène de la rôdeuse.
" On s'débrouille." répondit-il néanmoins avant de retourner vers son troupeau sans la saluer.
Les ânes étaient tout proches, désormais, et Astrée les vit bifurquer dans la steppe pour éviter de croiser les vaches. Ils continuèrent cependant à venir dans sa direction et la rejoignirent à peu près en même temps que les premiers bovins.
" Pour avoir du coffre, il a du coffre, votre cheval." remarqua Reynald.
Sa monture était couverte de sueur. Prince s'ébroua tranquillement et recommença à brouter.
" Nous devrions quitter la route principale et longer les hauts plateaux pour rejoindre Bortheias. Ce sera moins risqué. " intervint alors Tybert.
Trois cavaliers s'étaient détachés du troupeau et venaient dans leur direction.
" Ça pourrait même être plus rapide..." remarqua Reynald avec un soupir.

[Voyageuse]

Quête: Equité

- Je suis d'accord ! s'empressa de répondre Astrée. Ils auraient mieux fait d'y penser avant, d'ailleurs : cela aurait évité toute interrogation au sujet des priorités de passage entre un immense troupeau et trois pauvres voyageurs isolés. Mais après tout, c'était de sa faute à elle, si elle n'avait pas fait quelques instants cavalier seul -au sens propre-, ils auraient pu se concerter envoyant approcher le troupeau.
Elle était d'ailleurs avis de libérer immédiatement le passage et de couper à travers les prairies. Mais trois cavaliers se dirigeaient maintenant vers eux, et ils auraient certainement trouvé très impoli, voire suspect, qu'ils tournent ainsi les talons. Aussi se contenta-t-elle de s'écarter davantage du chemin pour libérer le passage du troupeau.

[Galathée]

Quête : Equité

Les trois cavaliers s'immobilisèrent à quelques mètres d'eux. Ils étaient vêtus des mêmes habits de cuir, fonctionnels et solides, déjà passablement usés. Ils avaient un air de famille, peut-être étaient-ils apparentés... Frères ou cousins ? Le plus âgé d'entre eux, le visage mangé par une barbe noire, bien taillée, avança d'un pas de plus que les autres. Leurs chevaux, grands et robustes, n'auraient pas dépareillés sur un champ de bataille. A côté d'eux, Prince avait l'air minuscule.
" Nous sommes intéressés par le petit étalon, annonça-t-il sans ambages, dans ce style direct qu'Astrée commençait à associer avec les cavaliers de la Trouée.
— Ce n'est vraiment pas de chance, car il n'est plus à vendre, fit Reynald avec une grimace.
— Plus ?
— Nous l'avons acquis avant-hier pour le compte du Fier Coursier de Bortheias."
Le visage du cavalier se figea.
" Oui, vraiment pas de chance. D'autant que nous lui avons déjà envoyé un pigeon et qu'il a dépêché sa meilleure escouade pour nous escorter jusqu'au Fort Rouge Etoile. Mais vous disiez ? Combien en offrez-vous ?
— Oubliez ça. Bon galop à vous.
— C'est ça, bon galop !"
Les trois hommes firent volte face et repartirent vers le troupeau de vaches au petit trot.
" Trop facile.
— Ça va te jouer des tours.
— C'est moi qui joue des tours. Allons-y."

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée avait observé, abasourdie, la façon dont Reynalds s'était débarrassé des importuns. Elle se fit la réflexion qu'il n'était pas à demi-barde pour rien. Quelle imagination, quelle improvisation... et quel sang-froid, aussi.
- C'est qui, ce Fier Coursier de Bortheias ? questionna-t-elle, à la fois intriguée et un brin admirative, quand elle fut assurée d'être hors de portée d'oreilles. Et c'est quoi, le Fort Rouge Etoile ? Ca a l'air de rudement les impressionner...

Mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander si cette comédie avait été vraiment indispensable... S'ils avaient simplement refusé de vendre -ce qu'elle aurait naïvement fait si son compagnon n'était pas intervenu-, que ce serait-il passé ? Certes, ils étaient plus nombreux qu'eux, et savaient se montrer impressionnants, mais auraient-ils vraiment tenté quoi que ce soit ? Elle avait une conscience accrue de leur isolement : il n'y aurait eu aucun témoin...

A voix plus basse, hésitante, un brin anxieuse, elle ajouta donc:
- Et vous croyez que sans ça... ils nous auraient causé des ennuis ?

[Galathée]

Quête : Equité

" Le Fier Coursier de Bortheias est l'éleveur de chevaux le plus riche de la région. C'est aussi un Seigneur cavalier, un de leurs nobles, qui exerçait un pouvoir important avant que Luménis ne s'impose comme capitale de l'île. Il a conservé une grande partie de son prestige, cependant, beaucoup d'influence, et il tire de nombreuses ficelles un peu partout dans la Trouée. Ces vachers portaient les insignes, sous la boue, d'un éleveur mineur d'Edhoras. Jamais ils n'auraient osé revendiquer quelque chose qui appartient au Fier Coursier. Et je ne sais pas vraiment si c'était nécessaire... c'était en tout cas efficace !"
Il sourit, fier de lui.
" Bon, mais si vous me faites éviter toute compagnie humaine pendant une veille, il va falloir que j'essaie mes nouvelles chansons sur vous !
— Ça ne me changera pas de l'ordinaire."

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée rit de la remarque de Tybert, et répondit à son tour.
- Ne vous en faite pas, j'ai l'habitude. Mon ancien mari était barde... Donc vous pouvez essayer vos chants sur nous tant que vous voulez ! D'ailleurs j'espère bien entendre celui qui parle d'un certain petit cheval doré...
Elle flatta doucement l'encolure de sa monture, qu'elle sentait guère satisfaite du rythme qu'on lui imposait à nouveau, et soupira.
- Je ne voudrais tout de même pas que l'absence de compagnie vous pèse trop, je me sentirais coupable si vous deveniez mélancolique par ma faute... Mais il me semble effectivement plus sage d'éviter au maximum de croiser du monde. Même si votre imagination est certainement capable de nous tirer d'affaire.
A titre personnel, même si son cheval n'avait pas été la cible de tant d'histoires, éviter les grands axes était une solution qui lui convenait parfaitement.

[Galathée]

Quête : Equité

" Mélancolique, moi ?! Ha ! On voit que vous ne connaissez pas encore Reynald d'Eredhun, ma p'tite dame !
— Reynald est capable de se divertir en sa propre compagnie, intervint Tybert avec un calme sourire.
— Et alors ? C'est une capacité plutôt utile, quand on y réfléchit bien !"
Il sourit à Astrée.
" Mais laissez donc galoper votre étalon. Si mes souvenirs sont bons, il y a une petite cahute abandonnée à cinq lieues d'ici... Nous pourrions y passer la nuit. Et si vous arrivez la première, ma foi... Peut-être aurez-vous même le temps de nous allumer un bon feu ?
— Ça n'est pas très galant.
— Mais c'est fonctionnel ! Si vous me prêtez le cheval, je vais l'allumer moi-même."

[Voyageuse]

Quête : Equité

- Non, ce ne sera pas la peine... Prince sera ravi d'un petit galop avec moi. J'espère ne pas faire de nouvelles rencontres de ce genre, mais je retiens cette histoire de Fier coursier au cas où... enfin, faudrait pas que j'aie la malchance de tomber sur des hommes à lui, ça ne marcherait pas. Et je ne sais pas bluffer comme vous. Non, il vaut mieux que je m'abstienne en fait.
Elle sourit.
- Et pas de galanterie mal placée je vous prie, je suis prête à parier que je suis largement aussi efficace que vous pour ce qui est d'allumer un feu. Je pars donc en éclaireur. On se retrouve là-bas... sauf imprévu bien sûr.

Elle mit sa monture au petit trot, dans la direction indiquée, puis laissa l'étalon accélérer pour prendre l'allure qu'il souhaitait. Malgré l'assurance qu'elle avait affichée face à ses compagnons, elle se sentait tendue. Elle se promit que si elle voyait quoi que ce soit ressemblant à d'avides chasseurs de chevaux dorés, elle ferait demi-tour pour rejoindre ses compagnons : Reynald connaissait ce pays et ses habitants et saurait quoi dire et faire, bien mieux qu'elle.

[Galathée]

Quête : Equité

Mais Astrée ne vit nul être pensant. Prince fendit les hautes herbes avec félicité, effrayant les oiseaux et les lièvres. Ils croisèrent un petit troupeau d'antilopes qui s'enfuirent à leur approche, puis galopèrent un moment avec quelques chevaux sauvages, trapus et peu farouches, qui les quittèrent pour grimper vers les hauts plateaux. Il n'y avait plus d'arbres, désormais, seulement un buisson épineux de temps en temps, et puis la plaine à perte de vue, en collines paresseuses, dissimulant parfois un ruisseau, parfois une zone plus rocailleuse. Même s'il n'y avait pas de piste, ils pouvaient suivre aisément la limite entre la steppe et les basses montagnes, et ils repérèrent la construction dont avait parlé Reynald de loin : elle se dressait au milieu d'un champ de coquelicots et de bleuets, presque bucolique si elle n'avait été à moitié en ruines. Un tronc noueux poussait au travers du toit mais il y en restait suffisamment pour les abriter au cas où le ciel déciderait de pleurer. Et, miracle, l'arbre solitaire leur offrait généreusement une petite provision de bois.

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée profitait pleinement de ces instants de liberté, chevauchant au travers d'une nature qui lui paraissait à chaque pas plus magnifique. De vastes étendues à perte de vue, sans trace d'activité humaine, des antilopes, et même des chevaux sauvages... Un peu de relief parfois, la montagne en toile de fond, un peu d'eau pour s'abreuver. Il y avait une éternité qu'elle n'avait pas ressenti aussi fort cette plénitude, ce sentiment d'être juste à sa place, un simple élément de la nature en relation avec tous les autres. Petite silhouette perdue au milieu de ces espaces infinis, elle retrouvait la même sensation de petitesse et d'insignifiance que parfois, en montagne, lorsque les hauts sommets l'écrasaient de leur masse. Décidément, cette région lui plaisait de plus en plus. Et elle sentait que sa monture partageait complètement cet avis. Comble de bonheur pour lui, ils allaient camper au beau milieu d'un champ fleuri. Il ne fut donc pas long à s'éloigner, de fleur en fleur, lorsqu'Astrée lui eut rendu sa liberté en le suppliant de ne pas se faire remarquer.

La rôdeuse, quant à elle, se préoccupa d'allumer le feu. Ce ne serait pas toujours aisé, le bois se raréfiait, mais pour aujourd'hui ils en auraient suffisamment. Le soleil déclinait et il commençait à faire frisquet... Fouillant dans ses affaires, elle en sortit également quelques restes du pâté en croûte de Mme Ogg qui rencontrerait certainement un franc succès. Davantage sans doute que la soupe de légumes qu'elle se proposait de faire mijoter en complément.

[Galathée]

Quête : Equité

Les deux clercs arrivèrent alors que le soleil frôlait déjà l'horizon. Reynald était apparemment en train de répéter une ballade enjouée tandis que Tybert dormait à moitié sur sa monture. Ils démontèrent de concert et Reynald vint à la rencontre d'Astrée tandis que son compagnon débarrassait les ânes de leur harnachement. Reynald fit le tour du propriétaire, tapotant les murs du plat de la main et inspectant l'intérieur de ce qui avait dû être une petite chaumière.
" Hmm... Pas certain qu'elle tiendra encore un hiver... Autant en profiter ! fit-il avec le sourire. Merci pour ce beau feu ! Les nuits sont encore très fraîches en cette saison et la Trouée est célèbre pour ses giboulées fulgurantes..."
Tybert les rejoignit, entreposant les selles et les brides contre le mur abîmé.
" Délicieuse odeur." dit-il avec un calme sourire.

[Voyageuse]

Quête : Equité

- Merci, répondit Astrée. Enfin, surtout si vous parlez de la soupe. Parce que le pâté en croûte n'est pas de moi, c'est une amie cuisinière qui a sans doute eu peur que je ne meure de faim... Goûtez, vous m'en direz des nouvelles...
Bien sûr, la chaumière en ruine n'avait pas le confort auquel les deux clercs étaient peut-être habités. Pas de tables, de chaises, de lit. Mais ils arriveraient bien à se bricoler quelque chose de confortable avec des brassées d'herbes, et ne manquaient pas de pierres sur lesquelles s'asseoir. Astrée inspecta un peu mieux les murs : elle pourrait peut-être même y fixer un piton ou deux pour y pendre son hamac. Un instant, elle se reprocha son égoïsme : se sentait-elle le droit de s'installer plus confortablement que ses compagnons de voyage ? Mais tout de même, c'était tentant. A croire qu'elle s'était habituée au confort. Encore fallait-il être certain de la solidité des murs...

[Galathée]

Quête : Equité

" Je vais le goûter volontiers, ce pâté ! annonça Reynald avec le sourire. Mais ne comptez pas sur Tybert : il est végétarien."
Ce dernier sourit doucement et s'attribua une pierre. Il demeura ensuite immobile, aux aguets, comme s'il écoutait quelque chose que les autres ne pouvaient percevoir.
" Délicieux !" s'exclama le clerc de Milil.
Il s'attela ensuite à déballer leurs affaires. Ils ne voyageaient pas sans provisions, comme put le constater Astrée : Reynald ajouta un beau pain rond et un fromage orangé aux victuailles qu'elle avait déjà préparées, ainsi que des dizaines de fraises de bois minuscules, emballées dans un morceau d'étoffe.
" Ha ha ! Quand on galope plus vite que le vent, on loupe certains trésors de la nature !" fit-il avec un clin d'oeil.
Entretemps, la rôdeuse avait pu constater que le mur opposé au vieil arbre était suffisamment solide, encore, pour soutenir son hamac. Et vu l'épaisseur des paillasses que le Sorlyn et son acolyte transportaient, elle pouvait sans doute remiser ses scrupules au placard.

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée ne se fit pas prier pour goûter les fraises de bois. Les premières de l'année... Elles étaient absolument délicieuses.
A la dérobée, elle observait l'étrange comportement de Tybert. Elle n'osait pas troubler sa médiation pour lui demander ce qu'il faisait. Et puis, peut-être était-ce naturel, qu'un prêtre médite ainsi le soir, pour prier son dieu ou quelque chose comme cela. Quoique Reynald, lui, semblait plutôt utiliser le chant pour communier avec son dieu. Ou peut-être même le bavardage...
Son regard dériva vers l'instrument du Sorlyn.
- Et au fait, cette complainte du petit cheval doré ou je-ne-sais-quoi.. Aurai-je un jour la chance de l'entendre? Enfin, au moins le passage qui le concerne ! Et si vous voulez, je veux bien me charger de la vaisselle en échange du récital.

[Galathée]

Quête : Equité

" Je vais à l'eau." dit Tybert en se levant.
Reynald le regarda sortir avec un sourire.
" Il nous laisse en tête à tête... Comme c'est délicat de sa part."
Il se tourna vers Astrée.
" Je plaisante. Il en a surtout déjà ras le bol d'entendre cette complainte. Et c'est son heure de prière. Il a dû percevoir le murmure d'une source, et le voilà parti."
Le Sorlyn alla fouiner dans son paquetage et en sortit un luth ancien, qu'il accorda tranquillement.
" Etes-vous familière avec les légendes qui content les amours de Lathandre et Chauntéa ? Que savez-vous de ces dieux, déjà ?"

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée grimaça. Les dieux, ça n'avait jamais été sa tasse de thé. En vivant aux côtés de luméniens elle avait bien appris deux ou trois choses sur Lathandre, mais sans doute bien moins qu'un vrai luménien.
- Je ne sais pas grand-chose, je ne suis guère passionnée par les religions.
Elle se sentit rougir, un peu gênée, en réalisant qu'elle parlait à un prêtre. Mais elle avait bien, autrefois, avoué la même chose à Bélenn.
- Mais... pour moi, Lathandre est le dieu des secondes chances. Celui du renouveau, de l'espoir, de la lumière aussi. C'est un peu à cause de cela que j'avais choisi de venir me réfugier sur Hélonna, il y a quelques temps, à la suite d'un deuil douloureux... Je ne sais pas grand-chose concernant sa vie, son histoire, cela ne m'a jamais passionnée. Je sais aussi que ses prêtres prient à l'aube, et haïssent les morts-vivants. Enfin, de ce que j'en ai vu...

Elle tenta de rassembler ses vagues souvenirs concernant Chauntéa. Elle avait été dans l'un de leurs temples, un jour...
- De Chauntéa, je ne sais rien, à part que c'est la déesse des cultivateurs, des moissons, de la nature domestiquée par l'homme. De la fertilité aussi, peut-être ? Mais je ne sais rien de son histoire avec Lathandre... J'ai autrefois séché tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des cours de religion, je dois bien avouer. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi vous dites que Tybert cherche une source...

[Galathée]

Quête : Equité

" Tybert est un servant d'Eldath, la déesse des eaux vives et de la paix. Il cherche une source parce qu'il... cherche une source. Il n'y a pas de sens mystique là-dessous. Simplement, quand il prie... Nous faisons tous ça tous les jours, c'est le moment où nous retrouvons le contact avec notre dieu, où il nous offre, aussi, son énergie, afin que nous puissions puiser dans son essence pour réaliser des prodiges. Bref, quand il prie, étant un servant d'Eldath, il est dans de meilleures conditions s'il y a une source, un ruisseau, une rivière, que sais-je. Il a pris un peu de temps pour sonder les environs... et il est allé trouver sa source."
Il pinça une corde, une autre, puis sourit.
" Donc, Lathandre et Chauntéa. Vous avez été bien philosophe, en me parlant de Lathandre. Vous êtes une cérébrale, dites donc ! Oui, Lathandre est le dieu des secondes chances, mais c'est avant tout un fieffé séducteur, un jeune blanc bec bien de sa personne, athlétique et sûr de lui, c'est le joli coeur de service. Bon, Milil n'est pas mal dans son genre, mais c'est un dieu mineur, tandis que Lathandre... et bien, c'est le soleil en personne ! Il rayonne, il rutile, et il compte fleurette ! Vous allez me dire : mais les Lathandrites que je connais ne sont pas comme ça ! Vous avez raison. Ils ne sont pas tous aussi flamboyants que leur divinité tutélaire, peut-être parce que Lathandre en prendrait ombrage, ou alors parce que les plus délurés comprennent vite que c'est chez Sunie qu'on s'amuse le plus. Peu importe, pour un barde, Lathandre, c'est avant tout le printemps, la fougue de la jeunesse... et c'est le dieu des secondes chances, parce que c'est le dieu des erreurs aussi, le dieu des tentatives maladroites de l'enthousiasme juvénile qui prend des décisions pas toujours bien réfléchies, parce que la sève, pardi, c'est quelque chose qui monte et qu'on ne sait pas toujours bien contrôler."
Il reprit son souffle.
" Par les dieux, si Albérich Megrall m'entendait, j'aurais des ennuis ! Mais soit. Chauntéa, par contre, c'est la belle et bonne terre nourricière, généreuse, amicale, protectrice. Ils sont évidemment faits pour s'entendre : le soleil et la terre. Lathandre est le printemps, Chauntéa l'été, Lathandre et Chauntéa sont la fertilité, la vigueur, la vie elle-même. En cela, ils sont tellement bien assortis que c'en est presque ennuyeux, pour un barde. Une histoire d'amour entre Lathandre et Shar, voilà qui aurait du ressort dramatique ! Mais je m'égare. En fait, Chauntéa est accueillante mais Lathandre est volage. Donc l'histoire n'est pas si monotone que ça."
Il posa l'oreille contre le manche de son instrument puis regarda Astrée.
" Bon. Si vous êtes bien installée..."

[Voyageuse]

Quête : Equité

Astrée se dit que non, effectivement, cela ne ressemblait guère à un prêtre lathandrite. Mais après tout, elle n'en connaissait guère. Le seul qu'elle avait fait plus que croiser avait été Bélenn, et il ne correspondait pas vraiment à l'image qu'elle se faisait d'un prêtre lathandrite. Trop bon vivant... d'ailleurs elle s'était plusieurs fois demandé s'il ne passait pas certaines nuits avec les jolies filles des villages qu'ils traversaient, idée complètement farfelue qui lui traversait l'esprit. Mais en écoutant Reynald cela ne lui paraissait presque plausible finalement.
A la mention d'Albérich, un instant le visage du supplicié s'imposa à son esprit, mais elle le chassa bien vite.

Elle sourit à Reynald, impatiente comme une petite fille qui attend une nouvelle histoire. Elle avait toujours aimé les histoires et les chants, c'est sans doute pour cela qu'elle s'était autrefois retrouvée à partager la vie d'un barde. Elle s'assit confortablement à même le sol, le dos appuyé contre le mur, et fit mine de se carrer dans un fauteuil.

- Je suis prête !

[Galathée]

« Bon… Replaçons les choses dans leur contexte. Lathandre et Chauntéa. Depuis toujours, ils pensent qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Lathandre est jeune, enthousiaste, c’est l’amant idéal. Chauntéa est plus ancienne, plus ancrée… comme un pommier centenaire. Si ça existe. Elle sait que Lathandre est volage, emporté, parfois stupide, mais elle sait aussi qu’il reviendra éternellement vers elle. Dans la complainte, nous en sommes au moment où Lathandre est parti réaliser une de ses idées complètement folles et Chauntéa attend son retour… »
Il se lança. Il avait un timbre agréable, bien posé, qu’il savait moduler en fonction de l’émotion qu’il cherchait à instiller, sans exagérer, fruit de nombreuses années d'expérience, sans doute.

« La nuit jamais n’a été son instant,
Mais elle attend quand même, inlassablement,
A quoi bon vouloir capturer le vent,
Qui souffle si souvent, si souvent.

Alors les blés mûrissent, et jaunissent les champs,
Le soleil se lève, comme une promesse, inlassablement,
Elle brasse les épis, ses très chers enfants,
Qui lui sourient, maintenant, maintenant,

Elle craint l’automne et ses tourments,
Les feuilles rousses qui dansent, inlassablement,
Car le Seigneur de l’Aube guettera le printemps
Ne reviendra pas avant, pas avant

La Grande-Mère s’endort un moment,
Laisse la neige tomber si lourde, inlassablement,
Et dans ses rêves, éclatent rires et chants,
Qui en son sein résonnent longtemps, longtemps… »

Il musa doucement quelques mesures, puis opéra un léger changement de rythme.

« Puis vient la fonte et la lumière
L’aube s’illumine, comble la terre,
Chauntéa sort de sa chaumière,
Et de ses yeux, espère, espère

Au galop devant le soleil,
Il est venu, elle s’émerveille,
Plus vite que les rayons encore,
Annonce le renouveau, l’aurore,

De l’est, vient son cheval doré
Comme une abeille au vol léger,
Et il fuse comme une étincelle
Etalon au pelage de miel

Enfin il s’arrête devant elle
Sa main se lève, que tu es belle !
Il glisse au sol, son bras l’étreint
C’est seulement le petit matin. »

Nouveau changement de tempo, Reynald lui adressa un sourire mutin entre deux phrases.

« Mais les amants de la lumière ne cherchent pas la nuit,
Sous les rayons étincelants, les voici réunis,
Et toute la nature, de leur ébats, se réjouit,
Car c’est dans leur amour que s’enracine la vie. »

Il reprit une seconde fois son dernier couplet puis se fendit d’une petite conclusion musicale, avant de reposer son instrument.

[Voyageuse]

Quête : Chercheurs de sens

Astrée s'était laissée porter par la mélodie, par la voix agréable qui la chantait, par le texte également. Elle mit quelques instants avant d'oser briser l'enchantement avec quelques applaudissements.
" Très belle ballade. Et vous la savez rudement bien en faire ressortir les émotions."
Elle sourit au barde. Elle n'était certainement pas une bonne critique d'art, ayant trop peu eu l'occasion, ces derniers temps, d'entendre le moindre artiste. Mais Reynald avait vraiment une très belle voix.
"Et c'est à cause d'un tout petit couplet comme ça qu'ils cherchent avec autant d'ardeur un étalon comme le mien ? Bon, je sais, c'est surtout à cause de leur tradition de choisir un cheval de l'année. Je ne suis pas tombée la bonne année, c'est tout... Mais quand même, ils exagèrent.
Au moins la chanson ne parlait-elle pas de la moindre capacité de transformation. L'allusion à l'abeille, c'était juste à cause de sa couleur. Elle se trouva stupide d'avoir osé imaginé un seul instant que son étalon aurait pu être celui de la chanson, ou du moins son jumeau. C'était totalement absurde. Guère plus, cependant, que l'existence même d'un cheval capable de se transformer ainsi.