L'Antre du Façonneur

[Althéa]

Une nouvelle fois, Angèle était demeurée mutique. Sous l'orage de mots, elle s'était contentée de regarder Chance et avait à peine relevé un sourcil. Les mots avaient ricoché sans obtenir un impact réel. Ses pensées s'étaient réfugiées ailleurs, à l'extrémité de la place. Qu'avait-elle vraiment vu ? On disait que les fantômes hantaient les lieux où ils avaient péri. Était-ce qu'elle avait vu ? Ou était-ce simplement une hallucination due au manque de repos ? Elle penchait plutôt pour la deuxième option.

C'est curieusement le silence qui la sortit de ses pensées lorsque la colère de Chance la laissa à court de paroles. De ce qu'elle avait dit, elle n'en avait saisi que l'essentiel : elle lui avait sauvé la mise une fois de plus. Et avec le recul, elle n'avait pas complètement tort. Elle se contenta de hocher la tête et quand Chance lui dit qu'elle était contente de la voir en un seul morceau, elle lui répondit simplement.

"Pareil."

Elle s'était retournée vers le Façonneur en l'entendant parler. L'épée et le bouclier retrouvèrent l'étagère indiquée. Elle récupéra enfin son anneau et considéra un instant le tas de pièce, hésita un instant.

"Je ne crois pas que ceci m'appartienne."

Elle s'était retournée vers Chance.

"Vous n'avez jamais eu besoin que je vous protège. Je n'ai servi qu'à vous ralentir ou pire vous mettre en danger. La récompense vous revient."

[Echo]

Pas de reproches, pas de cris, Angèle était restée silencieuse ; pire encore, elle avait hoché la tête, signe de renoncement. Cette femme perdait son sang froid dans des situations ridicules et refusait de se défendre lorsque la situation l'exigeait ? Stupéfiant.

Chance resta un instant à l'observer, puis son regard passa de son visage à la pile de pièces d'or qu'elle disait vouloir lui donner. Et elle était sérieuse. La tieffeline fronça les sourcils et se demanda à quel jeu jouait la paladine.

- Gardez-le, votre argent. C'est une compensation pour le tripotage en règle que vous avez subi tout à l'heure.

Puis, sans un mot, elle quitta la boutique, laissant Angèle et le gnome seul à seul. Elle resta un moment dans le hall, indécise, puis s'adossa finalement contre le mur, décidée à attendre la blonde. Elle sortit le flacon de drogue qu'elle avait entamé tout à l'heure et but le reste d'une seule traite.

[Althéa]

Angèle regarda Chance partir du coin de l'oeil et respira un grand coup. Ainsi finissait la nuit, sonnait l'heure ... Elle allait repartir dans son petit monde tranquille ... L'espace d'un instant, elle aurait tout donné pour repartir sans attendre à Manost. Mais elle planifiait encore le départ. Il restait encore une entrevue avec un des contacts pour planifier le départ. Elle repensa à Morgan, aux ménestrels présents dans la ville. Et fut prise d'un certain vague à l'âme. Elle savait à présent pourquoi elle n'aimait pas Melandis : cette ville était triste comme un amour perdu.

La fatigue était un puissant analgésique contre la douleur. Aussi ne laissa-t-elle rien paraître. Elle dit doucement au Façonneur.

"Si vous voulez bien considérer cet argent pour un acompte. Du moins si elle revient pour s'acheter quelque chose. Cela lui permettra peut-être d'accepter une quête moins exigeante. Ne lui dites pas que cela vient de moi."

Elle espéra que d'ici quelque temps, elle aurait oublié. Une paladine ou du moins un fantôme croisé le temps de subtiliser un objet. Une ombre anonyme qui l'avait suivie.

"Je vous remercie de m'avoir confié cette mission ... Elle m'a fait prendre conscience d'un bon nombre de choses. Pas les meilleures en ce qui me concerne ... Au revoir donc ..."

Elle partit sans attendre la réponse. Dans un parfait état d'épuisement, elle se demandait presque comment poser un pied devant l'autre. Elle parvint tout de même jusqu'au hall.

[Le Façonneur]

Courtois, le gnome se contenta de saluer l’une plus l’autre de ses clientes puis, sortant un parchemin de sous son comptoir, il y porta quelques mots à la plume. Ceci fait, il rangea l’or et, plus important, le fameux morceau de miroir. Ne restait plus qu’à attendre de nouveaux clients. Ainsi allaient les affaires.

Pendant ce temps, dans le hall, Chance eut la surprise d’être interpellée par une voix masculine.

« Est-ce vous ? Mais oui, c’est bien vous que je cherche ! »

En tournant la tête, la roublarde aperçu un être éthéré, un fantôme à la délicate apparence. Etait-ce un gentilhomme ou un barde ? Peut-être un peu des deux. Il fallait aussi y ajouter une pincée de farfelue sur cet être à l’élégant costume bleu azur en haut, bleu-marine en bas. Son visage était jeune, des traits humains, mais un regard plein d’une brillante malice. Sa chevelure brune et bouclée dépassait de sous son chapeau orné d’une plume. Il s’avança de quelques pas et ajouta :

« Ho merci, mille mercis d’avoir ouvert ma prison de papier ! »

Ce fut à cet instant que la paladine arriva dans le hall. Il fut tout de suite évident qu’elle ne voyait rien, n’entendait rien du curieux personnage.

[Echo]

Alors que Chance avait presque collé son oreille contre l'un des battants de la porte pour entendre ce qu'Angèle disait au Façonneur, elle sursauta lorsque la voix de l'être éthéré résonna dans le hall. Vivement, elle se tourna vers lui et faillit répliquer avant de réaliser... qu'elle voyait au travers ? Ah, encore un mort qui tentait d'entrer en contact avec elle. Enfin, dans sa tête, parce que la tieffeline ne doutait pas un seul instant que cette vision était uniquement provoquée par la drogue.

Elle devait faire comme avec le chat/rat de tout à l'heure : ne surtout pas répondre. Il finirait par se lasser et la laisser en paix, ainsi sa santé mentale serait intacte, du moins en apparence. Les portes de la boutique s'ouvrirent peu de temps après et elle se retrouva face à la paladine. Pendant quelques secondes, son regard passa du fantôme à la blonde, et c'est d'un ton de conspirateur qu'elle lui demanda presque tout bas :

- Dîtes-moi, nous sommes bien seules ?

[Althéa]

Angèle qui avait manqué passer devant Chance sans la voir sursauta et fit volte face vers elle. Tiens, elle était encore là ? Elle la fixa quelques secondes, inquiète. Plus encore quand elle lui demanda si elles étaient seules. Bien sûr, toute personne sensée en présence d'une personne sensée aurait répondu immédiatement oui. Mais après avoir vu la tieffeline grimper sur un tonneau et se précipiter sur un nain armé et un homme dangereux sans réfléchir une seule seconde, elle réserva sa réponse. Elle ne prit toutefois pas la peine de regarder autour d'elle. Où voulait-elle qu'il y ait d'autres personnes ? Accrochées au plafond, dissimulées entre les dalles du carrelage ?

Ou alors, c'était une plaisanterie. D'un goût plutôt douteux certes. Ou Chance hallucinait encore. Elle avait vu son regard fixer un instant le vide pour se poser sur elle ... Mais pour ce fait, elle était loin de pouvoir la blâmer. Après tout, ne venait-elle pas de voir Morgan ?

Elle ne savait pas vraiment quoi répondre et se sentit du coup plus fatiguée. Alors, en désespoir de cause, elle répondit le plus simplement possible.

"Oui. Pourquoi ?"

Elle faillit ajouter "Parce que vous pensez qu'il y a quelqu'un derrière le mur qui veut vous voler votre paréo ?" mais ne le fit pas. D'ailleurs, elle ne savait pas du tout ce qu'était un paréo. Ni même ce que cela venait faire par ici. La fatigue sans doute.

[Le Façonneur]

Le fantôme observa un instant de silence, l’air hésitant, puis il finit par ajouter à l’intention de la seule personne ici présente qui pouvait l’entendre.

« Ho, ne soyez point étonnée, mademoiselle, vous êtes seule à pouvoir me remarquer car c’est vous qui avez ouvert la pochette. Ceci dit, je peux revenir un peu plus tard si vous préféré. J’ai à vous parler mais ça peut attendre. Loin de moi l’idée de vous presser, croyez-le bien. »

[Echo]

- Non, pour rien. J'avais cru entendre... Un fantôme habillé comme un clown la remerciant de l'avoir libéré d'une pochette. Une poule...

D'habitude, elle était plutôt douée pour l'improvisation. Pourtant, même si son histoire de poule était fort peu crédible, elle vit les yeux d'Angèle s'écarquiller presque... de peur ? Non, elle hallucinait encore. Personne n'avait peur des poules, c'était complétement ridicule. Avoir peur des insectes ou des lapins, ça encore, c'était compréhensible, mais pas des poules !

Chance ne répondit pas au fantôme, elle se devait de sauver les apparences face à la paladine qui devait déjà la prendre pour une folle.

- Je vous attendais parce que... Elle ne savait pas très bien pourquoi en réalité. Peut-être parce qu'elle ne voulait pas que leur collaboration finisse sur des mots un peu durs, lancés sous le coup de la colère ? Non, rien à voir, elle voulait simplement savoir ce qu'elle avait gagné au jeu des pochettes. Parce que je voulais vous dire au revoir. Ne soyez pas si surprise, vous me pensiez donc si ingrate ? Elle lui avait quand même sauver la vie, enfin... juste après l'avoir mise en danger mais ce n'était qu'un détail !

[Althéa]

Poule ? Elle avait dit "poule" ? En quelques secondes, Angèle avait blêmi des pieds à la tête. Les oreilles aux abois, le coeur battant la chamade, elle avait prêté l'oreille. Pas de bruit. Du moins rien qui ne ressemblât à un bruit de poule. Elle pouvait donc être tranquille. Elle sourit à Chance et secoua la tête. Non, elle ne pensait pas Chance ingrate, ni même quoi que ce soit. Elle ne savait pas quoi penser du tout. Elle regarda la tieffeline qui sous ses airs fragiles était aussi surprenante et redoutable qu'une armée de soldats biscuits. D'ailleurs, la lumière dessinait derrière elle comme une ombre de loup. Mais quelque part, c'était comme si la vie disait à ceux qu'elle mettait sur sa route : "Occupez-vous en comme il faut. Merci".

Elle lui tendit la main, ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre. Elle n'aimait pas les "au revoir". Surtout qu'elle savait qu'elle ne la reverrait pas. Elle se sentait fatiguée et vaguement idiote. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre.

"Je ... Je crois que je viens de passer la nuit la plus étrange de ma vie ..."

Elle fronça les sourcils. En voilà une pensée bien idiote.

"Prenez soin de vous."

[Echo]

Elle observa la main tendue de la paladine avant de la saisir.

- Restez avec moi et cette nuit ne sera pas la plus étrange de votre vie. Elle sourit. Mais je devine que vous avez le mal du pays et que vous ne vous attarderez pas dans cette cité, vous avez probablement raison. C'est sûrement trop vous demander mais faîtes attention à vous tant que vous êtes ici.

Elle ne donnait pas cher de la peau d'une paladine de Manost à Melandis, surtout lorsque celle-ci était sujette à des crises de tétanie et qu'elle ne vautrait lamentablement en essayant de monter sur des tonneaux. Elle se demanda bien quelle pouvait être la raison de sa présence ici, sans doute ne le saurait-elle jamais...

[Althéa]

Elle serra brièvement la main de Chance et sourit de nouveau. Elle hocha la tête. Oui, elle avait le mal du pays au point de voir s'étendre sur la ville du chaos un voile noir. Loin de Manost, elle se sentait vide, affaiblie. Elle seule connaissait les raisons de sa présence. Un requiem solitaire dont elle était le seul protagoniste. Elle errait dans la nuit. Depuis la mort de Morgan, elle avait comme oublié son prénom. Était-ce Funérailles ?

"Je ferai attention. Promis."

Elle s'était redressée, portant sur ses épaules sa charge de fatigue.

"Je dois partir. On m'attend."

Elle hésita entre "Adieu", et "Au revoir."

"Au plaisir."

Et elle partit sans attendre rejoindre Alma, baignée par la douce lueur de l'aube.

[Le Façonneur]

Ce fut quand la paladine disparu que l’étrange fantôme se manifesta de nouveau. Entre temps, il n’avait pas disparu, loin de là. Il s’était juste mis en retrait. Il avait sortit de sa manche une flute de bois et l’avait fait danser entre ses doigts. Sans doute était-il un ménestrel. Sûrement en fait. Son costume renforçait cette idée. Il y avait en lui un indéniable côté artiste. Etait-il ridicule ou raffiné ? Là était la question, une question de point de vue.

En tout cas, une fois seul en compagnie de la voleuse, il revint vers elle d’un pas léger et gracieux, presque dansant. Il se remit à parler d’un ton calme et amical.

« Vous semblez être une curieuse personne mais je serais bien mal placé pour vous en faire la reproche. De surcroit, j’ai en horreur la banalité. Pouvez-vous m’accorder quelques secondes afin que je me présente et que je vous explique la raison de ma présence ? »

[Echo]

Dès que la paladine disparut, Chance reporta son attention sur le fantôme qu'elle avait occulté jusque là. Elle se garda bien de faire une réflexion désobligeante sur l'accoutrement de celui-ci ; beaucoup trop de couleurs et cette plume ridicule sur son chapeau, la tieffeline n'avait rien vu d'aussi peu discret. Elle plissa les yeux et hésitait visiblement à lui répondre, comme si cela lui ferait perdre tout crédit.

- Très bien, je suppose que ça ne me tuera pas de l'entendre, finit-elle par répondre.

[Le Façonneur]

« Evidemment que cela ne va pas vous tuer. Jamais je ne vous souhaiterai pareille chose. C’est un peu pénible d’être mort, je parle d’expérience. Ha, si seulement j’avais su que ce demi-orc était un vrai malade, je n’en serai pas là... Enfin, c’est du passé. »

D’un geste expert, le fantôme dissimula sa flûte et reprit.

« Je me nomme Augustin. Je suis, j’étais barde de mon vivant. Depuis un certain temps, je ne serais dire combien, j’étais enfermé dans cette pochette de papier. Et vous l’avez ouverte, vous m’avez libéré. Déjà, il faut que je vous en remercie du fond du cœur... qui ne bat plus, mais ce n’est pas grave. J’ai fait le serment de devenir l’ami de celui ou celle qui me rendrait ma liberté. Alors voilà, c’est cette amitié que je vous propose. »

Le dénommé Augustin marqua une nouvelle pause avant de juger nécessaire d’ajouter quelques mots.

« Seule vous pouvez me voir ou m’entendre. Mais moi, je peux voir et entendre plein de choses. En plus d’être votre ami, je peux être vos yeux et vos oreilles. Croyez-le, ce peut être très utile, d’autant plus qu’en ma qualité de fantôme, aucun mur, aucune porte ne peut me stopper. Qu’en dites-vous ? »

[Echo]

Augustin ? Quel drôle de nom. La tieffeline l'avait déjà rebaptisé Bob, c'était moins long et plus facile à retenir.

Chance hésitait encore. D'un côté, il était fort probable que tout ceci ne soit qu'une ruse ou une hallucination de plus, destinée à la rendre folle ou pire encore. Mais elle pouvait encore s'en sortir, tout n'était pas perdu ; il lui suffisait de lui dire qu'elle n'avait pas tout compris parce qu'il avait un accent, là, le fantôme répéterait sa phrase en essayant d'articuler et il ne lui resterait plus qu'à s'enfuir. Oui, un plan infaillible.

Pourtant les paroles du fantôme avaient réveillé ses bas instincts de voleuse et une lueur de cupidité commença à briller au fond de ses prunelles. Elle n'avait pas gagné d'anneau d'invisibilité, ni une autre babiole magique qui lui aurait permis de traverser les murs, mais finalement ce n'était peut-être pas si mal.

Ses lèvres se fendirent en un sourire radieux.

- En effet, j'imagine que votre corps vaporeux est très utile pour traverser les murs et heureusement que vous êtes totalement invisible parce que question infiltration j'aurais été à la ramasse, avec les couleurs criardes, tout ça, dit-elle en désignant ses vêtements.

Puis soudain, une lueur nouvelle dans son regard, rien à voir avec de la cupidité mais semblable à ce que l'on retrouverait dans les yeux d'un enfant.

- Et... est-ce que je peux me servir de vous pour coller les miquettes à mes ennemis ? Vous pouvez déplacer des objets, faire tourner des tables, faire virevolter des rideaux blancs dans de sombres châteaux ? Enfin, je dis châteaux mais ça marche aussi avec les manoirs et les maisons un peu plus modestes, cela va sans dire...

[Le Façonneur]

« Vous savez, de mon vivant, je cherchais plutôt à être remarqué. C’était comme ça que je gagnais de l’argent, d’où ces vives couleurs. Et puis, je trouve ça joyeux. Tant de choses sont tristes en ce monde, pourquoi ne pas chercher à le rendre plus beau, plus joyeux ? En ce qui concerne les rideaux qui bougent, les tables qui tournent, hélas, j’en suis incapable. Jugez plutôt. »

Sur ce, le ménestrel s’approcha de Chance et essaya de lui serrer la main. La voleuse ne sentit qu’un infime courant d’air. Le fantôme se recula ensuite.

« Je suis... assez limité dans mes actions. Heureusement qu’il me reste ma flûte. »

Il la sortit et produisit quelques notes. Une chose était sûre, il savait très bien en jouer.

[Echo]

- D'accord Bobby, testons donc vos compétences sur le terrain, répondit la tieffeline. Allons faire un tour dans le quartier noble, les patriciens de Melandis ont du souci à se faire.

Déjà elle imaginait les possibilités qui s'offraient à elle. Le vol n'en serait que facilité mais elle pourrait également vendre des informations, des informations que certaines personnes paieraient cher pour obtenir. C'était le début de la richesse, la roue tournait enfin pour elle.

- Ne trainons pas un instant de plus ici ; le temps, c'est de l'argent !

La tieffeline s'empressa de quitter les lieux, le fantôme dans son sillage et des idées nouvelles plein la tête.

[Claris de Corvimande]

Une fois franchie la porte de la tour, Claris et Gérold pénétrèrent donc dans l'Antre du Façonneur.
L'enfant de Reuel se tourna aussitôt vers son comparse.

« Bienvenue à Melandis ! Tu vois, cette fois, tu as eu raison de me suivre. »

Et, tentant de remettre de l'ordre dans ses habits pour retrouver un semblant d'air correct, Claris se dirigea vers la boutique proprement dite, tenant précieusement son butin.

[Le Façonneur]

La clochette de cuivre tira le Façonneur hors de ses réflexions. Il était en train d’examiner, à l’aide de son monocle doré, un insolite objet ouvragé, couvert de runes exotiques. Il s’agissait d’un vase qui, à première vue, coûtait cher rien que par les métaux précieux qui le constituaient. Une œuvre d’art, assurément. Le gnome, assis derrière le comptoir, releva la tête, déposa son vase et reconnu l’un de ses clients. Il y avait une autre personne qui ne lui disait rien. Fidèle à sa jovialité coutumière, il salua les nouveaux venus avec entrain puis s’adressa spécifiquement à Claris.

« Vous voilà donc de retour ! J’espère que ce petit voyage ne fut pas trop désagréable. Avez-vous trouvé ce que je vous avais demandé ? »

[Claris de Corvimande]

« Ce fut… riche d'enseignements. »

La fatigue se lisait sur le visage de Claris, mais une fatigue sereine, accompagnée d'un sourire satisfait. Un instant plus tard, la garde ornée de rubis était sortie des tissus qui la protégeaient jusque là, et délicatement déposée devant le Façonneur.

« Était-ce bien l'objet que vous recherchiez ? »

[Le Façonneur]

La demoiselle, car il semblait bien que ce en soit une, avait dû traverser d’éprouvantes épreuves. Mais c’était compris dans l’arrangement. Soit on payait avec son or, soit on payait avec son temps, ses neurones, sa sueur ou... son sang. Ainsi allaient les affaires avec le marchand d’objets magiques.

« Magnifique ! Magnifique ! Une très belle pièce. Néanmoins, avant de procéder à la transaction, il me faut l’authentifier. Cela va prendre quelques instant, soyez patiente. »

Le Façonneur reprit son monocle, puis il examina la garde de l’épée sous tous les angles. Il murmura également quelques formules magiques sans effet apparent. Au bout de cinq bonnes minutes, il déclara avec un grand sourire :

« Parfait ! Vous avez accompli votre travail. Voici votre salaire. »

Sur ce, il farfouilla derrière son comptoir et en sortit la convoitée arbalète. Puis, il ajouta avec une curiosité non voilée.

« Puis-je savoir qui vous accompagne ? Un nouveau client peut-être ? »

[Galathée]

Hrp : bien essayé, mais c'est seulement un PNJ

" Moi... Oh... Heu..." fit le jeune nécromancien avec surprise.
Il avait fière allure, les cheveux châtains collés par la sueur et la tunique blanche maculée de gerbes de sang désormais coagulé.
" Je suis un dégât collatéral. Le pauvre damoiseau que la belle aventurière a sauvé des griffes du démon. Mais je vais bien. Je suis Gérold de Vainevie. Ravi de faire votre connaissance."
Son regard se posa tout autour d'eux.
" Vous avez une boutique... très intéressante. J'y reviendrais avec grand plaisir si... Claris m'en indique l'adresse. Mais là... J'ai surtout envie d'un bon bain... et d'un repas digne de ce nom... et de mon lit."

[Claris de Corvimande]

Claris attendit patiemment que le gnome examine l'objet ; à en juger par les circonstances dans lesquelles il était arrivé en sa possession, il n'y avait guère à s'en faire concernant son authenticité. Ce fut donc sans surprise, mais avec une joie non dissimulée, que l'enfant de Reuel s'empara de la récompense promise.

« Merci beaucoup, messire. C'est un plaisir de faire affaire avec vous. »

Son regard se tourna vers son camarade à la question du Façonneur, mais celui-ci avait répondu sans aide.

« Tu verras toi-même où se situe cette boutique en en ressortant, j'imagine. »

Puis son attention revint au maître des lieux.

« Pour ma part, je pense que je reviendrai. Cette boutique est en effet très intéressante ; mais pour l'heure, me reposer me fera également le plus grand bien. »

[Le Façonneur]

HRP : diable, Ma vile tentative a été découverte.

Ha... l’adresse de la boutique... en voilà un point intéressant. L’adresse exacte était un secret jalousement gardé par le propriétaire des lieux. On ne pouvait obtenir que les adresses relatives, ce qui était bien assez. Le gnome, en tout cas, ne sembla guère incommodé par l’apparence quelque peu inconvenante du nécromancien. Il se contenta de sourire et de déclarer :

« Et bien, jeunes gens, je vous souhaite de vous remettre au mieux de vos aventures. Et au plaisir de vous revoir prochainement ! Souvenez-vous, j’achète, je vends, j’examine tout ce qui est magique. Pas d’or ? On peut toujours s’arranger avec moi !

[Claris de Corvimande]

En son for intérieur, Claris espérait bien que, si d'aventure besoin lui venait de repasser par ici, ce serait en ayant dûment emporté les sommes conséquentes qui lui seraient nécessaires. L'aventure lui plaisait, mais, tout de même…

Quoiqu'il en soit, et sans mot dire, l'enfant de Reuel exécuta une révérence soignée à destination du maître des lieux avant de se diriger vers la sortie.

Une fois les deux jeunes gens dehors, Gérold eut droit à quelques reproches de l'avoir désigné comme « la belle aventurière », mais rien de bien vindicatif. Quelques instants plus tard, Claris rentrait, aussi vite que possible, vers son domicile familial, et les reproches parentaux qui l'attendaient certainement…

Merci beaucoup

[Duo]

Un sentiment étrange envahit le nain lorsqu'il franchit la porte depuis les Arcades de Manost. Il ne sut très bien l’interpréter mais il savait que quelque chose avait changé.

Il ignora cette pensée et regarde autour de lui, curieux de savoir ce que ce fameux façonneur avait à offrir. Il fit le tour du vaste hall. Il tenta sa chance en passant par une porte sur sa droite et se vit en ressortir de l'autre côté de la pièce. C'était à n'y rien comprendre ! Il refit le test à plusieurs reprises. Quand l'agacement fut à son comble, il fit une pause et examina attentivement les portes.

Il y en avait une qu'il n'avait pas encore remarqué. Plus imposante que les autres, on y retrouvait une plaque de cuivre similaire à celle qui l'avait entraîné ici même. Il franchit avec une pointe d'appréhension. Était-il dans l'antre d'un mage fou, d'un démon ou était-ce simplement une boutique d'objets magiques ?

Une clochette tinta lorsqu'il passa la porte, le faisant légèrement sursauter. Il écarquilla les yeux devant le bazar qui régnait dans la pièce. Elle n'était pas particulièrement petite mais il y avait un si grand nombre d'objets qu'il ne savait où donner de la tête. Il s'approcha d'un râtelier d'armes et commença à examiner haches et marteaux, sans même se rendre compte de la présence du gnome derrière le comptoir.

[Le Façonneur]

Le gnome à la barbe argentée se retrouva bien vite à côté de ce nouveau client. Mine radieuse, sourire jovial, il le laissa un instant examiner les armes magiques face à lui avant de prendre la parole.

« Bien le bonjour, Maître nain ! Que de joie de voir quelqu’un de votre race passer ma porte ! Nous autres, petites gens, savons apprécier l’artisanat magique à sa juste valeur ! »

A l’occasion d’une brève pause, le Façonneur ajusta sur le présentoir une hache double couverte de runes. Puis, il reprit.

« Mais je m’égare. Que puis-je pour votre service ? Quelque chose à acheter, à ventre, à examiner ? Si ce sont les armes qui vous intéressent, vous n’avez qu’à me dire vos préférences et je trouverai votre bonheur !

[Duo]

Kettrarik sursauta lorsque le gnome lui adressa la parole et machinalement, il mit la main au marteau accroché à sa ceinture. Il dévisagea le gnome de la tête aux pieds, ce qui ne lui pris guère de temps. Se rappelant qu'il était dans une boutique et que c'était le marchand, il lui adressa un sourire un peu crispé.

"Oui bonjour. Euh... je suis arrivé un peu par hasard. Je jette un œil c'est tout."

Il marqua une pause pour réfléchir. Quel objet magique pourrait bien lui servir ? Il était forgeron avant d'être guerrier. Peut-être un marteau ? Oui. C'était pas mal comme idée.

"A vrai dire... je me demandais si vous aviez un objet susceptible de m'aider à exercer ma profession de forgeron. Un marteau magique peut-être ?"

[Le Façonneur]

Le Façonneur lissa sa moustache en réfléchissant. Lui-aussi détailla son interlocuteur, cela dans le but de l’aider à cerner sa demande et d’ainsi mieux le satisfaire. Le client était roi, il ne fallait pas l’oublier.

« Hum, certainement... j’ai tout une collection de marteaux. D’ailleurs, vous en voyez quelques-uns. Désirez-vous un outil qui puisse également faire office de bonne arme, ou le combat n’est pas du tout dans vos préoccupations ? »

[Duo]

En réfléchissant, Kettrarik passa sa main droite dans sa barbe.

"Oh bah si vous aviez un marteau magique relativement efficace pour la forge et pour le combat, je pense que ça pourrait bien me servir."

Le problème était le paiement. Kettrarik n'avait pas énormément d'or sur lui et ce serait probablement trop cher pour lui. Mais bon, ça ne coûtait rien de se renseigner.