[Loups Garous] Quelque part dans les montagnesÂ…

[Elzen]

Une grande route usagée traverse les montagnes. Voici plusieurs générations, alors que le royaume était en guerre avec ses voisins du sud, cette route fut bâtie pour rejoindre la frontière. La guerre s'est achevée depuis longtemps, et la route a lentement été abandonnée. La paix régnait, mais les relations entre les anciens belligérants étaient si froides qu'il n'y avait aucune raison de l'utiliser. Le village de Thiercelieux, cependant, a persisté : jadis simple relai de route, destiné au ravitaillement des troupes, il est désormais un havre tranquille au milieu des montagnes, à plus d'un jour de cheval de la ville la plus proche, qui se trouve au loin, dans les plaines du nord.
Vous avez toujours vécu dans ce village. La vie y était calme, sans histoire. De temps en temps, une caravane de voyageurs passait, proposant au passage de vous vendre des produits exotiques dont, peut-être, vous étiez friands. Ces dernières années, les relations entre le royaume et son voisin du sud sont redevenues beaucoup plus conviviales, et le nombre de passages s'est grandement accru. Le projet planerait même de restaurer cette vieille route en partie détruite par le temps, mais pour en faire, cette fois, une route de commerce.
Êtes-vous enthousiastes, ou non, à ces nouvelles ? L'animation promise, les richesses apportées par ces voyageurs de plus en plus nombreux, vous permettront-elles de vous échapper de la monotonie du quotidien ? Ou, au contraire, voyez-vous d'un œil sombre toutes ces choses qui troubleront l'équilibre que vos parents ont connu avant vous et qui vous assuraient la paix ? Quoiqu'il en soit, ce n'est pas sans vous poser quelque inquiétude.
Car les habitants du village savent qu'à quelques lieues de marche, en retrait de la route, se trouvent une ancienne ruine, que l'on dit hantée. Si un voyageur imprudent décidait de visiter ces ruines, qui sait ce qu'il pourrait réveiller ? Les anciennes légendes disent que deux sombres entités se trouvent enfermées dans ces ruines, deux esprits malfaisants qui jamais ne purent être complètement défaits.
Si ces fantômes parvenaient à s'échapper des ruines, ils prendraient possession de deux habitants du village, et les pousseraient à tuer. Tuer, tuer, et encore tuer, pour gagner en puissance et revenir à la vie. Et le seul moyen de se débarrasser des fantômes serait encore de tuer. Tuer les êtres qu'ils auraient choisi comme hôtes… mais comment les reconnaître, parmi tous ?
Toutefois, les sages anciens avaient prévu cette éventualité, dit-on : si ces esprits venaient à se libérer, d'anciennes formes de magie renaîtraient, offrant au village des protections, et des armes pour se défendre. Nul ne sait, au juste, quelles formes ces protections prendront ; mais tous ont l'espoir qu'elles seront assez fortes pour repousser la menace.

Pour l'heure, un choix bien moins sinistre s'impose : comme la coutume le veut, tous les cinq ans, le conseil du village, que vous formez tous ensemble, doit se réunir pour désigner celui ou celle qui assumera, durant les cinq prochaines années, la charge de bourgmestre. L'élection est ouverte à tous ; elle doit être, comme à l'ordinaire, suivie de festivités.

[Mornagest]

Facteur de chaises, tel était son métier. C'était bien, les chaises. On pouvait difficilement s'en passer pendant longtemps. Et comme on ne s'en passait pas, on les usait. Et donc, on avait besoin de lui. La boucle était bouclée, ça lui suffisait. Point de commerce lucratif derrière cela ; juste une utilisation de son savoir-faire plutôt élevé en la matière, même si dans la plupart des autres domaines, il était plutôt moyen. Oh, il se débrouillait pour bricoler un peu d'autres choses, mais jamais avec autant de dextérité que ses chaises en paille, en bois ou en cuir... il ne demandait rien à personne, et avoir de quoi manger, boire et se loger était son seul objectif à long terme. Long terme qui se résumait le plus souvent à la journée qui allait s'écouler, paisible et monotone, semblable à la précédente...

Une route commerciale ? Pourquoi pas ? D'autres personnes pourraient venir voir ses chaises, après tout. Il avait une certaine fierté dans son travail, malgré lui. Mais il se gardait toujours de le montrer, ou du moins, il essayait. Quant au fait qu'il faudrait parler à ces étrangers... sa timidité était certaine, mais pas insurmontable. Et puis, s'ils abordaient le sujet - SON sujet - il pourrait facilement se montrer intarissable... oui, ce projet de route lui plaisait assez. De toute manière, il n'était pas assez tortueux d'esprit pour y voir d'autres conséquences éventuellement néfastes...

Mais pour l'heure, c'était l'élection du bourgmestre. Comme de bien entendu, Géraud n'allait pas se proposer comme candidat. Il voterait, évidemment, mais plus pour ne pas froisser en s'abstenant que par réelle motivation. Tout cela était bien trop abstrait pour lui, finalement...

[Galathée]

Gaspard aimait les cochons. Cela avait commencé quand tout petit, son père lui avait offert le porcelet le plus faible de la portée, que la truie avait rejeté. Un petit machin rose avec des yeux tellement intelligents, qu’il avait appelé Grouik. Grouik et Gaspard s’étaient entendus comme deux larrons en foire. Ils s’étaient roulés dans la boue de la cour. Ils avaient creusé des tranchées dans le potager. Ils avaient dormi dans le même lit jusqu’à ce que le poids de la bête défonce le sommier. Grouik était devenu un porc de belle taille et Gaspard fendait le village au grand galop, perché sur son dos, tel un chevalier de légende un peu crotté.

Puis il y avait eu cette fête de la moisson où son père était arrivé avec un grand couteau et lui avait tenu un discours très sérieux sur les choses de la vie. Gaspard n’était pas stupide, même s’il aimait les cochons. Aussi avait-il pris la tangente et s’était-il réfugié dans les bois, avec Grouik, pendant plus de trois mois. Il avait alors découvert l’incroyable flair du pourceau et les miracles qu’il pouvait dénicher sous l’humus de la forêt.

Quand Gaspard était revenu de son exil farouche, ses parents l’avaient accueilli sans plus mentionner le cochon, mais les choses n’étaient jamais rentrées dans l’ordre. Déjà, il n’avait plus été question qu’il reprenne la porcherie familiale. Mais Gaspard n’en avait pas besoin : grâce au flair de son porc gigantesque, il ramenait de la forêt les truffes les plus formidables qu’on ait jamais goûtées au village, et d’autres racines, d’autres champignons, que les gourmets s’arrachaient.

A Grouik a succédé Grups. Puis Groumf. Mais Gaspard gagne toujours sa pitance à glander dans les bois.

Aujourd'hui, on élit le bourgmestre. Gaspard ne se sent pas vraiment concerné, il ne comprend pas bien pourquoi on a exigé qu'il soit là. Mais bon, pour vivre heureux avec son cochon, il doit bien se plier aux usages des hommes.

[Althéa]

Judette était la fille unique du cordonnier du village. Il vendait des mocassins, des espadrilles, des godillots, des bottes, des bottines. Et parfois même du pain quand le boulanger fermait pour tenter de retrouver sa femme encore partie en vadrouille dans le village. D'ailleurs, dans ces moments là, son père disait que la femme du boulanger était une sacrée "pomponnette" et une véritable ... Chut, cela, il ne fallait pas le dire.

Dans tous les cas, que la femme du boulanger ait du feu mal placé n'arrangeait pas ses affaires. Loin de là. D'ailleurs, les affaires de son père, elle s'en fichait un peu. Ce qu'elle voulait, c'était devenir une star, une barde reconnue et prendre la tangente. Quitter tous ces bouseux qu'elle trouvait vraiment ridicules.

La seule chose qui la distrayait de sa vie quotidienne étaient les élections auxquelles elle avait le droit de participer pour la toute première fois. Et elle en était bien contente. Si elle était élue chef de village, elle pourrait promulguer une loi qui interdisait aux "fils de" de reprendre le commerce de leur parents. Non mais !

[Streen]

Pierre était un joyeux lurron depuis son enfance. C’était son tempérament, pas besoin d’explications. A l’heure qu’il était, il possédait un luth et chantait tous les jours avec l’espoir d’apporter la bonne humeur au village. Difficile de savoir si l’effet voulu portait ses fruits car lorsqu’il était concentré, sa voix était mélodieuse, semblable à celle des elfes mais il lui arrivait aussi de s’emballer et il chantait aussi faux qu’une vache. Aujourd’hui au village c’était l’élection du bourgmestre. Il fallait donc voter mais pour quoi ? Où était la liste ? Qui étaient les candidats ? Même s’il l’ignorait, un tel évènement méritait une chanson :
« Ah quel jour heureux
Dans les rues du village de Thiercelieux
Présent au sein de montagnes si paisibles
Où tous les villageois font leur possible
Pour nourrir leur famille et leurs charmants bambins
Même s’ils sont parfois un brin fripons et faquins
Mais les vies paisibles n’ont pas toujours leur place
Quand certains évènements se défilent avec grâce
Le nouveau bourgmestre élu sera heureux
… »
Fier de sa chanson, il commença à s’emballer et à chanter faux
« …sur le dos d’un macquareux »
Heu non, ca rimait certes mais pour le sens, il faudrait repasser. Au diable la musique que diantre. Une élection, ca ne se ratait pas.

[Bat]

Bruce ( et non pas Brus autre personnage illustre des Royaumes ) était un habitant parmi tant d' autres du village de Thiercelieux. Dans sa jeunesse, il avait appris de ses deux parents à utiliser les différentes épices en cuisine, afin de varier le goût d' une cuisine par trop monotone. Aussi à l' âge adulte, c' est tout naturellement qu' il avait ouvert un petit commerce d' épices qu' il achetait aux caravanes pour les revendre aux villageois ou aux tenanciers de l' auberge locale. C' est ainsi que toute personne désirant agrémenter son plat avec du sel, du poivre, du piment ou tout autre condiment, allait se fournir dans la boutique de Bruce. Certaines herbes odorantes, Bruce allait les cueillir lui-même dans les collines avoisinantes, ce qui ne posait pas de problème puisque sa boutique n' était pas assiégée toute la journée, loin de là, par des clients impatients.

En ce jour important cependant, les épices n' occupaient pas le premier rang des pensées de l' esprit de Bruce. C' était le jour de l' élection du bourgemestre et le commerçant comme la plupart des villageois s' intéressait fort au choix du successeur de l' actuel dirigeant de la sympathique bourgade de Thiercelieux...

[Lothringen]

Perrine était servante... ben c'est pas sa faute si elle portait un prénom répandu, acoquiné à un métier tout ce qu'il y avait de plus banal aussi. Elle avait eu trois enfants, dont deux étaient morts en bas âge, heureusement pas assez tôt pour l'empêcher d'exercer son second métier : nourrice. Puis le ptit dernier avait grandi, il mangeait de plus en plus - les tétons, les patates, les doigts - et elle n'avait eu d'autre solution que de se reconvertir dans le balayage, astiquage, dégraissage pour autrui. Elle travaillait chez un couple de notables chez lequel elle se plaisait bien, surtout depuis qu'elle avait découvert que le mari était trop vieux pour l'importuner, et son épouse trop philosophe pour prétendre exercer le moindre contrôle sur sa vertu.

Le ptit sur un bras, le panier du marché dans l'autre, et très occupée à empêcher le premier de vider le second de sa botte de radis, Perrine était venue pour l'assemblée d'élection du bourgmestre, mais c'était bien parce que c'était sur le trajet vers la maison des maîtres. Elle ressentait d'ailleurs une certaine impatience à voir la foule continuer de se dévisager d'un air ahuri. Le rôti allait brûler.

[Ailyn]

Clafoutis connaissait bien Judette. C'était souvent elle qui venait l'avertir que son père était encore parti à la recherche de sa mère et avait fermé sa boutique. A la naissance, on l'avait appelée Guillemette, mais la fille du boulanger s'était popularisée ces dernières années pour ses délicieuses tartes et pâtisseries, en particulier les clafoutis. C'est donc ainsi qu'elle avait fini par être surnommée.

Clafoutis était en âge de se marier, et son père cherchait activement un jeune homme de bonne famille à qui offrir sa main, quand il ne courrait pas après les aventures de sa femme. Mais Clafoutis n'en avait cure. Elle regardait passer, de plus en plus souvent, de beaux jeunes hommes qui descendaient de cariole. Elle espérait vainement attraper le plus beau et le plus riche de tous pour qu'il l'emmène loin d'ici, dans son beau château, où elle ne ferait plus de pain, de tarte, ou de pâtisserie. Ou alors seulement pour le plaisir.

D'une santé fragile, Clafoutis avait pourtant quelque sagesse, et même quelque diablerie. La rumeur disait que cela lui venait de sa mère... Mais là encore, Clafoutis n'en avait cure. Elle avait entendu parler de l'ouverture des routes, ce qu'elle interprétait comme la venue prochaine de son prince charmant, comme le clamaient les contes. Et non seulement elle était d'accord, mais elle était prête à s'investir complètement dans ce projet. En devenant bourgmestre, pourquoi pas hein ? C'était toujours mieux qu'un vieux pochtron de la taverne, enfin, c'est ce qu'elle se disait pour rester fidèle à son idée.

D'ailleurs Clafoutis sentait qu'elle avait bien donné d'elle-même, déjà, pour l'élection. Si vous croyez qu'une fête se prépare seule, et bien, il faudrait venir dans l'atelier : là, ils pourraient constater combien il est long et difficile de passer plusieurs jours et plusieurs nuits à préparer ce que ces messieurs dames vont se mettre sous la dent.

Guillerette, Clafoutis se dirigeait vers la place du marché, le coeur battant et le teint pâle à l'idée d'élever sa voix pour devenir bourgmestre. Encore quelque chose que son père allait certainement qualifier de "pas sérieux". Et bah tant pis. Après tout, il n'était que boulanger, et pas prince charmant.

[Elzen]

Depuis cinq ans, le père Garnerin officiait comme bourgmestre dans ce village. Quelque peu imbus de sa propre personne, il n'était pas sans être fier de son bilan. À l'entendre, le fait que la route commerciale réouvre à proximité du village était presque exclusivement de son propre fait. Bien sûr, tout le monde savait qu'il n'y était strictement pour rien ; mais les gens étaient habitués, depuis le temps, à l'entendre se vanter, et personne n'y prêtait plus attention.
Garnerin, bien sûr, était candidat à sa propre succession. Il fallait, disait-il, confier la gestion du village à un homme expérimenté, qui saurait prendre de front les défis à venir… bien sûr, il n'imaginait pas du tout quels défis l'avenir proche leur réservait. S'il n'était pas élu, sans doute retournerait-il à son élevage de poules et à sa cantine. Sa façon de cuisiner les œufs était exceptionnelle – ça, au moins, il pouvait s'en vanter à juste titre.

Fancine aussi se proposait pour le poste de bourgmestre. Elle avait prit en charge l'éducation des enfants du village pendant de nombreuses années – tous les autres membres du conseil de village, en fait, étaient passés par sa classe, même si les plus jeunes ne l'avaient pas eu jusqu'au bout comme enseignante. Stricte, mais efficace, elle laissait à ses anciens élèves un souvenir mitigé.
Sept ou huit ans plus tôt, ses cheveux blanchissant et ses muscles faiblissant, elle avait quitté sa classe pour devenir l'assistance de l'Ancien, le bourgmestre précédent, que le grand âge gênait dans sa charge – il était mort trois ans plus tard. Fancine, elle, n'était plus en état de soulever un enfant de six ou sept ans – ou quoi que ce fut qui en dépassa le poids –, mais le reste de ses capacités avait résisté à l'épreuve du temps. Sa parole conservait toute son autorité naturelle – bien qu'elle ait tendance à agacer lorsqu'elle se prenait à assurer que, du temps de l'Ancien, les choses ne se seraient pas passées ainsi.
Cinq ans plus tôt, elle avait déjà tenté d'obtenir la charge de bourgmestre ; et elle continuait d'en vouloir quelque peu à Garnerin de l'avoir emporté – il était hors de question, cette fois, que quiconque goûte à la moindre omelette avant d'avoir voté.

Juste, l'actuel maître d'école, était plus discret. Assez jeune, il n'était arrivé dans le village que pour remplacer Fancine. Plus timide, moins organisé, il n'avait pas autant d'autorité naturelle sur la jeunesse – mais il n'était pas moins doté d'un certain charme auquel, peut-être, certaines de ses élèves n'étaient pas insensibles. Toujours prêt à rendre service, il avait su s'intégrer assez rapidement dans le village, et la confiance des autres habitants lui était acquise. Il ne briguait aucun poste, mais tout le monde savait qu'il ne parviendrait pas à refuser le rôle de bourgmestre si on le lui décernait…

À présent que tout le monde est là, nous allons pouvoir procéder au tirage au sort… vos rôles vous seront révélés lorsque le nouveau bourgmestre sera élu. À vous de jouer

[Althéa]

Judette n'avait pas peur de parler en public, ça non. Aussi le prouva-t-elle en prenant la parole.

"C'est moi, Judette et je sais que vous me connaissez. D'ailleurs, il y en a qui me connaissent très bien parce qu'ils essayent de regarder par la fenêtre quand je prends mon bain. Et ils pensent que je ne les vois pas. Je voudrais être votre bourgmestre parce que je le mérite. Et surtout parce que je le vaux bien. Vous savez tous que je suis la plus jolie fille du village. Alors, vous devez voter pour moi."

Et elle se mit à battre des cils.

[Elzen]

Fancine haussa les épaules en entendant cette manière de se présenter. Décidément, la jeunesse ne doutait de rien… le nouveau maître d'école avait sans doute une influence déplorable sur ses élèves, avec son manque chronique d'organisation et son charme timide… oui, c'était sans doute lui le responsable. Elle, elle n'aurait jamais formé d'élève qui en vienne à mettre son corps en avant pour une tâche qui requérait de la tête. Tous ceux dont elle s'était occupée jusqu'au bout, elle en avait fait des gens bien.

Un grognement de Groumf interrompit ses réflexions et la fit sursauter. Oui, bon, peut-être pas tous, certains étaient perdus d'avance. Mais tout de même. Ramenant son attention sur la jeune Judette, elle haussa de nouveau les épaules, sans rien dire. Cette petite sauvageonne n'avait aucune chance – pas plus que l'autre, d'ailleurs. Les habitants du village sauraient voter pour des gens capables. Cela se jouerait entre le père Garnerin et elle, comme la fois précédente.

[Ailyn]

Clafoutis décida de se lancer. Elle avait tout préparé, de toutes façons. Elle se campa sur ses deux pieds, regardant la foule bien en face, résistant à la subite envie d'enrouler l'une de ses mèches de cheveux. Elle ne voulait pas avoir l'air aussi... négligée que Judette. Mais elle avait du mal à s'empêcher de dévorer le maître d'école des yeux.
Se souvenant des cours de Francine et des discours de Garnerin, elle invectiva ses comparses, tâchant d'avoir l'air aussi convaincante que lorsqu'elle essayait d'attirer un beau jeune homme dans ses filets :

"Mes chers camarades, moi, Clafoutis, je vous parle aujourd'hui avec émotion. Notre village est en train de changer... Nous devons changer nous aussi notre manière de voir les choses et la nouvelle route commerciale est une façon..."

Elle hésita un instant, trébuchant sur les mots. Vite, vite, il fallait continuer, ne rien oublier de ce discours appris par coeur. Mais ça restait une épreuve difficile pour Clafoutis.

"...exceptio... nelle de changer le village. Je suis venue proposer une vision plus... jeune... à la direction de cette ville. Si vous voulez un peu de changement, permettez-moi de devenir Bourgmestre à mon tour ! Vous ne serez pas déçus !"

Elle fit une révérence trop empruntée, se redressa et lança :

"Merci m'sieurs dames ! Et quoi qu'il arrive, profitez bien de mes clafoutis !"

Elle quitta alors l'espace de parole, adressant à Pierre, puis à Juste, des clins d'oeil appuyés. Qui sait, à défaut d'être élue bourgmestre pourrait-elle se faire de nouveaux amis proches...

[Elzen]

Garnerin, quant à lui, s'empressa de prendre la parole à la suite.

« Mesdames, messieurs. Comme nous avons pu le voir, la jeunesse est assez enthousiaste, et cela fait plaisir. Néanmoins, la vieille garde n'a pas dit son dernier mot. Et par vieille garde, je ne parle pas de notre estimée ancêtre ici présente (Fancine haussa de nouveau les épaules en s'entendant ainsi désignée). Vous savez tous ici que j'ai personnellement participé aux décisions de mettre en place les nouvelles routes commerciales (il ignora superbement les raclement de gorges et autres preuves d'incrédulité), et que j'ai l'expérience qu'il faut pour faire en sorte que notre village saisisse cette opportunité. J'ai fidèlement accompli la charge que vous m'aviez confié les cinq dernières années, et je crois ne pas m'en être sorti trop mal. Si vous me présentez de nouveau votre confiance, je saurai m'en montrer digne cinq ans de plus. Ne faites pas l'erreur de voter pour l'inexpérience – notre jeunesse saura se montrer utile en son temps, mais ce temps-là n'est pas encore venu, et c'est pour l'instant moi qui suis le mieux placé pour mener à bien cette tâche. »

Il était certes convainquant, mais l'expérience des autres villageois leur soufflait qu'il était beaucoup plus doué pour les beaux discours que pour n'importe quoi d'autre… à part les omelettes, bien sûr.

Ce qui fait donc quatre candidats : Judette, Clafoutis, Garnerin et Fancine (qui n'a encore rien dit, en fait, mais je suppose que les candidatures étaient connues à l'avance. Et puis, c'était évident pour tout le monde qu'elle allait être candidate, je pense). D'autres peuvent encore se proposer à la dernière minute. En tout cas, sachez que rien ne vous empêche de désigner quelqu'un ne s'étant pas présenté.

[Galathée]

Gaspard regarda les quatre candidats tour à tour, hésitant.

Bon, il ne voterait pas pour la vieille bique. Il avait un souvenir douloureux des jours perdus sur les bancs de l'école en sa compagnie revêche. Elle l'avait toujours considéré comme un crétin, il ne l'ignorait pas, et osait prétendre que les cochons étaient des êtres sales, stupides et tout juste dignes d'être transformés en saucisses. C'était une offense impardonnable.

Il ne voterait pas non plus pour Garnerin. Cette histoire de route commerciale ne l'intéressait en rien : la forêt était bien assez vaste pour faire son bonheur et celui de générations de porcelets à venir. Plus de passage signifiait plus de glandeurs potentiels sur son territoire. Non. Il ne voterait pas pour ce vieux schnock qui avait même voulu interdire à Groumf d'assister aux débats. Offense impardonnable, là aussi.

Il restait les deux jeunes femmes. Judette était jolie, bien qu'elle ait beaucoup trop de cheveux à son goût. Clafoutis était gentille aussi mais voilà qu'elle s'était mise à vanter cette stupide route inutile. Hum. Dilemme.

Il posa la main sur le dos de son cochon puis s'accroupit.
" Groumf, on va le faire au flair... murmura-t-il. Laquelle a l'odeur la plus prometteuse ?"
Le cochon leva son groin humide et, sans se faire prier, partit renifler les jupes des candidates...

[Althéa]

*Beurk, les cochons, ça pue, c'est moche. Et c'est beaucoup mieux comme jambon.*

C'est ce que Judette pensa très fort quand Grumf vint impoliment renifler dans ses jupes. Mais elle devait être gentille avec tout le monde. Du moins, faire semblant. Aussi, loin de prendre un air totalement offusqué qui commençait à affleurer sur son visage, elle osa un sourire. Cela tombait bien parce que justement, elle s'était lavé les dents.

[Ailyn]

Clafoutis laissa Groumf venir vers elle, et tâcha de l'accueillir en lui flattant l'encolure. En dépit de ses gestes maladroits, elle aimait bien ce cochon, comme elle avait aimé les autres d'ailleurs... Mais il dégageait tout de même une sacrée odeur, il fallait bien l'admettre. Même si ce n'était que dans un coin de sa petite tête.
Tout en lui tapotant le dos et en continuant de sourire, elle le renvoya gentiment vers Gaspard :

"Retourne vite voir ton maître, tu lui manques déjà !"

Toute retournée, elle se promit du fond du coeur de ne pas oublier de se laver les mains. Ca ne ferait pas un bel effet de servir du clafoutis avec des mains qui sentent, au mieux, le bouc, au pire, l'haleine de rat crevé.

[Bat]

Bruce écoutait les différents candidats : Fancine aigrie et qui n' était plus peut - être tout à fait " dans le coup", Garnerin dont le mandat - qui se finissait - avait eu des effets positifs pour le village de Thiercelieux mais qui manquait peut - être de charisme et de vision d' avenir...Et puis les deux jeunettes Judette et Clafoutis : elles étaient sympathiques, agréables à regarder, mais possédaient - elles l' expérience nécessaire pour diriger le village de Thiercelieux ?

Bruce ne savait pas vers qui se porterait son suffrage mais il était sûr d' une chose néanmoins : lui - même n' était pas candidat au poste de bourgemestre. Selon toute vraisemblance, il ne prendrait donc pas la succession de messire Garnerin.

Lers réflexions du marchand d' épices et d' herbes furent interrompues par le spectacle amusant du cochon de Gaspard qui courait en direction de deux candidates. Ces dernières firent bonne figure devant les électeurs. Ah les lois de la politique, toujours les mêmes...

[Lothringen]

Perrine n'avait pas le temps d'être candidate, et puis une bourgmestre servante, ça aurait eu un de ces effets, pas crédible, voilà, c'était le mot, pas décent pour deux sous. Sans même parler du marmot perché sur son bras. Cela dit, elle trouvait que les candidatures étaient pas toutes très reluisantes. D'accord, Gamerin on l'avait trop vu, et Fancine, un peu trop senti ses coups de règle, mais enfin, c'étaient des notables, quoi, ils étaient capables de tenir leur rang. Quant à la jeunesse effrontée, elle n'avait vraiment pas peur du ridicule à se mettre ainsi en avant à l'âge où on devrait surtout apprendre à relever les jupes. Bref, hors de question qu'elle vote pour la fille du cordonnier ou celle du boulanger. Perrine n'était pas du genre révolutionnaire, et elle trouvait qu'un bourgmestre qui sache lire, c'était dans l'ordre des choses, un peu comme la neige en hiver et la boue au printemps. A moins d'entendre de nouvelles candidatures, son vote irait sans doute à la maîtresse d'école.

[Mornagest]

Quatre candidats, c'était beaucoup... Géraud n'y entendait pas grand-chose là-dedans. Certes, l'actuel bourgmestre promettait bien des choses, mais il lui semblait qu'il avait déjà fait exactement la même chose la dernière fois, cinq ans auparavant. Bizarre que si peu de choses aient changé alors qu'ils avaient eu le temps de les mettre en œuvre, non ? Quant à l'institutrice, il lui rappelait de mauvais souvenirs. L'école, ce n'était pas son truc. On n'y apprenait pas à se servir de ses dix doigts pour fabriquer, raboter, menuiser, pailler...

Clafoutis paraissait déjà plus intéressante, et elle parlait aussi de la route commerciale. Pourquoi pas elle, somme toute ? Un peu de renouveau ne pourrait pas faire de mal ! Bien sûr, il respectait les anciens, souvent emplis de sagesse et de bon sens populaire - qui s'avérait souvent aussi idiot que de penser que de mettre une tartine beurrée sur le dos d'un chat ferait léviter le tout au-dessus du sol car ni le côté beurré, ni les pattes du chat ne pouvaient se décider quant à celui qui devait toucher le sol en premier. Mais Géraud était au-dessus de tout ça, et le physique des cantiques, ce n'était pas son truc. Du tout. D'ailleurs, celui de Judette ne l'attirait pas plus que ça. Elle ne lui achetait jamais de chaises, en parlant de ça, tiens. Peut-être qu'elle préférait se faire voir lorsqu'elle prenait sa douche, que de s'asseoir pour manger à table ? Il essaya de ne pas penser à ce que ça devait faire de manger debout, mais c'était trop tard. Cela lui embrouilla l'esprit, mais il parvint à se dire qu'il devrait voter pour Clafoutis. En plus, le clafoutis, c'est bon. Raison suffisante, non ?

[Elzen]

Juste était plutôt content que des élèves qu'il avait eu se présentent. Il avait toujours essayé d'encourager la prise de responsabilité, et il était plutôt content qu'elles s'y essaient. Et puis, elles étaient plutôt jolies, toutes les deux.

Pour autant, il ne savait pas encore vraiment vers qui irait son vote. Il savait que Fancine ne l'appréciait pas particulièrement, mais, peut-être parce que lui n'avait pas été au nombre de ses élèves, il ne pouvait s'empêcher de l'estimer. C'était une enseignante expérimentée, après tout. Il espérait bien qu'il finirait par avoir autant d'assurance.

Puisque personne ne s'exprimait, il ne dit rien non plus. On l'avait chargé de recompter les voix, et il s'aquiterait de sa tâche. Mais il voterait probablement en dernier.



Après un silence, Garnerin reprit la parole.

« Eh bien, si personne n'a rien à ajouter, je suppose que nous passions aux votes. Il ne surprendra je l'espère personne que ma voix aille à notre cher bourgmestre sortant. »

Et, avec un sourire satisfait, il prit ostensiblement un bulletin à son nom et le glissa dans l'urne.


Vous pouvez encore discuter si vous le voulez ; ou bien voter. Votre vote peut être fait en public, ou bien par MP (dans ce second cas, postez ici pour que vous prenez plusieurs bulletins, et précisez-moi celui que vous utilisez. Dès que tout le monde aura voté, on passera à la fête, et vous recevrez vos rôles pendant ce temps-là.

[Galathée]

Gaspard se pencha pour recueillir les confidences de son cochon. Depuis des années déjà, il avait développé la capacité de comprendre une foultitude de choses dans un petit grognement. La moindre nuance dans le ton, la fréquence d'un reniflement, le rythme d'une éructation, parfois le souffle d'un vent, même. Tout cela n'avait aucun secret pour lui. Il savait à l'avance si la truffe serait blanche ou noire, si elle pèserait plus ou moins qu'une pomme, si elle serait plus ou moins longue qu'un petit pain au lait. Grognement, regard, petit mouvement de la queue, sursaut des oreilles. C'était la symbiose.
L'homme à l'oreille duquel les cochons murmuraient.
Il écouta donc, jeta un oeil sur le dos hirsute de la bête, puis se leva.
" CLAFOUTIS !" cria-t-il, avant de réaliser qu'il était peut-être supposé mettre une croix dans une case ou lever poliment la main.
Tant pis. Au moins, c'était fait.

[Ailyn]

Les joues rosies par l'émotion de savoir que Gaspard votait pour elle, Clafoutis refit une petite révérence avant de se diriger vers les bulletins. Elle en prit plusieurs, les mélangea, faisant semblant de réfléchir. Elle ne disait rien, mais il allait de soi qu'elle allait voter pour elle-même. Elle ne se serait pas présentée si ce n'était pas pour être élue, enfin !

Elle attrapa enfin le bulletin à son nom, tâchant de faire en sorte que personne ne voit de qui il s'agissait, puis le glissa enfin dans l'urne.

Clafoutis retourna enfin parmi la foule, non sans avoir encore adressé un clin d'oeil à Juste. Non décidément, il lui plaisait beaucoup celui-là... Mais elle savait pertinemment qu'elle ne serait jamais capable de s'en contenter.

[Streen]

Pierre prit sa lyre une fois après avoir entendu les noms des quatre candidats. Bien entendu ,il ne se présenterait pas. Un barde qui prenant la direction du village, ce n’était pas sérieux. Il observa chaque candidats puis se mit à chantonner tout en jouant son instrument :

« Nous allons donc choisir notre futur souverain
Qui remplacera notre bien aimé Garnerin
A moins qu’il ne conserve sa place
Et rester dans son palace
Mais nous pouvons aussi avoir Fancine
Qui peut être doucereuse et fine
Ou bien notre chère Judette
Qui est loin d’être bête
Pierre quand à lui ne se présentera pas
Mais comme tout bon citoyen votera
Il peut donc annoncer dans un cri
Qu’il vote pour sa part pour Clafoutis »

[Bat]

Bruce secoua la tête, se remémora les discours des 4 candidats et finalement se leva. Il avait pris sa décision. Tout en jetant des regards amicaux aux villageois qui faisaient partie de ses mais, il s' avanca vers l' urne et mis le bulletin contenant le nom de...tadada...Clafoutis. Après tout un peu de fraicheur et de changement pourrait faire du bien à cette sympathique bourgade qui sait...

Il fallait choisir et il était heureux d' avoir fait son choix enfin. De toutes manières cette élection ne changerait pas grand chose à son propre commerce à priori, sauf si le nouveau bourgemestre décidait d' instaurer une nouvelle taxe sur le commerce des herbes et épices...

[Elzen]

Bon, je pars du principe qu'il n'y a pas de changement de dernière minute, vu à quel point les débats sont animés… de toute façon, je crois que la victoire est assez écrasante.

Une fois que tous les électeurs eurent voté, Juste, fidèle à sa tâche, recompta les bulletins, avant d'annoncer solennellement.

« Garnerin… une voix. Judette… une voix. Fancine… deux voix. Clafoutis… six voix. Il semble que la volonté du village ait parlé… nous avons une nouvelle bourgmestre. »

Et, pendant que Garnerin s'effondrait sur sa chaise de surprise et que Fancine s'éloignait de quelques pas, manifestement vexée, il s'approcha de ladite Clafoutis pour lui remettre l'écharpe d'honneur.

« Toutes mes félicitations. Nous pouvons désormais fêter ça. »

Je vous laisse poster pour décrire ce que fait votre personnage après l'élection (une fête est prévue, en théorie) ; le village découvrira que les anciens pouvoirs ont été réveillés au cours de la soirée, et vos personnages recevront leurs pouvoirs à ce moment-là. Mais, pour les impatients, je vous envoie vos rôles par MP dès maintenant

[Ailyn]

Clafoutis était aux anges quand elle reçut l'écharpe des mains douces de Juste, qu'elle ne pu s'empêcher d'effleurer. Elle fit une nouvelle révérence à la foule, puis salua de la main les différentes personnes qui avaient publiquement voté pour elle. Il fallait bien les remercier surtout, et comme disait Garnerin "flatter son électorat".

"Merci à tous ! Merci, merci, merci 1000 fois !"

Clafoutis avait prévu son discours d'entrée, pour tenter sa chance, mais pas celui de sortie si elle gagnait. Il allait falloir de l'imagination. Beaucoup d'imagination.

"Je suis... ravie de devenir la nouvelle bourgmestre et..."

Une idée lui vint soudain, et elle sauta dessus, de peur de la perdre dans les méandres des recettes de clafoutis et de pâtisseries.

"... je serai attentive aux idées et aux besoins de chacun... dans la... limite de ce que peut offrir notre village évidemment !"

Elle poursuivit, enjouée :

"La route et les gens qui l'empruntent seront une priorité pour nous car ils sont l'occasion d'échanger avec... les autres villes et les autres villages ! Vive Thiercelieux, mes amis ! Vive les épices de Brus, les chaises de Géraux, les truffes de Gaspard, les yeux de Judette, la musique de Pierre, les cours de Juste... Vive Thiercelieux ! Et profitez bien de la fête... et de mes clafoutis !!!"

Flatter l'électorat, il fallait prendre la main tout de suite, autant ne pas l'oublier. Parce que quand une prise de décision interviendrait, autant qu'elle puisse avoir le maximum d'autorité... et ce n'était pas son jeune âge qui allait l'aider pour ça, malheureusement. Ca valait le coup de laisser traîner ses oreilles partout, n'empêche. On en apprenait de belles choses.

Pour l'heure, Clafoutis se mêla à la fête après s'être lavé les mains, comme promis. Il était temps de savourer les pâtisseries, et temps également de rependre deux de ses activités favorites : écouter aux portes et trouver une nouvelle conquête. Qui sait... Juste, ou Pierre à la limite, pourraient faire l'affaire...

[Mornagest]

Oh, ses chaises étaient louées ! Voilà qui ne manquait pas de lui faire plaisir, malgré lui. Secrètement, il appréciait qu'on lui dise qu'il faisait du bon travail. Évidemment, le côté "spontané" de la déclaration de Clafoutis lui échappa quelque peu, mais après tout, qu'importait ? Les gens semblaient contents. En tout cas, elle l'était. Et puis... les autres aussi, non ? Sinon, ils n'auraient pas voté pour elle... ça semblait logique.

N'ayant pas l'habitude de faire la fête, Géraud se contenta d'écouter ce qui se disait autour de lui. Il entendit ronchonner du côté de Garnerin, ce qui n'était guère surprenant. La vieille Fancine ne paraissait pas plus heureuse. La vieille garde n'aimait pas la jeunesse, ça se voyait, et même lui le ressentait. Bah, ils s'y feraient, sans doute.

En attendant, il se demandait si Clafoutis allait déjà proposer de nouvelles idées pour le village. Sinon, il aurait bien un ou deux projets à lui souffler... des projets qui ne le concernaient même pas directement, d'ailleurs. Il était trop peu matérialiste pour ça.

[Althéa]

Mouais ... Hé bien Clafoutis était maire mais elle était loin d'être une star. Parce que tout le monde sait que les vrais stars sont toujours incomprises. Quand elle serait en haut de l'affiche, elle raconterait sa vie déchirante, son isolement à cause de l'élection de la vilaine et manipulatrice Clafoutis. Les gens se battraient pour acheter ça.

En attendant, elle versa sa petite larme et dit doucement.

"Bon, ben c'est pas grave. Bravo Clafoutis. On se reverra sans doute en recherchant ta maman."

Elle envoya un baiser dans sa direction.

"Chao bye."

Et partit pleurer dans son coin.

[Galathée]

Gaspard était un peu désolé parce qu'il n'aimait pas voir les gens tristes. Et Judette était manifestement triste. En même temps, comme il n'était pas complètement stupide, il savait aussi qu'elle n'apprécierait pas qu'il aille la toucher d'une main consolatrice, ou d'un groin compatissant. Il la regarda donc s'éclipser et en revint à la fête. Il se dirigea vers le buffet et tâcha de choisir quelque chose qui paraissait appétissant. En d'autres lieux, il y aurait été au nez, franchement, mais il subodorait que la chose serait mal perçue dans pareil cadre, aussi tenta-t-il de se fier aux couleurs et aux formes. Ce n'était pas évident, il n'avait pas l'habitude, et il essaya de prendre quand même quelques inspirations profondes mais discrètes. Une fois son choix posé, il battit en retraite jusqu'à la périphérie du rassemblement et partagea ses trouvailles avec Groumf.
Il aspirait à la forêt mais ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait manger sans trimer.

[Streen]

Pierre était ravi de l’élection de Clafoutis. Enfin la jeunesse était aux commandes. Et pas des moindres. Proposer des négociations avec les voisins et promettre d’être attentive aux besoins de chacun. Pas de doute, il avait fait le bon choix. Il ne fut pas insensible également à la fête organisée par la miss.Cet évènement méritait une chanson :

« Quel jour nouveau et heureux
Dans notre beau village de Thiercelieux
Avec l’élection de clafoutis
Notre nouveau maire qui possède beaucoup d’amis
A la grande déception de notre chère Judette
Qui mériterait comme lot de consolation une sucette
Mais le vote finit toujours par triompher
Signe de notre immense liberté
A présent mêlez vous à la fête
Et gardez bien présent dans vos têtes
Qu’il n’existe pas de fête sans pâtisserie
Que pour les enfants nous avons des confiseries
Que pour les adultes il y a des bières
Fournies par notre tavernier d’avant-hier
Et que nous nous souviendrons de ce soir
Que nous écrirons dans un journal en mémoire »