[MP] Histoire : Armand

[Armand]

Emile regarda attentivement l'inspectrice d'un air circonspect.

"Mais vous ne m'avez posé aucune question jusqu'alors... A votre avis quel est l'avenir du personnel maintenant que le maître a disparu. Incertain c'est le moins qu'on puisse dire..."

Il regarda autour de lui vérifiant si personne ne les écoutait.

"Une fois que vous serez parti qui paiera le prix de nos actes et nos propos ? Je vous le demande madame..."

[Smidge]

Il avait à peine terminé sa justification que quelqu'un montait les marches un peu plus bas.

"Émile ? Vous êtes ici, Émile ?", lança une voix légèrement chevrotante.

C'était Marie-Madeleine.

[Armand]

Emile ne put réprimer une certaine exaspération à l'énonciation de son nom.

"Oui marie, il y a quelque chose que je peux faire pour vous ?"

[Smidge]

La vieille dame hésita un instant.

"C'est..., hésita-t-elle. C'est pour... être payée, mon salaire, vous savez... Et comme monsieur le Comte est... enfin, n'est plus..."

Elle s'arrêta tout à coup dans son élan lorsqu'elle se tourna en direction de l'inspectrice.

"Oh, je... je vous dérange, peut-être ?"

"Est-ce que cela peut attendre ?, répondit aussitôt la policière. J'ai vraiment besoin de parler à monsieur Martineau. Seul à seul..."

Un léger silence plana au-dessus d'eux, tandis que les jours de Marie-Madeleine s'empourprèrent.

"Oh... tant pis... Je... repasserai plus tard..."

Elle fit aussitôt demi-tour, et disparut par les escaliers.

"Je suis désolée, reprit madame Lemaçon une fois qu'ils furent de nouveau seuls, mais maintenant que je vous tiens j'aimerais vraiment vous parler. Depuis combien de temps travailliez-vous pour le comte ? Vous devez certainement en savoir beaucoup sur tout et tout le monde ici, y compris sur les invités, non ?"

C'était une bonne occasion de faire oublier sa bien peu discrète évasion.


[HRP : ce que sait Émile des invités, en dehors de ce qu'il a pu apprendre depuis la veille :
Les Marquand et les Chambernaud sont deux familles riches et renommées de Villeneuve. Gaston Chambernaud est même conseiller municipal.
La docteur Dupré est quelqu'un de plutôt apprécié. Il est cependant toujours célibataire.
Tous trois sont déjà venus manger au château à d'autres occasions par le passé.
Quant à mademoiselle Stoän, Émile ne l'avait jamais croisé jusqu'à la veille.]

[Armand]

Il ne savait vraiment trop que penser de cette lieutenante. Pouvait-il réellement se confier à elle ? S'il y avait réellement un tueur parmi eux il risquait aussi de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment...

"Cela doit faire... Dix-huit ans ? Oui cela a fait presque 18 ans que le comte de rochebois m'a pris pour serviteur. Yvette était déjà là d'ailleurs quand j'ai commencé... Les autres employés sont plus récent en revanche, le maître n' a jamais eu un caractère facile. C'est yvette qui a trouvé ce poste pour marjorie, elle est encore jeune et le métier n'est pas facile. Quand à fernand, il n'a pas le contact facile et les gens le lui rendent bien."

Reprenant sa respiration, il poursuit son descriptif accompagné d'un ample mouvement de sa main droite.

"Les marquand et les chambernaud sont des notables reconnus dans les environs. Ils font partie d'une petite bourgeoisie qui reste entre eux, ils faisaient naturellement partie des relations du maître. Le docteur dupré quand à lui est très apprécié dans la région, c'est un brave homme. Et mademoiselle stoän c'est la première fois que je la vois même si j'avous que son nom ne m'étais pas inconnu..."

[Smidge]

Elle griffonna quelques notes dans son calepin, mais s'arrêta à l'évocation de mademoiselle Stoän.

"Pas inconnu ?, répéta l'inspectrice. Pourriez-vous peut-être m'en dire davantage ? Quand avez-vous entendu parler d'elle la première fois ?"

[Armand]

Emile feignit un air gêné à l'énonciation de cette question.

"Je n'aurais pas vraiment du... Mais j'ai surpris son nom à plusieurs reprises il y a quelque temps en rangeant du courrier. De ce que j'ai pu voir ils ont eu une correspondance suivi. Enfin cela ne veut pas dire grand chose, le maitre traitait beaucoup de courrier."

[Smidge]

"Je sais que le comte n'a pas de descendance connue mais..."

Mme Lemaçon fronça les sourcils quelques instants, puis son visage s'éclaira.

"Se pourrait-il que mademoiselle Stoän soit... une fille cachée, ou quelque chose comme ça ? "

Elle prit quelques notes, et poursuivit.

"On m'a aussi dit que l'ancienne femme de chambre, celle qui occupait le poste de Marjorie, est morte. Que pouvez-vous me dire à ce sujet ?"

[Armand]

"Une fille cachée ? Oui tout est toujours possible, même si je vois mal le maître avoir des enfants dans l'absolu. Dans tous les cas cela serait un caractère qui m'est inconnu. Tout ce que je peux vous dire c'est que le maître l'a accueilli ouvertement devant les autres invités. Néanmoins c'est la première fois que mademoiselle stoän mettait les pieds ici, s'il la fréquentait de quelques manière que ce soit ce n'étais pas au sein de sa propre maison."

L'enquetrice semblait réellement se poser des questions au sujet de mademoiselle stoan, qu'avait-elle dit à la lieutenante dans ce cas ?

"L'ancienne femme de chambre ? Oh c'est un accident bête, elle est passé accidentellement par une fenêtre, la pauvre n' a pas survécu."

[Smidge]

Mme Lemaçon répondit d'un hochement de tête mêlé d'un discret grommellement.

"Entre nous, reprit-elle, est-ce que vous avez une idée de l'identité du meurtrier parmi tous les gens présents ici, invités comme domestiques ? Est-ce que quelqu'un avait des raisons de lui en vouloir ?"

[Armand]

"Lieutenante je pense que vous aurez beaucoup de mal de trouver justement des personnes qui n'ait pas de raison de lui en vouloir. Coté domestique le maître était loin d'être compréhensif vis à vis de ses employés mais il ne faut pas non plus oublier que nous dépendions tous de lui à bien des égards surtout en ces temps difficile. Même fernand qui a un comportement très particulier je vous l'accorde attire plus mon agacement que ma méfiance. Quand aux invités le comte était une personne qui attirait la réussite et à ce titre il pouvait attirer bien des rancoeurs."

Il se frotta les yeux un peu mécaniquement.

"Je pense que le maître lui même se délecterait de cette situation, c'est le genre de plaisanterie qu'il affectionnait. Le maitre était un personnage qui avait beaucoup plus de relations que d'amis, et d'employés que de serviteurs. Vous découvrirez beaucoup de sales histoires avant de mettre la main sur votre meurtrier lieutenante. Vous vouliez mon avis le voila..."

[Smidge]

L'inspectrice hochait silencieusement de la tête en écoutant son discours. Quand il eut finit, elle le regarda dans les yeux.

"Je vois. Et... si selon vous, tout le monde avait une raison d'en vouloir à sa vie..."

Elle marqua une courte pause, tandis qu'un très léger sourire se dessinait sur son visage.

"...quelle est donc la vôtre ?"

[Armand]

"Vous déformez mes propos. Je n'ai jamais dis que tout le monde avait une raison d'en vouloir à sa vie, j'ai dit qu'une grande partie des personnes ici avait des raison de lui en vouloir. Cela dit me concernant ce n'est guère surprenant, j'étais en quelque sorte l'homme à tout faire du maître et à ce titre le plus sujet au quolibet et aux insultes. Travaillez ne serait ce que quelque jour au sein d'une maison réputé et vous seriez très surpris du comportement des "gens honorable" tel que vous les appelez, tout domestique est au service de son maître et il en va ainsi depuis que le monde est monde. Mais demandez un peu à n'importe quel membre du personnel ce que ça leur fait de penser que leur emploi est suspendu au bout d'une corde et vous aurez peut être votre réponse."

Emile croisa les bras, son visage n'exprimant plus rien. Cette lieutenante n'était qu'une débutante, elle n'avait pas sa place ici, il pourrait se passer des mois voir des années avant qu'elle ne trouve le meurtrier. Il se demandait d'ailleurs si les services de police n'avait pas fait exprès d'envoyer une femme, ceci expliquerait cela...

"Maintenant si vous n'avez plus de question, j'aimerais retourner à mes occupations. Il y a un certain nombre d'affaires domestique qui requiert ma présence."

[Smidge]

Son interlocutrice demeura un instant silencieuse, puis hocha de la tête, les yeux perdus dans le vague.

"Allez-y, je ne vous retiens pas", conclut-elle après une courte réflexion.

Émile descendit les marches en direction du rez-de-chaussée, à l'intersection des couloirs donnant sur les chambres.


[HRP :
vers le nord : la salle de bain commune, le débarras, et au bout, le hall nord, vers le parc
vers l'est : la chambre d'Yvette, et la buanderie
vers l'ouest : la chambre de d'habitude de Marjorie, occupée par Marie-Madeleine, ainsi que la chambre "Orange".
vers le sud : les chambres "Olive" et "Pervenche", la Grande Suite, et au bout, le hall central, vers les ailes Sud, Est, ou la cours.]

[Armand]

Il risquait d'être difficile de régler les employés avec sa propre solde, emile retourna donc vers le coffre fort il devrait contenir de quoi régler une employé pour la soirée.

[Smidge]

Émile prit congé de l'inspectrice dans une courte révérence, et poussa les portes de la chambre du maître. Il bifurqua dans le bureau, dont il referma la porte derrière lui. Le coffre-fort était toujours là, comme il l'avait laissé la veille au soir.

Il s'approcha, tourna minutieusement la molette comme il se devait, puis tira la lourde porte blindée vers lui.

Tout était là. Les bons au trésor, les liasses, le revolver. Et cette large clef rugueuse attaquée par rouille.

Combien le maître avait-il promis à Marie-Madeleine ? Il n'en avait pas la moindre idée. En se basant sur sa propre solde, au prorata du nombre de jours qu'elle avait travaillé ici... La facture se montait sans doute à 3 ou 4 francs. Mais les plus petits billets entreposés ici en valaient chacun vingt...
Et combien devait toucher Nils, déjà ?

[Armand]

Prendre la clef maintenant n'était pas forcément l'idée la plus sage; il en avait parlé à marquand et il s'était déjà fait remarqué. Il extirpa un billet de vinght du coffre et entreprit de noter sur une feuille blanche ce retrait repensant avec un sourire à toutes les fois où il avait "pioché" dans le coffre. L' enveloppe pour nils contenait t-elle encore les quarante francs ? Pour l'heure il avait surtout dans l'idée de mettre la main sur les documents auxquels faisait référence gaston chambernaud, ils e souvenait notamment de papier avec des inscriptions étranges. Où est-ce que le maître stockais l'administratif déjà ?

[Smidge]

Émile regarda brièvement en direction de la corbeille à papier cylindrique à côté du bureau, se souvenant y avoir jeté l'enveloppe pour la troupe de théâtre. Après tout, il méritait bien plus ces 40 francs qu'eux. En particulier pour avoir exécuté cette monstrueuse et insultante parodie !

Tandis qu'il tirait une feuille vierge du tiroir et saisissait une plume, il inspecta de nouveau les documents disposés sur le bureau. Trouver ces documents sur la mairie lui demanderaient sans doute un certain temps, mais il se souvenait en revanche assez bien de ces parchemins aux signes étranges, sous la pile entreposée devant lui.

Il n'avait pas achevé sa petite note au sujet de son "emprunt" que la porte du bureau s'ouvrit brusquement.

"C'est encore moi", lança la voix passablement agressive de l'inspectrice.

Elle ferma un instant les yeux, lissa la courbe de son index, et s'éclaircit la gorge.

"J'imagine que c'est de ma faute, soupira-t-elle, j'aurais du vous préciser aussi ceci tout à l'heure : vous n'êtes pas du tout habilité à mettre votre nez là où ça vous chante. Qu'est-ce que vous faîtes ici ?"

Et en guise de réponse, une vive sonnerie rocailleuse retentit de l'étage inférieur.

On sonnait à la porte Sud.

[Armand]

Un mélange de peur et d'agacement monta à la gorge d'emile.

"Très cher "lieutenante", je fais ce pour quoi je suis payé, à savoir entre autre régler les problèmes d'intendance. Après si vous voulez me suivre dans le moindre de mes déplacements c'est avec plaisir que je profiterais de votre aimable compagnie. Pour l'heure je dois aller ouvrir et j'ai sorti de l'argent du coffre. Désirez vous procédez à sa surveillance ?"

[Smidge]

Elle le dévisagea d'un sourire crispé.

"Je crois que personne ne vous en voudra de laisser de côté les problèmes d'intendance un jour ou deux, vous ne croyez pas... ?"

Le ton employé n'avait rien de celui d'une question.

"Je préfère vous suivre, conclut-elle, répondant ostensiblement à sa question. Je vous en prie, passez devant."

[Armand]

Emile laissa choir ce qu'il tenait en main sur le bureau.

"Je vois... Bien qu'il en soit ainsi."

Il se dirigea vers l'entrée sans même adresser un regard à l'inspectrice.

[Smidge]

Émile passa dans la chambre, puis descendit au rez-de-chaussée par le vestibule, talonné par l'inspectrice. Une nouvelle sonnerie retentit, légèrement plus longue que la précédente.

Le majordome traça, tout droit, traversant successivement le grand hall, le salon, la salle à manger, et enfin le hall de l'aile Sud.

Au dehors, sur le sentier, on devinait plusieurs véhicule de police. Le majordome déverrouilla la porte, et ouvrit.

"Oui ?, lança-t-il le plus solennellement possible. Que puis-je pour vous, messieurs ?"
"Police, Bonjour, répondit le jeune policier en présentant son insigne. Serait-il possible de parler à Mme Lemaçon, s'il vous plait ?"

[Armand]

Oui il se souvenait maintenant, des gens de la police devait passer lui remettre certaines informations. Bien il était curieux de voir comment elle allait se comporter. Il se retourna s'adressant à la lieutenante.

"Madame lemaçon ? Il y a un agent de police qui désire vous parler. Permettez vous que je le fasse rentrer ?"

[Smidge]

La lieutenante acquiesça d'un hochement de tête.

Derrière le policier, un autre jeune homme en uniforme, ainsi qu'un homme plus âgé arborant une courte barbe grisonnante, attendaient son signal.

Émile leur fit signe d'entrer, ce qu'ils firent sans un mot ni autre forme de salutation.

"Salut patron, lança le premier en direction de la policière. Tout se passe bien ?"

Il s'approcha ensuite un peu plus près, esquissant un regard en coin en direction d’Émile. Il tira quelque chose de sa poche intérieure, et lui murmura quelques mots.

L'homme à la barbe blanche et l'autre policier la rejoignirent à leur tour.

"Docteur Michel, la salua le quinquagénaire en lui tendant une large main. Où est le corps ?"
"Monsieur Martineau va vous y conduire", répondit-elle en insistant lourdement sur son nom, et appuyant de la même façon son regard.

[Armand]

Pourquoi le regardait-il avec ce regard en coin celui là ? Il n'aimait pas sa tête ou quoi ?

"Venez docteur, c'est juste par là."

[Smidge]

Émile accompagna le médecin et son acolyte dans la salle à manger, puis les guida jusque dans l'arrière-cuisine. Yvette était déjà occupée à préparer le repas.

"Ah, j'espère que vous allez me débarrasser de... enfin, du corps, lança-t-elle, passablement exaspérée. J'ai besoin d'accéder à la réserve, si je veux pouvoir faire à manger pour tout le monde !"

Le médecin passa la porte de l'arrière-cuisine, et déballa une trousse dont il extirpa quelques outils. Peu après, l'autre policier qui était resté en retrait avec l'inspectrice les rejoignit.

"Je vous remercie, lança-t-il à Émile sans lui accorder un regard. Nous nous occupons du reste."

Au moins, son travail était fait.

Que pouvait-il faire de plus, à présent ? Il était toujours possible de repartir à la chasse au trésor... ou au coupable.

[Armand]

Emile se reprocha d'yvette et lui demanda :

"Vous pensez que le stock de vivre va tenir le coup avec tout ce monde ? Ou vous aurez besoin d'être réapprovisionné ?"

Si il y avait une occasion de rabattre le caquet de la lieutenante il aurait été dommage de ne pas en profiter.

[Smidge]

La cuisinière fronça un instant les sourcils, passant mentalement en revue les réserves de la petite pièce adjacente.

"Cela devrait aller, il reste pas mal de viande séchée, ainsi que des féculents. Je risque en revanche d'être à court de fruits et de légumes..."

Elle posa ses couteaux et réfléchit un instant.

"Pourriez-vous aller faire quelques courses au marché, Émile ?, lui demanda-t-elle poliment. Enfin, ou envoyez Fernand si vous êtes occupé."

Yvette tira un crayon et un calepin de la poche de son tablier, sur lequel elle griffonna quelques mots.

"Tenez, je vous ai fait une liste, ajouta-t-elle en arrachant la page d'un coup sec. Et si vous croisez Marjorie ou Marie-Madeleine, dites leur que j'aurai besoin d'aide à la cuisine dès qu'elles en auront fini avec le ménage."

Émile jeta un rapide coup d'oeil à la liste. Etant donnée la quantité, il ne pourrait se contenter de la bicyclette.

Et il lui faudrait aussi prendre un peu d'argent.

[Armand]

Il ne lui restai plus qu'à monter dans sa chambre, il asticoterait l'inspectrice un peu plus tard. Marjorie avait encore disparu ? Décidément...

[Smidge]

Émile traversa la salle à manger. Pas de trace de Marjorie dans cette pièce là. Cependant, le sol fraichement rutilant laissait deviner qu'on avait passé la serpillière ici il y a peu.

Enfin, il rejoignit sa chambre dans le petit couloir en face, et en referma la porte. Son coffre personnel contenait bien assez pour les quelques courses laissées par Yvette.

La principale question restait de savoir s'il allait ou non s'éclipser du château, et le cas échéant, de quelle façon...


[HRP : si besoin, les voitures du maître se trouvent dans le hangar dans la cours, accessible de l'intérieur par le hall central, ou de n'importe où par le parc. Les clés sont usuellement dans le hangar lui-même.]