[Commerce] La Taverne de la Bienveillance

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Elle remercia chaleureusement le patron pour son thé et réfléchit au reste. Si depuis "sa mauvaise chute", la fatigue se faisait pressente et lui interdisait des marches trop longues et des efforts trop prolongés, elle lui permettait de glisser facilement dans le sommeil pour ne la relâcher qu'à une heure raisonnable de la matinée. Aussi préféra-t-elle choisir dans ce sens.

"J'aimerais rester ici une petite semaine, le temps de découvrir votre ville. Pour ce qui est du bruit, j'ai le sommeil lourd ces derniers temps mais pas assez de bonnes jambes, je le crains."

Un sourire.

"Votre serveuse m'avait aussi confirmé la possibilité de bénéficier d'un bain."

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" Si vous le désirez, je peux vous le faire préparer immédiatement. Cela dit, je vous déconseille de vous immerger dans l'eau chaude juste après un copieux petit déjeuner : c'est mauvais pour la santé, dit-on, et certains ont tendance à s'endormir. Cela dit, j'envoie toujours quelqu'un jeter un oeil après un certain temps depuis que j'ai retrouvé... hum... je ne devrais pas vous raconter ça."
Il sourit.
" Mais je sais... Quand vous aurez fini de manger, montez donc vous installer. C'est la chambre 16. La clé est encore sur la porte. Ensuite, tirez le cordon pour faire préparer votre bain. Cela vous laissera le temps d'un peu digérer avant de vous laver."
Il prit une profonde inspiration.
" Mais je comprends qu'après un séjour en mer, vous ayez envie de vous délasser."

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le tavernier avait le verbiage facile et le sourire contagieux. Elle n'osa pas demander ce qu'il avait retrouvé dans la baignoire, même si elle avait peur de s'en douter un peu. Et il n'avait pas tort : elle risquait fort de s'endormir dans l'eau.

"Je crois que le bain pourra attendre un peu. Déjà, il me faudra arriver à bout de ce magnifique petit déjeuner."

Et elle le pensait sincèrement.


"J'aimerais vous demander, reprit-elle sur un ton plus sérieux, qui étaient les habitants de la maison carrée et la raison pour laquelle ils l'ont mise en vente. Je sais que ma question peut paraître incongrue ... Mais j'ai connu une personne qui a vécu ici il y a quelque temps."

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" Ah, vous avez connu l'un des Novembre ? Et bien... Phyllis, la mère, est morte il y a deux mois. Alors Gwenaëlle et Korridwen ont décidé de mettre la maison en vente. Trop petite pour leurs familles, elles n'y vivaient plus depuis longtemps, de toute façon. Elles ont pris leur père chez elles, c'était plus facile, c'est un très vieil homme... Les trois aînés ne sont plus venus à Luménis depuis des lustres, pour autant que je sache. Sans doute les jumelles leur donneront-elles ce qu'il leur revient si jamais ils repassent par ici... Mais au bout de tout ce temps, je doute qu'ils se déplacent. Je ne suis même pas certain qu'ils sachent que leur mère est morte. Avec la guerre, les messages entre ici et là-bas sont plus lents et leur transmission plus hasardeuse... Enfin. Voilà pourquoi la maison est en vente."

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

"Oui, j'ai bien connu Morgan ..."

Sa voix s'étrangla et elle ne put continuer. Elle inspira profondément, retrouva provisoirement contenance. Toujours cette intransigeante litanie sur le temps qui les emportait tous. Ils n'étaient que des ombres, dansant sur une lanterne magique voués à disparaître quand la lumière s'éteignait. Et à se succéder irrémédiablement, laissant le souvenir. Ainsi donc, Morgan était partie peu de temps avant sa mère. Elle songea avec effroi que sa famille ne savait peut-être pas qu'elle était morte. Elle même avait essayé d'écrire, mais s'était rendu compte qu'elle ne savait pas où ils résidaient exactement. Peut-être attendaient-ils encore de leurs nouvelles, alors que les rumeurs de la guerre avaient dû parvenir jusqu'à eux.

"Pourriez vous me dire où elles résident ? J'ai bien peur de devoir leur faire part de bien tristes nouvelles."

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

L'aubergiste l'avait laissée reprendre sa contenance sans intervenir. Il avait sans doute une longue expérience des troubles, des chagrins et des deuils, et avait appris à ne point s'y glisser.
" Elles habitent rue de l'espadon, c'est un peu plus loin dans le quartier... Je vous l'indiquerai sur carte quand vous serez reposée et rafraichie, si vous le voulez. Korridwen tient la chapellerie avec son mari, et Gwenaëlle la cordonnerie. A moins que ce ne soit l'inverse, j'avoue que je ne les reconnais pas toujours, et comme elles aiment jouer avec cette confusion... Ça n'a pas grande importance."
Il sourit doucement.
" Je vais vous laisser petit-déjeuner. Bienvenue à la Bienveillance. J'espère que les rues de Luménis pourront apaiser, quelque peu, ce qui saigne en vous."
Et sur ces paroles, il s'écarta.

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

De nouveau seule, elle resta quelques secondes interdite avant de se décider à manger. Les pains, autant qu'ils étaient étaient délicieux et les marmelades avaient comblé ses papilles. Mais elle les mangea distraitement, plongée dans ses pensées. Qu'allait-elle pouvoir dire à ces gens qu'elle ne connaissait pas, ces individus qu'elle ne connaissait que par procuration. Pour eux, elle était sûrement une parfaite inconnue, à moins que Morgan l'ait mentionnée dans ses lettres ce qui était fort possible. Et après ? Elle n'aimait pas du tout l'idée de jouer les oiseaux de malheur même si la démarche lui semblait plus que nécessaire. Ensuite, elle tenterait de découvrir la ville.

Elle songea quelques instants aux sœurs jumelles dont Morgan disait chaque fois qu'elle parlait d'elles "ne t'y fie surtout pas. Elles ont deux fois plus de cervelle - vu qu'elles sont deux - qui tournent en permanence , et elles les emploient à merveille quand il s'agit d'inventer de nouvelles bêtises. Pire que toi et ton frère ... Mais vous êtes peut-être des jumeaux trop sérieux." Mais Morgan avait oublié que surtout, on ne risquait pas de les confondre, ce dont ils auraient usé et abusé eux aussi. Enfants, ils avaient partagé les mêmes boucles blondes et le même épi. Ils en avaient joué jusqu'à ce que leur père, lassé de les confondre avait rasé les cheveux de Guiguemar. Envolée la ressemblance. Avec le temps, les cheveux de son frère avaient pris une teinte plus rousse alors que les siens s'étaient éclaircis. Seuls leurs yeux bleus et leurs traits communs attestaient de leur lien de parenté. Ils avaient cependant tiré profit d'être deux. L'un faisait diversion pendant que l'autre mettait au point une excellente bêtise. Pour cela, avoir un frère jumeau était très bien. Jusqu'à ce qu'ils grandissent. C'est désormais Théodora qui, à première vue pouvait passer pour une soeur jumelle. Si Morgan appelait leur association "le duo maléfique", elles étaient toujours restées tranquilles. Du moins, c'est l'apparence qu'elles donnaient.

Le temps avait passé et les jumelles avaient vieilli. Elle se sentit curieuse de les voir. La gémellité constituait un point commun. Elle espéra cependant ne pas les confondre. Et surtout, pouvoir trouver les mots justes pour les annoncer la mauvaise nouvelle.

Elle paya son repas et monta dans sa chambre. Elle posa son paquetage aux pieds d'une chaise et hésita. Elle se sentait foncièrement fatiguée et ne se sentait pas le courage de prendre un bain. Du moins pour le moment. Elle s'assit sur le lit, trouva le matelas traitreusement moelleux. Un vrai appel au sommeil. Elle s'allongea juste quelques secondes. A son réveil, la lumière avait changé. Plus éblouissante. On devait approcher de l'heure du déjeuner. Et elle avait de nouveau faim. Elle en eut presque honte. Si elle perdait ses journées à dormir, son séjour luménien allait être très court. Et elle avait la famille Novembre à avertir ... Mais avant tout, elle avait besoin d'un bain.

Elle se décrassa avec un réel plaisir après bon nombre de jours de toilette sommaire. Elle prit le temps de brosser ses cheveux et de tresser de nouveau son épi. Elle attacha le tout en un chignon évasif. Puis elle entrouvrit la fenêtre comme elle en avait l'habitude et redescendit dans la salle commune.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Comme Angèle avait pu le deviner au brouhaha qui s'était glissé au travers des lattes du plancher tandis qu'elle terminait de se laver, la salle de l'auberge était désormais comble. La bonne odeur d'un poisson braisé flottait dans l'air, mêlée à celle, plus ténue, d'une volaille rôtie au romarin, probablement. La serveuse qu'elle avait vue plus tôt dans la journée lui adressa un sourire fatigué lorsqu'elle entra et lui désigna, à tout hasard, une table dans un coin, entre un groupe d'aventuriers de professions diverses — elle reconnut un mage, un clerc en armure rutilante, un guerrier hirsute et probablement une barde aux traits elfiques —, une assemblée de gnomes voraces et un duo de prêtres en aube jaune vif. La jeune fille n'était plus seule, désormais : deux collègues l'avaient rejointes et circulaient entre les tables, tandis que l'aubergiste montait la garde derrière son comptoir. Il adressa un signe de tête à Angèle puis son regard retomba sur la salle.

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le poisson braisé dont elle avait senti le délicat fumet en descendant s'avéra délicieux. Elle le savoura avec une application certaine en se disant qu'à son retour à Graëlon, elle se serait remplumée quelque peu, ce qui ne lui ferait pas de mal. Après avoir payé son repas, elle alla demander des précisions au tavernier quant à la localisation des sœurs jumelles.

Elle n'avait plus faim et son corps repu appelait à la sieste mais elle décida qu'il valait mieux qu'elle tienne jusqu'au soir et passa les portes de la taverne. Perdue parmi la foule, elle demanda son chemin encore une fois avant d'arriver rue de l'Espadon. Elle se mit alors en quête de la chapellerie. Il fallait bien commencer quelque part.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses
(Reflets de guerre*)


Lorsqu'Angèle regagna la Bienveillance après son dîner à la chapellerie-coordonnerie Novembre-Folvent, la soirée battait encore son plein. La plupart des tables étaient occupées, tout comme les tabourets alignés au bar, et le patron n'avait pas menti, le niveau sonore devait être élevé dans la chambre 16 où l'attendait son lit. Un groupe de musiciens occupait la petite estrade, deux femmes chantaient, accompagnées par un luth, une vielle et un pipeau. Le morceau, enjoué, avait pourtant des paroles dures, de circonstances en ces temps troublés...

« Son grand père était sergent,
son père était lieutenant,
Martin n’a pas dix-sept ans,
Mais il s’en va en guerre,

Au nom de quelle folie,
Doit-il risquer sa jeune vie
Abandonner derrière lui,
La douleur de ses frères.

Guerre, guerre, loin des rangs,
Les bonnes gens nous plaignent,
Guerre, guerre, mauvais sang,
Qu’un seigneur nous saigne,
Guerre, guerre, aux innocents,
Les rois ont les mains pleines
Dans un lit d’argent
Dorment leur sourde oreille

Martin voit son ennemi,
C’est pas c’qu’on lui avait dit,
Des enfants et des familles,
Qui se cachent et se terrent,

Il n’avance plus d’un pas,
Ne pourra jamais faire ça,
Il refuse le combat,
Et sa hache il l’enterre,

Guerre, guerre, loin des rangs,
Les bonnes gens nous plaignent,
Guerre, guerre, mauvais sang,
Qu’un seigneur nous saigne,
Guerre, guerre, aux innocents,
Les rois ont les mains pleines
Dans un lit d’argent
Dorment leur sourde oreille

Comme il ne sait pas quoi faire,
Là sous les coups de tonnerre,
Il se plante dans la terre,
Et voit son corps s’enraciner

Au bout de ses doigts des bourgeons
Les fleurs de la paix fleuriront
Quelques branches sur son tronc
Les bras d’un olivier

Guerre, guerre, loin des rangs,
Les bonnes gens nous plaignent,
Guerre, guerre, mauvais sang,
Qu’un seigneur nous saigne,
Guerre, guerre, aux innocents,
Les rois ont les mains pleines
Dans un lit d’argent
Dorment leur sourde oreille

Autour de l’arbre aujourd’hui
Plus aucun signe de vie
On dit même qu’il y a des nuits
Où rôdent les fantômes

Les âmes égarées des soldats
Des soldats tombés au combat
L’arbre lui est toujours là
Comme la folie des hommes ! »**

Les musiciens prirent une pause tandis que les conversations reprenaient, tournant toutes autour de la même chose : cette foutue guerre, son foutu coup, ces foutus Mélandiens.
Si Angèle voulait s'asseoir, sans doute trouverait-elle un coin de table, cependant...

* série de posts d'ambiance luméniens renvoyant à la guerre
** chanson du groupe Urban Trad, seule la ligne 6 a été changée parce qu'elle parle de fusil, originellement... Qualité pourrie, c'est du live...

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

Angèle se rendit compte qu'elle n'allait manifestement pas dormir. D'une part, elle avait dormi avant de se rendre chez les Folvent-Novembre et n'aurait pas sommeil jusqu'à une heure avancée de la nuit. D'autre part, il régnait dans la salle un fameux brouhaha qui devait s'entendre assez fort même la porte fermée. Elle supposa aussi que les deux nains devaient tenir un concerto de ronflements enfiévré qui devait faire trembler la taverne jusqu'au rez-de-chaussée. Mais surtout l'image du petit garçon illuminé ainsi que ses paroles lui revenaient en boucle. Elle avait rarement assisté à un spectacle aussi singulier. Était-ce réellement sans danger ? Et que pensaient les autres, ces invités qui comme elles avaient été témoin de la scène ? Elle espéra que son don ne lui cause jamais d'ennuis.

Mais qu'avait-il dit ? Et dans quelle mesure, cela la concernait-il ? Il avait parlé d'un ange dans lequel la petite fille l'avait identifiée. Un prophète et beaucoup d'interprètes avait dit Korridwen - à moins que ce fut Gwenaëlle. La formule était difficilement compréhensible et elle ignorait ce qu'on attendait d'elle, si c'était bien d'elle dont on parlait. Délivrer un condamné, soigner ... Elle soupira. Mieux valait peut-être ne pas chercher à comprendre ou du moins à tête reposée. Après tout, il n'y avait pas de conséquences, non ?

Elle commanda un verre de vin et s'assit à une des rares places libres. Des musiciens terminaient de chanter. Et l'on parlait de guerre. On se battait peut-être encore tout près de Manost. Elle aurait dû prendre sa part, lutter pour sa cité, ses idéaux. Mais elle était tombée avant, avait lutté pour survivre. Et s'était retrouvé démobilisée, laissée à Graëlon ... Elle soupira. La guerre, même ici venait lui murmurer aux oreilles ...

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

En raison de la grande affluence dans la taverne, Angèle ne put pas vraiment profiter d'un semblant d'intimité. Quelqu'un vint lui emprunter la chaise vide qui lui faisait face, puis on poussa une table entre la sienne et celle d'à côté, et elle se retrouva bien vite engloutie dans la foule des convives. Si les Luméniens ne l'importunèrent pas, ils ne l'intégrèrent pas non plus à leurs conversations. Ses voisins de table étaient un groupe de quatre jeunes humains, dans la trentaine, qui, elle le comprit assez rapidement, étaient des hommes de loi... L'un était avocat, l'autre juge, le troisième semblait occuper une place de procureur, le dernier n'en révélait pas assez pour qu'elle puisse se faire une idée. Et manque de chance, ils décidèrent de discuter de Manost.
" Tu as une idée de ce qui se dessine, alors ?
— Logiquement, Tyr et Ilmater devraient prendre le dessus, je suppose...
— Je ne comprends pas pourquoi les gens n'en profitent pas pour séculariser leur mode de vie... Franchement... Les dieux se fichent bien de nos îles paumées. Ils pourraient faire quelques pas dans la bonne direction sans qu'aucune grande puissance ne s'en inquiète.
— C'est parce que tu penses que le progrès n'est possible que dans une cité où religion et pouvoir sont distincts.
— Je n'ai rien contre l'élection, démocratique, d'un religieux, entends-moi bien. J'ai même voté pour Megrall, en son temps. Mais fourrer le pouvoir entre leurs pattes pieuses, non merci. Les Manostiens avaient une belle opportunité et ils sont en train de la laisser filer.
— Tu ne sais rien de la structuration de leur société. L'opportunité n'est peut-être pas si évidente à saisir.
— Nous avions un dictateur et nous l'avons renversé dans le sang. Parfois, il faut se salir les mains, c'est tout.
— Ils ne connaissent pas la démocratie, pourquoi voudrais-tu qu'ils la recherchent ?
— Pourquoi pas. Ce n'est pas comme si aucun Manostien n'était jamais venu à Luménis.
— Notre réputation n'est pas forcément très enviée. La corruption est quand même avant tout un problème hélonnien.
— Mouais... En surface..."

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses ...

Elle n'avait pas pu s'empêcher d'écouter. Et se dit qu'elle avait trouvé un nouveau motif pour ne pas dormir. La situation de Manost ... La transition de la ville après la mort de son dieu tutélaire. On n'avait pas encore fait son deuil que l'on cherchait déjà à le remplacer. Pour ce qu'elle en savait, plusieurs étaient déjà en lisse mais Tyr partait bon dernier. Ce qui la fit le plus tiquer fut quand ils parlèrent de démocratie. L'un d'entre eux pensait qu'une cité avançait aisément sans l'aval d'un dieu. Elle était persuadée du contraire. Calmement, elle se tourna vers le trio et commença doucement.

"Excusez-moi messires, mais je n'ai pu m'empêcher de vous entendre discuter. Mais il me semble que ce qu'il se passe à Manost est une situation inédite et nullement transposable autre-part. De par sa situation géographique qui l'oppose directement à Melandis, elle a toujours eu besoin de l'aval d'un dieu fort qui lui a toujours assuré sa protection. Le Vigilant jusqu'à présent ne lui avait jamais fait défaut. Il me semble que Lumenis, de par sa position insulaire et n'étant menacée par aucun danger immédiat a pu se permettre de tolérer la pluralité d'autres cultes. Cela me semble impossible à Manost. La cité a besoin que chacun fonctionne dans le même sens. C'est ce qui a toujours constitué sa force. Pour ce qui est des divinités, le culte de Tyr est pour l'instant interdit de séjour en ville. Et c'est le clergé de Torm qui semble plus à même de pouvoir succéder à Helm ..."

Elle avait parlé sans agressivité aucune mais avec cependant une conviction certaine. Et son accent trahissait le fait qu'elle était manostienne.

[Galathée]

Les quatre hommes sourirent, ne s'offusquant en rien de son intervention.
Le procureur, un grand blond au visage allongé, acquiesça le premier.
" On ne peut pas nier que la position insulaire de Luménis soit un facteur à prendre en compte."
L'avocat secoua la tête. Il était brun, plus petit, plus nerveux.
" Mais c'est l'erreur des hommes, de croire qu'ils ont besoin d'un dieu fort pour s'en tirer. Des magiciens efficaces, entraînés, des guerriers de métier, il n'est nul besoin des clercs pour défendre une ville."
Le juge ne paraissait pas tout à fait d'accord. Un rien plus âgé que les autres, ses tempes noires grisonnant déjà, il croisa les bras.
" Je ne crois pas qu'on puisse dire qu'Helm était plus fort que Lathandre. Les derniers événements le prouvent déjà amplement. Simplement, les hommes qui servent Helm sont généralement plus rigides que ceux qui servent Lathandre.
— On en revient donc aux hommes."
Le dernier haussa les épaules.
" Mais la disparition d'un dieu cause l'écroulement du système et l'assaut des forces mélandiennes. Alors qu'un dieu tolérant, comme Lathandre, nous permet de louer Chauntéa, Mystra, Ilmater, Helm, même, sans sourciller. Le jour où Lathandre meurt, ce que je ne souhaite en rien, Luménis n'est pas déforcée.
— Mais est-ce que vous n'aviez pas signé des accords commerciaux avec Mélandis, en plus ?"
A cette mention, les quatre hommes frémirent de concert.

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

"Certes, Manost et Melandis avaient signé des accords commerciaux mais ils n'ont en fait servi qu'à corroborer des accords de paix sans quoi ils auraient été nuls et non avenus. En vue des événements récents, ils auraient pu passer pour un acte purement et simplement naïf de la part de notre cité. Mais sans la mort de Helm, les échanges auraient sûrement perduré. N'oublions pas que c'est le même type d'accord qui a permis à l'Aglarond faire tenir tranquille Thay. Là-bas, on peut dire que les enclaves commerciales sont une pure réussite. La situation entre Manost et Mélandis n'était pas si différente mis à part que la force de notre cité reposait sur un dieu ... Ce qui, au regard des événements récents fait d'elle un colosse aux pieds d'argile mais qui eut cependant une certaine puissance capable de couper court aux velléités expansionnistes de ses voisins. Et cela de nombreuses fois. La présence d'un seul dieu est historique, presque immuable ..."

Et comment la cité bénie se reconstruirait-elle sans Helm ? Torm deviendrait-il le seul dieu de la cité ? C'était difficile à croire.

"Au cours des époques, la cité a accueilli d'autres cultes et a même favorisé l'accession au pouvoir d'un tymoran. Il me semble qu'elle a fait part d'une certaine tolérance envers les autres cultes, mais à condition qu'ils n'occupent qu'une place mineure dans la vie de la cité. Ce qui a sûrement garanti l'unicité de la ville ..."

Elle hésita quelques secondes. Mais après tout, elle n'était pas helmite.

"Et l'a peut-être menée à sa perte."

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

" Le pragmatisme helmite... ou manostien... nous échappe, je le crains, fit le procureur. Que vous... votre gouvernement... ait pu décider de commercer avec une antre pervertie..."
Il eut un sourire contraint.
" Oui, cela nous échappe. Nous n'avons sans doute pas une unicité de culte, mais nous avons peut-être des valeurs moins... malléables.
— Mouais.
— Certes. Ils n'avaient pas une ambassade, quelque part ?
— Elle doit être fermée, depuis le temps."
Ils s'entreregardèrent avec des grimaces.
" Il est certain que la situation manostienne nous interpelle. Après tout, malgré nos dissensions, nous sommes alliés de temps à autres.
— Beaucoup de Luméniens ne comprennent pas bien ce que nos troupes font chez vous.
— Manost est notre alliée mais était aussi l'alliée de nos ennemis. Or, les amis de nos ennemis, ne sont-ils pas nos ennemis ?
— Juriste.
— Certes.
— Un dieu n'est pas la seule manière de fédérer un peuple.
— Mais c'est une manière efficace.
— Ecrasante.
— Certes."
L'aubergiste s'immobilisa un moment devant eux, surgissant comme un ours de la pénombre bruyante de son établissement.
" Dame, s'ils vous ennuient, je les vire, dit-il, amicalement.
— Tu n'oserais pas !
— Sacré Pintesec !
— On ne fait rien, nous, on discute !"

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

L'intervention imprévue de Pintesec la fit sursauter mais offrit néanmoins un répit bienvenu. Elle se sentait un peu seule face à trois débatteurs expérimentés. Qu'on lui donne du temps, deux alliés dont l'un d'entre eux aurait pu être aisément Guiguemar, et un semblant de fougue et elle aurait pu essayer de contrer les arguments. Ici, environnée de bruit et dans un environnement peu familier, au milieu de parfaits inconnus, elle n'avait plus vraiment le coeur à la joute.

Mais c'est avec un sourire qu'elle répondit au tavernier.

"Oui, nous discutions simplement."

Mais je crois que nous n'arriverons jamais à nous comprendre.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

L'intervention de Pintesec mit cependant fin au débat. Deux des juristes se mirent à bavarder d'un cas, tandis que les deux autres demeurèrent tournés vers Angèle. Ils se présentèrent, désolés de s'être lancés dans la conversation sans en avoir eu, d'abord, la politesse. Le procureur se nommait Arsène Mallory, tandis que l'avocat s'appelait Henry de l'Atalante. Ils étaient tous deux ravis de faire la connaissance d'une authentique Manostienne ayant bravé les flots en ces temps de guerre pour venir visiter Luménis.
" Si c'est votre première fois, vous devriez faire un tour par l'Assemblée, voir comment les débats s'y déroulent, reprit l'avocat. Cela vous donnera peut-être des idées pour quand vous rentrez chez vous... Si vous rentrez jamais chez vous. Vous pourriez être séduite par la douceur de vivre luménienne... Ses écarts, son indolence...
— Veux-tu la laisser tranquille, Henry ?! s'exclama son voisin. Non. Allez au Temple de Lathandre. C'est un bel édifice en plus d'être un haut lieu luménien.
— Ils adoooooorent les touristes.
— Bah, les religieux sont toujours contents d'avoir des visiteurs.
— Nous avons aussi un temple de Helm, qui est un peu morose, en ce moment... mais qui est toujours helmite, à ma connaissance. Ou alors ils sont en train de virer vers Torm ? Je ne savais pas qu'on pouvait changer de dieu comme ça, sur un coup de tête.
— Moi non plus. Je n'en sais rien. Ils ont toujours eu mauvaise réputation à cause du sale caractère de leur grand prêtre."

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

Angèle s'était présentée à son tour, avait écouté les conseils. Luménis offrait donc bien des perspectives et elle n'était pas au bout de ses découvertes. Elle discuta encore un peu avant de se rendre compte qu'elle commençait à tomber de sommeil. Elle n'avait pas vu le temps passer.

"Dans tous les cas, vous avez une ville magnifique et je comprends fort bien que l'on parle ainsi de ses mérites. Par contre, il se fait tard, ou peut-être tôt ..."

Elle se leva.

"Discuter avec vous fut fort instructif. Messieurs, je vous souhaite une bonne nuit."

Elle prit donc congé et remonta dans sa chambre en espérant trouver le sommeil.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Malgré la fraîcheur des draps et le moelleux du matelas, Angèle tarda quelque peu à s'endormir : outre le fait qu'elle était en terre étrangère, dans une chambre inconnue, le bruit qui venait de l'étage inférieur était passablement tonitruant. Pourtant les conversations qu'elle ne pouvait que deviner finirent par s'apaiser, remplacées par de nouveaux airs de musique, plus doux à cette heure tardive, et elle finit par sombrer dans le sommeil.

Au petit matin, c'est le chant de la pluie qui la tira de sa torpeur, tambourinant sur les vitres de son unique fenêtre, derrière les rideaux de lin tirés. Elle perçut le murmure des voix à l'étage inférieur, la bonne odeur de pain qui filtrait au travers des lattes du plancher, un rire de temps en temps, et le gazouillis d'un oiseau trempé qui avait trouvé refuge sur son appui de fenêtre. Il faisait jour depuis un petit moment, sans doute. Une charrette passa dans la rue, les sabots des chevaux martelant le pavé.

Premier matin à Luménis. Sans obligations, sans devoirs. Juste le temps.

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

Angèle réalisa alors que depuis une éternité, elle n'avait pas eu de temps. Le temps de voir passer le temps. De savourer longuement les minutes et de se donner la douce illusion de ralentir. Tout passait à un rythme trépident, si rapide que depuis longtemps, elle ne s'était pas donné le loisir de prendre un pause. Comme tout un chacun, elle était consciente de sa mortalité et que chaque instant la rapprochait un peu plus de sa fin. Et depuis quelque temps, elle avait appris que la vie était elle même relative et que tout pouvait basculer du jour au lendemain. Vivant un jour, dans la tombe le suivant. On ne retenait pas la vie dans le creux de sa main. L'éternité n'était pas le propre des hommes.

Elle regarda considéra d'un oeil amusé et passablement endormi sur le rebord de sa fenêtre. Puis elle essaya de se rendormir, s'enfouissant dans les ténèbres oublieuses de son édredon. En vain. Elle s'assit dans son lit et s'étira et bailla tout son saoul. Elle manqua se recoucher et tenter de dormir malgré tout mais finit par se dit de nouveau qu'une semaine passée à dormir lui serait peu profitable. Elle se passa de l'eau sur le visage et se nettoya histoire de se réveiller. Puis elle descendit à la salle commune.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

La salle de la taverne bruissait de son activité coutumière. Les clients déjeunaient en bavardant tranquillement, tandis que deux serveurs virevoltaient entre les tables. L’un d’entre eux indiqua une table libre à Angèle tandis qu’il prenait la commande d’une famille halfeline, et le second lui déposa un panier de petits pains chauds, quelques confitures, du miel et du beurre onctueux, avant de lui promettre qu’il reviendrait dans un instant pour s’informer de ses désirs plus précis. L’aubergiste était derrière son comptoir et il finit par repérer Angèle. Il s’approcha alors avec un sourire.
« J’espère que vous avez bien dormi, Dame, malgré le bruit... mais je vous avais prévenue ! Messires de l’Atalante et Mallory étaient très embarrassés de vous avoir fait fuir. Ce ne sont pas de mauvais hommes, mais ils sont… passionnés comme on peut l’être quand on gagne sa vie à déclamer la vérité devant la cour, je suppose. Enfin… On a apporté ceci pour vous ce matin. »
Il poussa un pli devant elle, scellé à la cire violette.
« Prévenez-moi si je peux vous être utile d’une manière ou d’une autre. »

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

Il n'était pas dans ses habitudes de mentir. Aussi ne prétendit-elle pas avoir passé une excellente nuit. Depuis un moment, elle avait pris l'habitude d'un sommeil haché et peu réparateur. Le fait que ce soit à Lumenis ou ailleurs n'avait pas changé la donne. Ce qui était ennuyeux était que la fatigue risquait de réclamer son dû. Et qu'elle ne choisirait pas forcément le moment.

"Ne vous en faites pas, répondit-elle, ce n'est pas dû à votre taverne. Pour ce qui est du bruit, vous m'aviez prévenue en effet. Et je n'ai aucunement fui la discussion d'hier soir. Du moins, je suis désolée si j'en ai donné l'impression. Je manque cruellement d'arguments lorsque je tombe de sommeil et n'aurai plus rien apporté à la discussion, de toute façon."

Elle avisa le pli avec une certaine surprise. Qui pouvait donc lui écrire ? Manost était à des lieux de distance et elle ne connaissait presque personne en ville. Le sceau ne lui disait absolument rien. Elle avait toujours eu du mal avec l'inconnu aussi demanda-t-elle au tavernier après l'avoir remercié.

"Pouvez-vous me dire qui vous l'a apporté ?"

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Le tavernier sourit.
" Des chambres devraient se libérer dans la journée, si vous voulez éviter le bruit... Je ne sais pas encore vous dire lesquelles, mais je peux vous en garder une du premier, mais qui se trouve au-dessus des réserves. Ce sera nettement plus tranquille..."
Il baissa ensuite les yeux sur le pli.
" Quant à ceci... C'est un novice du temple de Tymora qui l'a apporté. Un dénommé Rufus, si je ne m'abuse. Un chouette gamin. Mais ce n'est sûrement pas lui qui a écrit le message !"
Le sceau ne représentait rien, sinon un cercle, qui pouvait, effectivement, passer pour le disque tymoran. Son nom était calligraphié avec grand soin sur l'autre face, d'une écriture élégante qui aurait pu appartenir à un homme comme une femme.

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

Angèle approuva pour le changement de chambre. Si elle pouvait régler le problème du bruit, elle aurait une chance de plus de pouvoir s'endormir. Aussi remercia-t-elle de nouveau le tavernier.

Le renseignement sur le pli la laissa bien plus dubitative. Que pouvaient donc lui vouloir des Tymorans ? Le peu qu'elle savait d'eux était que leur culte commençait à se développer à Manost depuis l'accession du conseiller Lothringen au pouvoir et cela dans une moindre mesure. Contrairement à Tyr, ils se reconnaissaient du chaos plutôt que de l'ordre et s'en remettaient au hasard plutôt qu'aux règles établies. Tout comme son frère, elle s'en méfiait quelque peu. Mais elle était curieuse.

Aussi prit-elle le temps de commander un solide petit-déjeuner pour se donner du courage puis ouvrit la missive afin de savoir ce qu'on lui voulait.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

La missive était courte, le papier de qualité, et l'écriture était toujours aussi soignée.

Très chère Dame d’Aulfray,

Je me permets de vous écrire car les sœurs Novembre m’ont averti de votre présence en nos murs, à la terrible occasion du trépas de notre connaissance commune, Morgan. Je me nomme Brandon Devlin, j’imagine que vous ne saviez pas que j'existais avant hier, mais j’ai moi-même entendu parler de vous bien souvent. J’aurais aimé vous rencontrer, si cela ne vous est pas trop pénible. Nous pourrons ainsi évoquer la mémoire de Morgan, et je pourrai vous entretenir d’autres matières qui, je l’espère, susciteront votre intérêt. Vous pouvez me trouver au Temple de Tymora, non loin de la Taverne où vous résidez présentement. Sachez que je ne veux en rien m’immiscer dans votre chagrin et si vous estimiez peu opportun de me voir, je le comprendrais. Vous pouvez cependant beaucoup pour moi et si votre bonté est aussi généreuse que le vantait Morgan, j'aimerais en profiter à mon tour.
En vous souhaitant la bienvenue à Luménis,
Je vous prie d’accepter la bénédiction de Dame Chance et espère vous voir bientôt,

Brandon Devlin

[Althéa]

Quête : Le hasard fait bien les choses

La lecture de la missive la rendit dubitative. Que pouvait donc lui vouloir l'homme qui avait aimé Morgan ? Il parlait d'évoquer certains souvenirs. Mais aussi du fait qu'elle pouvait d'autres choses pour lui. Et c'est en cela qu'elle doutait. Mis à part sa fatigue, son accent manostien, l'amour qu'elle éprouvait toujours pour Morgan et sa bonne volonté, elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait apporter d'autre. Mais elle se souvenait des paroles d'Owen qui tout illuminé avait dit - elle pensait bien s'en souvenir - qu'elle (si c'était bien d'elle dont il parlait) pouvait aider. Elle ne pensait pas être un ange de générosité, seulement quelqu'un de perdu et d'usé et qui aspirait de plus en plus à la retraite. Mais le gamin avait dit qu'elle pouvait aider. Alors, si on lui demandait son aide ...

Elle termina son petit-déjeuner, consciente qu'elle allait avoir besoin de force pour affronter sa journée, régla sa note et demanda au tavernier où se trouvait le temple de Tymora. Puis, son information obtenue partit dans la direction indiquée, toujours un peu inquiète.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

Quittant les rues du quartier portuaire, guidée par sa pièce de monnaie, Angèle atteignit donc la Taverne, dans laquelle elle se glissa. Il était pratiquement midi désormais, et le fumet délicieux de petits plats du jour flottait dans l'air. Un doux brouhaha résonnait dans l'atmosphère, convives attablés ou installés au bar, et l'aubergiste salua la paladine d'un sourire un peu ironique.
" Mais qui voilà ! Je pensais qu'on vous avait recrutée quelque part !"

[Althéa]

Quête : le hasard fait bien les choses

Le délicieux fumé lui donna faim, la tenta. Mais elle l'ignora. Le coté face de la pièce avait parlé. Elle allait s'y tenir. Le tavernier n'allait pas forcément être content mais ...

"Non, je reste manostienne et tyrite ... tant pis pour moi, dit-elle avec un léger sourire, par contre on m'a proposé de m'héberger ... Je vais bien sûr vous indemniser pour le manque à gagner pour la chambre que j'ai laissée inoccupée. Et je pourrais également compenser en séjournant les deux dernières nuits de mon séjour. Je vous verserai un acompte."

Sa conscience criait au scandale. Mais la pièce était tombée sur le coté face.

[Galathée]

Quête : Le hasard fait bien les choses.

L'aubergiste sourcilla.
" Dame, payez-moi ce que vous me devez et reprenez vos affaires. Je suis le patron de la Bienveillance depuis des lustres. J'en ai vu de toutes les couleurs et plus rien ne me surprend vraiment. Si vous désirez revenir chez nous avant le départ de votre bateau, vous êtes la bienvenue. Il me restera toujours une petite place, ou je vous enverrai chez un collègue, avec la garantie d'une bonne table et d'un bon lit. Mais ne commencez pas à imaginer que vous me devez quoi que ce soit. Luménis est une ville d'opportunités. On les saisit, on change de plans, on s'adapte. C'est le fond de la philosophie lathandrite : demain est un autre jour. Prometteur. Incertain. Neuf, quoi qu'il en soit. Et vous avez eu maille à partir avec les Tymorans, vous savez donc que non seulement, demain est un autre jour, mais en plus, la chance vous y sourira sans doute. Vous êtes libre... et invitée à saisir les nouvelles voies qui s'ouvrent à vous. Le contraire serait une insulte à l'âme même de la ville que vous arpentez."