[Quête] Dans les contreforts des Pics des Orcs

[Galathée]

" Ah, je suis cruel de te culpabiliser de la sorte alors qu'en réalité, je ne suis pas tant à plaindre... J'ai vécu pire et je vivrai pire encore. Si l'existence n'était pas faite d'expériences disparates, il n'y aurait nulle matière à la chanter ! Je suis certain que les mois à venir vont m'inspirer des compositions diverses... Complaintes solitaires et pamphlets grinçants. Je n'ai jamais vécu à la cour d'un seigneur, je ne suis pas barde, tu le sais... Même si je grincerai des dents et que Goran m'inspirera jurons et malédictions, je suis certain que tout cela sera riche... J'en sortirai autre et grandi, fort de nouvelles découvertes. Je suis mauvais homme de te peindre un tableau catastrophique..."
Il sourit et la dévisagea dans la pénombre de leur bougie mourante.
" Ton aventure, je l'ai vécue, déjà, Astrée. Mais j'ai promis et une promesse, c'est une promesse. Les mots nous contraignent. A rompre ses voeux, on se métamorphose."

[Voyageuse]

Astrée sourit, un brin admirative. Il émanait constamment du clerc une force de caractère, un mélange de fatalisme et d'optimisme qui la stupéfiait. Peut-être était-ce sa foi qui lui donnait une telle confiance en la vie et en ses aléas ? Ou peut-être, parfois, n'était-ce qu'un moyen de s'armer pour affronter les choses, en s'efforçant de toujours voir le côté positif de chaque situation ? Elle aurait voulu partager cette confiance, savoir ne pas se soucier du lendemain et de ce qui l'attendait. Ce n'était pas vraiment sa nature... même si, tout de même, elle avait nettement progressé dans ce domaine. Un peu grâce à lui finalement.
"Je sais que tu tiens tes promesses, Reynald, toujours", répliqua-t-elle avec douceur en passant une main dans ses cheveux.
Et elle avait promis, elle, de ne pas tenter de les lui faire rompre. Promesse absurde : elle était certaine que, contrairement à ce que pensaient Tybert et Maedron, il aurait tenu ses serments. Bon, enfin... presque certaine...
"La preuve, tu avais promis de rester en contact et même de me rendre visite si tu pouvais, et tu l'as fait, ajouta-t-elle d'un ton plus léger. Je n'en reviens toujours pas ! Enfin, pas que tu aies tenu parole, mais que tu aies eu assez de liberté pour venir !"
Elle le regarda en souriant, cherchant à fixer dans sa mémoire son visage, son regard, ses cheveux roux, ses douces mains de musicien, son corps... Elle pourrait l'évoquer à loisirs, lorsque la solitude lui pèserait trop. Faussement songeuse, elle remarqua :
"Florence a dit que tu étais un courant d'air... Ça te correspond pas mal, mais il manque la flamme de ton regard et de tes cheveux... Non, ne t'en fais pas, je t'assure qu'on n'a pas passé notre temps à parler de toi !", conclut-elle en l'embrassant à nouveau, le regard mutin.

[Galathée]

" J'étais certain que vous ne pourriez pas vous en empêcher ! Les femmes, quand même ! Moi, je n'ai relevé aucune des allusions graveleuses de Goran ! Aucune ! s'exclama-t-il, faussement scandalisé, avant de la serrer contre lui. Mais je devrais être flatté... Je suis tellement irrésistible que je suis au coeur de toutes les conversations !"
Il l'embrassa sur les lèvres, les mains plongées dans son abondante chevelure. Son ton se fit ensuite plus grave.
" Je ne pourrai plus venir te retrouver, ma mie... Mais mon imagination galopera pendant que tu escalades les montagnes, et lorsque tu reviendras, je te réquisitionnerai pour une veille entière..."
Il pinça les lèvres et un léger sourire bourgeonna sur ses traits.
" J'espère juste que tu ne succomberas pas au charme des séduisants gardiens de l'arbre..."

[Voyageuse]

Astrée rit de bon coeur.
"Ils ne peuvent pas être aussi séduisants que toi, tu n'as rien à craindre !" protesta-t-elle avec force.
Elle préférait ne pas tenter d'imaginer qui étaient ces gardiens, certaine que de toute façon elle ne s'approcherait pas de la réalité.
Elle avait grimacé intérieurement en songeant à Goran. Et dire qu'elle lui avait promis une soirée... Il savait certainement que Tybert était resté seul à Bortheias pendant que Reynald l'accompagnait, il ne fallait pas être devin pour deviner pourquoi. Et il ne se priverait certainement pas d'y faire allusion. Oh, misère, ce qu'elle plaignait Reynald de devoir le supporter.

Mais il était bien plus agréable de se consacrer à la partie la plus prometteuse des paroles du clerc. Mutine, les yeux pétillants gaiement, elle l'embrassa avec tendresse avant de souffler :
"Et donc... Une veille entière, tu dis ? Méfies-toi, j'ai une très bonne mémoire, donc ne t'avise pas de vouloir y échapper ! Il faudra bien ça pour compenser toutes ces soirées solitaires..."
Certes, à son retour, il serait sans doute encore prisonnier de Goran. Bah, ils trouveraient un moyen, tôt ou tard... Elle ne voulait absolument pas songer à ce genre d'obstacle. Elle préféra l'embrasser fougueusement.

[Galathée]

Il lui rendit son baiser et elle perçut distinctement le retour du feu dans son ventre. Ils ne dormiraient pas encore tout de suite, c'était certain...
" Avise-toi surtout d'être pleine d'énergie quand tu me reviens, murmura-t-il en se détachant un instant d'elle. Même si ta mission t'obligera certainement à regagner Luménis au plus vite... Hum. Je devrais te faire signer un pacte avec ton sang, ou quelque chose comme ça... Peut-être trop mélodramatique... Je vais plutôt t'embrasser ici... et puis là... et là aussi, encore... Mmm... Un pacte de baisers. C'est tout aussi bien."

[Voyageuse]

- Je veux bien signer tous les pactes que tu veux... et avec tout ce que tu veux... souffla Astrée entre deux baisers. Pourvu que je t'aie encore un peu à moi... Mmm, c'est trop bon de t'aimer...
C'était si doux de se laisser aller à l'assouvissement de leurs désirs, sans songer au lendemain. Profiter juste du bonheur de leurs corps se redécouvrant, encore une fois, du plaisir toujours renouvelé de le sentir se fondre en elle. L'embrasser, encore, laissant ses lèvres glisser sur les moindres parcelles de son corps, et savourer les sensation qu'il faisait naître en elle. Elle sentit le tourbillon des sens l'emporter, lui faisant perdre le contrôle de ses pensées, de son corps. C'était si bon de s'aimer.

Une éternité plus tard, elle reposait au creux de ses bras. Sa position préférée. Elle écoutait son souffle, les battements de son coeur, à l'unisson des siens. Elle se dit, un instant, qu'elle était certainement la femme la plus heureuse au monde...

[Galathée]

Reynald glissait doucement vers le sommeil, elle le devinait à l'ampleur de sa respiration qui se faisait plus profonde. Il luttait, cependant, sa main continuait à la caresser doucement, mais ses gestes étaient plus lents, s'interrompaient parfois de longues secondes avant qu'il ne sursaute légèrement et se remette à bouger. Il poussa un premier soupir, un second, posa les lèvres dans ses cheveux, maugréa quelque chose d'indistinct, puis elle sut qu'il s'était endormi.
La pluie avait recommencé à tomber sur le toit de la petite maison, crépitant sur les tuiles juste au-dessus d'eux, étouffant tout autre bruit. Les nuages avaient mangé la lune, la bougie s'était éteinte depuis longtemps, il faisait un noir d'encre, un noir chaud et confortable, cependant, comme un cocon d'intimité autour de leur étreinte.

[Voyageuse]

Astrée gardait les yeux ouverts dans l'obscurité, un sourire aux lèvres, savourant simplement la quiétude de cette nuit dans ses bras. Elle se sentait alanguie, mais elle n'avait pas vraiment sommeil. Ou peut-être qu'elle luttait pour ne pas s'endormir, pour ne pas gaspiller une seule minute de bonheur. C'était un peu puéril, sans doute, et elle avait vraiment besoin de prendre des forces pour son expédition... Bah, elle irait à son rythme, ferait une sieste si nécessaire. C'était si rare de pouvoir le contempler en train de dormir. Même s'il faisait trop noir pour qu'elle puisse le voir... Elle l'entendait, cela suffisait.
Elle caressa doucement son front, effleurant une mèche de cheveux, prenant garde à ne pas le réveiller. D'ordinaire, c'était lui qui la berçait et l'endormait, parfois en lui chantant cette petite chanson en langue sylvestre qu'elle aimait tant. Elle l'avait rarement vu dormir, en y réfléchissant. Et pourtant, c'était touchant de le sentir ainsi tout contre elle, s'abandonnant au sommeil. Non, elle n'avait vraiment pas envie de dormir...
Mais son corps devait avoir vraiment besoin de repos puisqu'elle se sentit peu à peu, à son tour, glisser vers une douce torpeur. Elle perdit la notion du temps qui s'écoulait, se réveillant parfois en sursaut pour vérifier qu'il était toujours là, qu'il n'était pas parti sans la saluer. Ce qu'il ne ferait certainement pas... Elle dut finir, quelque part au milieu de la nuit, par s'endormir, toujours blottie contre lui, le coeur heureux.

[Galathée]

Reynald ne l'endormit pas d'une chanson, certes, mais il l'éveilla doucement, alors que le ciel était encore gris sombre.
" Belle chasseresse, le soleil va se lever,
Enchanteresse, je vais devoir te quitter,
Car quand la lune rejoint l'oubli,
Ce sortilège qui m'emprisonne,
Métamorphose de la nuit,
Je redeviens une personne,
Que tu ne voudrais voir,
Que tu ne voudrais aimer,
Je dois rester dans le noir,
Je dois m'enfuir, mon aimée..."
Il lui sourit en croisant son regard encore trouble.
" Ne t'inquiète pas, ce n'est qu'une chanson. Je ne vais pas me transformer en hobgobelin, ou je ne sais quoi... Mais je dois y aller."

[Voyageuse]

Un instant, Astrée avait cru rêver en entendant sa voix, avant que le souvenir de sa visite presque inespérée ne remonte à la surface de son esprit embrumé. Elle ne chercha pas à comprendre le sens des paroles de la chanson, se contentant de se laisser bercer par la mélodie, ouvrant lentement les yeux pour le découvrir penché sur elle. Toujours aussi beau...
Ses derniers mots lui arrachèrent un soupir.
"Je sais...", fit-elle tristement.
Si seulement sa visite n'était pas si courte. Si seulement il pouvait revenir tout les soirs. Si seulement... Non, elle n'avait pas le droit de se laisser aller à ce genre de regrets mélancoliques. Ils venaient de passer une nuit merveilleuse, ils en auraient d'autres, dans trop longtemps, certes... mais ils se reverraient ! Avec des tonnes de choses à se raconter, en prime. Et c'était tout ce qui comptait. Elle songea à cette corde de luth roulée au fond de sa poche, qui allait lui servir de talisman contre la tristesse des nuits solitaires. Cela ne remplaçait pas une présence...
"Et je sais aussi que tu as des dizaines de chansons à composer... mais n'hésite pas à venir me parler, de temps à autre, les soirs de solitude. Et surtout, ne me laisse pas arriver en retard à l'équinoxe, ce serait trop bête..."
Elle avait le temps, largement sans doute, de remplir sa mission et d'être de retour... mais on ne savait jamais quel contretemps le destin pouvait mettre sur sa route. Il serait trop bête qu'elle se trouve à quelques jours de sa destination au moment fatidique alors qu'il pouvait, par une simple mélodie, la ramener à temps.
"Tu vas me manquer", ajouta-t-elle en s'efforçant de lui sourire malgré le serrement mélancolique de son coeur.

[Galathée]

" Non, non, non, fit-il à mi-voix, en lui caressant la joue. Nous nous sommes dit adieu avant-hier... Chaque moment passé ensemble est un fragment de rêve, désormais, un instant merveilleux que nous volons au destin... On ne se dit pas adieu dans les rêves. On ferme les yeux... On les ouvre. Et la vie reprend son cours. Mais quand on les referme... les dieux seuls savent ce qui peut se produire..."
Il lui frôla les lèvres du bout de la langue, pesa une seconde contre elle, s'arracha à un désir qui renaissait, insidieux.
" L'aube va poindre, je dois réintégrer ma prison dorée. Je ne peux promettre que je te contacterai chaque jour, mais j'essaierai. Et si tu te retrouves en détresse, Astrée, dis-le moi quand nous échangeons notre poignée de mots... Je serai loin, mais jamais vraiment. Je ferai de mon mieux pour t'aider."

[Voyageuse]

"Je sais, répondit-elle en souriant, sans résister à l'envie de lui voler un baiser matinal. Je ne peux que remercier le destin qui m'offre de si beaux cadeaux..."
C'était rassurant, aussi, de savoir qu'il serait là si elle était en danger... Même si elle n'avait aucun moyen de le contacter elle-même, c'était tout de même mieux que rien.
Elle sentait son désir, et le sien s'éveillait, doucement. Mais ils n'avaient pas le temps... Vraiment pas ? Juste quelques minutes... Elle repoussa fermement cette pensée, certaine qu'il la partageait et qu'il n'avait certes pas besoin de tentation supplémentaire. Il fallait qu'il rentre, il l'avait dit.
Mais tout de même, elle l'embrassa une dernière fois avec fougue.
"C'était merveilleux de te revoir... Vivement que je revienne à Bortheias ! En attendant, je t'enverrai chaque jour des pensées positives, un peu de liberté et d'air frais des montagnes, c'est promis..."
Elle déposa un nouveau baiser sur ses lèvres, tendre et léger.
"Je t'aime..."

[Galathée]

" Oh, moi aussi, je t'aime..." souffla le clerc. Prends soin de toi."
Il se redressa et Astrée constata qu'il était déjà habillé de pied en cap : il avait repoussé les adieux à la dernière seconde possible. Il lui effleura une dernière fois le visage, posa un baiser sur son front, puis s'écarta du lit et lui sourit.
" Oh, tant que j'y pense... Salue Byron de ma part !"
Il la gratifia d'un clin d'oeil et se mit à incanter à mi-voix, sans lui laisser le temps de réagir. La rôdeuse reconnut les inflexions de sa chanson voyageuse, regarda les spirales colorées du sortilège naître dans ses mains puis tourbillonner autour de son corps, en flux lumineux, de plus en plus denses, jusqu'à ce que son image se brouille pour laisser place au rien...
Il était parti.
A l'étage inférieur, les bruits de la vie résonnaient déjà, signe qu'un nouveau jour venait de débuter...

[Voyageuse]

Elle garda les yeux fixés sur l'endroit où il s'était tenu quelques secondes plus tôt. Byron... Qui était Byron ? Encore quelque chose qu'elle ne saurait sans doute que lorsqu'elle aurait trouvé le fameux arbre. Elle soupira, cligna les yeux comme pour chasser l'image qui restait fixée sur sa rétine. Et sentit un intense sentiment de solitude lui nouer brièvement l'estomac. Son absence lui pesait, déjà.

Mais très vite, elle se secoua mentalement. Ils n'avaient pas d'autre choix, ni l'un ni l'autre, elle le savait. Et puis, ce n'était qu'un au-revoir. Ils se verraient bientôt, même si cela lui semblait une éternité. Il s'arrangerait pour lui parler de temps en temps. Souvent, même. Et ils venaient de vivre une soirée, une nuit magique, inespérée. Enfin, il projetait de passer toute une veille avec elle... Soit autant que ce qu'ils venaient de vivre ! Ce serait formidable, fantastique, merveilleux.
Elle réprima de son mieux la petite voix qui lui soufflait qu'après viendrait la solitude. "Après" viendrait bien assez tôt, il n'était pas temps de s'en préoccuper encore. Il lui fallait apprendre à profiter de ce que la vie lui offrait, jour après jour, sans chercher sans cesse à se projeter vers l'avenir. Même si ce n'était pas vraiment dans sa nature de vivre au jour le jour. Elle avait envie de se projeter sur le long terme, de croire en un amour durable. Reynald n'y croyait pas. Mais après tout, y croyait-elle elle-même ? Un amour durable, c'était ce que lui avait offert Kasumi... Si vraiment c'était ce qu'elle voulait, pourquoi s'était-elle laissée griser par le sentiment de liberté retrouvée, au point que son coeur s'emballe si vite pour Reynald ? Certainement parce qu'au fond, ce n'était pas ce qu'elle cherchait. Ou qu'elle en avait peur, peut-être.
Elle soupira. Quels que soient les événements des prochaines veilles, il lui faudrait de toute façon redescendre vers Luménis, affronter Kasumi, essayer de comprendre et de lui expliquer pourquoi elle avait d'un coup fait bifurquer sa vie. Et ensuite... affronter la solitude, sans doute. Ou peut-être y aurait-il d'autres veilles partagées, avec Reynald, de temps à autre ? Ce serait si bon de le retrouver... Une petite voix tenta bien de s'offusquer, disant que cela ne pouvait guère lui apporter le bonheur, mais elle refusa de l'écouter. Ses sentiments étaient trop forts pour écouter quoi que ce soit qui s'apparente à la voix de la raison.
Décidément, il fallait vraiment qu'elle cesse de s'inquiéter autant de l'avenir. Qu'elle vive pleinement le présent. Et le présent... c'était cet amour fort et déraisonnable mais si beau, c'était aussi cette mission qu'elle devait remplir avant de le revoir, ces montagnes à explorer. Le présent, au fond, était merveilleusement beau. Magique. Et l'avenir viendrait en son temps.

C'est donc finalement le coeur presque léger qu'elle se débarbouilla avec l'eau fraîche du broc, puis s'habilla. Heureuse d'être là, heureuse de la surprise que lui avait faite Reynald hier soir, heureuse de la nuit qu'ils venaient de partager, heureuse de savoir qu'elle le reverrait bientôt... dans une éternité, oui, mais pas si longue tout de même ! Qu'il était bon d'être amoureuse...
Bon, d'accord, , il subsistait encore une vague inquiétude au fond d'elle au sujet de l'"après". Mais elle avait d'autres soucis bien plus urgents et importants dont elle devait se préoccuper. Un arbre introuvable à trouver, pour soigner le mal incurable d'un enfant, tout ça avant l'équinoxe... Et le plus incroyable c'est qu'elle se sentait de taille à le faire ! A croire que l'optimisme inébranlable de Reynald était contagieux ! Ou qu'elle voulait se montrer à la hauteur de ce que lui avait fait et de la confiance qu'il avait en ses capacités. Bon, elle ignorait juste... comment le faire.
Elle rangea rapidement ses affaires, que du reste elle avait à peine déballées, et descendit déjeuner avec un large sourire aux lèvres. Presque trop radieux. Le sentiment amoureux qui l'habitait lui donnait des ailes... du moins tant qu'elle refoulait toute inquiétude sur l'avenir.

hrp : désolée pour la longueur ... trop d'inspiration après 2h de voiture...

[Galathée]

Florence et Geoffroy l'accueillirent avec un petit sourire mutin qui la renseigna immédiatement sur le caractère secret de ses ébats nocturnes. Ils ne firent cependant aucun commentaire, et après le petit déjeuner copieux, Florence l'aida à sélectionner et empaqueter des denrées pour le voyage tandis que Geoffroy se proposait de vérifier l'état de son harnachement. Ensuite, ils la saluèrent, lui recommandèrent de repasser par chez eux lorsqu'elle descendrait de la montagne, et lui souhaitèrent un excellent périple. Le ciel était dégagé mais le vent vif, signe que la pluie surviendrait sans nul doute dans la journée. Prince salua le nouveau jour d'un hennissement bref, nullement gêné par le poids de ses fontes. Tant qu'il restait cheval, les choses seraient probablement aisées. S'il devenait subitement écureuil, par contre, Astrée risquait de se retrouver dans de beaux draps...

[Voyageuse]

La rôdeuse était fort embarrassée que ses hôtes aient deviné la présence de Reynald. Heureusement qu'ils se contentaient de regards entendus, voire amusés, sans se vexer qu'il n'ait pas daigné venir les saluer la veille au soir, simple hôte clandestin... Le sorlyn n'aurait certainement ressenti aucune gêne, mais elle-même avait bien du mal à ne pas rougir.
Elle se concentra donc sur la préparation de ses bagages, empaquetant soigneusement ses provisions, et acheta même un peu de farine au moulin. Puis elle salua ses hôtes et se dirigea, d'un pas tranquille, vers la petite chapelle de Chauntéa. Observant à nouveau le sentier rouge qui serpentait vers les hauteurs, elle jugea que le début semblait praticable en selle, et se hissa sur le dos de Prince. Elle le caressa doucement, en profitant pour savourer le vent frais qui faisait voler ses cheveux, la chaleur du soleil printanier sur ses joues. Et d'un léger mouvement des genoux accompagnés d'une caresse, elle le mit en route, en le remerciant avec peut-être un peu trop d'effusion d'avoir accepté de la transporter avec ses bagages, promettant de descendre au moindre signe de fatigue ou de difficulté pour marcher près de lui. Espérant que quelques compliments l'encourageraient à ne pas la laisser tomber en cours de route...

Elle ne savait toujours pas où elle se rendait, ce qu'elle y trouverait, ce qu'elle y ferait. Ce dans quoi elle se lançait lui paraissait tellement improbable qu'elle finissait par le trouver presque irréel. Mais puisque Reynald, Tybert et Maedron avaient réussi, c'est que ça n'était pas totalement impossible. Il fallait qu'elle soit à la hauteur. Elle suivrait donc ce sentier... jusqu'à Montequine, pour commencer, ou peut-être un autre hameau dont elle avait oublié le nom... ah, oui, Lustac. Mais non, ce serait plutôt Montequine. Il fallait bien commencer quelque part...

[Galathée]

La journée se déroula entre éclaircies et averses, dans un décor de plus en plus boisé comme Astrée grimpait. Des essences diverses, chênes rouvres, petits érables et hêtres tortueux, couvraient les flancs de la montagne en un bois serré, parsemé de fougères et de digitales. Le chemin rouge avait bien résisté aux assauts de la végétation, cependant, et Astrée devina qu'il devait être entretenu, peut-être par des bergers, peut-être par des voyageurs. A la mi-journée, elle déboucha hors de la forêt pour regagner un espace dégagé de pâturages fleuris, couvrant les flancs des monts d'un tapis verdoyant, presque électrique. La pente demeurait raide en dépit de cet aspect engageant, et elle aperçut, au loin, un petit troupeau de chèvres sauvages qui s'éparpillèrent à son approche. Des oiseaux de proie de belle taille, sans doute des vautours, planaient dans les hauteurs. Une première bergerie apparut bientôt sur une crête, petite construction de pierres disparates, couvertes de mousse. Lorsque la rôdeuse l'atteignit, elle découvrit un panorama somptueux sur la vallée en contrebas, patchwork de champs, forêts, prairies, tacheté ça et là de constructions humaines. Le soleil ne se coucherait sans doute pas avant plusieurs heures, mais il n'était pas certain qu'elle trouve un autre abri avant la nuit.

[Voyageuse]

La montagne était merveilleusement belle, et la rôdeuse ne cherchait pas à presser l'allure. Pas seulement en vertu du dicton enjoignant à ménager sa monture... C'était avant tout parce qu'elle aimait profiter du paysage, s'arrêter un instant ici ou là pour observer un chamois ou le vol d'un rapace, boire à l'eau des torrents, s'emplir les poumons de l'air frais et revigorant. Même les quelques averses ne parvenaient pas à entamer sa belle humeur.
Le paysage qui s'étendait maintenant à ses pieds, juste en contrebas de la bergerie, était magnifique. Elle mit pied à terre, ravie de cette vision enchanteresse, et s'adossa un moment au mur de la bergerie, laissant Prince brouter à son aise tandis qu'elle grignotait un peu de pain et de miel. Ils avaient tous les deux mérités une bonne pause.
L'endroit était tellement beau qu'il était tentant d'y passer la nuit... Rien ne pressait puisqu'elle ne savait même pas où elle était sensée se rendre. Mais rien non plus ne l'obligeait à s'arrêter si tôt : elle n'avait pas de lessive à faire, et de quoi manger pour la soirée. Il lui faudrait peut-être chasser ou pêcher demain, sans doute. Mais pour aujourd'hui, elle pouvait poursuivre sereinement sa route. Trouver un abri était moins vital puisqu'elle avait la tente de Kayth. Certes, une bergerie était plus confortable, avec son hamac ; et si elle voulait monter sa tente il lui faudrait trouver un replat... Bah, elle trouverait bien un endroit où dormir, il était un peu tôt pour s'en inquiéter. Au pire, elle pouvait faire demi-tour si le terrain paraissait devenir trop peu accueillant.
Elle décida finalement de poursuivre sa route, après un dernier regard rêveur vers la magnifique vallée qui s'étalait à ses pieds.

[Galathée]

Prince goûtait à leur promenade dans les hauteurs, franchissant les obstacles d'un pas tranquille, chassant les mouches à grands coups de queue. Les insectes nombreux étaient peut-être le seul réel désagrément de leur escapade, avec la pluie, plus cruelle à présent qu'ils étaient en terrain ouvert. Astrée distinguait d'autres petits bois sombres accrochés dans les hauteurs, mais aucun ne semblait se dresser directement sur leur chemin. Alors que le soleil déclinait, les deux voyageurs se retrouvèrent sur une crête venteuse et rocailleuse, n'offrant pas de zone suffisamment plate pour y monter une tente et pas le moindre arbre pour y accrocher un hamac. Ils durent donc poursuivre leur route dans le crépuscule naissant, alors que le ciel se chargeait de nuages sombres et mouvants, reflets d'une averse prochaine. La route rouge continuait de suivre la crête, cependant, et Astrée comprit rapidement qu'il faudrait qu'elle la quitte pour trouver un abri. Quelques gouttes de pluie mouillèrent ses épaules et la croupe de son cheval. A sa droite, le terrain descendait presque en falaise vers la noirceur d'une petite forêt de conifères et de broussailles. A sa gauche, la pente était plus douce mais plus rocailleuse. Il n'était pas impossible d'imaginer qu'elle y trouverait une caverne ou l'autre.

[Voyageuse]

Astrée opta sans hésiter pour la gauche, où elle pouvait espérer que Prince puisse la suivre sans avoir à se changer en écureuil - donc sans qu'elle ait à porter elle-même ses bagages. Elle démonta, néanmoins, pour le laisser plus libre de ses mouvements.
Idéalement, il lui faudrait trouver une grotte, même minuscule, même un simple renfoncement dans les rochers, pour s'abriter de la pluie. Mais elle n'avait aucune garantie d'en trouver, et le ciel s'obscurcissait vite. Elle observa de son mieux le relief, cherchant à déterminer de quel côté la pente avait des chances de s'atténuer pour laisser, peut-être, la place à un replat... il y avait forcément un col, quelque part, entre les montagnes. Et un col offre généralement assez de surface plane pour y installer une tente. Mais il fallait y arriver avant la nuit. D'autant que, si les nuages s'obstinaient à s'accumuler ainsi, celle-ci risquait d'être particulièrement sombre. Elle regretta un instant la bergerie et le magnifique spectacle qui s'offrait à sa vue... mais il était trop tard pour y retourner.

[Galathée]

Il pleuvait déjà doucement quand Astrée aperçut enfin la gueule sombre d'une caverne. Celle-ci ne paraissait pas très large mais Prince pouvait y pénétrer et s'y tenir debout sans difficultés, du moins dans l'entrée. En s'approchant, la rôdeuse nota tout de suite que l'endroit avait été utilisé peu de temps auparavant : des traces de cheval boueuses en marquaient le roc, s'effaçant peu à peu sous l'averse. La grotte paraissait cependant déserte et silencieuse et lorsqu'Astrée jeta un coup d'oeil à l'intérieur, elle vit qu'elle était beaucoup plus profonde qu'elle ne s'y attendait et semblait s'enfoncer loin dans la montagne. Difficile, cependant, avec son regard d'humaine, d'en distinguer grand chose dans la pénombre.

[Voyageuse]

Astrée ne jeta qu'un vague coup d'oeil dans vers les profondeurs. Elle n'était pas venue là pour explorer la grotte, simplement pour s'abriter. Certes, il y avait le risque que la grotte abrite un ours ou quelque chose comme cela... mais de toute façon, la chose la plus utile à faire était d'allumer un feu. Si toutefois elle parvenait à trouver quelques branchages dans ce secteur trop peu boisé...
Elle commença néanmoins par délester Prince de ses fontes. Il avait bien mérité un peu de liberté... Elle entassa ses affaires dans un coin sec et ressortit immédiatement, espérant trouver un peu de bois, ou à défaut de grosses brindilles, avant la nuit. Il serait humide, sûrement, mais il y aurait peut-être de la mousse sèche sur les parois de la grotte pour l'allumer.

[Galathée]

Elle dénicha plusieurs buissons épineux qui lui fournirent du bois déjà humide, en trop petite quantité pour pouvoir en faire quoi que ce soit... Par contre, la grotte lui révéla, non loin de l'entrée, un foyer récent pourvu d'une provision de branches encore généreuse. Il n'y avait cependant nul autre signe que la caverne soit habitée de manière permanente ou que la personne qui s'y était réfugiée ait l'intention de revenir. Le feu avait été soigneusement circonscrit par des pierres plates et Astrée trouva les vestiges d'une carcasse d'oiseau — sans doute une perdrix ou un faisan — dans les cendres froides. La seule autre trace que la grotte avait été occupée, du moins dans la partie extérieure de celle-ci, était un empilement assez impressionnant de crottin de cheval à moitié sec, dans un petit renfoncement près de la sortie.

[Voyageuse]

Astrée n'hésita pas longtemps avant de puiser dans les réserves accumulées par son prédécesseur. Peut-être comptait-il revenir, mais rien n'indiquait que ce soit ce soir. Et même si c'était ce soir, il ne lui reprocherait sans doute pas d'avoir déjà allumé le feu... Elle avait une chance inouïe, finalement, d'avoir trouvé cette grotte.
Elle rassembla une quantité convenable de menus branchages au centre des pierres, et se mit en devoir de les enflammer, avant d'ajouter, progressivement, du plus gros bois. Elle songea que le lendemain, il lui faudrait refaire provision de combustible, même si pour cela elle devait s'éloigner un peu de la grotte et y passer du temps : elle se devait de laisser les lieux aussi bien approvisionnés qu'elle les avait trouvés, au cas où l'inconnu revienne, un jour de pluie et de froid, se réfugier dans son abri habituel.
Elle profita de la lueur des flammes pour observer un peu mieux les lieux, essayant d'estimer la profondeur de la grotte, avant qu'un grondement de son estomac ne la ramène à d'autres tâches plus vitales : préparer le repas.

[Galathée]

Astrée dut rapidement renoncer à explorer les profondeurs de la grotte : elle semblait s'enfoncer très loin dans le flanc de la montagne, en un dédale de pierre aux formes étranges, de concrétions accumulées au fil des millénaires, dessinées par le ruissellement des eaux et le passage, peut-être, d'une rivière disparue. Elle découvrit des traces de sabots sur plusieurs mètres dans cette direction qui revinrent en arrière avant de se perdre dans le sol terreux de l'entrée de la caverne. Elle put néanmoins déterminer qu'il y avait eu là plusieurs chevaux, de gabarits différents, peut-être une sorte de caravane, ou un groupe de voyageurs. L'impressionnante pile de crottin en était un autre indice.
En revenant vers le feu, elle découvrit alors des peintures sur la paroi, esquisses rudimentaires représentant hommes et bêtes, formes géométriques sommaires, traits, cercles, flèches, tracés au charbon de bois et à l'argile rouge, en une fresque qui, lorsqu'Astrée l'examina de plus près, lui parut encore très fraîche. En effet, à certains endroits, la boue était encore humide, marquée d'empreintes de doigts.

[Voyageuse]

La rôdeuse observa avec attention les peintures. On y reconnaissait nettement des silhouettes humaines et des bêtes, même si l'artiste avait cherché à les suggérer plus que les représenter dans tous leurs détails. Mais que signifiaient donc ces formes géométriques ? Les symboles d'un langage écrit qu'elle ne connaissait pas, peut-être ? Ou un simple code ayant un sens seulement pour celui qui l'avait écrit et ses destinataires ? Elle était bien incapable de le déterminer. Mais ce qui était le plus surprenant, c'est que ces dessins étaient récents, très récents. Peut-être même avaient-ils été dessinés dans la journée... Sans doute par la même personne qui avait fait provision de bois, et allait peut-être revenir achever son oeuvre. Ou bien les personnes, puisqu'il y avait les traces de plusieurs chevaux... mais cette peinture rupestre ne devait être l'oeuvre que d'une seule, non ? Tout de même, elle aurait bien voulu savoir si ce dessin, et surtout ces symboles, avaient un sens; et lequel.
Elle finit par hausser les épaules et se rapprocha du feu, fouillant dans ses provisions. Il était peu probable qu'elle découvre un jour le secret de ces peintures, à moins que leur auteur ne revienne ce soir même bien sûr. Et puisqu'elles ne lui étaient certainement pas destinées, elle n'avait pas à s'en préoccuper davantage...

[Galathée]

La nuit tomba sur la petite grotte, l'engloutissant dans les ténèbres, sans que le peintre ne revienne. Astrée s'était confectionné de quoi manger, elle put ensuite s'enrouler dans sa couverture, un écureuil vigilant veillant sur son sommeil. La pluie tombait toujours, fine et mélodieuse, et la fatigue s'empara peu à peu de la jeune femme. De Reynald, nulle parole : sans doute était-il accaparé par les agapes organisées au retour de la chasse de son beau-frère. Prince s'était installé à proximité, roulé en petite boule de poils roux, ses yeux noirs ouverts dans la pénombre. Les braises diffusaient une chaleur agréable, combattant l'humidité de la caverne.

[Voyageuse]

Astrée serra dans ses mains la corde de luth roulée en boule. Elle se sentait seule, perdue au milieu de nulle part, et aurait souhaité entendre la voix de Reynald. Rien qu'un petit peu. Cela aurait suffit à combattre la légère mélancolie qui menaçait de l'envahir. Mais il ne parla pas, et elle n'en fut pas vraiment surprise. Goran devait avoir à coeur de rattraper pleinement le temps perdu en ne lui laissant pas une seconde de répit. Il n'aurait pas un instant à lui avant très tard dans la nuit, et il n'était pas sage de l'attendre. D'autant qu'il n'oserait peut-être pas venir lui parler au beau milieu de la nuit, de crainte de la déranger... Et puis, ils s'étaient quittés le matin même, ce n'était pas si loin. Il communiquerait sûrement demain...

Elle soupira, et sourit en voyant les yeux brillants de Prince dans l'obscurité. Douce petite boule de poil qui savait si bien lui tenir compagnie, surtout lorsqu'elle sentait la solitude lui peser. Elle rangea la corde de luth au fond de sa poche, et caressa doucement l'écureuil du bout des doigts. Elle ne voulait pas se laisser aller à des songeries mélancoliques, même si le climat au-dehors et l'atmosphère humide s'y prêtaient. Mais étant donné les pensées qui lui venaient spontanément à l'esprit, doutes et interrogations sur l'avenir, manque de lui, mieux valait ne pas penser du tout... ce qui lui était impossible. Elle se concentra donc, de toutes ses forces, sur les beautés de la montagne, sur le souvenir des paysages entraperçus, et essaya sans succès de ne pas trop se questionner sur ce qu'elle allait faire une fois à Montequine. Puis, comme Reynald revenait dans ses pensées, encore et toujours, elle trompa le vide de son absence en chantonnant de son mieux la petite berceuse en langue sylvestre qu'il lui avait chantée plusieurs fois. Comme si, cette fois encore, elle pouvait avoir un effet calmant. Mais les paroles étaient trop floues encore.
Elle se releva, rajouta un peu de bois dans le feu pour ne pas laisser le froid et l'humidité envahir déjà son abri, puis se recoucha, roulée dans ses couvertures, prenant d'autorité Prince contre elle. Besoin d'un peu de chaleur. Il fallait vraiment qu'elle dorme : elle se ressentait de sa nuit écourtée de la veille. Et elle se sentit, enfin, sombrer doucement.

[Galathée]

Le chant des oiseaux l'éveilla à l'aube, ainsi que le froid piquant, car le feu s'était bien entendu éteint pendant la nuit. Le ciel était très clair, dépourvu du moindre nuage, mais Astrée savait que le temps pouvait changer du tout au tout en quelques heures. Le vent qui soufflait ne s'engouffrait bien heureusement pas dans la caverne. Prince l'écureuil s'étira comiquement avant de sortir musarder hors de leur abri. La jeune femme constata qu'aucun visiteur nocturne, humain ou animal, n'était venu pendant la nuit. A la lumière du jour, elle découvrit davantage de dessins sur les parois de la grotte, à des endroits que son feu n'avait pu éclairer la veille. Elle reconnut aussi des mots, dans une langue qu'elle ne connaissait pas, cependant. Cette oeuvre d'art, ou ce message, resterait sans doute obscur.

[Voyageuse]

La rôdeuse se hâta d'enfiler des vêtements chauds, puis prit quelques instants pour détailler un peu mieux les multiples peintures, mais renonça à en percer le sens. Kasumi lui avait expliqué que dans la forêt où il avait grandi, la communauté de rôdeurs et de druides dans laquelle il vivait laissait des signes de pistes, un peu de bois sec dans des abris parfois, pour ceux qui passeraient après eux. Peut-être était-ce cela. Et ces mots pouvaient signifier, simplement, que le visiteur de passage était bienvenu. Ou être un remerciement à celui qui avait laissé du bois. Ou bien d'autres choses sans doute.
Elle haussa les épaules et rassembla le peu de branchages qui restait pour ranimer le feu, avant de sortir à son tour soulager sa vessie. Elle allait prendre le temps de déjeuner tranquillement, puis elle se mettrait en quête d'un peu d'eau pour se débarbouiller, et surtout de bois pour refaire la provision qu'elle avait trouvée en arrivant.