[Quête] Dans lÂ’ombre des merveilles

[Le Façonneur]

Où que porte le regard du nouvel arrivant, il y avait des arbres partout. De hauts arbres vénérables aux larges troncs. Sous les ramures si nombreuses, le soleil de cette fin d’après-midi se faisait timide. Ses rayons tamisés dansaient avec l’ombre végétal qu’une brise légère se plaisait à animer. Le champ joyeux des oiseaux, le murmure d’un ruisseau proche... non, vraiment, il était difficile de croire qu’une sorcière se trouvait dans les parages. Des fées taquines, des licornes immaculées ou des elfes sauvages, oui, mais une sorcière... Quoi qu’il en soit, le nain était dos à un arbre particulièrement imposant. La porte de la boutique du Façonneur était planté là, dans l’écorce, singulière en ce lieu où elle n’avait normalement pas sa place. Seule la magie pouvait expliquer ce phénomène mais percer ce mystère n’était pas l’objet de la présente quête. Un peu plus loin, un sentier se devinait entre les buissons. Rares étaient ceux qui l’entretenaient, c’était évident. A part ça... et bien la forêt et puis c’est tout.

[Duo]

Une forêt. Exactement le genre d'endroits qui mettaient les nains mal à l'aise. Quoique Kettrarik avait un genre croisé la route d'un druide fort sympathique, mais celui-ci avait fini carbonisé suite à une rencontre fortuite avec un grand dragon rouge. Au moins, ce genre de créature ne nichait que rarement dans les forêts.

Laissant dans son dos la porte magique incrusté dans l'arbre, le nain se mit en route en suivant le sentier tenant fermement sa hache en main, près à recevoir à la manière de Basseloge toute rencontre importune. En avançant, il écartait les buissons et se dit que finalement c'était plutôt le genre de forêt où l'on s'attendait à trouver des elfes vivant dans les arbres et copains avec les oiseaux plutôt qu'une terrifiante sorcière.

HRP : pour info, je n'aurai pas accès à internet à partir de la fin d'après-midi et jusqu'à dimanche soir. En attendant, je suis là !

[Le Façonneur]

HRP : merci de me prévenir, c’est noté.

Kettrarik avait sans nul doute connu épreuve plus difficile que de simplement progresser sur un joyeux sentier sillonnant une forêt enchanteresse. S’il croisait quelqu’un, celui-ci allait sans doute se demander pourquoi un nain avançait ainsi, arme au poing, en lieu si paisible. En même temps, un nain ici, déjà c’était insolite, presque autant qu’une porte plantée dans un arbre.

Quoi qu’il en soit, après presque dix minutes de marche, voilà que Kettrarik perçut un mouvement juste sur sa gauche, à moins d’un mètre, quelque part derrière un gros buisson...

[Duo]

Chemin faisant, Kettrarik se rappelait toutes les histoires qu'on lui avait raconté étant enfant. Les quelques nains qu'il avait connu et qui étaient déjà sortis de la Grande Faille pour explorer le monde lui avaient narré leurs aventures et ce qui en ressortait généralement étaient que les forêts n'étaient pas des endroits convenables pour son peuple. On y trouvait souvent des créatures promptes à occire les nains. Il avançait donc avec la plus grande prudence.

Soudain, lorsqu'il vit un buisson bouger sur sa gauche, il se figea, sa hache prête à s'abattre sur l’intrus, qu'il fut elfe ou lapin.

[Le Façonneur]

Qu’il soit elfe ou lapin ? En tout cas, la chose, au lieu de sauter sur le nain, préféra une sage retraite. C’est ainsi que Kettrarik aperçut un lapin blanc détaler et bientôt disparaitre entre les troncs vénérables. Décidément, cette forêt était pour l’instant d’une hostilité plus que discutable. L’aventurier allait se remettre en marche quand, devant lui sur l’infime sentier, il put distinguer une silhouette encore distante venant vers lui.

[Duo]

"Par le marteau de Moradin !" gronda Kettrarik. Il se détendit en découvrant que ce n'était qu'un lapin blanc.

Abaissant sa hache, le nain souffla et se tourna pour reprendre sa route. Plissant les yeux, il vit qu'une silhouette remontait le sentier en sa direction. Pestant dans sa barbe, il se jeta sur sa gauche à l'abri d'un tronc d'arbre, les deux sur sa hache en attendant que l'inconnu arrive. Peut-être était-ce la sorcière ?

[Maël Maëviàn]

Kettrarik s'aperçut cependant, assez rapidement, que son hypothèse aurait nécessité que la sorcière soit une femme à barbe.
L'humain qui approchait en portait en effet une, quoique plus courte que celle du nain – il donnait simplement l'impression de ne s'être pas rasé depuis cinq ou six jours. Cheveux blonds, vêtu de brun, il avançait calmement entre les arbres, s'appuyant sur ce qui semblait à première vue être un bâton de marche.

Son regard était songeur, et, perdu dans ses pensées, il semblait avancer au hasard, sans faire attention à la direction dans laquelle ses pas le menait. Cependant, le simple fait qu'il ait réussi à avancer jusque là sans se cogner dans le premier arbre venu indiquait qu'il était plus vigilant qu'il ne le semblait.
Pour l'heure, bien qu'arrivé presque à hauteur du nain, il ne semblait pas avoir remarqué sa présence.

[Duo]

Toujours à l'abri de son tronc, Kettrarik ne pouvait regarder l'inconnu sans donner sa position. Il prit une grande inspiration en resserrant sa prise sur sa hache puis, il bondit et se mit en travers du chemin en beuglant.

"QUI VA LA ?"

En se figeant au milieu de la route, il réalisa non seulement que ce n'était pas du tout Dame Ortie et qu'en plus de cela, ce n'était vraiment pas poli de se jeter devant les gens comme ça.

[Maël Maëviàn]

Une telle irruption avait bien sûr de quoi surprendre, et Maël sursauta effectivement. Par réflexe, il pointa devant lui sa lance – car c'en était une : le bâton de marche était équipé, à son extrémité, d'une courte lame pointue faite de pierre taillée.

Ce diable jailli de sa cachette était manifestement un nain. Et les nains étaient réputés, entre autres, pour leurs talents de sentinelles, activité que la phrase choisie par celui-ci évoquait. Y avait-il, aux alentours, l'invisible frontière de quelque domaine privé ?

« Je me nomme Maël Maëviàn. Et vous-même ? »

[Duo]

Kettrarik se radoucit après avoir examiné l'homme des pieds à la tête. Il resta soupçonneux jusqu'à qu'il constate un détail. L'homme portait une barbe et ses oreilles n'étaient pas pointues. Il n'était donc pas un elfe, malgré la consonance tout à fait elfique de son nom. Kettrarik baissa sa hache mais de la mit pas de côté pour autant.

"Pardonnez-moi, messire Maëviàn. Je... on m'a dit qu'une sorcière vivait en ces lieux, et comme on dit prudence est mère de sûreté !"

Il eut un sourire gêné puis ajouta en tendant la main.

"Kettrarik Purmarteau, ravi de faire votre connaissance"

[Maël Maëviàn]

Une sorcière ? Peut-être s'agissait-il simplement d'une autre des rumeurs courant sur ces lieux… peut-être au contraire était-ce la réalité à l'origine des rumeurs.

« Il est naturel d'être sur ses gardes, en effet. Je cherche moi-même à comprendre l'origine du trouble de ces bois. »

Remettant sa lance en position de bâton de marche, il accepta la main tendue du nain.

« De même, messire Purmarteau. »

[Duo]

Le nain secoua vigoureusement la nain de l'humain et attacha sa hache à son dos. Il fronça les sourcils quand le druide lui expliqua le motif de sa visite.

"Le trouble de ces bois ? Ma foi, cette forêt m'a l'air identique à toutes celles que l'on trouve à Dorrandin. En plus calme peut être."

Kettrarik décida qu'il ne craignait de l'homme et vu sa mise, il devait probablement être versé dans les forêts. Peut être son aide lui serait-elle bénéfique.

"Je cherche une sorcière, ou du moins sa demeure, et vous enquêtez sur le trouble de cette forêt. Nos objectifs semblent concorder. Que diriez-vous de marcher ensemble ?"

C'était audacieux, certes. Mais c'était sûrement la meilleure chance pour Kettrarik de trouver le grimoire réclamé par le gnome.

[Maël Maëviàn]

Maël sourit.

« Ah, vous venez de Dorrandin ? Effectivement, leurs forêts et les nôtres sont assez similaires, aux yeux des profanes ; même si, bien sûr, leurs différences sont évidentes aux yeux entraînés. »

Le regard du druide s'égara quelques instants entre les arbres, avant de revenir vers son interlocuteur.

« Si vous n'êtes pas au courant, les rumeurs parles d'incidents étranges, dans les alentours. Nature menaçante, animaux fous… c'est, sans doute, très exagéré ; mais cela mérite tout de même qu'on y prête attention. Peut-être est-ce là le fait de votre sorcière. Je gage en effet que nous ne perdrions rien à faire un bout de chemin ensemble. »

Restait à savoir dans quelle direction, et ce qu'ils trouveraient au bout.

[Duo]

Ha. Le Façonneur l'avait visiblement envoyé dans une autre partie du monde que Dorrandin. Une chance que l'homme maîtrise la langue commune.

"Et bien si nous sommes d'accord, mettons nous en route ! Dans quelle direction souhaitez-vous pousser l'exploration ?"

[Maël Maëviàn]

« Ma foi, je ne connais pas bien cette partie de la forêt, à vrai dire. Je pensais d'abord me rendre aux Chutes de la Lune : outre que l'endroit est réputé pour sa beauté, il sera sans doute utile de dresser le camp à proximité d'un point d'eau. C'est dans cette direction, si je ne me trompe pas. »

À vrai dire, le risque de se tromper ne semblait guère inquiéter Maël : être perdu ne dérangeait pas un druide, tant que c'était dans une forêt.
Il attendit que le nain acquiesce pour reprendre son chemin ; semblant laisser à son nouveau compagnon de route le soin de lancer la conversation, s'il voulait converser.

[Le Façonneur]

Les Chutes de la Lune se trouvaient à quelques heures de marche, au moins. Le druide était plutôt sûr de la direction, encore que l’erreur était toujours possible. La distance, par contre, demeurait assez vague. Ce qui était certain, c’était que l’après-midi était déjà avancée. Le duo, nouvellement formé, pouvait ou non hâter le pas. Il faudrait bien passer la nuit quelque part. Où ? Là était la question. Plus ils iraient de l’avant, plus ils s’enfonceraient dans la partie de la forêt concernée par les sombres rumeurs.

[Duo]

Perdu dans une forêt étrange accompagné d'un druide... Kettrarik était décidément très loin de son élément naturel. Il aurait préféré que le Façonneur lui indique une mission dans une grotte ou même en Ombreterre !

"Alors mettons-nous en route !"déclara-t-il avec moins d'assurance qu'il ne l'aurait voulu.

Les Chutes de la Lune. Ce nom sentait l'elfe à plein nez...

HRP : je ne pourrais pas répondre au RP samedi (peut être tôt le matin) mais je suis tout à fait dispo dimanche ! (et aujourd'hui également)

[Maël Maëviàn]

Maël, lui, était parfaitement dans son élément, et cela se sentait. Néanmoins, constatant que ce n'était guère le cas de son compagnon, il avait adapté son pas. De toute façon, dans un coin de forêt inconnu et réputé dangereux, mieux valait ne pas trop se hâter et rester sur ses gardes.

Usant des repères habituels pour se diriger, il les menait tous deux dans la direction des chutes, espérant qu'ils pourraient les atteindre avant qu'il ne fasse entièrement nuit. Mais la chose n'était pas assurée…

[Le Façonneur]

La lumière, de plus en plus oblique, de plus en plus timide, annonça le soir. Les ombres s’allongeaient, se densifiaient. Dans la forêt, les diurnes se préparaient à dormir alors que les nocturnes allaient bientôt s’éveiller. Même s’il fallut quitter le mince sentier pour demeurer dans la bonne direction, rien ne s’était encore présenté pour entraver la progression du duo. Toutefois, il n’y avait encore aucune trace des Chute de la Lune. Voilà que le soleil disparaissait tout à fait. C’était le crépuscule. La lune s’était levée, le ciel était dégagé, mais sous les arbres, peu de luminosité allait filtrer. Bientôt, l’obscurité allait s’imposer. La marche, déjà longue de quatre heures, devait-elle continuer ? Les Chutes n’étaient sans doute plus très loin...

[Maël Maëviàn]

Seul, Maël aurait sans doute continué à avancer. Certes, il n'avait que des yeux d'humain, peu utiles une fois la nuit tombée ; mais lorsqu'il était ainsi dans son élément, il savait utiliser ses autres sens pour compenser. Au besoin, quelques branches mortes et un peu de magie faisaient une torche tout à fait satisfaisante.
Cependant, le nain, quoique sans doute plus avantagé que lui pour voir dans l'obscurité, préférait peut-être s'arrêter là ; lui, n'était sans doute pas aussi à l'aise sur ce terrain. Et il était manifeste que la présence d'un tel solide gaillard à ses côtés serait un atout précieux si les rumeurs étaient fondées.

Le druide n'avait guère été bavard durant la journée ; il ne le fut pas plus au crépuscule. Mais, lorsqu'il se tourna vers Kettarik, son attitude était suffisamment éloquente pour qu'il n'ait pas à poser la question à voix haute : fallait-il continuer encore, ou s'arrêter ?

[Duo]

Kettrarik avait grandit sous la Terre et ses yeux étaient plus qu'accoutumés à l'obscurité, c'est pourquoi il ne remarqua la nuit tombée que lorsque son camarade se tourna vers lui, lui lançant un regard tout à fait mystérieux à la manière des druides. Gêné et ne comprenant ce qu'il lui voulait, le nain détourna le regard et fixa ses bottes tout en continuant à avancer.

[Maël Maëviàn]

Le nain ne semblait, lui non plus, pas particulièrement prêt à s'arrêter ; Maël reprit donc la marche. De nuit, il était tout de même plus prudent : nombre de créatures avaient l'obscurité comme terrain de chasse ; et il n'avait pas toujours été capable de les appaiser ou de les détourner au loin. Si, de plus, une sorcière s'amusait à semer la pagaille…

Pour autant, il ne ressentait pas le besoin de s'éclairer : la lumière d'une torche aurait attiré l'attention vers eux, sans pour autant apporter d'avantage important – s'il ne s'agissait que de marcher en forêt, il était parfaitement apte à le faire sans voir.

Il restait à espérer qu'ils ne tardent plus à atteindre leur objectif ; et l'on aviserait de la suite une fois sur place, si aucune mauvaise surprise ne survenait d'ici-là.

[Le Façonneur]

Le duo ne fit donc point halte, continuant d’avancer vers les fameuses Chutes de la Lune. La lune, justement, là voilà qui s’élevait dans un ciel désormais acquis à la nuit. Ses rayons, trop timides, parvenaient à peine jusqu’aux aventuriers. Sous les arbres, l’obscurité se faisait abondante. Impression réelle ou fruit de l’imagination, le druide dû bien s’avouer que l’atmosphère lui semblait étrange. Il ne percevait pour autant pas de danger, rien de concrètement inhabituel pour une forêt de ce genre. Mais la nature... retenait son souffle... quelque chose comme cela.

La marche se prolongeait, les kilomètres commençaient clairement à se faire sentir dans les jambes. Il fallait sans doute se faire une raison, les chutes étaient trop éloignées. Il faudrait les atteindre le jour suivant. L’idée devait faire son chemin dans la tête de l’homme et du nain quand une voix féminine les prit au dépourvu.

« Qui va là ? »

Le ton était ferme. Une elfe venait de sortir de derrière un large tronc. Arc bandé, elle était prête à tirer. Comme beaucoup de ses semblables, elle paraissait jeune. Son élégance était indiscutable et sa tenue légère laissait supposer qu’elle faisait partie des tribus locales.

[Duo]

Avec l'obscurité grandissante, même le nain avait quelques peines à voir correctement où il se dirigeait. Il allait suggérer avec son comparse de faire une halte pour la nuit quand une elfe apparut devant eux. Kettrarik fit en un bond en arrière en sursautant. L'instant d'après, sa hache était levée.

"Foutripailles !"jura-t-il en constatant que l'elfe pointait son arc sur eux.

Ce petit arnaqueur de gnome l'avait envoyé dans une forêt bourrée d'elfes pour qu'il lui fasse la peau. Il aurait deux mots à dire au Façonneur s'il sortait vivant de cette terrible forêt. Il jura à nouveau, dans la langue de son peuple cette fois-ci.

"Il n'est pas interdit de marcher dans la forêt, il me semble ! Alors à moins que tu ne sois là pour nous dépouiller, laisse-nous passer, elfe !"

Les nains étaient rarement diplomates, surtout en présence d'elfes. Et Kettrarik ne dérogeait pas à cette règle ancestrale.

[Maël Maëviàn]

Habituellement, dans ce genre d'altercations, Maël préférait rester à l'écart. Cependant, il y avait ici la proverbiale animosité entre les elfes et les nains – ou du moins, entre certains membres de ces deux races. Il aurait été prévisible qu'un nain marchant dans les forêts de la Lorien ait su à quoi s'en tenir et ne soit pas trop sujet à ces querelles inutiles ; mais cela ne semblait en fait pas être le cas. Il serait donc sans doute plus sage d'intervenir avant que les choses ne dégénèrent.

« Pardonnez les… manières de mon compagnon, mais votre façon d'intervenir a effectivement de quoi surprendre. Y aurait-il quelque chose, dans les environs, qui justifierait que deux humbles voyageurs doivent montrer patte blanche ? Quoiqu'il en soit, je suis Maël Rodrigue Armand Riagal Maëviàn, druide de mon état, attiré ici par la beauté de la nature locale. »

Mieux valait, à tout hasard, éviter de mentionner les rumeurs entendues jusque là tant qu'il n'en saurait pas davantage concernant cette personne. Tout en parlant, le druide s'était doucement, mais fermement, interposé entre l'elfe et le nain ; et il avait accompagné l'énoncé de son nom par une rapide révérence.

[Le Façonneur]

Entre un nain agressif et un humain, un druide de surcroit, plus modéré, il ne fut guère étonnant que l’elfe préféra s’adresser au second. Elle abaissa légèrement son arc, sans tout à fait le débander, et répondit, suspicieuse.

« Vous avez mal choisi le lieu de votre promenade. Ici, la nature est belle, certes, mais elle cache une ombre dont vous feriez bien de vous méfier. Des choses étranges se passent, surtout la nuit. Et je qualifierais aisément d’étrange le fait de croiser, ici, un nain. Rebroussez chemin, il en va de votre bien. »

[Maël Maëviàn]

« Nous avons marché tout le jour ; et quels que soient les dangers qui rôdent par ces lieux, je crains qu'il ne nous faille les affronter cette nuit, car rebrousser chemin à présent ne sera guère plus sûr. »

Maël adressa un sourire encourageant à l'elfe – fort jolie, au demeurant – avant de continuer :

« Pourriez-vous m'en dire plus sur cette ombre, ou sur ces événements ? Il n'est pas impossible que nous puissions y faire quelque chose… tout étrange que vous semble notre duo et notre présence en ces lieux. »

[Le Façonneur]

L’elfe considéra un moment les deux individus qui lui faisaient face. Elle semblait réfléchir, un rien indécise sur la réponse à donner. Elle se décida finalement pour les termes suivants :

« Vous avez l’âme aventurière ? Je comprends mieux pourquoi vous êtes là... Les troubles ont toujours attirés les gens de votre genre. Au moins, s’ils vous arrive malheur, vous l’aurez cherché. »

La jeune femme, enfin jeune pour sa race, abaissa franchement son arc et, plus décontracté, s’appuya d’un bras au tronc derrière lequel elle se cachait précédemment. Il était difficile de savoir si elle appréciait ou non les aventuriers. Au moins n’avait-elle plus d’intention belliqueuse.

« L’ombre qui rôde dans le coin pervertit la nature et fait disparaitre les imprudents qui croisent sa route. Son repaire serait caché derrière les Chutes de la Lune. Ceux qui y pénètrent n’en revienne jamais. Tentez donc votre chance si le cœur vous en dit. On parle de trésor caché à la clé. Mais si j’étais vous, je ne me lancerai pas dans une entreprise aussi risquée. »

[Maël Maëviàn]

« Je ne sais ce qu'il en est pour mon compagnon ; mais je puis vous assurer que les trésors ne m'intéressent pas. Si cette ombre pervertit la nature, comme vous dites, il est alors de mon devoir de tenter de ramener la lumière – fut-ce dangereux pour moi. Néanmoins, merci pour vos avertissements : il est plaisant de constater qu'il reste, en ce monde, des êtres soucieux de leurs pairs. »

Encore que se soucier des autres aurait sans doute été plus appréciable encore sans accueillir les autres en question par la menace d'une arme. Mais c'était, dans sa probable situation, quelque chose de compréhensible. Et puis, Kettrarik, lui aussi, l'avait accueilli de cette manière, quelques heures plus tôt. Maël n'avait jamais vraiment compris cette manie qu'avaient les gens dits civilisés de se méfier de leurs semblables au point de sortir une arme avant de leur adresser la parole.

« Comme je vous l'ai dit, cependant, nous avons marché tout le jour et sommes fourbus. Quoique nous entreprenions, il me semble raisonnable d'attendre d'abord le jour. Connaîtriez vous un endroit, à proximité, où nous pourrions nous reposer sans danger ? Je sais que les elfes comme vous ont des alternatives aux sommeil, mais je ne suis, pour ma part, qu'un humain. »

[Duo]

Kettrarik avait écouté attentivement la conversation, en fulminant intérieurement. Il détestait les gens condescendants, et c'était souvent le cas avec ces maudits elfes. Mais elle s'était calmée et parlait d'un trésor. Le nain se tourna vers le druide et lui dit à voix basse..

"Ami Maël, si le trésor ne vous intéresse guère, il me parait tout à fait intéressant. Je suis prêt à vous accorder à vous accompagner pour lutter contre ce Mal, en particulier si la récompense ne représente rien pour vous."

Puis, il garda le silence, préférant laisser son compagnon plus diplomate gérer la situation avec l'elfette.