[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Voyageuse]

Le serpent était énorme, mais manquait cruellement d'agilité. Une fois emporté par son élan, il avait du mal à changer rapidement de trajectoire, aussi était-il assez aisé d'esquiver ses attaques. En revanche, sa peau était d'un cuir extrêmement épais, et les attaques du rôdeur ne causaient pas de blessures vraiment profondes. Elles l'agaçaient prodigieusement, en revanche...
Puis, soudain, il tourna la tête en direction de leur campement, de Tilmandil et de Sylvia... et cessa d'attaquer. Il plongea dans un trou d'eau et disparut. Kasumi, ayant enfin le loisir de s'intéresser à la victime, put voir que lcelle-ci s'éloignait, aussi rapidement qu'elle le pouvait, en direction de leur campement. Et, comme par miracle, la brume derrière lui s'était dissipée, les lumières se rallumaient : le sentier était à nouveau visible.

[Kasumi]

Kasumi n’hésita pas un instant à rebrousser chemin à son tour aussi vite qu’il le pouvait, hurlant des paroles d’avertissement à l’adresse de Sylvia et Tilmandil :

- Attention ! Eloignez-vous des trous d’eau ! Il y a un serpent géant !

Il serait toujours temps de rattraper la « victime » qui ne semblait pas si affectée que cela au demeurant si toutefois elle ne croisait pas la route de ses compagnons avant cela. Sa seule idée en tête était de rejoindre ses derniers avant que le monstre ne se mette en tête de les attaquer. Sylvia était capable de se défendre mais sa place était à ses côtés. Quant à Tilmandil, ce n’était pas son milieu : il serait d’un renfort évident mais aussi fragile et vulnérable.

[Voyageuse]

Mais ce n'était pas Sylvia et Tilmandil que le monstre visait : il jaillit subitement d'un trou d'eau, à nouveau. Juste devant sa proie, qui, portée par son élan, glissa en tentant de s'arrêter, et tomba avec un cri de terreur. Déjà le monstre l'attrapait à nouveau, ses bras courts semblant mus par une force incroyable. Mais Kasumi et Sylvia étaient maintenant tous deux sur lui, et ils attaquèrent simultanément, le blessant à nouveau, un peu plus grièvement. Malgré cela, il ne lâcha pas sa proie et parut les invectiver en langage serpent...
Un peu plus loin en direction de leur campement, Kasumi entendit la voix d'Eärundra se mettre à incanter. Mais déjà, le serpent replongeait dans l'un des trous d'eau. Un rugissement les avertit que Léo arrivait lui aussi en renfort. Restait à deviner par où le serpent allait ressurgir... s'il faisait sa réapparition du moins.

[Kasumi]

Kasumi stoppa sa course pour aviser de la situation et reprendre son souffle. Le serpent avait montré des preuves d’intelligence et était dans son milieu, se déplaçant plus vite qu’ils n’en étaient capables et utilisant un réseau qui leur était totalement inconnu. Le monstre pouvait être partout et surgir à n’importe quel moment. Et il n’y avait aucun moyen de secourir sa victime tant qu’il ne l’aurait pas fait. Si du moins il était encore temps. Dans ces conditions, la seule chose à faire était de joindre ses forces à celle de ses compagnons pour assurer une défense plus efficace. Et frapper de conserve si la créature les attaquait. Peut-être Eärundra aurait-elle la possibilité de la localiser ? On pouvait rêver. Il reprit donc sa course vers Sylvia et Tilmandil toujours autour du trou dans lequel le serpent avait replongé. Peut-être était-ce une erreur et valait-il mieux rejoindre le premier trou mais Kasumi savait qu'ils ne feraient pas le poids s'ils restaient isolés.

[Voyageuse]

Sylvia et Tilmandil devaient penser la même chose puisqu'eux aussi se précipitaient vers lui, profitant du fait que le sentier soit redevenu visible. Mais doucement, insensiblement, la brume faisait sa réapparition.
Un bruit derrière lui l'avertit que le serpent jaillissait à nouveau hors de l'eau. Se retournant, il le vit à quelques dizaines de mètres. Sa proie se débattait toujours avec l'énergie du désespoir. Et le serpent replongea avant qu'il n'ait pu l'atteindre.
- Il part plus loin ! cria Eärundra qui approchait à son tour, Léo à ses côtés, à une vitesse impressionnante. On aurait dit que le terrain incertain ne la freinait pas. D'ailleurs, à bien y regarder, elle ne marchait pas sur le sentier : elle semblait avancer sur l'air.

[Kasumi]

Kasumi se remit aussitôt à courir aussi vite qu’il put pour ne pas se laisser trop distancer par la druidesse, se fiant à son instinct pour localiser où le monstre émergerait pour la prochaine fois. Il aurait bien le temps de s’interroger plus tard sur la facilité déconcertante dont elle faisait preuve pour se déplacer.

- Sylvia, vise sa tête si tu en as l’occasion : je sais que tu es une archère de talent !

Le rôdeur espérait que sa compagne accepterait de se tenir à distance pendant qu’il irait au corps à corps mais disposer d’un bon arc était un atout indéniable face à une créature si mobile. Sylvia devait le comprendre mieux que personne.

[Voyageuse]

Le serpent jaillit à nouveau, un peu plus loin. Kasumi et Eärundra l'atteignirent en même temps, au moment même où une flèche venait se ficher dans soin cou. Il siffla sa rage, déstabilisé, tandis qu'une deuxième flèche l'atteignait et que le rôdeur parvenait à le frapper d'un grand coup de taille. Léo, lui, bondit subitement pour lui planter ses crocs dans le cuir.
Le serpent poussa un sifflement strident, et plongea à nouveau, rejetant au passage Léo au sol. Le lion couina en heurtant violemment la terre ferme. Cette fois-ci leur adversaire était grièvement blessé, à en juger par le sang poisseux marbrant la surface de l'eau. Tilmandil et Sylvia approchaient, mais avançaient de plus en plus lentement. Sylvia guettait, son arc à la main, une nouvelle apparition du monstre.
Eärundra fronça les sourcils, hésitante.
- Il part trop loin dans les profondeurs... Il va falloir le suivre.
Elle se mit subitement à incanter, touchant l'épaule de Kasumi.
Eärundra --> respiration aquatique --> Kasumi et Eärundra
- Vous pouvez respirer sous l'eau maintenant... On va plonger ensemble, je peux le localiser je pense.

[Kasumi]

Kasumi n’hésita pas un seul instant : c’était le seul moyen de porter secours à la frêle silhouette que le monstre avait emporté avec lui. Et le seul moyen de trouver peut-être des réponses. Le demi-elfe se tourna une seconde vers Sylvia et Tilmandil : « Restez ici, prenez soin de Léo ! »

Puis il rengaina son épée courte, saisit la main de la druidesse dans un souci de ne pas la perdre dans le noir et plongea dans les profondeurs après lui avoir donné la confirmation qu’il était prêt. Une fois dans l’eau, il se fit violence pour ne pas tenter de retenir sa respiration comme son instinct lui dictait.

[Voyageuse]

Eärundra paraissait plutôt à l'aise sous l'eau : ce n'était à l'évidence pas la première fois qu'elle utilisait ce sort. Elle inspira sans la moindre hésitation, sourit à Kasumi pour le rassurer, et lui fit signe de la suivre. Elle n'avait même pas songé à lui demander s'il savait nager. Elle, en tout cas, avançait à une allure régulière, droit vers les profondeurs.
Il faisait trop sombre pour que le rôdeur y voit à plus de quelques mètres. Il put cependant constater que l'étroit goulot par lequel ils avaient plongé s'élargissait peu à peu, jusqu'à rejoindre une large étendue souterraine. Bien sûr, il s'agissait d'une eau trouble et vaseuse, avec par moments des entrelacs de racines et des masses compactes de sédiments soutenant des portions de sol au-dessus. On n'aurait pu appeler cela un lac souterrain. mais ils y progressaient cependant sans trop de peine, suivant la trace ensanglantée laissée par le serpent.
Celui-ci gisait quelque part plus loin, échoué contre des racines, l'air épuisé. Il avait perdu beaucoup de sang, mais il tenait toujours contre lui la frêle créature : enfant, elfe, halfeline, nymphe, sirène, dryade, fée ? Kasumi aurait été bien en peine de le dire. Elle ne se débattait plus.

[Kasumi]

Kasumi n’était pas vraiment un nageur émérite mais il était loin d’être novice en la matière pour autant. Les cours d’eau et les lacs ne manquaient pas dans la région et il y avait été élevé au grand air. Il compensait son manque de technique par ses capacités physiques et surtout le sentiment d’urgence. S’il pouvait respirer sous l’eau, ce n’était certainement pas le cas de celle qu’il cherchait à sauver et chaque seconde comptait. Quand il eut enfin le monstre en vue, il prit seulement le temps de balayer les alentours immédiats du regard avant de se précipiter dans sa direction. Un combat sous l’eau ne serait pas à son avantage où le monstre serait plus rapide et plus agile mais il espérait que ses graves blessures aient changé la donne... Et peut être que cela l’amènerait à livrer sa prisonnière pour éviter un combat de plus.

[Voyageuse]

Le serpent le vit arriver, mais il était apparemment trop affaibli pour fuir à nouveau, ou peut-être ne voulait-il pas gâcher davantage ses forces. Il lâcha sa proie, fit face à Kasumi, et fonça droit sur lui.
Il était sans doute rapide en temps ordinaire, mais avec les blessures graves qu'on lui avait infligées, ses mouvements manquaient de fluidité, et le rôdeur parvint à éviter la charge, lui assénant au passage un nouveau coup d'épée. Nouvelle entaille, nouveau flot de sang rouge sombre.
Du coin de l'oeil, Kasumi vit Eärundra bifurquer pour aller porter secours à la victime. L'attrapant sous les aisselles, elle l'entraîna aussi vite qu'elle le pouvait vers la surface.
Mais déjà le serpent chargeait à nouveau, fou de douleur.

hrp : tu peux terminer le combat et remonter

[Kasumi]

Kasumi était soulagé qu’Eärundra ait décidé de porter assistance à leur victime : cela libérait le rôdeur d’une pression énorme même si cela la privait du même coup d’une alliée de poids dans le combat contre la créature reptilienne. Comme il savait qu’il était très facile de perdre l’orientation sous l’eau, qui plus est quand elle était aussi opaque, il prit soin de noter la direction dans laquelle se dirigeait la druidesse par rapport à un point fixe, celui des racines où s’était terrée la créature.

Il n’eut cependant pas le temps de prendre d’autre initiative et esquiva d’extrême justesse la première charge à son encontre. Il aurait alors pu décider de rompre le combat pour rejoindre ses compagnons mais ça aurait été risquer que la créature ne s’en prenne encore à eux par vengeance ou pire, qu’elle alerte des congénères. Le rôdeur décida donc de poursuivre la lutte tant qu’il ne sentirait pas les effets du sortilège lui permettant de respirer sous l’eau s’amenuiser. Après plusieurs coups portés prudemment et bien plus de passes infructueuses, le rôdeur sentit le monstre trop affaibli pour continuer efficacement à le charger. Il changea alors de tactique en se montrant lui-même plus agressif jusqu’à trouver une faille dans sa défense de plus en plus lente. Etincelle se planta une dernière fois à la base de la tête du serpent, manquant de peu le décapiter. Le flot de sang était abondant pas tant qu’il l’aurait dû, signe que le cœur de la créature avait cessé de battre. Le demi-elfe ne s’attarda pas plus longtemps pour le vérifier et suivit le même chemin qu’Eärundra plusieurs minutes plus tôt. En espérant qu'elle et Sylvia aient pu ranimer l'ancienne captive.

[Voyageuse]

Kasumi retrouva sans trop de difficulté la direction de la surface. Eärundra n'était plus visible, mais il arrivait à distinguer où était le haut, où était le bas, et il subsistait quelques traces de sang, encore. De plus en plus rares. Puis il n'y en eut plus du tout. Il s'engouffra néanmoins dans un boyau un peu étroit montant à la surface, espérant que c'était celui par lequel il avait plongé...
Débouchant enfin à l'air libre, il se trouva environné d'herbes hautes. Le sentier illuminé n'était plus visible : il s'était probablement trompé de trou d'eau. Il put tout de même reprendre pied sur la terre ferme, pour constater qu'une brume assez épaisse s'était levée en son absence, l'empêchant de voir au-delà d'une vingtaine de mètres. Les bruits aussi paraissaient flous, noyés. Il lui semblait entendre des voix humaines, quelque part sur la droite. Mais il avait du mal à évaluer précisément la direction à suivre.

[Kasumi]

Kasumi se contenta de hausser les épaules devant ce coup du sort qui l’avait mené vers un mauvais boyau. La présence de brume était un peu plus inquiétante : s’il se fiait à ce qu’il avait interprété de l’étrange environnement, il fallait en déduire que la petite captive qui avait semblé redonner consistance au sentier n’était pas dans les environs ou plus en état de le faire… Il ne se laissa pas démonter pour autant et, plutôt que de suivre de nouveaux mirages, il se tourna vers les voix qu’il semblait entendre et les héla dans la brume, en attente d’une confirmation de la direction à suivre. Il n’avait pas pu tant dévier de sa trajectoire que cela, après tout.

- Sylvia, Eärundra, Tilmandil, je suis ici !

[Voyageuse]

- On est là ! répondit la voix de Sylvia.
Mais elle ne provenait pas de la direction attendue : elle était presque à l'opposé, en fait. Mais heureusement pas très loin, à en juger par la netteté avec laquelle il l'entendait. Plusieurs dizaines de mètres sans doute.
Il eut beau tendre l'oreille, il n'entendit plus rien là où il avait cru entendre des voix. Comme si elles s'étaient tues en découvrant qu'elle n'étaient plus seules.
- Si tu te diriges un peu à gauche de ma voix, tu devrais assez vite tomber sur le sentier, poursuivit Sylvia.

[Kasumi]

Kasumi était soulagé d’entendre la voix de la rôdeuse mais il nota cependant que le marais était encore moins désert qu’il ne l’avait cru de prime abord. Les tambours étaient là pour l’en assurer et il aurait dû y prêter attention durant son tour de garde. Il aurait sans doute état avisé d’en faire de même avec ces voix et tenter d’en apprendre davantage sur leur provenance mais le plus urgent était de retrouver ses compagnons. Il pourrait alors s’en ouvrir à eux et peut-être auraient-ils également de nouvelles informations propres à éclaircir cette brume de mystères. Prudemment, il se mit en marche dans la direction indiquée par Sylvia - légèrement sur la gauche - en espérant retrouver ce fichu sentier onirique. Sinon, il n’aurait plus qu’à patauger lentement dans les hautes herbes en espérant en éviter les pièges. Ce faisant le rôdeur, trempé comme une soupe, se maudissait d’avoir gardé ses bottes et sa tunique quand il avait plongé sans prendre le temps de réfléchir. Sylvia ou Tilmandil lui en feraient-ils la remarque ? Penaud, il prit alors seulement conscience que la rôdeuse avait de bonnes raisons de lui en vouloir d’avoir plongé avec Eärundra mais surtout de s’être tant attardé dans les profondeurs. Si son intuition était bonne, il aurait peut-être à essuyer quelques réprimandes voire davantage : la jeune femme savait parfois montrer un caractère de feu à l’avenant de sa couleur de cheveux.

[Voyageuse]

Il finit par retrouver le sentier, et fut aussitôt accueilli par une tornade aux cheveux de flamme qui se jeta dans ses bras avec un cri de soulagement.
- J'étais tellement inquiète quand j'ai vu qu'elle était remontée seule, lui souffla-t-elle à l'oreille.
Derrière Sylvia, il aperçut Tilmandil qui lui souriait, et Eärundra, penchée au-dessus d'une silhouette féminine aux longs cheveux argentés et à la peau d'une étrange couleur verte. La victime avait repris conscience, apparemment : elle était assise et hochait la tête aux paroles de la druidesse.

[Kasumi]

Sans se soucier de la présence de son demi-frère qui ne manquerait de toute façon pas de lui adresser ses commentaires plus ou moins inspirés plus tard, Kasumi accueillit avec tendresse la jeune femme qui s’était précipitée sur lui avec fougue. S’était-il inquiété pour rien ? En tous cas, il la serra dans ses bras sans une hésitation et l’embrassa avec spontanéité avant de s’intéresser enfin à la scène qu’il avait sous les yeux. Apparemment, la victime du serpent n’avait pas grand-chose d’elfique mais cela n’avait rien de particulièrement étonnant. Il était en tous cas soulagé qu’elle ait repris conscience et il interrogea Sylvia et Tilmandil du regard avant de se décider à approcher d’Eärundra et de l’inconnue.

- Et dire que j’avais cru que ces histoires de serpents géants n’étaient qu’une fable. Celui là-dessous s’est donné beaucoup de mal pour me prouver le contraire.

[Voyageuse]

Eärundra se tourna vers lui et hocha la tête, mais Tilmandil fut plus prompt à répondre.
- La plupart des légendes sont inspirées de réalités, petit frère. En tout cas, je devrais le remercier, ce serpent : grâce à lui, je vois pour la première fois de ma vie une sirène...
La créature en question lui jeta un regard perçant, avant de se tourner vers Kasumi.
- Je vous remercie de votre aide, étranger.
Elle avait une voix douce et mélodieuse, un regard clair, de grands yeux envoûtants, un sourire timide. Une adolescente, peut-être. Sylvia, fronçant un sourcil, passa son bras autour de la taille de Kasumi, comme pour signifier que le rôdeur n'était pas à conquérir.
- Sans vous, je serais morte à l'heure qu'il est.
Elle se leva, titubant.
- Mais pardonnez-moi... Je ne dois pas m'attarder. Mes parents vont s'inquiéter.
Le sentier était à nouveau clairement visible, éclairé par les torches magiques.

[Kasumi]

Un serpent géant, un sentier aux propriétés des plus déstabilisantes et maintenant une sirène ? Sans la présence de Sylvia qui l’enserrait de son bras, le rôdeur aurait pu croire qu’il était encore endormi et avait rêvé les derniers événements. Certes la sirène – si ç’en était bien une – avait quelque chose d’envoûtant au-delà de son apparence mais Kasumi se garda bien de nourrir ce genre de pensées. Il y avait bien plus important d’ailleurs comme de tenter de mettre un peu de lumière sur tout ce qui venait de se produire. Et le manque de sommeil ne facilitait pas les choses en l’empêchant de se concentrer et de réfléchir posément. Seule la sirène pourrait peut-être le sortir un tant soit peu du brouillard :

- C’était bien normal de vous porter assistance. Mais nous accorderiez-vous un bref instant ? Je n’ai pu m’empêcher de constater que le sentier qui nous a menés à vous semble plus facile à suivre en votre présence. Est-ce vous qui le contrôlez ?

[Voyageuse]

La question parut prendre la sirène de court.
- Et bien... oui... enfin pas vraiment... Je...
Elle secoua la tête et subitement son visage se ferma.
- Je n'ai pas le droit de divulguer les secrets de mon peuple.
- Pardonnez-nous, notre curiosité doit vous paraître mal placée. C'est juste que cela nous a intrigués, c'est tout, intervint Tilmandil d'une voix conciliante.
- Nous comprenons...
- Mais pourquoi est-ce que cela est si secret ? s'étonna Sylvia, récoltant un regard de reproche des autres.
La sirène secoua la tête, et avança d'un pas, puis d'un autre, avant que ses jambes ne la trahissent. Elle finit par s'asseoir sur le sol, l'air désespérée.

[Kasumi]

Kasumi fut surpris de cette réaction à une question dont il avait visiblement mal mesuré les implications. L’air désolé de la sirène l’émut également au point qu’il regretta l’avoir posée. Alors, après avoir adressé un regard doux à sa compagne, il reprit d’un ton conciliant :

- Non, ce n’est pas si important. Nous ne voudrions pas que vous trahissiez quoique ce soit surtout que vous devez être bien éprouvée par l’épreuve que vous avez subie. Je cherchais simplement à savoir si mes amis et moi courrions un danger. C’est ce sentier qui nous a alertés alors que nous bivouaquions non loin. Ce sentier et le son de tambours et même de voix dans les marais… Est-ce qu’il pourrait s’agir des vôtres qui vous rechercheraient ? Mais nous ne voulons pas vous retenir outre mesure. Je ne voudrais pas qu'ils s'inquiètent pour simplement assouvir notre curiosité.

[Voyageuse]

- Non, il n'y a pas de danger. Les tambours, c'est juste une fête, dans mon village. Je dois m'y rendre, mes parents m'attendent.
Elle hésita.
- Et les sentiers, c'est les chemins pour s'y rendre. Il y en a plusieurs. Ils apparaissent seulement pour nous guider jusque là-bas. Et ils disparaissent ensuite.
Elle rougit, consciente d'avoir peut-être trahi un secret.
- Mais ce n'est pas moi qui les contrôle.
Elle paraissait harassée, et Eärundra l'observait d'un air soucieux.

[Kasumi]

Kasumi fut soulagé par ces explications qui – bien que des plus étranges - corroboraient ses constatations. Du reste, même si la sirène avait indéniablement piqué sa curiosité, il percevait sa difficulté à s’exprimer et répugnait à la retenir plus longtemps. Le plus important de son point de vue était que ses compagnons ne courent pas de danger immédiat à rester dans les environs pour la nuit. Il leva une main en signe d’apaisement et adressa un léger sourire à la sirène dans le même but avant d’ajouter d’un ton calme :

- Il est temps que nous vous laissions suivre ces sentiers. Vos parents doivent être très inquiets. Mais vous semblez affectée et je répugne à vous laisser y aller seule dans votre état. Est-ce que la fête se tient loin d’ici ?

[Voyageuse]

- Non. Enfin, oui. Et vous ne pouvez pas m'accompagner.
- Vous tenez à peine sur vos jambes, fit remarquer Eärundra avec douceur.
- Je sais mais... Aucun étranger l'a le droit d'entrer dans notre village, ni même de s'en approcher.
Elle tenta de se lever, de faire quelques pas, mais vacilla à nouveau. Elle finit par admettre, avec un soupir, son incapacité à avancer.
- Peut-être... juste un peu alors. Mais il faut me promettre de vous arrêter à au moins dix minutes de marche du village, quand je vous le dirai, et de ne chercher à me suivre sous aucun prétexte. Il y va... de votre vie.

[Kasumi]

La prudence de la jeune sirène était bien compréhensible : son peuple vivait manifestement suffisamment reclus pour qu’il n’en ait jamais entendu parler par les autres rôdeurs du campement. Le fait qu’elle en ait déjà tant révélé prouvait son état de faiblesse et Kasumi n’avait aucune intention d’en profiter pour en apprendre davantage au risque de lui porter préjudice à elle et à son peuple. Elle ne s’était pas montrée hostile et la menace qu’elle venait de proférer à demi-mots ne l’émut donc pas particulièrement. Il se contenta donc de hocher la tête, satisfait de la concession raisonnable qu’ils avaient obtenue.

- Bien, je vous le promets : nous vous laisserons là où nous serons certain que vous pourrez contacter les vôtres et nous ne chercherons pas à vous suivre ensuite…

Il se tourna ensuite vers ses compagnons avant d’ajouter à leur adresse :

- Je crois qu’il n’est pas souhaitable que nous y allions tous ensemble : un groupe comme le nôtre ne ferait que créer des tensions inutiles. Seul l’un ou plutôt deux d’entre nous devraient y aller.

[Voyageuse]

Ses compagnons s'entreregardèrent, et Sylvia prit la parole.
- Tu n'as pas tort. Il faut de toute façon que certains d'entre nous restent monter la garde à notre campement.
Les yeux de Tilmandil brillaient visiblement de curiosité.
- Ça ferait une superbe chanson...
- Que vous pouvez écrire dans avoir besoin d'aller jusque là-bas, acheva Eärundra. Ne vous faites pas d'illusion, vous ne verrez et ne connaîtrez rien de plus qu'ici.
Ce qui lui valut un regard assassin du barde.
- En outre, je pense préférable qu'il y ait au moins une femme qui y aille...
Tilmandil soupira, et acquiesça.
- Effectivement, le sirènes ont la réputation de ne pas faire confiance aux personnes de la gente masculine...
- Et il faut également impérativement un rôdeur, ou une rôdeuse, bref quelqu'un qui sache se battre efficacement.
- On ne va pas épiloguer des heures non plus... Qui est volontaire ?
Tous levèrent la main.

[Kasumi]

La situation promettait d’être inextricable étant donné que tous souhaitaient accompagner la sirène pour des raisons diverses. La solution la plus logique serait de laisser Eärundra et Sylvia y aller car elles seraient moins enclines à susciter la méfiance mais Kasumi s’y refusait pour deux raisons : la première était qu’il craignait de laisser les deux jeunes femmes trop longtemps ensemble compte-tenu de leurs divergences d’opinion et de leur rivalité latente. La seconde, tout aussi inavouable était qu’il ne voulait pas être de ceux qui retourneraient au campement en s’inquiétant du sort de ceux qui suivraient la sirène. De la même façon, il pouvait proposer d’accompagner Eärundra qui semblait avoir gagné la confiance de la jeune créature mais Sylvia n’accepterait certainement pas sans broncher cette répartition des rôles. Il pouvait tout aussi bien demander à Sylvia de l’accompagner mais ses motivations pourraient aussitôt être remises en cause par les deux elfes, la druidesse la première… Un dilemme où seul Tilmandil était certain d’être déçu… Finalement, perdu dans ses pensées, le rôdeur se tourna vers la sirène :

- Je crois que le mieux serait encore de vous laisser décider qui vous voulez voir vous accompagner…

[Voyageuse]

La jeune sirène hocha la tête.
- Elle, fit-elle en désignant Eärundra. Ce qui était somme toute logique, puisque celle-ci l'avait remontée à la surface.
Elle parut hésiter un bref instant, son regard allant de l'un à l'autre, et notamment de Kasumi à Sylvia. Le choix entre celui qui l'avait secourue et celle qui, étant femme, lui inspirait naturellement moins de méfiance.
- Vous, finit-elle par dire à kasumi avec comme une pointe de regret dans la voix. Presque à contrecoeur.

Tilmandil haussa les épaules avec philosophie.
- Vous me raconterez j'espère ?
Mais Sylvia, les sourcils froncés, ne l'entendait pas de cette oreille.
- je sais me battre mieux qu'elle, objecta-t-elle.
La sirène secoua la tête.
- Non. Elle, insista-t-elle en désignant Eärundra qui semblait sincèrement gênée et n'osait croiser le regard de la rôdeuse. celle-ci lui lança un regard assassin.

[Kasumi]

Le choix de la sirène était parfaitement logique mais c’était le pire possible de son point de vue d’autant qu’il n’avait pas manqué la réaction de Sylvia qui devait bouillir intérieurement d’être encore mise à l’écart. Surtout s’il devait s’absenter avec Eärundra une fois de plus. Alors, soucieux d’apaiser la situation même s’il lui en coûtait énormément, il adressa un regard compatissant à l’égard de Sylvia avant de répondre à la jeune sirène :

- Je suis honoré de votre confiance et serais heureux de vous escorter mais je cède ma place à Sylvia si vous le voulez bien. Elle est aussi bonne combattante que moi alors vous ne perdez pas au change.

Alors seulement et sans attendre la réponse de la créature, il se tourna vers Sylvia pour savoir s’il n’avait pas commis quelque impair.