[Bâtiment] La Mélandienne d'Argent : Dar Bella

[Claris de Corvimande]

Toutes sortes de services, hmm ? Pour qu'un établissement mélandien soit si réputé auprès de la haute société, c'était sans doute incontournable.

La chambre, en tout cas, semblait agréable… son lit, surtout. Du coin de l'œil, Claris observa les autres meubles. Y avait-il une bibliothèque dans la chambre, ou lui faudrait-il aller quérir sa lecture ailleurs ? Bah, ce n'était pas le plus urgent.

« Et je suppose que c'est vous qui veillerez à ce que mes désirs soient satisfaits durant mon séjour ici ? Avez-vous un prénom ? »

Savoir par quel nom appeler les membres du personnel était souvent plus pratique.

[Kasumi]

L’elfe baissa les yeux comme pour paraître plus timide et plus humble qu’elle ne l’était réellement. En tous cas, elle répondit d’un ton parfaitement chaleureux :

- Si tel est le désir de messire, cela fait partie de mes attributions. Mais n’importe laquelle de mes collègues se fera un plaisir de vous satisfaire si cela vous convient davantage. Et puisque monseigneur le demande, mon prénom est Miellat mais vous pouvez m’appeler comme vous le souhaitez.

[Claris de Corvimande]

Ce petit jeu l'amusait beaucoup. Puisque les employés étaient là pour ça, après tout, autant en profiter quelque peu ; cela ne prêtait guère à conséquence, du moins tant que les choses restaient du niveau du jeu. Après avoir refermé la porte – la clef, pour l'instant, ne serait guère mieux autrepart que dans sa serrure –, Claris s'approcha du lit, comme pour s'y installer.

« Miellat est un joli prénom… »

De Corvimande n'ajouta rien, cependant : voir ce que l'elfe ferait d'elle même lui paraissait plus intéressant que de provoquer ses réactions.

[Kasumi]

Mais la jolie elfe ne fit pas un mouvement vers Claris, attendant certainement une invitation plus claire pour être bien sûre des intentions de son interlocutrice. Répondre aux attentes changeantes d’une clientèle difficile réclamait du tact et de la psychologie autant que du charme.

- Messire est trop aimable. Puis-je me permettre de vous demander si le reste est à votre goût également ?

[Claris de Corvimande]

Claris s'étendit alors sur le lit – doucement, car la douleur était toujours présente. Faire le chemin jusqu'ici avait d'ailleurs été éprouvant ; et une petite sieste lui ferait certainement le plus grand bien. Un peu plus tard, simplement.

« Vous savez pertinemment ce qu'il en est. »

Son regard parcourait ostensiblement le corps de l'elfe, sans que celle-ci ne soit en mesure de se douter des pensées qui étaient les siennes actuellement – bien éloignées de ce à quoi la servante devait être habituée. Comment se serait-elle comporté, d'ailleurs, si elle avait su, depuis le début de cette conversation ? La question méritait d'être intéressante ; mais comme disaient certains livres pour gosses, nul ne sait jamais ce qui serait advenu ; l'on ne peut que découvrir ce qui arrivera.

[Kasumi]

Ne relevant pas la remarque de la jeune femme, l’elfe s’approcha néanmoins nonchalamment du lit comme dans l’intention d’arranger un oreiller mais elle laissa son bras et sa main traîner à portée de Claris. En se penchant, Miellat s’était soigneusement exposée pour mettre en valeur ses formes certaines sous un corsage plutôt moulant.

- Messire me pardonnera mais mon service m’appelle ailleurs. A moins que… A moins que messire n’ait d’autre besoin à satisfaire dans l'immédiat.

[Claris de Corvimande]

Hum. Le jeu était plaisant, mais il avait sans doute assez duré dans l'immédiat. La retenir à présent, c'était poursuivre plus loin que Claris n'avait eu l'intention d'aller.

« Allez faire votre devoir, dans ce cas – J'ai pour l'heure, hélas, surtout besoin de repos. Mais je gage que nous pourrons reprendre cette conversation… quand vous serez moins occupée. »

Une chose était sûre : elle savait s'y prendre pour s'adresser à la clientèle à laquelle elle croyait avoir affaire. De Corvimande ne quitta pas l'elfe des yeux ; mais sans pour autant se relever ni faire le moindre geste. Sitôt qu'elle aurait quitté les lieux, dormir quelques instants serait sa préoccupation première – la fatigue devait d'ailleurs être clairement lisible sur ses traits.

[Kasumi]

Si l’elfe était déçue du revirement de « son client », elle n’en montra aucun signe et s’inclina légèrement en montrant son décolleté avant de se retirer sur un dernier « Comme messire le voudra. »

Après avoir pris soin de verrouiller la porte derrière la servante, Claris put constater que la qualité de l’établissement s’étendait largement au confort de ses literies et n’eut donc aucun mal à trouver le sommeil. Elle avait certes dormi près de deux jours mais la seule bière légère qu’elle avait bue suffisait à lui faire tourner la tête légèrement et largement contribuer à sa somnolence.

Quand elle se réveilla, son estomac gronda et elle put constater que la lumière vive de l’après-midi avait laissé la place au crépuscule au travers de la fenêtre donnant sur le petit jardin enclos.

[Claris de Corvimande]

Eh bien… voilà son rythme journalier on ne peut plus perturbé… d'un autre côté, à supposer qu'attaque extérieure il y ait, celle-ci avait plus de chances de subvenir de nuit ; ce n'était donc guère plus mal. Pour l'heure, après avoir vérifié que les poignards dissimulés dans ses vêtements étaient bien prêts à l'usage, et après avoir donné à sa tenue un aspect présentable, Claris s'employa à descendre voir si les repas servis par l'établissement étaient aussi soignés que le reste.

Ensuite, il serait temps de se poser quelques questions sur son avenir proche.

[Kasumi]

Quand Claris descendit dans la salle commune, il put constater que « son » elfe était toujours de service ou alors la ressemblance était des plus troublantes. Non, il s’agissait bien de Miellat : quand elle l’aperçut, elle lui adressa un sourire et s’approcha aussi tôt de la noble.

- Je vous ai réservé une table, messire, au cas où vous souhaiteriez dîner. La chambre est-elle à votre goût ?

C'était une chance que l'on soit aux petits soins pour les pensionnaires de l'établissement car la salle commune était bondée. Inutile de préciser que la plupart des visages lui étaient inconnus.

[Claris de Corvimande]

« La chambre est très agréable, même si elle a soudain paru bien vide après votre départ. »

Claris adressa un sourire à la jeune elfe. Continuer à jouer ce jeu, en tout cas en public, serait une bonne manière de donner le change – si quelque personne présente cherchait à identifier un assassin, ce nobliau maladroit ne l'impressionnerait guère. Mais le fait d'avoir une table réservée était certainement intéressant, car son ventre criait famine.

« Je dinerai bien volontiers, en effet. »

[Kasumi]

L’elfe se permit un charmant sourire avant de présenter à Claris les différents plats au menu du soir. Après que cette dernière ait fait son choix en tenant compte des conseils de l’elfe, cette dernière s’esquiva en cuisine pour aller chercher sa commande.

Quelques minutes seulement plus tard – ce qui était un bon signe plaidant en la faveur de la qualité du service, elle revenait les bras chargé d’un plateau qu’elle déposa avec adresse devant Claris. Elle lui laissa gouter le vin qui accompagnait son choix avant de se retirer pour la laisser déguster le plat décidément bien plus appétissant que « ce qui se faisait de mieux » dans son dernier lieu de villégiature. Le vin avait un bouquet des plus agréables qui annonçait sans doute possible qu’il était hors de prix.

HRP : je te laisse le choix du menu ! Non non, ne me remercie pas !

[Claris de Corvimande]

Merci, mais j'n'en ai pas la moindre idée.

La question du prix risquait de s'avérer vite problématique. Les économies dont Claris disposait étaient certes relativement conséquentes – ce qui l'avait amené à lutter pour les conserver –, mais elles ne couvriraient sans doute pas l'intégralité de ses dépenses sur place, compte tenu du prestige de l'établissement, qui allait souvent de paire avec des tarifs prohibitifs.
Mais, pour l'heure, on ne lui demandait pas encore de régler la facture, ce qui lui laissait le temps d'aviser. Son père comprendrait sans doute sa situation, même si cela signifierait peut-être avoir échoué, pour le moment du moins, à montrer son aptitude à se comporter en adulte. Restait aussi la solution de se procurer l'argent autrement, par exemple en monnayant ses services – cela avait plutôt bien fonctionné la dernière fois.

Quoiqu'il en soit, la réputation de l'établissement semblait méritée, et Claris se dit que le séjour y serait sans doute agréable, pour peu qu'il n'y ait pas de mauvaise surprise au tableau. Mais pourtant, quelque chose lui soufflait qu'il y en aurait…

[Kasumi]

Alors qu’elle dégustait les saveurs simples mais raffinées de son assiette ? Claris vit une silhouette s’approcher puis un homme d’une trentaine d’années, bien mis, s’installa en face d’elle sans rien demander, comme s’il en avait parfaitement le droit. Son visage n’évoquait absolument rien à la jeune noble. Mais la réciproque n’était manifestement pas vraie :

- Bonsoir, Claris de Corvimande. Je suis venu discuter avec vous. Cela ne vous gêne pas, j’espère ?

Peu après que l’inconnu se soit installé, Miellat* vint s’enquérir de la commande de l’homme ou peut-être de la réaction de Claris…

HRP : *Miellat comme le nom de la couleur de la palette qu'elle utilise.

[Claris de Corvimande]

Aaah, bien sûr, honeydew !

Allons bon, que voulait-il, celui-là ? Il semblait beaucoup trop jeune pour être le père du défunt brigand ; mais ça ne voulait pour autant pas dire qu'il n'étaient pas affilié à ceux qui lui cherchaient noises. Après tout, Mortesaison n'était sans doute pas stupide au point de venir aussi crânement lui-même, même dans un lieu public. Par réflexe, Claris vérifia discrètement que ses armes étaient bien toujours à portée de main.

« Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? »

Son ton avait été froid : de Corvimande en profitait pour signifier à Miellat, et donc au reste du personnel de la maison, que l'individu était un gêneur, même s'il lui restait une chance de convaincre du bien fondé de son irruption.

[Kasumi]

L’étranger leva la main pour signifier qu’il n’avait aucune intention de faire d’esclandre. Miellat fit tout de même un signe discret de la main et un homme de haute stature s’approcha nonchalamment de la table occupée par Claris sans toutefois imposer sa présence en dépit de toute intimité. Claris devait reconnaître qu’elle n’avait pas même remarqué sa présence jusque-là.

L’étranger ne se laissa pas démonter par cette petite démonstration et répondit d’un ton parfaitement calme :

- Qui je suis n’a pas un grand intérêt pour vous. Mais je représente messire Bouliakov qui souhaite vivement s’entretenir avec vous.

[Claris de Corvimande]

Il fallait reconnaître à l'établissement certaines qualités, sur ce plan-là également. Sa réputation, assurément, était méritée.

Quant aux propos de l'homme… Bouliakov ? Un nom qui lui disait vaguement quelque chose. Un noble ainsi nommé qui avait été assassiné quelques temps plus tôt, peut-être… si c'était bien ça, celui-là devait être le successeur. Ça ne l'éclairait pas beaucoup.

« Et… qu'est-ce que messire Bouliakov me veut, exactement ? »

Le ton employé par Claris était pour le moins suspicieux.

[Kasumi]

L’homme parut prendre la question pour une invitation à poursuivre la conversation civilement sans se soucier du ton dissonant employé par la jeune personne qui lui faisait face ni par le videur qui n’avait du reste pas donné de signe de vouloir s’approcher davantage pour le moment.

- Maître Bouliakov souhaitera certainement vous énoncer les détails lui-même si vous acceptez de le rencontrer. Mais il m’a autorisé à rendre cette perspective plus alléchante à vos yeux en vous révélant les faits suivants : il a commencé à s’intéresser à vous quand il a appris que vous aviez réussi à abattre son champion, Elias Mortesaison. Il est prêt à vous faire la même proposition que ce dernier avait acceptée. Une proposition rémunérée qui aurait le mérite de vous écarter quelques jours de la route des assassins dépêchés par votre nouvel ennemi. Il m'a enfin autorisé à pourvoir à vos frais qu'elle que soit votre décision.

[Claris de Corvimande]

Hum. Voilà qui était… charmant.

« Vous répondrez à votre maître qu'il est hors de question que j'accepte une telle proposition. »

Claris avait prononcé les derniers mots de façon à signifier clairement que la conversation était terminée. Si ce type s'imaginait réellement qu'un membre de la famille de Corvimande se changerait en un vulgaire bandit de rue, et pour le compte d'un patron qui plus est, il se fourrait clairement le doigt dans l'œil.

Bon, bien sûr, la conséquence probable de ce refus serait d'ajouter un nom à sa liste d'ennemis. Mais d'un autre côté, si ce Bouliakov avait été le patron de Mortesaison, il était déjà son ennemi, puisque l'homme qui avait causé sa situation présente. Et l'enfant de Reuel se ferait un plaisir d'obtenir justice… ou vengeance.

[Kasumi]

L’homme arbora pendant quelque seconde une expression qui n’était plus tout à fait aussi affable mais il se leva tout de même en répondant d’un ton calme.

- Mon maître ne sera pas ravi que vous n’ayez pas jugé utile d’entendre sa proposition et que vous sembliez le considérer comme un ennemi mais vous êtes libre de vos choix. Et de leurs conséquences. Si vous changez d’avis toutefois, vous pourrez me retrouver dans son domaine avant demain midi.

Il désigna discrètement un homme situé à l’autre bout de la salle commune et qui semblait s’intéresser d’un peu trop près à leur conversation avant d’ajouter à mi-voix :

- Méfiez-vous de cet homme : c’est un des serviteurs de Mortesaison !

Puis il ajouta un ton plus haut :

- Miellat, vous ferez savoir à Dame Abie que la note de ce jeune… homme est pour le compte de maître Bouliakov.

[Claris de Corvimande]

« Je ne pense pas quitter les lieux dans l'immédiat. »

Du moins, c'était l'engagement que le capitaine avait exigé ; mais Claris ne se souvenait plus avoir réellement juré comme cela lui avait été demandé… En tout cas, il fallait reconnaître à Bouliakov une certaine classe. Qui pouvait tout aussi bien être une manœuvre de manipulation. Claris n'appréciait guère qu'on lui force la main de cette manière, pour ce qui concernait l'argent : avoir un ennemi comme créancier n'était jamais très bon. Mais puisque cela résolvait un certain soucis passager, il serait sans doute peu avisé de faire la fine bouche.

À vrai dire, la rencontre lui laissait une grande impression de perplexité.

[Kasumi]

L’homme ne semblait pas désireux d’éclaircir davantage ses propos ou même d’insister pour que Claris reconsidère sa proposition. Soit qu’il estima que sa mission auprès de la jeune noble était achevée, soit qu’il estimait nécessaire de la laisser réfléchir à tête reposée, le trentenaire s’éloigna de la table de Claris sans plus un mot avant de diriger ses pas vers la sortie. L’homme qu’il avait désigné ne le quitta pas des yeux jusqu’à ce qu’il eut disparu dans la nuit mélandienne puis feignit – sans grand succès – de s’intéresser à nouveau à son assiette.

Miellat profita de cet instant pour réapparaître et demander comme si de rien était :

- Le repas a-t-il été à votre goût, messire ? Désirez-vous autre chose ?

[Claris de Corvimande]

Si Claris avait été une autre personne, voir ainsi tous ses frais payés aurait pu lui donner envie de profiter d'autres gens de services ; mais pour l'enfant de Reuel, la chose avait assez peu d'intérêt. Cela ne l'empêchait cependant pas de continuer à jouer à ce petit jeu devenu habituel – une manière de donner le change, sans doute.

« Le repas était délicieux… autant que la personne qui me l'a apporté. »

Son regard ne quittait cependant pas l'homme, quoique du coin de l'œil. L'agent de Bouliakov avait-il menti à son sujet ? Si, véritablement, Mortesaison lui avait été chevillé, il était probable que ses hommes de main connaissent ceux du père ; mais pourquoi le lui avait-il signalé ? Sans doute, le père Mortesaison tenait-il également l'employeur de son fils pour responsable, et les deux maisons étaient-elles également en guerre. Et l'homme était prêt à risquer une guerre semblable contre la maison de Corvimande ? Le sens du jugement de ce Bouliakov était surprenant… ou bien il manquait à Claris beaucoup d'informations.

« Ce sera tout pour ce qui est de mon repas… mais j'aimerais jeter un œil aux livres que vous possédez. »

Si, par hasard, il y en avait un traitant des différentes familles nobles de Melandis, de leurs origines et de leurs relations, cela pourrait sans doute l'éclairer quelque peu. La connaissance était souvent essentielle à l'obtention d'une victoire.

[Kasumi]

L’elfe se contenta de répondre aux compliments de l’humaine par un sourire toujours aussi charmant. Mais, si elle s’attarda devant sa table, c’était certainement dans l’attente de la réponse à sa seconde question. Quand Claris lui livra ses envies du moment, elle esquissa un nouveau sourire avant de répondre :

- Je me ferai un plaisir de vous guider jusqu’à notre bibliothèque privée du second étage. Mais si messire cherche un ouvrage en particulier qui ne s’y trouverait pas, je peux vous le faire amener dans votre chambre dès ce soir. A condition qu’il en existe un exemplaire à Melandis, évidemment.

[Claris de Corvimande]

« Commençons par voir ce que vous avez, avant d'envisager cette éventualité. »

Ayant terminé son repas, Claris se leva pour suivre la servante, espérant que les recherches s'avéreraient fructueuses. De Corvimande pressentait que, d'une façon ou d'une autre, la nuit serait instructive… ou mortelle. Mais ce n'était peut-être qu'une impression infondée, après tout…

[Kasumi]

Claris put constater que bien qu’elle ne puisse pas rivaliser avec celle d’une bibliothèque publique, la collection amassée par l’établissement de qualité était somme toute relativement impressionnante. Plusieurs rangées de rayonnage étaient disposées dans la pièce qui devait occuper environ un tiers de la surface de l’étage. Les bibliothèques étaient recouvertes d’ouvrage de toute sorte et pour tous les goûts semblait-il. Quelques fauteuils d’aspect confortable étaient disposés dans plusieurs espaces aménagés discrètement un peu partout dans la pièce pour le plaisir des visiteurs ne souhaitant pas emmener un ouvrage dans leur chambre. Miellat se tenait debout à l’entrée de la pièce, attendant visiblement des instructions de la part de Claris ou la permission de se retirer pour reprendre son service.

[Claris de Corvimande]

Claris parcourut un instant les rayonnages, à la recherche de quelque chose d'intéressant. Plusieurs livres attirèrent bien vite son attention. Comme toute bonne bibliothèque mélandienne, celle-ci contenait plusieurs ouvrages traitant de la noblesse de la cité.

« Je pense avoir ce qu'il me faut dans l'immédiat ; j'appelerai en cas de besoin… ou de désir soudain de vous voir. »

Une fois l'elfe repartie, de Corvimande s'empara du livre qui semblait le plus intéressant, et se mit à en parcourir les pages. D'abord Bouliakov ou Mortesaison ? Le premier était davantage susceptible d'avoir marqué les livres, lui semblait-il. Et puis, l'ordre alphabétique avait parfois du bon. Claris lisait relativement vite, et espérait bien apprendre autant qu'il lui serait possible avant que quelque chose ne survienne…

« J'appelerai » ou « je sonnerai », m'enfin, je suppose qu'il y a ce qu'il faut pour, quoi.

[Kasumi]

L’elfe prit congé en s’inclinant et assura Claris qu’elle serait encore de service dans la salle commune pour trois heures encore. L’une de ses collègues pourrait au besoin le renseigner ou satisfaire tout autre désir au-delà de ce délai. Il n’avait donc aucune raison de se presser d’autant que la bibliothèque était convenablement éclairée.

Cette dernière apprit vite que la famille Bouliakov avait fait sa réputation et sa fortune dans la recherche, le commerce d’objets d’arts anciens ou récents et la promotion de bon nombre d’artistes qui avaient acquis leurs lettres de gloire. La généalogie ne lui en apprit guère sur la position de la famille dans le jeu des alliances entre factions mélandiennes mais Claris découvrit néanmoins un détail intéressant : visiblement, le patriarche n’avait eu qu’un fils, sans doute l’homme dont avait parlé son contact. En outre, la famille semblait posséder en ville un manoir et une petite halle d’exposition ainsi qu’un domaine à une journée de cheval au nord des murailles de la cité.

Le livre, quoique par ailleurs plutôt détaillé, ne comportait aucune mention à la famille Mortesaison. Etait-elle trop mineure pour y avoir laissé une trace ? Ou alors fallait-il élargir les recherches aux familles de l’empire. Un travail de fourmi.

[Claris de Corvimande]

Le rapport entre les Bouliakov et le brigandage de rue, semblait, à lire ce livre, assez douteux ; mais ce n'était guère le genre de choses dont la famille devait se vanter, bien sûr, et il était normal que les ouvrages ne le mentionne pas. L'homme avait, sans ambiguité aucune, déclaré que la “victime” avait été son homme de main, et la façon de s'exprimer aurait été plus que maladroite si ça n'avait pas signifié que la tâche qu'il avait accepté était celle pour laquelle il avait perdu la vie.

L'absence de Mortesaison ne lui semblait guère surprenante : le capitaine lui avait présenté l'homme comme une sorte de parvenu que seuls la guerre et son argent avaient pu hisser à cette place. Avec les ressources de la famille de Corvimande, l'abattre aurait sans doute été aisé ; sans elles, les choses étaient hélas moins assurées. Néanmoins, et par acquis de conscience, Claris jeta un œil aux autres livres, au cas où s'y dissimuleraient plus d'informations. Sans grand espoir, cependant.

Peut-être lui faudrait-il un avis extérieur. Mais aucune des personnes qui se voyaient usuellement confier ses doutes n'étaient accessibles dans l'immédiat. Lui était-il permit de faire confiance à Miellat ?

[Kasumi]

La persévérance de Claris fut en partie couronnée de succès quand elle compulsa un ouvrage traitant des familles importantes de l’empire. Le nom de Mortesaison ramenait à une famille récemment anoblie mais dont les principales activités se déroulaient loin de la capitale. Il était rapporté la présence de nombreux domaines entièrement consacrés à l’élevage bovin. Quelques références laissaient à penser que la famille avait assis sa réputation et son importance en vendant une bonne partie de sa production à l’armée. Rien d’étonnant en cela qu’elle ait gagné en crédit dans le jeu des maisons de la capitale même si elle n’y était représentée que par un manoir plutôt modeste. Le document ne stipulait aucun lien particulier avec la famille Bouliakov.