[Quête] Le manoir Bouliakov

[Mornagest]

Les cris de Rowan ne tardèrent pas à être entendus. Tout le monde était à cran, et un appel de ce genre produisit son petit effet ; les gardes débarquèrent en courant dans les cuisines et virent la jeune femme ensanglantée et la peau en lambeaux.

"Qu'est-ce qui s'passe, cette fois, bordel !?" lâcha l'un des trois gardes, tous l'épée tirée au clair. Un des invités de la maisonée les suivait quelques pas derrière, l'air un peu sonné par la situation.

[Rowan Blackwood]

Dès que le garde eut prononcé ses paroles, Rowan se jeta sur lui, enfouissant sa figure dans le creux de son épaule et se blottissant contre sa poitrine. Ce faisant elle espérait dissimuler ses traits si un familier de la maison tentait de voir derrière le masque de sang qu'elle s'était fabriqué. Elle feignit la reconnaissance éperdue de la pauvre victime envers son sauveur entre deux sanglots

"Il y avait un homme, sob, qui venait d'arracher la grille, sob, quand je suis entré dans la pièce, sob, je n'ai pas eu le temps de bouger, sob, qu'il a voulu me tuer". Pour faire bonne mesure elle pleura hystériquement quelques secondes avant de se "reprendre" "ensuite il s'est transformé en rat, sob, et s'est enfui par là" dit-elle en montrant l'évacuation.

[Mornagest]

Le garde haussa les sourcils d'un air soupçonneux.

"En rat ? Nom des dieux, c'est quoi, cette histoire ?
- Un métamorphe, ou un truc du genre, sergent. 'Savez, ceux qui peuvent se transformer.
- J'ai toujours dit que c'était pas net, ces machins magiques. Bon, on va le cerner. Avec un peu de chance, c'est notre assassin. Vous deux, vous restez ici et vous ne quittez pas ce trou des yeux. J'vais avec Thorg pour le débusquer par l'autre côté. Quant à vous, ma p'tite dame, vous feriez bien d'aller vous allonger un moment pour vous r'poser de ces émotions..."

Sans attendre qu'elle réagisse, le sergent sortit de la cuisine et beugla le nom du garde qui allait l'accompagner, tandis que les deux autres se postèrent face à la grille arrachée. L'invité de maison, quant à lui, fut d'une inutilité flagrante en remontant discrètement dans les escaliers afin de ne pas rester dans les pattes des gardes au cas où il y aurait du grabuge.

Quelques instants plus tard, le sergent et son garde sortaient de la maison.

[Rowan Blackwood]

Rowan resta prostrée quelques instants puis fit mine de suivre les conseils du sergent en allant se reposer, mais dès qu'elle fut hors de vue des gardes restés près de l'évacuation emprunta le même chemin que les hommes qui étaient sortis dehors. elle avait pris soin de prendre un chiffon humide avec elle pour se débarbouiller une fois qu'elle serait à l'abri. Arrivée à la porte, Rowan l'entrouvrit et regarda par l’entrebâillement pour voir si la voie était libre?

[Mornagest]

Le jardin et son allée menant à la grille de la propriété semblaient déserts. Nulle trace des gardes, qui étaient déjà partis en courant chercher l'assassin imaginaire, et les chiens ne paraissaient guère de sortie pour l'instant. Au-dehors, il faisait un peu brumeux, ce qui annonçait sans doute une après-midi radieuse.

Rowan devrait parcourir une cinquantaine de mètres avant de pouvoir sortir de la propriété Bouliakov.

[Rowan Blackwood]

La jeune femme s'engagea dans l'allée en adoptant une allure d'automate, comme ça si jamais quelqu'un l'apercevait elle passerait pour quelqu'un en état de choc. Ce qui serait aussi une bonne excuse si jamais des gardes l'apercevaient et voulaient l'intercepter avant qu'elle n'ait pu disparaitre.
La grille se rapprochait à chacun de ses pas, raccourcissant ainsi la distance qui la séparait de la libération.

[Mornagest]

Elle n'était plus qu'à quelques mètres de la grille lorsqu'elle entendit un grondement derrière elle, non loin, puis un bruit de course rapide dans sa direction. Un des chiens l'avait repérée, apparemment, et il devait être massif, à l'entendre cavaler de tout son poids dans l'herbe du jardin.

[Rowan Blackwood]

L'odorat affûté du chien avait du le renseigner sur la nature de la jeune femme, la fuite était la seule solution qui s'offrait à elle. Elle ne pouvait pas le combattre et ainsi faire voler sa couverture de pauvre victime si quelqu'un les voyait, ce qui ne manquerait pas d'arriver étant donné le vacarme que cela causerait. Elle s'élança en avant, sprintant comme le guépard coursant son antilope, bien que posément...la proie...c'était elle.

[Mornagest]

Quelques mètres à parcourir en courant à toute vitesse aurait pu lui occasionner bien des ennuis. Trébucher, accrocher sa tunique quelque part, ou simplement se faire rattraper par le molosse grognant derrière elle. Mais cela n'arriva pas, et Rowan put franchir la grille entrouverte et la refermer derrière elle juste devant le museau du chien qui commença à aboyer à tout rompre, risquant par là d'alerter les gardes ou le voisinage. D'autant qu'il cherchait à rouvrir la grille avec sa patte...

[Rowan Blackwood]

"Quelle sale bête" se dit Rowan, embrassant les environs d'un coup d'oeil elle vit que personne ne semblait regarder dans sa direction. Aussi rapide que l'éclair, elle sortit sa dague pour entailler la patte du chien avant de filer vers une ruelle proche, poursuivie par les gémissements du canidé qui avait maintenant un autre sujet de préoccupation.

[Mornagest]

Elle se trouvait dans une des ruelles qu'elle avait parcouru la veille sans y prêter attention, toujours habillée de ses frusques informes. Les rares passants ne lui concédaient même pas un regard, peu soucieux du sort d'une domestique mal fagotée. Nul garde à sa poursuite, et le gémissement du chien s'était amenuisé jusqu'à ne plus se faire entendre, à mesure qu'elle s'éloignait de la propriété. La voie était libre.

[Rowan Blackwood]

Elle utilisa le chiffon qu'elle avait subtilisé pour frotter le sang qui maculait son visage et dès qu'elle fut sure que personne ne la regardait, enleva prestement l'uniforme qu'elle portait par dessus sa tunique et le jeta sur un tas d'ordure. Cela fait, elle repartit en direction de son point d'ancrage actuel. Durant tout ce temps, son visage était resté parfaitement impassible, ne trahissant rien de son état d'esprit.

[Mornagest]

Marchant d'un pas preste mais sans inquiétude, Rowan constata rapidement que plus personne ne cherchait à lui mettre des bâtons dans les roues, et qu'elle avait désormais le champ libre pour s'en retourner vers la guilde. Le chemin n'était pas très long, mais elle préféra flâner et prendre quelques rues de traverse pour brouiller les pistes des éventuels poursuivants. Prudence était mère de sûreté...

En route vers

[Rowan Blackwood]

Le trajet de la Guilde des Lames Pourpres jusqu'au quartier où se trouvait le Manoir Bouliakov se passa sans encombre. Rowan avait attendu la nuit tombée pour se mettre en route - au cas où quelqu'un la reconnaitrait et ferait le rapprochement - et s'était pour l'occasion vêtue de vêtements sombres qui lui permettait de se fondre dans les ombres comme un véritable adepte de Shar. Comme équipement elle ne s'était chargée que de sa dague et de quelques menus objets qui lui seraient certainement très utiles pour accomplir sa mission. Une reconnaissance était superflu, elle connaissait suffisamment les lieux et les alentours pour s'en passer, mais une fois sur place elle attendit une bonne heure pour s'assurer que rien ne clochait.

[Kasumi]

Rien ne clochait hormis un détail quelque peu troublant que seule une voleuse expérimentée comme Rowan pouvait remarquer en un coup d’œil. La maison n’était pas occupée. Elle le percevait à l’absence d’activité autour du bâtiment, les pelouses et les parterres de fleur moins bien entretenus que lors de sa visite précédente. Indice plus flagrant, l’odeur des chiens était bien plus ténue, plus que des traces à vrai dire.

[Rowan Blackwood]

Rowan s'enhardit et s'approcha du manoir, prenant des risques en s'exposant à d'éventuels regards. Elle huma l'air espérant trouver des odeurs qui contrediraient les premiers signes qu'elle avait pu observer, mais ne trouva rien de neuf. De rage elle frappa un pilier de pierre du poing, où allait-elle devoir se diriger pour résoudre cette histoire?

[Kasumi]

- Psst ! Eh vous !

La voix parut immédiatement familière à la roublarde et quand elle se retourna vers un buisson tout près du mur d’enceinte du manoir, elle ne fut pas surprise de reconnaître la petite silhouette à qui elle appartenait. Ayant attiré son attention, elle lui fit signe de s’approcher.

- Je n’en reviens pas de vous revoir par ici !

[Rowan Blackwood]

Rowan fronça les sourcils, signe d'une profonde réflexion, la rencontre avec l'adolescente la première fois fut un coup de chance, mais ici la coïncidence était troublante. La jeune femme avait appris que les coïncidences n'existent pas, elle s'approcha de son contact précédent:

"La surprise est partagée, que fait tu encore ici? Bouliakov est mort, tu n'as plus de raison de trainer par ici."

[Kasumi]

Mais la jeune fille ne se laissa pas démonter par le ton plus que suspicieux de l’assassine. Avec aplomb, elle la regarda dans les yeux et répliqua sans crainte dans la voix :

- C’est que la mort de ce vieux gros porc n’a pas arrangé les choses dans le quartier et que j’espérais bien pouvoir aider à nouveau quelqu’un comme toi. Tu es bien revenue finir le travail, n’est-ce pas ? Parce que le fils du vieux est cent fois pire. Plus sadique aussi. Alors si je peux t’aider…

[Rowan Blackwood]

Rowan ne pouvait se défaire d'un sentiment de malaise, elle avait la profonde impression de se faire manipuler depuis sa première mission. Cette jeune fille qui apparaissait comme par magie et qui lui facilitait la tâche à chaque fois qu'elle s'intéressait aux Bouliakov était un facteur inexplicable. Il n'était pas impossible qu'elle soit un agent de quelqu'un qui avait les Bouliakovs en ligne de mire. Elle haussa les épaules et demanda:

"Le manoir semble abandonné, sais-tu où se terre le fils?"

Nul doute que son interlocutrice serait certainement capable de lui montrer un chemin d'accès.

[Kasumi]

La jeune fille hocha vigoureusement la tête et arbora ce qui aurait pu passer pour un sourire avant de répondre d’un ton grave démentant en partie l’impression de bonne humeur :

- Oui et oui. Mais cette fois ce sera autrement plus difficile de débusquer notre rat. Le fils se cache à la campagne. Il a saigné son père au propre comme au figuré et maintenant il dilapide sa fortune mal acquise dans d’immondes jeux pervers. Je peux vous indiquer ce que je sais si vous promettez de traquer ce type malgré les difficultés. Mais cette fois je ne pourrai pas vous aider à l’approcher.

[Rowan Blackwood]

Le fils n'était plus là mais la vie du quartier était pire à cause de lui, Rowan trouvait quelques incohérences dans le discours de la jeune fille mais décida de les balayer dans les oubliettes ; tant que sa mission était accomplie le reste n'avait pas d'intérêt.

"Et comment on le trouve cet ingrat rejeton?"

demanda t-elle l'air blasée.

[Kasumi]

Une fois de plus, la jeune fille ne se laissa pas démonter par le ton direct et somme toute brutal de Rowan :

- Il ne passe que rarement en ville depuis quelque temps donc votre meilleure chance de le coincer est de vous rendre dans son domaine de campagne. C’est là qu’il organise ses concours pervers. Et il en organise justement un dans deux jours : ce serait peut-être votre porte d’entrée. Il faudrait juste convaincre le recruteur de Bouliakov que vous êtes une fine lame. Et que vous êtes prête à risquer votre vie pour ses jeux. Le type sévit en général à la taverne de la Gorgée d’Orge… Je sais que ça fait beaucoup d’informations à assimiler… Je ferais aussi bien de vous le noter ou de vous accompagner, non ?

[Rowan Blackwood]

Certains jours Rowan se sentait décidément trop vieille pour ce genre de vie, et de plans improvisés à la limite de l'amateurisme. Mais une fois encore, elle n'avait pas le temps de planifier un plan parfait qui ne risquait pas de se voir grippé par le premier grain de sable venu et devait faire confiance à cette troublante adolescente. Elle espérait bien qu'elle ne se trouvait pas encore en présence d'un doppelganger, elle n'avait vraiment pas besoin d'une nouvelle rencontre du troisième type. Elle invita la jeune fille à passer devant elle:

"Vas-y, je te suis"

[Kasumi]

Les deux jeunes femmes se frayèrent sans peine un chemin dans la foule sans être le moins du monde incommodé. La plupart des passants semblaient détecter l’aura de mort accompagnant Rowan et s’écarter fort naturellement pour ne pas se retrouver sur le passage de la petite faucheuse.

En chemin vers la taverne située non loin du manoir, la jeune fille révéla à demi-mots à Rowan quelques détails pratiques qu’elle jugeait bon de lui communiquer dans un lieu muni d’autant d’oreilles potentiellement indiscrètes :

- Il ne sera certainement pas là avant une heure ou deux mais il s’attendra à ce que de nouvelles recrues cherchent à s’engager pour la prochaine session. Comment souhaitez-vous procéder ?

HRP : je te laisse poster directement sur place.

[Kasumi]

Quête : Sous le fil du rasoir

HRP : pour Claris seulement.

Les rues depuis l'auberge à une heure aussi tardive n’étaient pas à recommander aux âmes les plus sensibles, même dans ce quartier relativement réputé et aisé. Après tout, les nobles avaient bien plus de moyens de payer quelque scélérat pour régler leurs comptes avec leurs voisins. Et ce n’est pas Claris qui allait démentir cet aspect de la vie urbaine mélandienne. Toutefois, qu’elle eut à nouveau de la chance ou que les rues soient plus calmes que ce que voulait faire entendre la rumeur, elle parvint rapidement devant la demeure de son ennemi annoncé. Aucune lumière ne laissait toutefois à penser qu’un des occupants soit encore levé.

[Claris de Corvimande]

Eh bien, voilà pour se réconcilier avec les rues de Melandis. Pour quiconque s'y connaissait, et ne prenait pas de risques inutiles, il était possible de s'en sortir sans risques. Mais il avait simplement fallu que Claris pèche, un soir, sur la seconde condition pour entraîner les présentes complications. Bref.

Tout semblait dormir… mais l'homme, à la Mélandienne d'Argent, avait dit de venir avant le lendemain midi. Il était fort peu probable qu'il soit parti se coucher si tôt, et qu'il n'y ait personne d'autre pour attendre de visite, n'est-ce pas ?
La première chose à faire était sans doute de s'approcher des grilles pour tenter d'évaluer s'il y avait moyen d'attirer l'attention des occupants des lieux… ou, dans le pire des cas, pour entrer sans attendre leur avis.

[Kasumi]

La grille de l’enceinte encerclant le manoir semblait fermée. Une chaînette attenante était certainement dédiée aux personnes désireuses de solliciter l’accès à la demeure Bouliakov. Par ailleurs, en s’approchant suffisamment de cette dernière, Claris remarqua immédiatement que la grille n’était pas verrouillée. Choisirait-elle l’approche discrète mais risquée ou celle qu’on attendrait davantage d’une noble dame bien élevée ?

[Claris de Corvimande]

Étant données la situation et la proposition, il était fort peu probable que l'on attende que Claris se comporte en personne noble et bien élevée. Et il y avait fort peu de chances que la grille ait été ainsi laissée ouverte par inadvertance plutôt qu'à dessein…

Et quand bien même ce serait le cas, il coûtait peu de choses de se glisser dans la propriété le temps de reconnaître les lieux, avant de revenir éventuellement sonner si besoin s'en faisait sentir. De Corvimande poussa donc la grille pour s'engager dans les jardins, prudemment, se préparant à devoir faire précipitamment demi-tour…

[Kasumi]

La grille grinça à peine et elle put s’avancer sur l’allée de gravier sans susciter le moindre émoi ou la moindre alerte apparente. Le manoir Bouliakov, sans présenter le même apparat que celui de sa famille, était tout de même une propriété de taille respectable et il lui fallut donc près de deux minutes pour arriver au pied du bâtiment principal. Devant une porte close. Tout comme les autres issues barrées de volets. Et toujours pas de réaction de la part des propriétaires ou – à défaut – des occupants actuels des lieux.