[Commerce] Le fond de la Barique

[Féérune]

Sylveneige ouvrit la bouche, puis la referma. Bon, raconter comme choupinou embrassait bien, valait mieux éviter...

Elle se mit à rêvasser quelques instants, puis posa sa main sur le bras de Streen et lui parla à voix basse.

- Streen chéri, les voilà ! les deux fichus frérots... Bon, il faut décider de la façon de les aborder...

La rôdeuse réfléchit quelques instants.

- Ecoute, il faudrait peut-être juste les saluer de loin quand ils dirigeront leur regard vers nous... La question est : faut-il leur courir après ? Tu comprends, si nous avons - enfin, si le choupinou a - réussi le barbouillage des vitraux, ils viendront vers nous eux-mêmes. Parce que nous leur paraîtrons d'emblée de bonnes recrues pour la secte... D'un autre côté, si nous n'avons pas réussi, il ne se passera rien...

Sylveneige serra sa main, pinçant involontairement son ami.

- Alooors... Je dirais qu'il faut attendre un peu, histoire de voir quelle va être leur réaction vis à vis de nous. Dès qu'ils nous voient, petit salut de la main, s'ils viennent tout va bien, s'ils ne viennent pas on attend un peu pour aller les voir. Inutile de paraître impatients, ce serait suspect.

[Streen]

Streen ne partageait pas tout à fait le même point de vue que celui de sa compagne. Néanmoins, il lui chuchota :
-Je ne sais pas, c’est bizarre. J’ai eu l’impression qu’ils nous ont regardé tous les deux mais qu’ils semblaient s’en moquer. C’est comme si nous nous étions jamais parlé. Mais bon, je me trompe peut être, alors nous suivrons ton plan. Après on pourrait très bien jouer les personnes fières de leur exploit et se dépêcher d’aller les voir. Mais s'ils ne sont pas au courant, ça risque de poser problème.
Il prit une des pièces de cuivre dont il disposait et lui dit :
-En attendant il va falloir tuer le temps. Mais restons sur nos gardes, ils vont peut-être finir par se manifester.
Il lança la pièce en l’air et disant :
-pile ou face ?
Un jeu totalement stupide mais histoire de ne pas trop montrer d’empressement…Il jeta inévitablement un regard vers les deux frères, trahissant son faux but.
« Imbécile, imbécile, imbécile » pensa t’il pour lui-même.

[Voyageuse]

Les deux frères paraissaient les ignorer complètement. Pourtant, il leur sembla, une fois ou deux, qu'ils leur jetaient un regard à la dérobée. Discret. Comme s'ils cherchaient à les évaluer, à connaître leurs intentions.
Ils discutèrent un moment à voix basse, et les deux aventuriers eurent la sensation qu'ils parlaient d'eux. Puis, sans les regarder, ils se levèrent pour s'approcher de la table de jeu, semblant s'y intéresser grandement, échangeant quelques mots avec l'un des joueurs. Participant aux paris, même, vu la pièce d'argent que l'un d'eux jeta sur la table.
C'était exactement comme s'_ils ne leur avaient jamais confié la moindre tâche. Enfin, presque. Ils n'avaient pas imaginé ces quelques regards lancés vers eux...

[Féérune]

- Ah zut ! heu, pile.

Sylveneige regarda en soupirant la pièce retomber.

- Streen, je crois qu'il va falloir que nous nous décidions à aller à la table des paris... Mets ton grand mouchoir sur ton sens moral et allons-y.

La rôdeuse en avait encore plus marre des deux frères qui semblaient jouer avec leurs nerfs que des prêtres lathandrites. C'était dire ! une pensée toute bête lui traversa l'esprit.

- Et si je chantais ? Du coup ils seraient obligés de nous regarder franchement.

Sans attendre la réponse de Streen, Sylveneige fit un clin d'oeil à la tavernière et entama une mélancolique chanson de Halruaa :

Seumeurtaïïïme and ze livi’ng iz iiziii
Fich arr jeim’pi’ng and’ ze cotonn iz haill’
Oo your daddi-iz riiitch and’ your ma iz goud louki’ng
So heuch litteul beïbi don-on’t you cra-aill’

Oine of’ zizz morni’ng you gonneu raï-aïzz eup’ si’ngi’ng
And’ you sprèdd your oui’ngs and’ you teïkk tou ze ska-aill’
Beutt till zat morni’ng derss aintt nozi’ng kènn harm you
Ouiz your daddi and mammi stanndi’ng ba-ill’.

Avant la réaction des buveurs et parieurs, elle eut le temps de chuchoter à Streen :

- Au fait, on a parié sur quoi ?

[Streen]

Streen aussi paraissait irrité par la situation. Il était fort probable que les frères n’aient pas eu vent de leur action. Soit parce qu’ils avaient deviné qu’ils avaient échoué, soit parce qu’ils ne s’y sont pas encore intéressés. Mais malgré son pessimisme légendaire, Streen voulait encore croire qu’il était possible d’intégrer la secte. Et une idée venait de germer dans son esprit. Ou plutôt Sylveneige lui avait donné une idée. Voyant un des deux frères parier une pièce d’argent sur un jeu aléatoire, il prit lui aussi une pièce d’argent et déclara :
-Je parie une pièce d’argent moi aussi.
Il ne savait pas vraiment sur quoi mais il paria dans le sens contraire du frère. Qu’importe le camp dans lequel il était pour le jeu. Si les deux crétins voyaient que Sylveneige et Streen jouaient eux aussi, cela les ferait penser qu’ils étaient comme eux, c’est-à-dire qu’ils pourraient intégrer la secte. Il attendit le résultat tandis que sa compagne donnait une représentation très réussie. Il répondit par ce murmure :
-Voyons si j’ai encore de la malchance.

[Voyageuse]

Les deux hommes jetèrent un coup d'oeil dans la direction de l'apprenti-barde, comme tous les clients. Mais si certains s'approchèrent, se fendant même de quelques applaudissements enthousiastes, eux se contentèrent d'un vague signe de tête avant de se détourner.
L'intervention de Streen fut plus probante. Le pari portait sur des pronostics de gains au jeu de carte en cours. Ce qui nécessitait, en théorie, de connaître quelque peu les joueurs et leurs forces respectives, à défaut de pouvoir prédire leur jeu. Streen, pariant au hasard sur un joueur inconnu, n'avait guère de chance de l'emporter... et sa pièce d'argent finit dans la bourse de l'un des deux frères, le plus jeune, qui lui adressa un regard narquois.
- Tout un symbole, fit-il, énigmatique, en le toisant d'un air calculateur.
Quittant la table de jeu, il s'en revint vers sa propre table, suivi de son frère, où ils se mirent à siroter tranquillement une bière.

[Féérune]

- Et voilà comment perdre bêtement son argent !

Sylveneige était furieuse. Elle qui s'était rassise avec un aimable salut vis à vis de ses admirateurs, sauta sur ses pieds et fila droit à la table des frères, saisit une chaise à la table voisine, s'assit à califourchon face aux deux sharites.

- Dites, les frérots, on ne dit plus bonjour ?

Elle bascula la chaise vers l'avant, touchant presque la table.

- Parce que, quand on a bien papoté avec des gens l'avant-veille, on peut au moins se fendre d'un salut mieux torché que le vague petit salut dont vous nous avez gratifiés...

La chaise reprit sa position initiale.

- Bien sûr, on n'est pas super potes, je comprends bien, mais quand même...

De nouveau, la chaise bascula vers l'avant, cette fois-ci touchant la table.

- Donc souffrez que nous nous invitions céans à votre table. On a de quoi papoter, je crois...

La chaise repartit.

- D'autant plus qu'à passer votre temps ensemble, vous devez avoir fait le tour des sujets de discussion.

La chaise revint vers la table.

- Donc ça sera tout bénef', d'avoir des interlocuteurs frais, hein ?

Sylveneige fit décoller légèrement la chaise de la table, se tournant vers Streen.

- Streen, viens, nous sommes mandés par ces sires ! et apporte ta ch...

A ce moment précis la chaise sur laquelle la rôdeuse était juchée ne résista plus ni aux allées et venues, ni à la fermeté des cuisses de l'elfe. Elle craqua. Avec un son splendide, retentissant, peut-être avec une pointe d'effet comique... L'elfe tombée à la renverse se retrouva fesses pointées vers le plafond. Une roulade habile la remit sur pieds, mais son petit discours s'en trouvait quelque peu gâché.

[Streen]

Streen ne se formalisa pas de sa pièce perdue. Son but n’était pas de gagner la partie mais de faire croire aux deux frères qu’il jouait et donc qu’il possédait les mêmes centres d’intérêt qu’eux et donc avoir des chances d’intégrer la secte. A vrai dire, il était même certain de perdre la partie, ainsi fut il assez surpris lorsque Sylveneige râla concernant la perte de leur pièce. Bah une pièce d’argent de perdue, dix d’or de retrouvées. Néanmoins par calcul, il évita de croiser le regard du frère, même lorsqu’il prononça sa phrase. Pourtant il devait les aborder mais comment faire sans paraître trop direct ? Finalement, ce fut Sylveneige qui prit les devants. Et elle lui recommandait d’apporter sa chaise. Lorsqu’elle se cassa en deux et qu’elle faillit se casser la figure, il poussa un hoquet de surprise. Décidément, ils formaient tous les deux le couple le plus accumulateur de gaffes. Et dire qu’ils devaient être convaincants, ça démarrait mal. Il posa néanmoins sa chaise et fit semblant de dévisager les deux frères.
-Ah c’est vous dit il, j’ignorais que vous étiez ici. Il faut dire que je ne vous avais pas reconnu. Avec mon désespoir qui s’accumule, vous comprenez…ce n’est pas facile.
Puis d’une voix véritablement sérieuse :
-En tout cas, votre venue est une véritable aubaine, nous avons des choses à vous dire.

[Voyageuse]

Le plus jeune des frères, celui qui s'appelait Sann, se permit un sourire amusé lorsque la chaise de Sylveneige se brisa. Jusque-là, ils s'étaient tous les deux contentés de l'écouter simplement d'une oreille, apparemment, même si leur regard concentré prouvait qu'au contraire ils étaient parfaitement attentifs au moindre mot prononcé.
L'aîné se contenta de pousser une chaise intacte dans sa direction, sans prononcer un mot, semblant la jauger du regard. L'intervention de Streen lui arracha en revanche un soupir discret, un rien exaspéré. Il échangea un regard avec son jeune frère.
- Quel genre de choses ? fit-il d'un ton morne, comme s'il n'y accordait pas la moindre importance. Seul son regard trahissait sa curiosité.

[Streen]

Streen s’efforçait de garder son calme le plus possible. L’envie de se jeter sur le frère en lui donnant des baffes et en criant « et les vitraux guignol, tu les as déjà oubliés ? » était très tentante. Mais il décida une fois de plus d’être diplomate. Il fallait garder son calme s’il voulait intégrer la secte.
-Je ne sais pas répondit il, tuer le beau cela vous dit il quelque chose par hasard ? Ma campagne et moi avons souillé les vitraux du temple de Lathandre avec du savon noir. Bon c’est vrai que n’est pas très efficace car ca part très vite et les lathandrites s’en sont aperçus mais n’empêche nous l’avons fait. Je ne pensais pas que c’était possible étant donné le désespoir qui nous minait tous les deux.
Puis en tapant une main sur son front, il reprit :
-Ah mais j’y pense, pourquoi est ce que je vous parle de ca ? Cela ne vous intéresse pas n’est ce pas ? Donc je suppose que je n’ai pas besoin de rentrer dans les détails dans ce cas.

[Féérune]

- Streen a tout à fait raison. Vous vous en fichez. Vous vous êtes joués de nous.

Sylveneige, une main dans le dos, tentait de se masser tantôt le milieu du dos, tantôt les cervicales.

- Vos façons m'agacent, pour tout dire. Après tout, pourquoi irais-je vous courir après pour devenir votre amie ? Vous ne voulez pas de nous. C'est clair...

Le massage s'interrompit brusquement ; l'elfe oubliait d'avoir mal, tellement sa colère montait.

- Nous avons fait effectivement fait la chose que vous nous avez demandée. Avec un succès relatif, puisque tout a été effacé...

Pourquoi cet idiot de Streen avait-il parlé de savon noir ? C'était admettre que nous ne voulions pas réellement souiller les vitraux, pensait la rôdeuse passablement agacée.

- Evidemment le savon noir servait de liant, mais nous avions mis de la poix. Bien grasse et puante à plaisir !

Fallait bien rattraper le coup, hein, songeait-elle.

- Et si je vous disais que Streen a été héroïque ? Qu'il a même fini en prison ? Que j'ai dû envoyer quelqu'un pour le faire sortir ?

L'elfe comptait bien coller un rôle plus glorieux au choupinou.

- Enfin ! nous aurions certainement pu vous être utiles, mais tant pis. Pour commencer, je vais mieux.

Ce disant, Sylveneige se passa la main dans les cheveux.

- J'ai trouvé un boulot, par lequel j'aurais pu attirer des gens vers vous, mais tant pis tant pis tant pis. N'en parlons plus.

Elle sourit.

- Allez ! parlons un peu de vous. Vous avez fait des choses intéressantes, ces derniers temps ?

La rôdeuse prit un air contrit.

- On reste tout de même un peu copains, hein ?

[Voyageuse]

- Mensonges et fanfaronnades, répliqua sèchement l'aîné des deux frères.
- Il y a bien quelqu'un qui a commencé à souiller les vitraux, nous l'avons vu. Mais ce n'était pas vous.
- Cela dit, savoir mentir de façon plausible est une qualité plutôt recherchée... que vous semblez posséder parfaitement, jeune demoiselle, contrairement à votre ami. Il va sans dire qu'inventer des mensonges stupides et peu plausible ne peut qu'être nuisible...
- Ah... et contrairement à ce que vous semblez croire, nous ne sommes pas à la recherche de rabatteurs. Nous n'avons nul besoin de recruter. Les gens viennent spontanément vers nous, lorsqu'ils ont besoin d'une puissance supérieure pour surmonter les aléas de la vie et qu'ils comprennent que leur salut est dans la destruction, que seul l'amour du néant peut permettre de se détacher des souffrances matérielles. Ils savent que notre dieu les rendra plus fort. Simplement, comme je vous l'ai dit, il faut savoir le mériter.
L'aîné sourit à Sylveneige. Un sourire calme et froid.
- Je pense que vous pourriez vous montrer à la hauteur, en effet... Vous. Pas votre camarade.

[Streen]

Streen poussa un hoquet de surprise tellement il ne s’attendait pas à la situation. Néanmoins, il n’allait pas se laisser faire. Oh que non et cette fois, il n’allait pas maintenir sa colère. C’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Il tapa du poing sur la table et s’écria :
-Comment ? cria t’il. Et la nuit que j’ai passé en prison c’est par hasard peut être ? Et puis le gars que vous avez vu faire, il n’a fait que suivre notre idée à nous. Et n’allez pas croire que je mens parce que j’ai des témoins en plus ! Alors le premier qui ose encore dire que je dis des mensonges et des fanfaronnades…
Il se prit la tête à deux mains comme pour feindre une colère terrible.
-J’ai bien envie de réduire cet endroit en cendres maintenant ! Et je veux plus de puissance pour détruire davantage. Il n’y a plus que cette possibilité qui peut contrer mon désespoir !
Puis plus calmement aux deux frères :
-Et puis qui vous a dit que je souhaitais être recruté ? Ne croyez pas que je vais me trainer à vos pieds pour intégrer un soit disant groupe alors que nous ne savons rien de lui. Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ? Non. Qui dit que ce groupe n’est pas que mensonges et fanfaronnades ? Alors vous remettez encore en doute ma volonté de destruction ? Moi je me permets de remettre en doute votre groupe si je ne le vois pas sous mes yeux. Et puis si vous n’acceptez toujours pas mon principe, je trouverais bien un autre groupe qui m’acceptera ce qui serait bien dommage pour vous car si votre groupe existe réellement, il pourrait faire concurrence au votre.
Il ignorait s’il avait pris une bonne décision mais son ultimatum était une manœuvre désespérée, la seule qui pouvait encore marcher. Avec un peu de chance, sa colère serait interprétée comme une volonté de destruction. Si ca ne marchait pas, il serait obligé de voyager avec Sir Jolan mais une fois qu’il sera face au culte, rien n’indique qu’il saura se maîtriser pour ne pas réduire la secte en miettes une fois qu’il sera face à eux. Et puis au moins, il aura essayé.

[Féérune]

Sylveneige rit. Elle se tourna vers la salle et appela.

- Tavernière, s'il vous plaît ! je vous dois une chaise... Apportez-nous un cruchon de bière ambrée, je vous prie.

Revenant vers les frères, l'elfe reprit la conversation.

- Je crois que nous allons pouvoir trinquer. Streen vient de vous prouver sa détermination ! de toute façon, vous devez savoir une chose : je suis dix fois, cent fois meilleure quand il est avec moi. Ce n'est pas pour vous vendre le bonhomme, non ! c'est juste la vérité.

La rôdeuse réfléchit.

- Je ne sais pas s'il est utile que vous sachiez exactement ce qui s'est passé au temple de Lathandre... Franchement cela n'a guère d'importance.

Sylveneige tendit la main vers le cruchon qui venait d'être un peu rudement posé sur leur table et servit ses compagnons.

[Voyageuse]

- Oh, mais ce n'est pas sur les faits qui se sont déroulés ou non au temple que nous jugeons... Ce sont vos réactions qui sont importantes...
- Et elles sont extrêmement instructives, ajouta Sann en regardant Streen d'un air narquois. Par exemple... qui vous a parlé d'intégrer un groupe ? Nous vous avons juste suggéré de vous rapprocher d'un dieu...
- Non, tout cela ne fait que nous conforter dans notre première impression...
Il se leva et échangea un regard avec son jeune frère.
- Vous, venez avec nous, lança-t-il à Sylveneige. Du moins, si vous voulez vraiment en savoir plus. Je vous avertit que c'est la seule fois où je vous le proposerai. Si vous refusez, je saurai que votre motivation n'est pas suffisante. Quant à vous... vous suivrez mon frère.

[Streen]

« Raté » pensa Streen. Bon d’un côté il avait lancé son ultimatum et cela n’avait pas fonctionné. Au diable l’intégration de la secte. Il avait fait ce qu’il pouvait. Il avait au moins essayé, tant pis pour l’échec. Il répondit néanmoins d’un ton presque cassant aux deux clercs.
-Ah bon, ce n’est pas un groupe ? Parce que les seules personnes qui sont capables de rapprocher les autres des dieux sont des clercs à ce qu’il me semble. Et tout bon clerc doit avoir des fidèles. Si ça ne constitue pas un groupe…Mais si ce n’est pas le cas alors vous ne correspondez pas à ce que je recherche alors restons en là. Et puis je ne sais pas de quoi retourne votre rapprochement avec un dieu mais je me vois mal me fier à des personnes qui m’ont donné un ordre de mission et qui se fichent finalement de savoir s’ils l’ont réussi ou non. Si vous ne vouliez pas me prendre sous votre aile, il fallait le dire avant plutôt que de faire perdre mon temps. Je suis certain que vous ne vouliez de moi dès le début et que vous ne vouliez que me compagne.
Puis toujours à leur attention en désignant Sylveneige.
-J’ai néanmoins deux ou trois choses à régler avec elle en privé. Une histoire de pari et d’argent. J’ose espérer que ce n’est pas trop vous demander d’attendre sagement ici deux ou trois minutes sa décision non ? Nous allons à une autre table puis elle revient vous faire part de sa décision. Cela vous va ?
Streen devait vraiment parler avec sa compagne. Si l’idée de se séparer d’elle l’ennuyait, il ne voulait pas non plus l’échec de la mission. Mais ne serait-elle pas mal à l’aise de partir seule sans lui avec des futurs ennemis ? Il fallait peser le pour et le contre et voir ce qui était mieux pour elle. Mais il ne voulait pas influer sur sa décision. C’était elle qui devait la prendre.

[Voyageuse]

- Allez-y, si vous voulez parler... Moi, je pars dans dix minutes. Avec ou sans vous, ajouta-t-il à l'adresse de l'elfe.
- Et moi je resterai un peu avec vous, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Pour... tester certaines hypothèses.
Les deux frères échangèrent un regard, et ne parurent plus leur prêter la moindre attention. Pure illusion ?

HRP : je reviens dimanche soir.

[Féérune]

Sylveneige suivit son ami d'un air dubitatif.

- Bon, Streenounet chéri, on fait quoi ? Enfin, toi, parce que moi évidemment j'y vais. Mais boudiou c'est un crève-coeur de te laisser ! tu rejoindras Jolan, je suppose ?

L'elfe soupira.

- Ah là là, si tu savais au moins réfléchir avant de parler ! au fait, je t'informe que le savon noir est un nettoyant... Donc on ne s'en sert en principe pas pour gribouiller des trucs censés être indélébiles... J'ai rattrapé comme j'ai pu, mais rien que ça aurait pu nous griller !

Oh bon sang, quitter Streen ! songeait la rôdeuse, perspective qu'elle voyait arriver avec une crainte certaine. Qui sait ce qu'il était capable de faire comme grosses bêtises une fois livré à lui-même ! vraiment, il valait mieux qu'il rejoigne Jolan, quitte à s'embrouiller un peu sur le sujet des vitr... oh non, surtout pas, il dirait tellement de mensonges qu'il se ferait encore mettre en prison !

[Streen]

Streen haussa les épaules devant la remarque du savon noir. Lorsqu’il s’était réveillé dans le champ amnésique, il avait acquis une grande partie de sa mémoire sémantique mais pas la totalité. Il avait quelques lacunes et ce n’étaient pas les heures passées à la bibliothèque qui allaient les combler. Encore un élément qui prouvait qu’il était un sujet d’expérience encore incomplet. Grrrr maudits parents. Il n’était qu’un sujet-test en gros. Quelle était l’utilité si on créait des humains auxquels il manquait des connaissances. Cela dit, les produits d’entretien n’étaient pas sa priorité.
-Bah qu’importe savon noir, suie, poix et j’en passe. Ce n’était pas cet élément qui a retenu l’attention des deux frères. Ils ont eux-mêmes dit que ce que l’on a fait au temple ne les intéressait pas alors je ne crois pas que ce soit important.
Puis il adressa un sourire à sa compagne :
-Je suis en revanche ravi que tu décides d’intégrer la secte même si j’aurais préféré être de la partie. Cependant sois prudente, j’ai l’impression que les dés étaient déjà jetés avant même l’histoire du temple et cela ne me dit rien qui vaille. En revanche, je te jure que dés que j’en aurais l’occasion, je ne manquerai pas de leur planter mon épée dans la couenne histoire de leur rabattre définitivement le caquet. Mon envoie de destruction s’applique désormais à eux et au culte sharite. Ils se sont fait un ennemi. Quant à moi, ne t’en fais pas, je serais accompagné de Sir Jolan et je ne risque rien avec lui. Je sais par contre que tu me manqueras.

[Féérune]

- Pas impossible, Streen, pas impossible... Quasi-sûr, même, je dirais... Parce que sinon ta belle diatribe les aurait persuadés. Or ce n'est pas le cas.

Sylveneige parlait très bas.

- Moui, mon Streenounet, y'a pas... Y'a baleine sous le caillou. Sûr.

La rôdeuse réfléchit brièvement.

- Faudrait tout de même que je les travaille au corps pour qu'ils se décident à t'intégrer dans la secte... Ouch, mais non ! "travailler au corps", hein, ça veut dire les harceler, c'est tout. Pas les tripoter. Ah non. Non non non. Non...

Un très court instant, puis l'elfe reprit vivement la parole, histoire d'éviter que Streen s'énerve sur ce qu'elle venait de dire.

- L'un des frères va rester un peu avec toi, d'après ce que j'ai compris... Il va donc te tirer les vers du nez. Donc : premièrement nous avons tenté de maculer les vitraux et avons été surpris, j'ai réussi à m'enfuir mais pas toi ; deuxièmement en prison tu as discuté avec un type qui a tenté la même chose que nous et prétend avoir été poussé par moi.

Sylveneige fixa Streen droit dans les yeux.

- Et tu n'en sais pas plus ! donc pas de blabla inutile, pas de mensonges idiots et vains, et ne te laisse pas mener dans des spéculations verbales dont tu ne sauras pas te sortir... Ils sont futés, ces deux frangins...

[Streen]

Streen hocha la tête pensif.
-Ne t’en fais pas pour moi Sylveneige chérie. Ces types là sont peut-être malins mais ils sont également malhonnêtes, pas droits comme le capitaine.
Puis en désignant le frère :
-J’ignore d’ailleurs pourquoi ils souhaitent me voir. Si ils n’ont pas aucune confiance en moi, alors nous n’avons rien à nous dire. Et s’il insiste je lui dirais franchement et je partirai en claquant la porte. En tout cas je te promets de ne pas me mettre dans le pétrin. Ou du moins pas cette fois-ci.
Il jeta à nouveau un regard au frère en reprenant :
-Je pense que tu ferais mieux d’y aller avant qu’ils ne changent d’avis te concernant. Nous ne reverrons là-bas, là où siège le culte. Et je te promets que j’embrocherai le cœur répugnant de ces deux frères.

[Féérune]

- Oui, mais tu dis n'importe quoi, Streen. Ce n'est pas parce que des types sont malhonnêtes que cela les rend idiots... Donc tu ne dis pas plus que ce que je viens de te conseiller de dire... Compris ?

Sylveneige ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Enfin ! si Streen finissait en prison, pensait-elle assez justement, il serait mis hors d'état de faire d'autres impairs. Evidemment, si on lui tirait les vers du nez... Ah, assez cogité, il serait toujours temps de voir. De toute façon, on ne pouvait pas anticiper ce qu'il pouvait advenir, ça ne sert à rien de paniquer inutilement.

L'elfe reprit la parole.

- Et tu sais, avant de penser à les embrocher, pensons d'abord à cette fichue mission et au meilleur moyen d'arriver à nos fins. Et enfin, arrête un peu d'être méprisant envers l'ambiance de cette taverne ! tiens, j'y chante en principe demain, viens donc m'écouter, tu te réconcilieras avec l'endroit.

[Streen]

Streen sourit en entendant sa compagne.
-Ne t’en fais pas pour moi, je saurai me débrouiller. Oh et à ce propos, je n’ai jamais suggéré qu’ils sont idiots parce qu’ils sont malhonnêtes. Mais je pense que le frère évitera toute question en lien avec la droiture, voilà tout.
A vrai dire, Streen craignait plus pour sa compagne que lui-même.
-Je te fais confiance mais attention, tu seras en territoire ennemi. Tu es parfois déconcertante mais de grâce, mets cet aspect de côté lorsque tu seras parmi le culte. Il me sera insupportable d’apprendre que tu as eu des ennuis au moment où je le découvrirai.
Puis désignant la taverne :
-Je ne comprends pas ce qui t’a poussé à vouloir chanter ici mais soit, uniquement pour toi, je t’entendrai chanter…si tu es encore à Luménis demain. On ne sait pas ce que te réservent les deux zigotos. A présent, je pense que tu devrais rejoindre celui qui veut te voir.

[Féérune]

- Oui, je vais y aller. Fais bien attention à toi aussi.

Sylveneige sentit une larme rouler sur sa joue. Allons bon ! a t-on idée d'être si bêtement sensible ! se morigéna t-elle.

D'un revers de manche elle essuya sa joue. Puis elle tourna les talons et marcha hardiment vers les deux frères.

[Voyageuse]

Quête : chercheurs de sens

L'aîné des deux frères se leva en la voyant approcher.
- J'imagine que vous m'accompagnez ?
Il n'attendit pas de réponse, et se dirigea vers la sortie, vérifiant tout de même d'un coup d'oeil qu'elle le suivait.
- Au fait... je me nomme Gwaric.
Il lança quelques piécettes sur le bar, payant leurs consommation, et sortit de l'auberge, accompagnée par l'elfe. Puis, sans prononcer un mot, il l'entraîna en direction du parc verdoyant.

Pendant ce temps, son frère, Sann, s'était approché nonchalamment de Streen. Il attendit que les deux autres soient sortis pour se pencher vers lui.
- Je suppose que vous trouvez la situation passablement injuste... vous qui désiriez tant intégrer ce groupe... Vous voir ainsi préférer cette jeune elfe, ce doit être terriblement frustrant...

[Streen]

Streen fut assez surpris de la remarque de Sann. Ainsi c’était donc pour cela qu’il souhaitait le voir ? Pour quelque chose d’aussi futile? Streen le regarda droit dans les yeux. « Tu regretteras tes mots quand j’embrocherai ton cœur par le lame de mon épée. Et ton frère aussi. » pensa t’il. Tant pis pour la non-intégration de la secte. Streen attendait son heure. Et à ce moment-là, ce sera à lui de se régaler. Il répliqua néanmoins d’un ton très calme, trop calme peut être :
-Je crains que vous ne vous mépreniez sur la situation. Je ne connais rien de votre groupe alors je ne vois pas pourquoi je désirerais vraiment l’intégrer.. Alors oui, je suis effectivement frustré de voir que vous avez choisi cette elfe et pas moi mais je trouverai bien un autre groupe qui m’aidera à combler mon désespoir par la destruction. Il existe une alternative alors n’allez pas croire que je vais vous supplier de me prendre. A présent si tout ce que vous avez de mieux à faire est de me narguer, vous pouvez partir car vous perdez votre temps avec moi.

[Voyageuse]

L'homme eût un léger rire, presque juvénile.
- Oh, il ne s'agissait nullement de vous narguer ! Mon frère est parfois assez raide dans ses jugements... Moi je comptais plutôt vous offrir, peut-être, une nouvelle chance. Mais si vous dites que cela ne vous intéresse pas, alors restons-en là !
Il parlait sur un ton mesuré. Pas à voix basse, ce qui aurait immanquablement attiré l'attention sur eux. Mais suffisamment bas pour ne pas être entendus par les autres clients de l'auberge.

[Streen]

Streen fronça les sourcils en entendant Sann. Qu’est ce que c’était que cette histoire ? Pourquoi voulait il lui laisser une autre chance ? Etait ce un piège ? Un test ? cela l’intriguait plus que tout.
Il s’assura que personne ne les écoutait puis reprit à voix basse :
-Une nouvelle chance dîtes vous ?
Il écarquilla les yeux avant de reprendre :
-Je ne comprends pas. Pourquoi émettre un avis différent de votre frère ? Pourquoi serait il d’accord avec vous ? Et si cette nouvelle chance n’était qu’un prétexte pour que j’exécute de sales besognes pour vous ? J’ai passé une nuit en prison mais je risque davantage si je recommence. Même si je n’éprouve aucune sympathie pour les clercs de Lathandre, ne comptez pas sur moi pour aller souiller les vitraux du temple.

[Voyageuse]

Quête : Chercheurs de sens - à Luménis

Sann se contenta de hausser les épaules.
- C'est vous qui voyez. Je ne cherchais qu'à vous donner une chance de prouver que vous êtes digne de confiance. Libre à vous de la saisir ou pas. Mais si vous êtes intéressés, vous pouvez vous rendre à deux rues d'ici, en prenant à droite en sortant. Il y a une impasse très étroite, vous y pénétrez. Un mendiant est assis un peu plus loin. Dites-lui que vous voulez rejoindre la maîtresse de la toile des ombres... Et il vous dira quoi faire.
Il se leva.
- Pour ma part, je dois rejoindre mon frère... nous nous reverrons certainement !

hrp : si tu décides d'y aller, ça se passe ici : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post309898 (tu postes ici et là-bas dans ce cas)

[Streen]

Streen resta longtemps un moment assis après le départ de Sann. Il ne prit pas sa décision de suite car il ignorait encore beaucoup de choses. Premièrement, il ne pouvait s’empêcher d’émettre des doutes sur la chance que Sann souhaitait lui offrir. Pourquoi lui offrir une chance alors que son frère refusait son intégration ? Cela n’avait pas de sens. Deuxièmement, pourquoi Sann a-t-il mentionné la maitresse des ombres ? S’agissait il de Lloth ? Où était le rapport avec Shar ? A moins qu’il ne se mélangeait les pinceaux. Après tout, il ne savait pas grand-chose des dieux. Troisièmement, qu’est ce qui lui indiquait que ce n’était pas un piège ? Quelles tortures pouvait-on lui faire si jamais il s’y rendait ? D’autre part, cela le répugnait de se présenter pour qu’on lui donne une tâche qu’il n’accepterait probablement jamais. Voyons, si Sylveneige était à sa place, que ferait il ? Elle irait à ce contact. Après tout, le succès de la mission en dépendait. Et puis sui sait, s’il se retrouvait face à une seule personne, peut être ferait il semblant d’accepter sa mission puis feindre de se retourner, dégainer son épée et embrocher l’adepte de Lloth. Non seulement il se débarrasserait d’une crapule et rendrait un fier service à Luménis. La chandelle en valait le coup. Cela calmerait sa colère contre les deux frères. Il choisit de se rendre à ce contact au cas où. Et si celui-ci le mettait de bonne humeur, peut être qu’il l’épargnerait. Il se rendit aux taudis.

http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post309898