[Ailleurs] Le Château

[Galathée]

Mais il n'y en avait point. Soit elle redescendait dans la fosse derrière elle, soit elle progressait vers l'intérieur du château, sous l'arche de pierre. Tenter de longer les murs sur l'étroit rebord l'obligerait à passer sous l'une ou l'autre des tours, l'exposant directement au vomissement brûlant. Pour l'heure, les éclaboussures étaient le principal danger mais une flaque inquiétante commençait à se répandre sur le sol, continuant à bouillonner malgré le froid de la pierre environnante.
Quoi qu'elle décide, Angèle devait bouger, sous peine d'y perdre ses bottes, ou plus encore.

[Althéa]

Pas le temps de souffler. La situation devenait pour le moins brûlante. Elle n'avait pas vraiment d'autre choix que de se ruer sous l'arche de pierre en espérant ne pas rencontrer d'autres obstacles. Elle passa la courroie de son bouclier autour de son bras, et le tint au dessus de sa tête mais légèrement de biais pour parer les attaques venant du dessus aussi bien que les frontales - à condition qu'on ne visât pas trop bas - et courut en direction du château. Elle n'avait pas vraiment le choix.

Tout en courant, elle prit la décision si elle survivait à tout cela, elle prendrait sa retraite. Elle sillonnerait Dorrandin, et pourquoi pas Helonna venant en aide en tant que juge itinérant ou juriste. Non, tout ceci n'était plus de son âge.

[Galathée]

Malheureusement... sa progression fut rapidement freinée. Si elle était parvenue à se glisser sous l'arche et donc à se soustraire aux flots d'huile bouillante se déversant des hauteurs, elle venait d'entrer en contact avec quelque chose d'à peine visible mais de très certainement gluant. Et collant. Et qui lui bouchait le passage. En tirant avec force, elle parvint à déplacer sa jambe droite, mais celle-ci rencontra presque aussitôt une autre résistance du même genre. Il y avait une vague odeur nauséabonde... peut-être un peu acide... masquant une seconde... la putréfaction.
C'était une toile d'araignée. Et elle avait au moins une jambe, un bras et une partie du ventre englués.

[Althéa]

Elle était restée quelques instants stupéfaite, engluée dans la toile. C'est le contact de l'acide lui brûlant les poignets au contact des filets arachnéens qui la réveilla tout à fait. Qui plus est, au vu de la taille du piège, la prédatrice n'était pas petite. Et elle n'était pas pressée de la rencontrer, pas avec une partie du corps englué si possible. Elle éprouvait une légère répugnance mais contrôlable pour ce genre de bestiole. Tyr merci, les poules ne construisaient pas des toiles et ne considéraient pas les humains comme une potentielle nourriture. Mais cela ne l'aida pas, elle commençait même à ressentir une légère panique. Elle était engluée, pouvait à peine se mouvoir. Elle faisait une nourriture bien facilement accessible.

Elle parvint cependant à dégager son bras droit. Le gauche qui tenait encore le bouclier était encore attaché à la toile. En regardant autour d'elle pour tenter d'apercevoir la maîtresse des lieux, elle tenta de porter la main à son épée toujours à son coté.

[Galathée]

La paladine n'était pas de faible constitution, aussi parvint-elle à agripper le manche de son épée et à la dégager. Le tranchant de la lame lui permit de couper les filins qui l'enserraient, mais il y en avait encore de nombreux en travers du passage qui s'étendait sur plusieurs mètres. Elle discernait l'ombre moins dense de la cour, plus loin devant, mais il lui faudrait se frayer une route à grands coups d'épée, comme dans une jungle épaisse.
Alors qu'elle progressait vers l'avant, elle sentit quelque chose lui frôler la joue. Quelque chose de duveteux, furtif, comme une caresse aux poils doux... qui disparut aussitôt.


HRP : deux D10, m'dame !

[Althéa]

Angèle tranchait dans la toile, essayant de ne pas prêter attention à l'odeur répugnante de putréfaction mêlée à celle d'acide. Des lambeaux de toile se prenaient dans ses jambes, rongeant le tissus de ses vêtements, hérissant ses cheveux, passaient sur sa figure, la brûlant légèrement au passage. Elle n'y pensait pas, pas même à l'allure qu'elle devait avoir, bien loin de la paladine proprette dont elle avait l'habitude. Lui donnant plutôt l'apparence d'une druidesse sauvage. La peur et la répugnance s'étaient mêlées en une sorte de frénésie. Elle voulait avancer, et si possible avant que l'occupante du lieu ne se montre. Elle tailladait à coup de moulinets peu académiques.

Quand quelque chose frôla sa joue, elle manqua lâcher son épée de stupéfaction ... C'était l'araignée, elle en était certaine. Elle était là, tout près. Et elle n'était pas forcément contente du sort qu'elle avait fait subir à son habitat. Elle ignorait si l'arachnoïde attacherait de l'importance à ce genre de détail mais n'avait pas vraiment envie de le savoir. S'apprêtant à se défendre si besoin, elle se risqua à regarder autour d'elle à la recherche de la maîtresse du lieu.

[Galathée]

Mais elle ne vit rien, il faisait bien trop sombre. Une lumière chaleureuse l'attirait à présent vers l'avant et l'endroit où, elle le savait, se trouvait la grande cour du château. Des braseros. Elle distingua leur lueur rougeoyante. Au moins deux. Des ombres en mouvement. Quelque chose chatouilla à nouveau sa joue, elle ne vit pas quoi, elle accéléra son mouvement, progressa, progressa encore, de plus en plus vite, trancha un fil, un deuxième, un troisième, un dernier qui la déséquilibra légèrement vers l'avant et elle jaillit, réussissant à conserver son équilibre de justesse, sur la terre battue de la cour, abandonnant la toile et l'entrée derrière elle.
Mais son apparition ne passa pas inaperçue : une douzaine de soldats en cottes de maille se réchauffaient aux flammes rougeoyantes de deux feux sur pied, construits dans des vasques métalliques. Derrière eux se dressait l'ombre noire d'un donjon carré, sa porte se découpant en haut d'une volée de marches. Ils se tournèrent vers Angèle comme un seul homme, mais elle ne parvint pas à voir leurs visages, ombrés sous les arcades de leur casque. Ils la fixaient, en silence, les mains levées au-dessus des flammes, encore loin du manche de leurs armes, épées et haches, une arbalète, un fléau.

HRP : Deux dés m'dame !

[Althéa]

Angèle stoppa net. Point n'était besoin d'avoir étudié les arts de la guerre dans le moindre détail pour deviner qu'un combat à une contre dix tournerait à son désavantage. Et que de surgir ainsi, l'épée brandie risquait de rendre son entourage nerveux voire même agressif. Elle se dépêcha de rengainer son arme. Elle gardait néanmoins son bouclier en main. Elle réfléchit rapidement à la situation. Elle ne pouvait pas faire demi-tour. C'était retourner dans l'antre - bien qu'un peu amoindri - de l'araignée, passer du coté des tours crachant l'huile bouillante, descendre dans la fosse et retourner dans la forêt. Elle s'avança donc, à pas comptés.

Elle essaya de repérer d'éventuels symboles sur les casques et les armures, pouvant la renseigner sur leur identité ou plutôt sur la personne qu'ils servaient. Son armure était restée dans la fosse et elle ressemblait à peu près à tout sauf à une paladine. Comme à son habitude, elle prit la décision de ne pas parler la première, espérant que l'un des soldats parlerait avant elle, lui laissant le temps de comprendre la situation.

[Galathée]

Mais les soldats ne parlèrent pas. Ils portaient des vêtements élimés, leur cotte de maille, à la lueur des flammes, paraissait terne. L'un d'entre eux ceignit lentement son bouclier et Angèle vit qu'il était cabossé. Un autre tira une épée dans un long bruit métallique et elle découvrit une lame dentelée, bouffée par la rouille. Ils ne firent cependant aucun geste brusque, aucun d'entre eux n'avança dans sa direction.
Le vent tourna brusquement, ramenant une odeur vers Angèle. Effluves de putréfaction, relents de pourriture. Ils ne venaient pas de l'arche de pierre derrière elle mais bien de l'avant. Un des braseros crépita, attisé par la danse folle de la brise, et ses flammes se firent un instant plus vives, illuminant les quelques hommes qui étaient encore rassemblés autour de lui. Cela suffit à la paladine pour apercevoir, dans un éclat de lumière furtif, un visage sous le casque. Des joues creuses, mangées par la vermine, l'os de la mâchoire et les dents apparentes, une orbite pratiquement nue où reposait un globe oculaire jaune, veiné de sang bleuâtre, un nez à demi arraché, une peau parcheminée là où elle existait encore.
Ce soldat était un zombie. Les autres aussi, plus que probablement.

[Althéa]

Elle comprenait maintenant l'origine de l'odeur de putréfaction. Mais l'avoir trouvé ne la rassura pas pour autant. Au contraire ... Un groupe de zombies, peut-être un vestige des batailles des temps passés. L'odeur de pourriture lui tourna la tête et elle dut respirer par la bouche pour ne pas vomir. Elle les regarda avec une sorte de stupéfaction mêlée d'horreur. Elle n'avait aucune accointances de près ou de loin avec la non-vie. Tout ce qu'elle savait et qu'ils étaient nombreux et qu'elle aurait du mal à résister. Aussi ne se jetterait-elle pas à corps perdu dans une mêlée incertaine. Elle se dit qu'avec énormément de chance, ils s'enfuiraient comme le monstre des douves ou s'évaporeraient comme de simples cauchemars. Elle en doutait vraiment.

Elle avait cependant une arme contre eux. Du moins si son dieu ne l'abandonnait pas. Elle attrapa son symbole sacré d'une main, garda son bouclier de l'autre. Elle fit un pas dans la direction du château.

[Galathée]

Peut-être Angèle avait-elle espéré que son geste passerait pour une mise en garde, et suffirait à écarter la douzaine de morts-vivants qui la lorgnaient de sous leur casque. Mais ils avaient le cerveau pourri et un sens du jugement à l'avenant. Aussi prirent-ils son mouvement, et le symbole sacré au bout de sa main, pour une menace. Ce n'était sans doute pas une mauvaise interprétation.
Les épées et les haches furent brandies en un instant, leur tranchant rouillé reflétant imparfaitement la lueur des flammes, et les zombies clopinèrent dans sa direction en vociférant, en une horde putrescente et mal embouchée.

[Althéa]

Elle n'avait pas d'autre choix que de se battre. Elle l'avait craint mais avait manqué de prudence en arborant son symbole sacré. Elle suivit donc sa première impulsion. Quand le vin était tiré ... Avec un peu de chance, elle parviendrait à en éliminer quelques uns.

Angèle ==> renvoi des morts vivants ==> zombies

Elle savait se battre, maîtrisant d'avantage le désarmement que l'attaque pure et simple. Et à une contre douze, elle avait peu de chance de leur résister.

[Galathée]

La paladine parvint tout juste à terminer son incantation lorsque les premiers zombies arrivèrent au contact. Un cercle de lumière s'échappa d'elle en une onde vigoureuse, illuminant brièvement la cour sombre du château, les murailles de pierre grise, le donjon et les nuages obscurs. Une poignée de soldats morts-vivants s'immobilisèrent, comme aveuglés, firent demi-tour et s'enfuirent aussi vite que possible, dans toutes les directions. L'un d'entre eux s'engagea même dans l'arche de pierre et les toiles d'araignée. Mais il en restait encore cinq et ils ne parurent pas un instant décontenancés par le comportement de leurs semblables. Ils se ruèrent sur la jeune femme en éructant, se souciant peu du désordre de leur assaut. Angèle leva son bouclier et une hache vint s'y fracasser. Le zombie désarmé tenta alors que saisir l'écu à pleines mains, le secouant avec une force qui, si elle n'avait rien surhumaine, menaçait néanmoins de porter ses fruits tôt ou tard. Deux des morts-vivants se génèrent en chargeant et s'infligèrent quelques coups furieux avant de revenir vers la jeune femme. Un quatrième entrechoqua sa lame avec la sienne, frénétiquement, déployant des étincelles. Le dernier était coincé par les quatre autres et entreprit de contourner la mêlée.

[Althéa]

Elle se cramponna à son bouclier semblable à un naufragé se cramponnant à une planche flottant au milieu de la tempête. C'était un peu ce qu'elle était. Sans armure, elle ne devait sa survie qu'à son écu. Sans lui, impossible de parer les coups. Elle serait tuée à coup sûr. La peur au ventre, couverte de sueur - qui aurait fait fuir même les sunites - tentant de parer avec son épée, elle essaya de se débarrasser de cette première menace. Alors que le zombie tirait de nouveau sur son bouclier, elle accompagna le mouvement au lieu de le retenir - sans le lâcher cependant - afin que le mort vivant se donne lui-même le coup portant sur sa propre force. Avec un peu de chance, la hache plantée dans le bois l'aiderait un peu.

Le mouvement laissait cependant une faille dans sa défense et elle tenta d'accompagner tant bien que mal le mouvement avec son épée.

[Galathée]

Le zombie s'infligea un spectaculaire coup de bouclier sur la tête. Son casque en tomba, révélant son crâne à moitié nu, d'où dépassaient des touffes de cheveux graisseux mais aussi la forme racrapotée d'un cerveau de teinte verdâtre. La créature parut un instant déconcertée, puis tomba sur son séant, bousculant son voisin qui lui asséna un coup de masse sur l'épaule. Le bras se détacha net mais le zombie n'y prêta qu'une attention modérée et entreprit de se relever en utilisant l'autre. De son épée, Angèle était parvenue à faucher un second assaillant au niveau de la taille, mais la lame buta contre la colonne vertébrale et elle dut se dépêcher de la dégager d'un coup sec pour parer une autre attaque. Le mort-vivant à moitié coupé en deux tangua une seconde mais repartit ensuite au combat, sans se soucier du liquide jaune et purulent qui lui coulait sur la hanche. La paladine entendit alors le zombie qui l'avait contournée juste derrière et se décala in extremis pour éviter sa charge. Il la manqua de peu, renversa un de ses congénères et ils s'effondrèrent dans la boue de la cour. Pour entreprendre aussitôt de se relever.
Ils n'étaient pas très doués, très peu efficaces, mais ils étaient toujours cinq. Et toujours déterminés.

[Althéa]

Luttant avec peine contre des haut-le-coeur de moins en moins contrôlables, elle s'efforça de rendre coup pour coup. L'air était plus que jamais rempli de miasmes putrides libérées par les chairs pourries chaque fois qu'elle frappait. Cela giclait, cela puait, l'aspergeant au passage. Il lui semblait en avoir jusque sur les mains.

Les zombies n'étaient heureusement pas très doués, ni très solides mais ils étaient sacrément opiniâtres. Elle se demanda s'il fallait qu'elle les hache comme chair à pâtée pour qu'ils s'arrêtent de bouger. Elle commençait à s'essouffler mais parvenait pour le moment à garder le rythme. Elle tenta de frapper d'estoc le zombie à moitié sectionné. Peut-être celui-ci ne bougerait plus une fois coupé en deux.

[Galathée]

Angèle réalisa qu'elle n'était pas loin de la vérité. Lorsqu'elle parvint enfin à trancher le zombie qu'elle avait déjà entamé en deux, les deux moitiés de la créature continuèrent à bouger, dotées chacune d'une vie propre et d'intentions meurtrières. Pour la paladine, le principal répit venait du fait que les morts-vivants étaient belliqueux même entre eux et qu'ils n'hésitaient pas à retourner leurs armes sur un congénère, si ce dernier les bousculait ou leur marchait sur le pied. Ils reprenaient cependant rapidement leurs esprits et revenaient à la charge, de plus en plus dégoulinants et amochés, mais toujours aussi déterminés. C'était une chance, tout bien réfléchi, que les autres soient encore craintifs et disséminés aux quatre coins de la cour... La dernière bonne nouvelle était que les armes des créatures étaient nettement moins solides qu'elles-mêmes, aussi n'en restait-il plus grand chose. Les zombies se servaient cependant de leurs mains, de leurs dents et de leurs pieds pour porter leurs coups. Angèle n'avait progressé que de quelques mètres dans la cour. Un bras baladeur lui agrippa la cheville. Des dents jaunes se plantèrent dans le rebord de son bouclier. Le tranchant d'acier de son épée était désormais vert, jaune, rouge, et pestilentiel. Il fallait peut-être qu'elle se fixe un objectif un rien plus pragmatique... sinon, effectivement, il ne lui restait plus qu'à hacher menu ses adversaires. Mais il n'était pas dit que l'émincé de zombie ne formerait pas une sorte de magma carnivore...

[Althéa]

Hacher du zombie avait une forme d'esthétisme avec toutes les couleurs de l'arc en ciel, entretenait quelque part la forme. Certes ... Mais si elle restait immobile, elle n'allait pas tarder à être submergée. Des dents avaient manqué se planter dans sa cheville - sans doute une moitié de zombie encore belliqueuse - et elle n'avait réussi à les écarter que par un coup de pied totalement désordonné qui avait manqué la faire trébucher. Ceux qui n'avaient plus de bras l'attaquaient avec leurs dents, ceux qui n'avaient plus de dents utilisaient leurs bras et peut-être même celui du voisin. Elle ne voulait pas le savoir. Le mieux était sûrement de mettre un mur, si possible agrémenté d'une porte entre elle et les créatures.

Tout en tailladant à tour de bras, elle tenta de progresser à l'intérieur de la cour du château. Avec un peu de chance, elle trouverait une issue ouverte, lui permettant de se mettre à l'abri de la pluie de zombies.

[Galathée]

Et progresser, elle y parvint. Lentement. Salement. Violemment. Mais elle constata aussi, à travers les gerbes de fluides que libéraient gracieusement ses adversaires, qu'il n'y avait que deux issues : l'arche aux araignées invisibles ou la porte du donjon, droit devant elle, en haut de sa volée de marches.
Se produisit alors, comme un petit incitant à ne plus hésiter, ce qu'elle avait redouté un peu plus tôt : les zombies que ses pouvoirs de paladine avaient chassés parurent réaliser que l'examen minutieux des moellons de l'enceinte n'avait aucun intérêt. Claquant des mâchoires, éructant des imprécations incompréhensibles, ils firent volte-face avec une étrange synchronie, et vinrent se joindre à ce qu'il restait de leurs congénères.

[Althéa]

Une issue, du moins si elle parvenait en haut des marches. Les zombies prodigues étaient finalement revenus, et sûrement pas pour lui compter fleurette. De toute façon, l'odeur ne s'y prêtait pas vraiment. Il allait falloir qu'elle bouge. Criant un bon coup pour se donner du courage, elle fonça sur le tas de zombies, le bouclier en avant, donnant des coups d'épées presque à l'aveuglette pour se frayer un chemin dans la masse désordonnée et grouillante. Elle avait envie de vomir, de hurler et de prendre un bain. Et surtout, ne plus avoir affaire à des zombies durant le restant de ses jours.

Une main lui agrippa l'épaule. Elle tenta de s'en débarrasser d'un coup d'épaule. Il y eut un craquement. La main resta accrochée à son bras. Elle continua cependant de courir, les non-morts sur ses talons. Elle atteignit le bas des marches, priant pour qu'elles soient encore en bon état. Du moins pour permettre qu'elle grimpe ...

[Galathée]

La charge héroïque d'Angèle porta ses fruits. Elle entendit des os craquer, des chairs se fendre, sentit la pression d'une main, le frôlement d'un pied, le claquement d'une mâchoire furibonde, mais elle traversa les rangs désordonnés de ses agresseurs, bousculant et tranchant, jusqu'à atteindre les marches de pierre de l'escalier. Elles étaient humides, usées, moussues, et donc terriblement glissantes, mais la détermination de la paladine, et son élan, lui permirent de les gravir sans trop de casse, filant jusqu'en haut et la porte qui, miracle,n'était pas verrouillée. Aussi put-elle l'ouvrir, la franchir, la refermer et même la barrer. Fracas contre le battant des zombies qui n'acceptent pas la défaite. Ce fut tout ce qu'elle perçut en réalité, car dans la tour, il faisait un noir d'encre.

HRP : Trois D10, cette fois, m'dame.

[Althéa]

Elle avait glissé sur la première marche, manqué tomber sur les zombies en contrebas. Son coude avait heurté un angle pointu et elle s'était rattrapée de façon peu académique. Elle avait cependant conservé son élan, avait trébuché une fois encore sur les marches vermoulues. Elle avait presque dérapé devant la porte, s'accrochant à la poignée pour ne pas tomber définitivement. Elle pesa de tout son poids sur la poignée. Le battant ne bougea pas. Durant quelques secondes, elle crut sa fin arrivée, piégée entre les zombies homicides et le château fermé. Avant de s'apercevoir que la porte s'ouvrait vers l'extérieur et qu'elle devait la pousser et non la tirer. Pleurant presque de soulagement, elle se rua dans l'édifice. Elle claque la porte au nez des monstres. En tâtonnant sur le bois, elle se rendit compte qu'un dispositif de ferraille permettait de barrer la porte. Ce qu'elle fit.

Elle se retrouva dans l'obscurité totale. Durant quelques secondes elle n'entendit plus que le bruit oppressé de son propre souffle et de coups portés contre la porte. Les zombies étaient mauvais perdants. Elle était enfin rentrée ... Elle se pencha soudain et vomit tout ce que son estomac n'avait pu endurer, éclaboussant au passage ses bottes et ses chausses. Question propreté, elle avait franchi le point de non retour. Mais c'était pour l'instant le cadet de ses soucis. N'étant ni elfe, ni naine, ni d'aucune race capable de voir dans le noir, elle se trouvait dans le noir le plus complet. Elle se maudit pour ne pas avoir prévu quoi que ce soit pour s'éclairer. Mais il était un peu tard pour les récriminations. Méfiante, elle tâtonna jusqu'à un mur. C'est grâce à lui qu'elle allait progresser. Elle le suivit à la pointe de son épée d'une main. De l'autre, elle tenait fermement son bouclier.

[Galathée]

Elle avait à peine fait quelques pas que d'un seul coup, la lumière fut.
D'où cette lumière provenait, impossible de le savoir, elle paraissait irradier de nulle part, sans que sa source ne soit identifiable. Il n'y avait pas de bougies, pas de soleil, les pierres brutes des murs ne brillaient pas, il faisait juste clair comme en plein jour. Cependant, ce qu'Angèle découvrit n'avait rien de très spectaculaire : elle était au rez-de-chaussée d'une tour ronde, d'un diamètre d'une dizaine de mètres, et s'il y avait un palier, là-haut, loin, il n'y avait nul escalier. Juste un long tube creux, silencieux, et des murs de pierre lisse. Tout juste distingua-t-elle une sorte de plaque sur le sol. Un assemblage de planches rivées les unes aux autres, dans la poussière. Ce n'était pas une trappe, cependant, c'était plutôt une sorte de porte arrachée à ses gonds, abandonnée.

[Althéa]

Elle cligna des yeux, le temps de s'habituer à la soudaine lumière et regarda autour d'elle. Elle ne vit qu'une tour, dépourvue d'escaliers. Puis plus rien ? Tout ça pour cela ? C'était ainsi que cela terminait ? Une tour de pierre vide ? Elle s'était piégée toute seule. A mille miles de toute régions habitées, dans un vieux château. Aucun espoir de retour. Elle avait failli à sa mission, à Brandon Devlin. L'édifice n'était que le reflet de sa propre vacuité. De sa vanité. Alors, c'est ainsi que la petite paladine croyait pouvoir déjouer une malédiction vieille de trente ans par un simple baiser ? Quelle ironie.

Elle sentit le désespoir la gagner. Il était tentant de lui céder. De s'asseoir dans la poussière et ne plus bouger. Se reposer. Elle l'avait fait si souvent depuis quelque temps ... Elle redressa cependant la tête. Elle ne voulait pas s'avouer vaincue. Pas si facilement. Ses yeux tombèrent sur l'amalgame de morceaux de bois. Pas une trappe. Une porte arrachée ? Elle considéra l'assemblage de planche. Il n'y avait pas rien. La lumière l'attestait. Elle avança son épée et toucha du tranchant le bois abandonné.

[Galathée]

Au moment où elle toucha l'assemblage de planches de l'épée, Angèle eut l'impression de ressentir une légère vibration dans sa lame, qui se transmit à son bras puis son épaule. Furtive. Peut-être imaginée. Mais non : un peu de poussière s'était soulevée, les grains dansaient dans la lumière sans source, dorés, tout autour de la plaque de bois. Mais rien d'autre.

[Althéa]

Angèle regarda la poussière s’envoler avec circonspection. Il y avait eu un mouvement, et pas seulement provoqué par son épée. Et il y avait eu cette vibration qu’elle avait ressentie dans son bras et son épaule. Elle se méfiait cependant. Craignant le piège à aventuriers, elle posa son pied droit, exerçant une légère pression mais de façon à pouvoir le retirer en cas de signes inquiétants.

[Galathée]

Les planches assemblées se mirent à nouveau à vibrer légèrement et Angèle eut le sentiment qu'elles répondaient légèrement à sa pression, comme si elles voulaient tester la résistance de son pied. Baissant les yeux, elle vit très nettement que la "porte" s'était soulevée un rien, peut-être à un demi-centimètre du sol. Il était par contre impossible de regarder en dessous pour voir si elle flottait par magie, ou si quelque chose la poussait vers le haut.

[Althéa]

Angèle avait d'abord reculé, presque précipitamment devant ce nouveau prodige. La planche se soulevait donc du sol. Un objet volant, donc. Voila qui était tout sauf naturel ... En même temps, les zombies n'étaient pas naturels, les grosses araignées non plus, de même que les énormes monstres se tapissant dans les douves. A bien réfléchir, le fait d'avoir été transportée au milieu de nulle part non plus. Elle s'était toujours méfiée de la magie profane et du chaos qu'elle pouvait générer. Mais dans cette tour de pierre, elle devrait probablement l'employer quelque peu. La planche se soulevait et il fallait vraisemblablement qu'elle aille vers le haut. L'alternative était de faire demi-tour, ce qui lui semblait quelque peu suicidaire.

C'était fou, presque insensé, surtout de son point de vue de paladine habituée à un quotidien tranquille et répétitif. Sa raison se moquait, lui défendait de monter sur une planche volante : c'était risquer de s'écraser au sol. Une partie d'elle-même avait envie d'essayer. Elle inspira un grand coup et posa les deux pieds sur le bois.

[Galathée]

La planche s'éleva aussitôt, forçant la paladine à s'accroupir pour ne pas tomber. Cette plateforme, apparemment mue par une force invisible (bien qu'il fut absolument suicidaire de tenter d'en regarder le dessous pour s'en assurer, à présent qu'elle volait à plusieurs mètres du soleil), se déplaçait cependant sans brutalité, sans violence, se contentant de suivre une trajectoire rectiligne vers le sommet de la tour.
Et elle était haute, cette tour.
Angèle monta pendant plusieurs vitesses, les moellons défilant sous ses yeux, identiques, innombrables, et les planches continuaient à grimper. Puis elle discerna une sorte de palier, un peu plus haut, qui couvrait toute la surface de la tour sauf un carré de la taille exacte de la plateforme sur laquelle elle se trouvait. Celle-ci s'y glissa sans heurts et la paladine se retrouva dans une sorte de salle au plancher de bois, sur laquelle s'ouvraient quatre portes.
La première, à l'est, portait le symbole d'un soleil radieux.
La seconde, à l'ouest, portait le symbole d'une rose épanouie.
La troisième, au nord, portait le symbole d'une balance.
La dernière, au sud, portait le symbole d'une pièce de monnaie.

[Althéa]

Lathandre, Sunie, Tyr ou Tymora ? Un choix visiblement ... Mais en fonction de quoi ? De la porte qui lui paraissait la plus plausible ou de son dieu ? Elle avait toujours été et serait toujours tyrite. Mais son dieu ne régnait pas ici bas. Elle n'était pas en train de vivre l'un de ses propres rêves, plutôt celui d'un autre. Un certain adepte de tymora. C'était lui qu'elle cherchait. Le bâtisseur onirique de cette forteresse vide et battue par les vents. Elle hésita cependant. La malédiction avait pris source chez les sunites. Lathandre était le dieu lumineux et peut-être était-ce lui qui avait chassé l'obscurité de la tour. Mais Brandon Devlin était ici maître des lieux.

C'est don la porte avec la pièce de monnaie qu'elle poussa.